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| Le jour du Karamstra, pensées Karamstriennes. [la Voix du Culte] | |
| | Auteur | Message |
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Alanya de Saint-Aimé
Ancien
Nombre de messages : 1016 Âge : 224 Date d'inscription : 08/04/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 32 ans à la fin de l'Ellipse Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Le jour du Karamstra, pensées Karamstriennes. [la Voix du Culte] Lun 21 Avr 2014 - 17:35 | |
| Les dieux. Cette entité invisible que les hommes s'acharnent à aimer. Pire encore, ils se battent pour eux. Eux. Qui était-ils au final? Une invention, des héros d'un autres temps? Personne ne pouvait assurer leur existence réelle, leur appartenance au monde dans lequel nous vivions. Et pourtant, la stupidité des êtres peuplant la terre faisait qu'aucun ne pouvait se résoudre à dire que leur idole n'était que poussière et parchemin. Beaucoup s'amusait à croire que tout évènement de la vie est lié à une divinité: la naissance pour Néera. Gloire. La mort pour sa soeur. Gloire. Pour autant, n'y a-t-il là dedans qu'un schéma perpétuel? Tout le monde nait, tout le monde meurt. L'on nait parce que nos parents ont mêlés leurs souillures. Nous mourrons par la faim, le froid, la guerre, la vieillesse. Tant de cause que nous maitrisons, dont nous avions au final une appréhention totale. Les famines sont causés par la pauvreté, la guerre ou les intempéries. Le froid par un manque de feu dans l'âtre, par un manque de toit pour d'autres. La guerre, elle, n'est autre que la résultante de l'égoïsme qui nous caractérise. La vieillesse n'est autre qu'un homme qui a fait son temps. Il y a des choses que nous ne pouvons maitriser, mais que nous pouvons éviter, anticiper. Les gelés sont fréquentes l'hiver dans le nord. Pour autant, quel est le paysan qui innovera pour protéger ses terres? Aucun. Ces moutons préfèrent aller prier une divinité qui ne leur répondra jamais. Au final, l'homme est assez intelligent pour parler, à l'inverse des bêtes, mais trop stupide pour réfléchir, à l'instar des bêtes. Il y avait des choses inexplicable une haine montante. Une haine envers la complaisante ignorance dont beaucoup aimait la douceur. Nous avions surement peur de la vérité. Elle fait mal, elle n'est pas un dieu. Elle est simplement ce qu'elle est. Elle n'est ni pas ni vrai ni fausse. Elle n'est pas amplie de magie et de questions réthorique trop souvent posées. Elle est éclatante, si bien qu'elle seule est garante d'une réponse.
"Ma Dame, vous allez bien?". Une main douce se posa sur mon épaule, me tirant de mes pensées chaotique. J'étais à genoux, dans le temple d'Alonna. Et ces doigts frêles appartenaient à la novice. Elle avait la voix douce et réconfortante. Je tournais la tête, esquissant un sourire faux. "Je priais pour les Hommes". Elle avait un visage rond, constellé de tâche de rousseur que ses yeux verts et son teint pâle faisaient ressortir. Ma réponse dû lui plaire, car elle me retourna avec politesse mon sourire. "Désolée de vous perturber dans vos pieuses intentions, ma Dame, mais le prêtre voudrait s'entretenir avec vous, dans la salle privée". Je me relevais grâcieusement. Je devais la surplomber d'une demi tête, aussi leva-t-elle la tête. Dans ses yeux brillait une lueur étrange. Elle m'observa sans dire mot, ses lèvres toujours étirés dans un rictus amère. Etait-elle jalouse? A vrai dire, cela n'avait guère d'importance. Cette jeune femme avait dû entrer dans les ordres par obligation. C'était le cas de la plupart. Même si beaucoup vouait un amour sans égale à la déesse, très peu avait le courage de lui offrir une vie entière de dévotion. Je soupirais silentieusement avant de prendre la route de la petite pièce annexe. Il n'y avait dans le temple que six personnes venues prier. Les temps de guerre sont difficiles, même pour les dieux. Religieusement, je toquais le plus discrètement possible à la porte en bois sculpté pour ne pas interférer avec le sinistre silence qui règnait en ces lieux. "Entrez". La voix était grave et gutturale. Un peu chevrotante. J'ouvrais le battant sur un homme dégarni. "Ma Dame, asseyez-vous". Il n'était pas très vieux, pourtant, il portait les marques du temps passé. Ses yeux marrons inspirait la bienveillance de la déesse qu'il représentait. Je m'exécutais. "On m'a dit que vous vouliez vous entretenir avec moi". Il hocha la tête et se leva pour aller près d'une petite table en acajou. "Désirez-vous boire quelque chose?". "Avec plaisir, même si je doute me retrouver ici juste pour un verre en votre compagnie, bien qu'elle ne sois pas déplaisante". Débouchant une bouteille transparante dans lequel était contenu un vin des plus fin, il repondit: "Effectivement. Il est rare de vous voir en nos lieux, ma Dame. Votre présence ne nous est pas indifférente". Il me tendit un verre avant de se rasseoir, face à moi. Je sirotais le liquide d'un gout très subtile. "Je crains avoir quelques peu perdu la foi". C'était sortit sans que je ne puisse le retenir. Et les yeux du prêtre, au lieu de s'offusquer, brillèrent d'avantage. Que me voulait-il? J'avais été maladroite et les paroles que je venais de prononcer pourrait me couter très cher. A présent, je devais me contenir afin de na pas montrer mon angoisse... "Perdre la foi? Voilà une chose bien étrange que j'entends là. Vous savez qu'un pareil affront vous couterez au moins la vie, ma Dame?". Me menaçait-il? Un temps infiniment long s'écoula, et j'observais le moindre de ses traits, le moindre changement dans sa posture, tout en faisant tourner convulsivement le verre dans mes mains. "Vous me craigniez, n'est-ce pas? Pourtant, il n'y a que vous et moi dans cette pièce. Nul ne pourrait témoigner des mots félons sortient de votre bouche. Ce serait vous contre moi". "Mon père, ignorez vous que votre parole sera bien plus entendue que la mienne? J'en doute. Vous jouez au chat et à la souris. Que voulez-vous? Vous avez de moi un affreux aveu, alors inutile de tourner autour du pot plus longtemps". Il sourit , dévoilant des dents manquantes. "Avez-vous déjà entendu parler du culte de Karamstra?". Je secouais ma tête. Cela ne me disait rien. "Il s'agit d'une très vieille religion qui autrefois règnait sur ces terres. Un culte sans dieux à idôlatrer, sans faux espoirs". Je me recaler dans le fauteuil, le regardant avec d'autant plus d'attention que je buvais ses paroles.
"Il existe deux forces. Le Karam, l'inactivisme, le bien, la paix. Et il y a, de l'autre côté, le Stra. Représentation suprême du changement, du chaos et de la guerre. Jusqu'à présent, ma Dame, vous êtes aliéné au Stra. Ces deux forces sont partout autour de nous. En chaque chose. Et elle s'affronte sans merci, afin d'atteindre le parfait équilibre. Il doit y avoir autant de paix que de guerre, autant d'innovation que de régression. C'est en ça que consiste l'essence même de cette religion. Il n'y a pas de dieux pour expliquer les choses qui arrivent. Ce sont deux entités diametralement opposés qui se font face. Le malheur arrive après trop de bonheur et inversement. Il n'y a que cette règle immuable qui réside dans ce Monde, et vous le savez. Quand beaucoup se cachent derrière des prières, la véritable foi réside dans la connaissance de ces forces. Et le culte pentien ne devient qu'une supercherie abominable pour rendre plus douce la vérité. L'on m'a dit que c'est elle que vous chérissez. Et bien, la voilà. Brut, violente. Ce qu'il s'est passé en Alonna n'est que la résutante de l'inactivisme de la Peninsule. Combien d'années s'est passé autour de toute les tables du royaume, sans qu'aucune ne souffre vraiment des affres de la guerre? Le Stra a germé petit à petit dans son ancienne terre. Une force sans précédent. Et elle a balayé tout les esprits de tout les villages; elle ne vous a pas même épargné, vous à qui la foi dans les Dieux n'étaient plus. Il était temps pour vous de connaitre le vrai visage de la croyance et de la puissance qui nous entoure". Il s'arrêta, me regardant. Ce qu'il disait était de la folie et pourtant, dans la démence de ses mots, je trouvais une troublante vérité. Et si cet homme avait raison? Si les entités intouchables n'étaient qu'en fait qu'une façade à ce qui se trouvait là, dehors. "Vous doutez ma Dame. Et je ne peux vous en blamer, moi qui porte les couleur de Néera. Mais j'ai ouvert les yeux le jour où je l'ai rencontrer, Lui. Il est arrivé ici, m'a pris à partit. Il m'a tout expliquer. Il m'a appris que la vie ne résidait pas en une personne dont on ignore l'existence mais dans le Karamstra. Qu'il fallait simplement que j'observe tout ce qui m'entourait pour le comprendre. Regardez nous. Je suis le changement à présent. Je suis la volonté du Stra. Et vous, vous restez simplement là, ne parlant même pas. Vous êtes poussé par le Karam et nous nous faisons face. Nous sommes l'équilibre. Deux forces contraires dans un univers qui régit la nature". S'arrêta et le temps qui venait de s'immobiliser repris son cours. "Comment pourrais-je savoir? Vous avez longtemps prêché pour ce qui vous semble aujourd'hui une immondice. Comment pourrais-je vous croire si votre foi se lie à la première invention d'un vieillard arriviste?". "Et bien, ma Dame, revenez ce soir, une fois la nuit tombée. Vous comprendrez qu'il en va de notre sécurité à tous. Je ferais venir cet homme qui m'a tout offert, je vous ferais rencontrer la Voix du Culte".
Lorsque la lumière du jour inonda ma personne, je me sentais troublée. Et si ce qu'il venait de m'avancer était vrai? Si rien de ce que j'avais pseudo cru jusqu'à maintenant n'était que mensonge? J'étais d'une importance nouvelle, peut être n'était-ce là qu'un mauvais coup d'un ennemi invisible, voulant ma peau cette nuit. Je ne pouvais prendre autant de risque et pourtant, une irrésistible curiosité m'attirait vers le danger. M'attirais vers la nuit et ses fléaux.
- Spoiler:
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| Sujet: Re: Le jour du Karamstra, pensées Karamstriennes. [la Voix du Culte] Mer 23 Avr 2014 - 20:55 | |
| Le voile de la nuit avait recouvert Alonna dans son étreinte de ténèbres. C'était une heure tardive sur la capitale de baronnie, l'heure où le Karam était honoré par la tranquillité des bonnes âmes qui dormaient sous la vigilance des forces de Guet. Le Stra n'était pas en reste, qu'il s'incarne dans le cœur des justiciers anonymes ou des criminels sanguinaires: sa violente aura se ressentait dans des lieux aussi obscurs que l'âme humaine. Dans les rues, une longue silhouette partiellement voûtée s'avançait d'un pas martial, s'appuyant sur un long bâton dont l'ombre au sol, dessinée par la lumière des torches, ressemblait à s'y méprendre à une griffe d'animal. Le son du bois de chêne frappant le sol brisait le silence ambiant de ce quartier tranquille, instaurant un rythme sinistre aux oreilles des lointains passants. On l'avait appelé quelques heures plus tôt, lui promettant un entretien avec la nouvelle dirigeante de la région. D'après le frère Péran, le prophète infiltré dans les rangs du temple de Néera local, à un haut rang qui plus est.
Bien vite les frappes tombèrent sur le seuil du temple de la Damedragon alors que les pieds du vieillard en vêtements guerriers foulaient le sol sacré. Une porte dérobée fût martelée de coups jusqu'à ce qu'un prêtre rondouillard tondu au visage fatigué ne viennent lui ouvrir. Faisant discrètement rentrer son invité, l'homme de foi ne tarda pas pour refermer la porte et s'incliner modestement.
-"Bienvenue dans mon humble temple, Voix du Culte. J'ai fait déserter les couloirs selon vos instructions, nul ne saura que vous êtes rentré."
Dans un bref geste de la paume, l'ancêtre intima à son subordonné de se relever. Sa voix grave retentit sèchement dans la pièce froide et vide de toute personnalité qui constituait le vestibule.
-"Puisse l'Equilibre t'être accordé, frère. Mais trêve de bavardages inutiles, mène-moi à la baronne, je pressens que l'avenir du Culte va se jouer cette nuit."
Se protestant presque tant il se pencha, le faux-pentien s'enfonça dans les couloirs, la faible lueur de son flambeau peinant à terrasser le noir dans lequel baignait l'église. Le petit dédale de couloirs terminait sur une porte en bois renforcée de fer, très solide et large comme deux hommes. L'ouvrant avec précaution et après avoir toqué diligemment, le prêtre invita son supérieur à rentrer. L'intérieur était des plus spartiates: une table, deux chaises, quelques bougies pour la luminosité et des victuailles légères avec du bon vin pour aiguiser les esprits. Une fois le maître entré, le plus jeune referma la lourde planche ferrée, laissant la noble et le guerrier seuls à seuls. Toujours plein de politesse, sa part de bonté sans doute, l'ancien salua exagérément la grande dame. Sa voix usée mais toujours puissante entre deux affaiblissements passagers se fraya un chemin direct aux oreilles d'Alanya alors qu'il se tenait de l'autre côté de la tablée, debout.
-"Mes hommages ma baronne, que la bénédiction des deux puissances soit sur vous. Je me nomme Arawn Eolun et je suis la Voix du Culte de Karamstra. Je me doute que vous ne connaissez pas cette civilisation, pas plus que ce que notre frère vous a appris tantôt. Si vous me permettez, je vais vous faire un petit cours d'histoire pour que vous puissiez comprendre d'où nous venons. Comprenez, sans vouloir vous offenser, que nous prenons de gros risques en vous parlant aussi directement et je vous demanderais donc de la discrétion au sujet de cette entrevue, dans un premier temps du moins.
Il y a de cela sept cent ans, dans la contrée aujourd'hui connue sous le nom d'Olyssea, se dressait un ensemble de clans installés sur ces terres depuis des siècles avant encore, avant même l'arrivée de l'Empire de Nisétis en Péninsule. Parmi les cités-états et bastions de bois qui parcouraient les plaines du Nord et du Médian, il y avait Karamstra, un bourg fortifié devenu puissant sous la tutelle de chefs sages et prospères, d'un culte efficace à la doctrine juste ainsi que des gens habitués à se battre. Nous en sommes les héritiers.
Hélas, trois fois hélas! Les péninsulaires rassemblés autour de Diantra, désireux de s'accaparer plus de territoire, s'étendirent au Nord et au Sud du continent, attaquant sans relâche les peuples qui y vivaient. Par malchance pour eux, il en fût qui résistèrent. Karamstra conclut de larges alliances avec les clans avoisinants, unis par leur envie de survivre et par leur religion. Les combats durèrent longtemps, mais malheureusement la technologie et le nombre des pentiens conduisirent à la défaie des pseudo-barbares. Seuls dix des meilleurs guerriers de l'ancienne cité purent s'échapper et percer les armées ennemis qui tenaient un siège. Des semaines de marche et de combats leur furent nécessaire pour arriver à Alonna où ils unirent sous leur croyance et leur bannière les clans puissants. Ils formèrent un pays indépendant de la royauté et tinrent si bien sous les assauts que les pentiens préférèrent passer chemin. Mais le Stra n'avait pas terminé son oeuvre et les nouveaux karamstriens tentèrent une attaque dévastatrice sur leurs ennemis de toujours. Mal leur en pris, car le Royaume avait terminé sa conquête dans le Sud et toutes ses forces convergèrent alors vers les nouveaux vainqueurs. La région fût pacifiée par le fer, le feu et le sang. De très rares habitants et prophètes survécurent et formèrent des loges éparpillées dans le Nord avec une très forte base dans cette baronnie. Pratiquant leur culte en toute discrétion, ils ont légèrement augmentés leur nombre et leur influence, mais nous restons toujours très, trop, faibles.
Les temps sont durs et le peuple prend conscience que les dieux envers lesquels il croit ne sont que des pantins sans influence et leurs ecclésiastes des menteurs au mieux bernés, au pire conscients de leur tromperie! Je ne continuerais pas le récit avant de vous avoir accordé parole, ma Dame. Posez-moi vos interrogations, que mes paroles éclaircissent votre bel esprit." |
| | | Alanya de Saint-Aimé
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| Sujet: Re: Le jour du Karamstra, pensées Karamstriennes. [la Voix du Culte] Lun 5 Mai 2014 - 16:25 | |
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Le chateau d'Alonna était baigné d'une douce animation en cet fin d'après midi. Tout n'était que jouissance. Les serviteurs travaillaient le sourire aux lèvres, tandis que les nobliots ce trouvant là n'hésitaient pas à rire à une quelconque tirade grotesque. J'arpentais les couloirs et les salles sans y faire attention. Je ne prêtais même pas un coup d'oeil à tout ceux qui me saluaient. Mes pensées étaient prises par les palabres du prêtre. Il avait su m’intéresser. Que se passerait-il si j'en venais à me détourner des Dieux? Quel malheur jéteraient-ils sur moi? J'étais en proie à une bataille intérieure. Je n'avais certes jamais prêté un grand crédit aux puissants, pourtant maintenant qu'on me laissait le choix de me détourner d'eux, j'avais peur. Une frayeur inexplicable qui rongeait mon corps peu à peu, comme la gangrène prend les hommes valeureux. Il n'y avait que l'inconnu. Cette force que personne ne peut maitriser et qui nous encercle. Les enfants apprécient ce néant de savoir: il est pour eux source d'aventures formidables et de réponses qui ne trouveront pas de négation. Adulte, l'inconnu était aussi rependu que la peur du vide. Elles étaient d'ailleurs cousines en une certaine manière. Ne dit-on pas tomer dans l'inconnu? Une chute sans filet, sans moyen de se rattraper. Longue ou courte. Bruyante ou silencieuse. On ne pouvait prévoir, on ne pouvait prétendre prévoir. N'était-ce pas là ce que les Pentiens faisaient? Pour endiguer leurs peurs, ils prétendaient prévoir. Les prêtres étaient des affabulateurs, faisant miroiter quelques réponses divines. Mais où était la vérité dans tout ça? Qui peut prétendre avoir la clef du Vide? Et l'on rependait des immondices dans la tête des enfants, des parents, des vieillards. Et on leur promettait tant de choses qui ne viendraient jamais. J'avais, il y a longtemps, assisté à une cérémonie d'un prêtre de Néera, dans le petit village près de Broissieux. La guerre venait d'éclater et déjà, ils scandaient avec une assurance morbide que les pieux seraient épargnés car la Déesse Néera est bonne et juste. Combien des badauds présent ce jour là avait perdu la vie? Il n'y avait nulle poésie dans le culte, il n'y en a toujours pas. Mais l'inconnu fait peur, et dans les sombres heures l'espoir des Divins nous apaise. La religion est le feu dans l'âtre hivernal. Il est le réconfort du peuple. On l'apprécie car il panse les plaies de nos coeurs et de nos âmes. Les Dieux me pardonnent. Ils sont la boussole de voyageurs égarés, le soleil de ceux qui n'ont plus le gout de rien. Dans une étendue de chair, sur les pentes mouvantes du coeur sanguinolent, la Foi. Elle reposait ici, entre la vie et la mort, sur ce bout de sang et de muscle. Un battement. L'odeur putride de la chair, ce petit relent de fer, comme la lame de nos guerriers. Le sang, d'un andrinople parfait, s'insinue lentement dans une cavité qui l'expulsera par une contraction ferme. Le coeur bat, tandis que notre croyance caresse chaque mouvement brusque et sans amour. Elle encourage la vie, elle surveille la source de notre existence. Alors pourquoi devrais-je me mettre en péril, quand bien même je pensais avoir perdu ma foi? L'inconnu était ce qui nous permettait de ne pas faire de folie et pourtant, j'allais aller au delà de mes craintes profondes, ma vie fusse-t-elle raccourcie.
Le voile de la nuit s'était étendue sur la voute Céleste. Les étoiles brillaient avec insolence dans ce ciel dégagé de tout nuage. Une nuit calme, balayé par une brise des montagnes qui semblait prendre plaisir à toucher avec la délicatesse d'un amant votre peau. J'étais dans ma chambre, nue, regardant par la fenêtre cette immensité. Je cherchais une réponse que personne ne pourrait m'offrir. Me retournant, j'observais les affaires disposés sur le lit. Une robe aussi bleue que la nuit, aussi légère que la brise. Je la prenais entre mes doigts, veillant à ne pas la froisser. J'aurais pu rester dans cet état de nudité des heures. Le vent m'habillait mieux que n'importe quel habit, et cela aurait été une bonne raison de ne pas me rendre au rendez-vous. Pourquoi avais-je si peur? Ce n'était qu'une discussion avec un porte parole de cette nouvelle idée. Nous ne ferions que parler sur ce qui fut et sur les principes. Du moins voilà ce que j'espérer. Je ne voulais pas sauter dans l'inconnu, aussi attrayant soit-il. J'enfilais avec précaution le tissus. J'étais presque prête. Je respirais avec calme, veillant à ne pas paraitre anxieuse. Il me faudrait traverser le chateau, emprunter quelques petites rues avant d'arriver au temple. Bien sûr, cela pouvait paraitre assez banal, mais la difficulté était de ne pas se faire voir. Chose beaucoup moins aisé lorsque l'on est baronne. Enfilant un capuchon, cachant mon visage, je sortis en espérant ne croiser personne. Le rues étaient calme, et si la plupart des honnêtes gens étaient au chaud dans leur demeures, les voyous rôdaient. La nuit était leur terrain de chasse, et l'Alonna ne faisait pas exception. Par chance, je n'eus le droit qu'à de simples railleries d'un petit groupe d'hommes au coin d'une rue. Ils devaient attendre quelque chose sinon ils n'auraient pas hésiter à détrousser une pauvre dame seule, voir pire. Je ne voulais même pas y songer. Et le temple se dessina devant moi, sous les rayons blafard de la lune. J'inspirais un grand coup. J'avais encore la possibilité de faire marche arrière... Trop tard, j'avais frappé à la porte. Je serrais les dents, attendant que le prêtre malingre vienne m'ouvrir. Les battants de la porte en bois couinèrent, laissant apparaitre la silhouette attendue. "Bonsoir Ma Dame, venez". Il me mena à la même petite salle intimiste que quelques heures plus tôt quand on frappa de nouveau à la porte. Sans nulle doute, il s'agissait de l'émissaire chargé de me parler du culte. Mon pouls s’accéléra imperceptiblement. "Attendez là Ma Dame, je vais ouvrir. Installez-vous". Je m'asseyais face à la porte, retirant mon capuchon. Les secondes parurent heures. Je regardais fixement la porte, attendant quelle s'ouvre à nouveau. Ce qui ne tarda pas à arriver. Le prêtre fit entrer l'homme le plus vieux qui m'ai été donné de voir. Il s'appuyait sur un baton, le dos vouté par le temps. Sa barbe était aussi blanche que la neige et sa peau ridée semblait avoir perdu toute tonicité. Il se déplaçait tout de même assez bien et ses vêtements étaient étranges. Mais j'arrêtais mon jugement. Les vieilles personnes sont celles le plus riche d'enseignement et, sans nulle doute, il n'était pas un simple croyant. Il avait pour but de me détourner des Dieux, et si il y parvenait, je serais sans nulle doute une alliée de poids pour lui. Au final, la religion n'était pas si loin de la politique.
Il ne s'assit pas. Il planta son regard dans le mien avant de susurrer quelques formules de politesse. Il était mielleux, abusant d'une voix forte et assurée comme pour soutenir son vieux corps décharné. Sans me laisser le temps de réagir, il se mit à parler, sans faiblir. Une leçon d'histoire que je ne connaissais pas. Combien de temps séparait ce récit de nous? Il semblait une éternité. Chaque mot qu'il prononcé semblait intelligemment choisit et même si ce dont il me parlait était abstrait, il s'assurait d'un regard que je boive ses paroles. Il employait un ton neutre, sans nuance. Le prêtre l'écoutait avec autant d'attention que moi. Sa franchise sans détour me plaisait, et j'y trouvais une certaine vérité. Celle que j'avais perdue en priant les Dieux. Il conclut finalement son discours en me laissant la parole. Tout était chamboulé dans mon esprit et je n'arrivais pas à ordonner mes pensées. Pourtant, il m'avait conforté sans que je ne sache pourquoi. "Monsieur, me voilà fort impressionnée par ce discours qui n'a de rival que votre culot. Je ne suis pas une simple paysanne, vous comprendrez alors qu'une leçon d'histoire -aussi vraie fusse-t-elle- n'est pas suffisante à assouvir ma curiosité et ma méfiance". Je le regardais, le visage grave. Je n'étais pas acquise, j'avais encore d'énormes doutes et il devait le comprendre. "Vous parlez d'un passé révolu. Je comprends à présent l'histoire de ce peuple, mais leur culte, ce pourquoi l'on m'a amené là reste aussi sombre qu'une nuit d'orage. Vous m'avez l'air d'un homme intelligent. Pourquoi avoir choisit de me raconter cela plutôt que de me parler de votre croyance en priorité?". Je lui offrais un sourire carnassier, dont j'avais le secret. "Et si je partais, à ce moment précis, sans avoir reçu la moindre information sur votre religion, quel était l’intérêt de me parler?". Je ne le lâchais pas des yeux; Il semblait avoir choisit avec grand soin ce qu'il me racontait et je n'étais pas une personne facile à endormir avec des histoires de martyr. "M'est-avis, Monsieur, que votre intelligence cache quelque chose". Ma voix était calme, forte et à la fois douce et sucrée. Cette nuit serait peut être celle du changement...
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| Sujet: Re: Le jour du Karamstra, pensées Karamstriennes. [la Voix du Culte] Lun 5 Mai 2014 - 18:02 | |
| Loin était la première fois qu'Arawn avait parlé à une femme d'envergure. Il était encore tout jeune à l'époque, un brave guerrier tout frais émoulu de ses arènes d'entraînement. Bien entendu, en son temps ancestral il n'y avait qu'une châtelaine à la place de la baronne et le sujet de discussion concernait plutôt un groupe de bandits terrorisant la populace qu'une conversion de majesté. Déjà on retrouvait dans ses regards les fondements de la confiance et de l'intrigue, abusant de sa position privilégiée pour se prétendre supérieure. A son âge on ne pouvait pas lui en vouloir, elle était jeune et inconsciente, arrogante comme l'adolescente qu'elle était presque. Une enfant sans nourrice. Or, comme toutes les petites pimbêches elle avait besoin d'un contrecoup en la personne de la sagesse. Ils servaient ensemble le Stra pour un Karam futur. Elle changerait puis apporterait la sérénité, c'était ce qu'il fallait lui faire comprendre.
-"Et pourquoi ne pas commencer par un cours d'Histoire? Je ne fais que vous instruire, comme j'ai appris à d'autres avant vous. La connaissance n'est-elle pas la plus belle des récompenses et le plus fantastique des trésors? Par ce que je viens de vous dire, qui tient davantage des faits que du mythe, vous savez que je ne suis pas un gourou de pacotille déclamant une idéologie à laquelle il n'adhère pas et cherchant uniquement à attraper les nigauds! Je n'espère pas vous soutirer une pièce, juste vous conduire sur la voie de la Vérité et obtenir votre aide..."
Las et soudainement fatigué par le long chemin parcouru, le vieillard s'installa confortablement sur sa chaise, soufflant légèrement et posant son bâton à terre. Avec un sourire il posa ses mains jointes sur la table, comme pour prier son interlocutrice.
-"Et si vous partiez maintenant, sans avoir entendu la suite? Hé bien j'entrevois quelques suites... Vous passeriez la nuit à vous demander que faire, ne trouvant pas le sommeil malgré vos efforts. Le lendemain vous pourriez décider de tout oublier, considérant que nous n'en valons pas la peine. Vous pourriez aussi nous donner la chasse, ne trouvant que du vide d'ailleurs à part ce pauvre prêtre qui serait occis sans pouvoir rien faire mais qui périrait avec les honneurs de Karamstra. Dans un cadre différent vous vous lèveriez en panique et retourneriez dans ce temple, suppliant notre frère de m'appeler une fois encore... Tant de choix pour un seul avenir... "
Le large sourire faisait se soulever sa barbe blanche qui semblait résonner avec sa voix grave et suave. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait ça, seulement l'unique occasion de convertir quelqu'un de la haute noblesse.
-"Mais vous avez vu juste, avisée baronne. J'ai bien quelque chose derrière la tête à votre sujet. En ces temps troublés nombreux sont ceux qui se rendent compte de l'impuissance des dieux et qui reviennent à la Foi Ancestrale, la nôtre, la seule véritable. Ces pauvres êtres sont alors déboussolés, ils cherchent un abri que nous peinons à leur offrir dans nos loges, ils souffrent de la désillusion et du rejet de ceux qui apprennent par accident la conversion... Nous avons besoin d'un endroit où les accueillir, d'une personne puissante pour les guider et les protéger, pour assurer le Karam qui suit le Stra. Ma Dame, je comptais trouver en vous cette femme protectrice, vous dont on m'a tant vanté les vertus."
Arawn se redressa, faisant valoir sa hauteur, son dos craqua comme un os trop rongé. Un faible sourire pointait, caché derrière sa pilosité faciale.
-"Je pourrais vous parler pendant des heures de notre fois et des abominations commises par les pentiens au nom de leurs divinités. Mais à quoi bon si vous ne pouvez voir la tâche qui pourrait vous incomber ensuite? Je ne souhaite pas vous faire de coup bas, je suis trop vieux pour les intrigues, j'ai trop vécu pour protéger les descendants de mon peuple, j'ai trop vu d'horreurs et de gloire pour les regarder souffrir inutilement. Je vous en conjure ma Baronne, quel que soit votre choix prochain, prenez soin d'eux." |
| | | Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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| Sujet: Re: Le jour du Karamstra, pensées Karamstriennes. [la Voix du Culte] Mar 20 Mai 2014 - 12:03 | |
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N'était-ce pas là le plus touchant des discours? Un vieillard demandant pitié pour un peuple dont je ne connaissais rien. Il me demandait de me jeter dans le vide, de ne pas regarder la chute. Serait-elle courte ou longue? Qu'en savais-je. Il avait l'oeil vif et la parole juste, c'était un avantage qu'on ne pouvait ignorer et malgré moi, malgré la distance que j'essayais de mettre pour ne pas m'impliquer, quelque chose d'irrésistiblement attirant m'ebarquait dans un chaos de pensée. Q'importe ce que j'étais dans ses yeux, la seule qui importait alors était la justesse et le bien fondé. Une frontière insondable entre le probable et le possible. Entre le bien et le mal, la droiture ou le faux pas. Il y avait des choses qui méritaient attention. Je ne devais m'écarter du droit chemin. J'étais à présent modèle de vertue, une lumière dans les ténèbres des petites gens. Cet homme, bien que vieux n'était pas le plus avisé de la situation dans laquelle il me mettait. On ne convertit pas une personne comme cela, et on ne prie pas une noble de pitié. Mon rôle semblait être justice et vertue. Justice. Un mot tranchant, voulant otut et rien dire à la fois. De qui devais-je être la voix? D'un dieu surement inexistant ou de ma propre philosophie? Telle était l'obscure question des dirigeants. Les limites des choses n'ont elles de valeur que ce que l'on leurs donne? Ou bien est-ce quelque chose d'écrit, tel un édit qui dictera à tous comment procéder. Il y avait bien des choses qui n'auront jamais une seule réponse. Est-ce bien ou mal? Est-ce vrai ou faux? Vertue. Un esprit sain pourrait y voir une ligne de conduite, un aspect chevaleresque avec des commandements intérieurs qu'il ne faut abolir ou trahir. J'y voyais un boulet, une chaine de forçat à laquelle s'enchainait des âmes en quête de pardon, ou voulant donner raison à leurs actes. Mais parfois, les actes se passent de raison. Parce qu'une guerre est une guerre et qu'un meurtre est un meurtre. De ma vertue il ne reste que des miettes, des lambeaux éparses de chair et de douleur envoyés au vent du Nord. Des blessures sans sang, tailladés dans le corps et l'esprit. Nulle vertue à celle qui par soumission a abandonné les siens au profit d'un homme qui la maria à son cousin. N'est-il point vertueux de se faire dépuceller à sa nuit de noces? N'est-il pas plus vertueux encore de prier les cinq lorsque son cousin pose ses mains sur ce corps décharné qui lui appartient sans volonté, dans l'espoir d'une quelconque réponse qui ne viendra pas? Silence divin. Les choses sont faites ainsi. Il n'y aurait pas de mouvement sans immobilisme et pas de calme sans tempête. Karam et Stra sont des choses bien difficile à appréhender, et malgré tout, j'avais la conviction que ce qu'il me chantait avait une grande part de vérité, derrière les niaiserie diplomatique et les flatteries sans queue ni tête. "Ne vous méprenez pas sur moi. Je ne suis pas insolente, ni clairevoyante. Je ne suis ni bonne ni mauvaise. Ni vertueuse ni vicieuse. Je n'aime ni le silence ni le bruit". Je regardais cet homme assis, sont les marques du temps avait travaillé le visage. Il avait dû être un fort beau jeune homme, glorieux qui plus est. "Inutile de me prier d'agir en votre faveur. Je ne suis pas dupe, monsieur, et accordez moi le doute. Je n'étais hier qu'une esseulée en quête de réconfort d'une divinité qui ne m'a jamais servie et me voilà aujourd'hui, face à vous dans le même temple qu'auparavant". Je regardais autour de moi, observant la petite pièce qui n'était pas richement ornementée. "Il y a des choses qu'il me faut comprendre, au delà de votre projet à mon égard. Qu'est-ce que je représente pour vous, si ce n'est une âme charitable qui fermera les yeux? Vous me semblez bien peu loquace quand il s'agit des véritables projets de votre foi".
Je me levais tranquillement et parcourrue la pièce avec grâce et réflexion. Avait-il raison? Pour toute chose sans mouvement et se complaisant dans un mutisme asourdissant, y avait-il une contrepartie active dans un silencieux vacarme? Je me rememorais tout les instants de ma vie, espérant voir une faille à l'inaudible vérité. Les dieux ne m'ont amais servit. Ils ne m'ont pas non plus desservit. Ils sont d'une neutralité affolente, et malgré de nombreuses prières, je n'avais jamais rien reçu. J'avais perdu ma foi, je n'étais plus pieuse. Le Karam et le Stra forment l'Equilibre, la neutralité. Et si le Karam se fait trop fort, le Stra vient tempêter avec violence sur les côtes sinistrés de la vie. Certains y verront une fluctuation en fonction de la colère Divine. J'y voyais une généralité. Que pour tout immobilisme, il y avait du mouvement ensuite. Les deux cohexistaient dans une harmonie parfaite. Il suffisait de regarder. Pour la fleur il y avait l'abeille. Pour l'arbre, l'oiseau. Pour l'homme il y a les aléas. Un être ne peut être qu'alternativement Karam ou Stra. Du oins, voilà comment je voyais la chose. Il n'avait pas tord. Pour autant il n'avait pas raison. Et je ne pourrais jamais attesté de la véracité de ses propos. J'embrassais avec émotion et crainte une nouvelle croyance, bien au delà de l'imagination de quiconque. L'on racontait souvent des histoires aux enfants, pour effrayer ou faire aimer. Et selon chacun, il était effrayé ou admiratif. Dans le cas présent, j'étais les deux, et il fallait que je mette de la distance entre cet homme que je connaissais à peine et ma vie, aussi trouble soit-elle. Je m'appuyais sur le dossier du fauteuil que j'occupais auparavent. Mes yeux brillaient d'excitation, de réflexion et de détermination. "Je ne marcherais pas avec vous. Vous me parlez abstraitement de vérité et mensonge. Etes-vous mieux placé que quiconque pour savoir ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas? Vous prétendez beaucoup mais quels sont les choses dont vous êtes sûr?". Mes yeux se plantèrent dans les sien. Mon ton avait été neutre et sans variation. "Priez-vous comme un pentien? Car la prière est croyance et que la croyance est infondée. Je ne saurais renier une croyance pour une autre. Je ne veux plus croire, je veux pouvoir". J'avais accentué le dernier mot. Finis les belles paroles pour imbéciles. Je ne voulais pas être endormie mais éveillée à quelque chose de nouveau qui avait sans doute trouvé en moi un fervante. J'aimais l'idée même n'avoir pas de dieu, car nous étions les dieux de notre propre vie.
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| Sujet: Re: Le jour du Karamstra, pensées Karamstriennes. [la Voix du Culte] Ven 23 Mai 2014 - 13:58 | |
| Voilà fort longtemps qu'Arawn était parvenu pour la dernière fois à ce niveau de distraction. Plus qu'une tentative de conversion, c'était un défi qu'il lançait au vieillard décrépi qui habitait son corps héroïque, la preuve que la déchéance physique n'est pas la fin du mental. Un jeu de chat et de souris entre deux esprits fortement différents, le premier qui pourrait piéger l'autre serait le vainqueur, le perdant n'aurait plus qu'à s'incliner. Par chance la baronne se retrouvait être une adversaire de valeur, une âme bouleversée mais forte et qui tentait désespérément de résister aux avances doucereuses de ce mystique à la voix trop chaleureuse et à l'apparence trop fragile pour être honnête. Alanya n'était pas idiote, qui ne se douterait pas que quelque chose clochait? Arawn n'aurait pas été envoyé lui faire la conversation si sa force de caractère fût insuffisante. Un ensemble puissant dans une enveloppe fine comme du cristal... Elle avait peur, elle avait raison.
Une femme équilibrée, sachant faire la part des choses et utiliser son pragmatisme tout en pouvant faire preuve de magnanimité, c'était la manière dont le commun la décrivait à la Voix. Oui, le Culte imaginait mille plans avec une telle alliée dans ses rangs, l'avenir s'ouvrait grand et tout devenait possible... Cette Dame était la porte d'entrée dans le monde de la noblesse et plus loin de toute la Péninsule, une pièce maîtresse qu'Arawn comptait bien conserver...
-"Nous ne prions pas, ma Dame, jamais. A quoi cela nous servirait-il? Le Karam comme le Stra ne sont pas de divinités qui nous écouteront, ils incarnent des puissances primordiales bien au dessus des Cinq idoles. Pourquoi voudraient-ils nous écouter ou même nous aider, nous qui ne sommes que des larves? Entendriez-vous les plaintes des fourmis vivant en bas des murs de votre château? Non, bien sûr que non, pas plus que vous ne les aideriez. Mais ces mêmes insectes pourraient essayer de vous comprendre pour vous venir en aide, afin de préserver leur tanière... C'est ce que nous faisons, à notre échelle bien entendu!
Nous communions avec le Karam et le Stra, nous tentons d'apprendre leur situation, à travers nos réflexions, de sentir leur présence autour de nous. De là vient notre savoir de l'équilibre des forces et des actes à accomplir pour se rapprocher de la Perfection. Voilà qui devrait vous rassurer: nous réfléchissons mais nous ne distribuons pas sermon sur sermon: nous agissons. La tâche n'est toutefois pas aisée, l'Equilibre est un objectif très difficile à atteindre, certains n'hésitent pas à l'appeler "Utopie".
Humble nous restons... Notre influence est limitée, que ça soit par le nombre ou le rôle économique voire politique. Dans cette optique, puisque vous désirez la vérité nue, vous êtes pour nous une alliée de choix, une aide d'une grande noblesse et d'un poids considérable qui nous permettrait de renforcer notre présence à tout niveau. D'un point de vue plus personnel, j'avoue ressentir une joie sans pareille en voyant un être revenir à la Vraie Foi. Quant à nos objectifs sur le long terme... Disons le simplement: ramener le maximum de personne dans notre religion, la seule véritable. Ensuite nous œuvrerons ensemble à ramener la Sainte Sanité en ce monde. Sans doute vous demanderez-vous comment je peux oser, moi le vieillard, me présenter ici devant vous pour vous affirmer ces hérésies. Si je peux être plus sûr qu'un autre de la réalité de ce que je dis?... A cela je vous répondrai: oui. J'ai vécu soixante-quatorze ans, une éternité pour la plupart des hommes. Et pourtant, pendant tout ce temps, jamais je n'ai vu le Karam et le Stra être absents, jamais notre foi n'a été mise à l'épreuve, à part lors du Voile. Jamais leurs enseignements n'ont été contredis, jamais leur influence remise en doute. Néera laisse la douleur se répandre en ce monde, Mogar laisse les pire horreurs se produire, Arcam est aussi lunatique qu'inutile et Kÿria prouve chaque jour un peu plus sa faiblesse face aux hommes qui détruisent la nature. Comment après ça puis-je douter d'avoir raison par rapport à ces prêtres gras qui se complaisent à voler le peuple sous couvert de lui apporter la salvation?" |
| | | Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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| Sujet: Re: Le jour du Karamstra, pensées Karamstriennes. [la Voix du Culte] Dim 1 Juin 2014 - 19:55 | |
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Salvation.Que signifiait ce mot? La reconnaissance, le lavement de tout pêché.Qui pourrait prétendre apporter la salvation, si ce n'est nous même. Nous ne sommes ni bête ni dieu, aussi nous est-il compliqué d'avoir assez d'esprit pour comprendre ce genre de palabre. Même cet homme ne savait pas. Il prétendait, tout comme les prêtres des Cinq prétendent détenir le savoir et le pouvoir de leur protecteur. Est-ce vérité ou mensonge, tout n'est qu'hypothèse. Je repensais à ce qu'il venait de me dire. Si bien que je me fis happais par le flot des souvenirs, tous plus ou moins éloignés. Les visages familier tournaient autour de moi, et sans que je ne puisse m'extirper de cette ronde, m'avalaient tel des monstres éthérés. Et la Vérité me frappa. Foudroyant toute les barrières et les interdits. De l'immensité noire, j'avais retrouvé la lumière. J'étais aveugle et le vieil homme devant moi venait de me rendre la vue. J'étais à présent capable de discerner toute chose, son essence et son âme. Capable de comprendre ce qui m'était avant impossible. Toute ma vie n'était que toile où s'entremêlait indifférement Karam et Stra. Jusqu'à maintenant, je me complaisais dans le château de Broissieux. Je n'avais jamais été autre chose que fruit de l'égoïsme: le Karam avait fait de moi l'inactivisme. Et dans une routine, je passais les jours, sans regarder au dehors, sans prêter attention qu'à ce petit cocon de paix. J'étais alors la pierre roulant sous le sabot d'un cheval. Sans ardeur ni tracas, j'étais à peine plus connue que le badaud du moulin. Et voilà que le Stra, dans sa grande puissance vengeresse, avait bousculé l'ordre de mon existence. L'immobilité avait laissé place à la révolution, au vent et à la tempête. Rien de ce que j'avais jadis connu demeurerait. Tout serait balayé par l’impétuosité du Stra, se projetant sur le Karam. Je n'étais pas Equilibre, et pourtant, je sentais en moi comme une indication.Cela sera finit bientôt. Impériale idée que je ne pouvais déloger de mon esprit. Et cet homme, assis face à moi, n'était autre qu'un instrument de la volonté du Puissant, quoi qu'il en dise. "Vous mentez". La phrase avait été lâché dans le silence comme un caillou dans l'eau calme d'un lac."Vous mentez. Les fourmis ne sont pas libres de protéger la muraille. La muraille est là, impérieuse et ces petits insectes n'ont d'autres choix que de la servir pour obtenir d'elle une maison". Ma voix était monotone, sans variation. Mes yeux furetaient sur le mur, regardant ses défauts. "Si vos puissances sont réelles, alors vos paroles mielleuse ne sont que tissus de calomnies. Nous ne sommes pas à même de décider quel sera notre vie, et même nos actions. Nous naissons avec une infinité de possibilités, et les choix que l'on prend sont induit par l'influence de ce qui nous entoure. Vous clamez être la voix de ce Culte, alors pourquoi mentir sur les desseins des puissants?". Je retournais mon attention sur le vieillard, lui offrant un sourire en coin, les yeux brillants. "Puisque vous aimez les petites bêtes, écoutez cette histoire: L'abeille nait abeille. Dans ce corps, sa Reine lui impose un travail et elle s'exécute. Elle part trouver une fleur, plus belle que le jour, et plus stupéfiante que la nuit. Elle la trouve juste au dessous de sa ruche, mais un homme, fort et grand, de ce qui forgent le devenir des petites choses comme elle, la kidnappa. Forte de l'ordre de son ainée, l'insecte pris son envole, piquant cet impudent qui avait cueillie sa douce. Mais il n'y a d'erreur sans retombée: L'homme sitôt énervée, tua la petite abeille et démolit la ruche, massacrant jusqu'à la Reine". Je fis une pause dans mon discours, laissant le silence s'imposer. "Les forces supérieures à nous décident. Nous nous exécutons. Ne vous croyez pas plus malin de par votre foi, vous n'êtes que plus en danger. Si petit nous sommes, les Puissances nous examinent, regardent bien au delà de notre vie et notre trépas. Si elles ne font d'effort pour nous le faire comprendre, je crains qu'elles ne nous voient tous". L'alerte avait été donné. Si vieux soit-il, il se laissait embuer par sa passion, tel un enfant. "Vous avez vécu, je vous l'accorde. Vous avez certainement vu des choses dont je ne soupçonne pas même l'existence. Vous me voyez comme jeune et insolente, et vous vous voyez comme vieux et brave. Mais vous n'êtes pas. Vous n'êtes que mensonges et tromperies, même envers ceux que vous idolâtrez. Apprenez à vous voir comme vous êtes, et cessez de vous fixer sur les apparences". J'avais été violente et je ne m'étais pas départie de mon sourire carnassier si caractéristique. Mais il me considérait avec dédain. Avais-je si peu d'esprit pour ne pas comprendre les plans d'un vieux fous?
Le calme entourait la pièce, et à présent que les choses étaient dîtes, il semblait comprendre qu'il avait en face un égal. Peu utilise leur intellect et je ne lui tenais pas rigueur des affronts répétés, mais à présent, les choses devraient se passer différement. Paradoxalement, j'avais abandonné ma peur et mon mépris pour cette chose nouvelle. J'avais ouvert les yeux sur le Karamstra et bien qu'il me faudrait du temps, je commençais à entrevoir la véritable apparence divine. "Vous quémandez mon appui politique. Mon aide pour les égarés. Je ne suis qu'un moyen à vos yeux, Voix du Culte? Ne suis-je qu'un pont entre deux rives qu'il vous faut atteindre?". Je posais les questions légèrement, comme s'il ne s'agissait que de banalités. Je savais que s'il niait, il mentirait certainement, à moins qu'il n'ai revelé ses vraies intentions envers moi. "Et porteriez-vous autant d'importance à une femme qui a tué son mari?". L'atmosphère devint lourde. Le prêtre qui avait su resté silencieux, laissa échapper un petit jappement. Tranquillement je me tournais vers lui. "Il y a des choses que nous devons faire afin d'assouvir quelque chose dont on ignore la teneur, mais qui est là, au fond de vous". Je me levais doucement, dans un bruissement de textile jusqu'à faire face à l’ecclésiaste paniqué. "Nulle crainte. J'ai des connaissances dans des domaines plus obscures que votre religion, ou votre ancienne. Plus obscure encore que le jeu que vous jouez perpétuellement face à ces braves gens éplorés". Je sussurais. "Eprouvez-vous du remord à servir un dieu que vous méprisez?". Il ne broncha pas. Je repris d'une voix forte, me dirigeant vers mon siège: "Et bien moi, je n'en éprouve plus. Je ne sers plus celui qui me réduisait à l'état de femme, et mes desseins sont enfin libérés des chaînes de l'asservissement". Dans un élan de vérité, j'avais révélé mon macabre secret que je savais en sureté. Je pris les mains ridés du visiteur. "Si jamais je parvenais à vous croire, jamais je ne me soumettrez. Vous n'êtes après tout qu'une petite fourmis face à la muraille et j'en accepterais les entières conséquences".
- Petite précision pour les lecteurs.:
Il est normal de trouver Alanya très vindicative et ne s'adressant pas du tout comme une personne de son rang. C'est un jeu qu'elle joue, cela devrait revenir à la normal d'ici le prochain rp (ou celui d'après au pire des cas).
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| Sujet: Re: Le jour du Karamstra, pensées Karamstriennes. [la Voix du Culte] Mar 17 Juin 2014 - 19:32 | |
| Cette catin se pensait-elle maligne du haut de sa puérilité d'enfant trop gâtée? Se pensait-elle ingénieuse avec ses breloques dorées, ses belles phrases toutes faites par ses aînés accompagné d'un hors-d'oeuvre d'idioties religieuses? Sous ses atours de grande dame on n'apercevait que les reflets d'une âme meurtrier et inconsciente, perdue dans l'obscurité comme une jouvencelle dans l'Aduram! Une hétaïre détestable! Garce pentienne comme le moule hérétique en façonnait rarement! Insultante chienne d'une baronnie désagrégée qui ne demandait qu'un souffle pour s'effondrer sur sa face répugnante! Avec un grognement de colère, le vieillard s'éleva de toute sa stature, écartant les bras comme pour formuler une malédiction antique! Sa bipolarité reprenait le dessus, terrassant sa plénitude durement atteinte par un torrent de colère concentrée dans ses muscles amincis. La fureur coulait dans ses veines visibles sur son coup et son crâne nu. Sa bouche prenait le ton du tonnerre dont ses yeux portaient les éclairs. -"Qu'est-ce que vous pouvez savoir de la réalité des choses, du cocon de votre castel? Vous avez tué votre mari? Je vous en félicite, un pentien de moins en ce monde, ah je connais bien des hommes qui en seraient ravis! Vous ne comprenez rien à ce dont vous parlez! Vos connaissances ésotériques se résument à une recette de confiture devant les puissances qui se sont déchaînées contre moi! Certains des plus grands sorciers que cette ère ait connue sont morts en pensant incapable de les vaincre. Malgré tout ça vous me traitez de lâche inconsciente? Moi qui ait mille fois risqué ma vie pour protéger ceux qui en avaient besoin?" Tel un fauve en cage, l'ancêtre tourna en rond dans la pièce, ruminant sa colère bien enfouie. Rien à faire, impossible de la calmer, de l'étouffer dans la raison. Depuis son enfance l'affliction de la rage l'accablait, rampante et perfide, attendant patiemment la moindre faiblesse pour sortir au grand jour... Et voilà qu'on l'insultait!-"Vous vous pensez libre après le meurtre de votre époux? Mais comment pouvez-vous vous sentir libre quand le joug des Cinq Imposteurs pèse sur vous comme un poids? Quand ces prêtres orgueilleux opprime de leurs mains avides votre peuple et votre maisonnée? Nous avons infiltrés ces temples, remplacés certains prêtres... Vous ne toléreriez pas ce que nous avons trouvé. Des vols de dons, de la débauche parfois, des méfaits de marauds souvent."D'un coup, plus lunatique qu'aucun autre, la colère s'échappa de lui. Son ton et ses traits s'adoucirent, un mince sourire perla à ses lèvres. Un étrange calme succédait à sa fureur et la puissance de sa voix laissait place à une douceur plus que bienvenue dans ce qui devait être un sanctuaire.-"Mais s'attaquer gratuitement aux hommes est une erreur, d'après moi du moins. Je ne viens pas vous convaincre de la corruption, somme toute banale des temples du Nord, mais de la Vraie Foi.Je tiens à vous dire que vous m'impressionnez, une si belle tentative de retourner un concept contre son principal prêtre ne peut qu'être acclamée. Cependant votre vision du Karam et du Stra est encore très pentienne, trop... En réalité ces deux puissances suprêmes n'ont pas de désir plus fort que triompher de l'autre. Toutes leurs pensées, leurs envies sont fixées sur le combat avec l'autre. En cela, aucun d'entre nous ne peut réellement espérer les comprendre au plus profond d'eux-mêmes, pas plus qu'ils n'éprouvent le besoin de nous commander, tant nous leur sommes inférieurs. Nous modelons leurs influences selon les lieux, sans qu'ils ne réagissent autrement que si cela s'était produit de manière naturelle... Avant de continuer, je souhaiterais vous rassurer: je suis la Voix du Culte, l'homme de cette ère le plus proche de l'Equilibre, le dirigeant du Karamstra. Pour autant je ne suis pas un suzerain trônant sur sa foule de fidèles. Mes ordres sont limités et je suis plus souvent limité à un rôle de conseiller organisateur que d'un Haut-Prêtre pentien. Vous n'aurez pas à me jurer obéissance si telle n'est pas votre volonté, je vous demanderais juste de bien vouloir m'écouter et de ne pas privilégier votre loge en oubliant les autres, nous sommes un ensemble uni, pas des groupes en concurrence." |
| | | Alanya de Saint-Aimé
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| Sujet: Re: Le jour du Karamstra, pensées Karamstriennes. [la Voix du Culte] Mar 1 Juil 2014 - 12:50 | |
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J'observais en silence la fureur sur les traits surannés de la Voix. Le petit salon, autrefois coquet et intimiste, devenait le lieu de bataille de deux animaux. Il était mi ours mi singe, tandis que je me faisais panthère et faucon. Il avait la force, la rage et l'intelligence, et j'avais l'habilité, la discrétion et la dangerosité. Il n'était pas sans savoir que provoquer en moi la moindre frustration pouvait le conduire à une mort certaine. Je n'étais pas femme impétueuse, comme il semblait le croire, mais déterminée. Je n'accordais ma confiance qu'à un prix élevé, et ce parvenu d'une religion oublié ne la méritait pas. Du moins, il ne m'avait pas montrer toutes ses facettes. Evidemment, sa fureur sourde se lisait au travers de son corps: ses muscles amaigris étaient tendus, ses mains étaient zébrés de vaisseaux. Il semblait si différent de l'homme qui faisait auparavent face à moi. Si différent et pourtant, je lisais dans ses yeux la même expression quand ils se posaient sur moi. Mes lèvres s'étirèrent dans un sourire dangereux, et je l'écoutais avec patience. Il se radoucis sur la fin de son discours et bien qu'il m'eut jurer le contraire, il était homme de pouvoir, et comme tout homme de pouvoir, il ne sera jamais rassasié. Si je décidais d'embrasser ses forces, il faudrait que je parvienne à l'écarter au plus de moi. Des idées germaient lentement dans mon esprit quand il acheva sa remontrance. Je ne m'étais pas départis de mon sourire, et je lui saisit les mains ridées, les serrant pour lui intimer de ne pas les retirer. Mes yeux glacés dans les siens, je reprenais d'une voix particulièrement calme et tranchante: "Ne jugez pas à l'habit, monsieur. Vous portez sur moi un regard mal avisé que je saurais vous faire regretter. Si je ne suis pour vous qu'enfant -et j'entend bien vos réprimandes-, ne me sous estime pas, tout comme je ne vous sous estime pas". C'était clairement une menace, caché sous la douceur de ma voix, que la soie et l'empathie avait maquillé. J'étais sûre qu'il avait parfaitement compris la teneur de mes propos, mais je ne lui laissais pas le temps de répondre, lâchant avec une subtilité féline ses mains. "Je suis au fait de bien des choses, mon ami. Et si j'ai été élevé dans un château, cela ne m'a pas empêché d'acquérir quelques savoir amères sur le monde qui nous entoure". Mes yeux n'avaient pas décroché des siens. "Il y a bien des choses que vous avez subit, sans que j'en sois victime. Vous avez surement affronté courageusement la mort, et c'est tout à votre honneur". J'inclinais la tête outrageusement, une marque de respect teintée d'ironie. "Et puis, vous avez quelque chose que je n'ai pas encore acquis: la foi aveugle. Jugez moi puérile s'il vous chante, mais acceptez l'oeil critique du Faucon quant à votre dévouement sans limite. Vous seriez prêt à mourir pour votre cause, et en cela, vous ne semblez pas plus réfléchit que je ne le suis. Votre mort entraînera l'extinction d'une flamme vibrante, et vos fidèles s'écarteront de vos attentes". Je savais qu'il bouillait, qu'il ne rêvait, à ce moment là que de ma mort, mais pour autant, au fond de ses yeux, la lueur me concédait ce point là. "Je ne suis pas ici pour vous remettre en cause, ni même votre croyance. Mais acceptez qu'on puisse ne pas atteindre votre degré de soumission". Le mot avait tranché l'air comme la lame d'une faux faucherait le blé. Ses yeux s'écarquillèrent, interloqué. "Soyons honnêtes, monsieur. Je ne suis pas l'agneau que vous guidait inlassablement, et cela vous agace au plus haut point". J'offrais mon plus beau sourire carnassier: le Faucon fondait dans une bruissement d'ailes sur sa proie. "De même, votre suffisance et vos omissions m'exaspèrent. Nous nous sommes installés dans un jeu sans règle, jusqu'à la capitulation de l'autre". Je levais les yeux vers le prêtre et un frisson parcouru son échine, me regardant sans trop savoir où je voulais en venir. Je laissais un court instant le silence, puis reprenait d'une voix froide: "Vous pouvez atteindre la porte de sortie: Vos revendications me semblent plausible. Pour autant, je ne pourrais embrasser avec fanatisme le Karamstra, mais je pourrais vous être utile le temps qu'il faudra pour que je m'assure de la véracité des propos que vous avancez. Vous m'en serez redevable". Je fermais les yeux, croisant les mains sur mes genoux avec une douceur inquiétante. "J'offrirais asile à vos sujets, qui deviendront les miens. J'écouterais avec attention vos paroles, et vous appliquerez ma volonté si besoin. J'offrirais pour les plus importants fidèles du travail afin de les garder en sureté à Alonna. Ils n'auront pas à se plaindre de leur situation dans ce présent cas". J'ouvrais de nouveau les paupières, lançant un regard déterminé au vieil homme: "Comprenez qu'en vous aidant, et en vous offrant ma bénédiction je risque beaucoup. Afin que je ne sois inquiétée de rien, le prêtre de Néera se chargera de la correspondance. Vous devrez répondre à mes appels le plus prestement possible". Mon ton grave pris soudain un virage, et la douceur emplit de ouveau ma gorge: "Mais tout cela vous le savez". La pièce était toujours éclairée des bougies vacillantes et le temps semblait s'être arrêté. Alea jacta est. Je jouais une partie dangereuse et le moindre faux pas me couterait bien plus que de raison. Mes pensées allèrent à la douce Angélique. Ma jeune soeur avait pour elle toute les qualités attendues chez une femme et sa beauté timide offrait un spectacle éblouissant. Bientôt, j'aurais à la marier. Qu'adviendrait-il pour elle si j'étais prise à adorer d'autres dieux que les cinq? Elle était l'héritière de notre mère, et mon jeune frère n'avait pas les épaules pour la baronnie. Il en était certes l'héritier si je n'avais pas d'enfant, mais je savais au fond de moi qu'Angélique serait ma pièce maitresse. Son héritage n'était pas grand, pourtant j'entrevoyais en elle une marionnettiste finaude, la salvatrice de l'ombre. Elle panserait les plaies, encore et encore, ne s'imissant que dans les combats qui la touchait. Elle serait l'innocente réponse, celle que l'on ne soupçonne pas. Il me faudrait bientôt m'assurer qu'elle sois aimé des Alonnais. Fulcran avait hérité du caractère d'Entiane. Il était si tempétueux que le clan familial devrait se souder pour mener à bien la reconstruction de la baronnie. Un sourire entendu s'étira sur mon visage, et mes pensées continuèrent à divaguer sur le futur que je venais de signer.
- Spoiler:
Je mettrais les code couleur une prochaine fois x)
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| | | Invité Invité
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| Sujet: Re: Le jour du Karamstra, pensées Karamstriennes. [la Voix du Culte] Mer 9 Juil 2014 - 17:59 | |
| Tant de temps était passé depuis la dernière fois qu'Arawn avait eu à faire un tel débat. Ce devait être vingt années auparavant, dans un village de la lointaine Naelis, lors d'un voyage exceptionnel. C'était à ce hameau hors du temps, convertit trente années encore plus tôt à la religion Karamstrienne... Ce changement avait entraîné troubles et discordes dans son sillage, les paysans étant incapables de faire la part des choses. S'en était suivi un massacre local puis un retour aux Cinq originels. La discussion entre Arawn et le chef du lieu aurait pu être marquée dans les annales, tant elle fût brutale. Un déluge de cris, d'insultes, de suppliques, d'arguments, de mensonges, de vérités, de tout et son contraire. Au final, ils étaient partis presque ennemis, mais avec la promesse qu'aucune vengeance ne serait faite sur l'autre groupe. L'instant de stupeur passé et l'empourprement de ses joues disparues, Arawn esquissa un sourire. Une femme forte, arrogante, sûre d'elle et qui ne se laissait pas marcher sur les pieds! Dans ce Nord où les hommes prédominaient, voilà qui était rare et plaisant... Après un recul tout relatif d'un pas, le vieillard s'avança pour offrir un baise-main à la baronne. Relevant les tête et plantant ses yeux dans ceux de son interlocutrice, l'ancêtre osa folâtrer.
-"Après un tel discours, Ma Dame, beaucoup se seraient mis à genoux pour pleurer, d'autres vous auraient baisés les pieds en signe de reconnaissance... Dans mon cas je préfère juste dire que si des années m'étaient enlevées, sans doute vous aurais-je tenu une cour assidue! Vous me rappelez nos légendes sur les grandes guerrières de l'ancienne Karamstra..."
Un petit rire sortit de sa gorge sèche enchaîné par une toux rauque, premier signe de certaines faiblesses que l'âge révélait. Oui, Arawn le savait, sa fin se rapprochait vite, trop vite. Il ne devait pas disparaître avant que son oeuvre ne soit achevée... Mais le Stra lui laisserait-il le choix? La mort ne viendrait-elle pas le cueillir un soir où il dormirait paisiblement, laissant ses fidèles trouver son corps sans vie au petit matin?
-"Je respecte votre position, ma Baronne, peut-être d'ailleurs l'affinerez-vous après quelques jours de réflexion... Pour l'instant je ne saurais vous en demander plus, votre décision m'honore déjà. Votre prêtre s'occupera de votre instruction en tant que nouvelle membre du Karamstra, je lui fais confiance pour vous guider sur la bonne voie.
Maintenant parlons de votre situation politique... Vous imaginez bien qu'un vieillard idiot comme moi n'est pas totalement au fait des affaires nobles... Pouvez-vous m'en dire plus sur vos intentions, vos besoins, vos alliés, vos ennemis?..." |
| | | Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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| Sujet: Re: Le jour du Karamstra, pensées Karamstriennes. [la Voix du Culte] Dim 20 Juil 2014 - 14:01 | |
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Les flatteries n'arrivaient pas à me convaincre tout à fait. Je restais près de ce vieil homme aussi lunatique qu'un fou. N'était-ce pas la folie qui rongeait peu à peu son corps, le menant inlassablement vers l'abime de la mort? Une quinte de toux me répondit. Et je m'amusais à me rappeler une histoire fabuleuse, lu dans un des livres les plus anciens du castel de Broissieux alors que je n'étais qu'une jeune enfant. Un héros chimérique qui, dans sa solitude s'était inventé un monde que tantôt l'araignée malfaisante de sa propre folie détruit par sa mort. Je me souvenais avec une étonnante clareté les détails de cette sordide histoire. Peut être l'avais-je trop souvent lu pour qu'il en sois autrement. Je me contentais d'écouter et réfléchir, tant et si bien que mes lèvres se collèrent. Cet homme parvenu m'intriguait tant qu'il m'était difficile d'en décoller les yeux. Il avait encore la prestance propre aux nobles chevaliers, aux jeunes gens que la rosée perlait encore. Derrière le masque du temps, des rides et de la faiblesse, régnait surement encore une flamme vacillante, menacé par l'âge et la déraison. Lorsqu'il eut finit de poser sa question, je posais distraitement mes mains sur mes genoux. Je venais à peine d'accéder à mon trône que déjà l'on me bassinait d'alliance et d'ambition. Certes, j'en avais, mais il ne s'agissait encore qu'utopie. "Je ne puis vous dire avec sureté qui sont de nos amis et qui ne sont pas". J'avais parlé d'une voix calme et forte. C'était un ancien homme de guerre et si ce que je lui rapportais lui semblerait folie, alors il me le ferait très certainement savoir. Je n'étais en rien soldat et je n'avais que peu de connaissance tactique. J'étais beaucoup plus intuitive et réfléchie. Je calculais autrement que sur un champs de bataille. Mon travail se trouvait bien en amon de la guerre, car là où il n'y a d'ennemi et de conflits, il n'y a de guerres. C'est ce que j'avais tenté avec succès lors de mon entrevue avec le baron d'Etherna. La discussion auait été beaucoup moins bien menée à coup d'épée, j'en avais la solide certitude. "Je me rends au sud dès demain. Je compte rencontrer bon nombre de personnes. D'Ydril à Erac, je ne laisserais aucune chance d'alliance m'échapper". Loin de moi se trouvait la candide jeune fille. J'avais abandonné ce rôle depuis longtemps déjà. Une vie bien menée se devait d'être remplie d'ambition et de défis, d'autant d'amour que de haine. "J'entends étendre notre rayonnement par le nord. Mes pensées sont tournées vers la Nanie. Là bas ce trouvera notre futur économie et, avec l'effort de tout un chacun, nous pourrons parvenir à nous élever parmis les noms les plus entendu et murmuré de la Péninsule". Je marquais une petite pause afin de lui laisser le plaisir d'etendre la portée de mes paroles. "La crainte est la plus solide des défenses. Si l'on ne voit en nous que murailles infranchissables, alors nous ne seront sous les feux d'aucuns seigneurs trop ambitieux". Je faisais clairement référence à Clairessac, et j'espérais qu'il n'ignorait pas cette situation. "Nous avons peu de terres riches pour les récoltes, et encore moins de terres encore viable pour les prochaines plantations. L'année à venir s'annonce sous de mauvaises augure, pourtant, j'attends de mon ambition tourner les yeux de mes gens vers un horizon". Je souriais au prêtre qui ne parvenait plus à contrôler le tremblement de ses membres. "Si nous parvenons à rendre nos frontières montagnes au regard de tous, rien ne nous empêchera d'aller par delà quand on ne nous y attendra pas". Elle lui faisait part du secret qu'elle cachait, de sa plus profonde envie. "Bien entendu, les terres et les titres ne sont pour moi que futilité. Ce que je souhaite avant tout est l'asservissement. On peut tout à fait imaginer faire ployer genoux à ceux qui auraient la prétention de nous défier. Telle est ma plus grande volonté". Ma voix n'avait trahit aucun doute et mes yeux brulaient d'une nouvelle lueur, puissante et dévastatrice. Le faucon vole bien au dessus de toute les terres, sans frontière ni merci: le lapin reste lapin où qu'il se trouve. Les serres ouvertes vers un avenir prometteur, je ne pouvais que m'enchanter d'avoir croiser la route de ce fanatique. Même s'il avait réussit à instaurer un moi le doute, il avait aussi fait écho à mes projets et j'entendais bien parvenir à l'utiliser à mon avantage. On ne peut faire d'accord que si les deux parties sont pareillement rémunérés. Je ne laissais pas le temps au vieil homme de répliquer quoi que ce sois, et d'un geste gracieux, presque félin, je me levais: "Messieurs, il se fait bien tard et je me dois d'être aux aurores à cheval. Comprenez qu'un long voyage m'attend". Mes yeux glacés se plantères dans ceux de la Voix. J'allais m'adresser à lui. "Nul besoin de me raccompagner mon ami. Nous nous reverrons bien assez tôt pour que je ne vous dise point au revoir". Avec désinvolture, je remettais mon capuchon et sortait du petit salon. J'avais oublié à quel point le temple était calme, à l'abris de tout ce qui se passait dehors. A cette heure, les filles de complaisance se faisaient remplir, les voyous troussaient les quelques nobliots trop aventureux. Les enfants dormaient et les soiffards s'étalaient dans leur vomi. Il n'y avait ni gloire ni prestige à Alonna, mais une étrange beauté tirée de la bassesse du monde. Les ruelles que j'empreintais étaient pour l'essentiel vide. Sauf une unique, située à mi chemin, dans une montée pavée, menant au castel un peu plus loin. Une vieille femme aux dents rares et à l'allure de gueuse m'accosta dans un murmure de sa voix suraigue. "N'est-il pas étrange, oh oui, pas étrange que la fin ne sois qu'un début?". Je m'arrêtais un instant, puis revenait de quelques pas pour lui faire face. L'obscurité masquait en partie mon visage, mais le sien était bien éclairé par la lune. La petite vérole avait eu raison de sa peau et les os de son crâne étaient devenu saillant. Ses cheveux pauvres étaient sales et pleins de croutes. "Qu'entendez-vous par là, vieil folle?". "Oh oui, étrange fin qui débute là mon enfant. C'est les rats. Les rats, mes petits amis". Elle divaguait mais quelque chose d'impérieux m'empêchait de l'ignorer. "Les rats, mes amis. Ils m'ont racontés. Ils m'ont dit. Les vices rongent mon enfant et la fin n'est qu'un début". Assez. Qu'insinuait-elle à sa baronne? "Ils m'ont dit, ils m'ont raconté que votre faim n'était pas qu'un début. Oh oui, bien étranges sont les vices qui rongent mon enfant". Je fronçais les sourcils, prête à l'injurier devant pareille infamie, mais elle me coupa une nouvelle fois: "Etrange, oui bien étrange personne que vous êtes. Mi femme mi animal. Ils me l'ont dit, ils m'ont racontés que vos vices vous rongent, ils vous rongent et bientôt, votre faim, oh oui, votre faim ne pourra plus être assouvie". Je restais coi. Une larme perla au bord de mes yeux. "Vous avez trop faim, bien trop faim mon enfant. Que c'est étrange, la fin n'est qu'un début, oh oui, qu'un début". La nuit emporta le silence dans un vacarme sourd.
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