La Saga de la Casse-Pieds aux Cheveux Paprika et de son Blond et Musicien Larbin

Son chemin le mena à un autre univers, un autre Royaume, au Marquisat de Serramire plus particulièrement. La route fut assez paisible. Cela faisait maintenant quelques jours qu'il était là. Observant, jouant son rôle à la perfection. Il marchait dans les rues, entrait dans les auberges, buvant, et chantant pour gagner un peu d'argent.
La nuit tombant, il observait le ciel pour penser à sa Maîtresse, la Baronne d'Hautval. Le jour de rentrer n'était plus très loin, le jeune ménestrel le jour levé décida d'aller se faire un peu d'argent en allant jouer dans un petit coin tranquille. Il attrapa sa viole, joua quelques notes pour attirer un peu de monde. Un sourire en direction des jeunes femmes, les premières pièces commençaient à heurter le sol de pierre devant lui.
Tout se passait dans la plus grande sérénité, de temps en temps les gens applaudissaient, certains s'approchaient de sa silhouette pour danser.
Manel fut évidemment ravi, il adorait divertir, offrir un peu de bonheur... Cela lui permettait aussi de rester tranquille.

Soudain, il remarqua au fond de la foule une femme en armure qui causait un mouvement, elle essayait de se frayer un chemin. Manel espérait qu'elle n'allait pas l'agresser, ou pire encore lui dire d'arrêter ! Surtout qu'elle ne lui semblait pas si commode.
En attendant, il jouait, des notes dansantes. Puis les insultes devaient un peu plus audibles, elles régnaient sur la foule, là voilà, cette femme, devant sa personne.
Le troubadour ne sourcillait guère, continua à jouer en arborant son plus beau sourire. Sourire qui se changea en rictus malicieux en observant la bourse qu'elle tenait dans sa main, cet argent qu'elle allait sans doute lui offrir.

Au lieu de ça, le jeune homme reçut une offre maladroite de travail. Du moins c'était ce qu'il avait compris. Au moins était-il certain qu'elle n'était pas une dame de la péninsule. Achevant sa dernière note, et donnant pour achevé son petit spectacle, il attendait la fin des clameurs qui se transformaient en murmures. Posant un genou au sol, il ramassa son butin.
L'idée de travailler pour cette guerrière; c'était du moins ce qu'il pensait au vu de sa tenue; était plaisante... N'était-il pas fait pour cela, endosser des costumes, s'amuser avec et servir sa suzeraine ainsi.
En se relevant, son regard glissa sur la silhouette de son interlocutrice...
-" Vous n'êtes pas d'ici ? " Lança-t-il en portant son regard sur l'argent.
-" En quoi consiste votre offre ? Je serai fort honoré de travailler avec vous... Je ne suis guère doué pour la bataille mais je possède d'autres atouts tout aussi redoutables. " Poursuivit-il d'une voix chantante montrant son intérêt.
Pour finir, il inclina son buste poliment pour se présenter...
-" Avant tout laissez-moi me présenter, je me nomme Manel, un troubadour ambulant..."

« Hum… » Maélyne était des plus dubitative. « Si telle est la volonté de la Gardienne d’Othar, comment pourrais-je m’y opposer ? » Reprit-elle en esquissant un sourire. Cette mascarade tournait plutôt à son avantage. « Nous avons de nombreux problèmes liés à la criminalité sur nos routes. » continua-t-elle en faisant signe à l’un de ses conseillers, qui apporta cartes et documents. « D’après les premières informations que nous avons pu récolter, une bande de malfrats sévirait dans la région en attaquant les convois de marchands et en détroussant les pauvres voyageurs. Nos informateurs nous assurent que leurs repère se situerait dans les Pycks d’Ortheim, non loin de la châtellenie de Bellroche. » Elle fit une légère pause. « Plusieurs renforts s’apprêtent à partir dans l’heure. Si cela vous intéresse, vous pouvez les accompagner. » Elle esquissa un nouveau sourire. « Savoir que la Gardienne d’Othar elle-même les accompagne ne fera que les aider à garder le moral. En attendant, faites comme chez vous. Vous êtes mes invités. Les cuisines peuvent vous rassasier, et la vue des jardins vous combler. Je dois malheureusement prendre congé, j’aurais préféré rester auprès de vous mais d’autres obligations m’attendent. » Elle se leva puis descendit les quelques marches. « Quant à l’expédition dans les Pyck, si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à en faire part à Céodred ici présent. Il se fera un honneur de vous répondre. » Elle leurs dit au revoir selon les usages puis s’engouffra dans les couloirs.

HRP:

"Croyez-bien que cette arme vous défendra bien mieux qu'une flamberge où un bouclier. La rapière, messire poète, est la meilleure arme de l'homme qui veut voyager léger, en évitant les champs de bataille."

L'arme n'était certes pas de bonne facture, mais Qaspiel avait veillé à avoir une arme à l'équilibre correct, pour faciliter l'utilisation. Mais en réalité, elle ne voulait pas voir Manel au milieu d'un combat, et elle n'hésita pas à le lui expliquer.

"Ces techniques ne sont à utiliser qu'en cas d'extrême nécessité. Je serois bien evidemment votre protectrice. Plusieurs années sont nécessaires à la maîtrise d'une arme, et cela ne suffise qu'à vous permettre de combattre un homme. Et du haut de mes septante -c'est ainsi qu'on dit soixante-dix en Lourmellie- années d'expériences, je compte encore sur la magie pour me permettre d'avoir l'avantage sur mes ennemis."

Mais tandis qu'ils terminaient l'exercice, un bruit attira son attention. Elle fit signe à Manel la suivre.

« Regardons ! C'est sans doute l'expédition dont Dame Maélyne nous a informé. Ils sont armés comme dans un béhourd, les balourds ! Nous allons les doubler et mettre à sac le repaire de ces brigands ! »

L'idée de se servir chez les brigands commençait à devenir de moins en moins absurde. Seulement les objets bien cher, de toute façon, ils n'appartiendraient qu'à des nobles. Ils auront bien les moyen de se racheter les même plus tard, se rassura-t-elle.

Lourmel, située en hauteur, permettait de voir la route que prenaient les soldats. Après avoir demandé l'itinéraire vers Bellroche, elle regarda le paysage avoisinant. La route était sinueuse, et il était possible de couper par une forêt, qui permettrait de gagner un temps d'avance précieux sur les hommes d'armes, qui transportaient d'autant plus un barda des plus chargés. Ils en gagneraient d'autant plus en forçant la marche sur la montée vers les pycks, où les bandits s'étaient cachés. De plus, là où l'escorte aurait fait fuir les coupeurs de route, une femme bizarrement vêtue et un frêle jeune homme avec une viole allaient être beaucoup plus attrayants.

« Je vais vous alléger, messire poète. Portez moins et chantez plus ! Nous avons de la route à faire. »