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| Un secret se tait | Aldir & Alicia | |
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Auteur | Message |
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Alicia de Terresang
Humain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 19 ans (5-2-4 1:XI) Taille : 1m56 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Un secret se tait | Aldir & Alicia Sam 29 Avr 2023 - 12:04 | |
| Milieu du mois Eté, Verimios 20:XI
Il fait bien plus chaud en Odelian qu'en Aretria. C'est mon premier été loin de chez moi et je constate déjà la différence entre ma région d'accueil et celle qui m'a vue naître. J'ai du mal à concevoir la chaleur que connaît le Sud du pays lorsque l'été bat son plein. Ou même Ithri'Vaan. Et encore moins dans le désert... J'ai dû investir dans quelques robes au tissu plus léger et aux bras dénudés. Je ne me sens pas à mon aise dedans, j'ai l'impression d'être en chemise de nuit... Mais je produit nombre d'efforts pour ne pas le montrer.
Cependant, la température est plus agréable ici, alors que nous approchons des montagnes dans la région d'Alonna. Officiellement, je rends visite à ma sœur chez son nouveau mari. Mais en réalité, la raison de ma présence est très différente. J'essaie de m'en cacher mais j'ai l'impression que Magdeleine se doute de quelque chose. Elle me connaît trop bien pour que mon anxiété -si bien dissimulée soit-elle- soit passé inaperçue à ses yeux alors que nous passons tout notre temps ensemble dans ce carrosse. Je devais peut-être questionner Ylasse afin de savoir si elle l'a interrogé à ce sujet. Et, puisque tous deux passent de plus en plus de temps ensemble, je suis presque certaine qu'elle lui a posé la question. Après tout, il est plus délicat de s'adresser à sa maîtresse qu'à son garde du corps. Elle a probablement remarqué les quelques brefs regards que nous échangeons parfois et pendant lesquels je relève le menton pour dissimuler la raideur qui me prend aux épaules. Car j'ai peur... Oui, j'ai peur. Je ne suis pas totalement prête pour ce qui approche mais je me fais violence malgré tout. Je ne le fais pas seulement pour moi, j'ai une mission à accomplir pour la Mère Supérieure. Me faire soigner par le Karamstra, c'est la première étape pour m'y faire entrer. Officiellement, ils me font une faveur sans contrepartie d'aucune sorte. Officieusement, ils savent que je me sentirai redevable envers eux... Donc que je leur devrais au moins un service... Je dois les laisser penser que j'agis en toute naïveté ou ils se méfieront de moi. Ai-je vraiment l'air aussi incrédule ?... Je peux comprendre qu'ils le pensent après tout ce qu'il m'est arrivé. Mais comment imaginer que cela ne m'a pas fait mûrir un tant soit peu ?
Je détourne enfin les yeux du paysage tandis que je sens notre voiture ralentir sur l'ordre du cocher. Avec précaution, je glisse à l'autre bout de mon siège pour apercevoir l'auberge qui va nous accueillir pour la nuit. Le jour a à peine décliné mais la prochaine halte est sans doute trop loin pour que l'on s'y rende avant qu'il ne fasse sombre. Une fois la manœuvre du véhicule terminé, la porte s'ouvre. Magdeleine descend en premier pour se tenir prête à me tendre mes cannes dès que je l'aurais rejoint. Je prends la main qui m'est tendue pour m'aider dans cette entreprise et retrouve à mon tour la terre ferme. Je découvre alors Aldir près de moi. L'enquête menée par l'officier que m'a confié mon frère n'a rien révélée de compromettant et Ylasse ne connaît pas de lien entre lui et le Karamstra. Il semble donc qu'il soit bel et bien neutre dans cette affaire et que ce soit quelqu'un de bien. Alors j'ai accueilli avec le sourire la demande d'Aurel d'Escault de le voir s'ajouter à ma garde. Il est loin d'être de mauvaise compagnie et je me sens plus à mon aise pour lui parler que je ne le suis avec le chevalier du Temple que je vois davantage comme un collègue de travail avec qui notre relation a commencé sur des bases plutôt glissantes. Je me suis sentie trahie lorsqu'il a arrangé mon entrevue avec cet homme... Aussi, ma confiance en lui est-elle limitée. Pour autant, je ne me sens pas de parler à Aldir de la raison de mon voyage et de l'entreprise dans laquelle je me suis lancée... La règle d'or d'un secret n'est-elle pas de ne jamais partager ledit secret ?
Gardant l'Eraçon à mes côtés, ma main passe de ses doigts à son bras, lui demandant silencieusement de bien vouloir rester avec moi et de me conduire. Magdeleine, qui allait me tendre mes cannes, se ravise en me voyant faire et recule d'un pas pour libérer le passage. Mon geste est un peu entreprenant de ma part lorsque l'on me connaît bien mais, ici, il n'y a personne pour me juger.
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| | | Aldir de Rochefouchart
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Dim 30 Avr 2023 - 18:58 | |
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La mission du chevalier eraçon se prolonge, son frère ou sa belle-soeur n'ayant pas jugé utile de le rappeler sur ses terres. Et si ces terres lui manquent, ici, il se sent respecté. Il n'est pas le frère de ou l'élève de, il est "le chevalier aux dagues" et on lui a confié, à lui, la garde de l'ambassadrice aretane, Alicia de Terresang. Cette mission, il s'en est acquittée sans coup férir jusqu'ici, mais il faut avouer qu'il n'y a pas eu de gros soucis non plus.
D'abord, la jeune noble est consciente que moins elle pose de difficultés et plus le travail de ses protecteurs est facilité, ce qui n'est pas à la portée de tous. Il faut dire aussi qu'elle souffre d'un handicap qui rend ses déplacements difficiles, donc les risques de fugue sont on ne peut plus réduit. Puis elle a un autre garde-du-corps, un chevalier péninsulaire qu'elle a croisé en Estrevent, prénommé Ylasse, qui semble plus intéressé encore à surveiller le corps de sa suivante que le corps d'Alicia, et de ce fait fait un excellent travail et n'entrave pas trop Aldir dans le sien. Aldir, en temps qu'éclaireur (et estafette), aime surveiller les routes, les ouvrir, prendre les devants et est doué dans le domaine. Après tout, ce rôle lui avait été dévolu lorsque le futur couple ducal eraçon et sa suite se sont déplacés de Fernel vers Aretria. Puis la dame d'Aretria semble apprécier les rares conversations qu'elle a eues avec le fier eraçon qui a pu lui parler des chevaux qu'on soigne ou des pommiers sauvages qu'on croise par chez lui. Deux expatriés qui retrouvent un instant la magie de chez eux, ça rapproche.
Bref, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si on oublie son manque de ses terres natales, mais qui ne dureront qu'un temps, et le fait que, quelque soit l'endroit où un homme se rende, il trouvera toujours un ou deux imbéciles pour se méfier de lui. Le premier imbécile n'est pas le premier venu, puisqu'il s'agit d'Ylasse lui-même, qui n'apprécie guère le jeune chevalier eraçon et a du mal à le cacher. Aldir a d'abord cru que comparer à un vrai chevalier, l'on découvre que le chevalier estrevent n'était pas aussi doué qu'on pouvait l'imaginer, mais Aldir, après avoir vu ledit chevalier à l'entrainement, a rapidement conclu qu'il était compétent. La raison était donc autre, et terriblement terre-à-terre. Aldir a du charme auquel la suivante ne semble pas insensible. Et comme Ylasse n'est pas insensible aux charmes de la suivante, il est jaloux. Aldir a pris le parti de s'en foutre, tant que ça ne nuit pas à la sécurité de la dame qu'il protège, que l'autre cuise de jalousie n'est pas pour le déranger.
L'autre imbécile est l'époux de l'hôte qui l'accueille. Car Aurel Fribourg d'Escault, né "de Lantenes", seigneur et officier de son état, craint lui aussi le charme naturel de l'eraçon, non pas parce qu'il pourrait séduire son épouse, mais parce qu'il pourrait séduire... Alicia de Terresang. Il l'a mis en garde, on ne fricote pas avec la Terresang. Aldir a souri, gentiment, puis a demandé l'autorisation de chasser sur les terres odelianes, histoire de ne pas passer pour un contrebandier. Cela pourra toujours dépanner et c'est une de ses activités préférées. Et toujours en souriant, il a précisé à l'intention de l'époux de la Comtesse douairière qu'on ne remet pas en cause l'honneur d'un chevalier et que c'est parce qu'il respecte son hôtesse qu'il ne réclame pas réparation. Le sieur Aurel s'en est moqué comme de sa première chemise, lui aussi a probablement connu des duels et les deux hommes se sont quittés ainsi, Aldir songeant sérieusement à informer Alicia de ce qu'Aurel pense de sa vertu, avant de renoncer à ce projet qui ne l'aurait amusé qu'un temps. Il ne va pas risquer une guerre entre deux comtés juste pour s'amuser, ce serait idiot.
Mais ces quelques pensées un brin malsaines ont eu le don d'égayer notre chevalier, ravi de l'excursion qui s'organise. La dame de Terresang souhaite rendre visite à sa soeur, ce qui convient à tout le monde, et une petite délégation s'en va sur les routes, plutôt sûres tant qu'on reste sur la route royale. Notre chevalier est sur son destrier blanc, accompagné de sa chienne ourse blanche, dans ses habits blancs, crinière blanche et teint pâle, arc à l'épaule, il est détendu. Alicia est avec sa suivante et le chevalier Ylasse dans un carrosse qui avance à allure modérée. Intégrer un convoi est sécurisant, et relativement reposant. Certains sont surpris d'entendre le chevalier archer pousser la chansonnette :
- On m'appelle le chevalier blanc, je vais je cours au secours d'innocents...
L'allure modérée n'a qu'un défaut, c'est qu'on ne va pas vite. Cela arrange Aldir car Natik sa chienne peut suivre l'allure s'en s'épuiser, mais cela les oblige à faire étape dans une auberge. Après avoir prévenu le cocher, Aldir est parti à l'avant en repérer une qui soit assez digne pour accueillir une dame, donc pas un tripot ou un lieu où les hommes ne louent la chambre que pour deux heures, histoire d'y passer du temps avec une dame dont la vertu est inversement proportionnelle à ses tarifs. Et une fois l'endroit idéal repéré, il rejoint le carrosse pour l'emmener au bon endroit, chambres déjà réservées.
- Dame de Terresang !
La galanterie lui impose d'aider la dame à descendre, et le geste reste chevaleresque. Et comme Alicia semble ravie d'être pendue à son bras, il l'accompagne jusqu'à l'intérieur de l'auberge, permettant à Natik d'aller chasser un peu plus loin le rat, le chat, le lapin ou le furet, bref de quoi bien s'amuser et se dégourdir les jambes. La journée du lendemain ne sera pas bien plus compliquée, les chemins sont fréquentés et pour la plupart surveillés, puis chez le mari de la soeur d'un Comte, ou une dame apparentée à un Comte, ils seront également en sécurité. Bref, une mission facile, qui n'est pas pour lui déplaire. Autant dire qu'il est détendu. L'auberge semble bien tenue et Natik sentira s'il y a un danger. Possible que si Alicia est d'accord, il laisse dormir sa chienne avec la dame, pour la protéger. Mais il comprendrait parfaitement qu'elle refuse.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Dim 7 Mai 2023 - 20:52 | |
| Tandis que j'avance au bras d'Aldir, je me surprends, après quelques pas, à produire un effort supplémentaire que je ne produis pas d'ordinaire. Un effort qui, certes, me fera mal rapidement mais qui me permet de moins m'appuyer sur le chevalier que je ne l'ai fait jusqu'à présent. De cette façon, j'ai soudain l'impression de presque marcher normalement. Et il me vient une idée... Est-ce que les choses seront ainsi après la journée de demain ?
Mais cette pensée m'a à peine effleurée que je me force à revenir rapidement sur terre, comme effrayée par mes propres libertés d'esprit. Je ne dois pas trop espérer. Peut-être ne pourra-t-on pas me soigner ou peut-être cela ne sera-t-il pas aussi réussi que je m'y attends. Peut-être continuerai-je à boitiller un peu et la danse me sera-t-elle toujours interdite... Il fait bon de rêver mais j'ai le sentiment d'avoir passé l'âge. J'ai rêvé de mon mariage et je suis tombée de bien trop haut. J'ai eu ma dose de déception...
Alors je relève le menton, chassant virtuellement mes espoirs, et je me concentre sur l'instant présent. Demain n'est pas là et je le redoute quoi qu'il en soit. Malheureusement, je ne peux me confier à personne. Je ne peux impliquer personne et je ne me sens guère proche du seul qui sache déjà tout. Pour l'heure, je dois faire taire autant mes joies que mes craintes. Mais les Dieux savent à quel point j'aimerais pouvoir en parler...
M'appuyant finalement un peu plus sur Aldir, je fixe cette porte vers laquelle il nous dirige et je m'arrête brusquement. J'ignore pourquoi mais je n'ai aucune envie de rentrer pour le moment. A l'idée de me retrouver entre ces murs, j'ai déjà l'impression d'étouffer. Alors, je me tourne vers le chevalier et lui exprime une requête, essayant de paraître aussi sereine que possible.
-Que diriez-vous de marcher un peu ? J-j'ai besoin de me dégourdir les jambes.
J'étire un sourire qui se veut assuré et doux tandis que j'espère un accord de sa part. Je n'ai pas la moindre envie de rester en compagnie d'Ylasse qui serait le seul susceptible de le remplacer.
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| | | Aldir de Rochefouchart
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Lun 8 Mai 2023 - 11:24 | |
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La fin de la journée et la perspective du repas font que mon attention et ma concentration ne sont pas maximales. Je ne remarque pas la tentative qu'elle fait pour marcher seule mais recouvre mes esprits quand elle reprend plus solidement appui sur moi. C'est alors qu'elle a une demande étrange.
- Ah, cela vous fait cet effet aussi ? Après une chevauchée, j'ai besoin de marcher un petit moment pour que mes muscles retrouvent leur sérénité.
Je jette un œil vers les alentours, espérant y voir un banc, mais rien. Bon, on marchera un peu avant de faire demi-tour.
- Ne croyez pas que je n'apprécie pas l'attention et les égards que vous avez à mon propos en me suggérant les choses, mais je suis votre garde-du-corps. Cela signifie que je suis à vos ordres. Si vous voulez aller à gauche, nous y allons, tout simplement. Ce n'est que si j'estime que votre requête présente un danger trop important qu'il me faudra vous conseiller une autre alternative. Par exemple, une armée ennemie est face à nous et vous trouveriez pittoresque qu'on aille au milieu du camp ennemi pour les insulter. Même si l'idée m'amuserait follement, je vous l'interdirais, car vous voir morte signifierait l'échec de ma mission.
Je hausse les épaules, le sujet n'est pas forcément gai, surtout quand on se souvient que la dame a été capturée et blessée par ceux qui ont été exécutés lors de mon passage "forcé" à Aretria-la-ville.
- Faut m'excuser, je ne suis pas doué pour faire la conversation. Elles m'angoissent même, parfois car je finis toujours par commettre un impair. Les Cinq m'ont accordé de vrais talents, principalement au combat, mais à côté ils m'ont retiré d'autres aptitudes pourtant essentielles, comme la diplomatie ou tout ce qui a trait à la gestion d'une seigneurie. Ce qui fait que j'ai rapidement compris que le silence était mon meilleur atout. Je laisse parler ceux qui savent parler et s'il faut frapper, je frappe. Pas que j'aime ça, mais j'y suis doué. Je continue de considérer que l'usage de la violence est quasi toujours un échec. Il n'y a que pour les interrogatoires où j'estime que le gain qu'on en retire est supérieur à tout ce qu'on y perd.
Aldir, TA GUEULE !
- Pour cela que j'aime fuir en forêt, en général. Elle nous offre tout ce dont un homme a besoin, ou presque, et on évite d'y croiser d'autres humains et de courir le risque d'y créer un incident diplomatique. Natik ? Manger !
Il vient de libérer sa chienne pour qu'elle chasse, elle qui était restée près de son maître le temps de découvrir l'auberge. Comme la visite est reportée, autant qu'elle s'amuse. Il sait qu'elle ne partira pas bien loin et qu'un sifflement la ramènera.
- Elle peut dormir à vos côtés, si vous voulez. Je veux dire dans la même pièce. La place d'un chien n'est pas dans un lit, même le mien. Accessoirement, elle bave.
Il l'a dit dans un sourire.
- Mais votre protection serait assurée la nuit. Elle sentira un danger et un grognement de sa part me réveille. Puis si quelqu'un devait pénétrer votre chambre sans autorisation, elle en ferait son repas.
Proposition faite, puis elle reste d'une bonne compagnie. C'est qu'elle n'en a pas l'air, mais Natik adore les papouilles. Alors si la dame est d'humeur triste, elle ressentira moins la solitude. Bon, cela n'empêchera pas la chienne de bouffer la noble si Aldir lui en donne l'ordre, mais il ne voit pas pourquoi il le ferait.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Mer 10 Mai 2023 - 18:38 | |
| Sans surprise, Aldir accepte et me guide. A ce titre, nos pas dévient de leur trajectoire initiale et c'est sous le regard suspicieux d'Ylasse et curieux de Magdeleine que nous nous éloignons tandis que chacune s'avère à mener son cheval à l'écurie ou à décharger le carrosse.
-Ma voiture est sans doute plus confortable que votre selle. Je ressens simplement le besoin de prendre un peu l'air... avant de m'enfermer de nouveau.
On dira ce que l'on veut, un véhicule reste une pièce composée de quatre murs posés sur roues... Même si je peux contempler le paysage, je n'en fais pas partie et la sensation est pour moi la même que si je regardais par la fenêtre de ma chambre. La seule différente, c'est que cette chambre-ci bouge...
Tandis que nous marchons, je découvre qu'Aldir n'est pas seulement bavard... Il est aussi maladroit. Il semble parler au même rythme que les pensées qui lui viennent, sans prendre le temps de jauger si elles sont bonnes à énoncer à voix haute ou non.
-Je suis bien moins téméraire que vous. Et je pense attirer suffisamment le danger sans avoir besoin d'aller moi-même à sa rencontre...
Après tout, parmi tous les malheurs qui me sont arrivés, lequel ai-je réellement provoqué ? On m'a enlevée et séquestrée contre rançon. On a tenté de m'assassiner pour me faire taire avant même que j'ai quelque chose à taire. Et on a attaqué un Temple dans le seul but de pouvoir m'approcher mais qu'ai-je fait pour cela ? Rien... Je n'ai rien demandé. Ces situations sont venues à moi, sans que je les provoque. Alors je ne ressens pas le besoin de courir dans la mêlée et de risquer ma vie... Cela finira bien par me tomber à nouveau dessus.
-Vous n'avez pas besoin de vous mettre une telle pression avec moi. Et il n'est nulle question de diplomatie entre nous. Ce n'est pas un impair de votre part qui provoquera une dissension entre nos deux pays. Et puis... Je sais faire la différence entre une provocation et une maladresse.
Natik passe comme une furie non loin de nous, courant vers je ne sais quoi, pour aller s'amuser je suppose. Son passage me perturbe un peu et mon équilibre fragile en pâti très brièvement. Je m'accroche un peu plus à Aldir durant quelques secondes avant de reprendre ma marche avec un peu plus d'assurance. Je n'en oublie pas pour autant la proposition du chevalier pour laquelle je ne peux avoir qu'une seule réponse, la présence de l'animal étant problématique pour mes projets...
-Je vous remercie mais cela ne sera pas nécessaire. Je me sens parfaitement en sécurité. Et vous m'avez assurée que la région était pacifiée, n'est-ce pas ?
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| | | Aldir de Rochefouchart
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Ven 12 Mai 2023 - 14:40 | |
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Elle m'explique pourquoi elle ressent le besoin de se dégourdir les jambes et je le comprends facilement.
- Ce serait bien que dans des lieux comme celui-ci, ils placent des bancs, comme il y en a du côté de la fontaine d'Odelian, si vous y êtes déjà allée, ou à l'endroit où on soigne les chevaux à Rochefouchart. C'est un endroit où les gens aiment se poser, justement pour se vider la tête ou profiter du bon air. J'avoue, moi, j'ai plus facile, j'aime grimper dans les arbres. C'est idéal pour se poser.
Quand elle prétend, et peut-on lui donner tort, qu'elle attire le danger, j'ai bien une explication, qui vaut ce qu'elle vaut, mais ne me paraît pas dénuée de bon sens.
- Les brigands, renégats et autres criminels veulent avoir la vie facile et s'en prennent donc à des proies qui leur paraissent fragiles. Vous, physiquement, vous n'inspirez pas la peur, car vous paraissez plus fragile qu'une poupée de porcelaine. Et mentalement, si je devais vous agresser, l'impression première que vous donnez est que vous allez tenter de me raisonner, pas de me combattre. Il y a une part de culturel là-dedans, c'est pareil dans certaines zones du Médian, car ce sont les hommes qui doivent protéger les femmes. Votre frère inspire la peur si on a à le combattre, enfin, la plupart des gens le vivraient ainsi, moi j'ai plutôt envie de savoir s'il en a réellement dans le ventre ou si c'est juste une image, mais je suis fait d'un autre bois que la majorité des gens, mais, et j'espère que vous me pardonnerez, et si pas tant pis, il ne donne pas l'impression d'être intelligent. Si vous êtes séparée de lui, vos agresseurs auront le sentiment de n'avoir rien à craindre. Et comme vous êtes noble, donc forcément perçue par les gens du peuple comme ayant les moyens, vous faites une cible... parfaite ! Je serais brigand que je penserai ainsi.
Aldir n'est pas doué pour tout, mais il sait chasser le brigand, l'interroger, réfléchir comme lui et comme il estime qu'elle s'interrogeait, il s'autorise à fournir une réponse. Mais il peut aussi aller plus loin.
- Il y a deux choses que j'aimerais faire avec vous. La première, c'est vous armer. Je n'ai évidemment pas la prétention de vous connaître, mais vous m'êtes apparue plus sûre de vous depuis votre voyage en Estrevent. Vous semblez vous affirmer. Si en prime, un maître d'armes pouvait vous apprendre à vous défendre, ceci même avec votre motricité réduite, ce serait une excellente chose. Il faudrait que je vous trouve un maître de dague femme que je pourrais observer moi même pour voir si elle est à la hauteur pour vous former, mais je n'ai pas encore entamer les démarches, car je n'ai jamais pu vous en parler. Et je vais vous épargner les détails qui pourraient vous sauver la vie, outre un seul. Une dague se cache fort bien sous une robe, en s'attachant à la jambe avec ce qu'on pourrait nommer une jarretière.
Voilà pour la première chose, qu'elle refusera certainement dans un premier temps. Lui veut instiller l'idée, et c'est chose faite. Par la suite, elle y réfléchira forcément, et posément. Savoir se défendre n'est pas un luxe mais une nécessité, et la bonne éducation ne sauve pas de tout. Ils sont nombreux à avoir voulu casser la gueule à Aldir, mais il fait mieux que se défendre. Et c'est aussi pour ça qu'il a toujours sa gueule d'ange. Ca et le fait que son frère et l'épouse de ce dernier tiennent à ce qu'il reste en vie.
- Second point, je voudrais que vous vous sentiez moins limitée, et donc libre de découvrir la forêt ou tout autre lieu. J'aimerais, un jour, vous enlever sur mon destrier et partir au galop vers n'importe où, puis vous laisser seule avec le cheval quand vous seriez familiarisée avec, et que vous réalisiez que votre limitation ne se situe que dans vos pas, qu'à cheval, vous pouvez être mon égale, voire même meilleure car bien que du Médian, je suis un cavalier juste honnête. Certains sont meilleurs que moi.
Une tentative d'humour pour finir ?
- C'est le seul domaine où je les y autorise.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Dim 14 Mai 2023 - 17:25 | |
| Je ne peux m'empêcher d'étirer un sourire amusé, malgré l'angoisse qui me tenaille pour demain.
-Je ne peux qu'imaginer ce que l'on ressent en grimpant à un arbre pour observer le paysage depuis ses hauteurs. A défaut, je me contente des bancs et des fenêtres des hautes tours. Je marque une brève pause avant de reprendre. J'ignorais que vous étiez allé à la fontaine d'Odélian. Je n'ai jamais pris le temps d'y retourner depuis mon retour d'Ithri'Vaan...
Je le regrette un peu. Il est vrai que c'est un endroit charmant et paisible. Bien plus que la salle de musique où l'on attire tous les regards. En vérité, je ne me suis jamais sentie aussi épiée que ces temps-ci, entre les courtisans, Ylasse et cet homme avec qui j'ai échangé à plusieurs reprises déjà pour en arriver à ce jour où je m'apprête à m'engager dans une voie qui n'est certainement pas sans danger... J'ignore si Aldir en imagine quoi que ce soit mais je trouve la coïncidence étrange de l'entendre parler de cette manière... Parler du fait de me mettre une arme dans les mains et de m'entraîner. D'après la Mère Supérieure, le Karamstra y viendra certainement car cela fait partie de leur culture alors cela deviendra bientôt nécessaire. Mais je suis surprise que le chevalier me le propose. Enfin, non. Il ne me le propose à aucun moment. Il me l'impose presque alors qu'il a déjà imaginer comment procéder, à qui demander d'être mon maître et même où cacher mon arme...
Soudain, je m'arrête de marcher et plante mon regard dans celui de mon interlocuteur. Il a pu voir ma force de caractère à une seule et unique occasion. Le reste du temps, je suis plutôt une femme douce et discrète. Mais je ne peux me taire aujourd'hui.
-Je n'apprécie pas que vous ayez élaboré tout cela sans même m'en parler au préalable, sans chercher à savoir si c'est ce que je veux ou non. J'ai la sensation d'y être presque contrainte, que je n'ai pas mon mot à dire. Vous semblez avoir déjà tout planifié et je n'ai plus qu'à suivre...
A dire vrai, cela m'est insupportable... Mais il ne peut sans doute pas comprendre ma réaction alors que je ne me suis jamais vraiment confiée à lui et qu'il ignore la raison pour laquelle je suis toujours aussi loin de chez moi. Officiellement, je suis ambassadrice d'Arétria donc il n'a pas à se poser la question. Officieusement, les choses sont si différentes.
-De plus, vous êtes-vous demandé si mon état le permettait ? Je ne suis pas infirme de naissance. Un carrosse s'est renversé sur moi lors d'une attaque et a brisé mes jambes. Je n'ai pu recevoir aucun soins avant qu'il ne soit trop tard et que je me retrouve ainsi. Je ne suis pas seulement instable sur mes appuis au point qu'une légère bousculade suffit à me faire trébucher... L'utilisation de mes jambes me fait souffrir. Marcher, et même me tenir debout, finit systématiquement pas me provoquer des douleurs que rien ne peux soulager sinon un repos prolongé. Trop me muscler pourrait faire céder les trop fragiles cicatrisations de mes os. Il m'est impossible de monter à cheval ou de me battre, je ne peux même pas danser. Raison pour laquelle je ne peux que rester sur le bord de la piste à regarder les couples valser en souriant, essayant moi-même de sourire sans montrer la peine que j'éprouve à l'idée que je ne pourrais jamais connaître ce sentiment. Celui de virevolter aux bras d'un homme, de pouvoir m'échapper, de ne plus me sentir acculer à chaque instant parce que mon corps ne peut suivre ma volonté...
Je marque soudainement une pause. J'en dis trop. Et ce n'est pas sur lui que je dois déverser ma frustration pour avoir passé ces dernières années enfermée entre quatre murs, manipulée comme une sage marionnette. Je pousse un soupir pour tenter d'évacuer mes émotions et reprendre avec un peu moins d'agacement, bien que je sois malgré tout moins douce que ce qu'il a pu connaître de moi jusqu'à présent. Je suis blessée qu'il ait imaginé tout cela au point que la décision est pratiquement prise pour lui.
-Mais c'est une chose que vous ne pouvez sans doute pas comprendre. Vous êtes un esprit libre. Ma liberté à moi ne peut pas aller au-delà de ce que je suis aujourd'hui. Et ce que je suis est déjà bien au-delà de ce que les médecins pronostiquaient.
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| | | Aldir de Rochefouchart
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Jeu 18 Mai 2023 - 9:30 | |
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Je ne peux m'interdire de sourire lorsqu'elle évoque la fontaine d'Odelian
- C'est un piège à touriste par excellence, le lieu où il faut être passé pour tout voyageur. Les habitants en sont fiers et ils ont raison de l'être, c'est magnifique.
Mais quand elle s'arrête de marcher puis me fixe du regard, mon sourire ne disparaît pas.
- Tiens, le retour de la guerrière. Cela s'annonce drôle !
Autant dire qu'il n'est pas impressionné. Mais il l'écoute attentivement.
- Donc, en gros, vous me reprochez de ne pas vous avoir parlé d'un projet que je vous présente maintenant AVANT d'avoir songé à ce projet que je vous présente maintenant. Si je résume bien, idéalement, il m'aurait fallu vous en parler avant même d'en avoir l'idée. Dame de Terresang, vous me prêtez là des capacités que je n'ai pas. Je vous en parle, là, maintenant, et je n'ai entamé aucune démarche mais ça, visiblement, ça vous passe par dessus la tête...
Il n'insiste pas sur la réaction étrange de la diplomate, mais la suite le met un poil plus mal à l'aise et son regard, qui n'a pas dévié d'un pouce quand elle a commencé à lui faire la leçon, se durcit.
- Vous parlez comme une victime, cela, passe encore, car victime, vous l'avez été, mais tout ce que j'entends, ce sont des excuses, des fadaises et pire que tout, que vous me prenez pour un imbécile. Quoi, vous pensez que je ne suis pas assez observateur que pour remarquer que vous avez un souci aux jambes ? Sérieusement ? Et en passant, vous savez ce que je suis ?
Il ne lui laisse pas le temps de répondre.
- Non, pas un guerrier, un combattant. Le guerrier s'entraîne et part à la guerre quand il en reçoit l'ordre, il s'entraîne sur l'arme qu'on lui a donnée pour devenir aussi bon qu'il l'espère. Le combattant, lui, est né pour combattre, c'est son art de vivre. Il ne choisit pas son arme, c'est elle qui le choisit. Et chaque jour, il s'affute et s'entraîne. Lui, la gestion, les ordres, peu lui importe, s'il a l'occasion ou de se battre ou de s'entraîner. Rien d'autre ne compte. Un combattant n'est pas forcément un bon soldat, au contraire du guerrier, mais c'est une saleté à affronter. J'ai été entraîné à toutes les armes, je travaille ma force et mon équilibre autant que ma précision ou ma dextérité. Et je commence à être las, mais vraiment las, qu'on ne me prenne pas au sérieux dans mes domaines forts. Si j'estime que la meilleure arme pour vous est la dague, c'est parce que j'ai pris le temps d'y réfléchir. La lance, l'espadon et l'arc long sont trop gros et seront gênés par une position assise, l'épée trop inconfortable, l'arbalète trop longue à recharger, mais une option pas totalement à négliger. L'arc court nécessite un sens de l'équilibre que vous n'aurez pas, même assise. Restent le poignard et la dague, qu'il faudrait tester à votre main et qui présentent des avantages. Vous serez toujours limitée dans vos mouvements, mais vous pourriez vous défendre. A moins que vous ne préfériez rester une victime et dépendre uniquement d'un gars comme Ylasse, à tout instant de votre vie. Car moi, je finirai par retourner sur mes terres.
Il pourrait en avoir fini mais ça n'est pas le cas.
- A Rochefouchart, nous soignons les chevaux, nous vivons donc avec, et régulièrement. Aussi avec des blessés. Tous ne redeviennent pas des chevaux de guerre mais ils restent aptes à d'autres activités quand nous parvenons à les soigner. Cela change la perspective que l'on a, et de la monture, et du cavalier. Vous pensez ne pas pouvoir monter à cause de vos jambes parce que dans l'esprit de tous, ce sont les jambes qui permettent de tenir sur la monture et de la guider ? Rien n'est plus faux. Le travail sur les jambes est fait, principalement par les guerriers à cheval, pour garder les mains libres, mais un cheval peut supporter un cavalier qui n'a plus de puissance dans les jambes. Monter peut rester une position assise et au pire, il suffirait d'adapter une selle s'il y a inconfort. Un bon artisan en est capable, ici ou ailleurs. Vous savez, nos chevaux aident aussi les accidentés humains. Il y a entre eux un lien. Le cheval est un animal intelligent, qui sait s'adapter. Enfin, pour les plus calmes d'entre eux. Et faudra l'avis d'un bon palefrenier pour choisir une monture maligne et calme.
Il soupire à son tour et reprend la marche.
- Je vous propose des pistes, car je ne vois pas en vous une victime. Sur ce plan, je me suis peut-être trompé. Je n'ai pas à diriger votre vie et dans l'absolu, je m'en fous. Mais je ne vous permets pas de remettre en cause mes analyses ou de considérer que je suis un imbécile dans les domaines où je suis compétent. Je vis pour le combat depuis que je suis né, je ne suis heureux que l'arme à la main ou en plein entraînement. Venir me dire que je ne peux pas analyser une situation est insultant. Et si vous n'en voulez pas, il suffit de dire non. Refaites moi ce coup et j'abandonne la mission, à l'instant.
Il a son honneur et ne joue pas avec.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Sam 20 Mai 2023 - 15:19 | |
| Notre conversation tourne plutôt mal... Aldir commence par dénigrer l'endroit que j'aime le plus à Odélian avant de rire de moi en voyant que ma réaction face à son projet de me former aux arts du combat. Je l'écoute et je constate qu'il ne comprend rien à ma situation... Absolument rien.
-A aucun moment, dans tout votre discours, vous ne m'avez demandé ce que je pensais de l'idée. Vous ne m'avez pas laissé voix au chapitre. Vous m'avez présenté un plan complet très bien établi et complet pour lequel ma validation est presque accessoire. Et je ne vous parle pas simplement du fait d'être infirme mais de comprendre quelles sont précisément mes difficultés.
Il parle beaucoup et l'arrêter devient difficile. J'ai juste la possibilité de placer une phrase...
-A quel moment ne vous ai-je pas pris au sérieux ?!
... mais il continue. Il continue à me parler du choix d'arme auquel il a si longtemps réfléchis. Mais c'est justement ce que je lui reproche... D'avoir passé tant de temps à y penser sans même prendre la peine de savoir si c'est ce que je veux... Et même si je le voulais...
Et alors qu'il parle de chevaux, je finis par n'en plus pouvoir.
-JE NE PEUX PAS, ALDIR ! J'EN SUIS INCAPABLE !
Je tremble tant la colère est vive. La colère de ne pas être entendue mais aussi la frustration de parler dans le vide.
-Vous trouvez que je ne vous écoute pas mais vous ne m'écoutez pas davantage. Pensez-vous réellement que cela me plaise d'être ainsi ? De me sentir aussi faible et dépendante des autres ?! Vous ne le voyez pas car je préfère ne pas montrer cet aspect peu reluisant de moi en public, mais je me déplace chaque jour sans mes cannes, dans l'intimité de ma chambre. Le moindre mouvement me demande une énergie considérable et une concentration de chaque instant. Et, même ainsi, je peux m'effondrer comme un rien. Pour un pied mal posé, une courbe mal jaugée, un coin de meuble que je n'aurais pas vu... Et une fois à terre, je ne peux pas me relever car mes jambes ne le supportent pas. C'est une douleur que je supporte depuis huit longues années, tous les jours ! Sinon pourquoi serais-je sortie de cette grange en flammes en rampant sur les cadavres des autres victimes de ce monstre plutôt qu'en marchant ?!
Mais il ne sait même pas de quoi je parle... Il n'était pas là. Il n'a assisté qu'à la fin. Entre la colère qui m'anime et le fait que ce passage atroce de ma vie reprend forme devant moi, mes yeux voient trouble.
Et soudain, Aldir menace d'abandonner la mission qui lui a été confiée et mon visage se fige. Dans une expression de stupeur, je recule d'un pas. Si je ne le savais pas si honnête et droit, je dirais qu'il a prononcé ces mots pour me faire mal. La colère a disparue de mes traits et je retiens cette vive émotion qui me noue le ventre et me serre la gorge. Pouvait-il prononcer pires paroles à mes yeux ?... Pourquoi ?... Pourquoi m'attache-t-on encore à un homme qui se dit si droit et juste mais qui, au premier accroc, préfère mettre fin à son serment plutôt que de rester à mes côtés ? Suis-je aussi insupportable ? La vie à mes côtés est-elle aussi pénible ? Suis-je définitivement un poids ?
Il me faut quelques secondes pour parvenir à dénouer ma voix et à prononcer quelques mots, bien moins vigoureux que tantôt, quoi qu'encore fermes.
-S'il vous en faut si peu pour rompre votre promesse... alors je ne vous retiens pas.
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| | | Aldir de Rochefouchart
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Dim 21 Mai 2023 - 4:37 | |
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Cette fois, je l'écoute, et posément et jusqu'au bout. Et si ma première idée est de lui coller une gifle pour la ramener à la réalité et qu'elle cesse de tourner en boucle, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire.
- Bien... C'est pas encore ça, mais pour la première fois, nous communiquons. Et maintenant, il m'appartient de vous prouver que je vous ai entendue, et il vous appartient de faire fi de vos idées préconçues pour entendre les miennes. Je les ai bien expliquées, par deux fois, mais vous ne les avez toujours pas comprises. Parce que vous avez votre réalité, que j'ai la mienne, et qu'elles sont antinomiques. Vous êtes convaincue d'avoir raison car vous vivez votre réalité, douloureusement, et je suis convaincu de ne pas avoir tort car j'ai conscience d'une autre réalité, qui vous échappe. Si nous parvenons à faire coïncider les deux, alors vous aurez les bases pour réfléchir à ce que je vous dis et y opposer un refus, mais éclairé.
Bon sang que j'aimerais avoir le talent de mon frère. Lui est un négociateur né. Il serait fichu de vendre une bière à un maître brasseur et que l'autre lui dise merci. Parce qu'il a les mots, qu'il sait comment exprimer les choses pour que l'autre l'entende et ait parfois l'impression que l'idée géniale qu'il vient d'entendre est la sienne et pas celle de mon frangin.
- Vous me répondez limitations, douleurs et incapacités et m'expliquez les raisons de vos blessures aux jambes et je les entends. Je vous promets que je les entends. J'entends que la station debout est douloureuse et je l'entends sans peine car vos blessures doivent supporter le poids de votre corps. J'entends d'autant mieux la perte de l'équilibre que l'équilibre est l'un de mes points forts et que j'ai conscience qu'il faut deux jambes parfaites et entraînées pour avoir un équilibre qui donne confiance. Tout ceci, vous l'avez perdu. Sauf qu'il y a un détail qui vous échappe : Je n'ai jamais parlé de vos jambes ou de station debout. Je parle de vous aider à gagner en autonomie là où se trouve votre nouvel équilibre : En position ASSISE ! Assise bon sang ! Vous me répondez que vous ne pouvez pas debout, je vous réponds que vous pouvez assise. Vous saisissez la différence ?
L'idée de la gifle pour faire entrer l'idée lui traverse encore l'esprit mais il y renonce. Faut dire aussi que négocier l'épuise.
- Alors oui, j'ai réfléchi à ce que vous pourriez faire dans ce qui entre dans mes domaines : - le combat, le déplacement - en étant assise. Parce que, et j'espère que vous me le pardonnerez, je vous vois comme j'ai vu des guerriers et des chevaux blessés par chez nous. Je me refuse de vous voir identifiée par vos limitations, je préfère vous regarder dans votre nouvelle réalité. Vous restez noble, vous restez femme, mais pour l'heure vous vous focalisez sur ce qui est perdu, et moi je regarde ce qui peut être gagné. Je réfléchis à ce qui peut être fait sans vos jambes, tout comme j'ai vu des soldats ayant perdu un bras s'entraîner à une autre arme car refusant de renoncer au combat. Pour l'heure, vous me donnez l'impression, erronée sans doute, que vous ne vous identifiez quasi que par vos jambes. Moi, je continue de voir la guerrière. La différence, sans doute, tient au fait que je ne vous ai pas connue... valide.
Ce n'est pas le bon mot, ou alors c'est trop le bon mot, donc pas celui à utiliser. Mais quitte à bien s'expliquer, il va prendre son cas.
- Le choix se pose entre lutter pour renforcer ses points forts ou lutter pour atténuer ses points faibles. Un amputé ne retrouvera pas son bras, il doit en faire le deuil. J'ai le sentiment que vous n'avez pas fini le deuil de votre mobilité d'antan, que la chose aurait été plus... simple s'il avait fallu couper vos jambes, au moins la chose serait définitive. Là, vous travaillez encore comme si vous pouviez récupérer toute votre motricité. Et vous avez travaillé dur, vous avez récupéré plus que les soigneurs l'avaient prédit. Je n'en doute même pas. Je sais reconnaître les fortes personnalités. Mais, que les Cinq me pardonnent, qu'est-ce qui vous interdit de travailler aussi avec cette nouvelle réalité et d'apprendre à gagner en autonomie avec vos limitations ? Qu'est-ce qui vous interdit de tenter d'apprendre la monte ou de disposer d'une arme pour vous défendre, ce qui pourrait vous faire gagner en autonomie et en confiance ? Pour l'heure, je ne vois que votre refus, borné (il a insisté sur ce mot), de ne serait-ce que l'envisager. Parce que vous refusez de vous voir assise, de vous entraîner assise. De vous déplacer assise.
Bon, il est temps d'arrêter de l'agresser.
- J'ai dû renoncer, moi aussi. Pour des choses différentes, moins visibles. Mais je ne sais pas parler le diplomate. Je ne sais pas prendre sur moi. Je ne sais pas envisager l'intendance. Ce sont des domaines où mon frère est ultracompétent. Nous sommes issus du même ventre, alors les gens imaginent que j'ai au moins une part de son intelligence. Mais je ne l'ai pas. L'idée seule de lui succéder était source d'effroi, car j'ai hélas une intelligence suffisante pour réaliser mes incapacités et la catastrophe que ça serait pour mes gens si j'en avais la responsabilité. Mais j'étais doué dans d'autres domaines : la chasse, le pistage, la torture, le combat. Je n'ai pas renoncé à apprendre la diplomatie, où je reste lamentable malgré les apprentissages, l'intendance, où j'arrive à envisager mes propres rations pour trois jours, mais pas plus. Sauf que les gens ne me voient pas comme le lamentable diplomate et organisateur, ils me voient comme une estafette, un archer, et ici, je suis même le chevalier aux dagues. J'acquiers ma nouvelle identité, malgré mes limitations, parce que j'ai accepté que j'étais limité et je me concentre sur mes atouts. Je vous vois, je vois vos limitations, mais je vois au-delà. J'aimerais juste que vous le fassiez aussi et que vous vous octroyiez des moments, aussi, pour travailler autre chose qu'atténuer vos blessures.
Aldir réaliser qu'il a fini.
- C'est tout ! Et votre argument selon lequel je vous impose cela est ridicule. Je suis votre garde-du-corps, je ne peux rien vous imposer. A la limite, je peux vous interdire quelque chose si j'estime votre sécurité en danger, et encore. Si je vous en parle, c'est parce que je crois en vous. J'espère ne pas être le seul, et que vous, vous croyez encore en vous, malgré vos blessures.
Et je continue de détester qu'on me croit stupide en tout parce que je suis stupide sur certains plans. Dans ceux où je suis compétent, je le suis vraiment. Merde ! Mais ça, mieux vaut ne plus le dire.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Dim 21 Mai 2023 - 7:43 | |
| Alors que je viens de m'emporter et de hurler -attirant sans le savoir les regards d'Ylasse et de Magdeleine qui restent néanmoins à distance-, Aldir me répond avec un calme qui me surprend. A tel point que je n'ose plus ni parler, ni bouger. Je l'écoute d'un bout à l'autre, bien mieux que je ne l'ai fait jusque là. Pourquoi n'ai-je pas compris plus tôt qu'il voulait que je demeure assise ? Peut-être parce que le combat ne peut s'envisager que debout dans mon esprit alors il a éludé l'information... A mesure que j'intègre ses paroles, ma colère s'estompe et se voit remplacer par de sensibles tremblements dans mes mains. Il m'a cernée, bien plus que je ne l'aurais cru. Et je réalise tant de choses... sur moi, sur ma famille et sur la vie que j'étais condamnée à vivre avec eux. Chaque mot du chevalier me touche mais je ne parviens à comprendre pourquoi qu'à la fin de son discours. Lorsqu'il me dit qu'il croit en moi, je pose une main sur mon ventre et une larme s'échappe finalement de mes yeux pour couler sur ma joue. Ce n'est pas de la tristesse... Mais plutôt une surprise qui m'affecte tout particulièrement. Il me faut quelques instants pour accuser le coup et une phrase s'échappe de mes lèvres, à mi-voix.
-Pourquoi je ne vous rencontre que maintenant ?...
Aldir ne peut sans doute pas comprendre le sens de ma phrase. Je ne réalise pas que l'on peut penser que je vois en lui l'homme de mes rêves, et cela aurait pu être vrai si je ne me savais pas impropre au mariage et que j'envisageais que cela puisse changer. J'ai renoncé à l'idée que je puisse me représenter devant l'autel un jour... Peut-être parce que j'ai été trop blessée la première fois. Ce n'est donc, de fait, pas ce à quoi je pense. Non, ces mots, j'aurais voulu les entendre dans la bouche d'un autre, l'année dernière... Mais c'est de lui que cela vient aujourd'hui. Pourquoi ? Alors que je le fixe silencieusement depuis plusieurs secondes, je me reprends soudainement. Je baisse la tête, chasse cette larme de ma joue et une autre qui commençait à poindre de l'autre côté.
-Croyez-le ou non... Mais c'est la première fois que l'on me dit ces mots-là.
Je relève les yeux pour retrouver ceux d'Aldir et je ne peux m'empêcher de sourire malgré mes yeux encore humides. Un sourire sincère, touché par sa confiance en moi et reconnaissant qu'il me l'ait dit.
-Depuis huit ans, je ne suis considérée... qu'à travers mon accident. Ma vie est régentée par mon accident. Parce que c'est la première chose que l'on retient de moi et je vois bien la pitié dans le regard des gens... Je n'avais même pas le droit de sortir de chez moi... et, effrayée à l'idée de me retrouver à nouveau attaquée et capturée, cela me convenait. Je marque une pause avant de reprendre. On a fait venir des soigneurs pour tenter de réparer ce qui pouvait encore l'être. On m'a fabriqué des béquilles pour me soutenir. On m'a dédié une servante nuit et jour dont je ne pouvais pas me passer jusqu'à récemment. On a modifié mes robes pour qu'elles ne soient pas des entraves. Puis on a laissé les choses telles qu'elles étaient. Ma douleur... Mes cauchemars... Sans jamais me dire que je pouvais aller au-delà. Et sans jamais me donner le choix, non plus.
Marc-Aurèle a seulement essayé de me secouer en me disant de prendre sur moi pour aller de l'avant. Mais, si j'étais capable de le faire toute seule, je l'aurais fait, non ? Je lui ai simplement demandé de me montrer que je n'étais pas seule, de me rassurer... d'être à mes côtés. Je n'attendais aucun mot de lui, qu'il me prenne dans ses bras m'aurait suffit. En quoi le fait de me quitter pouvait-il être bénéfique pour moi ?
-Et vous, vous arrivez... Vous me témoignez de l'admiration lors de notre premier échange... Maintenant vous me dites tout cela... Vous seriez parfait si vous ne menaciez pas de m'abandonner pour un simple désaccord. Parce que si je n'avais pas foi en vos compétences, je ne serais pas rassurée de vous savoir auprès de moi pour me protéger. Et je suis désolée si je vous ai donné l'impression de penser autrement.
J'ai dit "m'abandonner" ? Ma langue a fourchée... Ce n'est pas moi qu'il abandonnerait mais sa mission. Même si je serais bel et bien la cause de son renoncement...
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| | | Aldir de Rochefouchart
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Lun 22 Mai 2023 - 18:04 | |
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- Pourquoi vous me rencontrez que maintenant ? Parce que j'évite de m'attacher aux gens. Je prends en général des missions en solitaire et j'évite toute mission diplomatique. Donc, forcément, je croise peu de gens. Même au sein d'une délégation, je joue à l'éclaireur et au combat à l'estafette.
Forcément, ça diminue le champ des possibles et celui des rencontres. Même avec les femmes il est ainsi, il apparaît et disparaît sans le cacher à celle qui partagera sa nuit et son lit. La suite du discours ne le surprend pas trop, il imaginait plutôt que la dame avait déjà reçu ce genre de discours mais sans que les autres osent insister. Que les soins aient été une priorité au début n'est que logique, même un amputé a besoin de soins sur son moignon. C'est une fois la situation consolidée qu'il faut envisager ce qui peut être fait face à la nouvelle situation. Et qu'ils n'en aient pas parlé lui rappelle aussi pourquoi il aime sa seigneurie, celle où on essaie de revalider les chevaux. C'est juste quand elle parle d'un simple désaccord entre eux qu'il réagit.
- Quand mon honneur est mis en cause, il ne s'agit pas d'un simple désaccord. Vous auriez maintenu votre hostilité à mon égard que j'aurais abandonner ma mission, c'eut été trop difficile pour moi de vous défendre, le cas échéant, si vous, vous doutiez de moi. Qu'il me faille gagner votre confiance, c'est normal, mais mettre en question mes points forts, ça ne passe pas. Sauf qu'entretemps, j'ai réalisé que ça n'était pas moi que vous mettiez en cause, mais que vous compreniez mal que j'envisage pour vous d'agir assise et non debout. Et cela, ça ne pose évidemment aucun problème.
Je me tourne vers l'auberge où Ylasse et Magdeleine nous attendent. Ou s'occupent des bagages ? Oh, qu'importe !
- Magdeleine, vous pouvez commander pour moi un plat du jour ? Je me moque de quoi il s'agit, je mange de tout, du moins dans une auberge. Et vous choisirez un menu qui convient à Dame de Terresang. Nous finissons notre marche prédigestive et nous arrivons. Je ne vous cache pas que j'ai TRES faim !
Il lui adresse un sourire puis revient à Alicia.
- Voilà, je vous ai exposé mon point de vue et une autre façon d'aborder les choses. Vous en faites ce que vous voulez. Je vous propose de prendre le temps d'y réfléchir, pourquoi pas d'en parler avec votre soeur. Puis vous voyez si le fait de vous armer est une bonne idée ou si vous préféreriez faire autre chose. Je sais pas quoi, pourquoi pas une action sociale en faveur des blessés de guerre, ou des blessés de la vie. Je sais même pas comment on pourrait formuler ça.
Il attend qu'elle marque son accord pour retourner vers l'auberge mais il a déjà avoué avoir très faim. La raison en est simple même s'il ne la comprend pas. Négocier l'épuise, voire même juste "communiquer" et manger a un côté consolateur qui fonctionne bien avec lui.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Mer 24 Mai 2023 - 11:15 | |
| -Eh bien... Pour éviter tout doute à l'avenir... Sachez que je n'ai jamais douté de vos compétences. Et, si je n'avais pas confiance en vous pour me protéger, je n'aurais pas accepté la demande de Sire d'Escault de vous avoir pour escorte.
La bienséance m'interdit de lui prendre la main pour appuyer mon propos et lui assurer de ma sincérité. Alors je me contente de joindre les miennes devant moi et de prononcer ces paroles sans baisser les yeux. En vérité, ils sont deux à lui avoir formulé une telle requête : le père de la Comtesse douairière et son tout nouvel époux. Aller à l'encontre aurait pu être pris comme une marque de défiance mais, Aldir n'étant qu'un invité, j'aurais pu trouver un argument pour refuser sans prendre le risque de provoquer un incident diplomatique. Cependant, je n'en ai rien fait. Je l'avais déjà rencontré avant qu'il ne devienne mon garde du corps et j'ai demandé au Sergent qui m'accompagne depuis Arétria de se renseigner sur lui. Ses conclusions ont confirmé ma première intuition. Même si, au fond de moi, je redoute que les impressions soient fausses... Comme cela avait été le cas pour Marc-Aurèle.
Je prends le temps de me remettre de mes émotions tandis que le chevalier demande à Magdeleine de commander à manger pour nous deux. Je ne savais même pas qu'elle était à portée de voix. J'ai dû les attirer en criant tout à l'heure... J'en suis confuse... Pourquoi ai-je eu tant à cœur de faire comprendre mon état à l'éraçon ? Lorsqu'il a fini, il porte à nouveau son attention sur moi et il me suggère d'en parler à ma sœur lorsque je la verrais bientôt. S'il savait que je n'ai pas l'intention d'aller jusque là-bas... Cependant, je sais déjà ce qu'elle me dirait. On refuse déjà à l'une de mes sœurs de devenir Corneille au sein du culte d'Othar alors m'apprendre à me défendre... Moi, le poupée fragile de la famille...
-Elle sera contre... Vous êtes bien le premier à ne pas me voir comme une figurine de porcelaine que l'on garde à l'abri derrière une vitrine, hors de portée de tous. Et je vous en remercie, Aldir.
Puisque j'ai oublié son titre un peu plus tôt, autant l'oublier cette fois encore... Après tout, nous sommes entre nous et personne ne peut entendre la façon dont je l'appelle en cet instant.
-Je suis prête à retourner auprès des autres.
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| | | Aldir de Rochefouchart
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Jeu 25 Mai 2023 - 6:35 | |
| Aldir acquiesce simplement quand elle lui explique ne pas avoir remis en cause ses capacités. Ce point est désormais réglé, comme les autres, inutile de revenir dessus. Quant à la réponse possible de la frangine, il sourit :
- Les gens peuvent parfois surprendre quand nous-même procédons ou envisageons une métamorphose. Qui sait si, par exemple, elle ne trouvera pas dans votre exemple le courage de suivre une voie qui l'intéresse et qui pour l'heure lui est interdite. Cela a surpris par chez nous lorsque l'épouse de mon frère a voulu se charger des doléances alors que c'est mon frère le seigneur des lieux. Pas parce qu'il est le mâle, même si évidemment cela joue, mais parce qu'il est aussi le fils du seigneur, né sur les terres qu'il administre. Mais le frangin a accepté, car ses missions l'obligeaient à se déplacer vers la capitale du Duché, en tant que Capitaine des Merles. Alors, au début, les gens ont pensé qu'elle suppléait son mari en son absence, mais quand cela s'est poursuivi alors que mon frère était dans son château, la chose était entendue. Ceci étant, elle s'en charge très bien. Pourquoi votre soeur ne serait-elle pas intéressée par des activités commerciales, sociales ou artistiques et vouloir s'en charger sans oser le demander car ...
Mouais, évitons d'aller trop loin. "Car" suffit, peu importe ce qui pourrait suivre. Alicia sait sans doute mieux que lui ce qui pourrait bloquer. Le poids des traditions patriarcales, le fait que son beau-frère soit idiot ou que dans cette région on n'écoutera jamais une femme, même si elle a fait ses preuves. Va-t-en savoir... Dans le médian, on s'était méfié de la première duchesse puis on l'a pleurée quand elle est décédée. On y évolue sans doute plus facilement que dans le Nord.
- J'ai rarement eu autant les crocs !
Il l'a dit comme s'il marquait une surprise. C'est un solide mangeur, car il se dépense énormément, en général. Mais ça n'est pas le cas aujourd'hui, il n'a fait que du cheval et offrir son bras à une personne qui a du mal à se déplacer. Et le retour se fait sans heurt, faut dire qu'ils ont marché une centaine de pas. Suffisant pour s'oxygéner, ou à tout le moins pour discuter.
- C'est quoi le menu du jour ? Du ragoût ? Raah, c'est PAR-FAIT !
L'homme affamé a pris le pas sur le chevalier en mission. C'est avec une impatience presqu'enfantine qu'il attend son repas. On s'attendrait presque à le voir frapper des poings sur la table en rythme en beuglant "on a faim ! on a faim !"
- Point d'entrainement aujourd'hui, j'irai dormir tôt. Je me rattraperai une fois arrivé à destination. L'objectif sera d'épuiser Natik. Je vous rassure, je n'y suis jamais arrivé. La seule fois où la pauvre était épuisée est quand elle a suivi, à pattes, une délégation qui allait au galop de Diantra à Fernel. Je me demande par quel miracle elle a tenu le choc. Et il lui a fallu moins d'une ennéade pour recouvrer la plénitude de ses moyens. Et encore, le lendemain, elle chassait déjà.
Ce qu'elle fait actuellement. Il lui suffira de la siffler pour qu'elle le rejoigne.
- Nous arriverons en pleine forme demain, c'est important, car cela donnera de nous une bonne impression. Dame de Terresang, j'espère que les hommes de votre soeur accepteront que je m'entraîne avec eux. Rien de meilleur que pouvoir taper sur d'autres hommes que pour se tester.
Un regard qui pétille à destination d'Ylasse. Si on lui interdit de taper du soldat lors de la vitesse, il tapera le chevalier. Sans s'inquiéter outre mesure, il aura une charmante domestique pour le soigner s'il lui pète le nez ou le fait saigner de l’œil.
- Bon appétit !
Lâche-t-il quand son assiette arrive. Et s'il a eu la patience d'attendre que tout le monde soit servi, une fois que c'est fait, il mange avec appétit. Il ne parlera plus avant que son assiette soit finie, ce qui ne saurait tarder. Et son regard qui pétille ajouté à son large sourire indiquent qu'il apprécie son repas et qu'il se sent bien.
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| | | Alicia de Terresang
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Ven 26 Mai 2023 - 12:47 | |
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Aldir se trompe... Elanna ne sera pas d'accord. Elle a toujours eu pour moi une oreille attentive et a toujours été de bon conseil mais je reste la petite dernière, la fragile de la famille. L'infirme. La malchanceuse. Et encore, si elle savait tout... Personne ne sait pour l'attaque sur le Temple à Thaar et le fait que j'y ai réchappé de justesse. Jamais aucun de mes frères et sœurs ne me pousserait à mener une vie plus aventureuse que celle qu'ils me réservaient à Arétria, bien à l'abri derrière les murs de la citadelle que je n'avais pas le droit de quitter. Pas moins pour faire quelques achats. Mais je choisis de ne rien dire et de le laisser me raccompagner. La nuit venue, je me retrouve seule dans ma chambre. Debout devant ma fenêtre, j'observe le paysage de nuit, mon esprit trop accaparé par mes réflexions et mes angoisses pour me laisser dormir en paix. Je pense à ce qui m'attend dans les prochains jours, bien sûr, mais aussi à la conversation que j'ai eu avec Aldir. S'il était prêt à m'abandonner tout à l'heure, il n'hésitera plus après l'aube à venir. Je n'en ai pas envie... Une part de moi me souffle d'aller le trouver pour lui parler. Mais je ne peux pas... Je ne peux mêler personne à cela. Ylasse et moi nous sommes déjà engagés dans cette voix. Lui ne peut plus faire marche arrière. Moi, je ne le pourrais bientôt plus. Nous risquons beaucoup dans cette histoire. Notre honneur, celui de notre famille, notre place dans la société... et même notre vie. Je ne peux associer personne d'autre. Je dois me taire pour leur bien. Celui de Magdeleine autant que celui d'Aldir. Cependant, je ne peux me résoudre à partir comme je le pensais. Je dois laisser quelque chose. Magdeleine va être effrayée et Aldir peut penser que j'ai été enlevée, ce qui compromettrait la mission d'Ylasse qui doit demeurer à mes côtés. Alors, je me tourne vers le reste de la pièce. A mon rythme, j'avance vers le minuscule bureau qui se trouve accolé à un mur non loin. Je m'assois et cherche un briquet. Me posant, je me rend seulement compte que mes jambes me faisaient mal. Pourquoi ne l'ai-je pas remarqué plus tôt ? J'allume une bougie, sors une feuille, une plume et de l'encre... et je griffonne quelques mots. ~~~~~~~~ Le jour est levé lorsque l'on vient frapper à la porte d'Aldir. Tambouriner serait un terme plus proche de la vérité d'ailleurs. Magdeleine insiste à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'on lui ouvre, et peu lui importe que lui demande de patienter. Elle ne peut pas. A peine le pan de bois s'entrouve-t-il qu'elle se glisse dans la chambre du chevalier. Elle ne peut pas lui dire cela dans le couloir. -Madame est partie. Lui lance-t-elle aussitôt. Sa chambre est vide. Celle d'Ylasse aussi...Evidemment, c'est le premier qu'elle est allé trouver en réalisant que sa maîtresse n'était plus là. Mais, ne trouvant personne, elle a rejoint la deuxième personne capable de l'aider. -J'ai trouvé ça. Mais je ne crois pas qu'il me soit adressé. Dit-elle en lui tendant un parchemin plié en quatre.
Je suis désolée. Je ne peux pas vous expliquer pourquoi mais je devais m'en aller. Je reviendrai d'ici quelques jours, faites dire que je suis souffrante et qu'Ylasse aussi.
Je sais que vous ne me pardonnerez pas... et qu'il y a peu de chances pour que je vous retrouve à mon retour. Je ne pourrais pas vous en vouloir, je serais la seule à blâmer... mais il fallait que je le fasse.
Que Néera vous garde.
Alicia |
| | | Aldir de Rochefouchart
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Ven 26 Mai 2023 - 15:46 | |
| Un bon repas, une nuit réparatrice, une journée qui s'annonce calme, que demande le peuple ? Aldir, lui, ne serait pas contre un peu d'action, mais pas aujourd'hui. Hier, il a un peu attendu que sa chienne revienne d'elle même, une fois qu'il était rassasié, puis il est allé dormir, un poil plus tard qu'à l'ordinaire. Et quand on a l'esprit tranquille, on dort bien. Le chant du coq ne l'a pas réveillé... Mais ça frappe violemment à sa porte. Un souci, une bagarre ? Pas le temps de s'habiller.
- Où a lieu ...
Non, pas d'agression qu'il n'aurait pas entendue, c'est pire. Ylasse et Alicia semblent fuguer. C'est du plus haut ridicule. Mais pas autant qu'être torse nu face à la servante d'Alicia. Dire qu'il la suspecte n'est pas mentir, mais pour l'heure, la faire parler n'est pas sa priorité. Il file dans la chambre d'Alicia pour constater son départ... et le fait qu'elle ait laissé quelques habits. Pareil dans la chambre d'Ylasse. Juste une malle vide. Que contenait-elle ? Comment sont-ils partis. Si c'est avec la carriole, cela simplifiera les recherches.
- Suis-moi !
A dire vrai, il lui laisse pas trop le choix, vu qu'il la chope par le col pour la faire sortir, de la chambre, puis de l'auberge, pour aller à l'étable. Et là, mauvaise surprise, si la carriole est encore là, deux des chevaux qui la tiraient n'y sont plus. C'est donc qu'ils sont partis à dos de cheval. Donc avec des selles. Dont une adaptée à l'ambassadrice aretrane. Aldir ignore si la suivante a fait la même analyse, mais pour l'heure, la colère domine. Même Natik semble émettre un "wif ?" interrogatif, sentant bien que son maître n'est pas dans son état normal.
- Alors, ton homme embarque deux selles, dont une adaptée à ta maîtresse, et tu vas prétendre que tu es au courant de rien ? J'ai pas l'temps de t'interroger maintenant, car ça prend trop de temps, mais si à mon retour, j'ai le moindre doute, je t'interroge. Façon Aldir. Je suis un maître dans les interrogatoires. Pour te donner une idée, j'ai su faire en sorte qu'une mère dévoile l'endroit où son propre fils s'était caché.
Trouver son propre cheval n'est pas bien compliqué, ni sa selle. Au moins ces empaffés n'ont pas voulu nuire à sa monture. Bon, il est probable qu'ils doutent qu'Aldir puisse les retrouver. C'est un chasseur, un traqueur. Lourde erreur. Avant de partir, il dit à Magdeleine.
- Ce n'est qu'une fois que je serai convaincu que tu m'as tout avoué que je commencerai à m'amuser avec toi. Et n'espère aucun secours de ton chevalier servant. Je ne peux pas tuer Alicia pour m'avoir trahi, mais lui, j'vais pas m'gêner. Le cas d'Alicia sera géré par les gens d'ici. Ton sort à toi, je pense qu'ils s'en fichent. Ah, évite de fuir, je te retrouverai. Ce serait une TRES mauvaise idée de me mettre de mauvaise humeur. Cela me pousserait à encore plus de raffinement...
Pas une menace, mais pire : une promesse. Il inspecte le sol, il est encore tôt, les traces les plus fraîche indiquent que deux chevaux sont partis vers le nord-est. S'il y va au galop, possible qu'il les rattrape, s'ils sont partis il y a peu. Ou à tout le moins qu'il les repère visuellement. Car même si Alicia sait monter, elle doit être moins routinière, ses jambes peuvent la faire souffrir. il aurait cru qu'Ylasse l'aurait mise sur son cheval et l'aurait tenue, mais même pour une fugue, ce genre de proximité semble être proscrite. Encore du ridicule...
- J'ignore comment ton Ylasse a su la convaincre de fuguer et quel but il poursuit, mais si elle est encore vivante, je te la ramène. Mais tu aurais pu m'avertir qu'elle courrait un danger. Cela, je ne saurai te le pardonner. C'était ton rôle.
Il part, direction nord est, suivi de Natik, qui a un trop plein d'énergie. Par chance, Ylasse a évité d'user des méthodes pour ne pas être suivi, comme traverser les cours d'eau, faire un déplacement en marche arrière à son cheval pour qu'on perde les traces. Mais hélas pour Aldir, ils ont dû partir de nuit. Le seul bon point est que cela les a obligés à suivre les chemins déjà balisés. Et Aldir trouve des indices du passage des chevaux du couple grâce à leurs... crottins. Vu le temps de "séchage", ils ont désormais moins de deux heures d'avance.
- (florilège d'insultes)
Sa colère ne s'apaise pas, il va tout faire pour la retrouver. Mais vu les noms d'oiseaux dont il l'affuble, ce n'est pas vraiment pour la sauver. Ah, ils ont quitté la route pour grimper le chemin de montagne. Vers ce village ? Si on peut appeler "ça" un village. Si cinq familles vivent ici, c'est beaucoup. Bon, se faire repérer n'est pas forcément une bonne idée. Si Ylasse a prévu un enlèvement contre rançon, après tout ils savent rien sur ce chevalier, il ne peut se faire repérer. Il attache son cheval hors de portée de vue des maisons et se déplace à pas de loup. Il lui faut vérifier qu'Alicia n'est pas venue ici, volontairement ou non. Et ça ne se vérifie pas en frappant aux portes en demandant "Coucou, vous avez une noble aretane dans vos caves, siouplé ?"
- Mon bon Aldir, tu voulais de l'action, en voilà. Seul contre tous ! Et au moins un en... qui sait se battre. Et ta protégée qui serait bien fichue de le protéger, lui.
Oui, il est dans la merde. Mais vu comment son regard pétille, l'idée l'amuse. Presqu'autant que Natik, qui est en mode "chasse", discrète en attendant que son maître abatte le gibier avec son arc et qu'elle puisse le récupérer. Que la "chasse" se passe en montagne et non en forêt ne semble pas la déranger.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Sam 27 Mai 2023 - 7:10 | |
| Magdeleine est bien trop inquiète pour sa maîtresse pour se préoccuper de la tenue de son interlocuteur. La situation est aussi urgente que grave alors elle peut bien souffrir la vision du torse nu d'un homme quelques instants. Elle le suit tout au long de sa brève enquête afin de connaître ses conclusions. La malle qu'il inspecte, elle l'avait bien vue mais avec cru Ylasse sur parole lorsqu'il lui a dit que c'était le cadeau de mariage de la sœur d'Alicia qu'il gardait pour elle. Elle ne comprend que maintenant qu'il lui a menti... Elle est à la fous bouleversée et en colère et les accusations d'Aldir ne l'aident pas à se calmer. Comment peut-il qualifier le néérite de "son homme" alors qu'ils ne se sont jamais embrassés ni même tenus la main. Ils se plaisent, oui, mais les choses ne sont jamais allé plus loin jusqu'à maintenant. -L'intérêt que nous nous témoignons ne signifie pas que nous sommes en couple. Et, après ce qu'il a fait, cela ne risque pas d'arriver !Mais le chevalier continue d'être persuadé qu'elle est tout aussi fautive que lui dans cette affaire et la menace de torture. Son intérêt est plus que jamais qu'il retrouve Alicia car elle seule pourra l'empêcher de la toucher. Ne serais-je qu'en lui assurant qu'elle n'était pas dans la confidence. Cependant, elle ne peut pas simplement le laisser la calomnier de la sorte sans rien dire... -Si j'étais au courant, alors pourquoi suis-je venu vous prévenir ? Pourquoi je ne les ai pas fait porter pâles, comme le mot de Madame le suggère ?! Pourquoi vous aurais-je réveillé si ce n'est parce que j'ai peur pour elle et que je ne sais pas quoi faire ? Lui fait-elle remarquer. Si elle m'avait tout dit, elle m'aurait demandé de garder le secret et vous dormiriez encore à cette heure-ci. Vous seriez simplement allé chasser pour passer le temps et vous n'auriez jamais su qu'elle était partie.Cela avait bien plus de sens à ses yeux que les accusations d'Aldir. Mais il a plus urgent à faire pour le moment. Elle n'a que le temps qu'il se prépare pour lui dire cela qu'il doit déjà s'en aller, ce qu'il fait au grand galop... Elle le regarde s'éloigner quelques instants, en proie à la colère et à l'angoisse. Mais elle doit se reprendre... Elle va devoir retourner dans le bâtiment et jouer le jeu qui lui a été imposé. Pour couvrir l'absence de sa maîtresse mais aussi des deux chevaliers, tout en espérant que l'aveuglement de l'éraçon à son sujet disparaîtra avant son retour. ~~~~~~~~~~~~~ Assise sur cette selle à laquelle Ylasse m'a ficelée pour s'assurer que je ne tombe pas, le voyage est loin d'être confortable. Je m'accroche et je serre les dents alors que la douleur, lancinante au départ, se fait de plus en plus vive. Mes jambes n'apprécient pas de se retrouver ainsi, ballottées au gré du mouvement du cheval et des chaos de la route et entrechoquées de manière aléatoire et incontrôlable. Ne sachant pas monter, c'est le chevalier qui a mes rênes. Je n'ai pas dit un mot depuis qu'il est venu me chercher dans ma chambre. Malgré la nuit, j'ai remarqué qu'il m'a lancée plus d'un regard durant le trajet. Difficile pour lui d'être discret maintenant que les premiers rayons du soleil dépassent des montagnes qui nous entourent totalement désormais. A présent, je distingue parfaitement le petit sentier sur lequel nous avançons, longeant un flanc rocheux, montant encore et encore à tel point que je pourrais finir par croire que le ciel sera bientôt à ma portée. -Vous auriez dû le dire à de Rochefouchart.Cela, il me l'a déjà dit mais j'ai toujours rejeté son idée. Pourquoi me le répété maintenant qu'il est trop tard ? -Ou en parler à Magdeleine...-Je ne pouvais les impliquer, ni l'un ni l'autre.-Ce village a probablement l'air de n'importe quel autre. Personne ne saurait dire qu'ils n'y sont pas de sages pentiens.-Magdeleine aurait cherché à m'en empêcher... Alors que je ne peux renoncer, pour le bien de la mission qui m'a été confiée... Et Aldir tient à son honneur plus qu'à toute autre chose. Si nos actions sont découvertes en dehors de tout son contexte, il n'y a pas que son honneur qu'il perdra... Mourir dans le déshonneur serait la pire des choses pour lui, j'en suis convaincue. Et, même si je ne lui confiais pas que je fais tout ceci pour intégrer une secte que l'on m'a demandé d'aider à démanteler, qui croirait son témoignage si on nous jugeait pour nous être rapproché du Karamstra ? Non, je ne peux pas lui faire cela... Les mots que je prononcent son hachés et sortent avec difficulté. Je n'ai pas envie de parler mais, surtout, j'ai mal et j'ai peur. Je sais ce que cette souffrance qui empire n'est rien comparée à celle qui m'attend. J'essaie de me rassurer en me disant que c'est la dernière fois que je la ressentirai. Enfin, si tout se passe comme prévu. Cet homme, dans l'ombre, fait bien des promesses et il semble si sûr de lui. Mais il faut qu'il le soit pour être convainquant et m'amener à croire tout ce qu'il me dit. Et, à la fois, s'il me mentait, il me perdrait, ce qui n'est pas dans son intérêt... Pas après l'énergie qu'il a déployé pour ne serait-ce que prendre contact avec moi. -Regardez, là-bas.Je relève les yeux et suis des yeux la direction indiquée par Ylasse. J'aperçois alors un petit groupe de maisons, imbriquées dans le paysage irrégulier. Le vent froid balayent mes cheveux que je n'ai pas pris soin d'attacher car je n'en avais ni l'utilité... ni même l'humeur. Plus d'une heure s'écoule encore avant que nous approchions du centre de ce petit village isolé du monde. Notre arrivée a été plus que remarquée et j'ai l'impression que tous sont sortis de chez eux pour voir ce qu'ils se passaient. Ils restent néanmoins à distance, attendant sans doute de savoir ce que nous faisons là. A moins qu'ils ne soient au courant mais qu'ils soient méfiants de nature ? Vivre ainsi reclus n'aide pas à développer le sens de l'hospitalité... Surtout lorsque l'on se trouve être des parias cachés au milieu de la société qui nous entoure. Ylasse s'arrête au centre de ce hameau qui, curieusement, dispose d'une minuscule chapelle. Cela m'intrigue... Nous serions-nous trompé ? Le chevalier met pieds à terre et me rejoint pour commencer à me détacher de ma selle. -Êtes-vous sûr que nous soyons au bon endroit ?-Officiellement, c'est un prêtre. Il lui fallait bien une couverture pour ses pratiques...Par les Dieux... J'ai encore du mal à croire que des prêtres puissent avoir une toute autre religion que celle dont ils arborent les couleurs. A commencer par Mère Margot en qui j'avais pourtant tellement confiance... Les sangles sont rapidement défaites et Ylasse me saisit par la taille pour me faire descendre. Mais alors que mes jambes se déplient dans le vide, la douleur -qui s'était arrêtée le temps qu'il me libère- revient subitement. Et je réalise soudain... -Ne me posez pas !...Le chevalier me retient alors aussitôt dans ses bras. Je m'accroche à lui, les mains fermement accrochées à son tabard et à sa cape. J'ai si mal... que je sais que je suis incapable de tenir debout pour le moment. Pourtant, mes pieds ne sont qu'à une dizaine de centimètre du sol. Ylasse ne nous laisse pas ainsi bien longtemps. Comprenant visiblement ce qu'il se passe, il me maintient d'un seul bras, libérant le second afin de le passer sous mes jambes pour me porter. Cela n'est pas plus agréable et je geins légèrement lorsqu'il saisit mes membres douloureux. Il a à peine soulevée que, déjà, une voix s'adresse à nous. -On m'a prévenu de votre visite.L'homme est tout près de nous. Je ne l'ai pas entendu approcher mais le chevalier ne semble pas surpris. Je devais être trop concentrée sur ma douleur... Je tourne alors le regard vers le prêtre qui se tient à seulement quelques pas. Il doit avoir plus de cinquante cinq ans, il est mal rasé et sa bure a vieilli. Rien de surprenant s'il vit ainsi reculé depuis des dizaines d'années. Il n'est ni maigre ni gros et semble encore très en forme, comme une bonne partie des villageois en fait... Négligés mais en bonne santé, c'est ainsi que l'on pourrait les résumer. -Venez. Nous avons du travail.Un travail ? C'est ainsi qu'il me voit. Cette seule phrase, dans la bouche d'un prêtre, suffirait à me choquer si je ne savais pas qu'il ne prie jamais Néera, ni aucun autre Dieux d'ailleurs. Sans attendre, il s'adresse à une femme qui doit avoir à peu près son âge. -Aide-la à se changer. La soie n'est pas très indiquée pour ce que nous allons faire.Ce que je porte est une étoffe bien moins précieuse que de la soie mais je suppose que cela n'a pas d'importance à ses yeux et que cette information est aussi inutile que superficielle. Alors je ne dis rien et me laisse emporter par Ylasse afin que l'on me prépare à ce qui va suivre. ~~~~~~~~ De me retrouver sous le regard de la DameDieu, je suis presque rassurée... Pourtant, je suis allongée sur une table en plein milieu de la minuscule nef. Cet emplacement a été justifié par le fait que personne n'avait de pièce assez grande et disponible pour m'accueillir. Mes jambes sont sanglées à l'aide de ceintures afin que je ne les bouge pas pendant le processus mais le reste de mon corps est libre. Je suis vêtue d'une robe en laine toute simple et imparfaite. J'ai froid et j'ai encore un peu mal mais ce n'est pas pour cela que mes épaules et mes mains tremblent légèrement. Avec la tension des attaches, j'ai l'impression de sentir le carrosse couché sur moi. Je me rappelle de la douleur que j'ai ressentie et des larmes que j'ai versé. Le sommeil qui m'a manqué durant tant de nuits... Et je m'apprête à revivre tout cela, d'une manière qui fait davantage penser à ce la torture... Et de mon plein gré. -Bien. Nous allons commencer.Je tourne mon regard vers Ylasse. Il a préféré rester à mes côtés mais en gardant ses distances. Je crois qu'il veut surtout s'assurer de ma sécurité. Il n'a pas l'air très à son aise non plus. Le prêtre relève ma robe jusqu'à mi-cuisse... geste que je n'avais pas anticipé et qui est particulièrement gênant. Puis il place ses mains au-dessus de moi et commence à parcourir mes jambes de haut en bas. Je ne ressens aucune nouvelle douleur pour le moment, seulement une sensation étrange et indescriptible. Il fait ainsi le côté droit, puis le gauche, allant jusqu'aux orteils. Je suppose qu'il constate simplement l'étendue des dégâts. Finalement, il revient sur le haut de la première jambe et y reste plus longuement. Peu à peu, je sens comme une sorte de tension... ou une compression. C'est assez difficile à dire. Puis il y a un craquement et une souffrance nouvelle et subite qui me fait pousser un hurlement de douleur. La première fracture est rouverte puis manipulée pour être correctement repositionnée. Il n'essaie pas de la soigner, simplement de l'aligner avec justesse. Cela dure plusieurs minutes durant lesquelles je serre les dents, je m'agrippe à la table du mieux que je le peux et je démis de douleur. Pourtant, je n'essaie pas de bouger mes jambes. A aucun moment. Et, lorsqu'il a fini avec cette blessure, il descend légèrement les mains et la pression revient sur l'os... Alors je sais... Je sais que cela va recommencer. Et ceci autant de fois que j'ai de fractures.
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| | | Aldir de Rochefouchart
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Lun 29 Mai 2023 - 6:25 | |
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Et si Ylasse et son otage ne se sont pas arrêtés ici. Bon, ce ne sera pas bien long d'inspecter ce village, mais, que tu sois en Serramire ou en Alonna, tu n'es pas dans ton Duché, ta légitimité en tant que chevalier est inexistante par ici. Puis pour avoir croisé des peuples des montagnes en Erac, sont pas les plus tendres qui existent, même si certains peuvent être raffinés, comme à Hautval, LA place forte eraçonne. C'est plus simple de s'approcher dans une grande ville ou en sortant d'une forêt que dans un village de montagne. Il fait le choix de monter à flanc de montagne puis de redescendre vers le village, histoire d'avoir la vue dégagée et de pouvoir le faire en rampant, si quelqu'un sort d'une des maisons. Bon sang, le temps qu'il a repris sur la fugueuse est perdu ici qu'il doit s'approcher furtivement.
- Personne ne surveille les alentours ?
Une chose qu'il ignore, les gens d'ici attendaient une visite et elle est arrivée. Visiblement, par la suite, ils laissent agir leur "mage" en toute tranquillité et ne s'attendent pas à une visite. Et comme en prime Aldir est discret.
- ... ?
Des cris... Plutôt des hurlements... féminins. Il a torturé assez que pour savoir les différencier. Pas qu'il faille torturer tous les jours, mais quand il fallait le faire, ça ne l'a jamais dérangé, cela faisait partie de sa mission et il y était efficace, car plus... raffiné. Lui ne cherchait pas à faire mal ou à frapper fort, il cherchait à ce que l'autre finisse par parler. Prendre son temps, cibler une zone très sensible et montrer à sa victime qu'on peut faire pire. La difficulté est de faire en sorte que la victime reste consciente. Et apparemment, le gars s'y connait. Soit Ylasse est hors de combat et ils sont tombés dans un piège, soit il est complice, ou auteur des sévices, et Alicia, qui a déjà morflé dans sa vie, doit se dire que finalement, l'accident, c'était pas si terrible.
- ...
L'erreur à ne pas commettre : Foncer dans le tas. C'est très chevaleresque, ça fait héros qui surgit de nulle part, mais une fois l'effet de surprise passé, ça réagit en face. Logiquement, on tue l'otage, ensuite on combat le héros. Aldir sait se battre, mais en ignorant le nombre d'adversaire, ça va être chaud. Plus inquiétant, personne ne vient jeter un œil sur ce qui se passe, malgré les cris. C'est qu'ils ont appris à ne plus s'en inquiéter par ici. C'est la chance d'Aldir, qui peut avancer en étant guidé par les cris. Quand on sait vers où aller, c'est plus simple. Et quand les gens se barricadent pour ne pas être dérangés par les cris, on ne risque pas d'être repéré. Ils pourront toujours intervenir une fois le combat lancé. Aldir est proche du lieu et ça ressemble un peu à un Temple. Un mini Temple. En pleine montagne, dans un micro village, un temple ?
- ... ?
Ce ne peut pas être un Temple, aucune action violente n'y serait admise. Et la torture, si ça n'est pas une action violente, qu'est-ce ? Soit c'était un Temple et son côté sacré a été souillé, auquel cas on ne peut plus le considérer comme un Temple, soit ils ont voulu en faire l'illusion, histoire de se protéger et ces gens sont des sect... Un autre cri. Il n'hésite plus, arme son arc et entre.
- Le premier qui bouge se prend une flèche dans l'oeil !
En termes de menace, ça se pose là. Mais sa détermination vacille. D'abord, une statue de Néera. C'est vraiment un Temple, mais souillé. Là, une table. De torture ? Pourquoi lui avoir lié les jambes et lui avoir laissé les mains libres, ce n'est pas sur ses jambes qu'elle pourrait fuir. Et Ylasse qui semble monter la garde. Le cri d'Alicia a dû le secouer pour qu'il ait été inattentif. J'hésite entre garder en joue Ylasse, qui semble surpris de ma présence, ou ce... prêtre qui continue d'incanter la... jambe ?... d'Alicia ? Moui, que je puisse voir sa jambe devrait être le plus surprenant, finalement, mais une jambe semble presque normale et l'autre en voie de... réparation ?
- Natik !
Il met sa chienne sur le qui vive, elle mordra si quelqu'un est agressif. Cela lui permet d'essayer de faire le point. Il n'y a rien qui colle. Même le gars qui torture. On dirait à la fois un prêtre et un gars qui utilise la magie. Elle n'est pas très appréciée, mais tolérée dans le Médian. Des charlatans, il en a vu. Et ce gars a tout l'air d'...
- Un rebouteux ? Vous avez pris tous ces risques pour aller voir un REBOUTEUX ?
Ça y est, son cerveau a fait le point. Il renonce à pointer sa flèche sur le rebouteux pour viser Ylasse.
- Tu réalises que j'ai été à deux doigts de torturer ta Magdeleine pour lui soutirer des informations ? Tout ça parce que ta protégée voulait tenter un soin magique ?
Ta protégée, pas la nôtre... Aldir s'est désolidarisé. Quoi que...
- Tu as peur pour tes doigts que tu ne lui tiens pas la main ? Tu ne vois pas qu'elle souffre ? T'es con à ce point ?
Il se tourne, avec son arc, vers le prêtre rebouteux.
- Quant à toi... Le lait de pavots, tu ne connais pas ? Tu prends un plaisir malsain à faire souffrir ?
Il hésite, mais le côté sacré du lieu l'y oblige, il range son arc et jette un regard noir à Alicia. Compatissant, mais pas trop. Après tout, c'est elle qui l'a voulu, qu'elle assume.
- Finis ton œuvre et ensuite prie ! Car si elle en meurt ou a des séquelles, je te retrouverai. Je ne crains pas la magie.
Si elle s'en sort bien, le rebouteux ne risque rien. Un regard pour Natik qui s'installe tranquillement au pied de son maître, pas plus surprise que cela de l'ambiance des lieux.
- Visiblement, ce que je vous ai dit hier est tombé dans l'oreille d'une sourde, Ambassadrice. Vous tentez quelque chose de désespéré, je peux le comprendre. Approuver, non, mais comprendre. J'vous l'aurais pas interdit. J'vous aurais soutenue. Mais non, je ne suis pas digne de votre confiance. Et Ylasse a perdu la mienne. J'ignore si Magdeleine vous pardonnera. Voilà où mènent les secrets. Et quelque part, vous ne l'avez pas volé.
Ylasse a intérêt à la fermer et est sans doute assez malin pour le faire.
- Je vous ramènerai auprès de la Comtesse, pour finir ma mission. Vous lui expliquerez ce que vous voulez, je suis trop idiot pour comprendre, de toute manière. Désormais, ce n'est plus vous qui décidez.
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| | | Alicia de Terresang
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Lun 29 Mai 2023 - 19:57 | |
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Le monde, pourtant si vaste, s'est subitement réduit. A mes yeux, il est plus petit encore que cette pièce. Ylasse en fait à peine partie. Il se tient à l'écart. La scène n'est pas évidente pour lui, j'imagine, mais il doit me laisser affronter cela seule. Je dois montrer ma force à ces gens pour être digne de leur intérêt... Car il faut que leurs regards se fixent sur moi. Pourtant, je ne peux pas ignorer la douleur qui est la mienne. Les pauses sont rares... On me fait boire, on me laisse respirer alors que la douleur lancinante s'anime par vague, comme si le choc de mes fractures se répliquait dans mes os, inlassablement. Je souffre... peut-être plus encore qu'au moment de l'accident. Au moins, ce jour-là, mes jambes ont été brisées en une seule fois. Là, nous y sommes depuis un temps que je ne saurai mesurer et nous avons à peine terminé la jambe droite. Mais alors que le faut prêtre vient de reprendre une première fracture du côté gauche, une voix s'élève et l'interrompt. J'entends Ylasse dire simplement quelques mots avant qu'on l'invective de loin. Je reconnais cette voix, même si je ne parviens pas encore à comprendre de qui il s'agit... -Le seul lait que nous ayons ici, c'est celui de nos chèvres et de nos vaches. Répond le prêtre à une question que je n'ai pas entendue. Les soins ne sont jamais sûrs à cent pour cent. Il y a toujours un risque d'échec. Fait-il également remarquer. Dans le brouillard dans lequel je nage, je perçois finalement une silhouette au-dessus de moi. Les mots filent presque plus vite que je ne peux les intégrer. Pourtant, je comprends... Et j'aurais bien des choses à répondre si je le pouvais. Aldir à nombre de qualités mais je lui trouve aussi un grand nombre de défauts en cet instant. Il me semble parfaitement égocentrique... Il pense que c'est parce que je n'ai pas confiance en lui que je ne lui ai rien dit... S'il réfléchissait un peu plus loin que le bout de son nez, il verrait que cela n'a rien à voir. -Comme si c'était un défaut de confiance qui m'a fait mentir à Magdeleine... Ou que j'étais plus proche d'Ylasse que de vous...Je n'ai jamais témoigné un grand intérêt pour le néérite. Pourtant, c'est lui qui m'a conduite ici. Pourquoi ? L'éraçon ne se pose même pas la question. La colère, peut-être ? Peu importe... Il n'a même pas la délicatesse d'attendre un moment plus propice pour déverser son fiel sur moi. -Si vous n'avez pour moi que des remontrances et des reproches... Alors sortez... Allez-vous en.Si je savais seulement ce qu'il a dit à Ylasse l'instant d'avant, je pourrais également le traiter d'hypocrite. Il voit tout autant que son homologue à quel point je souffre en cet instant mais, plutôt que de me soutenir, il m'assomme de critiques. Finalement, il n'est pas d'une plus grande aide. Pire... Le néerite, lui, n'entache pas mon moral déjà faible. Prenant mon injonction pour argent comptant, le prêtre met fin à cette pause impromptue et se penche à nouveau sur ma jambe gauche. Il cherche à retrouver la fracture qu'il s'apprêtait à briser, s'assurant de ne pas en avoir manqué. La pression revient sur l'os, annonçant la douleur à venir... et ma respiration s'accélère en l'attendant. ~~~~~~~~~~~ Sous le regard de non plus un mais deux chevaliers, les soins progressent. Lentement. Laissant derrière eux, leur lot de douleur et en provoquant toujours un peu plus. Peu à peu, mes jambes redeviennent ce qu'elles étaient il y a huit ans : des miettes... Un répit se fait... tandis que le prêtre examine ma cheville. Puis une tension revient sur cette zone et j'en suis surprise ! La douleur arrive, plus violente encore que les autres. Puis vient la remise en place qui m'arrache un autre cri malgré ma voix qui s'est enrouée après plusieurs heures de souffrance et de hurlements. -C'était la dernière.Je suis épuisée... En sueur... J'ai si mal... Pourtant, une larme perle au coin de mon œil. Une larme de joie et de fatigue. C'est terminé. Plus jamais je ne souffrirai autant. L'ombre du prêtre me cache le peu de lumière qui passe encore à travers les petites fenêtres de la chapelle tandis qu'il arrive à ma hauteur. Il semble à peine en meilleur état que moi. Cela lui a beaucoup demandé à lui aussi... -Je dois me reposer... avant de commencer la guérison. Il faut tenir encore quelques heures.Je hoche la tête. Je ne suis pas surprise. Nous avons fait le point avant de commencer et je savais que je m'engageais pour plusieurs jours difficiles. Celui-ci étant évidemment le pire. Mais il y a trop de travail pour une seule séance et j'ai choisi d'endurer la douleur d'abord plutôt que de la voir se répéter chaque jour pendant plusieurs jours...
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| | | Aldir de Rochefouchart
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Mer 31 Mai 2023 - 18:51 | |
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Le rebouteux m'énerve, qu'il soit prêtre ou non.
- Si votre magie peut s'accompagner d'une aide pour éviter à vos patients de souffrir, vous feriez bien d'en profiter. Un talent ou un don n'est rien si vous ne faites pas tout pour l'améliorer.
Non mais quel con ! Prétexter le risque d'échec comme une possibilité, c'est s'autoriser à échouer. Donc ne pas chercher à s'améliorer. Cela ne servira pas d'excuse, le cas échéant. Aucune raison qu'Aldir retire ma menace. Mais Alicia, comme il s'y attendait, n'approuve pas son propos la concernant.
- Je reste factuel, je l'ai toujours été. Vous pouvez trouver les explications que vous voulez, vous êtes partis, tous les deux, en secret. Que ce soit pour nous protéger, peu m'importe. C'est le secret qui me dérange. Car vous vous êtes mise en danger. Que les raisons soient bonnes ou non n'entre pas en ligne de compte.
Elle le chasse mais n'a plus d'ordres à donner, Aldir a été clair. Mais lui va prendre la main d'Alicia pour la soutenir... et voir de plus près l'effet de la magie du rebouteux sur la jambe d'Alicia. Et à regarder, c'est douloureux aussi. Il ne craint pas trop pour ses doigts, ils sont entraînés. Il tenterait volontiers l'humour pour décrisper la situation, lui changer les idées, mais aucune phrase drôle ne lui vient à l'esprit. Alors il se tourne vers Ylasse.
- Je reste, tu rentres à l'auberge pour prévenir Magdeleine que tu as reçu l'ordre de la mener voir un rebouteux pour sauver sa marche et que ça pourrait réussir. Qu'Aldir reste auprès d'elle et la ramènera quand les soins seront terminés, mais que cela peut prendre plusieurs nuits. Elle ne mérite pas de rester dans l'incertitude. Ah, et que les soins auxquels tu as assisté étaient très douloureux.
Aldir déteste le mensonge plus que tout. Et dans l'histoire, Magdeleine a été trahie par celle pour qui elle a tout sacrifié et par le seul homme dont elle a accepté une approche, disons, romantique. Des quatre, elle est la plus à plaindre. Plus qu'Alicia, qui souffre physiquement, mais qui a fait ce choix.
- La mettre dans un lit, ça ne vous traverserait pas l'esprit. Qu'elle ait un minimum de confort...
Il a posé la question pour la forme. Le rebouteux partait se reposer mais n'a rien proposé pour Alicia. Cela va être long.
- Natik ? Manger !
Qu'au moins sa chienne ne soit pas importunée par cette aventure. Des lapins, des mulots, il y en a aussi en montagne. Aldir, lui, a déjà dormi dans des arbres, cela ne sera pas moins inconfortable dans un mini-temple, n'est-ce pas. Il remet la robe d'Alicia de façon plus pudique et s'assied par terre.
- J'vais pas vous faire la conversation, j'préférerai vous voir dormir. Et si l'autre là n'a pas prévu de quoi vous nourrir, j'peux pas m'permettre de retourner à l'auberge pour trouver de quoi grailler, j'vous quitte plus du regard jusqu'à votre retour en Odelian.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Sam 10 Juin 2023 - 7:58 | |
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Aux consignes d'Aldir, Ylasse se redresse et croise les bras. Il n'a pas l'intention de s'en aller. Je ne crains rien ici, il le sait, mais il doit s'assurer à présent que son homologue ne découvrira pas ce qu'il se trame ici. Il peut mettre cela sur le compte de ma protection, mission dont il s'est investi bien avant lui.
-Je lui ferai porter un message. Répond-il simplement.
La remarque suivante est pour le prêtre qui n'apprécie pas plus la façon dont l'eraçon se mêle de ses affaires à lui aussi.
-Ne la bougez pas ! Tonne le quinquagénaire. Ses jambes ne sont pas consolidées, je les ai seulement réalignées. Je reviendrai dès que j'aurai suffisamment récupéré pour continuer.
Il reste quelques brefs instants de plus pour appuyer son regard sur le chevalier et s'assurer qu'il a compris avant de sortir. Je m'apprête à endurer les heures à venir, tel que je l'ai fait il y a huit ans. A la différence qu'aujourd'hui, cette douleur était prévue et que je la connais. Je sais que je vais ressentir ces retours de douleurs à intervalles plus ou moins réguliers, s'espaçant peu à peu jusqu'à disparaître. Ensuite, je n'aurai plus mal que lorsque je bougerai mais les soins réduiront largement cette période. Tandis que je cherche un moyen de focaliser mon attention sur autre chose que mes jambes, je sens le tissu qui glisse sur ma peau. Je détourne la tête par gêne et je serre les dents devant cette sensation particulièrement désagréable en cet instant. J'étais tellement focalisée sur ma souffrance que j'en avais oublié la situation parfaitement impudique dans laquelle je me trouvais.
Evidemment, je suis la prochaine à qui Aldir s'adresse. Ses mots sont un mélange d'attentions et de colère. Il est normal qu'il ne me fasse plus confiance, je l'avais prévu et que je peux amplement comprendre. Ce que je lui reproche malgré tout, c'est la façon dont il s'est affairé à déverser sur moi son ressentiment alors que l'on me brisait les os... Comme si cela ne pouvait attendre un moment plus propice. Je peux entendre qu'il n'est pas apprécié que je ne lui dise rien mais il ne peut pas comprendre... C'est le secret qui les protège bel et bien. Et, même si Aldir nous a trouvé, il ignore malgré tout qui sont les gens qui nous entoure et cela doit demeurer. Et peu importe qu'il m'en veuille pour cela... Je ne veux pas l'y voir mêler.
-Avez-vous déjà... été blessé ?.. Auriez-vous pu manger... alors que la douleur est encore toute récente... et vous serre l'estomac ?...
Il ne m'a pas proposé de manger parce qu'il sait que je n'y arriverai pas. Sans compter qu'il faudrait me redresser pour cela et il a clairement dit que je ne devais pas bouger. C'est assez difficile quand se tortille de douleur et que la brise qui parcourt le Temple effleure la sueur qui me recouvre, me faisant parfois frisonner. Je voudrais m'endormir tant je suis épuisée mais les répliques des fractures m'en empêchent vaillamment... A moins que mon esprit n'arrive pas à le supporter et sombre, je vais rester éveillée jusqu'à ce que le prêtre sois en mesure de me soulager.
-Cessez de penser... que la Comtesse a la moindre autorité... sur moi. Je ne dépends pas d'Odélian. Et j'ai toujours eu le droit... de refuser que vous m'accompagniez. Sire d'Escault a surtout peur... des représailles de mon frère... et veut éviter un incident diplomatique. Mais la seule personne a qui mon frère s'en prendra ici... si vous partez comme je vous l'ai demandé... C'est à moi.
Je ne mens pas, c'est la vérité. Aldir appartenant à Erac et servant des alliés, il est protégé des représailles de Magnus. Les soldats qu'il a affecté à ma garde sont bien plus en danger que lui. Il a accepté de rendre service à Odélian, un service que je n'ai pas demandé et que je suis en droit de refuser. Ils ne peuvent pas me l'imposer. Ni la Comtesse douairière, ni son mari, ni son père... J'appartiens à Arétria et je suis toujours sous la responsabilité de mon Comté. Cependant, le fait que l'eraçon ait assisté à tout ceci pose un nouveau problème... Et j'ai soudainement très peur... à la fois pour moi et pour ma mission qui serait compromise si je perdais mon statut. Je tourne enfin la tête vers Aldir pour trouver ses yeux.
-Ma famille... Je m'efforce de chasser les sanglots qui viennent me serrer la gorge. ... ne doit pas savoir... La magie... n'est pas tolérée... Ils me renieraient...
De nouvelles larmes coulent depuis la pointe extérieure vers mes tempes. Il n'a jamais été prévu que qui que ce soit assiste à tout ceci et, si cet hommes arbore les couleurs de Néera, le chevalier l'a qualifié de rebouteux. Il ne croit donc pas qu'il ait fait appel à la DameDieu pour me soigner. Si cela arrivait aux oreilles de mon frère d'une manière ou d'une autre...
-Personne ne doit savoir...
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| | | Aldir de Rochefouchart
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Dim 11 Juin 2023 - 8:21 | |
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"Je lui ferai porter un message", c'est tout ce qu'Ylasse trouve à dire...
- Très digne... Très chevaleresque... J'imagine que c'est pour ça qu'il a toute votre confiance. Un modèle dont je devrais m'inspirer j'imagine...
C'est par la moquerie et le cynisme qu'il indique ce qu'il pense du "chevalier" Ylasse. Qu'est-ce que les Terresanguines ont bien pu trouver à cet idiot ? Il n'a aucune valeur et trahira dès qu'il le pourra, Aldir en est convaincu. Et c'est le moment où le Prêtre le défie du regard ? Aldir se lève et approche son regard de celui du rebouteux, suffisamment proche que pour qu'il puisse sentir son haleine. Aldir a fait une promesse, il ne reviendra pas dessus. Il ne va pas la répéter non plus. Le rebouteux peut soigner ? Aldir peut tuer ! Et il est efficace. Lui, il ne met pas des heures si ça n'est pas nécessaire. Et ce vieux le défie ? Aldir continue de le regarder avec animosité quand il quitte le "Temple" pour se "reposer".
- ... !
Il continue de regarder la porte par laquelle le rebouteux est sorti alors qu'il prend la main d'Alicia, en marque de soutien. C'est à peine s'il écoute la question de savoir s'il a été blessé ou non. On peut élever une tête sans faire bouger les jambes. On peut manger coucher sans déplacer des jambes. On peut humecter une bouche sans mobiliser les jambes. Mais si elle aime son rôle de martyr, qui est-il pour vouloir lui améliorer son quotidien ? Et voilà qu'en prime elle insiste à nouveau pour qu'il parte ?
- Et moi j'ai été mandaté par l'Odélian pour vous surveiller et je m'y suis engagé. Un engagement, pour un chevalier, enfin, un vrai, pas comme l'autre, là, est de prendre des engagements honorables et s'y tenir, jusqu'à ce qu'on en soit démis. Celui qui peut me démettre de cet engagement, ce n'est pas vous, mais le Sire d'Escault. Ou son beau-père ? Ou sa fille, tiens ! Mais certainement pas vous ! Le fait de bien me comporter en prime à votre égard fait partie de mes valeurs propres, qui devraient être celles de tout chevalier.
Mais ne l'est visiblement pas, il n'a même pas besoin de fixer Ylasse pour s'en convaincre et convaincre son interlocutrice.
- Oh, et je ne crains pas votre frère. Je pense sincèrement que même Ylasse pourrait le vaincre en combat singulier. Il a tout misé sur sa force, pas vrai ? Mais il refuse certainement de voir qu'il vieillit et qu'il a perdu, non seulement en force, mais aussi en vitesse.
Mais l'Ambassadrice s'en moque, c'est autre chose qu'elle craint. Et à nouveau, je prends, comme la veille, son propos comme une insulte.
- Soit vous continuez à me considérer comme idiot en pensant que je pourrais dire à votre frère que vous avez vu un rebouteux et soigné vos jambes par de la magie. N'importe qui de normalement constitué se réjouirait du retour de votre bonne fortune... si ça réussit... mais visiblement pas lui. Je ne vois pas en quoi le fait de se faire soigner par un prêtre de Néera est problématique pour votre Comte de frangin, mais soit.
Il inspire un grand coup puis ajoute, sous le ton de la surprise.
- A moins que, pour une raison étrange et disons-le perverse, afin de rester une victime par exemple, vous souhaitiez me faire comprendre que j'ai les moyens de vous faire chanter et que j'en abuse. Sauf que, hormis votre titre, vous ne disposez de rien. Pas d'avoirs, pas de moyen d'acheter mon silence par de la menue monnaie, une technologie ou même, pourquoi pas, un cheval. Je préfère les éraçons aux aretrans, j'espère que vous me le pardonnerez. Alors, vos moyens pour m'acheter, j'imagine que vous n'y avez pas songé. Et j'imagine que cette nouvelle insulte doit être mise sur le compte de la douleur, celle-ci empêchant de réfléchir...
En la laissant divaguer sur ce qui pourrait convaincre Aldir de garder le silence, il se dit qu'il occupera suffisamment l'esprit de l'aretane pour que cela prenne le dessus sur la douleur. Même un temps. Cela sera déjà ça de gagner. Le temps que le rebouteux se repose et finisse son travail.
- ... !
Un regard noir, gratuitement, pour Ylasse. Faut bien passer le temps. Qui sera long...
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Dim 11 Juin 2023 - 9:30 | |
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Il semble que rien ne fera changer Aldir d'avis concernant ma protection. La seule chose qui puisse le faire lâcher prise serait que je demande à Escault de faire cesser sa mission. Et, puisqu'il se montre bien plus tenace que je ne le pensais, je devrais sans doute en arriver là. Je ne peux pas prendre le risque qu'il découvre le combat que j'ai commencé à mener et qu'il le compromette, ne serais-je que de part sa surveillance. Depuis qu'il est auprès de moi, il est bien plus difficile à mon contact de m'approcher. Cependant, le sectaire ne doit pas abandonner son objectif pour autant ou tout ce que j'aurais fait aujourd'hui sera vain... C'est pour le bien de ma mission. Alors je ferais cette demande...
-Parce que vous pensez bien vous comportez quand... Hmpf... quand vous vous énervez copieusement sur moi tandis... que l'on me brise les jambes ? Ne pouviez-vous pas attendre... un moment plus propice pour vous exprimer ? Ylasse... ne m'a peut-être pas aidée... mais il n'a pas réduit mon moral non plus.
Je le pensais depuis tout à l'heure. C'est dit désormais. Mais je ne peut pas le laisser estimer qu'il est un gentilhomme avec moi alors qu'il a fait preuve d'une parfaite incompétence en la matière tout à l'heure. Je préfère encore la neutralité de son homologue néérite. Lui au moins ne m'a fait aucun mal pendant ces soins. De plus, la distance qu'il a mis entre nous -et ce malgré l'effet que la situation a produit sur lui- a une raison parfaitement légitime. Et le fait que l'eraçon me prenne la main ne change rien à l'indélicatesse dont il a fait preuve jusque là. Son geste survient même un peu tard, maintenant que le plus éprouvant est passé.
Une fois encore, Aldir se méprend sur le sens de mes paroles. J'ai définitivement l'impression qu'il ne voit le monde qu'à travers tout petit interstice et que la moitié est obstruée par un miroir. Il renvoie nombre de phrases à lui et s'imagine chaque fois que je suis en train de le critiquer. Malgré toutes les fois où j'ai reconnu ses compétences, où j'ai apprécié ses compliments et la façon qu'il a de me voir, il arrive encore à croire que je le mésestime. Et ses compliments à mon égard se sont changés en critiques et en désapprobation... J'en ai assez.
-Je ne vous prends pas pour un idiot ! Je ne veux pas vous acheter ! J'ai peur !! Le simple fait d'avoir été soignée par un... prêtre alors que tous, jusqu'à présent, ont dit qu'ils ne le pouvaient pas... l'interloquera. Seulement vous l'avez qualifié de rebouteux et un rebouteux n'est pas... un prêtre. Si ce mot vous échappe et revient aux oreilles de mon frère, je suis perdue ! Et si ce n'est pas lui, il a suffisamment... de détracteurs pour le faire à sa place. Je suis son point faible mais... pour garder son trône, il n'hésitera pas à me sacrifier. Et, comme vous l'avez si bien souligné, je n'ai rien !
Ma colère et mes craintes me font m'agiter plus que je ne le devrais. Un épisode de douleur m'arrête. Je serre les dents et les poings, peu importe ce qu'ils tiennent. Ma voix était déjà brisée mais je réalise à présent que j'ai mal à la mâchoire et aux phalanges en force de souffrir ainsi depuis des heures.
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| | | Aldir de Rochefouchart
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Dim 11 Juin 2023 - 9:58 | |
| - Il suffit, maintenant ! Et cessez de vous agiter !
Il n'en a pas l'air mais il a de l'autorité. S'il faut qu'il l'assomme pour qu'elle reste calme, elle le restera.
- Vous n'êtes pas ma première mission de protection. Si j'ai été désigné pour vous protéger, c'est parce que j'ai déjà fait mes preuves, avec plus prestigieux que vous. Inutile de vous cacher de qui il s'agit puisque je suis venu sur vos terres avec elle : L'ambassadrice auprès des Nains et future Duchesse d'Erac : Louise de Fernel !
Dans un état normal, elle aurait certainement fait le lien, mais vu qu'elle est en souffrance, il ajoute.
- J'ai été de son escorte de Diantra à Fernel, une sacrée trotte vous en conviendrez. J'ai été autorisé à rester une semaine sur place après ce périple alors qu'il aurait fallu que je rentre. Sur le chemin du retour, j'ai croisé le Duc d'Erac et ai rebroussé chemin, jusqu'à la demande en mariage et j'étais de l'escorte pour voir le Duc de Serramire. Puis encore de l'escorte vers Aretria où à nouveau j'étais le garde archer de la future Duchesse. Cela en fait des journées et des nuits, des moments où on peut discuter comme nous l'avons fait la veille et d'autres où on peut s'engueuler, car il n'y a pas de raisons qu'une future duchesse n'ait pas aussi son petit caractère. Vous suivez ? Bien !
La maintenir dans une concentration autre que celle qui occupe sa douleur, c'est son autre objectif.
- M'avez-vous, à un moment ou un autre, entendu parler de banalités concernant la Duchesse, comme sa tenue à un moment ou l'autre de nos aventures communes, un repas surprenant qu'elle aurait fait, comment elle a été demandée en épousailles, ses qualités ou ses défauts, sa manière de parler à ses hommes ou à moi qui étais délégué par le Duc pour la protéger ? Voire d'une de ses passions ? Une anecdote croustillante ou amusante ? Non, rien de tout cela. Parce que, même mission terminée, ce qui se passe durant la mission reste dans le cadre de la mission. Mon propre frère n'en sait pas plus et d'ailleurs il ne m'a rien demandé d'autre que "Et ça c'est bien passé ?", ce à quoi j'ai répondu "oui". Et c'est tout.
Et ça n'était même pas vrai. Il semble que ça soit le cadeau de mariage qui ait arrangé les bidons entre les deux.
- Oh, et ce n'est pas parce que vous n'avez rien que vous n'êtes rien. Puis avec un peu de chance, malgré ce gars qui a un don qu'il ne mérite pas avoir, vous allez récupérer vos jambes. En ayant choisi le pire entourage qui soit. Si ça, ça n'est pas être bénie des Dieux, j'ignore ce qu'il vous faut. Et s'il échoue, bah, il paiera pour ce qu'il vous a fait endurer. Je pense qu'il ne l'a pas encore compris. Mais je vous l'avoue, ça, ça sera un petit plaisir personnel. J'ai des plaisirs égoistes de la sorte.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: Un secret se tait | Aldir & Alicia Sam 17 Juin 2023 - 19:03 | |
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Comme si m'ordonner de me calmer pouvait avoir un quelconque effet... Mais il me le demande quand même, comme si je n'étais qu'une enfant. Je le suis à bien des égards mais j'en sais bien plus qu'il ne le croit. Bien plus qu'il n'en sait lui-même sur cette situation qui m'a conduite à avoir recours à cet homme pour me faire soigner et endurer tout cela. Car, même si mon état m'était pénible, je n'étais pas prête à souffrir à ce point seulement pour pouvoir remarcher correctement. Aldir parle et parle encore et j'ai du mal à le suivre tandis qu'une nouvelle vague de douleur me force à serrer les poings et les dents. Je peine à comprendre ce qu'il essaie de me dire tandis qu'il me parle de la Duchesse et de sa mission d'escorte auprès d'elle. Et je finis par perdre patience. -Pour l'amour de Silène, où voulez-vous en venir ?Et finalement, il répond à ma question par une autre... Et une autre... Et une autre... Et tout devient plus clair. Il cherche à me faire entendre que rien de ce qu'il s'est passé ici ne s'ébruitera par son intermédiaire. Et cela me rassure et m'apaise un peu malgré la souffrance. Si mon frère l'apprenait, je perdrais tout... Mon nom, mon titre... Même ma mission n'existerait plus car je n'intéresse le Karamstra que parce que, en tant que sœur d'un Comte, j'ai mes entrées partout. J'ai enfin un but dans la vie et je ne veux pas le perdre... Même si personne n'est au courant. Tandis qu'Aldir me donne une dernière leçon, je le regarde, le dévisageant presque. Il a mal compris mes paroles. Ainsi, sa remontrance n'a pas le moindre sens. -J'ai dit que je n'ai rien. Pas que je n'étais rien.Il y a une grande différence à mes yeux. Tout ce que je possède appartient en réalité à ma famille. Mais même si rien ne m'appartient, je suis toujours une de Terresang. Et je suis toujours moi. J'ai découvert cela, cachée dans la campagne de Thaar, auprès de personnes bien différentes et mystérieuses. Auprès d'un couple très particulier que rien ne semble pouvoir séparer. Ce n'est pas mon nom ni mon sang qui me définit. Je pourrais effectivement tout perdre, ce que je ne veux pas... mais je n'en reste pas moins "Alicia". Ce serait un choc, bien sûr, mais n'ai-je pas vécu bien pire que cela ? -Vous êtes cruel... Je commente alors qu'il vient de m'avouer qu'il prendrait un malin plaisir à tuer un homme qui a tenté de m'aider. Qu'il échoue n'est pas important... De toute façon, même s'il réussit, personne ne pourra le savoir... Parce que je ne peux pas le justifier sans éveiller de soupçons. Peut-être... progressivement... En prétextant des soins ciblés... des cures... Mais pas de but en blanc.Je réfléchis à voix haute. Ce serait la seule méthode cohérente, sans doute. Je n'y avais pas pensé avant car j'étais plus concentrée sur l'étape d'aujourd'hui que sur la suite. On a bien réussi à améliorer progressivement mon état entre les attentions de Mère Zofia et ma chute dans l'escalier. Donc cette idée est plausible. Cependant, être infirme me protège partiellement du remariage. Sans parler des doutes qui planent sur l'annulation de mes premières noces. Et cela m'est utile pour le moment. La porte principale s'ouvre, non pas sur le prêtre mais sur la femme qui était à ses côtés à notre arrivée et qui est repassée plusieurs fois pendant les soins. Comme d'habitude, elle porte une coupelle d'eau fraîche. Elle regarde Aldir d'un air méfiant mais ne semble pas surprise de le voir là. Sans doute son arrivée a-t-elle déjà fait le tour de tout ce village. Elle s'avance donc vers moi et, relevant ma tête, m'aide à boire quelques gorgées. Elle répète ce geste plusieurs fois en quelques minutes, attendant parfois qu'un pic de douleur passe. Puis elle repart, toujours sans un mot. Je crois que je ne connais même pas le son de sa voix. Les heures passent et se révèle très pénibles. Le jour a fini de décliner et il fait nuit désormais. Les épisodes de douleur ont peu à peut réduit en fréquence et en intensité mais je souffre toujours. Dans le silence de ce Temple où Néera m'observe sans sourciller, mon esprit vogue dans le vide car je suis à la fois trop faible pour être parfaitement conscient et trop endolori pour parvenir à sombrer totalement. Je ne distingue plus tout à fait ce qui m'entoure. On continue à me faire boire de temps en temps. Les murs se sont parés de jaunes lorsque torches bougies et braseros ont été allumés. On m'a recouvert d'une couverture lorsqu'il s'est mis à faire trop frais... Mais je ne m'en rends pas totalement compte. Enfin, la porte du Temple se rouvre. J'en perçois à peine le bruit pourtant difficile à manquer... Une ombre me survole. Me force à ouvrir un œil. J'entends une voix... Mais que dit-elle ? Un léger poids se soulève de mes jambes. La couverture ? Oui... J'ai froid tout à coup... Je m'agite un peu mais c'est assez faible. Je ne suis pas mal en point mais simplement épuisée après presque deux jours sans sommeil dont une passée dans la douleur. Soudain, une étrange sensation m'envahit et j'ouvre plus grand les yeux dans une grande inspiration. C'est... difficile à décrire. C'est frais... et chaud... et doux... Mon mal s'éloigne. Je le sens. Et, après plusieurs minutes, je tombe enfin de fatigue. Il faut un moment encore au prêtre pour achever ce qu'il a à faire. Lorsqu'il a terminé, il pose ses mains sur le bord de la table pour prendre appui. Il a produit beaucoup d'efforts en moins de vingt-quatre heures et son repos sera amplement mérité. Il s'est pressé de revenir pour soulager sa patiente mais il ne peut aller jusqu'au bout. Pas aujourd'hui. -C'est pas fini... Mais elle va pouvoir dormir. Il se tourne vers le chevalier blanc, celui qui s'est montré le plus véhément envers lui et qui lui a demandé plus tôt la possibilité d'installer la jeune femme dans un lit. Elle peut être déplacée mais en faisant preuve de la plus grande délicatesse. Ses os commencent à peine à se reconstruire. Avec mes soins réguliers, ça devrait prendre deux ou trois jours. Il regarde à présent Ylasse mais il s'adresse aux deux hommes. Suivez-moi. Je vais vous montrer où vous pouvez vous installer.Armé d'une torche, il guide le petit groupe à travers le village endormi. Il les mène à une petite maison pourvu d'une seule pièce. Un lit de bois avec un matelas sommaire a été installé là. Deux futons sont enroulés sur la table au centre à côté d'une pile de couvertures. Un feu brûle dans la cheminée depuis un certain temps déjà, si bien qu'il ne fait pas froid malgré la fraîcheur estivale des montagnes. ~~~~~~~~~~~ Le jour se lève et un rayon de lumière passe dans un interstice entre les rideaux de la petite maisonnette pour tomber directement sur mes yeux. Je tourne la tête dans une grande inspiration. Je me sens encore un peu étourdie par les derniers évènements. Je suis arrivée il y a trois jours et Ylasse et Aldir ne m'ont que peu quittés depuis. Le néérite est d'ailleurs très silencieux... Plus que d'habitude. Le deuxième jour, mes jambes me tiraient tant que cela m'a réveillée à l'aube. J'ai dû attendre quelques heures avant que le prêtre ne vienne. Depuis, je mange, je rattrape mon sommeil en retard et je reçois des soins trois fois par jours. La situation est de plus en plus confortable et, hier après-midi, j'ai même pu m'asseoir. Allongée sur ce matelas à peine confortable, je tourne finalement mon regard vers l'embrasure qui m'a tirée du sommeil. Peu à peu, je m'habitue à la luminosité et je parviens à voir le ciel. Il fait beau aujourd'hui... Et j'entends quelques oiseaux chanter. Je me demande... si je vais parvenir à marcher tout à l'heure. Je ne peux m'empêcher d'être un peu angoissée à l'idée que cela ne marche pas. Mais il n'y a qu'un seul moyen de le savoir. Après un moment, la porte de la petite maison s'ouvre et une silhouette apparaît dans l'ouverture. Je reconnais sa bure et je sais alors que le moment est venu. En quelques minutes, tous les rideaux son tirés et les volets ouverts. Le prêtre découvre une énième fois mes jambes et soulève ma robe pour mieux les voir, geste qui me perturbe toujours autant et me fait détourner les yeux. Je ressens à nouveau cette sensation étrange et pourtant pas si désagréable... Cela dure quelques minutes avant que la voix du vieil homme ne se fasse à nouveau entendre. -Levez-vous.Je tourne soudainement mon regard vers lui, à la fois pleine d'espoirs et de craintes. Il me faut un instant avant de finalement me redresser. Je commence par m'asseoir, comme la veille, toujours sous la surveillance de mon soigneur. Puis, prenant appui de mes deux mains, j'essaie de me mettre debout. Mais je n'y parviens pas. J'essaie à nouveau, sans succès. Si quelqu'un tente de venir à mon aide, le prêtre l'arrête d'un geste. -Levez-vous. Répète-t-il d'un ton plus sec. Ce n'est pas très agréable... Et, après ce que je viens de traverser, j'avoue que j'ai plus envie de me reposer que de faire à nouveau preuve de courage. Mais, si j'évite de croiser le regard d'Ylasse, mes pensées le font pour moi et je sais que je me dois d'y arriver. Je dois leur montrer que le suis plus forte que j'en ai l'air. Alors, je prends un petit moment pour rassembler tout ce qu'il me reste... et je pousse à nouveau sur mes mains et sur mes jambes. La seconde suivante, je suis debout. Enfin. Debout et droite. Sans la moindre douleur. Mais je n'ai pas le temps de le savourer que, déjà, je vacille et le prêtre me rattrape. -Vos centre de l'équilibre a repris sa place d'origine. Il vous faudra un peu de temps pour vous habituer. Vous allez aussi devoir vous muscler davantage. Marchez seule dès que vous en avez l'occasion et tout devrait rentrer dans l'ordre.-Merci. Je souffle. Cela a fonctionné ? Vraiment ? Je peux marcher ? Je ne réalise pas tout à fait. Mais le religieux me fait avancer de quelques pas, pour rejoindre la table. C'est loin d'être parfait mais, moi, je sens la différence. Je n'ai pas mal. Je ne sens aucune raideur. S'il n'y avait pas cet équilibre qui me fait défaut, j'ai l'impression que je pourrais sortir et courir dans l'herbe de la montagne comme s'il s'agissait de nuages... Un rire heureux m'échappe... Mais je pense que j'ai le droit de me réjouir. Malgré tout ce que ce séjour implique pour moi. Finalement, j'atteins une chaise et je m'assois, un peu étourdie par mon propre exploit. J'en aurais presque les larmes aux yeux et mon sourire quitte difficilement mon visage. -Nous allons pouvoir rentrer. Je déclare à l'attention d'Ylasse et d'Aldir.
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