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| À l'assaut du Dyarque | Elvad'e | |
| | Auteur | Message |
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Elya
Elfe
Nombre de messages : 40 Âge : 34 Date d'inscription : 17/10/2009
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| Sujet: À l'assaut du Dyarque | Elvad'e Mer 30 Sep 2015 - 19:56 | |
| Ils étaient neuf à ramper sous la frondaison de l’Anaëh. Ils le cherchaient. Ils le cherchaient tous, dans le fol espoir de l’abattre ; pour l’heure, ils avaient tous échoué. Il les avait brisés, les uns après les autres, sans se soucier de leurs cris. Les impudents qui se précipitaient vers lui ne feraient pas exception et leurs corps, comme ceux de leurs prédécesseurs, entameraient leur lente révolution. Ils étaient des dizaines à voler autour de lui et leurs ellipses étaient toujours plus grandes. Ce morbide ballet avait fini par effrayer la forêt, qui se taisait à son arrivée. Les bêtes le fuyaient ; celles qui n’en faisaient rien subissaient le même sort que les agresseurs. Il en allait de même des elfes qui avaient cru pouvoir l’approcher.
Devenu pire que fou, Dyarque ne faisait plus aucune différence entre ceux qui portaient le Souffle.
Le Roi n’avait plus rien mangé depuis qu’il avait quitté son trône, pas plus qu’il n’avait bu ou dormi. Il n’était plus que l’ombre du seigneur protecteur qu’il avait pu être jadis. Ses membres pendaient misérablement le long de son corps et il était bien incapable, désormais, de les bouger : ses os s’étaient brisés à de multiples endroits et il n’était pas rare qu’un craquement écœurant vînt troubler le silence qui l’entourait. S’il se mouvait encore, s’il vivait encore, c’était grâce à la magie. Elle avait remplacé tout le reste, jusqu’à l’air qu’il respirait à peine. Arriverait bientôt le moment où même elle ne suffirait plus et il mourrait. Qu’importait, cependant, si le temps lui manquait : quand chaque seconde s’étirait comme deux éternités, sa fin se faisait désirer. Il arrêta sans même y penser une première flèche. La pointe acérée demeura figée à quelques centimètres de son visage, mais il était bien incapable de la voir. Il ne voyait plus rien. Tout n’était que ténèbres, tout n’était que danger, tout n’était qu’ennemi à abattre. Il suffisait de les trouver. La danse des corps autour de lui se troubla et s’accéléra. Quelques gémissements lui apprirent qu’ils n’étaient pas tous morts : il abrégea leurs souffrances en leur brisant la nuque. Devant ce spectacle horrible, ses agresseurs s’agitèrent et il les entendit même se crier des ordres. Il n’y prêta pas attention, son ouïe n’était pas assez précise pour que pareille information ne lui fût d’aucune utilité. Par contre, quand la jambe d’un macchabée accrocha l’armure d’un des éclaireurs, il attaqua sans la moindre pitié. Les hurlements stridents de sa victime et, sans doute, la vision de son corps déchiqueté finirent de persuader les noirelfes qu’ils ne faisaient pas le poids ; il était malheureusement déjà trop tard et quand, enfin, les corps sans vie qui l’entouraient reprirent une course plus apaisée, ils étaient neuf de plus.
« Elya ! » s’exaspéra Maune. La concernée tourna légèrement la tête, portant son regard noisette sur l’ancien despote. « Sa Majesté me fera-t-elle l’honneur de se lever et de se préparer ? »
Les poings serrés, l’ancien despote observa son esclave s’extraire de leur couche avec une lenteur insolente. Il était rare qu’il donnât ainsi à l’ancienne Princesse d’Alëandir ce qui avait un jour été son titre et, souvent, c’était l’agacement qui l’y poussait. Bien entendu, le piquant rappel de son ancienne condition n’arrachait pas la moindre réaction à la jeune Taledhel, pas plus que les menaces ou même les coups. Cette constatation avait déstabilisé son propriétaire, habitué à régner en maître absolu sur son bétail. Or, si Elya finissait toujours par faire ce qu’on lui demandait, sans jamais se plaindre et avec une application qui frôlait la maniaquerie, elle le faisait à son rythme. Un rythme d’elfe, ce qui lui faisait répéter à l’envie « qu’il ne fallait pas être pressé ».
« Voilà, » déclara-t-elle simplement au bout de quelques minutes, tandis qu’elle se postait face à lui. Maune ne retint même pas le grognement qui lui chatouillait la gorge : elle avait triste mine, avec ses cheveux en bataille et ses vêtements froissés. Il ne savait pas ce qu’il avait espéré. C’était comme si la drôlesse ne connaissait pas l’existence des peignes.
« Va trouver K’ssandra. Avec un peu de chance, elle pourra te rendre un minimum présentable. » Rien qu’à cette idée, les jointures de ses doigts blanchirent. Voilà qu’il ordonnait à une drow de prendre soin d’une elfe ! Elle avait beau être esclave, K’ssandra n’aurait jamais dû se retrouver en pareille position. Il ne fit rien pour arrêter la Taledhel, pourtant. De fait, ses talents particuliers lui seraient plus utile encore dans les heures à venir que jamais auparavant. Il n’oubliait pas que son retour dans les rangs eldéens n’avait pas fait oublier les années qu’il avait passé dans son domaine dornien, en toute illégalité.
C’était une bien étrange relation, en vérité, qui le liait à Elya. Elle était une piètre esclave, une amante incapable et une enfant aurait une conversation plus intéressante. Pourtant, il savait « prendre soin d’elle ». Il cherchait à se convaincre qu’il ne faisait que protéger un investissement. Après tout, la pauvrette était d’une valeur inestimable, tant par son pédigrée que par ses talents. Il n’empêchait qu’il s’était plus d’une fois surpris à être inutilement doux à son égard.
Une heure plus tard, il se mettait en quête d’Elvad’e Do’ana. Las de voir les Osts incapable de régler le problème eux-mêmes, le bâtard avait fait part de son souhait de s’occuper personnellement du monstre qui hantait la forêt. Maune y avait vu l’occasion de se faire un nouvel allié. Le Fléau des Ours avait réussi à se faire un nom. Alors, certes, il ne serait jamais Grand Prêtre, mais sa vaillance au combat lui valait le répit qu’il méritait quant à son mauvais sang. De ce qu’avait compris le doeb repenti, ils seraient une dizaine de prêtres et quelques douzaines de gardes du Temple. Il ne savait pas si ce serait suffisant, mais il savait pouvoir compter sur Elya pour assurer sa protection. Si la menace était magique — et tout indiquait qu’elle l’était, diablement — alors il serait sauf. C’était bien le plus important.
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| | | Elvad Do'ana Sang-mêlé
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| Sujet: Re: À l'assaut du Dyarque | Elvad'e Ven 2 Oct 2015 - 21:17 | |
| Elvad'e souleva doucement la cotte de maille. Elle était neuve, ou peu s'en fallait. Son ancien équipement n'avait pu être récupéré, seulement refondu. Il porta le vêtement de métal à hauteur d'yeux, lui jetant un regard mauvais. A quoi allait-il servir, vu ce qu'il avait subit la dernière fois ? D'un geste du bras il la jeta sur le dos d'une chaise, duquel elle dégringola dans un bruit léger comme une averse. Il se rassit sur le lit qui occupait le centre de la pièce, des quartiers plutôt luxueux du palais. Il ferma les yeux et essaya à nouveau de se souvenir.
Il avait plu ce soir là, en tout cas il lui semblait. Le bruit de la pluie sur les arbres, des gouttes qui tombent en cascade sur les feuilles. Mais était-ce de l'eau ? L'odeur il s'en rappelait aussi, une puissante odeur de mort. Après cela, tout devenait flou. Seule la douleur restait. Une longue et intense douleur. Des bribes de visions, de cauchemars, à moins qu'il ne s'agisse de souvenir, lui restaient de son long coma. Mais des informations utiles il n'en avait pas. Lorsqu'il s'était réveillé, tous l'avaient espéré. On comptait des dizaines de soldats disparus aux abords de la forêt. Trop, même pour les ornedhels. Et puis, il y avait quelque chose de bizarre qui flottait dans l'air autour d'Eraïson, les prêtres étaient aux aguets, les mages percevaient des choses étranges et même les simples soldats sentaient le malaise ambiant. Quelques uns déliraient même franchement. Il était l'un des rares survivants et pour ainsi dire le seul qui ait réussit à se remettre de ses blessures. Qui plus était, avec une rapidité étonnante. Quelques un murmuraient que ça n'avait rien d'ordinaire. C'était tout ça, plus que l'inefficacité des osts ou l'envie de gloire, qui le poussait à mener cette expédition. Depuis son réveil il se sentait petit à petit décevant. Il n'était pas capable d'apporter des réponses aux questions auxquelles il aurait dû pouvoir répondre. Alors, s'il n'avait pas ces réponses, il irait les chercher. Et, comme à son habitude, il se souciait peu des dangers qui l'attendaient : il voulait leur prouver à tous, et surtout à lui-même, qu'il était à la hauteur de ce qui lui arrivait.
Il se releva plus déterminé encore, si cela était possible. Il avança la main vers sa cotte de maille tombée au sol, puis, finalement, la retira. Elle n'avait servit à rien, elle ne servirait pas plus cette fois. L'acier ne protégeait pas de tout, et lorsqu'il était inutile, il fallait s'en remettre à la volonté et à la faveur divine. Au moins ne manquait-il pas du premier. Quant au second : il existe des moyens d'attirer les dieux, songea-t-il en attrapant la dague sur sa table. Il se saisit également d'un de ses gants de cuir qui traînait et le plaça entre ses mâchoires. Il saisit la dague à l'envers et s'approcha de la grande plaque de métal polie qui lui servait vaguement de miroir. Sa prise se raffermit et il posa la pointe de l'arme sur son torse nu.
Quand Maune arriva, la petite troupe était presque prête. Les soldats du temple finissaient d'attacher leurs armures ou de vérifier le bon état de leurs armes tandis que les prêtres étaient occupés à quelques litanies de vengeance ou de passes d'armes d'échauffement. On le regarda bizarrement, lui l'officier revenu la queue entre les jambes qui, de surcroît, se faisait accompagner d'une elfe. Les plus jeunes n'avaient que mépris, les plus expérimentés y ajoutaient une pointe de curiosité pour cet inattendu déroulement. Quelques uns avaient étaient même franchement méfiant.
Trouver le Fléau des Ours, comme on le surnommait, ne fut guère difficile : le sang-mêlé se tenait face à sa petite armée, songeant à la dernière fois qu'il avait commandé semblable détachement sur semblable mission. Personne n'avait oublié d'ailleurs car les regards que lui jetaient ses hommes n'avaient rien de vraiment confiant. Ils étaient même inquiets. Mais aussi, d'une certaine façon, respectueux. C'était compréhensible puisque le prêtre se tenait face à eux, sans armure, un simple pantalon de cuir épais et des gants de semblable matière pour tous vêtements. Sa peau, dont la couleur avait déterminée toute son existence, était recouvertes de scarifications à la gloire d'Uriz, traçant dans le sang les runes et les symboles les plus sacrées du Père. D'autres dieux avaient même droit à une place : Kiel, Meingal, Zhak'bar et bien sur Teiweon. De larges traînées de sang allaient d'une plaie à l'autre et leur aspect légèrement brillant, ainsi que les gouttes qui perlaient de temps en temps montraient que l’œuvre était récente. Tout cela était surmonté par le heaume menaçant du prêtre, plongeant dans l'ombre son visage ravagé et ne laissant apparaître que les reflets rubis de ses yeux. En voyant l'ancien despote approcher, Elvad'e tourna la tête dans sa direction. Il le salua simplement, presque abruptement : il n'avait pas à lui montrer plus de respect. Puis son regard se déporta sur la femme à son côté, une taledhel, de toute évidence. Lorsqu'il s'adressa au despote, sans le regarder, le ton était dur et autoritaire :
« Qu'est-ce qu'elle fout là ? On promène son jouet sur le champ de bataille ? » |
| | | Elya
Elfe
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| Sujet: Re: À l'assaut du Dyarque | Elvad'e Dim 4 Oct 2015 - 11:31 | |
| Maune prit le parti d’ignorer les regards méfiants et méprisants qu’on darda à son endroit. C’était de bonne guerre, lui-même ne se serait pas privé à leur place. Il n’était de toute façon pas revenu sous le giron d’Elda de gaité de cœur : jusqu’à récemment maître en son domaine, le prêtre d’Uriz en avait été chassé par de jeunes loups aux dents plus longues que ses crocs émoussés. Pareil dénouement n’avait pas été une surprise : cela faisait plusieurs années qu’il était en froid avec la grande prêtrise de Sol’Dorn et son éviction n’avait été qu’une question de temps. Il était déjà heureux d’être sorti de cette vendetta en vie.
« Tu restes derrière moi et tu ne l’ouvres sous aucun prétexte, » ordonna-t-il abruptement à Elya sans même lui lancer un regard. Quelqu’un allait lui faire une remarque à son sujet d’une minute à l’autre et l’ecclésiaste n’avait guère envie de voir sa propriété envenimer les choses avec une de ses diatribes sans queue ni tête. Comme elle ne répondait pas, il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. Elle était effectivement derrière lui — au centimètre près, crut-il deviner — et gardait ses lèvres résolument fermées. Cette vision lui arracha un rictus dégoûté. Cette foutue princesse demeurait véritablement une énigme. Il ne comprenait pas comment une praticienne aussi dangereuse et particulière qu’elle pouvait se révéler si… étrange. « À côté de la plaque », très précisément.
Jetant un regard autour de lui, Maune aperçut Elvad’e qui s’approchait. Ce dernier le salua d’un simple geste de la tête avant de foudroyer l’elfe du regard. Bien entendu, entre tous les noirelfes qui s’affameraient autour d’eux, il avait fallu que ce fût lui et pas un autre qui évoqua la présence d’Elya. Agacé, le doeb crut bon de répliquer : « Est-ce un problème ? » Juste après, il se rappela avec qui il parlait et la raison de sa venue. Si, avant même de se lancer en chasse, il arrivait à se mettre à dos le bâtard, autant ne pas partir du tout. « J’ai pensé qu’elle pourrait se montrer utile. L’animale connaît bien la forêt. »
De son côté, Elya dardait son regard autour d’elle, sans vraiment s’attarder quelque part. C’était un spectacle particulier que de voir autant de noirelfes se promener librement dans l’une des Grandes Cités. Tout comme il était étrange pour elle de revenir « chez elle » après tant d’années. Elle savait ce qu’elle devait ressentir en pareils moments, mais comme à chaque fois, rien ne venait.
« J’irai devant, » déclara-t-elle d’une voix absente. Elle s’attira, bien entendu, un regard noir de la part de Maune, qui se serait bien passé de pareille publicité. « Comme ça, si…
— Suffit ! » la coupa l’ancien despote avec humeur en attrapant une pleine poignée de ses cheveux de sa main gantée. Le choc l’étourdit et elle se laissa tomber à genoux. « Elle parle trop, mais crois-moi quand je te le dis : elle possède quelques talents qui pourront nous être utiles. Et dans le pire des cas, eh bien quoi ? Elle se fera tailler en pièce, la bonne affaire. »
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| | | Elvad Do'ana Sang-mêlé
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| Sujet: Re: À l'assaut du Dyarque | Elvad'e Dim 4 Oct 2015 - 16:13 | |
| Le heaume revint subitement sur Maune, réagissant au phrasé un peu sec comme à une provocation. Il n'y eut pas de suite puisque le drow s'expliqua, arguant que l'esclave saurait se montrer utile par sa connaissance de la forêt. Elvad'e la regarda à nouveau. Il avait du mal à croire qu'elle connaissait vraiment la forêt, elle n'avait pas grand chose à voir avec les ornedhels habituels. Sauf si on considérait sa toilette pathétique comme signe de son ancienne appartenance à une noss. Un instant l'elfe voulut parler, déclarant qu'elle passerait devant. Cela arracha un rictus moqueur, bien peu visible, au visage du sang-mêlée. Elle allait s'expliquer et, de fait, il était presque curieux de connaître la raison de ce comportement apparemment suicidaire mais son maître la fit taire sans détour, avant d'expliquer qu'elle avait quelques talents spéciaux. Elvad'e aurait pu insister, aurait pu sommer l'esclave de finir sa phrase ; il était pratiquement sûr que Maune ne s'y serait pas frontalement opposé. Mais il n'en vit pas l'intérêt et il répondit simplement, d'une voix dans laquelle suintait son mépris envers la jeune femme :
« Tant qu'elle ne reste pas dans les pattes des guerriers, tu peux faire de ta propriété ce que tu veux. Mais si elle nous gêne, elle n'en sera pas seule responsable. »
Le marché était clair. Elvad'e n'en attendit aucune réponse et se retourna. Jetant au coup d’œil à l'assemblée autour d'eux, voyant que tous étaient prêts, il prit la tête de la troupe et se posta devant eux. Il porta la main à son fléau d'armes, qu'il brandit d'un geste sec au-dessus de sa tête, le bras tendu tout en scandant :
« Uriz ! »
Le nom fut repris en chœur par les soldats, encore et encore. Il n'y avait nulle finesse, nulle poésie dans ce cri de guerre qui résonnait sous les voûtes de l'ancien palais, désormais dénaturé par l'occupant noirelfique, mais une puissance brute qui prenait au cœur et échauffait les sangs. Elvad'e n'attendit pas que les cris s'évanouissent dans les airs pour se diriger à pas décidés vers la sortie, aussitôt suivit par chacun des hommes. Ils sortirent du palais et prirent la direction de la plus proche brèche dans la muraille, l'une de celle qui n'avait pas encore été comblée et qui pouvait laisser passer quelques dizaines d'hommes à travers un étroit corridor délimité par les gravats restants de la bataille. Ils étaient bruyants, plaisantins, assurés et confiants dans leur victoire.
Quitter la cité et pénétrer le Jardin doucha leur enthousiasme. Les murmures et les rires cessèrent aussitôt, les bousculades moururent et la tension monta d'un cran. Le seul qui n'en semblait pas affecté fut Elvad'e, imperturbable à l'avant de la troupe, aussi silencieux qu'une pierre. Il s'arrêta quelques mètres après avoir quitté la protection de la muraille et porta un regard lent aux alentours, comme s'il guettait quelque chose. En fait, c'était plutôt son absence qu'il guettait. Tout était étonnamment silencieux. C'était un phénomène qu'il avait remarqué, depuis l'arrivée des drows à Eraïson, comme si leur influence faisait peu à peu taire la forêt. Mais il était normalement lent. Quelque chose avait accéléré le processus. Et il était probable que ce quelque chose soit lié, d'une manière ou d'une autre, à ce qu'ils cherchaient. Sans plus attendre, Elvad reprit sa marche, suivi par la cohorte de guerriers. Les prêtres s'étaient d'eux-même répartis dans les rangs pour assurer la meilleure cohésion en cas de combat. Toutefois plusieurs d'entre eux suivaient directement le bâtard.
Au bout de presque trois heures de marches à travers les petits buissons et les vergers, ils arrivèrent à l'orée de l'Anaëh proprement dite. La délimitation aurait pu être subtile, passant doucement d'un jardin sauvage à une forêt profonde mais toute une série de tertres indiquait la frontière aussi clairement que ne l'aurait fait une muraille. C'étaient les dernières demeures des elfes sacrifiés après la prise de la ville et dont les corps avaient été récupérés et enterrés par les ornedhels. Il n'y avait rien de très glorieux dans ces édifices, une petite butte de rocs surmontée d'une pierre un peu plus imposante pour faire office de stèle. Sur les plus vieux des plantes grimpantes commençaient à se développer. Ils ne semblaient pas avoir été approchés depuis plusieurs ennéades. C'était d'ailleurs l'arrêt de leur édification qui avait fait comprendre aux officiers que les elfes n'étaient pas derrière les récentes disparitions de drows : visiblement, ils avaient désertés les alentours aussi sûrement que les sombres.
Elvad escalada la plus proche structure funéraire, s'approchant de la stèle. Il ne s'arrêta pas pour voir si un quelconque nom y avait été inscrit mais, armant le bras qui tenait son fléau, frappa un grand coup la pierre de son arme. Le fracas et le crissement du métal sur la roche se repercutèrent dans les sous-bois. Il frappa de nouveau, plus fort. Et encore. Et encore. Jusqu'à ce que la pierre chancelle sous les coups. Alors, du pied il la projeta à bas et elle dévala la petite butte de rocs, entraînant avec elle d'autres pierres plus légères. Le grondement qui en résulta mis longtemps à s'éteindre tout à fait sous les frondaisons. Dans les rangs de ses hommes on ne comprenait pas vraiment. Certains haussaient les épaules, convaincus que leur chef était de toutes façons un peu fou -et ils n'avaient sans doute pas complètement torts- tandis que d'autre conjecturaient à voix basse. C'est pour attirer la chimère, pouvait-on entendre parfois, repris un peu plus fort, et un peu plus apeuré, par de plus en plus de soldats. L'un des prêtres voulut y mettre un terme :
« Cessez vos pleutreries, il n'y a pas de chimère ici ! N'est-ce pas ? » il se tourna vers Elvad'e : « Peut-être bien que si. » Un silence de mort s'abattit sur le groupe suite à sa réponse, tandis que la plupart des regards se fixaient sur lui. Il se tourna vers eux, légèrement en surplomb, ses scarifications ayant recommencés à saigner sous l'effort : « Et quelle importance cela pourrait-il avoir ? Nous en avons déjà tué une, je vous rappelle, et s'il faut recommencer, par Uriz et Kiel, nous recommencerons ! »
Ce faisant il pointa de son fléau la muraille d'Eraïson, plus précisément l'une des gigantesque brèches qui y avait été creusé par l'irruption du serpent de pierre en pleine bataille. Il avait tué des dizaines, peut-être centaines, de combattants mais avait finalement été abattus. Et Elvad'e s'y trouvait, tous le savaient. De même lorsqu'il avait été retrouvé près d'un arbre presque arraché, on avait supposé qu'il avait rencontré quelque esprit malin de Kerhel. Mais il avait encore survécu. De petits hochements de tête et des murmures approbateurs parcoururent ses rangs : après tout, si vraiment il y avait une chimère dans ces bois, il était probablement le meilleur commandant dont ils pouvaient rêver. Le sang-mêlé, fier de son petit effet, redescendit du monticule et reprit la tête de la marche, entraînant son groupe sous les arbres centenaires, bien décidé à débusquer et détruire leur cible : chimère ou non ! |
| | | Elya
Elfe
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| Sujet: Re: À l'assaut du Dyarque | Elvad'e Dim 29 Nov 2015 - 11:21 | |
| « Il arrive, » annonça Elya en tournant son regard en direction de Maûne. Ce dernier porta par reflexe sa main à la garde de son arme, les sens en alerte. Rien, autour d’eux, ne laissait présager l’imminence d’une attaque, mais il avait appris à faire confiance aux sens de son esclave. « Dans quelle direction ? — Toutes à la fois. » Surpris, il marqua un temps d’arrêt, ce qui ne fut pas au goût du mercenaire sur leurs talons, qui ne se gêna pas pour partager son agacement. Maûne le rabroua sur le même ton, ce qui termina d’attirer l’attention sur eux. Impassible, Elya les regarda s’énerver, jusqu’à ce qu’un soldat leur intima de se taire. Au même moment, un moine aux dons plus affûtés que ces congénères lança l’alerte. « Elvad’e ! Quelque chose approche ! » Le temps de dire ces quelques mots, l’ennemi s’était assez rapproché pour que la plupart pussent le sentir. Au moins étaient-ils fixés sur un point : la menace était magique. Surtout, elle était profane et c’était là, pour ceux qui le comprenaient, une source de soulagement. Ce n’était pas une chimère qu’ils allaient affronter, mais un mage comme ils en avaient déjà tué des centaines sur les champs de bataille. Tous les regards convergèrent vers le prêtre au sang bâtard, dans l’attente de ses ordres. Elya tourna son regard vers la droite et Maûne l’imita, bien décidé à profiter des quelques secondes d’anticipation que lui offrait l’elfe pour rester en vie ; il cria aussi un avertissement, mais ce dernier se perdit dans les injonctions contradictoires. De fait, Elya tournait déjà la tête vers la gauche, juste à temps pour voir le premier corps voleter vers eux. La réaction des soldats, quand ils reconnurent son armure, ne se fit pas attendre : ils l’attaquèrent avec, sans doute, l’idée de le délivrer. Dès l’instant où l’acier sombre toucha la morbide marionnette, les choses devinrent chaotiques. Les soldats les plus proches du macchabé s’effondrèrent en hurlant et, déjà, quelques-uns se mirent à léviter. « Protège-nous ! » ordonna Maûne à son esclave, qui ne l’avait pas attendu pour cela. Au même moment, le corps d’un moine qui avait commencé son ascension retomba lourdement au sol. Sans doute surpris, leur agresseur sans visage marqua un temps d’arrêt. Le court moment de répit ne dura qu’une petite seconde avant que les attaques ne reprissent de plus belle, avec une férocité renouvelée. Elya prit juste le temps de trahir la position de l’agresseur avant de se plonger toute entière dans une lutte magique comme elle n’en avait jamais menée. |
| | | Elvad Do'ana Sang-mêlé
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| Sujet: Re: À l'assaut du Dyarque | Elvad'e Sam 5 Déc 2015 - 17:37 | |
| Elvad poussa un soupir exaspéré en entendant ses hommes s'arrêter derrière lui et des injures fusés. Il se retourna, pas plus surpris que ça de voir l'ancien despote et son esclave au cœur de la querelle. Il allait s'approcher d'eux à grand pas quand l'un des hommes l’interpella, laissant entendre que l'ennemi était proche. Il n'avait rien sentis mais ne remit pas en cause l'information et il prit plus fermement en main son fléau d'armes, la masse de fer aux piques aiguisés se balançant lentement dans le vide. Il beugla quelques ordres pour calmer les hommes alentours et se concentra sur ce qui se passait. Désormais il sentait quelque chose. De la magie. Il n'était pas doué avec ça et n'arrivait guère à ressentir plus que sa présence. Un prêtre à ses côtés, plus versé dans l'Art, murmura quelques mots :
« C'est un mage. »
Il s'agissait normalement d'une bonne nouvelle. Pas de chimères, juste un elfe aux talents magiques un peu affûtés qui pensait pouvoir s'en prendre impunément aux drows dans la forêt. Des bruissements de toutes parts, du mouvements dans les fourrés qui se virent bientôt donner une origine : un corps, un drow, volait lentement en direction du petit groupe. Quelques soldats voulurent le ramener au sol, plus pour comprendre que par respect. Et les choses devinrent vraiment bordéliques quand ils le touchèrent. Ils commencèrent à s'envoler, certains voyaient leurs membres se tordre dans des positions non naturelles. D'autres cadavres émergeaient du reste de la forêt, convergeaient vers le groupe. Et ceux qui avaient le malheur d'entrer en contact avec eux se mettaient à être happés dans les airs, projeter contre les troncs d'arbres ou écartelés comme par des mains invisibles. Quand l'une des marionnettes morbides s'approcha de lui, Elvad frappa l'air d'un grand mouvement de fléau. La boule de fer percuta le corps sans vie, brisant armure et chairs sans difficulté, projetant les restes sur plusieurs mètres sans les faire retomber. L'arme elle-même, du reste, ne retomba pas comme l'on aurait pus s'y attendre. Elle resta suspendue dans les airs, avant d'être brutalement arraché des mains de son porteur. Enfin, cela aurait été le cas si Elvad ne s'était pas accroché de toutes ses forces. Il commença lui aussi à décoller du sol, d'abord juste suspendu à son arme puis sentant la magie s'attaquer directement à lui. Il rugit, se débattit en l'air. La seule conséquence perceptible fut d'être projeté contre un tronc épais, arrachant des morceaux d'écorces au passage. Il fut suffisamment sonné pour cesser de se débattre. Il lui semblait que sa poitrine était prise dans un étau qui essayait de l'écraser. En regardant autour de lui à travers les quelques gouttes de sang qui avait glissé dans ses yeux. Leur petite expédition s'était transformé en amas de soldats flottant dans les airs. Certains étaient déjà trop blessés pour êre sauvés, d'autres se débattaient de toutes leur force. Et à un endroit, c'était comme si la magie qui les agressait ne fonctionnait pas. Il lui fallut quelques instants pour distinguer l'elfe esclave et son portecteur drow au milieu de cette zone.
Les paroles de Maûne revinrent à l'esprit du prêtre et il grogna avant de se tordre en l'air, essayant de basculer sur lui-même. Il avait l'impression d'être pris dans une mélasse épaisse, qui enfermait ses membres et pesait sur sa cage thoracique. Chaque inspiration était plus difficile que la précédente. Néanmoins à force de contorsions, il parvint à attraper un buisson à proximité de lui.Il tira de toute sa force, parvenant à se rapprocher. Une autre main put agripper une poignée de ronces, sans se soucier des épines qui pénétraient sa peau. Quelque soit son agresseur, il semblait se concentrer sur ses bras désormais. C'était comme si on essayait de desserrer ses doigts de leur prise à l'aide d'un pied-de-biche. Mais il parvenait à progresser, accroché aux branches, aux racines, aux rochers ou à toute autre prise qu'il trouvait à sa portée, le reste de son corps toujours en train de léviter et le souffle de plus en plus court. Il manqua s'envoler lorsqu'une ronce s'arracha soudainement mais il réussit à agripper une pierre affleurante du bout des doigts, manquant de peu s'arracher les phalanges lui semblait-il. Finalement, aux prix d'intenses efforts, il parvint à se rapprocher assez du petit groupe de ses hommes encore debout et, comme si elle n'avait jamais existé, la mélasse disparut et il retomba au sol. Il se releva rapidement, soufflant comme un bœuf pour reprendre sa respiration et aidé par deux soldats, puis s'approcha de l'esclave elfe, qui semblait comme perdue dans ses pensées. Quelques légers tressaillements et d'épaisses gouttes de sueur, ainsi qu'un étrange bourdonnement en frontière de sa conscience indiquaient à Elvad ce à quoi elle se livrait. Il ignora le sourire presque satisfait malgré la situation de Maûne :
« Est-ce que quelqu'un sait où est ce mage ? -Elle a désigné une direction avant de se plonger dans sa transe. -Alors on y va. -Elle ne peut pas nous protéger si on s'éloigne trop ! -Tu n'as qu'à la porter dans ce cas. »
Le regard que lui lança l'ancien despote montrait bien tout ce qu'il pensait de cette solution. Elvad soutint la provocation pendant de longues secondes, avant de laisser entendre un ricanement et de se détourner.
« Parfait, attends sagement qu'elle s'épuise complètement si tu le veux. En ce qui me concerne je ne vais pas attendre bêtement la mort. »
Et il se dirigea dans la direction opposée à celle qu'on lui avait indiqué, jusqu'à arrivé à l'orée du petit cercle de soldats. Il sortit sa dague de son fourreau et fit volte-face. Il parcourut du regard la forêt autour d'eux jusqu'à se fixer sur un arbre. Les hommes autour de lui n'osaient pas rester sur le chemin de son regard. Quand quelqu'un allait se décider à lui demander ce qu'il foutait, il se mit à courir le plus vite possible jusqu'à poser le pied en dehors de la protection de l'esclave. Il attendit de sentir les premières volutes de magie autour de lui pour bondir aussi loin qu'il pouvait. Se soustrayant brièvement à l'influence du mage, il réussit à atteindre l'arbre visé, s'écrasant presque contre lui. La mélasse revint, plus agressive. Elle l'agrippait de toutes parts, compressaient ses os et ses muscles, essayant tour à tour de l'écraser contre le tronc ou de l'arracher à lui. Profitant de brèves interruptions, il plantait sa dague dans le bois et s'en servait de point d'ancrage, luttant à chaque mouvement contre les forces qui essayaient de le briser. Doucement, il essayait de se diriger vers la position connue de son ennemi. |
| | | Elya
Elfe
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| Sujet: Re: À l'assaut du Dyarque | Elvad'e Lun 7 Déc 2015 - 20:45 | |
| L’air autour d’eux était chargé de magie. Les fils de pouvoir de leur agresseur étaient nombreux et étroitement entrelacés ; ils formaient comme une tapisserie monumentale dont Elya peinait à concevoir l’ampleur. Dès qu’ils débusquaient une proie, ils la brisaient puis toute entière l’enveloppaient à la manière d’un linceul surnaturel. La troupe sombre était prise dans une toile mouvante, invisible, mais définitivement mortelle ; la Taledhelle n’avait jamais été confrontée à Art comparable : précis, complet, elle ne lui trouvait aucun défaut et devait s’attaquer à chaque nœud à la fois, avec une minutie que l’urgence de la situation lui interdirait bientôt.
Son poing serré sur la garde de sa masse, Maûne dardait un regard inquiet sur son esclave. La sensibilité du moine guerrier à l’art profane suffisait largement pour qu’il eût pris toute la mesure de leur adversaire et il devinait que le refuge que parvenait encore à leur offrir Elya se réduisait déjà à peau de chagrin. Si le Fléau des Ours avait choisi d’affronter son ennemi, sans la moindre chance de seulement l’atteindre, l’ancien despote avait d’autres projets. De fait, le bâtard ne gagnerait de sa charge que de rejoindre les voiles de la Mère avant son heure. Sans doute se vanterait-il d’avoir ainsi suivi la voie commandée par Uriz. C’était cependant la victoire que le Guerrier recherchait. La mort honorable de ses fidèles était utile ou n’était pas. Or, Elvad’e Do’ana s’apprêtait à tomber en vain.
« Le fou ! » cria-t-il au soldat à sa gauche, pour couvrir le brouhaha des hurlements douloureux et des râles. « Nous devons nous replier, la bataille était perdue avant d’avoir commencé. Nous devons prévenir le C’nros. » D’autorité, il posa sa main sur l’épaule d’Elya pour attirer son attention. « Prépare-toi à bouger.
— Je ne peux pas, » répondit-elle si bas que Maûne faillit ne pas l’entendre. « Je dois l’aider. » Elle tourna son regard vers son maître avant d’ajouter : « Je suis désolée. » Le moine allait la rabrouer, mais il n’en eut jamais l’occasion. Au même moment, Elya cessait de lutter et la magie de son adversaire emplissait le vide qu’elle lui offrait. Les quelques Eldéens qui avaient cru trouver refuge moururent dans les secondes qui suivirent, laissant la Taledhelle affranchie de ses oppresseurs. Elle resta aussi, l’espace de quelques instants terribles, complètement vulnérable. Elle sentit le pouvoir la saisir à la gorge, mais dès qu’il l’effleura, il se retira. Elle devina son trouble hérisser sa magie d’un soubresaut fatal dont elle put tirer profit. Sans la moindre pitié et sans plus d’effort, elle brisa le sortilège. Le répit des sombres rescapés ne dura pas. Le pouvoir revint, plus violent que jamais ; Elya la déjoua une seconde fois. Elle ne se réjouit aucunement, pourtant. Toute son attention était portée à l’ouest. Elle savait à l’encontre de qui se lançait le Fléau des Ours et sa victoire était impossible. Qu’il s’approchât encore de quelques toises seulement, sa proie se déchaînerait contre lui et elle serait impuissante à l’en empêcher !
Elle se mit à courir, abandonnant ainsi le cadavre de Maûne. Sa mort n’avait rien d’une revanche, elle avait été dictée par les événements. Elle n’aurait jamais réussi à le convaincre assez rapidement de la laisser se ruer au-devant du danger et il n’aurait eu aucun mal à la retenir. Elle aurait pourtant préféré l’épargner car s’ils survivaient, les chances s’annonçaient grandes qu’Elvad’e Do’ana se réclama comme son nouveau maître. Elle doutait qu’il se révélât plus accommodant que l’ancien despote.
Le choix ne lui avait cependant jamais appartenu. Le Fléau des Ours était le seul capable d’arrêter son père.
Elle le trouva affalé contre le tronc brisé d’un arbre. Elle se porta à ses côtés et put ainsi s’assurer qu’il n’était pas encore mort. Dyarque avait, pour un temps au moins, cessé ses attaques. Sans doute essayait-il, dans un état de confusion difficilement concevable, de comprendre par quel prodige sa fille longtemps disparue lui tenait soudainement tête.
« Tu peux te lever ? » demanda-t-elle avec calme, tandis qu’il dardait son regard dans sa direction. Il lui donnait l’impression de n’avoir qu’une envie : la tuer elle et se lancer à nouveau à l’assaut de son ennemi. « Sans mon aide, c’est Teiweon que tu vas rencontrer. »
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| | | Elvad Do'ana Sang-mêlé
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| Sujet: Re: À l'assaut du Dyarque | Elvad'e Sam 12 Déc 2015 - 16:21 | |
| Le calvaire s'était arrêté, soudainement, laissant Elvad retomber au sol. Rarement le contact de l'humus et de la boue ne lui avait parut aussi agréable. Douloureusement, il commença à se relever, se mettant à genoux. Si d'aspect il ne semblait pas trop blessé encore, bien que de sévères ecchymoses commençait à se faire voir, il sentait qu'il avait des blessures internes plus que préoccupantes. Rien qui ne l'empêcherait d'aller en avant toutefois, devait-il ramper au sol et égorger son adversaire avec les dents une fois que ses membres seraient brisés pour de bon. La forêt était redevenue soudainement silencieuse, il n'y avait plus de hurlements de terreur ou de cri de douleur. Comme si tous étaient morts. Un craquement à sa droite lui fit tourner la tête pour voir l'esclave qui s'approchait de lui, seule. Derrière, il pouvait apercevoir les cadavres désarticulés de la petite bande qu'elle avait protégée jusque là. Sa main se resserra un peu sur le manche du fléau d'arme, prêt à frapper s'il le devait. Mais elle se contenta de lui demander s'il pouvait se lever. Pour seule réponse il cracha un filet de sang au sol devant lui avant de se redresser de toute sa hauteur. Il aurait du la tuer, vu le sort qui avait attendu Maûne et les autres. Mais elle disait probablement la vérité et son regard, parfaitement conscient de ce qui l'attendait, dénué de peur à l'idée qu'il ne s'emporte, lui confirma que la tuer tout de suite ne servirait à rien et, pire, pourrait bien le condamner à mort. Elle vivrait donc, pour l'instant. Ceci dit, la main libre d'Elvad se souleva, sans précipitation, avec une certaine lenteur même, et vint enserrer le cou délicat de la frêle créature. Il ne serrait pas, ne lui infligeait aucune violence en fait. Mais la menace était là, sourde : il lui suffisait de quelques secondes pour qu'il la tue.
« Tu en sais plus que tu ne le dis, esclave. Alors parle, comment vaincre ce... cette chose ? »
Le terme de mage lui paraissait dérisoire au vu de l'aberrante puissance qu'il avait vu se déchaîner, une puissance telle que même son peuple ne possédait pas plus d'une demi-douzaine de personnes capable de rivaliser avec. Ses yeux étaient donc rivés dans ceux de l'elfe qui pouvait peut-être lui apporter la solution pour écraser cet ennemi. Une chose était certaine toutefois : en cet instant, leur survie à tous deux étaient intimement liées. |
| | | Elya
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| Sujet: Re: À l'assaut du Dyarque | Elvad'e Dim 13 Déc 2015 - 1:12 | |
| Le gantelet sur sa peau était froid et humide et la boue qui le maculait souillait ses cheveux. Par ce simple geste, le noirelfe lui signifiait sa suprématie. Il lui rappelait qu’une pression de ses doigts gourds sur son cou offert était tout ce dont il avait besoin pour lui nuire. Aux menaces du sombre, Elya opposa un regard distant. Qu’il réclamât son droit à l’oppresser, elle n’en avait cure, car sous la menace du Dyarque, elle demeurait son unique chance de demeurer en vie. Ce rappel, lui aussi, se passait de mot.
« Toi, tu ne le peux pas, lui répondit-elle avec calme. Moi non plus, mais à moi, il ne fera aucun mal. Je te protègerai de lui, assez pour que tu puisses t’approcher et frapper. Je réclame néanmoins une promesse, prêtre. Tu dois le tuer rapidement. Je ne veux pas qu’il souffre plus. »
Comme une conclusion à sa proposition, le Roi dément projeta son pouvoir dans leur direction avec une férocité renouvelée. Son art avait perdu de sa superbe, comme si la présence possible de sa fille l’avait tirée de sa léthargie. Elle le devinait un lute avec la faim et le froid et la fatigue et la faiblesse. Elle laissa la vague puissante se fracasser sur le sombre, qui s’effondra une nouvelle fois.
« Promets-tu ? » demanda-t-elle avec superbe, tandis qu’il luttait pour reprendre son souffle qu’il avait coupé. « Vite, car le temps t’est compté. Il arrive »
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| | | Elvad Do'ana Sang-mêlé
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| Sujet: Re: À l'assaut du Dyarque | Elvad'e Dim 13 Déc 2015 - 23:20 | |
| Elle ne lui disait pas tout encore, car visiblement elle connaissait ce mage qui menaçait de les tuer tous les deux. Ou seulement lui, si vraiment elle avait raison. Qu'est-ce que ça pouvait vouloir dire que tout cela ? Du peu qu'il savait de Maûne, celui-ci revenait de plusieurs années en tant que despote. Comment cette esclave elfe pouvait avoir le moindre lien avec un puissant mage qui sévissait en Anaëh ? Elvad n'en avait aucune idée et, de toute façon, n'eut guère le temps de s'interroger puisqu'une attaque magique le frappa sans prévenir. Il fut quasiment projeté contre le tronc derrière lui, expulsant brutalement l'air de ses poumons. Le poids qui s'exerçait sur sa cage thoracique l'empêchait de reprendre son souffle. Son gant glissait contre l'écorce, cherchant une prise tandis que sa vision se brouillait. Chaque tentative d'inspiration se voyait écrasée plus férocement que la précédente. Il sentit une côte se fêler dans sa poitrine. Quelques attaques de plus et elle céderait probablement, lui transperçant le poumon. Son casque lui semblait presser contre son crâne un peu plus chaque seconde. Il allait éclater comme une noix sous une botte d'acier en quelques dizaines de seconde. La seule question était : qui de son crâne ou de ses côtes allaient céder en premier ?
« Je le promets. Par Uriz, je le promets ! »
Guère plus qu'un râle entre ses dents serrés, à moitié étouffé par le sang et les glaires qui lui remontaient dans la gorge. Néanmoins dans le silence de la forêt autour d'eux, à peine troublé par un ou deux drows agonisants là où Elya avait abandonné son maître, c'était parfaitement audible. Et comme en réponse, Elvad sentit la magie refluer, défaite comme enchantement. Il inspira une grande goulée d'air frais avant de se redresser. Il débarrassa sa main des bouts de bois qui s'étaient enfoncés dans le cuir et fit jouer ses muscles endoloris. Son regard se reporta sur l'elfe à son côté, ses deux yeux rouges dardés dans les siens. Il lui ferait payer, oh oui, il lui ferait payer la moindre parcelle de pouvoir qu'elle avait cru disposer sur lui. Mais pour l'instant il avait un problème plus urgent et il reporta son attention vers l'endroit d'où provenait les assauts magiques. Il sentit un filet de sang descendre de son front, glisser à l'intérieur de son casque pour venir s'accumuler sous le rebord de celui-ci. Doucement se formait une goutte carmin, épaisse et lourde. Elle roula le long du rebord, suivant la courbure de la mâchoire. Puis, arrivé en bout de course, elle se détacha, tombant vers le tapis de feuilles mortes qui constituait le sol de la forêt où elle explosa en un millier de petit éclat rubis. Une autre suivit son chemin, puis une autre. Une quatrième, enfin, allait s'écraser. Mais, à quelque centimètres du sol, elle se stoppa soudainement, ondulant légèrement dans l'air comme caressée par une brise invisible.
Face au duo improbable, les fourrés et les branches basses s'écartèrent comme animés d'une volonté propre pour laisser passer celui qui avait été autrefois un roi mais n'était désormais guère plus qu'un fou. Dyarque s'avança lentement au devant de l'ennemi et de sa fille, ne s'arrêtant qu'à quelques mètres d'eux. La magie se pressait autour d'eux, comme un essaim invisible dont le grésillement était difficilement supportable à l'esprit du sang-mêlé. Mais, visiblement, il ne parvenait pas à l'atteindre. Il y eut un instant de confrontation silencieuse, terrible, avant qu'Elvad ne se jette en avant. Sortir, aussi brièvement fusse, de la zone que parvenait à maintenir Elya fut comme heurter un mur de griffes qui le lacérèrent, essayèrent de l'agripper, ravageant sa chair avant de violemment le repousser en arrière. Il s'écrasa au sol, se relevant aussi tôt. Son torse ruisselait de sang mais il ne s'y arrêta pas. Poussant un hurlement de rage, il s'élança comme pour donner un coup de poing mais ce fut une boule de feu qui naquit dans ses doigts et partit en direction de l'elfe, toujours immobile, le regard, ou ce qui en tenait lieu chez cet être décharné aux portes de la mort, toujours rivé sur sa fille. Il ne fit même pas un geste tandis qu'un morceau de bois proche était arraché à une souche et s'interposait entre lui et le projectile magique, explosant au moment de l'impact, projetant des échardes enflammées tout autour de lui qui venait s'écraser contre quelque bouclier invisible avant d'atteindre Dyarque. De frustration, Elvad projeta une autre boule de feu qui fut cette fois arrêtée par un champignon géant.
« Si tu crois que je vais abandonner aussi facilement. Yol toor shul ! »
A ces mots rituels, il tendit une main paume ouverte vers le roi, laissant échapper un souffle de flamme. En réponse, la terre sous les pieds de Dyarque s'agita, se dressant soudainement comme une barrière mouvante. Le choc des deux éléments fut brutal, le mélange de boue et de déchets organiques était carbonisé par la fournaise du prêtre d'Uriz. Mais une nouvelle matière première venait remplacer celle qui partait en cendre, formant comme tornade qui adsorbait et étouffait l'assaut d'Elvad, qui hurla ces derniers mots à l'adresse des dieux :
« Uriz ! Ne m'abandonne pas ! »
Ce fut comme si, l'espace d'un bref instant, son cœur brûlait plus fort et son esprit était fait d'airain. Le torrent de flammes devint brutalement plus puissant, plus destructeur. Ce sursaut surprit le roi elfe et un mince jet de flammes parvint à briser la protection avant d'être stoppé par une pierre dressé in extremis à quelques centimètres du visage de Dyarque. Était-ce la surprise qui affaiblit sa concentration ou seulement le hasard mais c'est à ce moment là qu'Elya parvint à défaire les nœuds magiques qui permettaient à son père de se maintenir au-dessus du sol. Celui-ci retomba sur ses pieds et, vu la faiblesse de son corps, s'effondra comme une poupée de chiffon inanimée. La surprise fut telle que la magie autour d'eux mourut instantanément. Il ne fallait que ces quelques secondes d'ouverture au prêtre d'Uriz. Bondissant par-dessus la maigre distance qui le séparait de son ennemi, il fit jaillir le fléau d'arme en arc-de-cercle. Dyarque leva une main pour se protéger, essayer d'en appeler à la magie, mais il lui manqua quelques précieuses secondes. La masse de métal le frappa directement à la tête, fracassant le crâne et l’arrachant de la colonne vertébrale. Le reste de son corps s'affaissa mollement, sans même un ultime soubresaut. La magie disparut et avec elle, c'était comme si une chape de plomb se retirait. Elvad se redressa, laissant son arme pendre au bout de son bras, détaillant le cadavre de ce qui avait été la cause de tant de mort. Un vulgaire sac d'os, une quasi momie que, s'il ne l'avait pas vus à l’œuvre, il aurait juré morte depuis une demi-siècle. Il n'y avait rien de commun entre ce corps désarticulé et ce qui l'avait attaqué, quelques ennéades plus tôt. Il était venu ici pour rien. Il aperçut alors les restes du crâne de l'elfe, qui avait roulé contre une racine. Et parmi l'amoncellement de chairs et d'os brisés, un reflet étrange. Il s'en approcha et saisit entre ses doigts l'objet. Une couronne, que le choc avait tordue. Il ne l'avait jamais vu auparavant. Mais de telles signes étaient rares chez les elfes et n'étaient jamais sans signification. Se redressant brusquement et se retournant vers là où il avait laissé l'elfe quelques secondes plus tôt, il demanda, abruptement :
« Qu'est-ce que tu sais de ça ? » |
| | | Elya
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| Sujet: Re: À l'assaut du Dyarque | Elvad'e Sam 26 Déc 2015 - 11:10 | |
| Ainsi mourrait Dyarque Lhynn, mage émérite d’Alëandir, consul de Lanthaloran, protecteur de Daranovar et d’Alëandir ; après une vie amère, il tombait sous la main ignorante d’un moine d’Uriz et le regard indifférent de sa propre fille. Elya savait, pourtant, avec une acuité presque douloureuse, tout le mal qu’elle aurait dû ressentir en ce terrible instant où elle avait coupé les fils de pouvoirs de la marionnette qu’était devenu son père. Elle n’ignorait rien de la douleur qui aurait dû être la sienne, de le voir ainsi s’effondrer, telle une poupée de chiffon. Elle devinait aussi toute la rage qu’elle aurait dû cultiver à l’encontre du barbare qui avait pris sa vie. Tout cela et tout le reste, elle en avait parfaitement conscience.
Et pourtant, elle ne ressentait rien.
Ses yeux, pourtant, ne quittaient pas la carcasse pitoyable de son père, le fouillaient avec une détermination froide et morbide. Elle ignorait tout le reste, et plus particulièrement les injonctions impatientes du prêtre guerrier à son encontre. Il fallut qu’il se postât devant elle pour qu’elle consentît à le considérer, mais la seule réponse qu’elle lui offrit fut un peu plus de silence. De colère, il lui saisit le poignet et le tordit sans pitié ; sous le coup de la douleur, elle tomba à genou.
Elle sentait le cuir et le métal serrer sa peau et tordre ses os. Elle sentait la rosée et la boue tremper sa robe. C’était peut-être le seul affect qu’il lui restait encore… Et dans le même temps, elle avait plus que jamais conscience de la finitude de son corps, de combien il était une limite et de combien il était aisé de l’ignorer. Il lui suffisait de fermer les yeux et tout s’effaçait lentement. Comme un mauvais rêve. La douleur devenait alors une gêne, moins encore qu’un inconfort, puis finalement disparaissait totalement. Elvad’e ne lui laissa pas le loisir d’atteindre cet état étrange, dans lequel elle perdait jusqu’à la conscience de son existence. Son poing vint frapper son visage et elle s’effondra tout à fait, sonnée.
« Alëandir. » Le sang dans sa bouche avait un goût de métal. Elle déglutit lentement. « Le cercle de fer pèse sur les tempes de celui qui guide Alëandir. »
Elle rouvrit les yeux et voulut se révéler. Au même moment, un bruissement d’ailes sur sa droite attira son attention et elle vit une grande ombre fondre sur son tortionnaire. Lorsqu’il cria, elle se décida à tenter sa chance et commença à courir.
|
| | | Elvad Do'ana Sang-mêlé
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| Sujet: Re: À l'assaut du Dyarque | Elvad'e Dim 10 Jan 2016 - 17:13 | |
| C'est avec un petit sentiment de revanche qu'Elvad brutalisa l'elfe pour qu'elle lui donne les réponses qu'il cherchait. Et lorsqu'elle les lui donna, il posa un regard neuf sur le bout de métal tordu dans sa main. Alëandir ? La principale cité des elfes ? Celle où résidait... leur roi ? Il quitta des yeux la couronne pour contempler le cadavre desséché dans l'herbe. Cet être décrépit, plus mort que vivant alors qu'il respirait encore avait-il été le guide de ce peuple ? C'était pitoyable... Mais aussi, pour lui, une victoire des plus éclatantes. Il n'avait pas seulement réussit tant bien que mal à abattre la chose qui semait la terreur dans les bois il avait en plus tué l'une des grandes figures elfiques. Qu'elle n'est été plus que l'ombre d'elle-même retire certes à sa gloire, mais l'exploit restait considérable.
C'est à ce moment qu'un battement d'ailes lui fit brusquement tourner la tête. Il vit la forme lui fondre dessus et sentit la lacérations des serres avant d'avoir pus réagir. Elles labourèrent son visage, l'une d'elle s'enfonçant profondément dans son orbite, comme si elles cherchaient consciemment à se glisser sous le casque. La douleur et le sang obscurcirent sa vision et il ne put que se contenter de battre des bras pour chasser l'agresseur. Un instant, il sentit quelque chose agripper la couronne dans sa main mais il raffermit sa prise et tira brusquement dessus, l'arrachant à son voleur. Un bras devant son visage, le protégeant de nouvelles attaques, il laissa libre cours à sa colère. L'air autour de lui commença à vibrer légèrement jusqu'à ce que des flammèches se forment. Des arcs de feu jaillirent soudainement tout autour de lui, frappant aléatoirement pendant quelques secondes avant de brusquement s'évanouir. Tout ce qu'il entendit ensuite fut un léger bruit de battements d'ailes s'éloignant et le hululement d'un hibou, résonnant en écho sous les frondaisons et sonnant à ses oreilles comme un rire moqueur. Il baissa lentement son bras et ouvrit les yeux. Pas de menaces immédiates. Plus d'esclave non plus, mais il n'y accorda aucune importance. Il retira son heaume, laissant échapper un grognement de douleur là où le métal tordu avait percé la peau et raclé l'os. Le casque tomba dans l'humus avec un bruit sourd. Il essuya du revers de sa main son visage ensanglanté. Le monde lui paraissait étrange, plat. Il porta doucement deux doigts à son œil gauche, pour n'y trouver que le vide. Il retira ses doigts et les contempla, luisant des humeurs de son œil perdu. Il se concentra sur le bout de ses doigts, qui devinrent rapidement rougeoyants et fumants. Et, sans réfléchir à la douleur, il les plongea dans son orbite blessée. Un long hurlement où se mêlait douleur, rage et frustration parcourut la forêt et put être entendu à des centaines de mètres à la ronde.
Elvad se releva doucement. Il était tombé à genoux sans s'en rendre compte. La douleur lui vrillait encore le crâne. Et pourtant il se releva et, un pas après l'autre, s'approcha du cadavre de l'ancien roi qu'il agrippa par les vêtements et se mit à traîner en direction d'Eraïson, lentement, trébuchant à chaque fois que l'étoffe se prenait dans quelques ronces. Pourtant il parvint à regagner les murs et la brèche par laquelle il était sortit. En le voyant passer, recouvert de plus de sang qu'il ne semblait pouvoir en contenir dans ses veines, les sentinelles firent prévenir le haut-prêtre d'Uriz. Celui-ci l'attendait au bas des marches menant au palais du protecteur. Elvad s'arrêta à quelques pas et projeta le corps de Dyarque, encore plus déchiqueté par les aléas du trajet, aux pieds de son supérieur. Puis il tendit le poing dans sa direction, les doigts toujours serrés sur les restes de la couronne du Roi des elfes. Il fallut quelques secondes avant que le Haut-prêtre et les quelques autres officiers venus assister à son arrivée, reconnaissent le bijou. Alors, enjambant sans leur prêter attention les restes du roi, le Haut-prêtre s'avança, attrapa le poignet d'Elvad et, lui soulevant le bras bien haut, adressa à l'attention de la petite foule de curieux rassemblé :
« Uriz nous a envoyé un nouveau Héraut ! »
Et, pour la première fois, ils scandèrent son nom. |
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