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| Soif d'aventure [Caley] | |
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Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Soif d'aventure [Caley] Dim 28 Déc 2014 - 20:28 | |
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Styrio Vossula, deuxième des fils de l'Empereur de la Soie, était un jeune garçon plein de fougue. Célébrant son quinzième anniversaire, le drôle avait réuni nombre de convives issues de la bonne société thaarie - à savoir ceux qui comme lui étaient nés avec une cuillère en argent dans le bec - dans l'un des palais de son père, dans la belle cité d'Eofel. Son aîné et demi-frère Ascanio, bien plus âgé que la plupart des invités, était de la partie, ce qui pouvait surprendre étant donné la haine qu'il portait à tous ses cadets. Mais le prince-héritier ne manquait jamais une occasion de se divertir, et bien que la moyenne d'âge des jeunes filles soit ce soir ridiculement basse, cela ne semblait aucunement l'arrêter dans sa quête de divertissements. L'orgie battait son plein lorsque Styrio eut la riche idée de le provoquer à un concours de boissons. Ascanio battit son frère à plate-couture, laissant l'adolescent baigner dans son vomi. Mais la fête se poursuivit et, s'aventurant toujours plus loin dans les couloirs tortueux de la débauche, suffoquant sous l'atmosphère chargée des volutes d'encens, l'aîné finit par sombrer. ~~ L'aube s'était levée, non pas sur la cité d'Eofel mais sur un chemin caillouteux, à l'orée d'une forêt. Pas âme qui vive à l'horizon, en-dehors du prince étendu de tout son long sur le sol. Les yeux rougis par la fatigue, le coeur palpitant et une furieuse envie de vomir, Ascanio se redressa. Il était saisi d'un terrible mal de crâne, comme si ce dernier était enserré dans un étau. La douleur était telle qu'il eut voulu mourir, et il ne remarqua que tardivement qu'il baignait dans sa propre urine. Par ma barbe, qu'est ceci ? songea-t-il avec révulsion, n'osant croire qu'il avait pu souiller lui-même ses beaux habits. En fait de beaux habits, d'ailleurs, sa belle tunique rouge aux fils brodés d'or était complètement déchirée, comme s'il avait passé la nuit à courir entre les arbres et se griffer contre les ronces. Les marques sur ses bras semblaient corroborer cette hypothèse. Il porta ses mains à son coeur, et vomit. Il essuya sa bouche d'un revers de manche, indifférent désormais à la propreté de sa tunique ruinée. Ah, comme il avait bel allure, le fils de Tiberio Vossula, l'Empereur de la Soie ! Le jeune prince était seul au milieu de nulle part, totalement perdu, et, après vérification, sans un sou en poche. Et sa maudite tête ne pouvait se rappeler par quel malencontreux hasard il s'était retrouvé à jouer les aventuriers solitaires. Il regarda autour de lui, plein d'espoir à l'idée que Nevio, son garde du corps dont la tête de tueur terrorisait toujours les méchants, ne sorte des arbres et vienne à la rescousse. Ce brave Nevio était toujours là, d'ordinaire. Mais pas aujourd'hui, apparemment... maudit Nevio, tu ne sers à rien.Il regarda le soleil. On disait que l'on pouvait se repérer grâce à lui pour connaître l'heure et s'orienter, mais Ascanio ne voyait dans l'astre du jour rien d'autre qu'une lumière qui lui piquait les yeux. Il n'était pas doué pour s'orienter. Il n'était pas doué pour survivre dans la nature. Il n'était doué pour pas grand-chose. Il se mit à suivre la route en prenant un sens au hasard. Il fallait bien qu'il tente sa chance, après tout. C'était mieux que de rester ici, à mourir de faim. Ou de soif.
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Dim 28 Déc 2014 - 22:39 | |
| Caley était en Ithri’Vaan depuis un bon moment déjà. Après avoir quitté la Péninsule des années plus tôt, elle avait arpenté les chemins poussiéreux de la région en se remémorant les cartes qu’elle avait apprises avec ses précepteurs. À plus d’une occasion elle s’était maudite de ne pas avoir été une élève plus attentive lorsqu’elle en avait l’occasion. Elle avait oublié maintes choses et plus d’une fois, elle s’était égarée. Puis le temps passa comme il le fait toujours et la jeune femme traça ses propres cartes et ses propres sentiers. Au fil des rencontres, Caley acquit un grand nombre de connaissances et maintenant ce territoire lui est aussi connu que la Péninsule. Parfois, la terre des hommes lui manque. Elle voudrait avoir fait un choix différent lorsqu’elle en a eu l’occasion, mais on ne peut pas retourner en arrière et il est trop tard pour rentrer à la maison. Son père n’est peut-être plus de ce monde. Elle doit vivre seule et avancer sans jamais revenir sur ses pas.
Pour Caley, les soirées mondaines et les orgies ne font certes pas partie de ses habitudes. Elle préfère grandement la tranquillité de la forêt et la solitude de ses voyages. Heureusement pour le prince, il ne mourra pas de soif, car s’il continue à marcher en parfaite ligne droite, il finira par tomber sur une petite source d’eau bondissante qui jaillit à travers les herbes hautes et s’accumule dans un bassin naturel. Caley s’y trouve, avec Una, sa jument. La jeune femme venait de s’abreuver et s’employait maintenant à remplir ses gourdes d’eau fraiche. Elle devait se rendre en ville. Elle avait accumulé suffisamment de marchandises pour pouvoir les vendre : la peau d’un ours, de deux renards et de 4 cerfs, des herbes médicinales et des champignons sauvages. Elle espérait obtenir suffisamment d’argent pour pouvoir remplacer les fers d’Una. Ils commençaient à être usés et elle allait bientôt en perdre un si Caley ne faisait pas quelque chose. Donc, depuis quelques jours, elle marchait à ses côtés et avait considérablement ralenti l’allure pour ne pas blesser l’animal. Les choses deviendraient nettement plus compliquées si elle venait qu’à perdre sa monture.
— Tu sens l’odeur? Nous sommes bientôt arrivées en ville. Je déteste cet endroit, tellement de monde grouillant partout. Toutefois, la demoiselle que tu as a besoin de nouvelles chaussures… et ce n’est pas gratuit.
Elle accrocha les gourdes maintenant remplies à la selle du cheval et caressa d’un geste affectueux l’encolure de la bête. Una était avec elle depuis longtemps déjà. Ce cheval ne venait pas de l’élevage de son père, mais elle en aurait été digne. Peu après sa fuite, elle avait été forcée de vendre l’autre pour avoir de quoi s’acheter de la nourriture. Puis, après la naissance du bébé, Caley avait accumulé les besognes en tout genre afin de rassembler son équipement actuel. Elle avait eu Una sur un coup de chance. Dans une taverne où elle s’était réfugiée un soir pluvieux, elle avait entendu un homme ivre se plaindre de la jument qu’il venait d’acheter. C’était une jeune pouliche à moitié dressée. Il disait qu’il allait abattre à l’aube cette carne qui menaçait de rompre le cou de quiconque s’approchant d’elle. C’était une cause perdue et il n’y avait rien à faire. Caley ne pouvait pas rester là sans réagir. Son père lui avait répété en maintes occasions qu’aucun cheval n’était une cause perdue. Les chevaux sont très intelligents et certains le sont plus que d’autres, comme certains hommes se démarquent des autres. Pour ces chevaux exceptionnels, il faut un cavalier exceptionnel, un cavalier capable de comprendre leur langage. Elle prit donc son courage à deux mains et s’approcha du paysan et de ses compagnons.
— Que veux-tu gamin? Ce n’est pas une place pour toi, retourne dans les jupes de ta mère.
Caley ne se laissa pas arrêter par la remarque de l’inconnu et déclara plutôt.
— Monsieur, j’ai entendu pour la jument. Je peux peut-être la dresser pour vous en échange de quelques pièces?
La proposition de Caley provoqua une explosion de rires dans toute la taverne.
— Si tu réussis à monter sur le dos de ce cheval sans qu’il ne te rompe le cou, je te le donne!
Elle tendit aussitôt la main.
— Marché conclu.
La parole donnée par un ivrogne devant une foule de témoins tient autant que celle échangée par deux hommes sobres et honnêtes. Personne ne s’attendait à ce que « le gamin » réussisse à faire quoi que ce soit avec cette bête. Même Caley fut impressionné en la voyant, mais dès qu’elle posa les yeux sur elle, la jeune fille compris que la pouliche avait subi de mauvais traitements. Il y a différentes écoles de pensée en matière de dressage de chevaux. Certaines prônent douceur et patience, d’autres visent à briser le cheval et tout ce qui fait de lui un être unique et pensant. Una avait un esprit fort et rebelle. C’était une battante et elle n’allait certainement pas se plier aux demandes d’un paysan ivrogne. À la fin de la journée, Caley était assise sur son dos. À l’étonnement de tous les témoins, elle venait de remporter son pari. Son père lui avait bien enseigné et maintenant elle avait son propre cheval. Depuis ce jour, Una ne devait jamais la quitter.
Caley s’était suffisamment attardée. Plus vite elle irait en ville, plus vite elle sera repartie sur les routes, aussi dangereuses peuvent-elles l’être. Elle rejoignit la route et c’est en sortant des broussailles qu’elle tomba nez à nez avec un inconnu. C’était un homme à peu près du même âge qu’elle et il était dans un état épouvantable. Une horrible odeur lui monta au nez et elle eut un haut-le-cœur.
— Quelle odeur, c’est atroce! Vous êtes répugnant!
Elle ne cachait pas son dédain. Il dégageait de cet homme une odeur de vomis et d’urine. S’il avait des vêtements de qualité sur le dos, ils étaient maintenant déchirés et dans un piètre état. Cet inconnu avait eu une nuit difficile. Peut-être avait-il eu des problèmes avec des brigands? Ce n’est pas rare d’en croiser près des villes, prêts à détrousser les riches marchands insouciants.
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Dim 28 Déc 2014 - 23:17 | |
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Marcher. Marcher, tel l'un de ces innombrables mendiants qu'il ignorait avec dédain à Thaar, lorsqu'il quittait la ville juché sur son grand étalon noir, cadeau de son père pour ses trente ans. Ah, comme il lui manquait, son beau cheval ! Et comme il aurait aimé avoir cette insouciance et cette fière allure qui étaient toujours siennes. Depuis qu'il était né, Ascanio n'avait pas souvenir d'avoir été seul plus de cinq minutes, même pour chier. En toute occasion on l'avait protégé des dangers, de la vilenie des méchants et surtout du manque de confort. Il avait grandi entouré d'esclaves et autres domestiques répondant au moindre de ses désirs, à la moindre de ses envies. On se démenait pour satisfaire à ses caprices. Il n'avait jamais eu besoin d'accomplir quoi que ce soit de difficile.
Aussi, ce soudain face-à-face avec la dureté de la vie le terrorisait. Ascanio n'avait pas le souvenir d'avoir déjà eu peur. Peur pour sa vie, du moins. Sa famille avait pourtant nombre d'ennemis à Thaar, où les assassinats étaient monnaie courante. Il se mit à penser qu'il était en ce moment-même victime d'un coup monté par quelque ennemi de sa famille. Voire même un membre de celle-ci. Styrio ? Si Ascanio venait à disparaître, Styrio devenait l'héritier de tous les biens de la famille. Mais ce mioche est trop bête pour avoir imaginé un tel plan.
Il continuait à marcher, avec la douloureuse impression qu'un caillou s'était fiché dans l'une de ses bottes. Voire les deux. Le terrain était accidenté. Il avait envie de s'asseoir et d'attendre du secours, mais il avait plus de chances d'être découvert par des bandits que par des amis.
Un bruissement le fit sursauter. Il regarda en direction des arbres. Quelqu'un arrivait. Il imaginait déjà la bande de brigands l'encercler pour lui faire la peau. Il n'avait même pas d'argent sur lui. Pas d'arme, non plus. Il n'était pas mauvais à l'épée, pourtant. Un de ses rares talents. Mais à mains nues, ferait-il le poids ? L'individu qui apparut à ses yeux était tout sauf le brigand barbu aux dents pourries qui apparaissait souvent dans les histoires glauques. Il crut d'abord voir un jeune homme imberbe, mais lorsque celui-ci s'approcha, il s'avéra être une femme. Cela se confirma lorsqu'elle parla, remarquant avec un dégoût non-dissimulé l'état déplorable dans-lequel se trouvait le prince - qui n'avait plus vraiment l'air d'en être un.
Ascanio avala sa salive, demeurant sans voix. La femme était belle. Mince, les yeux clairs brillant au soleil, des cheveux châtains aux reflets blonds. Il la crut plate au premier abord, mais devina que sous ces couches de vêtements serrés se cachaient deux seins fermes qui ne demandaient qu'à s'offrir à son regard avide. Il regretta de ne pas être sur son grand cheval noir, richement vêtu d'une de ses tuniques aux couleurs éclatantes. Et propre. Ah, c'est qu'il l'aurait impressionnée, la petite ! Elle en aurait mouillé jusque dans ses bottes de cuir. Il eut honte d'être si peu présentable. La honte aussi, c'était chose inhabituelle chez lui.
Alors il fit ce qu'il faisait de mieux, comme tout marchand qui se respecte : mentir avec conviction. Et il lui débita son histoire avec toute la verve dont il était capable, y mettant le ton.
- Madame, pardonnez mon état déplorable. J'ai été victime d'un lâche attentat. Des bandits s'en sont pris à moi cette nuit, me dépouillant de mes effets personnels. J'ai pu les mettre en fuite, faute de quoi ils m'auraient sans doute égorgé...
Son regard tomba sur le devant de sa tunique et ses bottes, pleines d'immondices.
- Malheureusement, avant de partir, ils ont eu le temps d'uriner sur mes bottes et de me vomir dessus. Les gens sont répugnants !
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Lun 29 Déc 2014 - 1:10 | |
| En toute sincérité, elle ne s’attendait pas à croiser quelqu’un sur cette route. Bon, il était toujours possible de tomber sur un voyageur solitaire, mais cet homme n’avait rien d’un voyageur. Il aurait pu être un marchand, mais quelque chose n’allait pas chez lui. Toutes ces années de solitude avaient permis à Caley de développer un redoutable sens de l’observation. Elle était capable de suivre des pistes dans la forêt, même ancienne de quelques jours. Il était donc difficile de lui mentir et de lui cacher des choses. L’homme qui se tenait devant elle avait été surpris de la voir apparaître des broussailles. Il avait craint pour sa vie et ça, les yeux ne pouvaient pas mentir. Toutefois, en constatant qu’il avait devant lui une femme, il avait soudainement pris de l’assurance croyant probablement que Caley ne lui ferait aucun mal. C’était stupide, car la jeune femme était visiblement armée comme en témoignait l’épée accrochée à sa ceinture et rien ne montrait qu’elle n’était pas dangereuse. Les hommes ont cette fâcheuse à sous-estimer les femmes, mais sachez qu’elles peuvent être terriblement sournoises et vicieuses. Elle posa la main sur la garde de son épée, regardant le pauvre homme qui se tenait à quelques pas.
— Qu’est-ce qui vous fait croire que je ne suis pas aussi l’un de ces bandits?
Caley laissa tomber la bride de son cheval pour s’approcher du malheureux. Elle inspira profondément. L’odeur était intenable. Outre l’odeur infecte du vomi et de l’urine, elle avait l’impression de sentir un vieux fond de tonneau de vin.
— Vous allez me dire que ces terribles bandits ont également pris le soin de vous asperger d’alcool avant de vous laisser seul sur la route? Vous avez de la chance qu’ils ne vous aient pas allumé comme une torche! Où est le reste de votre compagnie? Ils ont été tués? C’est terrible! Quelle habileté que d’avoir repoussé ces hommes sans être armé, je suis impressionné!
Visiblement, Caley ne croyait pas un traitre mot de l’histoire de cet inconnu. Ses mains ne montraient aucun signe de combat, ni son visage. S’il s’était battu, sans avoir le visage défoncé, il aurait reçu au moins un coup en retour, non? Il n’avait pas de ceinture à laquelle aurait pu se trouver une épée. Ce n’était pas le premier homme comme lui qu’elle rencontrait sur sa route. Il avait de la chance quand même d’être vivant, car il était une cible facile. Il avait visiblement de l’argent. N’importe qui avec un peu de suite dans les idées pourrait le kidnapper et demander une rançon sur sa tête. Elle pencha la tête de côté, l’observant d’un œil critique.
— Je crois plutôt que vous venez de la ville qui n’est pas loin d’ici et que vous avez fêté un peu trop fort. Maintenant, comment vous vous êtes retrouvé ici, c’est un mystère.
Elle soupira longuement. Caley n’avait pas de temps à perdre avec lui, mais sa conscience lui interdisait de le laisser seul sur la route. Elle n’avait pas envie de repasser par ici et de trouver un cadavre sur la route. Elle avait quand même un coeur et cet homme avait peut-être une famille qui l’attendait. Puis, s’il était riche, peut-être allait-il la récompenser?
— Il y a une source d’eau non loin dans la forêt, vous pourriez en profiter pour vous laver un peu et peut-être que vos idées s’éclairciront un peu. Si votre estomac peut le supporter, j’ai peut-être un bout de pain pas trop rance et un peu de viande fumée pour vous. |
| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Lun 29 Déc 2014 - 12:13 | |
| Aussi surprenant que cela puisse paraître, l'inconnue ne crut pas un traître mot de son histoire. Ascanio leva les yeux au ciel, plus impuissant que jamais, l'air d'implorer les dieux. Par toutes les divinités du monde connu, et même les plus invraisemblables, sortez-moi de ce pétrin.
Il s'attendait à subir l'ire de la voyageuse. Allait-elle le battre comme un chien, lui qui avait commis le terrible péché d'empester la mort ? Ou allait-elle l'abandonner à son triste sort ? S'attendant au pire, Ascanio fut agréablement surpris de la voir mettre un peu d'eau dans son vin, et même de lui venir en aide. De l'eau ? Se laver ? Manger ? Voilà des paroles qu'il voulait entendre ! Il grimaça néanmoins à l'évocation du bout de pain pas trop rance et du morceau de viande fumée. Ah, ces itinérants n'ont décidément aucun goût. Est-ce si difficile de se procurer du homard ? Il eut pourtant la décence de garder pour lui ses pensées.
- Puissent les dieux vous bénir, madame. Les Cinq ou n'importe quel autre.
Il s'aventura entre les arbres. Un court instant, il suspecta que la manœuvre était un piège. La garce veut endormir ma méfiance pour mieux m'abattre. Puis il se rappela qu'elle était armée jusqu'aux dents et en pleine forme, ce qui n'était aucunement son cas. Si elle lui voulait du mal, il était déjà à sa merci. Elle n'avait pas menti, du reste. La source d'eau était bien là. De l'eau. C'était bien la première fois qu'il se réjouissait d'en voir.
Il ôta ses vêtements déchirés et se jeta dans la source. Il n'avait pas pensé un seul instant que la température puisse être froide, habitué qu'il était des bains chauds pris dans ses palais, avec ses belles esclaves. Aussi se mit-il à trembler comme une feuille, se maudissant au nom de tous les saints pour sa bêtise. Quel con mais quel con mais quel con mais quel con mais quel con...
Il ne s'attarda pas, et émergea bientôt de l'eau, nu comme un ver, remarquant rapidement que l'eau froide avait quelque peu atténué son charisme. Mieux vaut qu'elle ne le voie pas dans cet état-là. Il trempa ses loques rapiécées et malodorantes, et entreprit de les frotter. Il n'avait pas d'autres vêtements sous la main et ne comptait pas se taper le trajet à poil. Il s'imaginait déjà remonter ainsi la rue des grands palaces de Thaar, le plus naturellement du monde, demandant à un domestique ce qu'il y avait au menu ce soir-là.
Il sortit ses vêtements de l'eau. Ils étaient toujours sales, puants, et l'humidité n'arrangeait absolument rien. Il grimaça, mais il n'avait guère le choix. Il se rhabilla en vitesse, poussant mille jurons, pestant contre le froid. Il émergea des arbres, revenant sur la route où la femme l'avait attendu. L'eau ruisselait sur ses vêtements, tombant à grosses gouttes sur le sol rocailleux. Plic. Plic. Plic. Au moins son visage était-il propre, et l'eau froide l'avait quelque peu réveillé.
- Ecoutez, je n'ai pas d'argent sur moi, mais... bien que j'ignore où nous nous trouvons, j'imagine que la ville d'Eofel n'est pas loin. Ou alors j'aurais réussi en une nuit à marcher jusqu'aux confins de l'Orient, et découvert une civilisation inconnue. Enfin, ça n'empêche pas cette femme de parler la même langue que moi. Si vous m'y conduisez, je saurais me montrer reconnaissant.
Il allait ajouter qu'il était très riche, mais la prudence - encore une chose inhabituelle chez lui - le retint juste à temps. Mieux valait éviter qu'elle décide de le rançonner. Si elle apprenait qu'il était prince, plus encore l'aîné d'un prince-marchand de Thaar, elle pourrait lui extorquer une fortune.
- Je m'appelle, hum, Kazadröm, improvisa-t-il en usant du premier nom qui lui sautait à l'esprit - il n'aurait d'ailleurs jamais pensé que ce serait celui-là. J'ai été élevé par des nains, ce qui explique ce curieux patronyme. Je suis un citoyen de Thaar, au service du prince-marchand Tiberio Vossula, et je me trouvais à Eofel pour régler des affaires importantes, avant que... avant de me retrouver là.
Plic. Plic. Plic. Les gouttes continuaient à tomber sur le sol, et descendaient également le long de son bras, de son dos, jusque dans les bas-fonds de son anatomie. Sensation plus désagréable qu'il ne l'aurait pensé.
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Mar 30 Déc 2014 - 3:30 | |
| Caley le laissa s’éloigner. Après tout, il n’était pas démuni au point d’avoir besoin de son aide pour faire sa toilette. La jeune femme décida d’attendre son retour sur le bord de la route. Elle laissa Una brouter un peu d’herbe et s’installa à l’ombre du feuillage d’un grand arbre, le dos appuyé contre son tronc solide. — Peu importe qui c’est, il ne doit pas être un habitué de la vie au grand air avec les vêtements qu’il a sur le dos. C’est comme s’il déambulait avec un panneau écrit : détroussez-moi! La rôdeuse avait pris cette habitude un peu bizarre de parler avec Una comme si celle-ci pouvait la comprendre et lui répondre. C’était peut-être l’une des conséquences de la vie de solitude qu’elle s’était imposée. Elle n’avait personne à qui se confier et Una était la seule oreille attentive à sa disposition. Malheureusement, si les chevaux sont souvent d’une grande écoute, ils sont nettement moins doués pour donner des conseils avisés. À ce sujet, Caley ne pouvait compter que sur elle-même. L’étranger ne semblait pas très menaçant, mais il ne faut jamais se fier aux apparences. Cet homme lui réservait peut-être une mauvaise surprise au moment où elle s’y attendra le moins. Au bout de quelques minutes, le pauvre homme finit par réapparaitre entre les arbres. Il était trempé jusqu’aux os. Caley pouvait voir l’eau tomber à grosses gouttes sur le sol poussiéreux. Il était impossible de ne pas éprouver de la pitié en voyant cet homme qui rappelait maintenant un chiot abandonné sous la pluie. — Eofel? Je ne sais pas ce que vous avez fait cette nuit, mais ça représente un peu plus d’une demi-journée de marche!
Caley ne croyait pas du tout à son histoire, mais il avait probablement ses propres raisons pour lui mentir. De toute façon, elle cachait aussi des choses.
— Bien, Kazadröm, je vais vous escorter jusqu’à Eofel. En échange, je vous demande de payer le forgeron pour mon cheval. Toutefois, il est hors de question que je vous ramène dans cet état. Non seulement vous risquez d’attraper la mort, mais ils vont s’imaginer que j’ai tenté de vous noyer en chemin. Je vais nous faire un bon feu. La journée est encore jeune, nous avons encore du temps devant nous. Suivez-moi!
La rôdeuse ne lui laissa pas le temps de protester. Elle quitta la route pour s’enfoncer parmi les arbres. Le cheval suivait sa maitresse sans protester. Seuls les dieux savent sur combien de routes et de sentier Caley l’à entrainer depuis qu’elles font route ensemble. La jeune femme marcha en silence. Au bout d’une dizaine de minutes à se frayer un chemin à travers les arbres, la forêt s’ouvrit brusquement sur une petite clairière. Le sol se soulevait près du centre, formant une paroi herbeuse d’à peine un mètre de haut. Caley s’y arrêta.
— Bon, assoyez-vous là pendant que je prépare le feu. Ça ne sera pas long.
En effet, au bout de quelques minutes à peine, du bois sec fut ramassé et un bon feu crépitait. Caley n’avait pas particulièrement froid, mais son hôte d’infortune devait déjà se sentir mieux.
— Maintenant vous allez retirer autant de vêtements que votre pudeur le permet. Nous allons les faire sécher près du feu.
Elle retira sa propre cape de voyage et la tendit à Kazadröm non sans une certaine hésitation. Si ses vêtements étaient couvrants et adaptés au voyage, elle se sentait étrangement vulnérable, un peu comme si elle était nue.
— Mettez-la quand vous aurez retiré vos vêtements. Elle n’est pas assez grande pour vous, mais c’est tout ce que j’ai. Je vais vous donner à manger.
La cape était usée par de longues années d’errance, mais malgré tout, elle sentait bon. Caley avait dormi sous un sapin la nuit précédente. Il y avait encore des aiguilles du conifère ainsi que de la résine en certains endroits. Outre le parfum de la forêt, on devinait celui plus personnel de la jeune femme ainsi que l’odeur incontournable du cheval. Caley était peut-être une femme brusque qui aboyait des ordres depuis tantôt, mais sa générosité était incontestable. Comme elle l’avait dit plus tôt, c’était sa seule cape de voyage. Évidemment, elle s’attendait à la récupérer à la fin du voyage.
Laissant son compagnon de voyage, Caley commença à fouiller dans les sacoches de son cheval pour préparer le repas de fortune qu’elle lui avait promis : un quignon de pain sec avec de la viande fumée et quelques baies cueillit la veille. Elle servit le tout dans un petit bol en bois ainsi qu’une gourde d’eau pour aider à faire passer le tout.
— Ça devrait vous redonner des forces pour la route que nous avons faire jusqu’à Eofel.
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Sam 3 Jan 2015 - 0:57 | |
| L'homme riche est difficile à contenter, mais l'homme démuni ne demande pas mieux qu'un feu, un toit ou de quoi manger. Assis près du feu, Ascanio se sentit revivre, même si ses vêtements mouillés continuaient de lui coller à la peau. Son visage reprenait déjà des couleurs. L'inconvénient, lorsqu'un homme en difficulté voit sa situation s'améliorer, c'est qu'il reprend rapidement ses mauvaises manies. Aussi, lorsque la jeune femme lui prêta généreusement sa cape sans rien demander en échange, Ascanio la prit sans le moindre mot de remerciement. Il n'était pas dans ses habitudes de montrer de la reconnaissance ; après tout, on n'enseigne pas à un prince la politesse envers les domestiques.
Quant à retirer des vêtements, c'était bien sûr hors de question. Certes Ascanio n'avait rien d'un homme pudique si l'on considérait toutes ses frasques, familier qu'il était des orgies thaarii. Mais il était face à une femme du peuple, et même si sa dignité avait déjà bien souffert, il comptait garder le peu qui lui restait.
- Je n'ai pas l'intention d'enlever mes habits, bonne femme, dit-il sur un ton de défi.
C'était comme s'il craignait qu'elle ne lui vole ses beaux tissus tout déchirés. Il enroula la cape autour de ses épaules et se mit à grelotter, mais ça ne le fit pas changer d'avis, têtu comme il était. La cape avait une drôle d'odeur, pas désagréable, mais pas l'odeur qu'on imaginait sentir sur un vêtement de femme. En même temps, l'accoutrement de la voyageuse n'avait rien de féminin. Il la regarda préparer leur repas de fortune, sans songer à proposer son aide. Il n'avait jamais rien cuisiné, de toute manière. Il grimaça lorsqu'elle lui tendit le bol. Dans le palais Vossula à Thaar, même ce que mangeaient les chiens paraissait à ses yeux plus appétissant. Mais il avait faim. C'était donc ça, cette sensation douloureuse qui lui tiraillait l'estomac. Il prit le bol, sans un remerciement là non plus, et mangea avec avidité comme si sa vie en dépendait. Puis il but une longue gorgée d'eau, manquant de s'étouffer.
- Avez-vous déjà été à Eofel auparavant ? demanda-t-il après avoir bu, comme si subitement le fait d'avoir rassasié son appétit et étanché sa soif lui rendait son sens de la conversation.
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| | | Caley Aldaron
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Dim 4 Jan 2015 - 18:18 | |
| Caley offrait avec générosité, bien que brusque quand même, tout ce qu’elle avait et cet homme ne semblait aucunement reconnaissant. Il ne lui offrit même pas un simple remerciement! Voilà un homme bien mal élevé pour ne pas savoir se montrer obligé envers celle qui lui avait probablement sauvé la vie. Elle se dit en le voyant enfiler sa cape par-dessus ses vêtements sales et répugnants qu’elle aurait dû le laisser là où elle l’avait trouvé. Un drow passant par là ou une bande de voleurs auraient tôt fait de lui régler proprement son compte. Caley pourrait le faire elle-même, mais quelque chose lui disait que ça ne valait pas la peine. La vie se chargerait bien de son cas d’une façon ou d’une autre…
— En fait, je vous offrais d’enlever vos vêtements pour prévenir un éventuel refroidissement qui pourrait vous clouer au lit pour quelques jours, voir plus si cela devait affecter vos poumons. Aussi, dois-je vous rappeler, monsieur, que la « bonne femme » est armée et que vous êtes aussi démunis qu’un enfant?
Son ton n’était pas particulièrement menaçant, mais elle était très sérieuse. Elle n’aimait pas être insultée, surtout lorsqu’elle essayait d’être gentille. Caley y était pourtant habituée. Les gens n’avaient pas beaucoup de respect envers elle. Aux yeux de tous, ce n’était qu’une itinérante au visage sali de poussière, avec des épines de sapin et des feuilles mortes dans les cheveux.
L’étranger ne semblait guère enthousiasmé par le repas que lui offrait la rôdeuse, mais il le mangea quand même avec appétit. Il devait avoir trop faim pour refuser d’avaler la nourriture qu’on lui proposait. C’était pourtant de l’excellente viande de gibier que Caley avait fait fumer elle-même et elle ne réussissait pas toujours aussi bien. Fumer la viande était le seul moyen à sa disposition pour la conserver et ainsi la vendre dans les villes et villages qu’elle traversait. Avant de peaufiner sa technique, elle avait passé plus d’un jour sans manger. Elle ne s’était pourtant pas découragée. La ténacité de cette femme mériterait une médaille, mais ce n’était malheureusement pas le courage que l’on remarquait le plus de nos jours.
Alors qu’elle nourrissait le feu avec quelques branches de bois sec, son compagnon sembla soudainement avoir envie de faire la conversation. Caley leva les yeux vers lui, avant de replonger son regard dans les flammes qui crépitaient joyeusement.
— Oui, je visite assez régulièrement cette ville pour y vendre ma marchandise, offrir mes services aux voyageurs ou encore prendre les nouvelles. Il m’arrive aussi de transporter du courrier, mais que très rarement, car ma route peut changer à tout moment.
Caley resta ensuite silencieuse pendant un moment avant de demander à son tour.
— Vous m’avez dit plus tôt avoir été élevé par des nains? Vous devez avoir une histoire plutôt hors du commun! Vous travaillez maintenant pour Tiberio Vossula. On dit que ses fils sont prompts à la débauche et aux abus de tout genre. Plus j’en entends parler, moins j’ai envie de les rencontrer… non pas que ce me soit venu à l’esprit avant.
Évidemment, Caley n’avait pas la moindre idée à cet instant précis qu’elle s’adressait à l’un des princes. Aussi sarcastique et tranchante qu’elle puisse l’être, la jeune femme n’a cependant pas l’habitude de manquer de respect aux gens du pouvoir. |
| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Lun 5 Jan 2015 - 11:10 | |
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Le sermon eut le mérite de clarifier les choses. Ainsi la donzelle n'en voulait pas à ses haillons et ne cherchait pas non plus à se rincer l’œil ; elle lui donnait simplement un conseil pour rester en vie. Tant de sollicitude, c'était beau à voir, mais surtout surprenant. On ne fait jamais rien sans espérer quelque chose en retour. En même temps, il avait promis une récompense. Mais quel genre de récompense pouvait offrir un homme solitaire, sale et malade ? Avait-elle deviné qu'il était quelqu'un d'important ?
- Bien, bonne femme, je vais faire ce que vous dites.
Il ôta la cape et entreprit de se dévêtir. Maintenant qu'il s'était fait à l'idée qu'il ne pouvait agir en prince, toute forme de pudeur semblait l'avoir quitté, puisqu'il se déshabilla complètement sans exprimer la moindre gêne. Il s'étonna de voir qu'il avait moins de froid en ne portant rien qu'en ayant sur lui plusieurs couches de vêtements mouillés. Par égard pour la voyageuse néanmoins, il consentit à remettre la cape, couvrant ainsi sa virilité - laquelle était fortement diminuée en raison du froid. Il frissonna un peu et se rapprocha du feu. La chaleur revint peu à peu, accompagnée de l'odeur agréable du bois.
Alors ils discutèrent. D'Eofel, et des activités de la femme. Ascanio n'avait jamais songé que l'on puisse vivre de cette manière, en offrant ses services aux gens. Il ne savait pas qu'il était possible de gagner sa vie en aidant son prochain. Puis elle se rappela qu'il avait évoqué Tiberio Vossula, et se mit à parler des princes d'Eofel. En moins bien qu'il ne l'aurait cru. Ascanio n'avait jamais imaginé que le petit peuple puisse avoir d'eux une mauvaise image. Et il trouvait très imprudent - et impudent - de la part de cette femme de se laisser aller à de tels commentaires. Il fronça les sourcils, oubliant un instant qu'il feignait d'être quelqu'un d'autre, et se ravisa juste à temps.
- Les gens racontent n'importe quoi, maugréa-t-il en resserrant un peu la cape autour de lui. Bon, la plupart des enfants de mon maître sont des idiots, je vous l'accorde. Mais l'aîné, celui qui doit lui succéder, c'est... il n'y a pas d'homme meilleur au monde. Il s'appelle Ascanio et il est grand, beau et fort. Et digne de son rang. C'est un habile négociateur et il voyage beaucoup. On le dit ami avec tous les grands de ce monde, et il rapporte énormément d'argent à Thaar. Il vous plairait, j'en suis sûr.
Il leva ses deux mains pour les placer au-dessus du feu. Si prompt à défendre son véritable nom, il en oubliait complètement qu'il devrait plutôt défendre son identité d'adoption.
- C'est lui qui m'a permis d'entrer au service de sa famille. Moi, Kazadröm, un homme parti de rien, élevé par des nains ! En tout cas il est respecté à Eofel. Les racontars que vous avez entendus doivent être répandus par des familles concurrentes. La jalousie engendre le mépris.
Le prince tourna la tête vers Caley. C'était bien la première fois qu'il devait défendre son honneur devant une femme du peuple. Mais puisqu'il n'avait pas d'autre compagnie...
- Et vous, si vous me racontiez d'où vous venez ? Ce n'est pas courant de voir une femme voyager seule sur ces routes dangereuses.
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Mar 6 Jan 2015 - 2:19 | |
| Évidemment, Caley espérait quelque chose en retour, car c’est ainsi qu’elle survit. En même temps, elle n’était pas totalement dépourvue de compassion et si Kazadröm n’avait rien à lui donner au final, elle n’allait pas le tenir prisonnier jusqu’à ce qu’il fasse miraculeusement apparaître un tas d’or. Elle voyait plutôt son geste comme un investissement à long terme. Son père lui avait enseigné que la générosité était toujours récompensée d’une façon ou d’une autre. Peut-être que leurs routes se croiseront à nouveau à l’avenir et que ce sera au tour de cet infortuné inconnu de venir en aide à Caley. Valait mieux se faire un ami qu’un ennemi.
— Voilà une sage décision!
Pendant que Kazadröm se déshabillait, Caley s’éloigna pour lui laisser son intimité. Elle alla s’occuper d’Una et la soulagea de son fardeau en retirant selle et bride pour la laisser circuler librement dans la clairière. La jument parfaitement entraînée ne s’éloignait jamais bien loin de Caley et comme ses sens sont plus aiguisés que ceux des humains; elle avertirait si un danger venait à s’approcher. Comme chaque fois qu’elle la laissait libre, Una gambada joyeusement autour d’elle, ruant dans les airs et s’ébrouant comme un poulain. Caley la laissa à ses jeux pour revenir près du feu avec ses choses. Elle préférait garder le tout à portée de main.
Étrangement, le commentaire qu’elle fit sur la famille princière sembla grandement agacer l’étranger. Ce n’était pourtant que des commérages entendus lors des foires et des marchés qu’elle avait visités. Il n’y avait pas à prendre la mouche pour si peu.
— Je ne fais que rapporter ce que j’ai entendu lors de mes voyages. Je ne doute pas qu’il y ait exagération. Personnellement, n’ayant jamais rencontré un membre de cette famille, je ne peux pas vraiment me faire une opinion juste sur la question. Je doute que cela arrive un jour. Qu’est-ce qu’un prince ferait avec une rôdeuse comme moi, je vous le demande?
Elle sourit, amusée par la véhémence de Kazadröm. En même temps, si ce prince l’avait sorti de sa misère, Caley pouvait comprendre son sentiment. Jouant encore un peu avec le feu, l’homme lui demanda alors des détails sur sa vie. La rôdeuse n’aimait pas parler de sa vie, surtout pas des détails l’ayant amené ici.
— Mon histoire ne regarde que moi! Trancha vivement la jeune femme en regardant Kazadröm dans les yeux.
Toutefois, après un moment de silence, elle se ravisa. Il y avait bien des choses qu’elle pouvait lui dire. De toute façon, elle était très loin de sa ville natale. Ici, personne ne la connaissait et même si elle donnait des détails comme le métier de son père, qui ferait le rapprochement avec une jeune fille disparut neuf ans plus tôt? Tous ceux qui l’avaient connu à l’époque devaient la croire morte depuis longtemps, incapable d’imaginer qu’une adolescente de 15 ans pouvait se débrouiller seule.
— La vie m’a amené sur les routes. Souffla la jeune femme sans le regarder toutefois. Je viens de la Péninsule. Mon père était un prospère éleveur de chevaux. J’ai reçu toute l’éducation dont on peut s’attendre chez une jeune bourgeoise, mais j’avais surtout envie d’apprendre à me battre. Mon oncle était capitaine dans l’armée. C’est lui qui m’a enseigné. Donc je partageais mon temps entre la caserne et les périodes d’étude avec les précepteurs. Puis, les évènements se sont enchaînés. Des décisions ont été prises, de mauvais choix, mais avant que je ne le réalise, il était trop tard. Depuis, j’avance sans jamais regarder en arrière. C’est étrange comme nos histoires sont totalement opposées. Vous n’étiez rien, puis on vous a donné une chance. Moi, sans être très riche, je pouvais espérer une vie confortable, mais j’ai tout perdu. Pourtant, je ne suis pas aussi malheureuse qu’on puisse le croire. Je ne suis pas de celles qui auraient supporté de me tenir près de son mari comme une potiche écervelée utile qu’à lui pondre sa descendance. Même si je ne mange pas tous les jours, même si je n’ai pas de toit sur la tête et que je suis seule, je me sens utile… Imaginez un peu si je n’avais pas été là pour vous, qu’auriez-vous fait?
Caley avait parlé librement pendant un bref instant, mais c’était déjà trop selon elle. La jeune femme se leva, agacée par son propre comportement et s’éloigna en direction du cheval qui broutait non loin. |
| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Mar 6 Jan 2015 - 18:19 | |
| Si elle ne savait pas ce qu'un prince pourrait faire avec une rôdeuse comme elle, Ascanio, lui, avait une petite idée. Mais il se garda bien de répondre ; d'une part il n'était pas censé être prince, d'autre part, il préférait éviter de taquiner la susceptibilité de la donzelle.
C'est qu'elle était étrange, cette femme. Déjà, vivre tout le temps sur les routes, c'était assez incompréhensible. Ascanio voyageait beaucoup, ce qui l'amenait à passer pas mal de temps en-dehors des villes - même si ce n'était pas en solitaire - cependant il préférait mille fois le confort des palais à celui d'une nuit passée à la belle étoile, le cul posé par mégarde sur une fourmilière. En même temps, elle n'a sûrement jamais dormi dans un palais. Elle n'a pas vraiment le choix. Et puis, elle était imprévisible. Ascanio n'avait pas l'habitude qu'on lui tienne tête, les femmes encore moins. La plupart des femmes à qui il adressait la parole finissaient dans son lit ; même sa belle-mère, la garce qui avait pondu ses monstruosités de demi-frères et demi-sœurs et tentait d'usurper son héritage, avait connu sa couche - prouvant par là que le sexe et la haine forment un fabuleux mélange explosif. Mais celle-ci avait autre chose : du caractère. Un sale caractère.
Il l'écouta raconter son histoire. A une ou deux reprises, il dût réprimer un bâillement, et se demanda s'il ne devrait pas l'interrompre pour savoir quand elle comptait reprendre la route. De ce qu'il retint, elle était fille d'un éleveur de moutons ou d'un capitaine, il ne savait plus trop ; ça, et aussi l'histoire de la potiche écervelée ne servant qu'à pondre une descendance. Sur ce dernier point Ascanio n'avait guère suivi, mais l'expression l'avait amusé, et son esprit s'égarait dans l'imagination d'une poule en armure.
Un bref silence s'ensuivit, et, gêné, Ascanio se crut obligé de briser la glace.
- Nous avons tous, euh, une histoire complexe, commença-t-il, mais déjà la jeune femme s'éloignait vers son cheval, comme si elle boudait.
Ascanio se leva. La cape glissa un instant et, se rappelant qu'il était nu en-dessous, il la rattrapa in extremis. Il marcha à la suite de la jeune femme et, faisant l'effort d'être aimable, posa une main sur son épaule.
- Ecoutez, Flavia, je ne voulais pas réveiller d'anciens démons. Cette histoire de potiche restera entre nous, croyez-moi. Je peux vous appeler Flavia, au moins ?
Pour une raison tout à fait obscure, il était persuadé qu'elle lui avait dit s'appeler Flavia lorsqu'elle avait débité son histoire - c'était d'autant plus saugrenu qu'elle ne lui avait toujours pas dit son nom.
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Mer 7 Jan 2015 - 2:47 | |
| Caley ne s’attendait pas à trouver chez cet homme un auditeur attentif, mais il y a quand même une limite à ne pas franchir. La jeune femme se trouvait toujours près de son cheval, quand Kazadröm vint vers elle dans une tentative maladroite de lui donner un certain réconfort. Il n’avait pas dit cinq mots que Caley comprit qu’il n’avait rien suivi de son histoire. Elle se tourna vers lui, son visage exprimant quelque chose à mi-chemin entre la surprise et la colère.
— Flavia? Mais qui est Flavia? Le nom d’une ancienne maitresse, peut-être? En fait, vous n’avez absolument rien écouté de ce que j’ai dit, n’est-ce pas?
Elle inspira bruyamment. Caley essayait de garder son calme, mais ne pas s’énerver contre cet homme devenait de plus en plus difficile. Elle avait vraiment envie de l’abandonner sur le bord de la route pour reprendre son chemin en le laissant derrière. Cet homme drainait son énergie et le semblant de bonne humeur qu’elle avait éprouvés. Depuis le début, il se montrait disgracieux et peu reconnaissant de tout ce qu’elle faisait pour lui. Il était temps de lui remettre les idées en place.
— La majorité des gens normaux aurait montré un semblant de gratitude, surtout avec tout ce que j’ai fait pour vous.
Caley s’avança vers lui, le pointant du doigt jusqu’à le pousser de l’index pour le forcer à reculer.
— Si ce n’était pas de moi, vous seriez encore sur le bord de la route, couvert de pisse et de vomi. Je vous ai indiqué où vous laver, j’ai allumé un feu pour vous réchauffer et je vous ai prêté ma seule cape de voyage pour préserver votre intimité. Évidemment, je n’oublie pas le repas que je vous ai donné avec les maigres provisions que je possède. Vous savez, je ne demande pas le ciel, mais un petit merci s’est toujours apprécié. Maintenant, vous posez votre derrière juste ici, nous allons attendre que vos vêtements soient secs et dès que ce sera le cas, je vous ramène chez votre oh combien estimé prince de je-sais-pas-quoi en espérant qu’il saura se montrer magnanime pour votre comportement déplaisant.
Caley n’était visiblement pas de bonne humeur. Toutefois, l’étranger s’en sortait plutôt bien, car elle n’avait crié après lui, mais simplement parlé d’un ton sec exaspéré. Elle était épuisée, comme à chaque fois qu’elle était sur le point de visiter une ville. Les traits de son visage étaient tirés et ses yeux rougis ne mentaient pas. Elle profitait toujours de ses passages là-bas pour prendre du repos dans une taverne et manger quelques bons repas quand elle pouvait se le permettre. Elle n’avait pas dormi dans un vrai lit depuis des semaines et autant dire qu’elle en rêvait.
— Au fait, mon nom est Caley…
À ses mots, le craquement sonore d’une branche se fit entendre. Caley réagit aussitôt en portant la main à son épée.
— Merde…
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| | | Ascanio Vossula
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Mer 7 Jan 2015 - 13:32 | |
| Elle est fâchée.
C'était la conclusion qu'il tirait, avec toute la perspicacité qu'on lui connaît, pendant que la jeune femme déversait sa colère. Il imagina un instant que l'origine de cette colère tenait de la jalousie. Flavia, une ancienne maîtresse ? Peut-être bien. Il en avait eu un certain nombre, quand même. L'idée le fit sourire, mais il réprima aussitôt son rictus. Je lui plais. Elle me veut, c'est pour ça qu'elle se met dans tous ses états. Les hormones...
Il se tut, alors qu'elle semblait avoir terminé ce nouveau sermon. Et apprit alors qu'elle s'appelait Caley. Effectivement, ça ne ressemble pas beaucoup à Flavia. A moins de changer pratiquement toutes les lettres et d'en supprimer une. Il décida de faire amende honorable, mais... à sa manière.
- Bonne femme, je ne vous ai pas manqué de respect, que je sache. Après tout, j'ai englouti votre repas sans faire de commentaires sur sa qualité. Et j'ai accepté votre cape sans rien dire alors qu'elle me gratte dans le dos. Du reste, j... mon... maître saura se montrer reconnaissant à notre arrivée à Eofel. Bien plus reconnaissant que vous ne sauriez l'imaginer. Il ne devrait pas y avoir de tension entre nous...
Il terminait de prononcer ces mots lorsqu'un craquement près d'eux le fit sursauter. Caley portait déjà la main sur son épée, Ascanio, quant à lui... eh bien, n'avait pas d'autre arme que la cape qu'elle lui avait prêtée. Il grimaça, agacé d'être ainsi démuni ; il n'était pas mauvais à l'épée. S'il avait été armé, il lui aurait montré, à cette furie, ce dont il était capable. Il avait gagné plus d'un duel dans la magnifique ville de Thaar. En revanche, il ne s'était jamais battu en forêt, encore moins dans un tel état de fatigue. Mais la question ne se posait guère, puisqu'il était désarmé...
Deux silhouettes commençaient à émerger d'entre les arbres. Des hommes. Des bandits. Impossible de savoir s'il y en avait d'autres dans le coin, mais une chose était sûre : Ascanio ne pouvait se permettre de laisser sa vie entre les mains d'une femme - du moins, pas cette fois. Le risque était trop grand. Alors il n'hésita pas.
Il prit ses jambes à son cou dans la direction opposée, s'enfonçant dans les bois, abandonnant Caley à son sort. Sa seule chance de survie résidait dans l'espoir égoïste que les bandits se contentent de la femme, et qu'il puisse mettre une large distance entre eux le temps qu'ils terminent leur besogne. La femme devrait leur suffire, après tout. A leur place je m'en serais bien contenté.
La fatigue, la douleur, mais aussi - et surtout - la peur altéraient tous ses sens. Il se précipitait dans la forêt accidentée, entre les arbres et les ronciers, le souffle court et ses pieds nus écorchés par les brindilles et les buissons. Dans sa course, il en perdit la cape ; il ne prit même pas le temps de s'en soucier et poursuivit son équipée, griffant sa peau nue dans les taillis et les sous-bois. Il entendit alors quelque chose se rapprocher dans son dos. Une forme lourde qui piétinait les ronces et que la broussaille n'arrêtait pas. La chose gagnait du terrain à une vitesse inquiétante. Il l'entendit aboyer. Un clébard. Les enfoirés ! L'animal lui sauta dessus, l'immobilisant au sol où il resta, hors d'haleine à cracher ses poumons.
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| | | Caley Aldaron
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Mer 7 Jan 2015 - 23:31 | |
| Kazadröm ne le savait pas encore, mais il était extrêmement chanceux. Avec ce qu’il venait de dire sur la générosité de Caley, la jeune femme allait lui écraser le poing au visage avec la certitude que le coup porté sera le plus satisfaisant qu’elle ait jamais donné de sa vie. Malheureusement pour elle et heureusement pour lui, leur prise de bec venait d’être interrompue par l’arrivée impromptue de deux bandits. Kazadröm en profita pour prendre les jambes à son cou dans ce qui entrera dans les annales comme la fuite la moins glorieuse de l’histoire de tout l’Ithri’Vaan. Dommage qu’il n’y ait que Caley et Una comme témoins, car tout ce que la jeune femme vit fut un homme nu portant seulement une cape, courant ventre à terre comme s’il avait un dragon à ses trousses, les pans de la cape battant furieusement au vent, dévoilant largement un derrière tombant. Caley aurait probablement éclaté de rire si cet homme ne l’avait pas lâchement abandonné aux mains de bandits prêts à la tuer pour ses quelques possessions.
Caley se concentra sur les voleurs. Ils étaient deux, mais la jeune femme avait confiance en ses aptitudes au combat.
— Votre compagnon vous a abandonnée, ma donzelle!
Les voleurs éclatèrent de rire, dévoilant des dentitions largement abimées. Ces hommes n’avaient probablement aucun domicile, vivant de ce qu’il arrivait à voler aux voyageurs imprudents qui croisaient leur route. Caley avait croisé des dizaines dans sa vie. Certains sont meilleurs que d’autres au combat, mais ils ne font généralement pas de redoutables adversaires. Dans ce cas précis, l’un d’eux attira son attention, mais pour les mauvaises raisons. Ses vêtements étaient usés, mais de qualité. Ils ressemblaient à un uniforme de garde avec un plastron d’armure qui avait connu des jours meilleurs. Il y avait deux possibilités : soit cet homme avait réussi à tuer un soldat et à voler ses vêtements, soit c’était un déserteur. La deuxième option semblait être la plus probable, juste à la façon dont il dégaina son arme pour se placer en position de combat. Caley avait vu ça des centaines de fois dans son enfance. Dans sa poitrine, son cœur bondit. Elle avait peur, mais elle ne devait pas le montrer. Elle serra fermement son arme dans sa main.
— Cet homme est un couard qui rencontrera son destin bien assez vite.
Caley devait abattre le déserteur en premier avant qu’il ne s’échauffe trop et retrouve ses réflexes de soldats. Elle fut la première à bondir dans un cri de rage qui stupéfia ses assaillants, une fraction de seconde qui tourna à son avantage. Le moins expérimenté des hommes tomba rapidement face contre terre, mort, laissant son compagnon en duel contre Caley. Comme elle l’avait deviné, cet homme savait se battre. Plusieurs raisons peuvent pousser un homme à fuir ses responsabilités et elle avait du mal à les condamner, car elle-même avait lâchement fui.
Au bout de quelques minutes de combats acharnés, son deuxième opposant alla rejoindre l’autre dans la mort. Caley resta pantelante pendant un moment. Elle était endolorie, plus épuisée que jamais et couverte de sang. Son bras gauche lui faisait mal. Elle remarqua alors la blessure que lui avait infligée l’ancien soldat. Le sang commençait à imbiber ses vêtements, mais elle ne pouvait pas s’en occuper maintenant.
— Je dois le retrouver… Cet idiot a encore ma cape!
La trace n’était pas trop difficile à suivre, mais c’est surtout ses couinements de détresse qui la mit sur la piste. Elle le retrouva un peu plus loin dans la forêt en train de se débattre sous un chien, probablement celui des voleurs. En quelques enjambées elle l’avait rejoint.
— Auriez-vous encore besoin de mon assistance?
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| | | Ascanio Vossula
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Jeu 8 Jan 2015 - 0:09 | |
| Quand on se retrouve en pleine forêt, les baloches à l'air et qu'un clébard vient de vous jeter au sol, on imagine difficilement s'en tirer à bon compte. Autant dire qu'Ascanio n'en menait pas large. Dans l'état de stress où il se trouvait, sa première pensée fut qu'il devait à tout prix éviter de se prendre un coup de dents dans les bourses. Au lieu de ça, la mâchoire du chien se referma sur son épaule gauche. Il n'en éprouva aucun soulagement, seulement une douleur lancinante. La morsure lui arracha un cri aigu.
Des bruits de pas résonnèrent entre les arbres. Rien qui puisse le réconforter ; c'était certainement l'un des bandits qui, laissant son comparse besogner Caley, venait voir ce que le chien avait attrapé. Belle prise, un prince à poil. Beau travail, Médor.
Quelle ne fut pas sa surprise d'entendre s'élever la voix de la jeune femme. Le choc fut tel qu'il en oublia presque que le chien essayer de le bouffer, poussant des grognements rageurs de sa gueule écumante de bave. Il en oubliait aussi le fait qu'il était tout nu. Autant le dire, il n'était vraiment pas présentable.
- J... je... aidez-moi !!! hurla-t-il, alors qu'il tentait de se dégager de l'animal.
L'effrayant grondement du chien résonna dans ses oreilles. L'animal sentait la menace que représentait Caley, et paraissait hésiter. Un instant qui suffit pour que les deux mains du prince l'empoignent à la gorge, et qu'Ascanio se mette à serrer de toutes ses forces.
- Saloperie !
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| | | Caley Aldaron
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Jeu 8 Jan 2015 - 2:59 | |
| Caley regarda l’homme se débattre sous le chien, une bête féroce, bien que squelettique. Elle était probablement couverte de tique et de puce, sans parler de la gale qui rongeait son pelage et sa peau. Malgré tout, ça ne semblait pas affecter sa détermination à vouloir ouvrir la gorge de l’homme qui se trouvait devant lui et qui tentait désespérément de se défaire de son emprise.
— Vous savez, vous m’avez laissé seul avec deux hommes armés!
Elle était fâchée et le temps qu’elle prenait à réagir était sa façon de punir cet homme pour son comportement peu reconnaissant. Évidemment, elle n’allait pas le laisser mourir, mais ça ne lui fera pas de tort d’avoir un peu peur pour ses fesses. Elle finit par percer le flanc du chien avec son épée qui mourut dans un glapissement de surprise. C’était bien Caley qui se tenait là bien vivante et sur ses deux jambes. Elle avait du sang sur elle, mais ce n’était pas le sien. Enfin, ce n’était pas seulement le sien. La blessure à son bras devait être soignée rapidement. Elle poussa la carcasse du chien avec son pied.
— Eh bien, ce chien m’a évité la tâche de vous traquer à travers les bois pendant des heures. Je me demande bien où vous seriez allé vêtu de la sorte!
Elle tendit la main pour l’aider à se relever.
— Debout, vous allez abimer ma cape.
Caley rangea son épée dans son fourreau et grimaça en portant la main à sa blessure. Ce n’était pas la première qu’elle recevait, mais ce n’était jamais plaisant. Elle savait se soigner, mais sans un peu d’aide, ce sera difficile.
— Il faut retourner à la clairière. Les hommes sont morts. Vous savez, l’un d’eux était, je pense, un déserteur? C’est lui qui m’a fait ça. Je dois me soigner, mais je ne pourrai pas le faire seul. Vous allez devoir m’aider. Après m’avoir laissée seule devant deux hommes armés, vous me devez au moins ça! Après tout, une fois de plus, je vous ai sauvé la vie!
Sans lui laisser le temps de répondre, Caley l’amena vers la clairière qui était à nouveau paisible après l’altercation. La seule ombre au tableau : le corps des deux hommes étendu dans l’herbe. Elle s’approcha pour les examiner. Ces hommes ne l’avaient pas eu facile. Ils n’avaient presque rien sur eux. Celui qu’elle pensait être un déserteur avait une bourse en cuir à la ceinture. Elle contenait quelques pièces. Ce n’était pas une fortune, mais c’était mieux que rien. Elle la soupesa, comme si elle hésitait, puis elle finit par la lancer au loin dans la clairière.
— C’est de l’argent probablement volé. Je ne peux pas le garder, il est taché de sang.
Elle se sentait obligée de se justifier, mais elle savait que Kazadröm devait s’en moquer éperdument. Au mieux il pensera qu’elle est folle. Il est probable qu’il le pense déjà. Elle alla chercher une des sacoches de la selle et la jeta sur le sol près du feu. Elle en tira un petit sac de lin qui contenait des herbes séchées ainsi qu’une sorte de petit bol en bois.
— Il faut écraser ces herbes et les mélanger avec de l’eau. On ira remplir les gourdes à la source, c’est sur notre chemin de toute façon.
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Jeu 8 Jan 2015 - 15:16 | |
| Le chien poussa un grognement et lâcha prise, soudain agité de spasmes. Ascanio se dégagea de la carcasse de l'animal, ignora la main tendue de Caley et se releva, l'air furieux. Son épaule saignait. Cette sale bête ne l'avait pas loupé.
- Votre cape, je l'ai paumée en courant jusque-là, expliqua-t-il en grognant, grimaçant de douleur à cause de la douleur. Elle doit s'être accrochée dans les buissons.
Ils la retrouveraient bien en revenant sur leurs pas. En attendant il ne semblait pas être plus gêné que ça d'être nu devant la jeune femme. Les derniers événements s'étaient si vite enchaînés dans le ridicule qu'il avait renoncé à toute dignité.
- Je, euh... je suis content que vous vous en soyez tirée, lança-t-il maladroitement. Je ne voulais pas vous laisser dans la merde, vous savez, c'est juste que je ne vous aurais pas été... d'un grand secours...
Mais elle l'avait déjà interrompu, apparemment pressée de retourner à la clairière où elle pourrait se soigner. Et me soigner moi, peut-être ? Si ça s'infecte, je suis mal loti... Ils retournèrent donc à la clairière, retrouvant au passage la cape, qu'Ascanio enfila autour de ses épaules. Le tissu était abîmé. Si ce n'est que ça, je lui en offrirais une à Eofel... en plus le tissu est de mauvaise qualité. Les deux hommes étaient morts, en effet. Ascanio n'aurait pas cru qu'elle en viendrait à bout seule. Il avait sous-estimé la donzelle. Je devrais avoir des femmes comme elle dans ma garde rapprochée, songea-t-il, imaginant une demi-douzaine de jolies dames en armures et armées jusqu'aux dents. Ce n'était pas un fantasme habituel chez lui, mais ça avait tout de même son charme.
- Vous savez, je n'ai jamais soigné personne... mais, euh, je ferais de mon mieux, ajouta-t-il avant qu'elle ne puisse lui jeter son regard réprobateur.
Et, pour faire preuve de bonne volonté, il ramassa l'une des gourdes pour aller la remplir à la source. Néanmoins, il prit soin, avant cela, d'enfiler au moins son pantalon. Si d'autres bandits survenaient, ça lui éviterait de courir une nouvelle fois les bourses au vent. Il se mit à marcher en direction de la source, puis s'interrompit. Il se retourna un instant vers elle.
- Merci, dit-il enfin.
Puis il s'en alla vers la source.
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Jeu 8 Jan 2015 - 23:00 | |
| Il était furieux, mais sur ce point ils étaient enfin à égalité. D’un autre côté, Caley en était au point où elle était trop fatiguée pour être réellement fâchée. Elle avait juste hâte que cette journée s’achève enfin pour qu’elle puisse dormir dans le lit confortable d’une auberge. Cette agréable perspective lui redonna du courage, mais ils avaient encore près d’une demi-journée de marche avant d’atteindre la ville. Caley décida que dès qu’ils seront soignés tous les deux, ils reprendront la route. Kazadröm devait avoir hâte de retrouver son petit confort lui aussi, donc il était inutile de traîner plus longtemps.
La cape fut retrouvée. Elle était malheureusement dans un triste état et Caley ne pourrait pas la réparer cette fois. La jeune femme se demanda si elle avait les moyens de s’en acheter une autre en sachant qu’elle devait avant tout payer le forgeron pour Una. Elle regrettait maintenant d’avoir jeté au loin l’argent des voleurs, mais elle n’ayant pas l’intention de passer au peigne fin la clairière, elle allait s’en passer. Voilà près de 10 ans qu’elle se débrouillait assez bien au vu des circonstances, elle trouvera le moyen de se procurer une nouvelle cape d’une façon ou d’une autre.
Kazadröm ne l’avait pas aidé, mais il avait raison en affirmant qu’il n’aurait pas été d’un grand secours. Elle avait d’autres armes à sa disposition, mais elle ne lui faisait pas suffisamment confiance pour lui mettre un objet tranchant entre les mains. Elle ne savait rien non plus de ses aptitudes au combat. Il pouvait tout aussi bien être nul au point d’être capable de se blesser lui-même! Caley se moquait de lui et lui trouvait une foule de défauts, mais il avait une bonne stature et un port altier naturel. Dans les circonstances actuelles, sa nudité était ridicule, mais il n’avait absolument pas à avoir honte de son corps. Il était sans contredit la personne la plus désagréable à avoir croisé son chemin depuis longtemps, mais c’était un bel homme dans l’ensemble.
— Je vous demande simplement de m’aider à nettoyer la blessure. Ces herbes vont aider à arrêter le saignement et à diminuer la douleur tout en prévenant la suppuration. Si vous préférez, je commencerai par vous.
Kazadröm s’éloigna alors en direction de la source. Juste avant de disparaître dans les bois, il se retourna vers Caley. Pour la première fois depuis le début, il daigna enfin la remercier et il semblait sincère en plus. La jeune femme haussa les sourcils et les traits de son visage de détendirent alors que l’ombre d’un sourire se dessinait sur ses lèvres.
— Vous n’êtes peut-être pas sans espoir malgré tout… Essayez de ne pas vous perdre en chemin!
Caley profita de son absence pour enlever sa tunique. Elle n’aimait pas l’idée de se déshabiller devant un inconnu, mais ça irait mieux pour se soigner. La rôdeuse n’était pas complètement nue. Sous sa tunique, une longue bandelette de tissus comprimait sa poitrine pour en cacher ses formes. C’était un artifice destiné à tromper les gens qu’elle rencontrait sur la route. Une femme voyageant en solitaire attirait l’attention, mais pas pour les bonnes raisons. C’est après avoir réchappé à une première agression dans les débuts de son errance qu’elle avait pris cette précaution.
Avec précaution, elle nettoya le sang de sa blessure, une coupure nette, mais heureusement pas aussi profonde qu’elle le pensait. Caley en gardera une cicatrice, mais ce n’était pas la première qu’elle avait. Sa peau pâle portait de nombreuses marques, certaines anciennes, d’autres plus récentes et chacune d’elles avait son histoire. Au bout d’un moment, elle leva la tête en direction de la forêt, surveillant le retour de Kazadröm et le moindre cri de détresse. Le nigaud était bien capable de se perdre malgré le fait que la source se trouvait qu’à quelques mètres seulement de la clairière.
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Sam 10 Jan 2015 - 17:16 | |
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Contre toute attente, Ascanio s'était paumé.
Il avait bien réussi à retrouver la source, et s'en était réjouit, puisqu'il commençait à prendre conscience des limites de son sens de l'orientation. Il avait donc rempli la gourde, puis il s'était assis quelques instants près de l'eau, reprenant son souffle. Il était épuisé. Epuisé de sa nuit alcoolisée, épuisé de cet éprouvant réveil, épuisé des remontrances de Caley, épuisé par sa course dans les bois et sa bagarre avec le clebs.
L'eau lui renvoya, de manière un peu floue, le reflet de son visage. Sale, parsemé de quelques coupures. Son torse nu était couvert de griffures, et son épaule était dans un triste état - d'après son propre jugement, lui qui n'avait que rarement souffert de blessures sérieuses. Il crut qu'il allait pleurer. Je suis défiguré, moi qui était si beau. Moi, le prince estimé, le fier aîné Vossula, l'homme le plus prometteur de Thaar. Le destin m'ouvrait grand les bras, me promettant de grandes choses, et soudain, je me retrouve isolé en pleine forêt, ma vie ne tenant qu'à l'aide inattendue d'une pouilleuse en armure... ah, mon visage, mon beau visage...
Il ne se laissa pas aller aux sanglots, même s'il était seul et que nul ne le saurait. Il devait demeurer fort. Ne pas se laisser abattre. Cette terrible épreuve ne fera que me renforcer. Les grands hommes traversent tous des moments difficiles. Celui-ci est pour moi. Il ne sera pas dit qu'un excès d'ivresse mettra à genoux Ascanio Vossula.
Il se releva, soudain en colère contre lui-même. J'ai fauté. Au nom des Cinq et de tous les putains d'autres dieux, comment puis-je ainsi renier mon nom pour sauver ma vie ? Je ne suis pas un bouseux. Mon nom n'est pas Kazadröm. Je voulais me protéger d'elle, mais je n'ai pas à rougir de qui je suis. Il résolut de révéler à Caley sa véritable identité, et souriait d'avance à l'idée de la voir pâlir, de la voir défaillir quand elle apprendrait qu'elle avait affaire à l'un des hommes les plus puissants qui soient... En plus, elle a vu ma bistouquette.
Seulement, il fallait la retrouver, Caley. Et il ne mit pas longtemps à comprendre que ça allait être compliqué. Par les sept vierges du bordel de Murca, je suis bien arrivé de par là, pourtant. Ces arbres se ressemblent tous, en même temps. Comment vais-je retrouver la route ? Ah, nom d'un eunnuque, me voilà bien !
- Caley ? appela-t-il. Caleeeeey ? Je crois bien que je me suis perdu, venez me chercher !
La route promettait d'être longue.
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Lun 12 Jan 2015 - 17:49 | |
| Pendant ce temps, Caley était toujours dans la clairière à nettoyer le sang de sa plaie tout en surveillant du coin de l’œil le retour attendu de Kazadröm. Le soleil brillait bien haut dans le ciel, mais d’ici peu il allait commencer sa lente descente vers l’horizon. Ils devaient partir rapidement, sinon ils devront passer la nuit dans la forêt et elle n’avait pas du tout envie de dormir en compagnie de cet homme. Elle avait cette impression déplaisante que quelque chose n’allait pas avec lui, comme s’il lui cachait un détail très important.
Mais voilà : il ne revint pas.
— Ce n’est pas vrai!? Grogna Caley en enfilant sa tunique tachée. Quelle mère a pu mettre au monde un enfant aussi empoté?
Elle s’approcha de la ligne formée par les arbres. À ce moment, elle crut entendre la voix étouffée de Kazadröm lui demandant de venir le chercher. Sans grande surprise, il s’était effectivement perdu dans les quelques mètres de forêt qui s’éparait la clairière de la source. Caley était maintenant convaincu qu’un enfant de 4 ans ferait mieux que cet homme. *Le monde entier ferait mieux que lui!* Pensa-t-elle en dégainant son épée. Elle avait maintenant de plus en plus envie de l’utiliser sur cet homme, mais elle allait se retenir. Cet homme devait être important pour quelqu’un et elle n’était pas une meurtrière. Caley n’utilisait cette épée que pour se défendre. *De toute façon, si l’idiotie devait être punissable de mort, les citées de ce monde se verrait amputée d’une grande partie de leur population.*
— Kazadröm, pour l’amour de toutes les divinités qui peuple ces cieux, comment avez-vous fait pour vous perdre sur une distance aussi restreinte!? Faites-moi plaisir et arrêter de bouger, mais continuer de me parler. Je vais me repérer au son de votre voix. Vous avez compris, Kazadröm?
Elle parlait fort, criant presque pour que sa voix porte au-delà du mur épais que formait les arbres. *S’il vous plaît, s’il y a quelqu’un qui m’entend là-haut, faites qu’il m’écoute ou je vous jure, je l’attache et m’assure de le garder à l’œil jusqu’à ce qu’il soit livré ficelé comme un poulet à son Altesse!* Caley devait l’admettre, c’était une forêt ancienne remplis de nombreux dangers et secrets gardés depuis des centaines d’années sous les branches tordus et sombres. Il fallait connaître l’endroit pour s’y diriger et distinguer les pâles sentiers dessinés par d’autres rôdeurs comme elle. |
| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Lun 12 Jan 2015 - 18:56 | |
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Après un temps passé à s'enfoncer aveuglément dans les bois comme si ça lui donnait une chance de retrouver la route - plutôt que de le perdre encore plus - Ascanio résolut, avec intelligence, de s'arrêter.
Il s'était enfoncé dans les futaies, et l'atmosphère du sous-bois donnait l'impression qu'il faisait nuit. L'endroit était touffu, et les branches de rameaux griffaient son torse nu. Il resta planté là, proie idéale pour quelque bête sauvage ou pour un autre charognard qui visiterait le coin. Encore une fois, son sort dépendait complètement de Caley. Mais il commençait à se faire à l'idée qu'il dépendait de cette femme. C'était devenu, en l'espace de très peu de temps, une habitude. Il avait d'abord détesté son ton autoritaire et ce regard réprobateur qu'elle lui jetait parfois, et pourtant, rien ne lui ferait plus plaisir à présent que de voir apparaître son visage. Rien, sauf peut-être le confort d'un de ses palais. Quoique... il se demanda ce qu'il ferait, une fois rentré, et quelle impression lui laisserait la jeune femme au moment de se quitter. La regretterait-il, ou reprendrait-il rapidement le cours normal de son existence ? Je pourrais en faire l'une de mes maîtresses, et l'entretenir à Thaar. Bien sûr, il faudra qu'elle se lave d'abord, je ne supporte pas son odeur de vagabonde itinérante. Mais, une fois lavée, propre et nette, et débarrassée de ces vêtements d'homme...
La voix de Caley résonna enfin, le tirant de ses pensées. Un sourire étira ses lèvres, et il appela en retour pour mieux la guider. Lorsque enfin elle apparut devant lui, il accourut auprès d'elle.
- J'ai rempli la gourde, lança-t-il avec un sourire triomphant. Puis, se souvenant d'un détail fâcheux, il ajouta, un brin moins fier : mais comme j'avais chaud entre les arbres, j'ai tout bu pendant que je vous attendais. Nous devrions retourner à la source...
Il supporta en silence les remontrances de Caley, puis tous deux regagnèrent ladite source, où Ascanio re-remplit la gourde. Après quoi, de retour au campement, ils purent enfin entreprendre de soigner leurs vilaines blessures. Désireux de se montrer utile, Ascanio entendait bien porter assistance à la jeune femme, aussi maladroit fut-il.
- Commençons par vous soigner vous, Caley. Je souffrirais bien quelques instants supplémentaires. Ôtez vos vêtements, ce sera plus simple.
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Mer 14 Jan 2015 - 17:53 | |
| Caley n’était pas ainsi avec Kazadröm par méchanceté, mais plutôt parce qu’elle était effarée par le peu de bon sens qu’il avait dans pareil situation. Peut-être était-ce dû au manque de sommeil apparent, mais la jeune femme avait l’impression d’être devant un homme qui n’avait jamais eu à se débrouiller seul avant aujourd’hui. Maintenant qu’il devait assurer lui-même sa propre survie, il était démuni comme un enfant et montrait clairement qu’il ne savait pas ce qu’il faisait. Heureusement pour lui, Caley était là pour réparer ses multiples bêtises, mais elle espérait que l’homme profite de ce moment pour en apprendre un peu plus sur la survie en forêt. Après tout, on ne sait jamais ce qui peut nous arriver et quelques notions de débrouillardise sont toujours les bienvenues.
La voix de Kazadröm lui parvint étouffée. Il lui promit de rester là où il était et alors qu’il continuait de parler, Caley s’enfonça dans les bois à la recherche de l’homme. Elle le retrouva rapidement et l’expression sur son visage montrait clairement qu’il était soulagé de la voir. Piteusement, il avoua avoir rempli la gourde, mais une soif intense pendant son égarement l’obligea à la vider entièrement de son contenu.
— Je ne crois pas que plus de 30 minutes se soient écoulé depuis que vous êtes parti à la source. Dit-elle sur son ton sévère.
Elle porta la main au front de Kazadröm et l’examina brièvement avec une lueur d’inquiétude dans les yeux. Non, elle ne lui faisait pas de remontrances pour une fois.
— Vous êtes peut-être déshydraté. Prenez soin de boire beaucoup d’eau. Nous repasserons à la source s’il le faut lorsque nous quitterons la clairière. Le soleil a atteint son apogée. Si nous trainons plus longtemps, il faudra passer la nuit dans la forêt et j’imagine que des gens vous attendent en ville. Dès que les blessures seront soignées, nous partirons. Ce soir, vous passerez la nuit dans votre lit, je vous le promets.
Caley profita du passage à la source pour tenter d’instruire Kazadröm sur quelques notions de base d’orientation en forêt. Il est plus que probable que l’homme ne l’écoutait pas, mais elle lui dit qu’un autre aventure comme celle qui l’avait mené seul sur la route pourrait se reproduire et qu’elle ne sera pas toujours là pour le guider jusqu’à bon port. Elle insista sur l’importance de bien observer son environnement et d’être attentif à ses particularités. Des éléments du paysage pouvaient servir de point de repère pour s’orienter. Il pouvait aussi marquer les arbres en chemin, mais il fallait être prudent avec cette méthode, car cela pourrait indiquer notre route à d’autres.
De retour à la clairière, tout était paisible. Una se reposait à l’ombre des arbres, somnolente. Kazadröm se proposa de soigner Caley en premier. Tout était déjà prêt, il ne suffisait qu’à ajouter un peu d’eau et à appliquer la mixture d’herbes odorantes sur la blessure. Évidemment, lui aussi en était venu à la conclusion qu’il serait plus facile de la soigner si elle retirait ses vêtements. Elle se répugnait à enlever sa tunique devant cet homme. D’un autre côté, ne l’avait-elle pas vu dans son plus simple appareil? Lentement, elle retira sa tunique, dévoilant son torse caché de bandelettes écrasant sa poitrine. Elle portait toujours ses pantalons et, en fait, rien n’était dévoilé hormis un peu plus de peau. Sa tunique ample dissimulait ses courbes féminines que les bandelettes n’arrivaient pas à écraser maintenant. C’était un rituel contraignant qu’elle s’imposait à chaque jour. Caley n’avait pas une forte constitution, mais elle était musclée, peut-être plus musclé que les femmes que fréquentait normalement Kazadröm. Sans sa tunique, Caley semblait incroyablement plus vulnérable, comme si elle avait retiré son armure alors que ce n’était qu’un bout de tissus usé.
— Il faut terminer de nettoyer la plaie. Les herbes vont aider à la cicatrisation.
Ensuite, Caley lui montra comment faire tout en surveillant le moindre geste déplacé de sa part. Qu’il essai pour voir et la jeune femme l’ouvrira du nombril jusqu’au menton avec son épée…
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| | | Ascanio Vossula
Ancien
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Ven 16 Jan 2015 - 12:53 | |
| Toute à son dépit, sa colère et sa fierté de femme blessée, Ascanio s'imaginait essuyer une nouvelle rebuffade. Mais Caley ne dit rien. Elle retira sa tunique avec un naturel inattendu - du moins le prince n'était-il pas capable de remarquer sa répulsion. Il suffoqua presque ; lorsqu'elle portait encore cette tunique qui comprimait ses formes Caley ne l'attirait guère. Un homme qui ne manque jamais de la meilleure des compagnies à Thaar peut se montrer difficile. Mais ici, ils étaient seuls et une espèce d'intimité s'était peu à peu installée. Ce sentiment était déjà palpable depuis qu'ils étaient retournés à la source, et après tout, il ne lui avait rien caché. La découvrir à présent, dans sa féminité naturelle, ces formes s'affirmant au grand jour presque avec fierté... il sentit une once de désir qui commençait déjà à le brûler de l'intérieur. Un désir entretenu par ce mélange de répugnance et de mépris qu'il lui inspirait. Et la découvrir si vulnérable, elle qui était si forte, accentuait la chose.
Mais le regard de défi qu'elle lui jeta le dissuada de tenter un contact physique déplacé pour l'instant. L'occasion était pourtant tentante. D'une main légèrement tremblante, il l'aida à se soigner, devinant sans directement les regarder ses deux seins fermes, toujours dissimulés par les bandelettes. Même pour une femme nomade, vivant d'aventures et rompue au combat, elle avait cette peau douce qu'il affectionnait tant chez les filles du bordel de Murca. Il s'affola presque, craignant de prendre goût à ce corps abstrait, imparfait mais désirable, et qui pourtant lui restait interdit. Et les dieux savent qu'on avait interdit bien peu de choses à Ascanio au cours de sa vie.
- Je... vous... je...
Il cherchait quelque chose à dire, pour ne plus avoir la bouche sèche, pour crever l'abcès, ou simplement pour penser à autre chose qu'à sa queue raidie qui cherchait à évacuer toutes les frustrations que ce jour de malheur lui avait apportées. Mais il ne trouva rien. Puis il voulut trouver une manière digne d'exprimer sa reconnaissance. Il ne trouva rien non plus, jugeant que seuls les gens simples pouvaient tout exprimer par des mots simples. Et il n'était pas un homme simple. Alors il en vint à parler d'argent, puisque c'était là l'une des rares choses qu'il connaissait et possédait en abondance.
- Je vous couvrirais d'une montagne d'or pour m'être venue en aide, Caley. Vous n'aurez plus besoin de voyager constamment pour survivre. Vous ne manquerez de rien, jusqu'à la fin de vos jours. Les Vossula sont puissants, mais avant tout, ils savent être généreux.
Le genre de promesse qu'un homme souffrant de gueule de bois fait au moment qu'il croit être le pire de toute son existence - et qu'il pourrait fort bien oublier par la suite. Mais au-delà de ça, Ascanio n'imaginait pas une seconde que la jeune femme puisse se désintéresser de sa vie de nanti, et n'aspire pas à la fainéantise éternelle tel un de ces princes-marchands obèses n'ayant même plus la force de se lever de leur pile de coussins d'or.
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| | | Caley Aldaron
Humain
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Ven 16 Jan 2015 - 17:57 | |
| Caley ne s’était jamais imaginé qu’elle puisse être attirante aux yeux des hommes. Certes, elle se trouvait jolie et savait que la nature l’avait dotée d’attributs qui manquaient chez d’autres femmes, mais il ne lui ait jamais venu à l’esprit qu’elle puisse hanter les pensées d’un homme pour ce qu’elle est et non pas seulement parce qu’elle est une femme. Elle croit que les hommes peuvent éprouver du désir pour elle seulement parce qu’elle est une femme et qu’elle pourrait être borgne avec le visage informe que cela ne changerait rien du tout. Ça montre ici la haute opinion qu’elle peut avoir pour la gente masculine dont les réflexions sont influencés par cette chose qu’ils ont entre les deux jambes. Pourtant, Caley avait vu suffisamment de femmes au corps ravagé par de multiples grossesses, debout au milieu de leurs progénitures turbulentes, pour en conclure que les hommes sont prêts à fermer les yeux s’il le faut à condition qu’ils aient accès à des cuisses bien chaudes pour les accueillir…
Toutes ces années d’errances n’avaient en rien adoucie son amertume, mais voilà que la nature est plus traitresse que tout. Se cacher aux regards des hommes était une chose, mais faire taire le désir en était une autre. Kazadröm faisait preuve d’une étonnante douceur en la soignant. Caley lui jetait des regards obliques, surveillant ses gestes avec la vigilance du faucon à la chasse. Ils étaient très prêt l’un de l’autre et une intimité forcée c’était installé entre eux. Finalement, plus personne ne parla rendant la chose plus inconfortable encore. Caley avait fait claquer les mots à plus d’une reprise depuis cette rencontre hasardeuse sur la route, mais voilà qu’elle ne savait plus quoi dire. Le silence était dur à porter, surtout pour Kazadröm qui finit par parler. La jeune femme tressaillit et releva doucement la tête pour le regarder.
Pour les gens normaux, cette promesse de richesse était salvatrice. Tous aiment l’or. Tous recherchent la sécurité pour leurs vieux jours, pour leurs enfants et petits-enfants à venir, mais pas Caley.
— Vous devez être très important pour les Vossula pour faire une telle promesse en leur nom. Souffla Caley, le regardant toujours dans les yeux.
Elle resta silencieuse un moment, puis répondit enfin.
— Je ne veux pas d’or. L’or n’achète pas la paix d’esprit et c’est ce que je recherche. Je pourrai accepter, mais mes yeux seront toujours fixer sur la route. Je finirais par partir en laissant tout derrière pour la retrouver jusqu’à ce que j’atteigne enfin mon but. Ça, vous ne pouvez pas me l’offrir. Caley se retourna pour lui faire face. Son regard se posa sur l’épaule blessée de Kazadröm.
— C’est à mon tour de vous soigner. Ne bougez pas, ça ne sera pas long…
Caley posa la main pour le bras de Kazadröm pour l’empêcher de bouger. Elle réalisa avec une certaine surprise que sous sa main se trouvait un bras puissant, celui d’un guerrier accomplit. Cet homme était décidément plein de surprise. Avec beaucoup de douceur, elle nettoya la morsure qui déchirait son épaule. Les marques de dents étaient clairement visibles. Heureusement, il ne devrait pas garder de séquelles, mais Caley se sentait coupable d’avoir attendu avant d’abattre l’animal.
— Je vous demande pardon… Hum… J’étais en colère contre vous. Je n’aurai pas dû attendre avant de tuer ce chien. Cela vous aurait épargné une blessure. Vous pourrez toujours raconter comment vous avez survécu à l’attaque d’un loup féroce et comment vous l’avez mis à mort sans aucune arme que vos mains. Les dames en seront certainement impressionnées. Dit-elle avec l’ombre d’un sourire dans la voix.
Sa main abandonna l’épaule meurtrie pour le torse couvert d’égratignures. Peu à peu, les derniers relents d’urine et de vomis furent remplacés par une odeur plus agréable d’herbes médicinales. Son esprit continuait à trouver cet homme répugnant et empoté, mais son corps réagissait d’une drôle de façon. Caley finit par retirer sa main comme si elle venait de se bruler contre quelque chose.
— Voilà, ça devrait suffire maintenant. Dit-elle en détournant le regard. Nous pouvons nous préparer à partir… |
| | | Ascanio Vossula
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| Sujet: Re: Soif d'aventure [Caley] Sam 17 Jan 2015 - 0:10 | |
|
Ascanio n'avait jamais imaginé qu'on puisse refuser un tel cadeau. S'il proposait à un des innombrables mendiants qui jonchaient les bas-quartiers de Thaar de devenir un homme riche, il était certain qu'aucun ne refuserait. Cela dit, il n'avait jamais essayé.
La paix d'esprit, disait-elle rechercher. La paix d'esprit. Ascanio n'avait aucune foutue idée de ce que cela voulait dire. Elle non plus à mon avis, c'est sans doute pour ça qu'elle la recherche. Voilà bien une idée de femme. A vrai dire, la réponse de Caley l'avait un peu froissé. Il se sentait déchu. Il avait imaginé faire d'elle sa débitrice, lui faire rêver monts et merveilles et ainsi lui faire oublier cette image quelque peu... terne qu'elle avait de lui. Mais il n'en était rien. La donzelle ne voulait rien de lui.
Il ne dit mot lorsqu'elle nettoya sa blessure. Il ne parla pas davantage lorsqu'elle s'excusa à son tour. Il songea un instant à l'idée plaisante de présenter son épaule meurtrie comme le symbole de son courage ; certes cela ferait une belle histoire à raconter à tous les naïfs de Thaar ou d'Eofel. Mais lui, il savait la triste vérité. J'ai manqué de me faire bouffer par un chien malade et déjà à moitié cané. Et elle aussi, elle savait.
Un silence gêné s'ensuivit, puisqu'il avait décidé de se taire et qu'elle semblait avoir épuisé son quota de paroles. Il était, en effet, grand temps de partir et ils n'avaient que trop traîné.
- Eh bien, allons-y, dit-il enfin.
Il couvrit son torse en renfilant ses guenilles déchirées, lesquelles n'étaient pas encore totalement sèches mais suffisamment pour que cela soit supportable. Du moins Ascanio ne s'en souciait-il plus. Il n'avait qu'une envie, c'était de rentrer à Eofel le plus tôt possible.
- Autant vous le dire, puisque l'argent ne vous intéresse pas, lâcha-t-il soudain après avoir fait quelques pas. Mon nom n'est pas Kazadröm. Je crois que c'est celui d'un nain que j'avais un jour rencontré ivre mort dans une taverne... mon nom est...
Ascanio Vossula, fils de Tiberio Vossula, Prince-Héritier d'Eofel et de Feldorn, Seigneur de la Soie, Grand Vainqueur de la Mérelle d'Ys, Doyen Honoraire de la Confrérie des Plaisirs de Thaar et Doyen Honoraire des Débits de Boisson...
- Ascanio. Je m'appelle Ascanio. Juste Ascanio.
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