Les mystères du château de Naelis [PV Glinaina]

Auteur a écrit:: Ce texte se passe en automne, pendant le mois de Karfias, donc un moment avant le couronnement de notre héros. Oui, c’est ce qu’on appelle plus communément dans le jargon, un « flash-back ».

Le château de Naelis était un édifice impressionnant, qui, dressé sur une colline, dominait entièrement la cité. Bien que nous ayons longuement parlé de son histoire, nous nous sommes que trop peu attardé à l’aspect architectural de ce château antique bâtît par les Draycan il y a près de six-cents ans, comme le laissaient à penser les textes. Pour un historien ou un archéologue confirmé, il ne serait pas exclu que ce château fut un reste de l’empire de Nisetis… Abandonné par les Messaliera, le château redevins l’épicentre du pouvoir sous Glenn Hereon, qui perçu tout son potentiel. Loin des palais que l’on pouvait retrouver dans le sud de la péninsule ou dans les cités elfiques, le château de Naelis se dressait telle une sombre forteresse, peut accueillante… Hormis pour les propriétaires.

C’était aussi le sentiment du soldat qui avançait en direction du château. L’obscurité de la nuit participait à ce malaise, et sans les bannières de gueules à épées croisées d’argent qui flottaient contre les remparts, il n’aurait pas hésité à rebrousser chemin. Le soldat, Jean, un jeu Naelisien engagé depuis peu, était porteur d’un message de la part de son commandant, Romuald Demrick. Il se présenta devant la barbacane. Les chevaliers de Naelis, garde rapprochée du seigneur Hereon, avait pour charge la protection du château, sous le commandement de Raymond. Tout comme les guetteurs, les chevaliers se présentaient comme l’élite de l’armée. En vérité, bien qu’étant choisis parmi les plus illustres combattants, les chevaliers n’allaient que trop peu au front pour prétendre se présenter comme une élite, à l’inverse des guetteurs pour qui le danger était quotidien. Ils formaient avant tout une garde de gens loyaux, prêts à protéger en toutes circonstances leur seigneur. Après vérification soignée de l'authenticité du message, ils ouvrirent les portes, toujours fermés la nuit au même titre que toutes les portes de la ville, et laissèrent entrer le messager. Jean traversa la cour. Plutôt grande, elle accueillait les écuries du château, un puits, et servait de place d’entrainement et de rassemblement pour les chevaliers.

A l'intérieur du château, un grand escalier lui faisait face. Il pouvait le sentir de par l’odeur qui en dégageait, les cuisines se trouvaient à sa gauche. Ces dernières servaient aussi de réfectoires pour les chevaliers. A sa droite, le sombre couloir peu éclairé menait aux cachots où étaient enfermés les prisonniers politiques. C’est par ce même chemin qu’on pouvait se rendre à l’antique crypte des Draycan. L’accès avait était verrouillé depuis l’ouverture de la porte noire... Jean monta les escaliers qui se séparaient en deux au niveau d’un grand tableau visible depuis le hall d’entrée, représentant la foule acclamant Glenn Hereon lors de la prise de Naelis. Un mythe qui s’était ancré dans l’esprit de tous. Une fois au premier étage, le messager aperçut son seigneur qui sortait de la salle du trône, sur sa gauche, accompagné de plusieurs personnes importantes, assurément bien plus importante que Jean. Ils venaient sûrement de finir de souper. Notre jeune soldat se posta au garde à vous et salua le petit comité, qui passa devant lui en ne lui accordant qu’un bref regard. Ils entrèrent dans la salle du conseil, dont la porte faisait maintenant face à ce pauvre Jean qui se doutait qu’il allait passer la soirée là, à attendre, planté comme un piquet, qu’on daigne bien faire attention à lui. Au fond du couloir se trouvait les appartements des domestiques ainsi qu’une salle d’armes. Le deuxième étage était celui qu’occupaient les chevaliers de Naelis. Au nombre de cinquante, tous disposaient d’un confort appréciable qu’aucun autre soldat ne pouvait espérer trouver… Le troisième étage était celui de Glenn et des invités. Cette description, certes sommaire, vous permet néanmoins d’imaginer un peu mieux ce qu’était le château de Naelis. C’est volontairement que nous ne sommes pas entrés dans les détails, afin de laisser un peu de mystère sur cette antique forteresse. En effet, les rumeurs allaient bon train et d’aucuns disaient même qu’il y avait un quatrième étage secret et que seul des passages secrets permettaient d'y accéder…

Retrouvons Glenn dans ses appartements. Refermant brusquement la porte comme à son habitude, il posa le message de Romuald sur son bureau avant de se déshabiller, ne gardant que ses braies afin de se mettre à l’aise. La journée avait été longue et son lit ne l’avait que trop manqué. Néanmoins il avait encore un peu de choses à faire avant de se coucher. Glenn attrapa une série de papiers qui étaient ainsi disposés sur son bureau avant de s’affaler sur le canapé. Il se servit un verre de vin avec la carafe posé sur la petite table de salon avant d'entamer sa lecture. Le message de Romuald n’était qu’un rapport classique sur l’état de la 1ère Armée. Ce rapport, Glenn en avait eu besoin lors de la réunion qui suivit le souper, mais ce foutu messager était arrivé trop tard pour le lui donner. Tant pis, le seigneur de Naelis prit note du présent message avant de le ranger soigneusement dans le tiroir du bureau prévu à cet effet. Soudain, un léger craquement se fit entendre. Ce dernier provenait de la petite cheminée, qui lui tournait le dos. Délicatement, Glenn attrapa son poignard, lui aussi posé sur le bureau, avant de se placer sans faire de bruits à côté de la cheminée, prêt à poignarder celui ou celle qui venait par ce passage secret, connu par seulement trois personnes, à savoir Glenn, Letwyn et… Glinaina.

Après avoir fait un sacré détour par Sol'Dorn, et certainement pas de son propre chef, même si cette histoire l'avait portée à réflexion, Glinaina retourna directement à Naelis sans repasser par chez elle. Elle avait malgré elle plusieurs jours de retard à cause de Saenathra concernant son rapport sur le Firmament. Eh oui ! Ou qu'elle allait désormais pouvait devenir un sujet à rapport, ce qui pouvait devenir énervant. Elle faisait donc la part des choses entre le "privé" et ce qui pouvait être consigné. Quoi qu'il en soit, elle s'arrêta en premier lieu dans un village où elle put mettre le cheval à l'écurie et, au lieu d'aller se lover dans un bon lit à l'auberge, elle marcha jusqu'à la mer, au pied de la cité de Naelis. Il faisait déjà nuit en cette saison, ce qui l'aida à ne pas se faire voir par de quelconque gardes patrouillant sur les chemins. De plus, comme elle était nyctalope de par son peuple, elle pouvait sans problèmes aller dans les coins les plus sombres sans avoir besoin de lumière.

Au bout de quelques minutes, elle arriva à une partie de la falaise où le chemin déjà pas facilement accessible s'arrêtait pour laisser place à une pente abrupte donnant sur les vagues s'écrasant à tout va contre les rochers. L'Elfe tâta alors le mur à la recherche d'un point bien précis dans la roche, un trou à la forme oiseau. Elle le trouva caché derrière du lierre, fit bien attention à ce qu'elle ne soit pas éclairée par la lune et enleva la pierre à partir du bec de l'animal, créant un trou plus grand et pouvant donc désormais passer sa main pour actionner le mécanisme qui ouvrirait la porte. Lorsqu'elle entendit le petit "clac" distinctif elle enleva sa main, remis le petit bloc de pierre, rétablit le lierre et appuya sur la porte cachée aux yeux n'importe qui ne connaissant pas le passage secret. Elle entra à l'intérieur et referma la porte derrière elle, dans un léger claquement.

Elle connaissait le chemin pour se rendre jusqu'au château, l'ayant déjà emprunté en compagnie de Letwyn, aussi n'eut-elle aucun mal à aller jusqu'au quatrième étage de la bâtisse. Cependant, Letwyn n'était pas là... Ne pouvant savoir s'il était en mission, elle ne perdit pas de temps à attendre et reprit le passage pour redescendre au troisième étage, direction les appartements de Glenn. Cela faisait quelques temps qu'elle ne l'avait pas vu et, quitte à lui faire un rapport direct, autant en profiter un peu pour se donner des nouvelles. C'était que le problème qui l'avait obligée à partir en Anaëh la dernière, après avoir essayé de tuer son propre ami et commandant, n'avait pas laissé Glenn indifférent. De plus, le fait qu'elle n'habite plus à Naelis même n'était pas pour aider. Et comme elle avait des nouvelles de son état, peut-être serait-il bon de lui en faire part ? Peut-être... Elle ne s'était pas encore décidée à ce sujet, ne sachant exactement comment il réagirait.

Elle poussa légèrement le mur se trouvant devant elle, mur qui était en fait une cheminée de l'autre côté. Elle put entendre le petit "clac" distinctif des portes qui se laissaient faire après ne pas avoir été utilisées pendant quelques temps. De l'autre côté du mur se trouvait une pièce de vie où, à ce qu'elle put voir, son habitant était présent. Elle pourrait entrer sans plus faire de bruit, comme pour le quatrième étage, mais il y avait des risques à ce qu'il soit dans la pièce-même. Et si c'était le cas...

"Glenn ?"

Elle l'avait appelé d'une voix douce et surtout peu forte, de sorte à ce qu'il ne l'entende que s'il était dans la pièce.

Au son de la voix qui l’appelait, Glenn reconnut immédiatement l’elfe. Il rangea son poignard en l’attachant à sa ceinture, étant maintenant certain que la personne qui venait par ce passage n’était pas un ennemi mais un ami. L’elfe pénétra dans la pièce et Glenn actionna le mécanisme de fermeture. Comme pour l’ouverture, un léger craquement se fit attendre. Les chevaliers en faction dans l’antichambre ne risquaient pas d’entendre le petit manège, les mécanismes étant très discrets. Le seigneur de Naelis verrouilla la porte avant de se saisir de sa coupe de vin, pas encore tout à fait vide. Pendant qu’il portait sa coupe à ses lèvres, il en profita pour examiner en détail son invitée, où plutôt celle qui s’était invitée.

Glinaina n’avait pas changé, du moins physiquement. Son charme restait intact, mais dans son attitude, elle avait l’air plus forte, plus endurcie qu’autrefois. Elle avait sûrement traversé de nombreuses épreuves depuis sa désertion de l’armée de Naelis. C’est d’ailleurs depuis ce moment que Glenn ne comprenait plus l’elfe. Il avait espéré autrefois pouvoir continuer sa romance avec elle, mais cette histoire d’amour s’était brusquement arrêtée. Pourquoi ? Eh bien de ce qu’il en a compris, à cause de la magie. Glinaina était victime d’une malédiction, elle s’était enfuit suite à sa tentative d’assassinat sur Trimack dans l’espoir de se soigner. Elle était revenue quelques mois plus tard, par loyauté… Loyauté envers la cité ou envers son seigneur et maître, Glenn ? Ce dernier n’avait guère envie de s’embarrasser l’esprit avec des histoires de magies, il n’avait donc plus cherché à entrer en contact avec elle. Devenue une espionne à son service, elle opérait dans l’ombre et ne pouvait plus réapparaitre officiellement. En l’absence de Letwyn, Glinaina avait donc décidé de remettre son rapport à Glenn en personne. C’était inhabituel vis-à-vis du protocole mais après tout…

-Bonsoir Glinaina. J’ai envoyé Letwyn en Serramire, j’ai besoin de lui là-bas. Le marquisat est en proie à de nombreux changements politiques, sans parler des baronnies d’Oësgard et d’Alonna… Alors dit moi, qu’as-tu à me révéler ? »

Glenn s’assit sur le canapé et invita Glinaina à s’assoir également, face à lui. Il était restait volontairement professionnel dans ses propos, cachant ainsi le léger malaise qu’il ressentait en présence de celle qui avait été son amante. Elle lui en voulait sûrement de l’avoir écarté ainsi, mais elle ne lui avait pas laissé le choix, c’était purement politique.

"Bonsoir Glinaina. J’ai envoyé Letwyn en Serramire, j’ai besoin de lui là-bas. Le marquisat est en proie à de nombreux changements politiques, sans parler des baronnies d’Oësgard et d’Alonna… Alors dit moi, qu’as-tu à me révéler ?

Glinaina fit juste un signe de tête à son seigneur pour lui indiquer qu'elle avait bien compris puis alla s'asseoir sur l'un des canapés une fois qu'il l'invita à le faire. Elle remarqua tout de suite le ton très protocolaire que prit Glenn et, directement, ne l'aima pas. Depuis qu'elle était revenue à Naelis après sa fuite vers l'Anaëh et son procès ils n'avaient que peu parlé, ce qui devait être la seule fois était juste après la conclusion du tribunal de guerre. Glenn l'avait laissée en vie, l'empêchant cependant de continuer dans l'armée mais en l'appelant à entrer dans les services secrets de la cité. Suite à cela l'elfe avait dû quitter la caserne et trouver un pseudo métier à une bonne demi-journée de marche de la cité, revenant régulièrement dans la cité elle-même lorsque le travail l'appelait ou bien tout simplement lorsqu'elle avait une course à y faire. Les choses avaient changé, quelques rares amitiés étaient restées, notamment avec ses (anciens) supérieurs, mais pour bien des choses cette histoire avait dérangé la routine qui s'instaurait. Et c'était le cas concernant sa relation avec Glenn, à son grand malheur...

Lina sortit tout de suite toutes ces idées de la tête pour se concentrer à l'essentiel, c'est-à-dire son rapport concernant le Firmament. Cependant, elle put ressentir le malaise s'emparer d'elle, comme à plusieurs reprises lorsqu'elle avait à parler à son seigneur et ami, quoi que peut-être anciennement ami. Elle ne montra pas ce malaise, se faisant stoïque.

-La guilde du Firmament prend petit à petit de l'ampleur, Nakor et ses mages supervisant bien la reconstruction de l'Aurore. Ils ont bien avancé dans ce domaine et les mages ne prennent aucunement un parti dans les différents conflits existant, du moins pour l'instant.

Déjà un premier point, basique. Tout se passait bien dans le meilleur des mondes possibles - façon de parler - et Glenn n'avait pas à regretter d'avoir laissé cette guilde de mages s'installer dans la région. Là dessus, Glinaina pensait qu'il ne pouvait que garder confiance en ce vieux fou de papi gateau qu'était Nakor. Par contre, la nouvelle qui allait suivre risquait de ne pas plaire à Glenn.

-Par contre... Tu dois savoir que la guilde est ouverte à tous, sans distinction de race, aussi aucun des deux princepts du Firmament ne sont humains. Le premier est un elfe du nom de Celindel de Delebrimir tandis que la deuxième est une sombre du nom d'Y'Shahinn Nehleän, anciennement Prime Sorcière au Puy. De ce que j'ai vu et entendu, elle a changé de voie depuis la dernière fois."

Glenn devait bien se souvenir de la bataille de Ruven et de la personne ayant essayé d'assiéger la cité. S'adossant calmement contre le dossier du fauteuil, elle laissa le seigneur de Naelis dégérer l'information en espérant qu'il ne réagirait pas trop promptement.

Glinaina avait donc enquêté sur le firmament, la guilde de mages qui s’était installé sur son domaine. En échange d’une forte somme d’argent, Glenn avait accepté que la guilde s’établisse au fort en ruine dit de « l’Aurore ». Même s’il faisait confiance à Nakor, il avait des doutes quant à la véritable nature de cette organisation. Le firmament les défendraient-ils en cas d’attaques ennemi ? Les révélations que venaient de lui faire l’elfe eurent l’effet d’un coup de poing sur notre seigneur. Nakor pactisait avec les sombres. Pire encore, il s’associait avec celle qui, quelques temps plutôt avait envahi le territoire de Naelis et s’était livré aux pires pillages et infamies. Glenn, tout comme les Naelisiens, n’avait pas oublié la bataille de Ruven. Il n’avait pas oublié Valtrigon. Il abattit son poing avec rare violence sur la petite table de bois qui se fissura instantanément.

-C’est une plaisanterie ! Cette salope se cache sur mes propres terres ! Es-tu sûr de ce que tu avances ? Nakor pactise avec les sombres ? C’est une accusation grave, je voudrais entendre tout ce que tu as appris et vu sur le firmament de tes propres yeux. Raconte-moi. »

Les chevaliers, qui avaient manifestement entendus le cri rageur de leur maître, frappèrent à la porte. Le loquet verrouillé signifiait que leur seigneur ne souhaitait pas être dérangé. Bien sûr, il leur était toujours possible d’ouvrir la porte en cas d’extrême gravité. Glenn leur signala que tout allait bien. Puis, il se saisit d’une hampe en fer qui trônait à l’intérieur de la petite cheminée afin d'actionner le mécanisme du passage secret. N’attendant pas la réponse de l’elfe, Il l’invita à gravir les escaliers qui s’élançaient dans ce passage interdit, heureusement éclairé par Glinaina au préalable lors de sa descente. Glenn se saisit d’une torche et attrapa la main de celle qui avait été son amante, avant d’entreprendre l’ascension. Peu entretenu et vieux d’un demi-cycle, ces escaliers restaient très dangereux et une mauvaise chute pouvait causer de nombreux tracas. Après quelques minutes, ils arrivèrent au bout de leur escalade où le derrière d’une bibliothèque les attendait. Glenn posa sa torche sur le socle prévu à cet effet avant d’actionner le mécanisme qui permit l’ouverture de la bibliothèque en deux sur une pièce fort accueillante : la souricière. Le Quatrième étage n’était pas un mythe, il existait bel et bien et servait de quartier général aux services secrets de Naelis. Composée d’une série de dortoirs et salons privés, la souricière communiquait avec tous les étages du château de Naelis et même avec l’extérieur. La pièce où se trouvaient nos deux héros servait de salle principale et de détente. Deux hommes et une femme, habillés en tenues diverses, discutaient gaiement avant de saluer leur seigneur qu’ils reconnurent aussi tôt, malgré son aspect dénudé (oui rappelons que Glenn n’était vêtu que de ses braies quand Glinaina fit irruption dans sa chambrée et donc que son torse saillant n’était pas à l’abri des regards de l’elfe). Glenn ne se rendait qu’en de rares occasions dans la souricière, essentiellement pour converser avec Letwyn.

-Vous pouvez reprendre votre conversation je vous prie, je ne fais que passer. Glinaina, veuillez m’indiquer un lieu propice à une discussion saine et… privée, pour votre rapport. »

La souricière était donc loti de quelques chambres et petits salons, propice aux discussions discrètes. Nul doute que Glinaina saurait amener Glenn dans un de ses lieux, que lui ne connaissait guère.

La réaction de Glenn ne l'étonna guère qui, si elle s'attendait à ce qu'il entre dans une colère emportée malgré le fait qu'elle ait mis des gants pour lui parler du cas de la Prime Sorcière drow, voir la petite table se fissurer suite au coup de poing de l'humain lui fit quelque peu froncer les sourcils. Elle allait raconter le plus calmement possible ce qu'elle savait sur Y'Shahinn et le fait qu'elle soit entrée dans le Firmament lorsque des coups résonnèrent à la porte d'entrée de ses appartements. Les chevaliers... Il semblerait que Glenn se soit un peu trop laissé emporté ! Quoi qu'il en soit, le seigneur de Naelis tranquilisa ses gardes avant de se lever sans prévenir et de faire signe à l'elfe de le suivre. Elle haussa les sourcils lorsqu'elle se rendit compte qu'il partait vers le passage secret torse-nu puis, après un haussement d'épaules, se leva à son tour et le suivit.

Ils montèrent au quatrième étage, zone inconnue de la très grande majorité des Naelisiens, et sortirent du passage pour déboucher sur une grande salle où trois personnes étaient assis sur des fauteuils à discuter. Ils stoppèrent net leur discussion à la venue de leur seigneur et s'inclinèrent jusqu'à ce que celui-ci leur demande de continuer comme si de rien n'était. Glinaina se retint d'avoir un petit sourire lorsqu'elle vit le regard des trois espions qui ne s'attendaient pas vraiment à voir leur seigneur se pointer dans une telle tenue et fit signe à Glenn de la suivre à sa demande. Elle l'emmena cinq pièces plus loin, dans une petite alvéole fermée où se trouvaient plusieurs fauteuils ainsi que quelques meubles. Demandant à celui qui était son amant de s'installer, elle alla sortir deux verres et une bouteille de l'un des meubles tout en reprenant la conversation.

"Tu te laisses prendre à la colère, Glenn, et tu n'écoutes pas ce que je dis. Tu accuses Nakor de pactiser avec les Sombres sans même savoir de quoi tu parles... Je ne t'ai pas posé la question mais je suppose que tu voudras un peu de vin ?

Un simple sourire, voilà ce qu'elle lui adressa, en espérant que cela puisse faire descendre la tension qui le tenaillait.

-Nakor ne pactise aucunement avec les Drows. Il est le premier à punir tout être s'en prenant à des innocents et n'hésitera pas à le faire sur le sombre peuple que tu détestes tant. A ce que je sache, la Prime Sorcière a quitté le Puy pour des raisons politiques et s'en est détaché. Et de ce que j'ai pu voir et entendre de mes propres yeux et de mes propres oreilles, Glenn, c'est elle qui a changé de voie et qui s'est jointe à Nakor, pas le reste ! Le Firmament n'est aucunement là pour pactiser avec qui que ce soit et à prendre parti à un quelconque différend, crois-moi, je sais de quoi je parle. Aucune drow accepterait d'aider une Elfe, de plus si elle habite chez un ennemi.

Finissant de servir le vin, elle prit les deux verres et en passa un à Glenn tout en s'assayant sur l'un des fauteuils libres. Cela lui faisait étrange d'argumenter pour une Sombre...

-J'en ai profité pour parler à Nakor de la magie qui est en moi, puisqu'il m'a beaucoup aidée lorsque je n'étais pas dans mon état normal..."

Un nouveau sujet délicat. Lina s'enfila une bonne gorgée de vin, montrant qu'elle n'avait pas forcément l'intention de terminer sa phrase. Elle préférait attendre de voir la réaction de Glenn avant d'aller plus avant.

Glinaina emmena Glenn dans une pièce au fond du couloir. Des canapés étaient installés de part et d’autre de la pièce, deux fauteuils fermant le cercle. A l’extérieur du cercle, quelques armoires et meubles collaient au mur. Dans ses armoires reposaient divers vêtements et tenus, permettant aux espions de revêtir l’apparence de leur choix. Les autres meubles contenaient des outils de maquillage nécessaire à un déguisement plus convaincant. Glenn l’ignorait peut-être, mais le fauteuil où il venait de s’assoir cachait une trappe secrète qui pouvait conduire directement aux cuisines ainsi qu’aux cachots. La carte complète de ces passages lui avait été remise par Letwyn qui en avait fait l’exploration. Mais le seigneur de Naelis ne s’était guère penché sur la question, n’en voyant pas grand intérêt pour lui-même. En cas de siège, il pourrait s’en servir pour fuir mais ce n’était pas dans sa mentalité. L’elfe tenta de calma Glenn en lui proposant une coupe de vin. Glinaina n’était pas sans savoir que son seigneur venait d’avoir de nombreuses occasions de beuverie et que sans nul doute cette coupe allait l’achever. En effet, entre le souper, le conseil qui suivit et le verre du coucher, Glenn devait en être à son septième verre. Néanmoins il prit la coupe que lui tendait l’elfe.

-Que me chantes-tu là Glinaina ? Tu me dis qu’elle aurait changée de camp ? Tu sais bien que c’est une question de race, ni plus ni moins… Et on ne peut changer de race comme on change de bannière ! Je vais convoquer Nakor sur le champ, il me doit des explications. Quant à cette salope je tolérerais sa présence sur mes terres uniquement si elle me livre la tête de sa commandante tout en rampant péniblement jusqu’à mes pieds, devant mon peuple, témoin de son "changement de camp ". »

Il se perdit un moment dans ses pensées. Il se voyait déjà en train de lancer ses troupes à l’assaut du fort de l’Aurore. Cette idée idiote s’envola de son esprit au même instant où il réalisa qu’il aurait alors à faire aux plus puissants mages de Miradelphia. Non, si jamais il serait amené à supprimer cette guilde, il s’y prendrait de manière détourné. Glinaina aborda ensuite un tout autre sujet, pas moins fâcheux que le précédent.

-Alors, que t’ont-ils dis ? »

Une sombre pensée envahit son esprit. Glinaina avait parlé de son problème à Nakor, qui était maintenant l’allié des sombres. Y'Shahinn avait rencontré l’elfe, c’est ce qu’il crut comprendre d’après le récit de cette dernière… Elle avait tenté d’assassiner Trimack, le chef de son armée, en manipulant l’elfe par l’intermédiaire d’un maléfice. Maintenant, c’était lui, Glenn qui était en danger. Discrètement, il passa sa main gauche dans son dos et saisit son poignard. Même soul, il ne pouvait manquer sa cible. Et le couteau partit, droit sur la porte d’ébène. Il se leva ensuite vers l’elfe avant de la soulever par la taille pour finalement l’embrasser. Le vin lui tournait à la tête et son temps de réflexion et d’analyse était long, si l’elfe avait voulu le tuer, elle l’aurait fait bien plus tôt, dans les sombres escaliers du passage secret… Il continua d’embrasser frénétiquement l’elfe tout en lui murmurant à l’oreille :

-Vas-tu me tuer ? Je doute que tu y parviennes… »

Puis, il entreprit de commencer à déshabiller l’elfe.

L'elfe haussa les épaules aux dires de son ami, ne s'étonnant pas vraiment de sa réaction concernant Y'Shahinn. Par contre, elle imaginait très mal la sombre décapiter sa lieutenante et venir ramper devant une personne détestant son peuple. Et puis, une question de race... non, pas vraiment, sinon elle-même n'aurait jamais été assise devant Glenn à cet instant même.

-Alors, que t’ont-ils dis ?

La jeune femme réfléchit un très bref instant à ce qu'elle devait dire ou au contraire ne pas dire à un Glenn énervé et, aussi calme que possible, elle répondit à son interrogation.

-Disons que mon cas est plus compliqué que ce que Nakor avait cru au départ. En fait celui qui m'a torturée il y a de cela plusieurs années devait être un prêtre de Kiel, la déesse drow de la cruauté et de la colère. Il a mis en moi une partie de ce que les Sombres appellent la Première Colère, celle qu'ont ressenti les Elfes habitant en Aduram lorsque la Symphonie des Arbres fut brisée dans cette région. Ceux qui en ont survécu sont devenu des Sombres, différents de ceux d'aujourd'hui, animés par une colère dont ils ont oublié la cause. Cette colère, comme vous avez pu le voir, n'est pas toujours contrôlable mais il est possible de se battre contre. Et... ?

Le poignard de Glenn fonça droit sur la porte et s'y enfonça, arrêtant net la discussions. Glinaina se leva du fauteuil et fit quelques pas en arrière, commençant à se demander si elle se trouvait réellement en face de l'être qu'elle aimait - avec tout ce qu'elle avait pu vivre, elle avait de quoi se poser des questions parfois. Il semblait englué dans ses pensées, sans vraiment prendre en compte ce qu'elle disait... pourquoi n'avait-elle pas vu plus tôt qu'il avait déjà bu ?!

Elle n'eut pas le temps de réagir face aux gestes de son seigneur tant il alla vite : se levant à son tour il la prit par la taille et l'embrassa sans aucune forme de procès, se laissant aller à un désir qui devait someiller en lui depuis quelques temps déjà et qui ne faisait surface que (ou presque) grâce à l'alcool. Emportée par cet assaut, l'elfe se laissa reculer jusqu'à être acculée contre le mur de pierre, un Glenn l'embrassant avec abondance et commençant déjà à la déshabiller. Elle ne savait comment réagir, son esprit à nouveau divisé en deux : d'un côté la peur la prenait, elle voulait partir, répondre avec brusquerie et s'enfuir le plus loin possible, de l'autre côté ces baisers lui avaient vraiment manqué et elle savait que si elle ne dépassait pas sa peur là avec la personne qu'elle aimait... que ça ne viendrait jamais. Alors, au bout de ce qui lui sembla un long instant d'hésitation, elle réussit à mettre sa peur de perdre le contrôle d'elle-même et se laissa aller tout en écoutant le murmure de son assaillant.

-Vas-tu me tuer ? Je doute que tu y parviennes…

Sa première réponse fut de l'embrasser avec amour, se décidant à mettre ses mains sur le torse nu de l'humain. Ce n'est qu'après un long baiser qu'elle recula un peu sa tête afin de regarder son amant dans les yeux le temps qu'elle lui réponde.

-Pour rien au monde je ne voudrai une telle chose, Glenn, et tu le sais."

Puis elle repartit dans un baiser des plus amoureux, essayant de se laisser faire sans pour autant laisser son aimé aller trop vite en besogne. Elle n'était pas prête pour tout, elle le savait pertinemment... et elle se doutait que voir toutes les traces magiques et physiques qui zébraient son buste et ses bras risquerait de mettre Glenn dans une colère malvenue à un tel moment.

L’elfe ne résista pas, bien au contraire. Glinaina se laissa aller en embrassant à son tour Glenn tout en lui caressant son torse quelque peu poilu. C’était comme si elle en mourait d’envie depuis bien longtemps… C’était aussi le cas de Glenn, qui, intéressé par la beauté de l’elfe dès leur première rencontre, s’était abstenu de tenter quoique ce soit pour ne pas créer de troubles dans l’armée et aussi parce que dans un sens, les elfes l’impressionnait. Pourtant, Glenn était aussi fier qu’un elfe, mais il était conscient des faiblesses de sa race, surtout depuis qu’il était seigneur et maître de ses terres. Le seigneur de Naelis prenait goût au pouvoir et voyant arriver ses premiers cheveux blancs, il aurait tout donné pour obtenir la jeunesse éternelle… Enfin, revenons à Glinaina. L’elfe lui plaisait certes, mais de là à parler d’amour, c’était un peu prématuré. L’amour ne faisait plus partie de ses préoccupations depuis sa séparation avec Merissa l’Ardente. Néanmoins, il avait des sentiments, c’était certain. Mais ses sentiments se heurtaient à un concept beaucoup plus grand aux yeux d’un seigneur indépendant : la raison d’État. La raison d’État prime sur l’amour.

Glenn souleva l’elfe par la taille avant de la poser brusquement sur le canapé. Il lui embrassa le cou avant de commencer par lui enlever sa tunique, découvrant ainsi un corps fin, musclé et surtout très attirant. En vérité, Glinaina n’avait guère eu le choix de la manœuvre. A peine se remettait-elle du fait que Glenn l’avait poussé contre le canapé et qu’il lui avait prestement débarrassé de sa tunique qu’elle pouvait maintenant sentir une fraicheur nouvelle sur sa poitrine. En effet, Glenn s’attaquait à cette zone précise et ne se lassait pas de faire courir sa langue sur les seins et de mordre délicatement les tétons de sa partenaire. Les symboles vous me dites ? Quels symboles ? Franchement, Glenn ne les remarqua même pas. Notre héros ne s’arrêta pas en si bon chemin. Il entreprit d’enlever les braies de l’elfe qui commençait à gémir de plaisir. Toutefois, elle paraissait lutter contre ses sensations, si bien que Glenn eu du mal à enlever les braies… Le seigneur de Naelis se releva promptement afin de se déshabiller à son tour, laissant à l’elfe le plaisir de le voir totalement nue. Il se rapprocha d’elle, montrant clairement ses intentions, soit de pénétrer dans le jardin secret de celle qu’il désirait...

Le fait qu'il la souleva par la taille pour l'étendre sur le canapé la déstabilisa une seconde, ce qui permit au seigneur de Naelis d'avoir le temps de s'allonger sur elle pour l'embrasser à nouveau sans qu'elle ne réagisse et, plus important pour lui encore, de commencer à défaire la veste de l'elfe et ainsi d'avoir accès à la peau tendre et fraîche de la jeune femme. Lina ne sut aucunement quoi répondre à cela, encore divisée par ses craintes concernant sa potentielle perte de contrôle et par le plaisir que lui procurait son compagnon. La douceur des caresses, les baisers incessants lui offrant une sensation jusqu'alors inconnue, tout cela dépassait en une telle position la barrière qui s'était fixée dans l'esprit de l'elfe depuis le jour où les deux amants s'étaient embrassés pour la première fois, seuls sous les appartements de Trimack, du temps où elle était encore lieutenant et où rien ne laissait à penser que les choses allaient faire en sorte qu'elle doive partir pour l'Anaëh et sa vie ne se complique ainsi. Déchirée par des sentiments complètement opposés, son coeur battant avec force contre sa poitrine, elle se voyait incapable d'apporter une opposition au désir déjà limite de son seigneur et ami.

Mais cela, visiblement, ne devait pas s'arrêter là. Glinaina sentit la douceur des caresses de Glenn descendre sans la laisser indifférente jusqu'à ses hanches pour s'arrêter, les mains de l'homme cherchant désormais de baisser les braies de l'elfe. Il y eut plus de résistence que pour les baisers, l'elfe n'ayant eu qu'une très mauvaise expérience de ces choses étant jeune adulte - le viol laisse des traces à l'esprit comme au corps, malheureusement - mais dans leur détermination abaissèrent l'épaisse barrière empêchant l'humain d'aller jusqu'au bout de ses désirs. Parce qu'il la désirait, s'il ne l'aimait pas, et le fait qu'il se releva pour se défaire du seul habit qui lui restait fut des plus clairs pour la jeune elfe : il voulait aller jusqu'au bout, jusqu'au plus profond d'elle-même pour tout dire.

Glinaina inspira profondément pour se calmer et ne pas laisser la peur l'envahir à un tel moment et s'obligea à regarder uniquement le visage de Glenn. Elle n'était pas prête à cela, oh non ! Il avait trop bu, il ne se rendait certainement pas compte de ce qu'il faisait, s'ils allaient jusque là... SBAF ! sa main partit d'elle-même cueillir le visage de Glenn alors qu'il venait de se rallonger sur elle, surprenant autant un amant que l'autre et désaoulant le pauvre Glenn en quelques secondes où les pensées d'Aina s'enchaînèrent à une vistesse qui la surprit elle-même : pourquoi avoir fait ça ? Parce qu'elle avait peur, mais elle ne voulait pas lui faire de mal. Comment allait-il réagir ? Et s'il allait jusqu'au bout ? Elle ne savait... Et si elle se refusait encore à lui alors qu'elle l'aimait et que le temps d'indécision de Glenn la concernant lui avait fait quelque peu mal ? Elle le regretterait. Tant pis pour les conventions, il fallait qu'elle se décide, qu'elle se laisse aller au-delà des chaînes qui l'entouraient depuis bien longtemps. Alors elle posa la même main qui avait gifflé son amant doucement sur sa joue et souffla, quelque crainte se lisant dans son regard :

"Glenn... Doucement, je t'en prie, doucement..."

Puis elle pencha sa tête en avant pour l'embrasser, montrant ainsi qu'elle ne le refusait pas. Elle sentit bientôt les frottements de sa peau contre la sienne reprendre, corps nu contre corps nu, chose qui était loin d'être désagréable. La main de l'elfe glissa sur l'épaule de Glenn, descendant avec douceur sur les courbures de son dos, passant de temps à autres sur son côté pour toucher son ventre puis remonter sur le dos, arrivant alors à la hanche, pour s'arrêter sur la fesse. Enfin, elle sentait ses chaînes psychologiques se détendre puis se briser, la laissant enfin suivre son coeur plutôt que ses peurs.

Il reçut la claque de Glinaina en pleine face. Il stoppa net son avancée pour resituer son esprit et comprendre ce qu’il se passait. Cette claque eut le mérite de dissiper les nuages d’alcools qui embrumaient son esprit. Non, l’elfe n’était pas une adepte sadomasochiste mais avait juste voulut remettre Glenn à sa place. Personne n’avait osé frapper le seigneur de Naelis de la sorte. Surtout pas une de ses maîtresses. Mais Glinaina n’était pas une de ses maîtresses, elle était à son service en tant qu’espionne certes mais elle était avant tout une elfe libre et indépendante, qui n’avait pas peur de gifler son seigneur. Ce dernier n’aimait guère qu’on lui résiste. L’elfe se reprit et lui caressa la joue marqué pour lui murmurer d’aller plus doucement. Des ordres ? Personne ne lui avait donné d’ordre depuis plusieurs années déjà.

-Excuse-moi Glinaina. Je me suis tellement laissé emporter par mes désirs que j’ai oublié de combler les tiens… »

Elle l’embrassa à nouveau, montrant que sa baffe ne signifiait pas un refus. Par ce geste, l'elfe avait montré sa dignité. Glenn était respectueux envers les femmes et il avait reconnu son erreur. Pendant qu’il la caressait à nouveau, tout en laissant parcourir sa langue sur ses oreilles et son cou, il se mît à vouloir que Glinaina soit son épouse. En effet, il s’aperçut que ce n’était pas que du désir qu’il ressentait pour elle, il y avait des sentiments plus profonds. De l’amour ? Peut-être… Depuis son accession au trône de Naelis, il avait mît ses sentiments de côté pour une simple et bonne raison : Naelis était faible et sa survie ne tenait qu’aux alliances. La bataille de Ruven confirma ce fait. Les alliances diplomatiques étaient fragiles, seul un mariage permetait de sceller une alliance durable. Ces conseillers le lui avaient expressément fait remarquer. A partir de là, l’amour ne comptait plus, seul les intérêts étaient à envisager. Glenn se montra délicat dans ses caresses et baisers et montra à Glinaina que sa remarque n’était pas veine. L’idéal serait d’allier amour et intérêts. Enfin, laissons ces réflexions pour plus tard et portons simplement notre attention sur nos deux amants.

"Excuse-moi Glinaina. Je me suis tellement laissé emporter par mes désirs que j’ai oublié de combler les tiens…

Etait-ce qu'elle voulait, être comblée d'un bonheur lié au plaisir de la chair ? Pas dans l'immédiat non, elle n'avait fait que laisser libre court à la peur qui la prenait. Mais ces paroles montraient, ainsi que le soudain ralenti que son amant eut, que la claque avait eu l'effet escompté sur le pauvre homme qui ne devait certainement pas être habitué à en recevoir une de la sorte. Il montrait dorénavant de la patience et, surtout, prenait le temps de bien faire les choses malgré l'envie de mâle qui le prenait. Les chaînes qui la retenaient psychologiquement s'effritaient de plus en plus sous l'action des nombreux baisers de Glenn, Glinaina appréciant toutes ces douceurs lui étant offertes, ce que l'humain put voir et entendre. Puis au bout de quelques temps les chaînes finirent par s'effondrer, comme si elles avaient pu se briser pour de bon et glisser sur son corps pour tomber sur le sol. A ce moment précis, elle se sentait bien, très bien même, mieux qu'elle ne l'avait jamais été depuis quelques mois. Elle osa même se laisser complètement envahir par celui qui sans vraiment le savoir lui avait donné la force de franchir certains obstacles et, même si c'était lui qui menait cette danse sensuelle, elle y répondit par nombre de caresses et de baisers.

Comme on put s'y attendre, l'ardeur et la passion montèrent au fur et à mesure des ébats et il fut un moment où les deux amants vinrent à ne faire plus qu'un. Que ce soit par hasard ou bien par gestes mûrement réfléchis, Glinaina sentit au bout d'un moment leurs deux sexes se câliner et, comme si cela était tout aussi naturel que bestial, l'elfe écarta plus largement ses jambes pour aider son ami à aller plus avant dans leur relation. Ce fut sans réticences qu'elle laissa donc Glenn la pénétrer pour qu'ensemble atteignent un paroxisme jusqu'alors inconnu à ses sens, ses gémissements allant de paire avec les sensations qui la noyaient. Puis elle finit par sentir le liquide provenant de l'humain venir en elle, signe que la fusion était terminée. La respiration saccadée, les membres quelque peu épuisés, la jeune elfe prit le temps de reprendre son souffle tout en regardant celui pour qui son coeur battait. Elle ne savait pas quoi dire à ce bel homme, ni trop quoi penser. Ils l'avaient fait, sans qu'elle ne l'ait vu venir, et maintenant... Elle sourit et, lorsqu'elle le put, s'assit sur le canapé. Ses longs cheveux dorés descendaient en une cascade emmêlée sur ses fines épaules nues et son visage était des plus sereins.

-L'envie te prenait-elle donc jusque là ou bien l'alcool y était pour beaucoup ?"

Elle sourit gentiment, sachant Glenn revenu à la normale alors que cela ne commençait qu'à peine.

L’alcool ? Non Glenn ne se laissait jamais dominer par la boisson, du moins à la limite du possible. Du moins, il avait cette réputation… A cette remarque, il se leva du canapé pour attraper une chemise dans le placard derrière afin, non pas de se vêtir, mais d’essuyer la sueur qui coulait de son corps musclé. Il ignora la réflexion de l’elfe. Cette dernière restait assise sur le canapé, nue… Après tout, l’espionne se trouvait dans ses quartiers, la souricière. Cette pièce servait de vestiaire aux espions qui pouvaient revêtir n’importe quelle apparence, ou presque. Glenn remît son pantalon avant de s’approcher de son amante pour l’embrasser.

-A ton retour je serai Roi et tu seras ma Reine. »

Glinaina devait de nouveau se rendre en Anaëh. D’après ce que Letwyn lui avait rapporté, la frontière Elfique était de nouveau en proie aux invasions des sombres. Glenn avait besoin d’oreilles et yeux pour pouvoir se tenir informé. Il n’était certainement pas en mesure d’aider les elfes mais il devait suivre le cours des événements car Naelis pouvait être directement menacé. Bien que l’idée de la laisser partir à nouveau ne lui plaisait guère, il lui laissait une dernière occasion. Pendant ce temps, il se devait de convaincre son conseil pour le choix de la mariée. Bien que Glinaina fût considérée comme un héros au sein de la garde, elle avait subi un jugement militaire. Le seigneur de Naelis regagna ses appartements en passant par le fameux passage secret. A cette heure tardive, la blanche lune donnait un air encore plus inquiétant à la sombre forteresse qu’était le château de Naelis. Un air emplit de mystères…

» Glinaina Hereon -Reine de Naelis
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