Oschide d'Anoszia
Humain
Nombre de messages : 477 Âge : 33 Date d'inscription : 10/02/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 29 (Mort) Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: A l'ombre du trône [Solo] Lun 1 Fév 2016 - 14:00 | |
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Quelques jours après la diète
Un froid glacial recouvrait la salle du trône. Jadis grouillante de monde avec son lot de courtisans, de gentes dames et de preux hommes d'armes, elle était aujourd'hui complètement vide où presque. Oschide, qui était assit sur le siège de l'ancienne régente, observait les lieux la mine exténuée. Existait-il un endroit plus symbolique que celui-là ? Des rois et des reines avaient arpenté cette salle de long en large et avaient siégé sur les trônes vacants juste à ses côtés. Mais il n'en était plus rien. Il n'y avait plus que lui et sa solitude dans cette immense nef au plafond vertigineux et à la longueur démesurée. Celle-ci avait été faite pour réunir tous les plus puissants seigneurs de leur temps avec leurs propres cours. Alors en étant seul dans ce lieu, il y avait de quoi frissonner.
Les dernières lueurs du jour éclairèrent fébrilement la salle et firent encore briller quelques pavés. Comme des milliers de zébrures venant recouvrir le sol, il aurait fallu être fou où passionné pour les compter jusqu'aux grandes portes d'entrée. Au lieu de ça, le duc réfléchissait à tout autre chose. Le coude vissé sur le rebord de son siège, sa main retenant sa tête pour l'empêcher de s'endormir. Il se remémorait sa première fois dans cette salle. C'était à l'époque où son père conseillait le roi, avant qu'il ne se fasse renvoyer par le régent. Encore jeune, il n'en avait été que plus impressionné. A force de scruter les plafonds finement sculptés, il avait manqué de se tordre le cou jusqu'à ce que son père lui administre une petite claque sur la nuque pour que ses yeux restent concentrés sur les pavés.
Puis il les avait arpentés une nouvelle fois lors de son entrée dans l'armée royale. Aux côtés de nombreux autres gens, il avait alors prêté serment. Il s'en souvint comme si cette cérémonie s'était déroulée la veille. Fier et emplis d'honneur dans son armure aux couleurs royales, il avait vu venir devant lui une carrière promettante bien que sa place de capitaine n'ait été dû qu'aux négociations du patriarche et non parce qu'il l'avait réellement mérité. Il fit pourtant ses preuves dans le nord, en menant la compagnie royale à la victoire aux côtés du maréchal de Clairssac et du futur époux de sa sœur, Wenceslas de Karlsburg. Se retrouvant seul à commander lors du siège de Nulhadon, il triompha également, mais c'est cet épisode qui marqua pourtant un tournant dans sa vie.
Là-bas, il vit son cousin mourir devant ses yeux, poignardé par un homme de sa compagnie. Il perdit connaissance et fut presque déclaré mort. Ses mains se crispèrent sur les accoudoirs du trône et il eut presque le sentiment que sa cicatrice revenait le persécuter. Sa haine envers la régente était venue de là et tous les prétextes eurent été bons pour lutter contre elle. Tout d'abord, cet assassinat, puis l'appel à l'aide de sa cousine de Hautval, le priant de venir l'aider au moment où l'ost royal était sur le point de leur apporter le coup de grâce. Mais un homme avait surgi de nul part, en renversant le cours des choses et en le hissant au-devant de la scène. Ce Nimmio de Velteroc avait porté sur lui tous les espoirs de rétablir une monarchie mourante et gangrenée.
Il avait été l'homme de la situation, l'espoir que tous les opposants à la régence espéraient. Lui le premier, il lui avait fait confiance et avait dû batailler ferme avec les seigneurs langecins pour prendre les armes et l'aider à récupérer les anciennes terres royales. Il avait envoyé la flotte à Nelen pour venger les départs des mervalois et des scylléens. Si cette bataille avait été une victoire, la guerre n'en était alors qu'à ses balbutiements et il eut été fou d'espérer que les choses se tassent et que le Soltaar ne fasse qu'oublier. Car non, les rapports étaient formels, le Soltaar préparait une contre-offensive. Des dizaines de navires avaient été aperçus le long des côtes...
De leur côté, si les hommes tenaient les positions sur l'archipel, sur quel soutien aurait-il bien pu espérer ? Missède, qui avait autant payé que lui pour cette campagne, s'était préparé à le soutenir, mais comment auraient-ils pu lutter contre une armada supérieure en nombre et supérieure techniquement ? Était-ce sur cette ligue qu'il aurait pu compter ? Sur ces hommes qui ne cherchaient qu'un retour à la paix ou feignant d'ignorer qu'aucune trêve n'avait été proclamée avec le sud ? Ce Nimmio qui lui avait promis des hommes pour soutenir la frontière avec Merval, n'étaient jamais arrivés. Pour Edelys, ce n'était qu'après plusieurs quiproquos et mésententes qu'ils avaient finis par y envoyer des hommes pour administrer la cité. Diantra, qu'on lui avait laissé, n'était plus que l'ombre d'elle-même avec une population affaiblie par les conflits ? Au final, ce que Langehack avait gagné, elle ne le devait qu'à elle. Toutes les promesses faites n'avaient été que quelques paroles lâchées dans le vent. Le Royaume qu'il avait pensé bâtir aux côtés de cet homme providentiel n'avait été qu'une chimère. Le désastre du conseil qui s'était tenu dans cette même salle où il se trouvait à présent, n'avait été que les prémices d'une catastrophe encore pis. Celle de cette organisation sans chef pour la gouverner... Cette ligue née à partir de l'empoisonnement d'un homme qu'il aurait préféré voir mort, plutôt que ranimé par les talents de guérison de la Gardienne de Néera.
Il y avait de quoi être triste et frustré, surtout après tous les espoirs qu'il s'était fait et toutes les déceptions qui avaient été bien plus grandes. Il n'était pourtant plus question de revenir sur ses pas. Il se devait d'avancer et d'assurer la périclité du duché qu'il s'était juré de protéger. Pour se faire, il devait signer la paix et mettre un terme à ses rancœurs. Car après tout, que valaient les rancœurs d'un seul homme lorsque la vie de milliers d'êtres était dans la balance ? Au loin, il vit alors les grandes portes s'ouvrir et plusieurs silhouettes méconnaissables apparaître. D'un pas pressé, la dizaine d'ombres qui s'avançaient devinrent de moins en moins cachées par l'obscurité et il finit par reconnaître les capitaines missédois et langecins. Les visages marqués par la tension palpable qui régnait dans la cité, les hommes s'inclinèrent brièvement, faisant fi des protocoles puisque l'heure n'était plus aux courbettes.
-Altesse, votre épouse a regagné le duché, renseigna son capitaine des aigles.
-Bien, est-ce que votre seigneur a rejoint la seigneurie d'Edelys avec ses hommes comme prévu ? demanda-t-il en direction du capitaine Missédois Tibérias de Roch.
-Oui, votre altesse, le seigneur Théobald est reparti avec cent hommes d'armes pour compléter la garnison déjà en place.
-Combien d'hommes nous restent-ils pour tenir la cité ?
-Un peu moins de trois mille, seigneur, reprit le missédois.
-Bien, cela devrait suffire si cette « ligue » venait à s'imaginer que Diantra où Edelys lui reviendrait. Doublez les tours de garde et envoyez vos troupes de cavaliers pour ratisser les environs et prévenir d'un quelconque danger. Langehack garde sa neutralité, mais n'appréciera pas qu'on vienne la déranger.
Les mines enjouées des capitaines ne firent que valider ses paroles. Pour ces hommes qui ne vivaient que pour la guerre, sans doute devaient-ils espérer qu'on vienne dans l'intention de les malmener. Si cela devait arriver, il n'y avait pas fort à parier que Méliane n'aurait aucun mal à lever les armées.
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