Bonne route [Terminé]

[Suite de Un retour aux portes de la mort]

Il faisait jour, un soleil radieux éclairait les ruelles pavés d'Alëandir et faisait miroiter les rues de la capitale. Le soleil était non loin de son zénith et les rues étaient soumises aux fouées des elfes de sortie ce jour-là. Un cavalier se détacha alors, juché sur un étalon noir et déboucha sur la place magnifique de la Capitale. D'autres le suivaient, deux pour être exacts, des soldats qui servaient d'escorte. Le regard bleu glace de l'efe se poa alors sur une chevelure noire et il reconnut alors un homme qu'il avait du laissé chez un vieux guérisseurs il y a plusieurs jours de cela. D'un geste de la main, il fit signe aux deux autres elfes de vaquer à leurs occupations et il dirigea son cheval vers le centre de la place.

Il mit alors pied à terre, saisit la bride de l'animal et le traina derrière lui alors qu'il s'approchait d'Eldis. Celui-ci s'était endormi comme une masse suite à la décoction du vieil elfe et dormait encore quand l'elfe l'avait quitté, rappelé à ses devoirs alors que l'aube rosissait. Il avait demandé quelques nouvelles au Guérisseur mais n'avait pas revu Eldis depuis cette étrange nuit.

- "Vous semblez remis depuis la dernière fois, Calion est réellement un expert dans son art."

L'elfe s'était approché très discrètement, mais pas son cheval et de toutes façons, il n'avait pas eu l'intention de surprendre l'humain. Contrairement à la dernière fois, il portait une tunique bleu ciel brodée d'argent, soulignant ainsi son rang élevé et sa richesse. En pleine journée, il était Seigneur d'Ardamir, seule la nuit et les villes étragères ne pouvaient le voir que comme Dragan s'il le désirait.

- "Ainsi vous quittez Alëandir?"

Il esquissa une moue malicieuse.

- "Je suis passé voir Calion, il m'a dit que vous veniez de partir. N'est-ce pas un peu tôt pour reprendre la route et ses dangers?"

- "Vous avez eu de la chance de vous évanouir à quelques rues de sa demeure finalement."

Il sentait le regard de l'homme sur lui. Effectivement, Eldis avait vu deux facettes du personnage, mais il en existait encore tant d'autres... Se fier aux apparences avec Dragan était une erreur, c'était un caméléon qui adaptait son attitude aux personnes qu'il rencontrait. Quelqu'un qu'il aurait rencontré plus tôt serait choqué de le voir sous un autre jour avec une autre personne, totalement différente. Ce n'était pas de l'hypocrisie, pas vraiment, juste une manière de vivre et de se protéger derrière une carapace.

Eldis lui répondit alors qu'il allait effectivement à Diantra, qu'il éviterait la route principale pour déjouer tout piège. C'était une bonne stratégie, mais il y avait des créatures en forêt qui n'étaient guère moins dangereuses qu'une bande d'assassins.

- "Voyager seul n'est peut-être pas des plus judicieux... mais je comprends votre envie de savoir. J'agirais de même si quelqu'un voulait attenter à ma vie."

Il ménagea une paue, fixant Eldis sans que rien de ses pensées ne transparaisse dans ses yeux clairs. Finalement, il continua :

- "Sauf que j'aurais une petite idée du mobile si cela arrivait."

Il garda un instant le silence, avant de se montrer franc :

- "Peut-être ne m'avez-vous pas tout dit, ce que je peux concevoir. Mais j'ai réflechis à votre histoire et si vous êtes réellement celui que vous prétendez, je ne vois aucune raison de lancer des assassins à vos trousses. Auriez-vous offensé quelqu'un? Voler quelque chose? Ou bien, vous représentez un danger et il faut vous éliminer..."

L'elfe se contenta de hocher a tête alors qu'Eldis lui faisait part de ses conclusions.

- "Après ce que vous m'avez raconté sur vos origines et votre passé, j'en suis aussi venu à cette conclusion, puisque les autres pistes ne sont pas valables."

Il regarda Eldis, l'air songeur alors que celui-ci parlait de vengeance ou de pouvoir. Mais pourquoi éliminer quelqu'un qui ne savait rien?

- "Ils ont commis une erreur en vous ratant, maintenant, la quête de vos origines va devenir capitale pour vous."

Eldis devait être une menace pour quelqu'un, quelqu'un de suffisamment puissant, riche ou influant pour s'offrir les services de tueurs ou sacrifier des hommes de main. Une époque bien sombre attendait l'humain, cela ne faisait aucun doute et il allat sûrement devoir affronter bien des dangers.

- "Qui sait? Peut-être qua quand nous nous reverrons, ce sera à moi de m'incliner en votre présence."

Il eut un petit sourire amusé, mais il savait que tout était possible et que la vie comportait son lot de surprises, bonnes ou mauvaises. Il suivit le regard d'Eldis et ses yeux se posèrent sur les portes imposantes. Là-bas, c'était l'inconnu, mais aussi l'espoir pour l'humain.

- "J'espère que vous aurez assez de votre vie d'humain pour percer ce mystère. Les dieux seuls savent le temps que cela prendra pour que vous aboutissiez à la vérité. Si vous étiez réellement un elfe, je vous conseillerais d'attendre et de trouver un compagnon de route, mais le temps risque justement de vous faire défaut."

Il eut un petit soupir, presque de regret.

- "Je vous aurais bien accompagné dans votre quête, mais mes obligations du moment m'empêchent de réellement partir à l'aventure et de quitter les terres elfiques."

Il eut comme un sourire sarcastique. Il était mêlé jusqu'au cou à la politique de son pays. Anarion était en passe de revendiquer le trône et cela ne se ferait pas sans quelques compromis. Il n'avait pas encore réllement parlé à son ami des enjeux. Etant demi-elfe, cela serait plus difficile de faire valoir sa légitimité. Dragan était aussi fin politicien qu'habile bretteur et il avait bien envisagé une solution qui règlerait le problème radicalement : que les deux prétendants au trône s'unissent, comme ça, pas d'opposants, ni de guerre de pouvoir...

Il revint à Eldis et remarqua alors que le voyageur était bien partit pour faire le chemin... à pied.

- "Vous n'avez pas de monture?"

- "Je vous souhaite de tout coeur de triompher de l'adversité Eldis. Vous avez suivi une voie pavée d'embûches et de danger, mais après tout, n'est-ce pas notre lot à tous?"

Eldis partait dans une quête personnelle, mais les dangers n'étaient pas moindre que ceux qui partaient en guerre. Les Terres Elfiques étaient plutôt bien protégées et l'on pouvait presque croire que la Guerre insidieuse qui avait lieu les épargnait. Mais ce n'était qu'un leurre. Pour le moment l'elfe était cantonné à la politique et cela lui prenait tout son temps et son énergie, mais en découdre avec les elfes noirs n'était pas pour lui déplaire. Un peu d'action enfin, tout plutôt que ce poison qui rongeait lentement leurs forces et leur courage.

Alors qu'il faisait remarquer à Eldis qu'il n'avait pas de monture, celui-ci argumenta qu'il n'en avait pas besoin, qu'il serait plus discret sans et que de toutes façons, il ne savait pas monter.

- "Mais vous iriez plus vite et gagneiez un temps considérable."

Il pencha alors la tête, amusé :

- "Si vous revenez un jour à Alëandir, ou si vous passez par Ardamir, je vous ferais gouter aux joies des chevauchées débridées. Il n'est jamais trop tard pour apprendre."

C'était une invitation, à ne point douter. Dragan invitait Eldis à le revoir, quand les aléas de la vie le ramèneraient en terre elfique. Mi solennel, mi espiègle, il reprit pour conclure :

- "Bonne route Eldis. Je souhaite que cela ne soit qu'un au revoir... Vous avez encore une dette envers moi, il vous faut l'honorer"

"Merci Seigneur Dragan. Malheureusement pour moi, je n'ai pas choisit ma route, on l'a choisit pour moi."

La vie qui attendait Eldis était remplie de danger et de menaces de morts iminentes. Il ne pouvait plus faire confiance aux humains, car derrière chacun d'eux pouvait se cacher un assassin. Il allait devoir vivre seul, en retrait, se méfiant de tout le monde, considérant chaque homme et femme comme un ennemi potentiel, et ce jusqu'à ce qu'il trouve qui voulait sa mort.

"J'espère revenir un jour, mais qui sait où ma quête me conduira. Mais si d'aventure mes pas me ramenaient ici, ce serait avec joie et honneur que je chevaucherais à vos cotés."

Se faire inviter par un seigneur elfe. Qui aurait cru que cela lui arriverait un jour? Pas lui en tout cas. La vie décidément était surprenante.

"Au revoir Seigneur Dragan. Quel que soit mon destin, je vous promets de ne point quitter ce monde avant d'avoir pu honorer la dette que j'ai contracté auprès de vous. Je ne sais pas quand nous nous reverrons, mais rassurez-vous, je paye toujours mes dettes."

Puis il se tourna vers les portes de la ville, sortit de la cité elfique et s'enfonça dans la forêt, marchant droit sur Diantra, et son destin.