Une Bonne Correction [Terminé]

En cette douce journée d'automne, la magnifique cité de Diantra baignait dans la lumière jaunâtre du Soleil couchant. Parmi les passants et les marchands qui encombraient la rue, Brok se frayait un chemin en direction de la garnison. La journée tirait à sa fin et le garde avait hâte de pouvoir enfin aller faire un tour à la taverne comme après chaque jour de travail. Il n'y avait rien de mieux qu'une bonne bière après une dure journée passée à arpenter de long en large les nombreuses rues composant la ville. Traversant la foule sur la place du marché, Brok n'hésitait pas à bousculer ceux qui se trouvaient sur son chemin. Il faut dire qu'il était assez pressé et ne faisait pas vraiment attention où il marchait. Traînant ses massives bottes de cuir qu'il laissait lourdement racler sur le pavé de la rue, le garde regardait avec dédain les quelques mendiants qui occupaient le coin des ruelles ici et là. Toujours avec le même air bête et arrogant affiché sur le visage, il poursuivit son chemin.

Alors qu'il était sur le point d'engager la rue qui menait à la caserne, il entendit juste derrière-lui le cri hystérique d'une marchande qui venait de se faire voler à l'instant par un gamin. Comme si s'était son sixième sens, Brok se retourna et ,comme par un heureux hasard, le jeune voleur s'enfuyait exactement dans la direction où il était posté. Sans hésiter un instant, le garde attrapa par le collet le jeune délinquant au moment où celui-ci passait à côté. Sous la brutalité du choc, le gamin échappa les quelques miches de pains qu'il avait volées. La marchande s'empressa de les récupérer tout en remerciant le garde pour son noble geste avant de retourner à son échoppe. Tenant toujours le voleur par le collet, Brok l'inspecta rapidement. Des vêtements en lambeaux, le visage noirci et une odeur de sueur, c'était sans nul doute un pauvre jeune sans abri qui avait volé les miches de pains pour pouvoir sustenter sa faim qui durait sûrement depuis plusieurs jours d'après sa silhouette squelettique. Pour Brok, ce n'était qu'une vermine comme les autres qui polluaient la cité.

Même si le gamin n'avait pas plus que douze ans environ, il avait tout de même commis une infraction qui ne pouvait pas rester impunie. Ça tombait bien justement ,car Brok n'avait pas eu beaucoup d'action durant sa journée et il avait un peu d'agressivité qu'il avait besoin de défouler. Traînant brutalement le garçon comme si ce n'était qu'une vulgaire poupée, il l'emmena à l'écart de la rue principale.

-Alors, tu fais moins le malin maintenant hein? Tu veux savoir ce qu'on fait avec la vermine dans ton genre? lança t-il au gamin qui resta silencieux, figé par la peur.

Sans vraiment attendre de réponse de la part du garçon, Brok leva sa main libre, prêt à donner à ce jeune ingrat une baffe dont il se souviendrait pendant longtemps.

La nuit approchait sur Diantra, le soleil déclinait doucement obscurcissant peu à peu les rues. La lumière encore amplement suffisante laissa a Hélios le plaisir de poster son regard sur ce qu’elle voyait. Les marchand, les passant… puis se regard se porta sur les pauvres. Ses gens n’avait jamais rien fait pour en arriver la, il avait juste eu à subir le triste destin de la naissance.

Plongeant sa main dans sa bourse elle en sortie trois pièces qu’elle lâcha devant trois enfants sans mots. Hélios était calme, sereine et depuis que son père était mort elle était libre. Pourtant elle ne changeait pas. Son physique androgyne lui offrait un certain port royal, une envergure masculine, une taille grande et svelte tout de même.

Certains regard se tournait sur « l’homme », se passage agrémenté de rumeur, murmure et autre bavardage inintéressant pour le chevalier. Alors qu’Hélios continuait a marcher elle entendit quelque chose de bien étrange. La voix d’un homme, passant la rue elle le vit lever la main sur un enfant, c’était totalement inacceptable. D’un élan vif qu’elle s’interposa et reçu la gifle a la place du petit, son visage bougeant a peine sous la frappe de l’homme.

Brok avait entre lui et l’enfant à présent une personne étrange, des cheveux blond, court sur l’avant et aussi long que ceux d’une femme en arrière. Ses yeux en amande bleu étaient inflexibles, se plongeant dans le regard du garde sans mots. Sa peau pale et douce, avait rougit sous la gifle et déjà sa joue rosissait étrangement.

Hélios portait un pourpoint de cuir clouté sur une chemise de lin noir avec au dessus une veste rouge et blanche. Son pantalon noir avait été rembourrée d’une manière a ce que nul ne puisse la penser femme. Sa poitrine était si menue qu’un simple bandage suffisait a ne rien faire paraître. Des bottes de cuir noir lui arrivait au dessous du genoux et enfin a cela s’accordait un lourd ceinturon passant en bandoulière sur son torse et maintenant attachée une lourde épée a deux mains dans son dos. Destin ne la quittait jamais… D’une voix calme, étrange également, elle prit la parole.

« Qu’as donc fait cet enfant pour mériter votre courroux ? »

Elle pouvait sans doute passer pour un demi elfe, imberbe, sans barbe, ses oreilles cachée dans la foret d’or et ses yeux bleu comme un ciel d’été. Mais elle n’était qu’une humaine après tout. Reprenant la parole elle continua, gardant cette aura de noblesse émanée d’elle.

« Je n’ose imaginer l’affront qu’il faut faire a un garde de la citée pour l’en voir arriver a ce geste malheureux… Un énorme mal entendu je n’en doute pas. »

Un léger regard pleins de reproche et de sous entendu se posa sur Brok, Hélios ne supportait pas de tels agissement de la part d’un humain.

Alors que Brok était au point culminant de sa journée, qu'il allait enfin pouvoir se défouler et par la même occasion, justifier d'une certaine façon son salaire qu'on lui versait, une tierce personne s'interposa. Ne l'ayant pas vu ni entendu, le garde n'eut pas le temps de freiner sa main qui s'étampa directement dans le visage du nouvel arrivant. Assez surpris, la brute fit quelques pas vers l'arrière pour mieux juger la personne qui se dressait devant lui. Un homme, d'une vingtaine d'années tout au plus, assez grand et musclé, mais rien de plus. Ce qui était impressionnant en revanche, c'était de voir l'épée aux dimensions imposantes qui dépassait de part et d'autre de la silhouette de l'homme. Cette épée devait être au moins deux fois plus grande que celle de Bork. Même si certains prétendent que ce n'est pas la longueur qui compte, mais comment on s'en sert, cela restait tout de même assez intimidant.

Le garde écouta attentivement les paroles de l'homme. Sa voix était étrangement douce et calme à un point tel que cela en devenait déroutant. Il venait de se prendre une baffe et pourtant, il restait complètement indifférent. Lorsque le jeune homme eu fini de parler, Brok pris un instant pour penser à sa réponse. Il ne voulait pas attirer plus d'ennuie qu'il ne pouvait en prendre et de plus, il avait hâte de finir sa journée. Perdre son temps à se disputer avec un paladin sauveur du monde pour une histoire si insignifiante, ça ne valait pas le coût. Prenant un ton de voix faussement sympathique, il répondut au jeune chevalier.

-Il a volé des miches de pain à une boulangère. Normalement, je le mettrai en tôle pour le restant de la nuit mais, comme ce n'est qu'un gosse et que je suis gentil, Brok afficha un sourire ironique, j'ai cru qu'une simple petite correction suffirait. Vous savez, les jeunes d'aujourd'hui sont tellement mal éduqués, il faut bien quelqu'un pour les remettre dans le droit chemin...

Le garde se força à rester assez poli, allant jusqu'à le vouvoyer, ce qui n'était pas vraiment dans ses habitudes à part lorsqu'il s'adressait à un de ses supérieurs. Toujours en essayant de prendre un ton doux, il poursuivit:

-Alors, si vous voulez bien vous écartez pour que je puisse finir mon travail...finit-il par dire.

À présent, Brok fixait l'étranger droit dans les yeux afin de lui montrer qu'il était sérieux et qu'il avait l'intention de finir ce qu'il avait commencé. Bien que le regard du chevalier était accusateur, la brute ne se sentait pas coupable pour le moins du monde. Selon lui, il était parfaitement normal de battre un enfant afin de l'éduquer. D'ailleurs, c'était de cette façon qu'il avait été traité durant toute son enfance et on pouvait voir le résultat que cela donnait aujourd'hui. Pourquoi alors cet homme était intervenu entre le gamin et Brok? C'était un garde de la ville, il avait le droit de faire tout ce qu'il voulait en tant que tel. Enfin, presque tout, la seule chose qu'il n'avait pas le droit de faire, c'était de sa faire prendre.

La joue fini de se voir offrir des couleurs teintée du rouge au rose en passant par tout un panache avoisinant. Il ne se défilait pas, écoutant les paroles du garde avec un flegme impressionnant sans broncher le moins du monde. Doucement une de ses mains fine et gracile glissa dans son dos, protégeant ainsi l’enfant du monstre que représentait le garde et d’une voix toujours aussi apaisante lui dit.

« Apprenez mon bon monsieur que la violence ne fait rien comprendre a un enfant. S’il vole c’est qu’il a faim non ? Pourquoi ne pas lui offrir plutôt une pièce et lui conseiller de trouver métier afin de subvenir a ses besoins. Je crois savoir que les bucherons cherchez des apprenties ses derniers temps. Je suis sur qu’une fois sa journée l’ayant épuisé il sera bien trop émoussé pour se permettre d’être impolie, n’est ce pas mon garçon ? »

L’enfant opina du chef, acquiesçant ainsi les dires du Chevalier. Oui, ont aurait pu le nommer paladin, mais il ne c’était vouer a aucun dieu âpres tout. Doucement Hélios prit une pièce de sa bourse et l’offrit a l’enfant, qui partie en courant au loin. Pour bien faire comprendre au garde ses intentions, Hélios se mit de manière a lui couper le chemin si l’envie d’une poursuite lui était passée a l’esprit tout en remontant sa main pour la posée sur la garde de l’épée.

« Je pense sincèrement que vous ne voulez pas aller a sa poursuite, cela ne serait pas une idée rentable pour vous. Votre journée est bientôt finie et le temps que vous le rattrapiez il fera déjà nuit. »

Sa voix n’était pas provocatrice, pas colérique, non rien de tout ça. La voix de l’androgyne était douce et presque amicale. Doucement elle jeta un coup d’œil rapide en direction de la rue ou les badauds passaient sans se rendre compte de ce qui se passait dans la petite ruelle sombre à présent.

« Il est trop loin a présent, je suis vraiment navrée de n’avoir pu vous fournir d’avantage de précision sur l’art d’éduquer un enfant mais je vous conseil d’aller a la bibliothèque. »

Puis regardant l’humain en roulant des yeux elle reprit en soupirant.

« J’oubliais, vous ne savez surement pas lire, rustre comme vous l’êtes. »

Légèrement exaspéré, Brok écouta une fois de plus le bavardage insignifiant du chevalier. Donner une pièce à l'enfant pour qu'il puisse se nourir? Lui conseiller de se trouver un travail? Pourquoi pas fonder une oeuvre de charité tant qu'à y être? Franchement, le garde avait mieux à faire. La vie minable de ce gamin ne signifait rien pour lui. Juste le fait de penser à quel point l'existence de se morveux pouvait être pitoyable le répugnait. Le plus drôle, c'était que le soit disant noble chevalier semblait protéger l'enfant face à Brok, comme si c'était lui le méchant dans toute cette histoire. Le garde ne faisait que remplir son devoir en tant que valeureux protecteur des intérêts de la société. Et justement, éliminer la vermine qui souillait la magnifique cité de Diantra était un moyen de parvenir à ses fins.

La brute esquissa une grimace alors qu'il voyait ce sale gamin s'enfuir à l'autre bout de la ruelle. L'idée de le poursuivre ne traversa même pas l'esprit du garde. Il savait très bien qu'avec son ventre bedonnant et sa lourde cotte de maille, il n'aurait même pas parcouru une dizaine de mètre avant d'être trop essoufflé. Avec un certain désappointement, Brok regarda sa victime qui disparue au coin de la rue. Ses yeux glissèrent alors pour venir se poser sur le chevalier qui, au grand bonheur du garde, avait posé sa main sur la garde de son épée. Tient, cela risquait d'être intéressant. Peut-être qu'il y allait avoir un peu d'action finalement. La douce voix de l'homme commençait sérieusement à taper sur les nerfs de Brok. En plus d'être arrogant, il se permettait de le traiter de rustre. Il n'en fallait pas plus pour piquer son intérêt. À son tour, la brute posa sa main gauche sur la garde de son épée.

-Si tu crois que parce que t'es beau, fort et intelligent que tout t'es permis, tu te trompes. Tu vois ça? dit-il en pointant son blason qui recouvrait sa cotte de maille. Ça veut dire qu'ici, c'est moi qui décide! Et c'est surement pas un jeunot dans ton genre qui va me faire la morale.

D'un pas lent, Brok commença à se rapprocher du jeune homme jusqu'à ce que seulement quelques centimètres à peine les séparent. À une telle distance, il était facile de percevoir les dents jaunies du garde ainsi que de sentir l'odeur perfide qui s'échappait de sa bouche alors qu'il continua sa tirade.

-Complice à l'évasion d'un criminel, insubordination et en plus tu oses insulter un représentant de la loi. Je ne sais peut-être pas lire, mais j'connais les lois et j'sais aussi que toi, tu es dans la merde jusqu'au cou. Selon moi, un séjour en prison te calmerait les idées, qu'est-ce que t'en dit?

L’épée courte ne faisait pas du tout peur a Hélios, il sera dans son champs d’action uniquement au corps a corps proche, alors que la portée du chevalier et de son épée longue était a la fois plus grande et plus large, mais cela l’handicapait aussi en question de vitesse de frappe bien sur. L’homme dévoila son blason de garde de la citée, a cela Hélios émit un sourire des plus pragmatique. Que pouvait bien penser cet homme à l’apparence si ambiguë pendant que ses yeux glissaient avec peine sur la face disgracieuse du fameux garde.

Hélios ne se croyait pas beau, loin de la, son physique était totalement indigne d’une femme, femme qu’il était malgré tout. Il n’avait pas un corps fin, ni souple, ni même au courbe attirante non. Qui voudrait d’une compagne sans poitrine, a la musculature prononcée, aux épaules aussi larges que celle d’un homme et a la taille a peine marquée. Elle repoussa cette seconde d’égarement de son esprit et se concentra à nouveau sur le mal empafé du jour.

Ce garde ne se prenait pas pour n’importe quoi, il semblait terriblement sur de sa supériorité et hélas … Si il savait le pauvre bougre. Il s’approcha, la forçant à humer les effluves dérangeants de l’homme. Elle qui ne supportait pas la crasse était gâtée de devoir supporter cet homme. Il reprit ses paroles terriblement amusante jusqu’as en finir. A se moment la Hélios pu enfin répliquer a ses petites attaques de manière appropriée. D’un mouvement souple elle fit sautée les trois entraves qui maintenaient l’épée pour la faire tenir debout, pointe sur le sol, le manche arrivant à auteur de son menton.

Un sourire pris place de manière fou sur ses lèvres alors qu’elle affichait a sa vu l’écusson des gardes d’honneur de la citée sur cette magnifique épée reconnaissable entre mille. Ce n’était pas la sienne, mais celle de son père, et la seul raison pour laquelle elle n’avait pas suivit sa voix était qu’elle ne pouvait pas supporter des gens comme Brok. D’une voix alors assez clair et de parole simple elle expliqua a se pauvre idiot.

« Tu vois cette emblème, ça veux dire qu’Ici, c’est moi qui décide, comme tu l’as si bien dit. Je pense que ton supérieur sera heureux de savoir que tu outre passe tes droits, voix de fait et tentative de violence sur un enfant. Menace sur ma personne et… hum, rajoutons aussi pour le plaisir outrage verbale. Veux-tu aggraver ton cas ou écouter mes conseils ? »

Puis levant sa main libre elle l’empêcha de répondre et rajouta avec une flamme folle dans le regard.

« Avant que tu ne répondes, sache que le capitaine de la garde et moi nous entendons très bien. C’est un vieil ami… »

Puis elle fini par prononcer des mots bien cruel.

« Tu es sans doute tombé sur la seule personne ne pas contrarier se soir. »

Après avoir prononcé son discours, on aurait pu dire que Brok riait dans sa barbe mais malheureusement, il n'en avait point. Le garde imaginait déjà le jeune insouciant qui se trouvait devant lui en train de pourrir dans le fond d'une cellule en compagnie de dégénérés mentaux ou mieux encore, de maniaques sexuels. Et pendant ce temps, Bork pourrait s'introduire dans la salle des objets confisqués aux prisonniers et s'emparer de l'immense épée à deux mains. Il pourrait sans nul doute la revendre à un bon prix au forgeron du coin. Pauvre Hélios, il était tombé sur la seule personne qu'il ne fallait pas contrarier ce soir-là.

C'est alors que le jeune ingrat détacha son épée. Rien n'aurait pus réjouir autant Brok. Résister à une arrestation, cela faisait une accusation de plus porté contre lui et donc cela signifiait encore plus de temps à croupir en prison. S'attendant à ce que l'autre déclenche les hostilités à tout moment, la brute fut assez surpris de voir son adversaire simplement poser son épée ,pointe contre le sol. Peut-être rendait-il ses armes en signe de défaite? Non, sûrement pas, cela aurait été trop facile et ennuyant. Alors, peut-être qu'il n'était tout simplement pas assez fort pour pouvoir manier son épée trop massive? Cela n'aurait pas été surprenant de la part d'un jeune adolescent pré-pubère qui, en plus d'être faible, était imberbe. Un tel manque de virilité, c'était une véritable honte pour les représentants du sexe masculin. Enfin, Brok n'en dit rien et se contenta d'écouter le rouspétage d'Hélios.

D'un oeil scrutateur, le garde observa l'écusson. C'était en effet le signe des gardes d'honneur et comme cet écusson était apposé sur une épée, cela faisait de l'étranger un chevalier officiel du roi. Il ne fallut pas plus que quelques secondes pour que Brok réalise à quel point il s'était enfoncé dans la merde. Décidément, ce n'était pas sa journée de chance. Il n'avait pas d'autre choix que d'écouter tout ce que le chevalier avait à dire et ensuite se confondre en excuse pour essayer d'attirer sur lui la miséricorde du jeune homme. Reculant de quelques pas et baissant les yeux aux sols, Brok balbutia d'une voix faible et rapide:

-Euh...toutes mes excuses Sir, je ne vous avais pas reconnu sans votre uniforme. Si j'avais su, croyez moi, les choses se seraient passé autrement. Sachez que je n'ai jamais vraiment eu l'intention de frapper cet enfant..euh...Inutile d'avertir mon supérieur, ce genre de mal-entendu ne se reproduira plus...

C'était presque sincère comme excuses, mais c'est tout ce que le garde pouvait faire. Il n'allait quand même se mettre à genou, déjà qu'implorer le pardon à ce jeune insolent était assez humiliant. Comme il n'avait rien d'autre à ajouter, Brok resta silencieux et pria le ciel pour que cette histoire se termine au plus vite.

Hélios regarda le brave garde devenir simple péon servile devant ses yeux et cela lui procura une certaine impression indéfinissable et tellement agréable. Il était totalement déconfit, apeuré peut être même par la funeste découverte qu’il avait faite. Les yeux d’Hélios perdirent cette folie qui semblait les avoirs voilé un temps pour redevenir simplement neutre et calme.

Il se confondait en excuse, plus ou moins valable, lui avouant qu’il n’avait pas reconnu le chevalier sans son uniforme, qu’il ne recommencerait pas… Hélios doutait fortement de la sincérité de ses dires et quoi qu’il arrive il préviendrait tout de même le capitaine des agissements du garde, histoire de l’avoir à l’ œil au moins un minimum. Ainsi donc Hélios avait fait l’effet escompté et d’une voix douce elle lui dit tout en posant sa main sur son épaule.

« Redressez vous, j’accepte vos excuses même si je suis bien certain que vous vouliez frapper cet enfant. A présent je vous conseil de vous tenir tranquille, vous savez que je serais la pour vous reprendre si d’aventure vous faisiez à nouveau un faux pas. Cela peut toujours arriver non ? Mais bien, je m’en tiendrais uniquement à dire à votre supérieur que vous me semblez un peu trop sévère sans en dire plus… Cela vous laissera votre travail tout en me persuadant que vous ne ferez plus la même erreur.»

Laissant L’épaule du garde la jeune femme défi la lanière qu’elle portait sur son torse plat et rattacha l’épée a sa place, le cuir cachant a nouveau le symbole des gardes d’honneur de la citée. Ainsi donc elle passait parmi les gardes et les badauds comme un simple chevalier. Astucieux stratège tout de même. Cela lui permettait de voir et entendre ce que personne d’autre chez les gardes ne pouvait avoir le plaisir de surprendre.

Une fois fait un mouvement de poignet souple et elle remit son épée dans son dos, au vue de la facilitée avec laquelle elle la maniait aucun doute qu’elle était totalement apte a la soulever et a pourfendre un corps de haut en bas avec cette arme. Passant sa main dans ses cheveux, il laissa son regard un instant sur le ciel avant de sourire faiblement en disant simplement au garde.

« Ne parlez pas de ce que vous venez, de voir, je ne suis qu’un simple chevalier… est ce bien clair ? Si d’aventure on se rendait compte de qui je suis, je vous en tiendrais personnellement responsable et pour vous cela signifierait une nouvelle recherche d’emploie. Bref, vous êtes libre d’aller finir dans le calme votre journée de labeur, pour ma part je sortirais de l’autre coté de la rue… Tachez de ne plus vous faire remarquer.»

Se faisant il commença à marcher et dit simplement.

« Souvenez vous que vous avez à présent une dette envers le Chevalier Dilandro. »

Il fit un mouvement de main, une sorte d’adieu, tout en se dirigeant vers le bout de la ruelle.

Ce n'était pas la première fois que Brok se faisait réprimander par un de ses supérieurs et chaque fois, c'était la même histoire. 'Fait pas si, fait pas ça, etc' C'était toujours le même refrain et comme d'habitude, le garde se contentant d'acquiester et de faire semblant de prendre au sérieux ce que le jeune chevalier disait. Cependant, c'était vraiment étrange que le chevalier voulait garder cette rencontre secrête. Cela aurait plutôt dû être Brok qui aurait fait cette demande. Peut-être que le chevalier voulait garder son identité cachée, mais cela ne semblait pas le cas ,car il alla même jusqu'à donner son nom au garde. Décidément, c'était sûrement la pire chose à faire, surtout s'il voulait garder secrète son identité.
À l'instant où le supposé chevaler de la garde royale tourna le dos, Brok retrouva son habituel air renfrogné et bête. Ne prenant pas la peine de saluer le chevalier, il regarda ce dernier se diriger vers le bout de la ruelle.

-Sale con... lança t-il faiblement avant d'entamer son chemin vers la caserne.

Le preux chevalier s'attendait-il vraiment à ce que Brok garde cette rencontre secrête? Si oui, alors Hélios devait être vraiment naïf. La brute se voyait déjà à la taverne, racontant sa mésaventure à ses collèges. Vous imaginez, il avait giflé puis insulté volontairement un chevalier de la garde royale et, malgré tout cela, il n'avait écopé que d'un sermon et d'un avertissement. Certe, le jeune avait aussi affirmé qu'il en informerait son supérieur ,mais cela allait être dur car le chevalier avait apparemment oublié de demander le nom du garde. Au bout du compte, il s'en était plutôt bien sorti, lui qui s'imaginait pire encore.

Brok se retourna et partit dans la direction opposée à celle de son interlocuteur. Le soleil était sur le point de se coucher, ce qui signifiait qu'il n'avait perdu que quelques minutes tout au plus. Marchant d'un pas rapide, Brok bouscula quelques passants et se dirigea vers la caserne.