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| Ici repose le miroir des eaux profondes [pv La Blanche] | |
| | Auteur | Message |
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Jalaad Sil'Avryn
Elfe
Nombre de messages : 22 Âge : 34 Date d'inscription : 28/08/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 467 ans Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Ici repose le miroir des eaux profondes [pv La Blanche] Dim 13 Sep 2015 - 13:06 | |
| Aux prémisses de l’aube, dans les frissons d’une bise tendre, les arbres avaient murmuré. Un chant quotidien, familier. Des reflets immenses, comme projetés dans une vasque croupie de pierreries fanées s’étalaient à leurs pieds. Un lac, une mare, tout petit creux d’eau profonde sur le roc acéré. Comme un miroir, comme une glace piquetée, comme un envers un peu sombre, un passage vers un autre monde : c’étaient ces lieux interlopes, incertains, indisctincts, noyés dans les brumes, que Jalaad affectionnait. Le matin glaçant, murmurant, le matin sans bruits et plein de saveurs, comme une poignée de terre après la pluie.
Le silence se rompit, déchiré par l’éclaboussure immense, le grand trouble d’écume, la rupture liquide de la surface des eaux. Plus rien d’immobile, alors, et le long replis aquatique, comme une étoffe lourde et obscure qu’on remue et qu’on froisse. Dans le gouffre noir entre les arbres, flottait comme un fragment de chair pâle, drapé d’une mante de cheveux d’ébène qui flottaient dans le courant. Les yeux clos, l’elfe se laissait dériver. L’été autour d’elle apportait sa floraison vive, quoique bien rêche et bien rude dans ces contreforts désolés qui s’écoulent en collines âpres vers la mer... C’était le seul été qu’elle aimait, sans chaleurs ni ardeurs, pâle et encore lumineux et pur dans ses élans comme la lueur d’un soleil sous les branchages.
Dans le petit matin encore sillonné de brouillards, Jalaad se taisait, Jalaad écoutait, et tout entière se laissait emplir et chavirer dans la Symphonie qui s’éveillait et parcourait tout l’univers sous elle. Doucement, à fleur d’eau, à fleur de peau, elle se laissa sombrer. Lentement, tout se referma sur elle, les froids replis du lac profond qui l’engloutissaient avec la tendresse d’un amant. Tout oublier, tout perdre, tout laisser s’abîmer dans l’attrait terrible et l’ivresse mouvante de ces moments sublimes où elle pouvait presque perdre la conscience d’exister elle-même pour ne plus ressentir que l’immensité. Revenir à la source, au point d’origine, revenir au moment où tout débutait.
Une lente chute, dans les remous insondables. L’eau noire et trouble qui emportait tout. Le murmure des arbres, loin au-dessus, ce grand frémissement mélodieux emportait tout dans les rafales du vent tiède. Les yeux fermés.
Et puis, dans une gerbe d’éclaboussures, le visage de Jalaad émergea de nouveau, aspira longuement l’air traversé de senteurs végétales, cet air tout infusé de brumes et de soleil, de cette lumière presque poudreuse, tangible, comme une poussière d’or et de mousse répandue en rideaux immobiles à travers les arbres. Les vaguelettes éveillées par les mouvements de la druidesse battaient mollement le rivage, prises d’une paresse languide, et s’agitèrent un peu plus dans les ronds qui se formaient peu à peu à la surface, à mesure qu’elle regagnait la terre ferme.
Bientôt, dans la lumière morcelée, dans les brumes et les vapeurs, s’éleva une silhouette longiligne et nue, un corps pâle zébré de tatouages sombres, que l’immense chevelure dénouée couvrait comme d’un manteau de fils de soie et de fourrure, de longues tresses rêches comme des fibres d’un chanvre noir. Tout frissonnait encore autour d’elle, les sensations décuplées, comme titubante encore dans l’ivresse résiduelle d’une étreinte à peine consommée qui consumait quelques dernières braises au fond d’elle. Tout chantait encore, tout s’apaisait peu à peu. Longtemps elle resta ainsi, debout, orante, les mains levées à hauteur de poitrine, respirant les effluves, écoutant la chanson, pour ces derniers instants avant que tout ne s’apaise.
Peu après, elle était accroupie près d’un minuscule feu de camp, enveloppée dans son manteau de plumes, occupée à tordre l’écheveau emmêlé de sa chevelure. Le vent murmurait encore sa complainte, les eaux souriaient dans les reflets d’un soleil un rien plus vif qui parvenait à peine à dissiper la sévérité sauvage de la forêt.
Rien qu’un jour de plus, rien qu’un jour tranquille. Rien ne semblait pouvoir advenir, alors. |
| | | La Blanche
Ancien
Nombre de messages : 165 Âge : 35 Date d'inscription : 12/07/2009
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| Sujet: Re: Ici repose le miroir des eaux profondes [pv La Blanche] Dim 13 Sep 2015 - 16:45 | |
| L’Été n'était pas sa saison, elle ne s'y était jamais vraiment plu, pour aussi loin que remontait sa mémoire, elle y perdait sa grâce et son assurance, ses atouts dans sa besogne, et elle ne devait qu'au sacrifice d'une part d'elle-même de ne pas y étouffer… Et ses rivaux étaient plus nombreux, plus envahissant, quoi qu’avec davantage de choix, ils ne s'intéressaient guère à ses propres performances et à son butin des plus maigres à leurs yeux. Elle y préférait l'Hiver, et comprenait l'Autre et son affection pour le Printemps… Mais l’Été… Il est des songes qu'elle faisait, dans lequel ce monde s'enveloppait pour de bon dans son manteau neigeux, et quand bien même l'Autre lui avait murmuré qu'alors elle n'aurait plus rien pour se satisfaire, elle demeurait accroché à cette simple idée.
Elle s'était attelée à la tâche toute la nuit, fouillant et examinant les faisceaux d'indices laisser par celles et ceux qu'elle pourrait par la suite surprendre… Leurs vies s'étalaient sur le sol et imprégnaient l'air ambiant, elle y contemplait les allers et venus et en suivi les traces avec discrétion, surprenant quelques étourdis trop à leur repas pour saisir sa présence. Vint l'obscurité et sa fraîcheur, vint l'obscurité et s'éveillèrent d'innombrables êtres que la chaleur assomme, que la lumière éblouit, que la nature a fait nocturne, et c'était fort bien ainsi. Elle en surprit ainsi, s'épanouissant tout juste, à l'abri dans leur trou trop étroit mais à sa portée dès lors qu'ils en sortaient… Elle en perdit bien plus qu'elle en attrapa, mais c'était ainsi, et tant qu'elle s'en saisissait d'assez, il n'y avait guère de regret à avoir… Elle oublierait l'insignifiance de ces déconvenues, comme elle avait écarté toutes les autres de sa mémoire.
Vint le matin et la brume… Celle-ci l'affectait, contrairement à celle de l'Autre, elle annonçait la fin de cette nouvelle partie qu'elle venait de disputer avec ses adversaires de toujours, dans ce jeu qui avait commencé bien des hivers avant sa naissance et qui durait encore, et il durerait encore bien après elle, aussi loin soit ce moment… Par l'Autre, elle avait acquis certaines idées et certitudes, comme elle, elle avait vu des Frères et des Cousins s'égayer, grandir et mûrir, se multiplier et finalement cesser le jeu, s'arrêter pour devenir à leur tour l'adversaire d'autres chasseurs dont elle répugnait le contact.
Une nouvelle surprise devait l'attendre alors qu'elle allait boire et se nettoyer de sa sale besogne… L'odeur caractéristique et inquiétante d'un feu piquant sa curiosité autant que d'autres instincts que l'Autre lui avait apprit à contrôler… Elle aurait du fuir, elle l'aurait fait autrefois, mais l'Autre était là pour veiller à ce que les Sur-Deux-Pattes ne s'en prennent pas à elle, aussi poursuivit-elle sur sa lancée, passant sous les yeux de celle qui veillait sur ses flammes en suggérant un profond désintérêt et lapa quelques gorgées du précieux liquide avant d'y tremper un museau couvert de sang. Elle revint en arrière, finalement, pour s'arrêter sur cette Sur-Deux-Pattes avec une odeur de Bec Noir, du moins, elle considéra ce qu'elle captait comme une odeur. Elle ne craignait guère ces êtres-là… Malin comme elle, assurément, mais ils étaient bien davantage les rivaux de ceux qui la répugnait que les siens, ils prélevaient de ses proies ce qu'elle ne prenait pas pour elle-même mais ne chassaient jamais par eux-même… Des opportunistes bien davantage que des chasseurs.
Ainsi se figea la Blanche, qui était en ce jour d'un brun foncé – mais cette dénomination ne lui aurait guère plut -, scrutant avec curiosité et intérêt ce qu'elle savait s'appeler Druide, d'après l'Autre. |
| | | Jalaad Sil'Avryn
Elfe
Nombre de messages : 22 Âge : 34 Date d'inscription : 28/08/2015
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| Sujet: Re: Ici repose le miroir des eaux profondes [pv La Blanche] Lun 28 Sep 2015 - 6:44 | |
| Jalaad murmura quelque chose dans le vent, et le vent lui répondit en retour. Elle sourit, un peu, comme elle ne souriait jamais qu’aux reflets et aux miroirs de ses solitudes sans nom, comme elle ne souriait jamais qu’à la nature et non aux êtres qui la peuplent. On vit alors son visage s’éclairer lentement, gagné comme un ciel nocturne par les très douces prémisses d’une aube qui ne se dépare pas de sa froidure. Les traits restaient durs et secs, mais ils s’émoussaient dans la courbe des lèvres fines.
Quelques gouttes claquèrent sur le sol, exprimées avec forces de la chevelure tordue en un écheveau qui semblait tout de crin noir et de colifichets tressés. Relevant les yeux de son feu, Jalaad distingua un mouvement qui lui attira l’œil : les ondes, dans le lac désert, s’étendaient et se propageaient lentement. Le miroir se troublait, faisait onduler vivement les reflets des arbres et des troncs longilignes, avant de mourir en vaguelettes crépitantes sur les galets.
Jalaad se leva, étendant à la verticale sa longue silhouette puissante qui se déploya dans toute la noblesse d’une reine nue sous le manteau de plumes, drapée dans la chevelure mollement retombée sur ses épaules. Et, dans un geste souverain, elle fit un salut, empreint d’un respect sympathique, envers l’animal dont elle distinguait la fourrure sombre au bord de l’eau. C’était sa façon de rendre hommage à chaque créature dont elle avait la garde, encore qu’un sentiment pressant lui suggérait de plus en plus fortement que ce renard n’était pas si anodin qu’il semblait l’être et qu’il n’était peut-être pas seulement un animal. Mais quelle créature d’Anaëh est seulement un animal ? Jalaad savait bien tous les mystères et toutes les énigmes qui pouvaient se cacher derrière les yeux d’une chouette ou d’un loup. Trop de murmures et trop de vertiges pour demeurer anodin.
Ceci fait, elle s’assit, son grand corps pâle et noir reflua vers le sol, comme aspiré par la terre, et elle ne fut plus qu’une petite silhouette tassée sur les braises d’un feu moribond dont elle tirait un brandon âcre pour allumer sa pipe.
Les yeux à demi clos, elle attendait. Elle avait presque formulé un geste d’invite, mais c’était à l’hôte de décider. Quelques chuchotements épars s’attardaient. Le frisson immense de la symphonie s’attardait dans ses os, sa chair, son ventre, et déjà s’affadissait dans un regret poignant. Elle abaissa lentement ses paupières, chercha l’écho, ne le trouva point et soupira. Que les choses semblaient insipides, une fois sortie de l’eau.
Une grappe de fumerolles échappa à sa bouche entrouverte, s’envola comme des signaux sous les frondaisons. Un rai de lumière les capta au passage, en fit jouer les volutes passagères avant qu’elles ne se diluent. Tout était paisible. Jalaad observa la renarde, son museau encore croûté de sang qui faisait des nappes brunes dans l’eau claire, sa silhouette déliée et fine, marbrée ça et là de nuances plus sombres, peut-être à cause de la rosée qui imprégnait le pelage. Une belle créature, assurément, et de là où elle était, la druidesse pouvait presque distinguer l’éclat de son regard, de ces puits d’ombre chatoyante qui semblaient, pareils à des flots trompeurs, recouvrir une réalité plus profonde, et plus cachée.
Elle ne fit pas l’outrage d’avoir recours à sa voix. Elle se contenta d'élever sa main, la paume ouverte, et de faire comme un grand geste qui fit glisser en arrière la manche du mantel et dévoiler un bras sec et noueux comme une vieille branche, une peau laiteuse piquetée de signes peints à demi effacés. Une invitation. Elle courba le chef dans une humilité relative, et puis ne bougea plus, parce que le reste eût été superflu. |
| | | La Blanche
Ancien
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| Sujet: Re: Ici repose le miroir des eaux profondes [pv La Blanche] Sam 28 Nov 2015 - 16:39 | |
| Quelles curieuses manières que celles de cette Sur-Deux-Pattes… Les Druides étaient de bien étranges créatures, comme à la frontière entre deux mondes, marchant sur un fil tendu, les plus adroits s'y épanouissent, les plus fragiles tremblant sur leurs pattes, craintif à l'idée de tomber… Mais que craignent-ils, en réalité… L'Autre lui avait apprit, oui… Ces êtres là se distinguent eux-même des autres créatures, des animaux, et craignent d'en devenir un. Ils ont oublié, oui, oublié eux-aussi, alors qu'ils sont les plus capables pour se souvenir, qu'autrefois il n'était qu'un monde, que la distinction n'était pas.
Mais l'invitation, car c'est ainsi qu'elle devait comprendre cette attitude, lui était-elle vraiment adressée ? Elle en doutait, il n'existe aucun lien entre eux, ni entre les renards et les Sur-Deux-Pattes, ni entre les renards et les Becs Noirs, sinon que ces derniers profitent de la chasse de l'autre, mais jamais l'inverse, ça n'aurait pas de sens, ça n'est pas ainsi que le monde fonctionne. Sa nuit était achevée, sa chasse aussi, et cette compagnie était pour l'Autre… Il est temps de s'endormir, de filer dans les bois de songes façonnés par l'Autre jusqu'à la prochaine chasse.
Et s'écarta, se dirigeant vers les Arbres, disparaissant aux yeux de la Druide, et s'assoupit…
Les traits changent, et la Blanche cède la place à Celle qui Guide, Aerlinn, l'Autre, félicitant l'esprit animal pour sa chasse, ouvrant les yeux… Elle tourna les talons et revint sur les traces de la renarde, apparaissant aux yeux de la druidesse. Un geste de la main pour répondre à l'invitation, et elle s'approche… Voilà une Fille comme elle en contemple peu, consciente de son lien, consciente de la discrétion qu'exige le monde dans lequel elle évolue. Qui que ce fut celui qui lui enseigna ces manières, il a bien œuvré en la formant.
« La Blanche apprécie tes manières, Fille, des qualités rares parmi tes Frères et Soeurs. »
C'était dit doucement, elle ne sentait pas la présence de la moindre créature qu'un son, à présent, aurait pu dérangé, et c'était après tout là la manière des elfes. Elle alla contempler son reflet dans les eaux, effaçant les dernières traces de la sanglante activité de la Blanche, avant d'en revenir à la druidesse qui laissait si peu de choses paraître… A la différence de ce qui devait lui servir d'animal-totem, voila une Fille fort peu causante.
« Tu nous intrigues, Fille… Qui es-tu ? »
Une manière simple d'inviter à son tour, tandis qu'elle s'asseyait face à elle, autour du feu. |
| | | Jalaad Sil'Avryn
Elfe
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| Sujet: Re: Ici repose le miroir des eaux profondes [pv La Blanche] Mer 23 Déc 2015 - 15:08 | |
| Jamais la première, non, jamais la première à élever la voix, et encore moins en présence de l'aïeule au pied de laquelle une partie d'elle-même avait envie de se jeter en prosternation. Ancienne, la vénérable, quand bien même son visage fut sans âge, comme l'étaient tous ceux des enfants d'Anaëh. Cela émanait de chacun de ses souffles, de chacun de ses mouvements.
Elle n'avait rien dit, elle n'avait même pas bougé quand cette sœur de fourrure était partie se défaire de la mante de l'animal pour revenir sous les traits d'une dame elfe de belle allure, couronnée par les tresses neigeuses de ses cheveux blancs.
Dans le bois fissuré de soleil, les deux femmes se saluèrent avec des grâces sévères et hiératiques de vieilles déesses, et par pure préséance, Jalaad ne s'assit pas avant que sa compagne — si tant était qu'elle eût l'audace de l'appeler comme telle — ne soit installée près du maigre foyer. Elle ne parla pas non plus avant d'y avoir été invitée, comme à son habitude : c'était la voix qui trop souvent rompait les charmes subtils de la forêt, et la seule dont elle aimait user s'échappait d'un bec de corneille, de l'oiselle obscure qui nichait dans ses songes. Pas la sienne, pas cette bouche de chair, pas ce frêle frémissement de roseau.
— Que la Blanche soit remerciée, alors, dit-elle enfin de sa voix sourde et profonde.
Jalaad eut une courbette, rabattant sur son épaule le pan du manteau qui glissait, et les cheveux trempés qui lui collaient aux tempes.
La question qui suivit, énigmatique, curieuse, prononcée par cette face taillée dans le plus pur des albâtres, avait de quoi faire réfléchir. La druidesse observa son invitée, inclinant légèrement la tête sur le côté comme le faisaient les oiseaux intrigués, avec la même souplesse dans le col que les rapaces qui guettent, et quelque chose de tranchant, quelque chose de sévère et de rude dans le visage et dans les yeux.
Jalaad, qui ne parlait jamais pour rien, prit un temps pour répondre, quêtant des bribes de réponse dans le reflet des eaux, puis revenant à elle, à la Protectrice, à celle qui avait été bien plus loin qu'elle-même ne l'avait jamais été.
— Je suis ce que je suis, lui répondit-elle enfin, sous ses tresses de crin noir. Rien de plus que ce que je semble être, peut-être ? Je suis des enfants d'Anaëh, de la Noss de Iorwynn, et au soir de mon initiation, j'ai revêtu le noir manteau d'une corneille.
Les yeux cillèrent, les paupières se fermèrent à dessein, un instant.
— Je suis sœur de l'obscur et des eaux, acheva-t-elle avec ce sourire qui n'en était pas, à peine un frémissement des lèvres qui lui faisait légèrement montrer les dents.
Elle se courba, jetant quelques brindilles dans le feu qui fumait d'abondance, et en tira des braises pour raviver le fourneau de sa pipe. Les vapeurs de l'herbe s'échappèrent de sa bouche quand elle rejeta la tête en arrière et expira un long, très long filet gris.
— Et toi, dame renarde, qu'es-tu ? |
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