Sur la trace des Anciens

Il courrait, courrait et courrait encore depuis ce qui lui semblait être des heures. Son corps était fatigué, il souffrait à vrai dire le martyr mais c'est la peur qui donnait force à ses jambes. Il avait vu la mort, il avait vu l'horreur et pire encore, ils l'avaient vu lui...Cette matinée avait très bien commençé, Frolkar était parti s'aventurer dans la forêt afin de chercher pitance, quoi de plus naturel pour un chasseur me direz vous, mais à aucun moment il n'avait pas pensé devenir à son tour la proie.Apeuré comme un lapin devant un rynx, le pauvre homme entra en furie dans la bourgade paisible de Kreskan.

Berthe Pt'ite-Pomme arrêta de jouer avec la terre pour le dévisager longuement, il ne comprenait rien au charabia que la bouche du malheureux déversait. Possédé par un mal inconnue, il courrait le long de la grande avenue en s'agrippant les cheveux et vociférant. Une laitière renversa son panier sur son passage et Berthe apprit d'elle deux ou trois petites insulte. L'enfant emboîta le pas au chasseur, bien décidé à être le premier à élucider ce mystère. Il du courir à son tour aussi vite qu'il pu, car l'homme semblait filer plus vite que le vent. Berthe sauta au-dessus d'un monticule de panier renversé, il accorda un petit sourire nié au paysan qui semblait bien courroucé. Un autre était en train d'essayer de regrouper ses chèvres qui avaient pris peur. Tout cela amusa Pt'ite-Pomme, il ne se passait pas grand-chose à Kreskan.

Il arriva bientôt sur la Grande Place, l'homme c'était jeté à terre, il psalmodiait toujours des mots inaudibles. La foule commençait déjà à s'agglutiner, mais il était le premier. Doucement il s'approcha et reconnut Frolkar le chasseur. Sûrement avait il encore vider une bouteille de trop. Le garçonnet lui posa une main sur l'épaule et commença à le retourner.

« Eh Frol' ta encore trop bue ? Pourquoi tu cours comme ç.... »

Berthe recula d'un pas. Ce n'était pas la bouteille non ça c'était pire. Le chasseur était brûlé au visage, sa joue gauche avait littéralement fondu. Mais ce n'est pas la blessure qui l'effrayait, c'était le regard fou que Frolkar lui lançait. Il alla continuer mais l'homme se releva, projetant le gamin à terre, il pointa un doigt vers la forêt et hurla.

« Ils...Ils sont la ! Ils arrivent ! Hahahaha ! Ils ARRIVENT !»

Le murmure qui parcourue la foule s'intensifia jusqu'à se transformer en un brouhaha sourd. Tout le monde allait bon train sur son explication personnelle. Forlkar retomba au sol, se tenant les genoux dans une position proche de celle du nouveau née, il continuait à murmurer sans arrêt.

« Ils arrivent, ils sont la, ils arrivent, ils sont la, ils arrivent... »

Berthe Pti'te-Pomme était toujours par terre, il ne pouvait dégager son regard de celui de l'homme devenu fou. Le gamin ne souriait plus.