Ranaghar Medel'hel
Drow
Nombre de messages : 672 Âge : 35 Date d'inscription : 26/03/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 857 Taille : Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Ranaghar le Doebien... Ou l'éprouvant rituel qu'est le déménagement. Sam 11 Avr 2015 - 7:13 | |
| Tout changement provoque le chaos, un chaos préjudiciable à celui qui pratique la magie, dès lors que ce dernier dure, car si le mage génère du chaos dans l'ordre, ce dernier, maîtrisé, ne dure qu'un instant ou bien n'a vocation qu'à créer un nouvel ordre en toute chose, mais si celui-ci dure et s'installe, l'esprit ou la vie du mage est menacée par sa création désordonnée qui n'a vocation qu'à se normaliser à tout prix et sous toute forme, car telle est la volonté des dieux.
Et par les dieux, ce déménagement avait été semblable à la pratique de la magie… Un long rituel, très long rituel des plus pénibles et éprouvant, exigeant à tout point de vue. C'était une volonté de changement générant ce fameux chaos dans son existence… Ses habitudes, son rythme de vie, tout cela bouleversé par la nécessité devenue souveraine, dictant sa loi, dans ce projet.
En premier lieu, il lui fallait trouver la bonne pierre, car toutes ne conviennent évidemment pas, il faut fouiller, arpenter les voies et examiner les différents spécimens afin de trouver celle qui possédera des propriétés intéressantes, une base correcte en vue de la taille, sans défaut qui ne saurait être corriger par de la volonté et beaucoup de sueurs.
Ainsi arpenta t-il Sol'Dorn, examinant longuement les différentes enseignes dont il pouvait se permettre de faire l'acquisition, sa localisation importait peu, sinon qu'elle devait se trouver dans les quartiers marchands, évidemment, ce qui attirait le plus l'attention du Façonneur, c'était la disposition interne… Car oui, il avait pas juste besoin d'un vulgaire comptoir, d'une arrière boutique et d'un logis à l'étage, c’eut été bien trop simple ! Lui, il avait besoin d'un atelier pour étudier ainsi et surtout qu'un lieu pour stocker l'immense étendue de son savoir, accumulé et disposé sur les parchemins, et dont il n'avait absolument aucune intention de se séparer, non, non, non.
Heureusement, mais non sans en avoir baver, mais surtout parce qu'il avait par bonheur les moyens de ses exigences, dut-il repartir de presque rien une fois la transition faite – il trouverait bien un mécène temporaire parmi ces excentriques princes marchands thaari, si les ressources venaient réellement à manquer -, il n'attendit pas lorsqu'il tomba sur la perle rare et ainsi se fut-il débarrassé de la première étape, qui annonçait pour lui une éprouvante labeur, assurément… Mais c'était fait, il pouvait maintenant passer à la suite.
Maintenant qu'il avait trouvé sa pierre, le réceptacle brute de son Art, dans lequel, finalement, il tisserait l'ordre à sa convenance, imitant à une moindre échelle les travaux divins sur le monde, il lui fallait encore la tailler, la façonner, en effacer les défauts et imperfections, en renforcer les qualités.
L'aménagement et les travaux nécessaires à l'occupation et l'exploitation des lieux… De l'installation des étagères qui porteraient son savoir à la fabrication et au remplacement de l'ensemble des portes par ses fameuses portes à deux poignets sécurisées – qui ne manquèrent pas de faire hausser les sourcils à l'artisan, mais il ne posa pas de question autre que technique, ayant pu détailler son client, son comportement et son assistant… Il y avait un mystère trop gros pour sa propre portée, surtout si il voulait préserver sa santé mentale, aussi décida t-il de faire sans chercher plus loin dans le cheminement du sombre –, l'aménagement et la décoration de l'atelier, du comptoir, du logis… Et tout un tas d'autres choses tenant de la nécessité ou du détail propre à l'artisan joaillier ou du mage, sur la supervision du Façonneur.
Et c'est là que commença à s'insinuer la peur de la folie… Ce déménagement exigeait tant de lui, provoquant un bouleversement tel qu'il ne pouvait plus pratiquer aucune de ses activités, tant la distance séparant les deux lieux empêchaient le suivi des deux… Et parce qu'il ne pouvait plus se concentrer sur autre chose que ces foutus préparatifs, il ne pouvait nourrir son Addiction propre, tout du moins dans le domaine qu'il préférait… Il dut se rabaisser à la normalité… Apprendre des choses sans intérêt aucun, sur cette ville, sur ces habitants ou sur son histoire… Bon, dans le tas, y avait des choses intéressantes, il ne pouvait le nier, mais par les dieux, la quantité de futilités qu'il dut absorber et recracher sur le champ dépassait l'entendement !
A présent que la pierre était prête, il fallait au mage rompre l'ordre dans l'ancien monde, y instauré le chaos nécessaire pour manipuler cette environnement à sa guise et le préparer pour son passage vers le prochain que représentait la pierre nouvellement façonnée.
Quand tout ceci fut achevé donc, ou en passe de l'être, s’enchaîna l'étape suivante, peut-être plus éprouvante encore, tout du moins physiquement, que les autres, car ouais, c'est bien beau d'avoir un écrin satisfaisant pour ses Arts, mais maintenant, il fallait ramener l'ensemble de ses affaires, et tout particulièrement les siècles d'études, de théories et de recherches personnelles comme les nombreuses, très nombreuses copies faites… Et pour les ramener, il fallait les ranger, les mettre en boite avec une infinie précaution… Bref, des heures et des heures à mettre sous coffre des tas et des tas de papiers, fermé le coffre, scellé magiquement le coffre, le mettre de côté, faire le suivant… Cela avait été plus simple, assurément, lorsqu'il avait attaqué ses vêtements ou même son matériel de joaillier, cela ne demandait pas la même minutie et après s'être occupé de l'ensemble de son savoir, tout lui paraissait si simple… Mais il devait accepter de voir sa demeure, sa boutique transformer, le lieu à vivre était désormais un lieu de stockage pour coffres empilés dans lequel il avait parfois du mal à circuler, et qu'il était incapable de reconnaître.
Ne resta plus qu'à, sous escorte, transférer cette ensemble vers sa nouvelle demeure, et une fois ce dernier éprouvant voyage achevé, le plus dur, finalement, étant encore devant lui, surtout que la fatigue s'accumulant, la tâche se devait d'être plus ardue encore.
Le chaos ainsi instauré dans la nouvelle pierre, le mage doit y modeler, y tisser l'ordre selon sa volonté et la nécessité qu'exige la fonction de cette création… En gros, après avoir mis un désordre pas possible, après avoir du ranger des tonnes de trucs et de papiers, et face à la montagne de coffres sous ses yeux, il allait devoir… ranger. Des jours, des années même, si on lui avait demandé son avis, c'était le temps qu'avait prit ce rituel, ce foutu rituel ! Il avait eu l'impression de vieillir tant ses muscles maigrichons hurlaient de douleur aux moindres mouvements… Par les dieux, qu'il eut voulu être une de ces brutes sans cervelle qui n'ont guère besoin de déplacer avec eux plus qu'une arme et une éventuellement monture… Et ces même dieux soient maudits d'avoir suscité chez lui une pensée aussi dégradantes !
Mais enfin… Oui, enfin, c'était achevé… Huit siècles d'existences et d'études finalement déménagés ! Une promesse toutefois à lui-même, quoiqu'il devait arriver, il ne recommencerait plus ! Ça n'est pas pour les gens de son espèce que de bouger, les êtres de sa trempe accumulent bien trop de choses matérielles, si seulement les dieux lui avaient permis d'accueillir et de rendre accessible tout ce savoir dans sa seule caboche, sa vie eut été plus simple.
A présent, et après s'être offert des journées d'un repos salutaire, même si il trouva cela insuffisant, il ouvrit boutique, et c'est ainsi que s'entama un nouveau chapitre… Ranaghar était Doebien ! |
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