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| Un conseil pour prendre position | |
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Anorn
Ancien
Nombre de messages : 671 Âge : 28 Date d'inscription : 18/06/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 1201 ans Taille : 1m93 Niveau Magique : Archimage.
| Sujet: Un conseil pour prendre position Ven 17 Juil 2015 - 16:34 | |
| Oglicos de la quatrième ennéade de Barkios Huitième année du onzième cycle. Debout devant la fenêtre de sa chambre, Anorn réfléchissait. C'était aujourd'hui que les protecteurs devaient se présenter au palais pour un conseil d'urgence. Il leur avait envoyé une missive deux ennéades auparavant, et il attendait beaucoup de cette réunion. Il se devait tout d'abord de rétablir une certaine ligne de conduite, notamment en ce qui concernait les relations entre les Cités et les Noss, et exposer clairement ses décisions en ce qui concernait le front. Jusque là, il avait plus imposé des décisions que réellement débattu du rôle qu'ils devaient tenir durant cet événement. Alors, quand il avait reçu la lettre d'Halyalindë, il avait jugé nécessaire de faire un point sur cela. Et ce le plus rapidement possible. Il était vrai qu'il avait souvent pris le temps d'organiser ces choses, qu'il n'avait que très peu réuni des conseils exceptionnel. Sûrement parce qu'il n'y avait pas lieu. Il avait tellement peu coutume de ce genre de chose qu'il n'y avait pas pensé au premier abord. Il avait seulement distribué des ordres, clairs et concis, mais n'avait jamais jugé utile de délivrer une quelconque explication. Pourquoi expliquer quelque chose qui tombait sous le sens ? Une décision qui paraissait totalement utile et nécessaire devait-elle être accompagnée d'éclaircissement ? Très certainement, puisqu'il avait remarqué quelques variantes sur les applications de ces dits ordres. L'elfe ferma un instant les yeux et inspira profondément. Cette journée s'annonçait longue. Très longue. Il était entrain de faire le vide dans son esprit lorsqu'il la sentit. Débordante d'énergie, elle entra dans sa chambre le sourire aux lèvres. Sa présence avait toujours eu pour effet de le grandir légèrement. Chaque fois qu'il la voyait, il ne pouvait que se féliciter d'avoir épousé une elfe si belle. Son épouse était magnifique, cela ne pouvait être autrement. Personne ne pouvait le nier. Seulement, ce sentiment durait rarement plus d'une minute. Parce qu'après cela, il se rappelait combien il pensait s'être trompé en la prenant comme femme. Le doute revenait le ronger plus fortement encore, et son cœur se serrait un peu plus. Il savait qu'elle ne méritait pas cela, qu'elle ne méritait pas un mari qui n'était plus certain de l'aimer. Sauf qu'il ne pouvait se résoudre à la quitter. Elle avait toujours été là, dans sa vie. Elle avait été là dans les pires moments, et l'éloigner dans les meilleurs serait extrêmement cruel. - Que se passe-t-il, nín bereth ? - Figure toi que je viens d'apprendre une très bonne nouvelle ! Ma sœur est à nouveau enceinte ! Elle pense que ce sera un enfant de l'hiver, n'est-ce pas merveilleux ?Dans sa voix, transpirait le ravissement. Si elle avait pu pleurer, elle l'aurait certainement fait. Un sourire fendit les lèvres d'Anorn, et sa main vint serrer celle de son épouse. Un enfant de plus, dans sa propre famille qui plus est, était purement et simplement un nouveau cadeau de Kÿria. - C'est merveilleux. Je ne sais pas quoi dire d'autre, les mots me manquent, comme chaque fois. Je n'ai malheureusement pas le temps de me réjouir d'avantage aujourd'hui, mais transmets leur plus sincères vœux de bonheur, et ma joie immense quant à l'agrandissement de notre famille. L'elfe déposa un baiser sur le dos de sa main et sortit de sa chambre. D'un pas assuré, il se dirigea vers l'antichambre avant la salle de réunion. Comme prévu, il y retrouva Aldartha. On l'avait fait monter ici en raison du conseil qui allait avoir lieu. Non pas qu'il était prévu qu'il y a participe, mais Anorn avait besoin de lui, de sa présence, de ses conseils. Si cela c'était passé autrement, si tout avait été différent, ils auraient été deux à la tête de cette terre. Il n'en doutait pas une seconde. Alors, pourquoi l'éloigner ? Pourquoi ne pas le faire participer, autant que cela était possible ? Certes, personne, ou presque, n'était au courant de l'existence d'Aldartha, mais peu importait, puisqu'en réalité, il dirigeait autant qu'Anorn. Quand il le vit, il eut un pincement au cœur. Assis dans un fauteuil, son regard était vide, perdu dans les tréfonds de son esprit. Son dos était voûté, et ses doigts, plus maigres les uns que les autres, reposaient d'une façon étrange sur ses genoux. Cependant, il put voir une lumière s'allumer au fond de son regard lorsqu'il prononça son nom. Peut-être n'était-ce qu'une illusion, mais il eut l'impression qu'il se redressait légèrement, que son torse se bombait un peu. Le Seigneur Protecteur tira une chaise, et s'assit face à lui. Il attrapa une de ses mains, et constata avec soulagement qu'il la serrait encore, comme chaque fois qu'il venait lui rendre visite. - Aujourd'hui, nous recevons dans nos murs les protecteurs de nos terres. Cela faisait bien longtemps que je ne les avais pas vu, et je ne comptais pas les revoir si rapidement. Seulement, je crois qu'il est urgent pour nous de nous réunir, afin de discuter de la politique à adopter quant au Front, et quant aux noss. Je n'ai fait que donner des ordres, jusqu'à présent, et je pense qu'il est, aujourd'hui, en mon devoir de donner des explications. J'aimerais que tu restes ici, durant notre réunion. J'aimerais que tu écoutes ce qu'il s'y dit. Tu sais que si je pouvais, je t'y ferais participer. Mais je ne peux pas. Alors je t'en prie, écoute, et tires-en des conclusions. Je sais pertinemment que tu n'entends pas les mêmes choses que moi, alors, quand tout ceci sera fini, nous en reparlerons. Cela te convient ? Un râle s'échappa de ses lèvres, et sa main serra la sienne. Ses iris bougèrent lentement, jusqu'à rencontrer ceux d'Anorn. Pendant un court instant, il se sentit aspiré au plus profond de son âme. L'émeraude l'avait capturé. Quand le contact fut rompu, un franc sourire était apparu sur son visage. Le second de la journée. Et Kÿria savait combien il était dur de le faire sourire. Cela annonçait sans aucun doute une bonne journée. Avant de quitter l'antichambre, il posa ses lèvres sur son front, et le serra contre lui. Sa présence lui faisait toujours du bien. Et le savoir non loin de lui le rassurait. *** Un par un, ils avaient franchi les portes de sa demeure. Un par un, ils s'étaient installés dans les fauteuils disposés autour de la table. Lui était resté debout, et après un léger silence, il prit la parole : - Im gelir ceni ad lîn, Berian. Merci d'avoir répondu à mon appel, il était important que vous soyez tous ici aujourd'hui. Nous avons à parler. Après ces rapides salutations, il s'assit et invita ses invités à se servir à boire. La réunion risquait d'être longue, et assez éprouvante. Anorn n'avait aucune idée de la façon dont ses directives seraient accueillies. Il avait déjà sa petite idée quant à ce qu'il allait dire sur les Noss, mais en ce qui concernait le Front, rien n'était moins sûr. - Si je vous ai fait venir aujourd'hui, c'est d'abord et avant tout pour discuter du Front. Vous n'êtes pas sans savoir qu'en cet instant, nombre de nos frères donnent leur vie pour protéger l'Oeuvre. Vous n'êtes pas sans savoir que les Terres d'Ardamir sont les premières Terres à souffrir de cet assaut. Jusqu'à présent, nous avons envoyé des vivres. Seulement, ces vivres s'avèrent être bien peu. Ainsi ai-je pris la décision suivante : nous nous devons de nous impliquer plus encore dans la défense de l'Oeuvre de la Déesse Mère. Sur ce point, je suis certain qu'aucun d'entre vous ne me contredira. Vous allez sans doute me demander comment. Ce à quoi je répondrai : en augmentant le nombre de vivres que nous expédions. En envoyant des escortes de soldats, pour ramener ici, dans nos Terres, des réfugiés. Nous sommes assez loin du Front pour ne pas en subir les conséquences directes, et je pense qu'il est de notre devoir d'accueillir nos frères qui ont perdu leur terre. Nous avons la place nécessaire pour les loger, et s'ils arriveront sans doute tous ici même, ils seront ensuite renvoyés équitablement dans chaque Protectorats. Il vous faudra donc dès à présent leur trouver de la place. Je pense que nous récupérerons essentiellement des elfes des Cités, il serait étonnant que nous voyions des elfes des Noss arriver. Cependant, je vous demande d'être prêts à les accueillir, si jamais cela venait à se produire. Le Seigneur Protecteur fit une pause, attendant sans doute une contestation quelconque. Mais rien ne vint. Il put seulement apprécier une moue de mécontentement de la part du Protecteur de Carrobrelian, rien de plus, rien de moins. - Je vous en remercie d'avance, reprit-il. Notre peuple passe avant tout, mes frères. Nous ne pouvons pas le laisser derrière nous. Nous nous devons de l'aider, peu importe ce qui lui arrive. Peu importe ce qui nous arrive. Les Sylvains sont ceux pour qui nous nous battons. Ils sont ceux pour qui nous faisons ce que nous faisons. Ils nous ont choisi pour les représenter. Nous avons donc le devoir d'agir pour leur bien. Ne l'oubliez pas. A chaque réunion, il le leur rappelait. A chaque réunion, il avait droit à des acquiescements légers de la tête. - Lorsque vous repartirez chacun dans vôtre Cité, je vous demanderai donc de m'envoyer vos escortes. Je ne vous demande pas de m'envoyer votre garde personnelle, mais ne m'envoyez pas non plus les plus jeunes de vos soldats. Une fois arrivée dans ma Cité, je les enverrai à Mera, ou Ardamir, selon les besoins. Informez les bien de ce qui les attend. Dîtes leurs que leur mission est de la plus haute importance. Je veux qu'ils aient pleinement conscience de la tache qui leur incombera. D'avance, je vous remercie. Si vous rencontrez un quelconque problème, envoyez-moi un émissaire. Si vous avez des questions, je vous invite à les poser dès à présent. Il pensait avoir fait le tour en ce qui concernait le Front. Il attendait, dans le silence, leurs questions, et leurs remarques. Assis dans son fauteuil, il attendait que l'un d'entre eux se lève pour prendre la parole. Normalement, chacun devait, à son tour, énoncer son avis quant au sujet abordé. Heureusement, ils n'étaient que quatre. Les mains jointes sous son menton, il se prit à apprécier le silence qui c'était installé. Il pouvait presque entendre chaque Protecteur penser. Il pouvait les deviner tourner et retourner leurs interrogations dans leur tête. Aucun d'entre eux n'avait l'impulsivité de la jeunesse, et ce silence pouvait durer un bon moment, il le savait pertinemment. Les elfes autour de cette table connaissaient tous la sagesse de la réflexion. Et plus cette dernière était longue, plus elle était efficace. - Spoiler:
nín bereth : mon épouse Im gelir ceni ad lîn, Berian. : Je suis heureux de vous revoir, Protecteurs.
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| Sujet: Re: Un conseil pour prendre position Dim 19 Juil 2015 - 17:41 | |
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Elbess | Les paroles du Protecteur de la Quatrième saison résonnaient dans la salle. Une fois de plus, malgré ses tournures de phrases pompeuses, sa voix sonnait comme un ordre. Il prenait les décisions bien trop souvent pour que déléguer lui vienne naturellement. Malgré ça, tous le laissèrent aller jusqu'au bout. Il était un doyen éclairé et l'avait prouvé à maintes reprises. Chacun connaissait l'importance de l'écoute autant que celle de la parole et une foire d'empoigne ne profiterai à personne.
Parmi les visages assombris par le thème de la discussion, il en était pourtant un qui ne se répartissait pas de son sourire pensif. Elbess écoutait d'une oreille attentive les messes basses de son voisin et les consignes de leur hôte. Depuis le temps qu'elle était en charge de cette fonction, et même si elle n'était pas aussi âgée que l'homme qui les recevait malgré son visage bien plus atteint par les ans, elle savait que se braquer ne servait à rien. Quel que soit le sujet.
A la fin de la tirade, la vieille protectrice prit quelques instants de réflexions. Les intentions de leur hôte étaient louables, mais oubliaient bien des choses. Elle fit un tour de table du regard et se racla discrètement la gorge pour attirer l'attention de l'un de ses confrères perdus dans ses pensées.
« Il semble que je serai la première à parler aujourd'hui, à croire que le droit d'aînesse reste une valeur sûre... Je pense parler au nom de tous, comme tu l'as fait, en disant que protéger les frontières d'Anaëh doit rester une priorité de notre peuple et que cela mérite que nous nous impliquions. Pour ma part, j'accueillerai avec grand plaisir nos frères et sœurs rescapés. Mais comme tu le sais, ma Cité a été parmi les plus touchées par le Voile et les reconstructions sont loin d'être finies. Accueillir quelques âmes pourra se faire sans problème, mais nous arriveront rapidement à saturation étant donné que même certains habitants eux-même sont encore logés dans des conditions précaires. »
« Moi de même. » ajouta son voisin de droite, l'air ennuyé. « Avec les Noss à l’affût, difficile de reconstruire rapidement des bâtiments qui avaient plusieurs Cycles pour certains. »
Elle acquiesça calmement, toujours souriante. Elle préféra ne pas noter la moue de son autre confrère qui s'élargissait de plus en plus.
« J'enverrai mes soldats dès que possible. En revanche, ce qui me pose d'avantage question, c'est votre volonté d'intensifier notre production. Nous sommes déjà la zone la plus exploitée d'Anaëh. Nous tirons de notre Soeur bien plus que ce qu'il faut pour nourrir nos territoires et partageons avec les autres Cités depuis toujours. Nous avons trouvé un équilibre qui permet d'assurer la pérennité de nos Cités et de nos terres. Mais augmenter encore notre impact, ne serait-ce pas une erreur ? Comme vous le rappelez, notre devoir est de faire ce qui est bien pour les nôtres, pas ce qu'ils veulent. Si j'avais un penchant pour les images dramatique, je pourrais même dire que demander plus qu'elle ne peut nous fournir à Anaëh est le premier pas qui nous mène vers l'Humanité. »
« Comme vous y allez ! »
« Enfin elle n'a pas tort. Même sans parler de cela, les sols risquent de s’appauvrir. Les Noss ne le permettront pas... Et je ne suis pas sûr qu'ils auraient tort cette fois. »
« S'en prendre à des frères de sang n'est justifié par rien ! Rien vous m'entendez ?! Nous n'avons pas a laisser mourir les nôtres pour ménager la vision du monde de ces couards. Et ils ne lèveraient pas le petit doigt pour nos civils.»
L'homme s'était à moitié levé de son siège, hors de lui. Un léger silence s'installa après son éclat. |
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| | | Anorn
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| Sujet: Re: Un conseil pour prendre position Mer 22 Juil 2015 - 11:49 | |
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Ils avaient fini par s'exprimer. Un par un, et tous en même temps. Anorn avait l'habitude de ce genre de choses, puisque ce n'était pas la première fois qu'il présidait ce conseil. Cela faisait trois cents ans qu'il siégeait là, qu'il occupait ce post, et certains ici présent étaient au leur depuis plus longtemps. Lorsque tous se turent, les éclats de voix du dernier à avoir pris la parole résonnaient encore à ses oreilles. Il resta un instant silencieux face à cela, puis finit par se lever pour prendre la parole.
- Je comprends que vos Cités ne se soient pas entièrement remises du Voile. Je sais pertinemment que nous n'avons pas la place nécessaire pour accueillir tous les réfugiés. Il est vrai que nous manquons parfois de place pour nos propres habitants, comme tu l'as si bien soulevé, Elbess. Je ne vous parle pas d'accueillir des centaines de réfugiés dans vos murs. Seulement d'en accueillir le plus possible. Ces elfes ont vu leurs habitations détruites, leur ville mise à feu et à sang. Ils l'ont vu tomber sous l'occupation drow. Ils ne pourraient être plus démuni que maintenant. Faites moi savoir lorsque vous aurez atteint votre maximum d'occupation. Je compte sur vous pour gérer cela. Ne négligez pas le confort de vos propres citoyens, mais pensez bien que nous sommes en temps de guerre, et que nous devons faire des concessions. Voyez ces elfes comme votre propre famille. Car ils sont vos frères. Et je ne pense pas que vous aimeriez savoir votre propre famille dehors, seule, et sans protection.
Il savait bien que leur demander d'accueillir d'autres elfes était, pour certains, délicat. Il connaissait la situation précaire de certaines cités, et cela l'ennuyait quelque peu de devoir leur demander de faire avec. Seulement il n'avait pas le choix. Il ne s'agissait pas ici de l'avenir de ses terres, mais de celui de son peuple entier. Il s'agissait des elfes dans leur ensemble, pas uniquement de la Quatrième Saison. D'autres protectorats accueillaient aussi certainement les réfugiés, et pensait pouvoir réussir à ne pas surpeupler ses villes. Si chaque protecteur ici présent y mettait un peu du sien, il savait pouvoir faire assez sans en faire trop.
- Quant à augmenter la production, il n'en a jamais été question. Je n'ai pas l'intention d'en demander plus encore à Anaëh. Comme tu l'as remarque, Elbess, nous tirons déjà énormément d'elle, et il serait dangereux d'en vouloir plus. Mon but n'est pas d'appauvrir nos terres, ni même d'étendre plus loin nos cultures. J'émettais seulement la possibilité que les prochains ravitaillements à destination d'Ardamir soient plus fournis, non pas suite à une production plus élevée, mais suite à un rationnement de nos cités.
Les regards qu'il récolta furent assez équivoques, et il s'y attendait. Ils éprouvaient déjà une réduction de leurs vivres, et entendre qu'elle pourrait être plus importante encore n'était sans aucun doute pas pour les réjouir.
- Je sais que cela ne vous plaît pas. Et non, mon but n'est pas d'affamer nos frères. Mais je vous en prie, considérez cela réellement. Pensez à ceux que nous envoyons au Front. Et par nous, j'entends notre peuple. Pensez à ceux qui ont vu leurs cultures brûler. Pensez qu'actuellement, nous sommes les seuls en mesure d'offrir notre soutient alimentaire. Nous ne pouvons envoyer aucun soldat, aucun mage, aucun équipement. Je vous le rappelle une fois encore, nous sommes en temps de guerre. J'espère cette situation temporaire, j'espère que les sombres seront rapidement repoussés, et j'aspire à retrouver une certaine quiétude. Cependant, cela ne se fera pas sans concession, cela ne se fera pas sans en éprouver certaines conséquences. Mais n'ayez crainte, je n'affamerai pas notre peuple, cela n'est absolument pas mon but. Je veux son bien, vous le savez pertinemment. Alors, lorsque ce conseil sera terminé, je vous demande de faire l'inventaire de vos ressources, et de me dire ce dont vous pouvez vous passer. J'entends pas là ce qui n'est pas vital. J'insiste sur ce point.
Il voyait bien à leurs expressions que cela ne leur plaisait pas. Que cette décision ne faisait clairement pas l'unanimité. Mais il ne rajouta rien à ce sujet, tout avait été dit. Il enchaîna donc sur les dernières paroles du protecteur de Carrobrelian.
- S'emporter ainsi ne donnera rien de constructif, je suis certain que vous en conviendrez. S'il est en effet inconcevable de laisser mourir des frères dans un combat pour notre liberté et notre sécurité à tous, il l'est tout autant de détruire l'Oeuvre pour notre propre bien. Il est primordial de trouver un terrain d'entente. Nous ne pouvons sacrifier Anaëh pour nos frères. Cela n'aurait aucun sens. Ils se battent pour elle, pour sa pérennité, et nous devrions la détruire sans ménagement de notre côté ? Je n'ai pas besoin de souligner combien ceci est absurde. Mais vous m'amenez à un sujet quelque peu différent, qui n'est pas directement en relation avec le Front. Je voulais vous parler des relations entre les Noss et les Cités. Je vois aujourd'hui qu'apparemment, certains vous posent encore des problèmes ? J'avoue que c'est une chose que j'aimerais éviter. Nous n'avons nul besoin d'avoir nos frères pour ennemis, vous en conviendrez très certainement. C'est pourquoi je me permets de vous demander si vous avez tenté des choses, si vous avez pris des initiatives, pour améliorer ces relations. Avez-vous essayer de cohabiter pacifiquement, avez vous été vers les elfes de Noss ? Ou les clivages suite au Voile sont encore trop présents pour, à votre avis, essayer quoi que ce soit ?
Anorn n'était pas sans savoir que cette déchirure était encore très vive dans les esprits, que les idéaux étaient encore bien trop forts, et bien trop différents pour qu'une réelle réconciliation se fasse entre les Noss et les Cités. Seulement, si aucun d'eux n'amorçait quelque chose, si personne ne faisait le premier pas, cela ne resterait qu'un simple rêve, une douce idée que l'on caressait sans jamais la faire devenir réalité. En toute conscience, il poussait les protecteurs à émettre leur avis. A clairement exprimer ce qu'il ressentaient à ce propos, et la position qu'ils avaient décidé d'adopter.
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| Sujet: Re: Un conseil pour prendre position Mar 28 Juil 2015 - 18:01 | |
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Malgré l'emportement de leur confrère, la réunion tenait bon. Elbess salua d'un hochement de tête l'éclaircissement de la demande d'Anorn concernant les réfugiés et les envoies de vivres. Il était bon de mettre les choses au clair. Mais cela ne plaisait en effet pas a tout le monde. Il n'était pas très difficile de comprendre à quelle fin ces ravitaillements devaient être augmenté alors que les armées des différents Protectorats qui participaient à la guerre étaient en partie approvisionnées par leurs terres d'origine.
La vieille elfe coula un regard paisible vers ses confrères. Elle savait exactement comment ménager la chèvre et le chou dans cette affaire, mais son collègue de Carrobrelian ne verrait peut-être pas l'occasion qui s'offraient à eux. Ils leur suffisaient d'informer Anorn de façon moins drastique que nécessaire pour maintenir sa propre Cité en paix. Mais non, il semblait se réserver pour la question des Noss… Qui savait qu'il avait vécu pour être d'une telle violence. Mais au moins, il ne recommença pas à hurler.
« Ce ne sont pas nos frères et s'ils se battent, c'est autant pour préserver l'Anaëh que pour finir de nous détruire. Ils ont déjà juré la perte des Cités et nous leur offrons une occasion en or. » Se contenta-t-il d'affirmer en se levant. « Je refuse de participer plus avant à cette mascarade. J'accueillerai autant de réfugiés que possible, mais je serai seul décisionnaire des fournitures à envoyer. Quant aux Noss s'aventurant près de la Cité, ils seront traités comme ils nous traitent : en ennemis. Sur ce…. Protecteurs. »
Il s'inclina dignement et sortit sans écouter une seule protestation. Elbess se laissa aller à un soupir.
« Je crois que cela répond en partie à la question. Les rancœurs sont vives. Surtout dans les Cités qui ont été les plus désertées à cause du Voile. Mais cela ne veut pas dire que le sang doit coulé. »
Elle s'accorda un moment pour boire. Les discussions seraient encore longues, mais il était peut-être temps d'arriver à certains accords.
- HRP:
La position des deux Protecteurs restant concernant les Noss reste à la discrétion d'Anorn.
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| Sujet: Re: Un conseil pour prendre position Jeu 13 Aoû 2015 - 21:07 | |
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Lorsque le Protecteur de Carrorbelian quitta la salle, Anorn ne dit rien. Elbess soupira, mais il n'en fit pas de même. S'il était déçu, et outré par ses propos, il n'en laissa rien paraître. Considérer leurs frères en ennemis était quelque chose qu'il avait du mal à concevoir. Et qu'il ne pouvait accepter. Certes les elfes des Noss étaient assez vindicatifs, et pour la plupart, ne reconnaissaient pas l'autorité mise en place. Et oui, certains étaient violents, parce qu'on leur avait toujours répondu par la violence. Les désigner comme coupable était facile. Reconnaître ses tords dans ce conflit l'était beaucoup moins. Un instant, il pensa à s'excuser auprès des deux protecteurs qu'il restait, pour rattraper celui qui venait juste de partir. Seulement, il n'était pas certain de pouvoir le ramener à la raison, ni même d'être écouté lorsqu'il essaierait de lui parler. Il n'en fit donc rien, et se leva à son tour pour prendre la parole :
- Mon but n'a jamais été de voir le sang couler. Vous le savez pertinemment, tout ce qui m'importe, c'est que nos frères soient au mieux, qu'ils aient ce dont ils ont besoin, qu'ils soient en bonne santé, et qu'ils soient en sécurité. Et cela inclus les Noss, si l'un d'entre vous se demande encore. Je ne peux pas les exclure, les traiter à part, comme s'ils n'étaient pas des nôtres. Je sais que le Protecteur de Carrorbelian le voudrait, et je ne sais pas si vous avez une position aussi radicale. Seulement, cela m'est impossible. Elbess, je pense que tu me comprends. Mais peu importe, ce que je veux, aujourd'hui, c'est entamer un processus de réconciliation. Nous sommes ceux qui prennent les décisions, mais aussi ceux qui montrent l'exemple. Un comportement aussi catégorique et agressif que celui du protecteur qui a décidé de quitter cette table est inadmissible. Je ne parle pas de nourrir une quelconque rancoeur, ou de méfiance, ou quoi que cela puisse être d'autre. Je parle de laisser son cœur prendre le dessus sur la raison, je parle de laisser ses sentiments personnels interférer avec des décisions purement politiques. Je peux comprendre l'étendue des tensions entre les Noss et les Cités. Je peux comprendre que notre peuple soit divisé, et que cela mène à des confrontations. Mais ce que je ne peux pas comprendre, ce que je ne peux pas accepeter, c'est que nous, Protecteurs, encouragions cela. Nous sommes au service de notre peuple, quel qu'il soit. Enfin, peu importe, vous faire la morale n'était pas le but de cette réunion. Je voulais d'abord et avant tout trouver des solutions quant à ces dissidences internes.
L'elfe marqua une pause. Attrapant son verre, il but une gorgée, afin de clarifier sa voix. Hors de question qu'il soit incompréhensible, ou que cette dernière décide de lui faire faux bond. Lorsque le tout fut passé, il reprit :
- En effet, nous n'avons pas d'autorité directe sur les Noss. Ils ne nous reconnaissent pas comme étant ceux qui guident, qui aident et qui protègent. Je ne sais pas exactement ce que nous sommes pour eux, et je dois avouer que cela n'a pas une réelle importance à mes yeux. Je pense simplement que cela doit cesser. Nous ne pouvons plus nous entre tuer ainsi, sous prétexte que nous n'avons pas les mêmes coutumes, ni les mêmes convictions. Nous sommes en temps de guerre, et il est inconcevable que notre peuple se déchire de l'intérieur. Nous nous devons d'être soudés, d'être unis contre la menace extérieur. Je pensais à vrai dire jouer sur cet aspect. Les Noss se disent plus à l'écoute, plus respectueux de l'Oeuvre que nous le sommes. Pourquoi nous laissent-ils la défendre, dans ce cas ? Pourquoi sommes nous les premiers à envoyer des soldats pour contrer les sombres ? Il faudrait, à mon avis, leur rappeler leurs valeurs, et leurs lignes de conduite. Qu'ils se rendent compte de l'absurdité de leurs propos, sans action pour les appuyer, pour les défendre ensuite. Il serait, je pense, de bon ton d'inviter tout chef de Noss à la discussion, dans le but de les secouer un peu. Certes les Cités ne sont pas bien vues par eux. Certes ils pourraient vouloir en venir aux mains et refuser tout échange. Je le sais pertinemment. Mais nous devons essayer. Je sais déjà que le Protecteur de Carrorbelian refusera catégoriquement d'aller vers eux. Alors je vous en prie, essayez. Essayez d'en contacter quelques uns, essayez de nouer un dialogue. Et si ce n'est pas concluant, au moins vous aurez essayé.
Anorn avait besoin de pouvoir s'appuyer sur eux, il avait besoin d'avoir du soutien dans ce qu'il entreprenait. Seul, il n'arriverait à rien, ou s'il concluait quelque chose, cela prendrait plus de temps qu'ils n'en avaient. Sa seule solution était de s'appuyer sur les trois autres elfes qui l'accompagnaient dans la difficile tâche de gérer ses terres. Ou plutôt, sur les deux qui étaient restés jusqu'à maintenant. Il savait que ce qu'il demandait n'était pas une chose facile. Il savait très bien qu'ils les exposaient à de potentiels refus, qui pouvaient s'avérer plus ou moins violents. Il craignait aussi les représailles qui pourraient suivre, si les Cités insistaient. Ce fut pourquoi Anorn crut bon de rajouter :
- Je vous demanderais encore une dernière chose. Ne soyez pas violents. N'insistez pas. Il est important que les Cités restent pacifiques, surtout face à nos frères. Je sais qu'il peut être dur, voire totalement insensé de les laisser s'en tirer pour si peu. Mais pour arriver à nos fins, nos actions doivent rester légitimes. Nous ne pouvons nos adonner à ce que nous leur reprochons. Parce qu'alors, nous perdrions le peu de crédibilité qu'il nous reste. Etes-vous avec moi ? Ou bien, avez-vous quelque chose d'autre à proposer ?
Le vieil elfe craignait une autre réaction violente et irréfléchie. Il ne voulait pas essuyer un nouveau refus, il ne voulait pas avoir à faire face à un nouveau refus, à une nouvelle déception. Parce que le Protecteur de Carrorbelian l'avait fortement déçu. Il n'avait pas pensé un seul instant que l'un d'eux pouvait réagir ainsi. S'opposer ouvertement à la réconciliation des Noss et des Cités, pourquoi pas. Il savait pertinemment que les Cités avaient énormément souffert pendant le Voile, et qu'il était inconcevable pour certains de considérer ceux qui avaient détruit des vies comme étant leurs frères. Mais de là à quitter la table du Conseil, mue par la colère et le dépit, il y avait une limite. Ce dernier n'était pourtant pas un débutant en la matière, on ne pouvait pas dire qu'il manquait d'expérience, ou qu'il avait seulement l’impétuosité caractéristique de la jeunesse. Anorn avait réellement du mal à expliquer son comportement, et se demandait bien ce qu'il devait en faire. S'il n'avait pas quitté la Cité, il irait le trouver pour lui parler lorsque le Conseil serait clos. En attendant, il se concentrait sur les réponses de chacun.
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| Sujet: Re: Un conseil pour prendre position Mer 26 Aoû 2015 - 23:50 | |
| Elbess n'était pas du genre à essayer de comprendre les motivations des autres diplomates. Elle gouvernait seule et elle faisait tout pour l'autonomie de son protectorat depuis que les Terres Ancestrales avaient éclaté au profit des Cités. Aussi, lorsqu'Anorn tenta de la prendre à parti, elle se contenta d'un hochement de tête souriant. Elle attendit de pouvoir profiter de la soif du Protecteur verbeux pour glisser quelques mots.
« De belles paroles, mais comme vous semblez l'avoir compris, il est inutile de nous le rappeler, à ceux qui restent pourquoi il est intolérable de partir. Quant aux Noss, n'oublient pas qu'ils ont choisi une voie qui n'est plus la nôtre. La Mère nous aime certainement de la même façon et les combats incessants qui engendrent des morts dans les deux camps ne sont que folie, mais la cohabitation n'en est pas moins impossible. »[/color]
Si le Protecteur de la Quatrième Saison avait prouvé une chose en ce jour, c'était la justesse de sa verve. Il soulevait des questions qu'ils étaient de droit de se poser, et ils les formulaient de façon à ce que les deux protecteurs restants ne puissent faire autrement que d’acquiescer. Elbess et son voisin échangèrent un regard. Elle connaissait encore moins bien ce dernier qu'Anorn mais il lui semblait voir par moment une volonté forte dans son regard par ailleurs assez neutre.
Cette fois-ci, ce fut lui qui ouvrit le débat.
« Très bien mon ami. La paix entre nos deux peuples semble vous tenir bien à cœur et ces guérillas sont un poids pour tout le monde. Je ferai en sorte d'établir le dialogue avec un maximum de Noss. Notre Cité a été largement touchée peur le Voile mais les combats n'ont pas été si rude. Je connais quelques personnes qui ont décidé de rejoindre les clans pendant l'Éclipse. Peut-être pourrons nous tirer quelque chose d'intéressant de ces rencontres. »
Malgré ses paroles assez mesurées, l'homme s'était imperceptiblement redressé sur son siège. Par fierté ou comme une bravade à l'idée de ce qu'il devrait faire ? En tout cas, le sujet le prenait aux tripes. Et tout comme leur confrère fuyard, mettre trop de soit même dans de telles entreprises n'étaient jamais bon. Elle laissa leur hôte refroidir les ardeurs de leur collègue et rappeler les risques du choc des cultures.
« C'est tout naturel. Écoutez, je ne peux rien promettre à la place des Noss que je rencontrerai, mais en revanche, je promets de vous épauler dans cette entreprise. »
« Je ne peux pas vous dire que je me sente concernée par le sort des Noss. Commença doctement la plus âgée. Ce sont des chasseurs, pas des guerriers. Et la plupart sont sous-équipés et incapables de se coordonner. S'ils descendaient au Front, ils se feraient sans doute massacrer pour rien. Mais la nuisance qu'ils génèrent au quotidien est réelle. Je ne peux que constater des problèmes de récoltes sur les bosquets d'arbres isolés, les mines, les reconstructions, les patrouilles, les chasses et j'en passe. La paix est toujours profitable pour tout le monde. Je ne pense pas que cela mène quelque part, mais par égard pour vous et votre détermination, j’accepte de me prêter à l'expérience de la façon la plus diplomate et pacifique qui soit. Je n'oublie pas cependant que la sécurité des citoyens est la priorité et si les choses tournes mal, je n'hésiterai pas à riposter. » _________________ Ombre fugace Maître de ton destin -Crédits de l'avatar: ETERNAL RETURN - Art of pierre / Alain D. Site de l'artiste: http://www.3mmi.org/v9/ |
| | | Anorn
Ancien
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| Sujet: Re: Un conseil pour prendre position Sam 5 Sep 2015 - 16:30 | |
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Les réponses des deux protecteurs soulagèrent légèrement Anorn. S'ils n'étaient pas plus emballés que cela par ses requêtes, si Elbess semblait légèrement en retrait, et le mettait en garde quant à de potentielles ripostes, ils avaient tout du moins accepté de faire un effort. Ce fut donc assez satisfait qu'il mit fin à ce conseil. - Je vous remercie grandement d'être venu jusqu'ici, et je ne vais pas vous cacher que je suis soulagé de voir que vous êtes prêts à faire des efforts pour ressouder notre peuple. Je pense avoir abordé les principaux sujets, et puisque vous n'avez pas jugé nécessaire d'en aborder d'autres, nous pouvons considérer cette séance comme terminée. Ce palais est le vôtre pour la nuit, si vous ne souhaitez pas repartir de suite dans vos protectorats, cela va de soi. Que Kÿria guide vos pas, et que la sagesse et le bon sens vous accompagnent, mes frères. Sur ces mots, Anorn se leva et quitta la salle, d'un pas décidé. Une seule ombre noire au tableau, le protecteur de Carrobrelian. Ce dernier avait quitté la table, furieux. Et cela n'était pas quelque chose qu'il pouvait laisser passer. Alors, sans même aller voir Aldartha, sans même prendre le temps de consulter son frère quant à ce qu'il devait faire, il s'élança à sa recherche. Il finit par le trouver dans la cour, attendant que ses montures soient sellées, et prêtes à partir. D'une voix froide et posée, qui laissait volontairement transparaître une claire désapprobation, et un certain agacement, il l'interpella. - Protecteur. J'ai à vous parler. Pouvons nous prendre le temps d'aller nous installer plus confortablement, dans les jardins, dans une quelconque pièce, dans mon bureau ? Nous serions certainement plus à l'aise.Anorn n'avait aucunement envie de faire une esclandre, là, devant chez lui, et devant autant de témoins. L'elfe en face de lui lui avait déjà prouvé assez clairement qu'il était sujet à certaines sautes d'humeur, et il ne serait pas surpris si ce dernier se mettait à hausser le ton pour se faire entendre, et pour faire entendre sa colère. Autant que tout ceci se passe relativement loin des oreilles indiscrètes, pour qu'ils puissent s'exprimer tranquillement, sans avoir à se soucier d'autrui. - Veuillez m'excuser, je suis sur le départ. Et je crois que tout a été dit. - Je ne pense pas. J'aurais voulu vous dire deux mots en privé, j'insiste. - Très bien... Finissez. Je reviens dans une minute.Le seigneur protecteur avait cru un instant qu'il ne viendrait pas. Qu'il s'en irait tout bonnement, soutenant que rien n'avait besoin d'être rajouté. Mais ce ne fut pas le cas. Il finit par céder, mais en précisant bien, indirectement, que le temps allait lui être compté, et qu'il en pensait pas engager une grande conversation. Le guidant non loin d'ici, dans une sorte de petit jardin, il l'invita à s’asseoir sur un des bancs en pierre, avant de faire de même. Un léger silence s'installa avant qu'Anorn ne prenne la parole. Il se devait de peser chacun de ses mots, parce qu'il savait pertinemment qu'ils auraient tous leur importance. - Ce que je vais vous dire va peut-être vous paraître totalement ridicule, ou déplacé de ma part. Mais je pense que si vous y réfléchissez, ne serait-ce qu'un instant, vous comprendrez ma position. Je ne veux aucunement vous faire la morale, ou vous dicter vos actions, et votre comportement. Seulement, ce qui a eu lieu, lors de ce conseil, ne peut sensément pas se reproduire. Quitter ainsi un conseil d'une importance tout de même assez grande n'est pas tolérable. Surtout lorsque ceci est accompagné d'un tel emportement, motivé par une rancoeur et une colère entièrement subjectives. Je veux croire que vous pouvez réussir à surmonter cela, je veux croire que vous êtes assez intelligent, et assez sages pour être diplomate, et pour contenir vos émotions. Je ne vous reproche aucunement votre désaccord. Je peux le comprendre. Et si nous faisons de tels conseils, c'est dans le but d'entendre l'opinion de chacun. J'ose donc espérer que cela ne se reproduira plus. Et que vous saurez, à l'avenir, exprimer posément vos idées, et vos sentiments. - Subjective... Vous pensez que ma réaction est partiale ? Vous pensez que voir une bonne partie de ma cité désertée pour rejoindre des Noss n'est pas assez important pour les garder à l'œil ? Vous pensez que voir ces clans venir attaquer les acheminements de minerais, de vivres et les voyageurs n'est pas suffisant pour comprendre ce qu'ils veulent réellement ? Depuis le Voile, les Murailles ne peuvent être reconstruites à cause du harcèlement que nous subissons. Nous avons du nous armer contre nos frères, nos sœurs, nos propres enfants, nos anciens voisins et collègues ! Et vous pensez pouvoir parvenir à une paix avec eux ? Désolé, mais ma réaction était justifiée. Votre proposition est irréaliste et même dangereuse pour la sécurité des nôtres. Quand les drows seront boutés hors d'Anaëh, vers qui pensez-vous que les lances se tourneront ? - Je pense que vôtre réaction est partiale, répondit Anorn. Mais je n'ai jamais dit qu'elle n'était pas justifiée. Je ne vous reproche pas de penser que les noss sont une menace, au même titre que les drows. Je ne vous dis pas là qu'il ne serait pas légitime de prendre les armes pour éliminer cette menace. Je dis seulement que ce n'est pas ce que nous devons faire. Il n'est pas possible pour nous de céder à cette tentation. Il n'est pas possible pour nous de faire du mal à nos frères. Ce qu'il faut comprendre là, c'est qu'attiser les tentions, répliquer suite à leurs assauts, ne fera que les rendre plus justes. Mais j'ai déjà expliqué tout cela, et je ne vous blâmerai pas si vous décider de ne pas faire d'effort, je ne vous en voudrai aucunement si vous n'essayer pas d'apaiser ces tentions. Ce que je vous demande, c'est uniquement de ne pas les attiser. - Nous en avons terminé. Au revoir.Anorn ne put s'empêcher de lâcher un soupir lorsque le protecteur de Carrobrelian s'éloigna. Comment pouvait-il sensément couper court et s'enfuir ainsi, drapé dans son orgueil, sans même daigner accorder du crédit aux paroles du Seigneur Protecteur ? Comme s'il avait le temps de gérer ce genre de choses, comme s'il pouvait se permettre d'accorder du temps aux caprices d'un protecteur totalement incompréhensif, et fermé au reste du monde. Seule sa protectorat semblait compter à ses yeux, et peu importait si le Royaume entier tombait en morceaux. Tant que les cités de ses terres tenaient bon, rien d'autre n'avait plus d'importance. Ce fut le cœur lourd qu'il le regarda s'échapper, et lorsqu'il eut totalement disparu de son champs de vision, il finit par se lever lui aussi. Ce fut d'un pas alerte qu'il rejoignit Aldartha, dans l'antichambre de la salle où s'était déroulé le conseil. Lorsqu'il s'assit à nouveau en face de lui, il prit une profonde inspiration, et vint loger ses mains au creux des siennes. D'un ton dépité, il entreprit de lui raconter ce qui venait juste de se passer : - Bon, je pense que tu as entendu, je n'ai pas besoin de te décrire ce qu'il s'est passé dans cette salle... Et tu me connais, je n'ai pas pu laisser passer cela, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller le voir, avant qu'il ne parte, pour essayer d'arranger la situation. Mais je pense qu'il est beaucoup trop borné pour que quoique ce soit ne puisse lui faire voir l'évidence. Je ne sais pas quoi faire de lui. Plus le temps passe, et plus je me dis qu'il est impossible de le laisser à la tête de ce Protectorat. Il n'écoute plus les décisions que nous prenons en conseil, il n'écoute plus mes propres mots, mes propres suggestions. Si nous continuons ainsi, nous risquons de nous retrouver avec une demande d'indépendance de leur part, je le crains. Mais, je dois t'avouer qu'en ce moment, j'ai d'autres problèmes à régler, d'autres choses qui me préoccupent énormément. Et... je ne sais pas quoi faire. Je ne sais plus ce qui est important, je ne sais plus ce qui doit être fait. On serra ses doigts un instant. Et on tenta de parler. C'était un de ces jours où il en avait besoin, un de ces jours où il devait se savoir épaulé, où il devait savoir son frère présent. Et cela le rassura énormément que de le voir essayer de prendre la parole. - Ar... Arwain... A'erthad.Sa voix était rauque, ses mots presque incompréhensibles. Mais il faisait l'effort, il faisait l'effort de communiquer, l'effort de le conseiller. Le rassemblement... Il venait de rassembler les protecteurs, il venait de leur donner des consignes, et des conseils. Il venait d'écouter leur voix, leurs opinions, leurs idées. Que voulait-il lui dire ? Qu'il devait se réunir avec d'autres, avec ceux qui pourraient peut-être le comprendre. Oui, ça ne pouvait être que cela. Qu'il devait parler aux autres Seigneurs Protecteurs, qu'il devait leur faire part de la situation. Pour évaluer leurs réactions. Pour se positionner dans ce conflit qui n'aurait pas du être. Qui ne pouvait pas être maintenant. - Je te remercie, mon frère. J'en parlerai à Arwain. En attendant, je vais te raccompagner dans tes appartements. Ou peut-être préfères-tu aller quelques temps dans les jardins ? A cette proposition, une étincelle passa dans ses yeux, et ses doigts se serrèrent à nouveau, l'espace d'un instant. Un sourire illumina la visage d'Anorn, et il fit venir les gardes qui se tenaient à la porte. Les accompagnant dans un espace assez calme et reclus des jardins, il leur demanda de veiller à ce que personne ne vienne le déranger, et à ce qu'on vienne le chercher lorsqu'il exprimerait le souhait de rentrer. Il reviendrait le voir dans quelques heures, de toutes façons. Sur ces consignes, il étreignit brièvement son frère, et s'en alla trouver son épouse. *** La nuit était déjà bien avancée lorsqu'il put enfin entamer une réelle conversation avec celle qui partageait sa vie. Cette dernière s'était éclipsée toute la journée, pour une affaire d'une moindre importance, et il fut soulagé de la voir enfin rentrer. Assis sur leur lit, il la regardait se défaire de ses apparats, lorsqu'il prit finalement la parole. Il lui raconta en détails ce qu'il s'était passé, pendant et après le conseil. - Si tu veux mon avis, tu ne devrait pas laisser passer un tel débordement d'émotions. Cela peut s'avérer dangereux, et je pense que tu le sais pertinemment. Mais si tu réfléchis un instant, si tu y penses objectivement, le front est bien plus important. Le Protectorat de Carrorbelian n'est absolument pas décisif là dedans, et même s'il en vient à réclamer son indépendance, ce qui je pense n'arrivera pas maintenant, cela n'influencera en rien les décisions que les elfes devront prendre au Front. Il n'est pas militarisé, il n'est pas un refuge important pour les blessés, ou les survivants. La seule chose qu'il pourrait retirer, ce sont les vivres. Les terres exploitables sur ce dernier, qui doivent représenter environ un quart de celles des terres de la Quatrième Saison. Mais je pense pouvoir dire que cela aura une moindre impacte sur le Front. Concentre toi sur le reste. Sur ce nous devons faire pour le front. Concentre toi sur cette entreprise à l'Académie, celle ci est plus importante que n'importe quoi d'autre. Tu t'occuperas de ce protecteur plus tard. - Retirer des vivres n'est pas quelque chose de favorable pour autant. Et je préférerais que cela n'arrive pas. - Evidemment Anorn, personne ne souhaiterait que cela arrive. Mais tu me demandes mon avis. Tu me demandes de prioriser. Je priorise. Je te le dis, l'Académie, le Front, tout cela est bien plus important que cette querelle avec Carrobrelian. - Oui, tu as sans doute raison. J'essaye de faire au mieux, et je crois seulement que cette fois, je ne vais pas pouvoir. Je ne vais pas pouvoir tout régler en même temps, et ça me fend le cœur de devoir abandonner ce protectorat pour l'instant. - Je le sais bien. J'en suis désolée.Elle vint déposer un baiser sur sa tempe, avant de l'enlacer tendrement. Si l'elfe ne voulait pas le montrer, elle savait pertinemment que la situation le stressait. Que le fait de n'avoir pas la possibilité, ni le temps, pour prendre plusieurs décisions à la fois le rendait mal. Parce qu'il était entièrement dévoué à son peuple, et parce que s'il semblait facile de choisir entre une menace générale, et une sorte de rébellion interne mineure, il n'en était rien. Carrobrelian le touchait autant que les sombres. Et cela, il n'y avait qu'elle pour le voir, qu'elle pour le comprendre. Elle et Aldartha.
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