Un temps pour attendre et un temps pour agir [libre]

Une douce odeur de chair en putréfaction atteignait ses narines. Cette odeur permanente qui recouvrait Yutar avait d'abord été celle du sang, de la peur et de la mort, pour enfin finir comme celle qu'il affectionnait le plus, celle qui signalait à tous que leur victoire était presque imminente. Presque, c'était justement en ce point que Seld pestait depuis quelques jours. Le Karliik Glenn semblait encore attendre et lui même savait, l'attente tuait toute possibilité d'initiative. Dès lors, les nouvelles et les ordres s'étaient réduits à tel point qu'il ne faisait plus que diriger quelques opérations sur la frontière, sans pour autant montrer toute la hargne et la volonté de sa race à écraser une bonne fois pour toute leurs ennemis jurés.

Tentant de prendre son mal en patience, Seld avait ordonné que tous les officiers du Ier Ost se réunissent chaque ennéade pour faire le point sur la situation. Il arrivait fréquemment que les plus éloignés sur le front ne puissent venir, mais ils s'arrangeaient dès lors pour envoyer  leur second à leur place. Ainsi, ses Streea Jabuuk étaient présents, ainsi que d'autres lieutenants. En bon ordre et silencieux, ils ne le lâchèrent pas des yeux lorsqu'il entra dans la salle du conseil qui leur était réservée. Vêtu de son armure complète, l'Obok Senger du Ier Ost prit place face à eux et attendit qu'on lui donne les comptes rendus des derniers jours, ce qui ne tarda pas à arriver.

L'un des nombreux Veldruk prit la parole en premier, un certain Tsabrak, qui avait bonne réputation dans l'Ost et surtout parmi ses archers.

-Les incursions dans la forêt fonctionnent toujours. Nous n'avons que très peu de morts comparé à ceux d'en face, sans compter ceux que nous faisons prisonniers. Néanmoins, un de mes groupes partis monter une embuscade n'est pas revenu...

-L'armée royale n'est plus très nombreuse, mais il reste de bons éléments. Ne les sous-estimez pas, Tsabrak. Répondit le Streea Jabuuk qui se trouvait à sa droite. A force de continuer à faire les mêmes opérations sur leur territoire, ils vont finir par connaître par cœur notre petit numéro, cela ne peut plus continuer ! Clama-t-il sous la discrète approbation de ses compères.

Seld toucha le bout de sa lame qui se tenait sur ses genoux. Il finit alors par se faire une petite entaille sur le pouce, qu'il ne tarda pas à lécher pour sentir le goût du sang dans sa bouche.

-Les ordres sont les ordres et nous continuerons à les appliquer, est-ce clair ? Le Karliik Glenn nous a choisi pour tenir la ligne, c'est ce que nous ferons.

-Pourtant, reprit Tsabrak fébrilement, les soldats commencent à se poser des questions sur nos intentions. Ils se demandent pourquoi nous ne marchons pas directement sur cette foret en brûlant et dévastant tout sur notre passage.

Seld lui adressa un regard figé en retour, presque glacial, qui ne tarda pas à provoquer un certain malaise chez le Veldruk.

-Penser est un luxe que ne peuvent se permettre les guerriers du Ier Ost. Faites revenir l'ordre chez les vôtres, sans attendre et prenez cet ordre comme une menace directe, Veldruk, répondit-il sèchement avant de regarder les visages des autres Veldruk, un à un. Ce message s'adresse à chacun d'entre vous. S'il commence à y avoir des interrogations dans vos rangs, faites les taire comme il vous plaira. Ce n'est pas à eux de décider la stratégie qui nous rendra victorieux et encore moins celle de marcher à l'aveugle dans cette forêt pour brûler et dévaster tout sur notre chemin. Une guerre ne se gagne pas avec des soldats qui pensent. Gardez cela à l'esprit !

Tous les officiers acquiescèrent sans sourciller.

-Maintenez tout le monde sur le pied de guerre. Aucun relâchement ne saurait être toléré, nous valons bien plus que les autres, suis-je clair ? Il est fort probable que le Ier fasse mouvement dans pas longtemps, je sens que le Karliik Glenn fera bientôt appel à nous.

Il avait de temps en temps des pressentiments, comme s'il pouvait sentir les choses à l'avance. Même s'il ignorait encore quand et où ils frapperaient, il savait que ce n'était plus qu'une question de jours avant que les choses commencent à ressembler à une véritable guerre.

Yutar.

Ce pics rocheux crevait la lande comme une dague dans la terre. Ils l'avaient tous vue hier, à l’horizon, à une journée de marche, et le moral s'en ressentait. Avec Yutar viendrais la guerre.
Même Urlryn, tout Senger qu'il était, ne pouvais s’empêcher d'être content  à la vue son ancienne demeure. Yutar, le dédale au milles cavernes, la forteresse drows la plus puissante après le Puy.
Point de remparts pour la défendre, ses entrée étaient cachées mais puissamment défendu. A Yutar, dans les tunnels, ont  pouvaient combattre à un contre dix et repoussez les vagues d'assaut les unes après les autres.
Tout avait été étudié pour saigner les armées, de toute nationalité.

Yutar.

La citadelle était actuellement occupé par le Ier Ost et son Senger, Seld'Zar. Urlryn ne le connaissait que de réputation.
On disait de lui que s'était un être loyal, excellent combattant, qui devait son ascension à son seul mérité, contrairement à Jar'x, qui n'avait jamais hésité à utiliser le meurtre et la corruptions  pour se faire une place au soleil. Légende ou réalité ? quoi qu'il en soit, Urlryn était curieux de rencontrer son collègue, il était rare que deux Senger soient ensemble hormis les réunions de l'état major.
On disait de lui que ses soldats lui obéissaient aveuglément et qu'il n'avais jamais eu à souffrir d'une quelconque révoltes au seins de son armée. Il avait fait allégeance à Mogar, alors qu'Urlryn se revendiquait du culte d'Uriz.
Tout à ces réflexions, il remarqua une demi douzaine de cavalier se dirigeant vers se colonne de troupes, des éclaireurs, sans doute, alerté par le le nuage de poussières que soulevait quatre mille cinq cent bottes ferré et cinq cent cavalier lourds, sans compter le train de l'intendance qui suivait avec quelques heures de retards.
C'est vrai qu'ils avaient  parcouru la distance à bonne allures, ne pressant pas le pas mais marchant  à un rythme constant de sept kilomètre heure, ce qui est une bonne  moyenne pour une armée en déplacement.
Il s'élança, suivit par deux cavaliers et Nym.

Les deux groupes de cavaliers s’arrêtèrent à dix pas l'un de l'autre. Le chef des éclaireurs fixa un moment l'anneaux de sa charge de général à son annulaire, puis lui adressa la parole.

- Soit le bienvenu, noble Senger, nous sommes ravi de revoir les emblèmes du IIIe Ost, mon seigneur, l'Obok Senger Seld'Zar, ma chargé de vous demander la raison de votre venue sur les terres de Yutar. Je suis le Veldruk Hamidr, représentant de l'autorité du Senger avec son approbation.

- Nous venons en paix sur vos terre, Hamidr,  je suis venue ici pour porter la mort en Anaeth et remplir le cœur de nos ancêtres de fierté. Je demande à ce que tu me mène à ton maître, afin que je puisse m'entretenir avec lui.

- Cela sera fait noble Senger, je vous pris de me suivre.

Ainsi escorté, Urlryn et ses trois cavaliers plus leur escortes firent la route d'une traite au galop jusqu’à la citadelle. ils franchirent l'une des portes sans arrêter et  plongèrent au cœur de la montagne.
De nombreux guerriers s'inclinèrent sur son passage, on le mena jusqu’à une écurie, et il laissa sa monture à un palefrenier. Il avait été agréablement surpris que le Veldruk ne se perde pas en formules de politesse et autres simagrées, il n'était pas d'humeur, et les subordonnées sont bien souvent le reflet de leurs supérieurs.
Hamidr s'avança vers lui.

- Je vais vous conduire à mon seigneur, suivez moi je vous en prie.

Ils s'enfoncèrent dans les entrailles de la terre.

Seul dans la pénombre de ses vastes appartements, Seld fixait le seul rayon lumineux qui traversait la salle d'un bout à l'autre. Seul, il l'était depuis la veille. Il avait envoyé promener tous ceux qui avaient eu la mauvaise idée de venir le perturber. La haine grandissait en lui et il craignait déjà que la colère obscurcisse son jugement. Pire que la paix, l'attente à Yutar lui faisait presque maudire les ordres d'en haut. Dès lors, il n'avait cessé de paraître le plus obéissant possible, tout en bouillant de l'intérieur. Ses guerriers et ses officiers ne devaient pas le voir ainsi. En face d'eux, il se devait de garder sa haine pour lui.

Des cris d'agonie provenant d'ailleurs vinrent troubler sa relative quiétude. Des cris féminins à n'en pas douter. Seld se demanda ce qui pouvait bien provoquer de tels hurlements. Venaient-ils de ses propres troupes où provenaient-ils des esclaves fraîchement débarqués ? Il se demanda pourquoi il s'était posée une telle question vue que la réponse s'y trouvait déjà. Il se leva subitement, prit d'une frénétique envie de faire taire cette truie qui devait être égorgée à tous les coups. Certains de ses soldats furent étonnés de le voir sortir, mais lorsqu'il leur adressa un regard aussi froid que la glace, ceux-ci retournèrent sans attendre à leur occupation. Sans difficulté, il suivit la direction d'où provenait les hurlements et après quelques instants à vadrouiller, il finit par arriver sans grande surprise dans la salle de torture richement décorée et affublée de quelques appareils typiquement drows. Au centre, quelques soldats avaient formé un petit cercle. Derrière eux, des elfes dans un état lamentable étaient enchaînés les uns aux autres le long d'un mur. Il sentait la peur dans leurs visages, même si certains semblaient s'être laissés aller à quelques méditations où prières. Au centre du cercle, l'un des tortionnaires s'était attelé au viol d'une prisonnière. Celle-ci pleurait et criait qu'on l'achève, mais rien n'y faisait, le drow prenait un malin plaisir à la souiller.

Seld donna alors un grand coup d'épaule entre deux des guerriers qui formaient le cercle et le Senger pénétra à l'intérieur. Une lame dans la main, il prit le violeur par le bras et lui trancha la gorge sans aucun état d'âme. Une fois au sol, le drow se mit à entreprendre une longue agonie en se vidant de son sang sous les regards impuissants de ses compères. Seld leur adressa alors à tous un regard de consternation et de profonde médisance.

-Une esclave souillée est un investissement sans aucune valeur. Le prochain que je surprends à faire ça, verra sa tête au bout d'une pique, compris ?

Aucune réponse ne vint, juste quelques hochements de têtes. Aussitôt, il reprit sa lame bien aiguisée en main et décapita d'un coup sec la tête de l'elfe.

-Retournez à vos occupations maintenant !

En se retournant, il vit l'un de ses lieutenants. Celui-ci avait dû assister à toute la scène vu son air amusé.

-L'Obok Senger du IIIe Ost est ici, il désire vous parler.

Le Senger du IIIe était enfin arriver, on l'avait prévenu un peu plus tôt. Il grimaça à l'idée qu'on vienne lui annoncer que son retour au Puy était désiré. Déjà qu'il stagnait depuis quelques ennéades, cela aurait finit de l'achever. Sans répondre, il suivit le Veldruk jusqu'au Senger du IIIe qui l'attendait dans la salle des conseils de guerre. Lorsqu'il le vit, il se força à faire une brève salutation avant d'entreprendre son interrogatoire.

-Bienvenu à Yutar, Senger. dit-il avec une nonchalance bien propre à lui. Êtes-vous venu pour prendre le relais ou venez-vous pour renforcer nos effectifs ? Pardonnez mes manières un peu brusque, mais cela fait trop longtemps que j'attends, j'ai besoin de savoir si les choses vont enfin bouger où continuer de la même manière...

-Bienvenu à Yutar, Senger.

Urlryn salua d'un bref mouvement de tête, et ses officier firent de mêmes.

-Êtes-vous venu pour prendre le relais ou venez-vous pour renforcer nos effectifs ? Pardonnez mes manières un peu brusque, mais cela fait trop longtemps que j'attends, j'ai besoin de savoir si les choses vont enfin bouger où continuer de la même manière...

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il était direct. Urlryn ne put retenir un rictus carnassier.
Son collègue était grand mais dans la moyenne des drows, et Urlryn, du haut de ses deux mètres cinq, le toisait de haut. La ou le Senger du IIIe n'étais que muscles secs et nerfs, celui du Ier était plutôt muscles bien proportionnés. Le regard de l'invité s'attarda sur un visage blafard, dépourvu de toute émotions, scarifié, au crane rasé luisant d'ou ressortait un regard perçant.
Il ne portait pas d'armure, alors qu'Urlryn n'avait même pas pris la peine d'enlever la sienne, encore couverte de poussière du au voyage, mais il se douta tout de suite que son interlocuteur n'étais pas la genre à se familiariser avec le protocole ou même la diplomatie. Immédiatement, il lui fut sympathique, au niveau drows du terme, évidemment.

-C'est toujours un plaisir de revoir la citadelle que j'ai commandé, Senger Seld'Zar, je constate avec plaisir que Yutar à été bien gardé et est entre de bonnes mains.

Le peu qu'il avait vu lui avait permis de constater que la discipline régnait, et que tout y était bien entretenue.

-Avant que nous commencions, permettez moi de vous présenter Le streea Jabbuk Nym Kyud, mon second depuis aussi longtemps que je me souvienne, et voici le Veldruk Rokhir, qui commande à l'infanterie, et le Veldruk Nabar'ranxes, qui est mon officier d'état major, ils ont tous ma confiance.

Dans le sens drows du terme, évidemment.

- Nous ne sommes porteur d'aucun message du Puy, ou stationne la moitié de mon Ost, sous prétexte de défense, mais nous savons vous et moi que la noblesse chierait dans ses bas de soie si elle se retrouvait sans défense.

Il se racla la gorge et s'assit sur un des sièges, ses officiers en firent de même.

- Nous ne sommes pas porteur d'un message du Puy vous concernant, mes ordres sont de me rendre à Eraison pour soutenir notre effort au cœur de la forêt, ce que je ne ferais pas, Eraison étant indéfendable au vue des dégâts que nous y avons fait. En revanche, je suis porteur d'une idée...

Il s’interrompit lorsqu'un esclave entra et fit servir du vin. Il prit une coupe sans un regard pour le pauvre avant de poursuivre.
Il ne voulais pas abattre son jeu immédiatement, il fallait savoir de quel bois était fait Seld'Zar, s'il était à la hauteur de la rumeur ou bien si cela n'était que manœuvre de sa part.

-Avant que nous poursuivions cette conversation, je vous demande la permissions de stationner ici quelques temps afin de refaire nos réserves, et nous remettre du trajet. Je sais qu'il y à largement assez de place dans la citadelle pour que nous y logions sans vous déranger.

Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu ce Urlryn Jar'x. Sa réputation le précédait déjà dans les différents ost et certaines rumeurs courraient dès lors sur sa véritable ascension. Même s'il n'en avait pas grand chose à faire, Seld gardait tout de même à l'esprit que le Ier Ost se différenciait des autres dans leur seul mérite de ne jamais user de la corruption et du meurtre pour se hisser dans la hiérarchie. Les Sengers précédents de son Ost avaient sans doute été les plus loyaux et honorables guerriers drows depuis des milliers d'années. Tous, avaient laissé leur emprunte dans l'histoire de leur race, n'hésitant pas au sacrifice ultime pour leur salut à tous. Ce pourquoi, lorsque Seld rencontrait d'autres Sengers, une légère méfiance s'installait indubitablement.

Le Senger du IIIe Ost se mit alors à présenter quelques politesses une fois qu'ils furent tous bien assit, à l'abri des oreilles et des yeux indiscrets. Il lui présenta ses principaux officiers, à qui il adressa un bref regard. D'un coup, il fut surpris d'entendre que ces drows avaient sa confiance. La chose le fit doucement sourire, même s'il vit le Senger aller dans une toute autre direction dont il ne s'attendait pas vraiment. La suite devint vraiment intéressante lorsque le Senger aborda le fait qu'il était porteur d'une idée, loin de celle qui lui avait été assignée dès son départ du Puy. Seld'Zar se vit commencer à marcher hors des sentiers battus. Même si la chose pouvait être intéressante, il gardait à l'esprit que ce qu'il entendrait, viendrait seulement de l'unique volonté du senger et non de leur supérieur. Attentif comme jamais, Seld déjanta quelque peu lorsque ce Urlryn lui demanda de pouvoir stationner à Yutar au lieu de lui dévoiler son plan. Mais bon, il avait déjà attendu depuis quelque temps dans ce trou à Drow, il pourrait bien attendre quelques instants de plus.

-Il y a effectivement assez de place, Senger. Vous êtes les bienvenus, vous et votre Ost. L'aile ouest est inhabitée pour le moment, les galeries seront assez grandes pour y accueillir les vôtres sans que nous soyons forcés de nous marcher dessus. Un incident de ce genre serait des plus regrettable si vous voyez ce que je veux dire ?

Il fit un signe à l'un des gardes restés à l'entrée. Aussitôt, celui-ci fit entrer une esclave humaine, munie d'un plateau et de quelques rafraîchissements. L'humaine présentait sur son corps tous les stigmates de quelques sévices qu'elle avait pu avoir. Pour eux, c'était le moyen de mettre leur signature sur leurs esclaves. De cette façon, l'on pouvait connaître le nom du propriétaire rien qu'en voyant les nombreuses cicatrices.

-N'ayez crainte, cette humaine est sourde, nous pouvons continuer.

Il s'amusa de l'ambiance très secrète que semblait vouloir instaurer le senger et ses officiers. Celui-ci venait dans l'intention de braver les ordres de Karliik et Seld ignorait encore de quelle façon il réfléchirait à la manœuvre. Dans tous les cas, il pourrait toujours faire la sourde oreille lorsqu'il rendrait des comptes, et dire que le Senger lui avait menti sur ses directives. De cette façon, Seld préféra avertir son compère avant qu'il ne lui divulgue son idée.

-Alors comme ça, vous êtes porteur d'une idée ? Méfiez-vous Senger, les idées peuvent être bonnes, mais elles peuvent aussi être très personnelles et ne pas aller dans l'intérêt de tous. Avant que vous ne poursuiviez, je préfère ainsi vous prévenir sur les chances que cette idée aura de déteindre sur moi... dit-il en guise d'avertissement. En revanche, je vous rejoins tout à fait sur le très faible intérêt de faire marche sur Eraïson. Cela serait sans nul doute une perte de temps et même une perte de vie que nous pourrions éviter. Ce pourquoi, je suis tout ouïe quant à l'évocation de votre idée qui aura peut-être le mérite d'attiser ma curiosité.

-Alors comme ça, vous êtes porteur d'une idée ? Méfiez-vous Senger, les idées peuvent être bonnes, mais elles peuvent aussi être très personnelles et ne pas aller dans l'intérêt de tous. Avant que vous ne poursuiviez, je préfère ainsi vous prévenir sur les chances que cette idée aura de déteindre sur moi... dit-il en guise d'avertissement. En revanche, je vous rejoins tout à fait sur le très faible intérêt de faire marche sur Eraïson. Cela serait sans nul doute une perte de temps et même une perte de vie que nous pourrions éviter. Ce pourquoi, je suis tout ouïe quant à l'évocation de votre idée qui aura peut-être le mérite d'attiser ma curiosité.

Bien, Seld'Zar semblait réceptif, c'était déjà ça. Urlryn enregistrait les informations à la vitesse d'un scribe déments, et son esprit tournait  à pleine vitesse, tirants des conclusions, se perdant en conjectures, calculant des probabilités. Ses officiers d'états major gardaient une mine neutre, sérieuse et polie, mais il n'en réfléchissaient pas moins eux aussi, c'est pour ça qu'il s'était attaché leurs loyauté à tous, aucun de ses trois là ne songeraient à le trahir, ils pensaient et vibraient sur la même fréquence, ils étaient complémentaires, et puis Urlryn avait grandement facilité leurs carrière, il faut dire.
Bien, le Senger du Premier Ost avait déclarer qu'il était  prêt à entendre l'idée, il ne pouvait  plus reculer.
Urlryn se demanda à qui allait sa  loyauté, au final. Le Premier Ost avait toujours été le  modèle des suivants, et ses chefs avaient été loyaux au Puy avant eux mêmes. Si Seld'Zar était forgé dans le même acier que les  précédents, il y aurait fort à parier qu'il n'aimerait pas ce qui allait suivre. Dans le pire des cas, il serait toujours possible de négocier, tout le monde avait un prix. Urlryn décida de jouer la franchise, comme il l'avait toujours fait lorsque les événements étaient trop importants pour être emballés dans un jolie papier cadeau.

- Bien, je suis fort aise de constater que j'ai à faire à quelqu'un qui dispose des moyens de comprendre ce que j'ai à dire, ce qui, et j'ai le regret de le constater, n'est pas le cas de tout le monde au Puy, loin s'en faut.
Mon idée est simple, je suis parti avec quatre mille cinq cent guerrier du Puy, j'en ai encore un millier d'autres qui garde la ligne de front entre Yutar et ellyrion, ce qui porte mes effectifs à Cinq milles cinq cents guerrier, plus mes machine de guerre, évidemment, je ne prend pas en compte mon train d'intendance, qui compte plusieurs centaines de serviteur et d'esclaves, ainsi que deux cents chariots.
Vous disposez ici du plus gros de vos troupes réparti dans une guerre de positions et de harcèlement qui permet de fixer une partie des forces elfiques dans la région pour permettre à nos troupes d'Eraison de faire ce qu'elles ont à faire.
Mon idée est assez simple, je veut flanquer les elfes à Eraison et les mettre en déroute durablement. Pour cela, j'ai besoin que vous et moi soyons réunis dans cette histoire. Je vous invite cordialement à vous joindre au massacre, si cela vous chante, traquons les elfes, ou qu'il soient, et tuons les, plutôt que de conserver de minces avantages avec le gros de nos forces immobilisé pour rendre la frontière étanche.

Urlryn avait tenter d'aller au plus simple, et il espérait avoir été assez claire. Il n'avais pas enrobé son idée dans de belles paroles, le deal était simple : traquer l'armée elfes et la détruire, et au pire, la mettre durablement en déroute. On aviserais ensuite, mais surtout, cesser de camper sur des positions précaire à faible valeurs stratégique.

- Evidemment, j'ai conscience qu'une tel décision vas à l'encontre des ordres du Karlik Glenn, et j'ignore ou se trouve votre loyauté, aussi, je vous laisse le temps de la réflexion, si vous le désirez. en ce qui me concerne, quelque soit votre réponse, je prendrais mes hommes et j'irais porté la guerre chez les elfes, ou contre n'importe quel ennemie de notre race.

Il ne pouvait très certainement pas nier que les mots du Senger en face de lui ne l'intéressaient pas. Nier aurait été un mensonge et cela ne faisait pas parti de son monde. S'il avait acquis la place qui était sienne aujourd'hui, c'était bien en faisant preuve de la plus pure dévotion et de la plus grande honnêteté imaginable. Il se demanda pendant un instant quel aurait été la réaction de ses prédécesseurs durant la prise de parole de son interlocuteur et en quelques instants seulement, il crut pouvoir affirmer que ces grands Obok Senger avant lui, auraient probablement autorisés une telle idée, mais à la seule condition que le porteur de cette réflexion agisse seul sans aucun filet pour le rattraper en cas de chute. Et les chutes étaient monnaies courantes dans le Puy. Tant d'illustres Drows avaient atteint les sommets jusqu'à faillir au dernier moment pour se retrouver mort dans la plus grande solitude. La question qu'il se posait maintenant était tout autre. Jusqu'à quel degrés pourrait-il s'impliquer dans la manœuvre du 3e Ost pour savoir s'il serait alors considéré comme un traître ou comme un héros ? Ce petit moment d'hésitation l'excita au plus haut point, de manière totalement paradoxale, sentit-il.

Lorsque ce Urlryn Jar'x évoqua qu'une telle décision irait à l'encontre des ordres du Karliik Glenn, Seld descendit petit à petit de son nuage. Les images d'une Anaëh en feu s'estompèrent dans sa tête et il revit le visage du chef suprême des armées.

Assit bien profondément dans son siège qui faisait face à ceux de ses invités, Seld les regarda de nouveau un à un. Chacun d'entre eux semblaient attendre et guetter la moindre réaction de sa part. De les voir aussi impatient ne l'obligea pas à répondre directement. Il préféra prendre son temps et choisir une nouvelle fois les bons mots pour parler avec franchise, tout en restant le plus prudent possible. Tiraillé entre sa volonté personnelle de rejoindre le 3e Ost afin de porter un grand coup durable dans les lignes elfiques le réjouissait au plus haut point, mais aller à l'encontre des ordres du Karliik le freinait considérablement.

-Bien, bien, bien. Une chose est sûre, sanger, vous ne manquez pas de détermination et de volonté pour détruire nos ennemis. Cela, on ne pourra jamais vous le reprocher, dit-il en guise de préambule. Je vais revenir sur votre idée, mais laissez-moi d'abord vous ôter d'un doute à mon égard. Je suis d'avis que notre Karliik Glenn approuverait probablement votre plan, mais comme vous l'avez déjà mentionné, les ordres ne nous sont pas encore parvenus pour procéder à une telle manœuvre. Donc autant dire, que vous ne faites qu'annoncer une action qui nous sera bientôt ordonnée, ne pensez-vous pas ? Il se trouve qu'en cas d'urgence absolue, nous pouvons prendre les devants pour tenter de garder notre initiative. Si celle-ci est menacée, c'est toute l'échelle de commandement qui doit agir au plus vite et ne pas s'obliger à attendre désespéramment que les ordres viennent.

Vous ai-je dit que nos ennemis menaient de terribles opérations sur nos avant-post ? Leurs elfes de la noss menacent directement nos seuls yeux et nos seules oreilles dans toute cette pagaille. Dernièrement, une vingtaine des miens sont morts dans une embuscades et autant vous dire que je souhaite des représailles.

Ainsi, cher confrère, nous sommes menacés, et ce, en permanence. Les nôtres sont sauvagement massacrés et abandonnés dans cette forêt putride qu'il nous faut sans conteste incendier dans les plus brefs délais. Alors, écoutez-moi bien, mon ost est directement menacé et exposé dans cette guerre. Vous venez pour me donner un coup de main et m'aider à éliminer ces infâmes cafards des bois. Je ne cracherai donc pas sur vos intentions. Je ne vous laisserai pas y aller tout seul, oh ça non.

Ses yeux se firent bien sombres.

-Ne vous faites pas non plus de soucis avec notre Karliik Glenn, car nous ne ferons que venger nos trop nombreux morts. Je lui écrirai une missive dans les plus brefs délais pour lui annoncer que nous ferons tous les deux marche sur les positions elfiques. Dedans, je lui exposerai en détail tous les éléments qui doivent nous inciter à frapper au plus vite. Lui-même le sait, il y a un temps pour l'attente et un temps pour la guerre.

Tout c'était passé à merveille, finalement. Seld'Zar s'était avéré être un pure Drow dans la tradition de la race, concept ho combien important pour cette espèce belliqueuse par nature.
Il restait évidemment quelques modalités et formalités à mettre en oeuvre, mais cela n'était qu'une question de temps. Et du temps, ils en avaient encore un peu devant eux. D'un geste, Urlryn congédia son état major. Un fois qu'ils eurent salué les deux généraux, ils se retirèrent pour superviser l'installation temporaire de l'Ost au sein de la forteresse.

Urlryn s'autorisa enfin à se détendre, il se cala confortablement dans le fauteuil en remuant le contenu de son verre, admirant la robe du vin en connaisseur.

- Je dois vous avouer une chose, je n'étais pas sur d'avoir votre ... accord pour cette aventure. Nos actes, enfin , les miens pour le moment, pourrait déplaire à certains, j'ai laissé une partie de mes troupes au Puy pour museler toute tentative de sanction, avec quelques officiers fidèle à moi, mais ça ne durera qu'un temps. J'ai eu les échos de ce qui se dit la bas. Le peuple attend une victoire, il n'est pas si stupide qu'on se plait à le penser. Eraison n'était qu'une diversion, heureuse, certes, mais on se doute bien, que cela n’aboutira à rien. Penser un peu à la renommer que nous apporterait une victoire contre une armée elfique en ordre de bataille ? Les retombées pourraient être inestimable, pour nous deux.
Il me tarde déjà d'y être.

Une lueur meurtrière passa dans les yeux du Senger à l’évocation du carnage à venir, il fallait qu'il sente la bataille, il était rester trop loin d'elle depuis bien trop longtemps, le sang l'appelait.

- Nous pourrions nous mettre les prêtres d'Uriz dans la poche si je puis dire, en organisant quelques sacrifices avant notre départ, le soutient du clergé nous sera important dans cette campagne. Mon propre contingent de mages est resté au Puy, je n'ai que quelques chapelains de batailles avec moi, mais relayer cette nouvelle au Puy calmera le monde, en attendant la victoire. Et si vous me montriez, avec votre permissions, votre système défensif et les dernières positions connue de l'ennemis ? Il me tarde vraiment trop de me mettre au travail.

L'invité de dernière minuta sembla enfin prendre son aise lorsque ses officiers s'en allèrent. Fixé bien confortablement dans son siège, celui-ci savourait déjà sa première victoire, celle de l'avoir convaincu. Pourtant, Seld réfléchissait encore à ce plan ô combien périlleux qui pourrait leur coûter cher en cas d'échec. S'ensuivirent alors quelques nouvelles paroles du général drow qui ne manquèrent pas de le titiller quelque peu. Ce drow semblait vouloir de la renommée à tout prix, et ce, jusqu'à prendre ses propres initiatives. Cela pouvait avoir un prix très cher à payer et contrairement à lui, Seld n'était pas du tout dans cette optique là. Ainsi, il prit soin de choisir les bons mots pour répondre à son « invité » de marque.

Sans avoir bougé d'un pouce pendant la prise de parole du Senger, Seld n'avait pas arrêté de sonder l'âme de cet être afin de percevoir une quelconque future arnaque. La réputation que s'était fait ce Senger devait être pris avec la plus grande considération.

-Plus tard pour la visite guidée des défense. Nous aurons tout le temps de le faire demain pendant l'inspection des troupes, dit-il sèchement. Pour dire la vérité, j'attendais un prétexte pour faire enfin avancer mes pions, et vous venez de me le donner. Maintenant, il n'est nullement question de renommée en ce qui me concerne. Je ne suis pas là pour recevoir les honneurs du Puy. Non, ça je vous les laisse volontiers.

Seld parut bien moins enthousiaste.

-Gardez à l'esprit que la frontière est mince entre la renommée et la déchéance. Notre petite « promenade » pourrait tourner au fiasco total si nous ne prenons pas toutes les mesures nécessaires.  Et vous pouvez me croire que rien ne sera laissé à la bonne grâce des dieux. Mon ost fera marche avec le vôtre pour détruire l'armée royale, mais elle ne s'enfoncera pas plus loin, comprenez-le bien. Libre à vous de poursuivre votre route par la suite pour gagner un peu plus en « renommée », mais gardez également en tête que nos chers cousins, si désorganisés soient-ils, sauront mettre de côté leurs différents pour considérablement diminuer vos futurs glorieux faits d'armes, dit-il avec un brin de sarcasme. Ne les sous-estimons pas, car cela causerait notre perte à tous les deux.

En plus de l'armée royale à la frontière, la forêt est présentement surveillée par leurs noss, qui n'attendent que notre présence dans leurs bois pour nous tenir des embuscades. Et en plus de ces archers émérites et tenaces, l'Anaëh est protégée par des entités magiques qu'il nous faudra également prendre en considération, sinon quoi, nos troupes se retrouveront encerclée et anéantie en quelques heures seulement. Notre plus grand avantage dans cette campagne réside dans le fait que leurs yeux sont braqués sur Eraïson. Celle-ci n'était qu'une diversion, avouons-le et elle nous laisse une chance incroyable, alors ne la gâchons pas en avançant aveuglément avec pour seul objectif de massacrer le plus d'elfes possible, cela serait une grossière erreur.

Aucune campagne longue ne doit être menée, rajouta-t-il, même si Urlryn semblait être du même avis. Nous devons agir rapidement avec efficacité pour détruire leur principale ligne de défense, à savoir leur armée royale. Une fois fait, nous incendierons leur précieuse forêt et je tiendrai la position fermement afin de pouvoir entreprendre au mieux notre retraite. Cela ne sera pas une extermination malheureusement, mais cette destruction fera office d'un énorme coup d'épée sur le moral et sur l'organisation de nos ennemis, ne pensez-vous pas Senger ?