Je cherche un lieutenant [pv Elrendil]

Cela faisait plusieurs ennéades qu’il arpentait les ruelles chaudes et sinueuses de Naelis sans avoir pu trouver le moindre nain recherché. Sa chevauchée pour arriver jusque-là ne s’était pas faite sans mal. Gardant en lui les souvenirs douloureux des événements auxquels il avait survécu, les rêves noirs ne faisaient qu’augmenter au fil du temps. Il avait perdu la trace de la jeune elfe qui l’avait accompagné. Se séparant sans doute à cause des étonnantes révélations qu’il avait eu sur le chemin. Depuis lors, il passait ses journées à trouver celui qu’il avait envoyé, mais sans jamais y parvenir. Ce nain lui avait pourtant fait l’effet de quelqu’un de confiance, mais après tout, à qui pouvait-il faire confiance à part un des siens ?

Eloigné et isolé de son monde, la cité dans laquelle il se trouvait ne ressemblait en rien aux siennes. Naelis se rapprochait plus de la Dross que d’Aleandir, cela ne faisait aucun doute. Néanmoins, l’architecture y était tout de même plus belle et plus travaillée même si cela ne surpassait aucunement celle des elfes. A l’image d’une cité humaine, la population était variée et les classes sociales se mélangeaient sans mal. Mais bien plus que chez lui, les mendiants étaient bien plus présents et la misère en prime.

Le lieutenant s’était laissé quelques jours de plus pour attendre son informateur, mais il ne vint jamais. Seul à errer dans le vacarme de cette cité, son désespoir avait bientôt eu raison de lui et la solitude fut son seul réconfort. Que ne fut pas sa surprise alors quand il entendit murmurer dans les rues et dans les tavernes qu’une émissaire elfe était arrivée à Naelis. On disait alors qu’elle cherchait un elfe. Ce ne pouvait-être que lui s’était-il dit, mais pourquoi risquait-elle de révéler son identité dans une cité où toutes les races cohabitaient. Si des drows apprenaient qu’un lieutenant de l’armée royale se trouvait là, alors sa vie ne tenait plus qu’à un fil. Il ne lui restait donc plus qu’une seule alternative : rencontrer cette fameuse émissaire et lui rappeler à quel point le manque de discrétion pouvait-être une arme à double tranchant. Ceci-dit, sans ça, il n’aurait jamais pu être mis au courant dans l’immensité de cette cité.

Il prit alors un passant qui avait balancé la rumeur et celui-ci lui avait indiquer une auberge ou se rendre. Il s’attendait à tout, cela pouvait être une embuscade comme un véritable appel de son peuple. Ne sachant pas quoi faire, il se persuada qu’il n’avait de toute façon aucun autre choix. Il rentra alors le lendemain dans l’auberge indiqué et tandis qu’il était sur ses gardes, il aperçut une elfe attendant au loin. Sa tête ne lui disait rien, mais elle semblait sur les nerfs de toute évidence. Sans qu’elle ne puisse le voir, Elrendil vint s’asseoir sur une chaise dans l’ombre de la salle et surtout dans le dos de l’elfe. Sortant sa dague en posant la pointe sur les côtes de l’elfe, il préféra s’assurer qu’elle n’avait pas de mauvaises intentions.

-Voilà une ennéade que je me terre dans cette cité putride en préservant mon anonymat le plus possible, vous arrivez, et toute la cité me connaît. Je ne peux pas vous remercier pour cela, néanmoins je voudrais vous demander ce qui vous amène si loin de nos terres. Parlez ou ma méfiance aura raison de ma gentillesse !

Elrendil fut stupéfait d’entendre la réaction de l’elfe qui venait lui distribuer un message. Comment osait-elle lui parler sur ce ton-là ? Si elle avait fait partie de ses mectaris, il ne se serait pas gêné de lui jeter une soufflante, mais apparemment il n’avait pas le temps. Et de toute façon, l’endroit n’était pas le plus adéquat. Sans répondre aux dires de l’émissaire, le lieutenant prit la lettre qu’elle lui avait tendue et vit son nom inscrit dessus en sindarin, preuve de l’authenticité de celui qui lui avait envoyé. L’inquiétude remplaça alors peu à peu sa méfiance et il invita l’elfe à se lever pour le suivre dans un lieu plus sûr.

-Allons dans votre chambre si vous en avez une.

L’aubergiste avait vraisemblablement écouté la conversation puisqu’il vint se mettre à leur table l’air dur, mais pathétique pour Elrendil.

-C’pas un bordel ici ! Pas d’sauteries d’gens d’votre espèce, allez voir ailleurs !

Sur ces mots, Elrendil tenta de garder son calme pour ne pas créer un bain de sang. Il savait que ceux de sa race n’avait pas leur place dans ce lieu putride. Seuls ceux qui s’étaient adaptés à la vie humaine comme Aina, celle qu’il avait rencontrée sur sa route, pouvaient y vivre. Mais non, lui, sa place était auprès des siens et cet homme venait de lui rappeler. Jetant un œil rapide aux alentours, il s’aperçut que tous les soiffards assit dans la salle observaient la scène et se tenaient prêt à agir si l’elfe venait à sortir sa lame. Cela ne faisait aucun doute qu’il s’en serait débarrassé en quelques secondes, tout au plus, mais il ne pouvait pas risquer d’être en plus recherché par la garde de Naelis. Voyant que par réflexe, sa main était posée sur le pommeau de sa lame, l’effusion se rapprochait à grand pas s’il ne trouvait pas un moyen de tout arrêter.
-Vous venez d’insulter mon épouse de catin.

-Heu..ha… s’cusez, j’savais pô. C’est qu’ça fait plusieurs jours que j’vois traîner celle-là et je pensais…

-Ne pensez pas ! Ne parlez plus et retournez dans votre trou à merde !

L’aubergiste repartit alors comme si le ciel venait de lui tomber sur la tête. Si cet elfe avait véritablement été son épouse, alors la tête de ce pauvre aubergiste se serait retrouvée décollé de son corps. Avec toute la rage et la haine qui sévissait en lui, il n’aurait eu aucun scrupule à le faire, mais d’autres choses attendaient.

Une fois atteint l’intérieur de la chambre dans laquelle séjournait l’elfe venu le quérir, Elrendil alla s’assurer que la fenêtre qui donnait dans la ruelle était fermée, ainsi que la porte. Trop de gens était au courant de sa présence et sa sécurité ne tenait plus à grand-chose. Les drows qu’il était venu traquer se retournerait contre lui à la moindre occasion s’ils étaient au courant et Elrendil le savait. D’où la paranoïa qui commençait à le gagner.

-Qui a écrit cela ? Qui vous envoie ?  Avez-vous voyagé seul jusqu’ici ou d’autres attendent ?

« Celui qui m'envoie porte le nom de Kelendil Lennderiel », sa stupéfaction fut énorme. Avait-il véritablement entendu le nom de son cousin ? Ou était-ce une illusion auditive et vivait-il une fois de plus un rêve dans le lequel il ne pouvait se réveiller ? Comment cela se pouvait-il que son cousin ait réussi à le trouver. La dernière fois qu’il l’avait vu, il gisait inconscient sur un lit de camp après qu’il lui ait sauvé la vie. Il n’avait alors pas attendu son réveil et s’était mis en route dans la foulée. Mais si aujourd’hui, Kelendil avait entreprit de lui envoyer un émissaire jusqu’à Naelis pour le récupérer, c’était que quelque chose de grave se déroulait dans leur royaume.

- A présent laissez-moi vous dire le pourquoi de ma présence: la personne que je viens de mentionner vous demande d'urgence. J'ai évidemment planifié votre retour. Nous devons faire la route de concert mais pas durant les 2 premières journées de voyage.

Voilà qu’il était à présent fixé sur la situation. Depuis son absence, les choses s’étaient donc intensifiées sur le front, mais l’émissaire ne lui en révéla rien, préférant sans doute lui laissait le plaisir de le découvrir par lui-même. Ainsi, son enquête resterait inachevée et son informateur, perdu ou mort qui sait ! Mais le commandant de l’armée royale l’appelait, son cousin, son propre sang bien qu’une certaine distance s’était vue apparaître au fil du temps et des évolutions de l’un et de l’autre.

-Ne vous a-t-il rien dit de plus sur la situation ? N’avez-vous rien entendu d’utiles ?

Par la suite, il vit toutes les précautions de l’elfe qui était venu le chercher et qui souhaitait le ramener. Se séparer pendant les deux premières journées de voyage était surement une bonne idée. Lui-même n’y aurait pas pensé. D’un geste de la tête, il acquiesça donc et entreprit d’ouvrir la bouche lorsque l’elfe lui demanda si le plan lui convenait.

-Je vous fais confiance, partons d’ici. Je prendrais la porte Nord et ne vous en faites pas, ma monture n’attend plus que moi.

Peu avant de partir, l’elfe s’excusa pour son manque de discrétion et son franc parler qui lui aurait valu une sanction irrémédiable si elle s’était trouvée sous ses ordres. Mais face à la gravité de la situation qu’il présageait, le Lieutenant préféra oublier cette bévue.

-Le principal est que vous m’ayez trouvé. Le reste, passons !

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Comme l’émissaire l’avait préconisé, il chevaucha deux jours seul en empruntant l’itinéraire noté sur la carte. Ne pas commettre d’erreurs, voilà ce qu’était le plan et il s’en tiendrait là. Voilà deux jours qu’il avait donc quitté Naelis, la cité qui ne lui avait rien apporté si ce n’est la découverte d’une jeune femme pleine de mystère et aux liens bien plus proche qu’il ne l’imaginait. Au bout de deux jours donc, il revit l’elfe qui était venu le chercher. La bonne nouvelle était qu’elle ne l’avait pas perdu et que le plan était solide. Il comprit alors pourquoi son cousin l’avait choisi elle, non pas pour sa silhouette et sa beauté, mais bien pour ses compétence. Cela ne faisait aucun doute que s’il le pouvait, il l’enrôlerait pour faire passer tous ses messages au commandement. Mais encore fallait-il que des combats soient envisagés. Quoi d’autres était prévus en réalité ? se dit-il rapidement.

Face à l’urgence de la situation, sa fatigue était partie, ses cauchemars, toujours aussi noirs ne le persécutaient plus et semblaient lui laisser un temps de répit. Le temps des douleurs était terminé et celui de la guerre reprenait. Il ne pouvait donc plus se réfugier derrière les craintes du passé. Non, seule la guerre comptait.

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Alors qu’il faisait à présent route ensemble, Elrendil en profita pour se renseigner sur cette mystérieuse émissaire qui avait la langue bien pendue.

-Il ne me semble pas vous avoir déjà vu auparavant, d’où venez-vous ?

Au loin, il commençait à apercevoir la longue étendue d’arbres qui n’indiquait qu’une seule chose : il revenait chez lui.