Le Roi de Naelis

Préambule

Naelis, belle et fière cité. Belle, certains vous direz qu’elle est d’une beauté toute relative, au regard des grandes villes qui peuplent la péninsule et même de sa voisine antagoniste, Thaar. En effet, même si la reconstruction de la ville a commencé depuis près de cinq ans maintenant, il reste des quartiers totalement dévastés qui abritent des populations de misères et qui servent d’abri aux félons. Sa beauté réside dans le cœur de ceux qui y habitent. Les Naelisiens sont en grande majorité des hommes, bien qu’on recense une petite communauté drow ainsi que quelques nains et elfes. Ces hommes ont étés sous la domination de Sol Dorn depuis trop longtemps. Réduits à une vie de servitude, condamnés à servir les tyrans, c’était ce qui attendait les nouveau-nés de cette contrée, avant que les hommes du nord n’arrivent et prennent le contrôle de la cité. Beaucoup alors étaient sceptique, et s’attendaient simplement à une autre forme de domination… L’avenir leur fit changer d’avis. Glenn Hereon, qui s’était octroyé le titre de seigneur de Naelis, montra à de nombreuses reprises qu’il était juste et bon. Et pour cause, la vie des Naelisiens s’était considérablement améliorée : ils étaient maintenant des hommes libres. Mais la liberté à un prix, celui du sang. C’est ce qu’ils apprirent lors de la bataille de Ruven, qui aux dépends de nombreux soldats et habitants, marqua définitivement la fin du joug drow, dont le spectre planait encore sur la cité.

Fière, Naelis l’est assurément. Et celui qui incarne au mieux cette fierté n’est autre que son seigneur, Glenn Hereon. Seigneur ? Que dis-je, Roi. En ce Arkuisa, 4eme semaine de Verimios de l'an sept du onzième cycle, la ville est en émoi. Demain, Pour fêter le cinquième anniversaire de la libération de la ville, Glenn va être sacré Roi par les mages de la tour Ombreuse, comme le fut le tout premier Roi de Naelis, Hamori II Draycan. Une fête est prévu sur la grande place du quartier de l’Aigle où les commerçants finissent d’installer leur emplacement, la bière coulera à flot c’est certains. Belle et fière donc, Naelis se reconstruit peu à peu. Je vous propose par le texte qui suit, de prendre note des évolutions concernant la cité depuis le moment où j’ai interrompu ce récit. Car même si la plume s’est arrêtée d’écrire, le temps lui, ne s’arrête jamais.

Château de Naelis

Comme à son habitude, Glenn se réveilla à l’instant même où les premières lueurs du jour traversèrent ses appartements. Après un bâillement discret, il repoussa délicatement la couverture sur sa maîtresse afin de ne pas réveiller cette dernière. En ce mois de Vérimios, les nuits ne manquaient pas de fraicheur et la chaleur humaine était la bienvenue, surtout celle venant d’un corps comme celui de Julianne. Le seigneur de Naelis n’était pas marié et bien qu’il ait quelques rapports officieux depuis son investiture, il avait depuis quelques mois maintenant des rapports officiels avec ses trois concubines. Brune aux yeux de cette même couleur, cheveux longs et soyeux, lèvre pulpeuse, poitrine forte et bien arrondie avec une taille fine, Julianne était sa favorite. Un serviteur entra discrètement avec un bac d’eau chaude qu’il posa devant le lit, comme tous les matins. Glenn se déshabilla avant de commencer sa toilette matinale. Ses trois maîtresses ne lui faisaient pas oublier Glinaina, pour qui il avait encore des sentiments, même Julianne. Mais l’elfe s’était comporté de manières trop étranges ces derniers temps, ce qui laissait Glenn dans l’incompréhension la plus totale. Bien qu’il semble qu’une malédiction soit à l’origine de tout ça, le résultat restait toujours le même : Glinaina avait été déchu de ses fonctions au sein de l’armée de Naelis et opérait maintenant pour les services secrets, loin de Glenn. Cette situation, il ne l’avait pas voulu et sûrement elle non plus… Une fois sec, Glenn revêtit sa tunique seigneuriale, noire bordé de reliures rouges, avant d’attacher son ceinturon où pendait son épée. La ville étant de plus en plus sûre mis à part quelques quartiers et le poids de l’armure se faisant sentir en fin de journée, Glenn ne portait plus cette dernière que lorsqu’il quittait l’enceinte de la cité. Il s’avança du côté du petit salon qui aménageait l’autre côté de la pièce, en vis-à-vis avec la porte d’entrée afin de ramasser quelques paperasses qui trainait sur son bureau. Julianne, qui s’était réveillée depuis peu mais qui profitait encore de la chaleur de la couverture, rompit avec le silence qui régnait dans la pièce.
- Messire, vous allez encore passer la matinée avec vos affaires de politiques ?
- Pas cette fois, tu sais bien que demain est un jour particulier. Je vais me rendre en ville afin de veiller aux préparatifs. Tu peux rester dormir si tu veux, il est tôt…
- Non je vais déjeuner avec vous. »
Un autre serviteur entra dans la pièce afin d’apporter le déjeuner et de rapporter le bac d’eau. Il fallait remettre de l’eau chaude pour Julianne, qui venait de s’assoir sur le canapé en face de son seigneur avant d’attraper une tartine de confiture. Ils parlèrent un peu avant que Glenn ne la quitte pour se rendre dans la cour du château où Raymond l’attendait. Ce dernier supervisait l’entrainement d’une dizaine de chevaliers qui s’entrainait à frapper contre des poteaux de bois. Au même titre que la garde du château et celle de leur seigneur, l’entrainement faisait partie intégrante de l’emploi du temps d’un chevalier de Naelis. Raymond salua son seigneur avant de lui présenter les quatre chevaliers qui allaient former son escorte pour cette journée. L’un d’eux amena le destrier de Glenn que ce dernier monta prestement. Il salua Raymond et les cinq cavaliers franchirent les portes de l’enceinte.

Ville haute

Le quartier de la ville haute était appelé ainsi de par sa position élevée comparé au reste de la cité. Entièrement sous le contrôle de la garde, ce quartier rassemblait la population la plus riche de la ville, des commerçants pour la plupart où des artisans notables. Certains officiers de l’armée détenait même une maison dans ce quartier paisible et tranquille où la durée de vie des gredins était plus que limitée. Les cavaliers s’arrêtèrent devant l’atelier, où des charpentiers travaillaient sur la construction d’un mangonneau, destiné à servir sur les remparts de la ville. Les charpentiers faisaient du bon boulot, quelques machines de siège avaient étés construites durant l’année, afin d’équiper le village de Ruven et le fort d’Erlem. Le bois venait des camps de bucherons installés en Aduram, camps qui servaient aussi à alimenter le chantier naval. Une fois la première caravelle achevée, Glenn avait ordonné la production de nouveaux engins de sièges. Mais le bois commençait à manquer et ce mangonneau sur lequel travaillaient les charpentiers serait le dernier de sa série. Glenn était satisfait de ses nouveaux engins de sièges. Plus le temps passait et plus Naelis gagnait en force. Il salua le maitre charpentier avant de quitter l’atelier pour se rendre à la tour ombreuse.

La magie était l’une des rares choses qui causait des frayeurs au seigneur de Naelis. Il savait pertinemment qu’aucune arme ne lui serait utile contre une boule de feu. Il s’était rarement confronté à un mage mais le sentiment d’impuissance qu’il ressentait lors de ces moments restait à jamais gravé dans son esprit. Glenn avait donc compris la nécessité pour lui de s'entourer de praticiens des arcanes. Feu Etias avait été le premier. Mort dans des circonstances atroces, par une créature de l’enfer, sa disparition avait marqué notre héros qui avait toujours considéré Etias comme son mentor. Homme d’expérience, il était assurément de bon conseil et avait fait beaucoup pour Naelis. Son seul défaut pouvait être la jalousie et la rancœur, qu’il avait maintes fois témoignée à l’égard de son confrère, Nakor. Méluin l’avait remplacé en tant qu’arcaniste de Naelis et s’acharnait à son tour à extirper tous les secrets que pouvait contenir la tour ombreuse, témoin d’un autre temps. Méluin reçut Glenn et son escorte au rez-de-chaussée, qui faisait autant office de salle de réception que de salle à manger.
- Messire, de mon côté tout es prêt pour la cérémonie de demain. Concernant mes recherches, j’ai poursuivi les travaux d’Etias sur la magie des ombres… A l’inverse de moi-même, il semblerait que nos jeunes recrues aient un don particulier pour ce type de magie… Je n’ai pas de théorie là-dessus mais c’est plus que prometteur.
- Très bien Méluin, je vous fais confiance là-dessus. N’oubliez pas que nos recherches sont et doivent rester secrète, je n’ai aucunement envie que des émissaires du firmament viennent fourrer leur nez ici.
- Bien entendu messire, cela va de soi. »
Cette guilde de mages qui avait élue domicile non loin de Naelis le turlupinait quelque peu… S’il avait accepté que le firmament s’installe sur ses terres, c’était avant tout pour l’argent. Certes, il avait confiance en Nakor, mais pour le reste… Cette guilde était à surveiller de très près.

Quartier de l’Aigle

Glenn avait rendez-vous à la caserne avec Romuald Demrick, capitaine de la garde de Naelis. Depuis la bataille de Ruven et l’arrivée des anciens compagnons de la troupe du centaure, l’organisation de l’armée de Naelis avait été réformé dans son ensemble. Sous le commandement de Trimack Malfer, chaque capitaine avait sous ses ordres ses propres pelotons. Seul l’ordre des guetteurs et des chevaliers échappaient à cette réforme. Romuald commandait près de deux-cents-cinquante soldats, avec pour charge principale d’assurer la défense et la sécurité intérieure de la cité. Il occupait donc les anciens appartements spacieux de Trimack, qui résidait maintenant dans sa propre maison, dans la ville haute. Romuald salua son seigneur avant de lui assurer que tout était prêt pour la cérémonie. Deux pelotons d’infanterie auraient la chance de défiler avec leur seigneur dans les rues de Naelis. La reconversion de l’ancien palais des Messaliera en caserne était maintenant pleinement exploitée. Elle accueillait près de trois-cents soldats et disposait de nombreuses salles d’entrainement, sans compter la grande cour. Cet édifice faisait la fierté de la garde de Naelis.

Glenn finit de discuter d’affaires courantes avec Romuald avant de quitter la caserne. Il avait prévu de faire un tour au quartier de Terregaste, où les marchands sybronds s’étaient établis depuis plusieurs mois. Selon l’accord conclu avec Glenn, les marchands sybronds pouvaient occuper ce petit quartier tout en le rénovant. Le seigneur de Naelis ne s’occupait pas de l’administration, qui était à la charge de maître Grymbalt élu par ses pairs, mais restait le maître des lieux. Il tenait à le rappeler en rendant régulièrement visite à Grymbalt. Seul Glenn avait les moyens d’assurer la sécurité de ces commerces, c’était bien pour ça qu’ils payaient une taxe spéciale.
- Bien le bonjour maître Grymbalt, vos emplacements sur la grande place vous conviennent-ils ?
- Mes hommages Sire ! Bien sûr, nous serons très bien placés pour la fête de demain et cela grâce à votre seigneurie. »
Les marchands aphelois n’étaient pas les seuls étrangers à s’être installés en Naelis, des routes commerciales avaient étés établies avec Alonna et Ydril. L’archonte d’Ydril avait participé activement à la construction de la flotte de Naelis. Cette dernière comptait une caravelle et deux fustes, bientôt rejointe par une nouvelle caravelle avant que les ouvriers et formateurs Ydrilotes ne rentrent dans leur Comté. Le seigneur de Naelis disposait enfin d’une flotte. Certes mineure, mais une flotte quand même. Dernière étape de cette matinée, la nouvelle bibliothèque. Situé à l’extrémité ouest du quartier, l’édifice jusqu’alors en ruine venait de subir un travail de rénovation considérable. Sous la direction de Néral Méléan, historien qui s’était mis au service de Glenn Hereon, la bibliothèque était ouverte depuis peu et concentrait moins d’une centaine d’ouvrages. Des copistes s’attelaient à retranscrire de nouveaux ouvrages tandis que Néral poursuivait son œuvre « Récits guerriers ».

Village de Ruven

Retrouvons Glenn quelques heures plus tard sur la route de Ruven, équipé de son armure et chevauchant à bride abattue, accompagné de sa petite escorte. Le bourg de Ruven avait été le témoin d’une terrible bataille, opposant ce qui restait du 4ème Ost Drow à une coalition de troupes de Naelis, d’Ydril et d’Alonna. La bataille s’était soldé par une victoire de la coalition, victoire qui marquait définitivement la fin du joug drow sur Naelis mais qui rappelait aussi que sans ses alliés, Naelis n’aurait pu gagner. L’importance stratégique que jouait le pic rocheux où se trouvait le village de Ruven pour la défense de la cité avait été comprise lors de cette terrible bataille. De grands travaux avaient donc étés entrepris, visant à faire de Ruven une place forte plus facilement défendable. La population du bourg a aussi considérablement augmenté, du fait de la sphère de sécurité qu’il présentait pour les paysans.

Glenn pouvait apercevoir plus nettement les murailles qui encerclaient le village. La pierre avait remplacé le bois et les murs s’étendaient même jusqu’au plateau, autrefois seulement peuplé d’un moulin mais qui avait accueilli de nouvelles habitations. La tour à l’angle servait de point d’appui à une baliste qui pointait son dard vers la plaine. L’autre bâtiment en pierre qui surplombait tous les autres faits de bois n’était autre que l’hôtel de ville. L’hôtel de ville servait de quartier général pour l’ordre des guetteurs et pouvait accueillir une bonne partie de la population en cas de siège. Sur son toit reposait un mangonneau, prêt à cracher des pierres sur ceux qui tenteraient d’attaquer par la porte sud. C’est d’ailleurs par cette porte qu’entrèrent Glenn et son escorte. Reconnaissant son seigneur, le sergent Beguet, dont l’unité assurait la sécurité du village, souhaita la bienvenue à son seigneur tout en ordonnant à ses hommes de laisser passer les cavaliers. Glenn venait à la rencontre d’Erestor, qu’il trouva dans l’hôtel de ville, en train de donner ses consignes à un petit groupe de guetteurs. Avec Raymond et Trimack, Erestor faisait partie de ses soldats les plus loyaux, ceux qui l’accompagnaient depuis plus de dix ans.
- Glenn, quel bon vent t’amène ? Tu n’as pas mieux à faire avant la cérémonie de demain ? Ne t’inquiète pas, personne ne viendra perturber la fête, je m’occupe personnellement de la défense de la région.
- Erestor mon ami ! Je viens simplement quérir de tes nouvelles. Quelle est la situation ?
- Trois cavaliers ont étés aperçues à l’est, ils ont fait demi-tour après avoir vu une de nos patrouilles… Rien d’alarmant.
- Des drows ? Leur dernière attaque date d’un peu moins d’un an…
- Peut-être. De toute façon nous sommes prêts à faire face à nouveau ! »
L’enthousiasme d’Erestor était compréhensible. Naelis était sortie plus forte du dernier conflit, son dispositif de défense s’était consolidé. Avec la prise des ruines d’Erlem aux crocs sanglants, Naelis disposait d’une nouvelle base de défense.

Erlem

Parlons un peu d’Erlem. Construit il y a près de six siècles par les Draycan, ce fortin permettait d’assurer une ligne de défense à l’est que des envahisseurs ne pourraient négliger. Toutefois, l’envahisseur n'est pas venu de l’est mais de l’ouest, rendant cette ligne de défense inexploitable. Lors de la prise de pouvoir de Danau Messaliera, placé sur le trône par l’aval des sombres, Naelis n’avait plus les moyens d’assurer une garnison à l’intérieur d’Erlem, d’autant plus que les drows étaient maintenant ses alliés. Le fort, laissé à l’abandon, dépérit d’années en années faute d’entretiens. Il servit essentiellement de repaire à des bandes de brigands jusqu’à l’éclatement du 4ème Ost, où les crocs sanglants décidèrent d’investir les lieux et d’y établir un avant-poste destiné à surveiller les frontières de Naelis. Profitant de leur défaite lors de la bataille de Ruven, Glenn Hereon mena une contre-offensive afin de reprendre Erlem. Les quelques éclaireurs qui s’y trouvaient furent massacrés et le seigneur de Naelis décida de rétablir cette ligne de défense en entamant la reconstruction du fort et en y affectant une garnison permanente.

Le capitaine Celtibald le hardi occupait le fort. Erlem était d’une architecture classique, soit composé d’un bastion central entouré de remparts avec une tour reliant chaque angle. De l’édifice, seul une tour était dans un état correct, pour le reste ce n’était que trous et décombres. Celtibald s’acharnait à rendre cette position défendable avec le peu de moyens dont il disposait. La priorité avait été donnée à la fortification de Ruven et Naelis n’avait pas les moyens d’entreprendre des travaux de cette ampleur. Il avait mine de rien tâché d’aménager au mieux la place et les résultats étaient plutôt satisfaisant. Fier de voir que ses bannières flottaient sur Erlem, Glenn rendait visite à Celtibald avant de rentrer définitivement au château.
- Commandant, comment avance les travaux ?
- Compte tenu du peu de matériels dont nous disposons, plutôt bien messire. Des tranchés percées de pieux pointus ont étés creusés tout autour du fort, on comble tant bien que mal les brèches que comptent la muraille avec des palissades de bois le temps de reconstruire un mur.
- Bien, quand-est-ce que la position sera défendable ?
- Elle l’est messire, cependant chaque jour accroit notre capacité de défense. »
Celtibald faisait du bon travail, Glenn était satisfait du résultat. Le soleil se couchant, il était temps pour lui de rentrer et de se préparer pour la cérémonie de demain.

Épilogue

En ce jour d’elenwënas,4ème semaine de Verimios, septième année du onzième cycle, Glenn Hereon, ancien général de l’armée ducale de Serramire, maître de l’ordre des gardiens, déchu de ses fonctions citées précédemment pour cause de respect au serment de fidélité envers son Duc, devenu chef de l’illustre troupe du centaure et par force et courage seigneur de Naelis, est maintenant sacré Roi de la cité libre de Naelis, comme le fut avant lui Hamori II Draycan, dernier de sa lignée.

La silhouette observait le fort d'Erlem. Elle était vêtue d'une longue robe noire, mitée, qui ne laissait voir de son corps osseux que les mains qui s'appuyaient sur l'encolure de la monture. Cette monture, autrefois un fier destrier, était désormais vidée, desséchée, racornie par les sels alchimiques. Sa peau tendue et craquelé semblait prête à se rompre et les jambes malades donnaient l'impression d'être prête à rompre. Mais il n'en était rien et le cheval momifié se tenait sans peine, aussi impassible qu'un roc, attendant que son cavalier ai finit de se régaler du spectacle qu'offraient les humains occupés à renforcer leurs fortifications. Autour d'eux, cinq autre silhouette décharnés les accompagnaient. Ils étaient humains, drow ou métisses, mais surtout ils étaient incontestablement morts. Leur peau partait en lambeaux, leurs membres noueux étaient bien trop maigre et les os semblaient parfois saillants. Les bandages qui les recouvraient et les restes d'armures datant d'un autre âge leur donnaient l'air menaçant, ce qui étaient renforcés par les longues lames qu'ils tenaient dans leurs mains squelettiques. Ils étaient pareils à de funestes gardiens, pas un mouvement superflus n'animait leur carcasse et leur visage cadavérique semblait figé dans une résolution inébranlable.

Ils restèrent ainsi pendant longtemps, observant la venue d'un nouveau groupe d'humains, dont l'un semblait commander, puis leur départ. Naelis semblait sortir de sa torpeur et reprenait les terres qui avaient été siennes par le passé. La silhouette noire l'avait connue plus grande encore, rayonnant des exploits de ses rois. Il avait côtoyé certains d'entre eux, même si cela n'a probablement jamais été consigné dans quelques annales que ce soit, avant que les drow ne mettent la région à genoux. Et cela avait duré plusieurs siècles, plusieurs siècles de misère et d'exploitation. Mais désormais ils se relevaient. Et si autrefois il aurait pus applaudir l'exploit, il le surveillait maintenant, jaugeant ce qu'il convenait de faire. Il voyait les camps de bûcherons se renforcer, grignoter un peu plus la forêt, sa forêt. Mais pour l'instant ils ne représentaient pas une menace. Il faudrait même envisager d'aller rencontrer ce nouveau seigneur en personne. Cela lui rappellerait un peu l'ancien temps.

Finalement, sans que le cavalier n'ai sembler esquisser le moindre geste, le cheval se mit en route, marionnette qui dégageait un étrange sentiment de puissance. La petite escorte suivit son maître, dans une coordination parfaite, et l'ensemble s'enfonça dans les bois, qui les avala comme s'ils n'avaient jamais existé.

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