Asdrubal de Soltariel
Humain
Nombre de messages : 91 Âge : 30 Date d'inscription : 16/02/2013
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 37 ans Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Quand Soltariel porte le deuil. Dim 16 Mar 2014 - 19:49 | |
| Ils étaient tous là, l'élite de la noblesse soltarii, ceux qui formaient ce que l'on avait sommairement et bien impudemment appelé la Cour de Justice de Soltariel. Un ramassis de conspirateurs, d'avares et de traîtres potentiels qui ne s'entendaient que par la force des choses pour espérer obtenir plus de pouvoir. Ils avaient jetés à bas les Berontii dès que leurs actes avaient été éventés, sautant sur l'occasion comme les charognards qu'ils étaient. Et dans la plus pure tradition, les plus féroces et empressés avaient été ceux qui avaient largement profité des largesses de la duchesse Margot. Ils étaient tous intégralement vêtus de noir, comme le voulaient la tradition en cas de deuil, et pourtant ils rayonnaient plus que jamais. L'on ne pouvait soupçonner à quel point le satin noir pouvait être brillant, les discrètes dorures visibles et les tissus sévères recelant un faste indécent tant que l'on n'avait pas assisté à un deuil soltarii. Parce qu'il s'agissait avant tout de montrer sa capacité à remplacer le mort. L'hommage ne venait qu'en seconde position dans la liste des priorités.
Thero de Briten les contemplait, le seul qui, dans cette assemblée, n'avait pas vraiment d'intérêts à défendre. Le seul qui par conséquent affichait une véritable tenue de deuil, de simples vêtements noirs sans artifices d'aucune sorte. Au milieu du tapage visuel de ses confrères, il apparaissait comme une tâche de simplicité bienvenue pour l'oeil et l'on ne finissait presque par ne plus remarquer que lui. Ce qui n'était pas anodin, l'homme connaissait la cour soltarii aussi bien, même mieux, que sa propre demeure et savait toujours comment se faire remarquer. Il tenait une lettre et, c'est la voix tremblant d'une émotion parfaitement maîtrisée dont il s'estimait très fier, qu'il en terminait la lecture, annonçant la mort du duc Asdrubal de Soltariel. Personne, bien sûr, n'était surpris. Tout le monde était au courant depuis presque une ennéade mais, pour les formes, il fallait attendre que la Couronne informe très officiellement Soltariel de ce qu'ils avaient retrouvé. Ce qui n'avait pas empêche de décider de toutes les mesures à prendre, principalement celle de prêter hommage à leur ancien vassal félon comme nouveau duc de Soltariel. Oh la chose n'avait pas fait que des heureux. En fait elle n'en avait fait aucun. Mais on s'accordait à dire que c'était la meilleure chose à faire. Et que, de toutes façons, il existait bien des façons d'arrondir les angles. Toujours est-il que tous les papiers officiels dont l'administration soltaar était friande était prêt et qu'ils s'occupaient à les signer et sceller dès que la lecture eut été finis. Restait le cas des compensations à Maciste. Celui-ci avait demandé cinquante mille écus sonnants, qu'on s'était empressé de prendre dans les restes du trésors ducal qui, sans cela, allait de toutes façons lui revenir. On ne l'avait pas vraiment volé -les nobles soltarii détestaient ce mot- vus qu'il n'y avait pas réellement de duc à ce moment là. On s'était contenté de ''disposer d'un bien sans propriétaire'', c'était beaucoup plus convenable. Ensuite il avait fallu remettre un enfant de chaque famille. L'on avait alors déniché les bâtards les plus éloignés que l'on pouvait trouver. Quelques uns avaient même réussis à remettre la main sur un fils déshérité, chose rare. Il restait la question des biens matériels -l'or était pour eux une classe à part-. Thero de Briten se tourna vers un noble un peu ventripotent, dont la tenue arborait presque davantage de filigranes dorés que de tissus noirs pour les supporter.
« Monsire, comment va se passer la prise de possession de nos comptoirs à Sardar par la compagnie des Trois saisons ? -Oh, et bien, nous avons retrouvés les actes de propriété des terrains, ils seront à eux dès que nous aurons l'occasion de leur remettre en main propre. Nous ne voulons bien entendus pas qu'ils soient perdus. -Oui, bien entendus. C'est très dommage pour ces comptoirs quand même, un incendie impressionnant. -Les nains sont un peuple fier, nous savions que de tels incidents étaient à craindre. -Oui, quelle dommage que cela ai précisément coïncidé avec le remisage de tout cet huile à lanterne. -Un stock de la meilleure qualité, destiné à aider aux excavations. Il n'aurait jamais dus être stocké ainsi. Je crois que quelqu'un a été pendus pour ça. »
Quelqu'un de parfaitement innocent, à n'en pas douter, se dit Thero dont le visage allongé restait parfaitement neutre. Il n'y avait rien de surprenant, c'était, d'une certaine manière, de bonne guerre. A Soltariel, on n'achetait rien sans une solide garantie. Puis, Thero se tourna vers un autre noble, plus élancé, moins jeune et pourtant semblant en meilleure santé que le précédent, aguerris par l'exercice physique à défaut de la véritable guerre.
« Nous pourrons remettre les clés de la forteresse de Baradello au sieur Maciste dès qu'il se présentera ? -Bien sûr, nous avons évacuée notre garnison. -Une belle forteresse je crois, disposant d'une armurerie fournie non ? -Dans le passé peut-être , mais cela fait longtemps que leur entretien n'est plus qu'illusoire. Je crains que la grande majorité de l'équipement » pour ne pas dire la totalité, nota Thero : « n'ai été dérobé ou escamoté, malgré notre surveillance attentive. -Fort regrettable. Je crois que l'un de vos navires marchands appareillait en direction de Thaar ce matin même non, pour une cargaison de fer refondus c'est bien cela ? -Je ne connais pas les détails de tous mes bateaux, mais ce n'est pas impossible oui. -Évidemment. »
Il avait une façon de prononcer ce mot qui hérissait souvent le poil. Il était l'objet de nombreuses conversations à Soltariel, qu'on pouvait le plus souvent résumer ainsi : de quoi est-il au courant ? Il arborait toujours ce même visage avenant, toujours le mot polis et agréable. Et toujours cette désagréable impression d'en deviner plus que vous ne savez vous-même. Il n'était pas difficile de comprendre pourquoi l'homme était conseiller diplomatique depuis des lustres. Il était plus compliqué de comprendre pourquoi il n'était que conseiller diplomatique.
« Excusez-moi, messire de Briten » c'était un noble assez quelconque, facilement oubliable qui venait de parler. Le trésorier, se souvint soudain le chevalier : « Oui, une inquiétude ? -Pas exactement, mais... quels sont les propriétés associées au duc, au juste ? -Ce n'est pas à vous de répondre à la question ? -Non, moi je ne peux que vous dire ce qui concerne le trésor ducal. Rien d'autre. -Il n'y a rien d'autre. -Et le domaine de Berontii ? -Récupéré par la Cour de Justice et distribué en récompense aux honorables membres qui auront sus lutter contre la perfidie. -Je vois. Le manoir Solaria et les domaine des de Soltariel ? -Le premier est la propriété de la famille Dawnson si je ne me trompe, hérité depuis la mort de la duchesse Ambre. Les seconds, depuis la mort d'Asdrubal, dernier héritier, devront être reversés par la plus haute autorité en présence au moment des faits, c'est à dire nous. -Les propriétés foncières du duc se résument donc à... -La forteresse de la ville et le palais ducal, oui. »
Des sourires entendus passèrent autour de la table. La forteresse tombait à moitié en ruine, la poussière s'accumulait parfois dangereusement dans les salles inutilisées depuis des lustres -encore que la menace de guerre avait réhabilité les parties les plus vitales pendant quelques jours- et seuls les caves à vin étaient parfaitement entretenus. Quant au palais... et bien quelques hommes d'armes avec torches peuvent laisser une trace impérissable sur un bâtiment. Lorsque cela s'accompagne en sus d'un pillage en règle aussi efficace que discret -non par les actions, forts barbares, mais plutôt par le mutisme de quiconque à son égard qui rendait l'événement pour ainsi dire inexistant-, on ne peut espérer récupérer grand chose. On avait seulement réussit à sauver le trône et quelques possessions symboliques. Il fallait quand présenter de quoi nourrir l’esbroufe habituelle.
« En ce cas tout est en ordre, malgré quelques... désagréments qui nous affecte tous, je n'en doute pas. Maciste et son épouse seront ici dans trois jours. Je gage que chacun d'entre vous à de nombreux préparatifs à faire et je ne vous retiens pas plus longtemps. »
L'assemblée s'égailla dans un brouhaha feutré typique des nobles conspirant à voix basse, ne laissant bientôt plus que Thero devant l'une des fenêtres de la salle. Un discret sourire éclairait son visage, tandis qu'il pesait l'avenir qui s'offrait à lui. |
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