Ce que le vent amène

Cinquième ennéade de Barkios
De la huitième année du onzième cycle.

Silencieusement, un petit bond le propulsa sur la branche de l'arbre le plus proche. Les orteils du chasseur se refermèrent sur la branche qui tanguaient légèrement. Il redescendit un peu le long du tronc. Toujours rien. La mélancolie et la peur d'une nouvelle attaque de ces créatures à peau noire berçait toujours leur territoire. Mais pas de trace d'autres ennemis depuis que leur camp avant été déporté au Nord-Ouest. Pas de traces non plus des enfants renégats qui étaient venus s'entretenir avec eux... Sans doute étaient-ils mort.

Il ne comprenait toujours pas pourquoi le Chef désirait les retrouver ni faire passer leur proposition de serpent vicieux. Ils avaient servis leurs frères en détournant les sombres créatures. Grand bien leur fasse !

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Neuvième ennéade de Barkios
De la huitième année du onzième cycle.

Des messagers se rependaient dans le campement mais il suffisait d'être proche des limites extérieurs pour comprendre le pourquoi de cette soudaine agitation. Depuis plusieurs heures, un nombre impressionnant de cerfs et biches se réunissaient de plus en plus proche des tentes. Quelqu'un avait aperçu une pointe de lance… Et personne n'aurait été assez fou pour remettre ce fait en question. Après tout, plusieurs Noss s'étaient présentés aux alentours des camps qui bordaient Eraison, ou plus au Sud, depuis que les échos d'une mission de diplomatie entre Noss et Cité, était parvenue aux oreilles des soldats citadins. La nouvelle s'était répandue en quelques minutes. Lorsque les fourrés frémirent, Iruvien n'étaient plus le seul prêt à accueillir les farouches arrivants.

Impassible, il regarda avancé l'un des gros animaux. Un vieux cerf dont les bois étaient encore pris dans leur gangue duveteuse. Il manquait quelques touffes de fourrure à sa tête épaisse mais ses andouillers étaient déjà immenses malgré la saison. Mais le plus étonnant se trouvait derrière sa ramure : Le visage d'une cavalière. A sa suite avancèrent deux autres elfe. L'un en selle, l'autre à pied.

Iruvien fronça les sourcils. Il ne se souvenait pas avoir jamais entendu parler de Noss Cavaliers. L'Histoire soutenait que l'équitation était exclusivement citadine... Et pourtant l'elfe était sans conteste une Noss.  Son regard dur se posa successivement sur tous les elfes présents, prouvant son grand âge malgré son visage encore très jeune. Ses iris étaient totalement noires. Les muscles très marqués de ses membres, son visage gauchi, ses cicatrices et les protections en bois qui recouvraient ses jambes lui donnaient une allure forte, presque virile.

Soudain, ses mains s'agitèrent en une succession de signes extrêmement rapide. Des signes sans aucun sens aux yeux des gardes présents. La voix de l'homme en selle s'éleva clair et forte mais étrangement factuelle. Il avait le regard fixé sur les mains de la femme et les siennes s'animaient également de temps à autre.

« Nous sommes  Bask'Eret. Nous avons quitté notre sanctuaire pour combattre les Daedhels. Des enfants de la pierre ont prouvé qu'il reste à certains d'entre vous un peu de l'honneur de notre peuple en donnant leur vie pour une tribu soeur. La Chef de Harde a ordonné de protéger les terres du Couchant  à partir de la rivière à une demie journée de marche vers les combat. Nous ne sommes pas seuls. Pour notre Soeur et par respect pour les morts, Elle est venue se présenter à vous et vous avertir de notre présence. Qu'un seul d'entre vous entre dans notre territoire et il mourra. »

Aussi soudainement qu'elles avaient commencées, les mains des deux elfes arrêtèrent leur danse frénétique. La femme frappa deux fois la pointe de sa longue lance sur le sol sur son côté droit et lança une plaquette de bois peint vers les elfes. Iruvien l'attrapa à la volée. Un portrait y figurait. Un enfant. Une fillette. Un nom y était gravé. Tinwaël. Indubitablement citadin. Une goutte de sang masquait son épaule et coulait le long de sa joue.

"Nous avons trouvé l'un des votre près d'un Daedhel mort. Il repose sous le regard de Kÿria" reprirent la voix de l'homme et les mains de la cavalière sans un soupçon d'affectation.

Le regard de la femme transperça de part en part le garde qui avait reçu ce funeste souvenir.

Les cervidés voltèrent.

En quelques secondes, les abords du camp étaient redevenus calmes.