[Lourmel] Prends garde au chien muet et à la femme qui se tait. [Jindanor]

Midi du 1er jour de la 1ère ennéade de Vérimios, mois d'été de la 8eme année du 11ème cycle.

Elle marchait dans le jardin. Depuis son retour, il y a quelques jours de cela, Maélyne n’avait de cesse de s’occuper de la diverse paperasse habituellement lu par Céodred. Au vu de sa récente maladie il était malheureusement cloué au lit. La Dame espérait son rétablissement et priait chaque jour la Damedieu. La jeune femme espérait que ces prières soient entendues et qu’il guérirait au plus vite.

Une pause était néanmoins nécessaire et elle profita du début de l’été pour profiter des diverses senteurs qui parcouraient l’air ambiant. Les fleurs semblaient apprécier le soleil qui se faisait de plus en plus présent et dont les rayons apportaient de plus en plus de chaleur. Un groupe de jardiniers s’empressaient de garder tout cela intact et il n’était pas rare d’en croiser qui coupaient des branches, des feuilles, des arbres ou arbrisseaux.

Alors que ses pas étaient plutôt légers son esprit était des plus lourd. Occupée par mille pensées qui ne firent que s’entremêler. Maélyne était perdue… complètement perdue. Alors qu’elle avait une certaine masse de travail, ses pensées n’étaient dirigées que vers le front, vers ses hommes, ses cousins ou même Roderik. Elle avait entendu des rumeurs sur la présence de créatures des plus sombres que les commérages appelaient zombies. La jeune femme était inquiète pour lui, inquiète pour cet homme qu’elle aimait tant.

Alors qu’elle arrivait près du grand arbre qui surplombait la majeure partie du jardin, un valet vint la trouver pour lui spécifier que le repas était prêt et que sa cousine l’attendait pour la partager avec elle. C’est alors qu’elle se souvint de l’attaque de sauvages qui eut lieu à Karras, non loin de Lourmel. Les hommes étant partis à la guerre, il n’y avait plus grand monde pour s’occuper de protéger les frontières. Encore un problème qu’elle devrait résoudre.

Et dire que sa cousine s’y trouvait au moment de l’attaque, c’est à ce moment que la Dame se souvint d’un garde qui l’aurait, selon les dire de sa propre cousine, sauvée des mains des plusieurs sauvages. Et dire qu’elle ne l’avait toujours pas remerciée.

« Faites parvenir mes excuses à la Dame de Laval, je déjeunerais sans elle. » Commença-t-elle à dire.

Le valet était sur le point de partir lorsqu’elle lui reparla prestement.

« Faites parvenir les mets dans la chambre du garde Jindanor Numanor. Je déjeunerais avec lui. »

L’homme ne put s’empêcher d’afficher un air des plus surpris. Maélyne se doutait bien que ce genre d’initiative allait faire le bonheur des potins du château. Néanmoins elle s’empressa de lui rappeler que l’état du garde ne lui autorisait nullement de marcher ce qui eut pour effet de calmer l’expression de son valet.

Une quinzaine de minutes plus tard, le garde put s’apercevoir d’un nombre de serviteurs inhabituels dans sa chambre, préparant une table, déposant plusieurs couvert, différents mets sans pour autant entrer dans l’exagération, après tout, ils étaient en guerre.

Maélyne fit alors son entrée et se posta devant le géant.

« Enchantée Jindanor, permettez-moi de partager un repas en votre compagnie. »

Jindanor était depuis si longtemps dans ce lit qu'il en perdait maintenant la notion du temps... Son anémie n'avait pas aidé à se fixer sur un certain horaires... Allez garder la tête clair lorsque la moitié de votre sang s'est joyeusement pris un petit déménagement à Karras, entre les lattes d'un plancher grinçant.

Jindanor passait ses journées, ainsi allongé, à ruminer lorsqu'il n'avait plus de livres ou de recueils de poèmes à lire, soufflant en observant sa fenêtre, donnant sur un ciel bleu et ensoleillé.

Ha ce qu'il aurait apprécié cette douce caresse du soleil, plus longtemps que ces quelques heures de l’après-midi, où le soleil donnait directement sur cette chambre. La baignant d'une chaleur agréable et d'une ambiance chaleureuse. Et aussi un éclairage qu'il aurait souhaité utilisé pour graver quelques sculptures, où même ... Rah... Que c'était agaçant d'être ainsi enfermés..Il pouvait se déplacer bon sang ! Ce n'est pas comme s'il avait connu pire situation. Mais presque...

Il ronchonnait donc souvent, sauf lors de ces quelques visites, Une fois Anthoine, une fois Rose... Et ce midi il fut...Bien plus que surpris, il lisait tranquillement un recueils de conte, d'un certain Jean-Tiré de la Barboudaise... Un nom à coucher dehors , me direz-vous.. Mais ces contes avait le don d'être passionnants... L'histoire d'une famille abandonnant leurs enfants, la dure réalité de la vie, ce genre de choses... Ils étaient tous plus macabres et réalistes les uns que les autres, à en croire qu'ils étaient réels.
Enfin bref... Ce midi donc, se trouvait-il allongé comme à son habitude depuis plusieurs jours, lisant tranquillement son livre, qu'il fut interrompu par une porte s'ouvrant tranquillement. La tête d'une servante, et de quelques serviteurs se présentèrent.

-.... Bonjooour... C'est pourquoi ?... Jacqueline à déjà changé les draps. Et vous n'avez pas la tête de médecins...

-Pas l'temps d'vous expl'qué... On doit préparer les lieux. Ni une ni deux, ils s'introduirent dans la chambre, véritable ouragan d'affaires et de babailles... L'une a la voix de crécelle, l'autre à la voix de casse-noisette, etcetera...Etcetera...

Jindanor observa la scène, quelque peu interloqué, et même surpris. Amusé dirait-on. Il les observaient s'attarder à nettoyer la chambre des quelques poussières, ranger le tas de livres qui trônaient à côtés de JIndanor, dans un tas amoncelé, les rangeant en quelques colonnes correcte... Créant un gratte-ciel défiant les lois de la physique, tenant incroyablement en équilibre. Il se redressa calmement dans son lit, s'adossant sur son oreiller.. Il ne s'était pas rasé depuis deux jours ... Et déjà cette barbe reprenait possession de son visage, rendant celui-ci plus rude et vieillis que de raison.. La fatigue traînant un visage légèrement émacié.

Déjà sentait-il que les choses n'allait pas être... Coutumières, non, aujourd'hui il allait certainement rencontrer quelqu'un qu'il n'aurait jamais réellement cru rencontrer. Mais il n'en était pas pour autant très présentable... Une chemise large traînant sur ses épaules et découvrant à moitié son torse musclé, les lacets visant à la resserrer traînant sur la toile de celle-ci...

Quelle surprise cela fut tout de même, lorsqu'il observa une femme, aux cheveux d'un blond étincelant s'annoncer à sa porte... S'il se fiait à cette armée de serviteurs, ces quelques mets qu'ils avaient amoncelés sur une table amenée à cette effet, accompagnée d'une chaise matelassée...

-Enchantée Jindanor, permettez-moi de partager un repas en votre compagnie.

Un repas...En sa compagnie ? Pourquoi son esprit lui hurlait-il d'être prudent ? Cette femme... Elle avait l'assurance d'un milliers d'hommes, la beauté que convoiteraient beaucoup... Et... Ce petit quelque chose qui l'intriguait.

-Dame Maélyne... De Lourmel ? C'est bien ça ? ... Je m'attendais à tout sauf à vous rencontrer... Vous m'en voyez aussi éberlué qu'enthousiaste... Ce serait un honneur que de partager un repas en votre compagnie.

Alors qu'il disait cela, il fit de son mieux pour paraître, en meilleur forme qu'il ne l'était. Et c'était... Assez raté. Son sourire ne faisait que creuser légèrement plus ses cernes. Il inclina légèrement la tête, en guise de salut, ne se sentant pas la force de

-Puis-je.. Connaître la raison qui pousserait la Dame de Lourmel, à partager un repas avec le simple garde que je suis, sans vouloir paraître trop... Curieux ? disait-il, alors qu'il se tournait, au fur et à mesure des pas de la dame dans la salle, la suivant du regard. Cette chambre qui était pourtant sa propriété ne lui semblait pas réellement commune.

Imaginez un ours dressé sur ses pattes, amoché par une bande de loup et vous aurez l’image qu’a actuellement Maélyne en face d’elle. Cette carrure était plutôt impressionnante mais la Dame resta de marbre. Son regard scruta néanmoins chaque détail de cet homme. De ses cheveux, à ses yeux, à sa barbe mal rasé ou encore à sa chemise imbibée d’un certain liquide dont elle préférait ignorer la provenance, pour finir par regarder ses pieds, qui tout comme son corps était d’une taille hors norme. Et pourtant… cet homme si imposant balbutiait devant une frêle et petite femme.

Elle le laissa parler, puis lui adressa un léger sourire. « Je voulais rencontrer l’homme qui a donné l’envie au plus talentueux forgeron de la cité de se reconvertir en jardinier. Il faut dire que vous lui avez donnez du fil à retorde, ou plutôt… du fer à forger. » Plaisanta-t-elle légèrement.

Heureusement qu’elle était plus doué pour diriger ses terres que pour faire de l’humour. La Dame l’invita alors d’une main à s’assoir. Maélyne piocha un bout de pain avant de se mettre à manger quelques fruits, quelques légumes, et une bonne soupe.

« En réalité, si je suis venue vous voir c’est avant tout pour vous remercier personnellement d’avoir protégé la Dame de Laval. » Son regard était planté dans le sien, le soutenant, le scrutant. Elle avait entendu beaucoup de bien de lui et pourtant il lui était complètement étranger.

« Ma cousine peut parfois se montrer imprudente, et je suis rassurée qu’elle ait trouvée quelqu’un comme vous pour sa garde. » Toutefois, l’ours avait presque perdu sa peau, comment allait-il s’y prendre pour la protéger durant son prochain voyage ? « J’aimerais également avoir des informations à propos de cette attaque. Tout ce qui vous semble bon de me dire, tout détail qui pourrait aider les frontaliers à maintenir ordre et sécurité. Racontez-moi tout Jindanor. »

« Je voulais rencontrer l’homme qui a donné l’envie au plus talentueux forgeron de la cité de se reconvertir en jardinier. Il faut dire que vous lui avez donnez du fil à retorde, ou plutôt… du fer à forger.» Répondit-elle, souriante, et semblant plaisanter, Jindanor ne su pas réellement comment réagir, aussi afficha-t'il un léger sourire, se rappelant la tête qu'avait tiré le forgeron en le voyant arriver.

« En réalité, si je suis venue vous voir c’est avant tout pour vous remercier personnellement d’avoir protégé la Dame de Laval. » Son regarde soutenait le sien, se plongeant dedans, le sondait... Il l'observa avec un air plus curieux..  La détaillant, gravant une image fixe de celle-ci dans sa mémoire. Il était bon qu'il se souvienne de son allure. Il patientait, sachant qu'elle allait encore une fois parler.

« Ma cousine peut parfois se montrer imprudente, et je suis rassurée qu’elle ait trouvée quelqu’un comme vous pour sa garde. » Sa voix transparaissant d'une franchise certaine... Mais un doute persistait, flottait. Après-tout, il était dans un triste état... Il releva légèrement la tête, s'étant entre-temps assis à table, se rhabillant quelque peu, histoire de ne pas paraître trop bourru.
« J’aimerais également avoir des informations à propos de cette attaque. Tout ce qui vous semble bon de me dire, tout détail qui pourrait aider les frontaliers à maintenir ordre et sécurité. Racontez-moi tout Jindanor. »


Il passa sa main dans sa nuque, s'étirant quelque peu, grognant suite à une douleur à l'épaule avant de soupirer. Cette histoire il l'avait déjà raconté, à plusieurs. Mais cette fois il devrait y mettre du sien pour qu'elle soit le plus proche de la réalité possible..

- La Dame que je sers n'est point imprudente, le sort semble simplement s'acharner sur elle. Concernant cette attaque, nous avions marché sans nous arrêter la journée précédente, et une fois arrivé, la journée s'écoula rapidement... Le soir venu nous avions ordre, pour la garde de la Dame de Laval, de nous reposer... Ce fut bienvenu, la plupart des hommes étaient exténués suite à cette marche quelque peu forcée. Le capitaine pensait bon que nous passions le moins de temps à l'extérieur des murs, cette logique n'est pas à contredire... Il hésitait à prendre quelque chose.. Aussi se porta-t'il sur le pichet d'eau, remplissant les verres, celle de la Dame de Lourmel en premier lieu, puis le sien. S'éclaircissant le gosier après une lampée d'eau il reprit. Cependant, si nous avions eu vent de cette attaque, nous aurions volontiers passé une nuit dehors.  Pour reprendre, la nuit tombée, je ne pu trouver le sommeil... Je décidais donc de faire un tour de garde, m'emparant de mon armure et de ma lame, je fis ainsi un tour dans les halles du château... Quand je suis passé devant la chambre de la Dame de Laval, je ne perçus que quelques rires, tout semblait se dérouler normalement.

Il bu une autre gorgée de son verre, le vidant ainsi.

-Cependant, de ce que l'on m'a raconté, les Wandrais étaient déjà dans l'enceinte des murs... Ils ont utilisés des échelles, et se sont insinué dans le château alors que la nuit était aussi noire que l'encre. Pas de lune, pas d'étoile... Les gardes n'étaient que de la milice, peu entrainnée, et... Cette soirée était l'anniversaire d'un des miliciens.. La plupart fêtaient donc la chose... Qu'ils aient eu l'accord ou non d'un supérieur ne m'a pas été transmis.. Cependant, ce manque d'homme sur les murs fut préjudiciable.. Il prit un peu de temps pour respirer, observant les mets. Lorsque l'alarme fut déclenchée, par un brave homme qui parvint à se glisser avec une flèche dans le mollet jusqu'à la cloche, Cinq... Six hommes étaient déjà entré dans la chambre de la Dame, en passant par la fenêtre... Je suppose que les Wandrais sont des grimpeurs hors pair,lorsque le hurlement de Rose retentit... Je fis volte-face...

Il prit une pause, observant la dame de Lourmel. Il respira calmement, légèrement emporté dans son récit, il pris une assiette, si elle venait prendre un repas en sa compagnie, il avait certainement le droit de se servir... Aussi... hésitait-il. Après tout, il n'avait que rarement autant de choix.
Il opta pour un morceau de jambon cuits avec ses patates et sa sauce au beurre, accompagné de quelques haricots... Bon sang.. S'il avait su un jour manger en compagnie d'une Dame.. Ce jour en prime, il se serait coiffé, et préparé... Pour quoi passait-il maintenant ?

Il allait reprendre son récit, mais patienta un peu, observant Maélyne.

L’ours se lança dans le récit de ces évènements. Il  prit soin de détailler.  Ce que Maélyne apprécia, Il avait donc comprit qu’elle souhaitait avoir tous les détails. Alors qu’elle mangeait sa soupe tranquillement en mordant parfois dans un bout de pain, la Dame continua de l’écouter. Elle prit soin de tout graver dans sa mémoire et au cas où celle-ci flancherait, le scribe à ses côtés prit le soin de tout écrire. La jeune femme se doutait bien que cela allait sans doute mettre le garde mal à l’aise mais elle n’avait pas le choix. Il lui fallait le témoignage de tout le monde, lui et Cécilie comprit.

Alors qu’il semblait hésiter à se servir, Maélyne prit la parole. « Mangez donc à votre guise Jindanor, je ne saurais avaler tout cela à moi seule. » commença-t-elle gentiment. Son expression changea alors du tout au tout. Plus sérieuse, elle reprit la parole. « Au vu de vos dires vous prétendez que les défenses de la cité laissait à désirer et qu’aucune garde supplémentaire n’a été instaurée auprès de la Dame de Laval alors qu’elle était venue représenter Lourmel ? » il semblait hésitez mais Maélyne lui laissa pas le temps de répondre. « Si Karra n'a pas su offrir une réelle protection car leurs gardes étaient plus occupés à s'enivrer qu'à faire leurs travail, cela ne peut nous amener qu'à des problèmes diplomatiques.  Confirmez-vous donc ce manquement Jindanor ? » Lui demanda-t-elle. Mais encore une fois elle enchaîna sans lui laissez le temps de répondre. « Je peux comprendre qu’une attaque de sauvages, durant une nuit noire peut entraîner ce genre d’incidents mais Karras fait partie des seigneuries qui n'a envoyé que peu d’hommes au front. Placer une simple milice sur les remparts était une invitation à l’attaque de n’importe quels brigands, Wandrais ou non. C’était une erreur, et Sire d’Avrelaig devra m'en donner une solide explication. »

Alors qu’elle termina sa soupe, elle se servit un peu de viande, de pomme de terre et de légumes, attendant la réponse de l’ours, qui soudainement paraissait de plus en plus n’être qu’un ourson.

Jindanor observait Maélyne, lorsqu'il eut la permission de se servir, il n'hésita pas bien plus, cependant... Il aurait bien préféré que ce repas soit silencieux...

Lorsque la Dame commença sa palabre, assez sèche et presque accusant, Jindanor redressa la tête, il ne porta pas plus son regard à l'assiette, l'observant l'air un peu renfrogné, bien que surtout surpris du débits de parole de cette femme... Elle lui posait des questions, sans lui laisser le temps de répondre.. Afin d'éviter tout problème il ravala sa fierté. Tendant l'oreille et assimilant les paroles de la dame.

Lorsqu'elle eut enfin terminé, Jindanor était un peu plus avachis sur sa chaise, son dos écrasé contre le dossier. Elle pouvait avoir la douceur de milles et unes caresses d'une brise d'été, comme la force d'éprouver votre solidité à la manière d'une Lame de fond.

- Je suis navré que mes dires aient pu vous paraître offensant... Je n'ai fais que reporter mes impression. Il était moins souriant et sa voix était plus sombre... Bien qu'il restait calme et courtois. Je ne peux réellement dire que la Dame de Laval ait été en réel danger une fois que je sois parvenus à la faire sortir de cette chambre.. M'occupant des quelques malandrins qui s'y trouvaient. La garde personnelle du Seigneur à su garder possession du halle... Et la Dame et sa servante Rose ont toutes deux été mises hors de danger. Je ne peux nier que Sire d'Avrelaig a été négligeant, cependant, je doute fort que cette négligence ne se répète. J'affirme donc mes dires, j'ai toujours été franc, et cela ne changera pas. Bien que je n'ai pas réellement terminé mon récit, je doute que vous souhaitiez en savoir bien plus, ce ne sont que des détails sans importance. Je suppose...

Il prit son verre d'eau, se resservant avant de boire son contenus, vérifiant toutefois que Maélyne ait encore de quoi boire.

- Cependant, la garde personnelle de la Dame de Laval n'a en aucun cas été défaillante.. Les hommes qui se trouvent être mes camarades, ont tous fait preuve d'honneur et de bravoure en faisant ce pourquoi ils sont payés. Et ce malgré une fatigue importante. Que la faute ne retombe pas sur eux... C'est tout ce que je me permets de vous demander. Après ces quelques mots il s'empara de son couteau et de sa fourchette, tranchant la viande avant d'en porter le morceau qu'il venait de détacher à sa bouche. Le mastiquant sans un bruit. Si je puis me permettre... Ce jambon est très bon... Je n'en ai que rarement mangé d'aussi bon. Aussi me direz-vous, je n'en mange pas souvent. Il ria légèrement. Que comptez-vous faire ma Dame ? Si cela n'est pas trop indiscret ,bien sûr.

L'ourson avait enfin repris un peu de poil de la bête, affichant plus son côté jovial et vivant plutôt que ce côté terne et fatigué.

S’adossant à son siège, Maélyne planta son regard dans celui de l’ourson. Celui-ci semblait pourtant encore bien se défendre. Mais qu’importe, elle n’était pas là pour sa peau, mais plutôt pour ses crocs et sa langue. « Voyez-vous Jindanor, Karras dispose d’une cinquantaine d’homme de métier, d’une centaine de miliciens et en plus de tout cela, Sir d’Avrelaig possède une compagnie privée composée de trois cents Wandrais. Veuillez donc m’excusez d’être étonnée qu’une telle attaque puisse avoir eu lieu. Je me pose de réelles questions. » Elle fit une légère pause le temps de porter sa coupe d’eau à ses lèvres et de boire quelques gorgées. « Je ne suis pas en train de remettre vos compétences en causes, ni celles de la garde personnelle de la Dame de Laval. A vrai dire, je vous aurais interrogé différemment s’il lui était arrivé malheur, donc rassurez-vous. » Poursuivit-elle souhaitant le rassurer, du moins, elle aurait certainement réussit en formulant sa phrase autrement. Ses mains vinrent à nouveau prendre les couvert et elle continua de se sustenter comme si de rien était. En réalité, Maélyne était assez inquiète sans pour autant laisser paraitre quoi que ce soit. Les effectifs des trente n’ont pas été levés à part ceux d’Outremont. Alors si une attaque a pu réussir sur l’un des châteaux qui comprend le plus de défenses, elle se demandait dans quel état elle retrouverait les autres et surtout Outremont, qui sans ses effectifs se retrouvaient être parmi les plus vulnérable. « Mais je vous en prie Jindanor, continuez donc votre récit. Je pense vous avoir fait part de mon envie de connaître chaque détail. Alors je suis toute ouïe. Vous avez toute mon attention. » Finit-elle par rajouter, le regardant à nouveau sans trembler du regard.

Jindanor observa Maélyne, il ne pouvait pas nier être stressé...Anxieux... Après tout, cette dame avait le pouvoir de le raccourcir d'une tête si l'envie lui prenait... Mais il respira calmement... Reprenant son calme avant de réfléchir quelques instants...

-Où en étais-je déjà... Ha oui... Après m'être occupé des hommes qui se trouvaient dans la tour, j'ai observé ce qui se déroulait quelques mètres plus bas, en passant ma tête au travers de la fenêtre... Les gardes des lieux prenaient le dessus, rapidement... Malgré quelques blessés et morts de notre côté, ils ont repoussés les Wandrais, et tuer bon nombres d'entre eux... Peut-être même en ont-ils capturés vivants... Il ne serait pas inintéressant de leurs tirer les vers du nez... Pourquoi  Karras ? Pourquoi ce jour précis ? Il soupira un peu, sachant qu'il arrivait à la fin de son récit, qui n'était pas des plus glorieux maintenant qu'il y pensait. Cependant, la suite m'est personnellement inconnus... Ce ne sont que des dires de mes camarades, et leurs véracité pourraient être remise en causes... Car suite à mes blessures, je me suis écroulés dans cette chambre... Je sais qu'Anthoine et d'autres hommes de la garde de Laval étaient venues pour me prêter mains-fortes ... Ils m'ont tirés de là.

Il s'empara de sa fourchette, mangeant un autre morceau de viande et un peu de la garniture dont il s'était servis... Il avait faim, il ne pouvait pas le nier, et il aurait sans-doute dévorés les divers plats en quelques secondes si cette Dame ne se tenait pas ainsi devant lui.

-Je suis navré de ne pas pouvoir vous apporter de plus amples détails... Ou informations... De ce que j'ai compris, Karras pourrait n'être qu'un début... Une épreuve de force peut-être... Les hommes parlaient d'une nuit noir inhabituelle... La superstition s'est mêlée à l'histoire et me voici ici, à déblatérer une histoire qui est assez brumeuse sur la fin. Je suis désolé de ne pas pouvoir vous apporter plus d'informations... Mais peut-être le sir D'Avrelaig dispose de quelques Wandrais prisonniers... Les a-t'il interrogés... ?

Il se permettait de la questionner sur ce point, non pas pour se mettre à son égal, mais plus par propositions d'idée, bien qu'il se doutait que la chose avait dû être mise en place...

-Puis-je me permettre une question... ?

Elle écouta attentivement l’ours. Imprimant chaque détail de son récit dans son esprit. Elle frissonna légèrement lorsqu’il lui avoue penser que ce n’était qu’un début. Serramire était vidé de ses hommes de guerres. Si les sauvages décidaient d’en profiter pour percer, elle ne saurait comment défendre ses terres. Décidément c’était une année bien noir pour Serramire. Pendant qu’elle dégustait un repas correct en compagnie de cet ourson, d’autres ne mangeait que du pain sec accompagné d’un bol d’eau plutôt suspect, risquant sa vie pour libérer le pays Oësgardien des Puysards. « Je vous remercie de m’avoir raconté le récit de vos faits, Jindanor. Ce fut aussi détaillé que je l’espérais. Bien évidemment, je pense interroger également le restant de la garde de la Dame de Laval, pour être certaine d’avoir un maximum de détails. » Elle ne réagit pas tout de suite lorsque celui-ci lui demanda l’autorisation de lui poser une question. A vrai dire, elle était assez surprise de sa demande. Peu de gens faisait ce genre de demande. En plus de sa surprise, elle se demanda ce qu’il pouvait bien lui demander. Mais elle ne le saura jamais si elle ne lui donnait pas l’autorisation qu’il demandait. « Je vous en prie, Jindanor, posez-moi donc votre question. » Son assiette vidée de ses mets, dorénavant elle n’avait plus faim.

- Cette question vous paraîtra certainement... Idiote. Mais que pensez-vous de moi ? Il redressa son regard, le plantant dans le sien. Que pensez-vous que je sois ? Me prenez-vous pour un lâche ? Son regard avait repris de l'aplomb, alors qu'il avait lui aussi terminé son repas... Il avait posé ses coudes sur la table autours de son assiette. Ses mains se croisèrent au dessus de son assiette à quelques centimètre.

Il voulait un avis, qu'elle réponde franchement. Avec le peu d'informations qu'elle avait sur lui, elle ne pouvait qu'être objective après tout... Bien qu'elle ne semblait pas réellement comprendre l'étendue de la question, alors il... Précisa sa pensée.

-Je me trouve ici, alors que des hommes que vous connaissez s'éreintent au front... JE me trouve ici, à attendre, alors que je pourrais me rendre utile là bas. J'aimerais un avis. Un simple avis de votre part.

Il voulait l'avis d'une femme qui ne le connaissait pas, ou peu, et qui saurait ainsi être franche, quand bien même cela aurait pu le blesser.
Et cette femme avait prouvé qu'elle pouvait faire part de son avis sans broncher... Alors qui d'autre qu'elle pouvait lui répondre franchement ? Anthoine ne lui aurait pas réellement fais part de sa pensée, et quand bien même aurait-il demandé à Cécilie... Les événements de cette semaine aurait joué en faveur de la négation.

Hrp:

Cette question… Elle hésite un moment. Après tout, il était bien l’homme qui avait sauvé la vie de sa cousine, il n’était au fond… pas rien à ses yeux. Même si elle ne le montrait pas, Maélyne était très reconnaissante envers Jindanor. Mais est-ce pour autant qu’elle devait lui mentir ? Devait-elle lui épargner la peine qu’il ressentirait ? La Dame hésita un moment avant de se lancer. « Vous savez Jindanor… les hommes qui décident de rester ont autant de mérite que ceux qui partent à la guerre…. » Elle fit une légère pause. « Vous savez pourquoi ? Car c’est grâce à ceux qui restent qu’un semblant de vie normale est maintenu. Imaginez ce que serait devenu Karras si les hommes qui l’ont vaillamment défendu était partit à la guerre en Oësgard. Imaginez ce qui serait advenue de la Dame de Laval… Pour moi, Jindanor… les hommes qui décident de rester sont loin d’être des lâches, au contraire. Bien au contraire ! Ils sont prêts à affronter le regard des gens, les critiques, les insultes des autres pour ainsi permettre qu’une sécurité soit maintenue dans nos cités et nos villages. » Elle refit une pause. « Mais sachez… Sachez bien que les hommes qui restent ne recevront jamais le même honneur que ceux qui partent. Alors choisissez, souhaitez-vous l’honneur ou la sécurité des gens que vous aimez ? » Elle ne lui laissa pas le temps de répondre, se levant à la place, avant de lui adresser une légère révérence. « Je remercie la Damedieu de vous avoir laissé ce choix, sans vous, ma chère cousine ne serait plus des nôtres… Vous méritez autant d’honneur que ceux qui perdent la vie en Oësgard. Je vous serez… éternellement reconnaissante Jindanor. » Elle se dirigea vers la porte avant de s’arrêter une dernière fois. « Je suis loin d’être dupe… je remarque facilement certaines choses. Je sais que ma cousine est attachée aux membres de sa garde, et vous en particulier. Alors si vous décidez de partir, je vous ordonne de lui revenir sain et sauf. » Dit-elle avant de quitter la pièce. La porte se claque légèrement et ses pas la menèrent loin de cette chambre.