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 Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale

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Azénor d'Anoszia
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MessageSujet: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeMar 5 Avr 2016 - 9:30





Ce qu'Anoszia dit, Anoszia le fait. En bonne représentante de sa lignée, Azénor n'avait pas failli à la maxime en s'empressant de faire parvenir un billet au Suderon. La jeune femme passa même un certain moment à la rédaction des divers messages entourant son départ de la cité du soleil. D'abord à la Marquise de Sainte-Berthilde, et puis évidement au principal concerné, Oschide, qu'il fallait bien prévenir de sa venue. Elle n'eût guère à se confondre en formules ou autres tournures de convenances quant aux propos destinés à l'amiral, la demande était concise, comme il s'y attendait sûrement.


Citation :
Au Seigneur Di Montecale,

Acceptez en premier lieu de sincères excuses, j'ai fort tardé à m'entretenir avec le Régent d'Ydril. En effet, j'ai me suis trouvée souffrante peu après notre entrevue, cela m'empêchant de mener à terme nos immédiats projets. Néanmoins rassurez-vous, je me porte beaucoup mieux, et ai pu rencontrer Père pour lui faire part de ma décision. C'est non sans joie que je vous signifie être prête à partir, et ce, au plus vite. J'ose espérer que vous serez aussi prompt que ma personne. Je vous attendrais juste avant le crépuscule, aux abords de votre vaisseau à Boniverdi.
Je vous dis à très vite,

Respectueusement,
Azénor d'Anoszia



Prête... elle ne l'était pas encore tout à fait au moment d'écrire ces mots et de mander quelque esclave pour porter prestement le courrier. Il lui restait encore à faire, mais elle ne souhaitait point s'attarder, quitte à partir, le plus tôt serait le mieux. Les adieux étaient derrière elle, ayant pris soin de s'en acquitter lors de son tête à tête matinal. Lui restait … tout les à côté à préparer. Rassembler les possessions de sa jeune existence lui paraissait tâche ô combien ingrate. Certes, les divers changements de domicile entre Velmonè, Ydril puis Soltariel avait ménagé l'Anoszia au paquetage et au tri, mais le calvaire du recommencement ne l'enchantait guère. Elle s'attela à dénicher de lourdes malles et coffres, n'ayant le cœur à choisir ses atours, elle préférait tout emporter. Les bagages se remplirent ainsi d'un impressionnant panel de tissus colorés, brodés et autres riches ornements. Le plus rude climat du nord de la Péninsule l'obligea à prendre quelques pelisses qu'elle n'avait jamais porté, ainsi que des gants et des bottes fourrées. Azénor ne manquerait de rien. Elle s'étonna d'ailleurs de pouvoir embarquer toutes ses toilettes sans manquer de place. Enfin, avec pas moins de six caisses, voyager léger n'était pas l'ordre du jour. Les domestiques la suivaient dans tout le palais en poussant les pesants chariots constituant sa suite, le cortège avait de quoi faire sourire tant la jeune femme était pressée au devant des serviteurs qui se malmenaient sur ses talons.

Ce qu'elle cherchait était bien particulier et ne pouvait se trouver que dans les serres du château. La belle désirait quitter Soltariel avec ce qu'elle y avait découvert de plus beau, de plus pur ; une rose bleue. Celles-ci étaient exclusivement cultivées sur place, semées de graines venues d'Ys. Oh oui, cela n'avait rien de très régional, mais son quotidien dans la cité ducale avait été grandement embelli par ces végétaux exceptionnels et en posséder un résonnait comme signe de bonne augure. Sa coquetterie la poussa à en demander des boutures. Quel présent exceptionnel cela ferait pour la Baronne d'Alonna ! Azénor s'imaginait déjà distiller la magie de ces charmes azurés. La Fleur de Vemonè plaça un bourgeon fort ouvert dans la cascade de ses cheveux. Le temps avait filé sans qu'elle ne s'en rende compte, on pouvait déjà voir au loin le déclin du jour s'avancer vers la rive. Verimios tirait sur sa fin, avec lui les mémoires d'un oisillon prenant son envol.

L'escorte que son Père lui avait fourni pour le trajet l'attendait sur les marches de l'édifice. Ils prirent le relais des serviteurs en attelant les carrioles à leurs montures et tous ensemble partirent en direction de Boniverdi. Azénor avait du mal à réaliser qu'elle cheminait là pour la dernière fois, du moins... Avant longtemps. Se retournant tandis qu'ils allaient d'un pas paisible, elle observa Soltariel et ses grandes bâtisses de pierre blanchie se rétrécir puis devenir des tâches claires dans l'aura rouge-orangé du couchant. Au devant, le port se dessinait aussi précisément. Relativement vide en cette heure, il ne fut guère malaisé au groupe de trouver le navire de l'Amiral Langecin. Du haut de son cheval, Azénor voyait une troupe de matelots s'affairer activement sur le bâtiment, sans pour autant apercevoir ne serait ce que l'ombre de son capitaine.
«  Seigneur Di Montecale … ? ….Messire ? » Le héla-t-elle avec insistance. « Enrico  ? »






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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeMar 5 Avr 2016 - 21:41

« Et c’est ça que t’appelles lambrissé ? On dirait que t’as chié dans le savon, pour obtenir un résultat aussi merdique ! Lave-moi ça correctement ! Ce pont va accueillir des personnes de marque, imbécile ! »

Le pauvre mousse était dans tous ses états, face à la colère du capitaine du navire. Et pour cause. Se faire rabrouer n’était jamais agréable. Mais se faire rabrouer par l’Amiral de Langehack, qui s’avérait être le tout récent Baron de Nelen, doublé d’un illustre chasseur de pirates de Soltariel, c’était un combo néfaste pour n’importe quelle carrière maritime… Le Démon à Jambe de Bois, surnom hérité des pirates mécans, était souvent décrit comme un perfectionniste, extrêmement dur, mais juste. Cela ne l’empêchait pas de filer la frousse à tout marin servant à son bord. Craint et respecté, Enrico ne laissait jamais rien lui échapper. Une tâche sur une planche, un bigorneau sur la coque, ou un navire bourré de bandits. Tous finissaient, d’une façon ou d’une autre, par disparaître de sa vue.

Le jeunot se remit donc au travail, alors qu’Enrico étudiait d’un œil critique le reste de l’équipage préparer le navire. Il fallait qu’il soit parfait pour la venue de la Damoiselle Anoszia. Se sentant étudiés, les marins redoublèrent d’effort, tous souhaitant impressionner le Démon de l’Eris. Ce dernier n’en fit pas grand cas, préférant se diriger vers la proue du navire. Il ne tarderait pas à remonter le fleuve Tyrion, pour ensuite remonter le Garnaad, direction Diantra. Aucun Mécan sur la route, et une plaisante compagnie, sous bonne garde et aux aguets. Un beau voyage en perspective. Peut-être même qu’Enrico pourrait continuer d’écrire ses mémoires, si son temps le lui permettait. Ou son traité d’œnologie ? Non. Il attendrait d’être au pays de Hautval pour y finir le chapitre concernant cette région.

En pensant à tout cela, Enrico n’entendit pas qu’on l’appelait. Il finit néanmoins par tourner la tête, pour apercevoir Dame Azénor, juchée sur son cheval, et à la recherche de l’Amiral. Il sourit, et se dirigea vers une palette d’embarquement, reliée à une poulie. Sur son signal, un docker hissa la palette, avec Enrico debout sur celle-ci, et le transporta sur le quai, bandant ses muscles afin de le soulever assez vite. Lorsqu’il fut à terre, l’éclopé sourit, et se dirigea vers Azénor, qui descendait de cheval. Rapidement, il esquissa une révérence, tout en lui baisant la main.

« Mes hommages, ma Damoiselle. Vous êtes particulièrement ravissante aujourd’hui. Et, je vois que vous faites honneur à votre surnom, avec cette magnifique rose bleue dans vos cheveux. »

Il avait remarqué l’ajout dans sa chevelure. On ne l’appelait pas la Fleur de Velmonè pour rien !

« Je vois que vous êtes venue à l’heure… »

Ses yeux glissèrent vers les imposantes caisses derrière elle.

« … et avec vos bagages ! »

Il sourit. Il avait prévu beaucoup de place, dans la cale. Connaissant les femmes et leur coquetterie, il avait déjoué cette éventualité. Il lui présenta son bras.

« Si vous le souhaitez, je vais vous faire visiter l’embarcation, et vous montrer tous les lieux qui vous seront nécessaires. Je vous présente le Dauphin, Damoiselle d’Anoszia ! »


Tacitement, il était bien entendu que les dockers devraient charger les affaires sur le navire, et que la suite devrait monter à bord. Dans un coin, Marco Solomeo, homme de confiance d’Enrico, remettait une lettre à un bosco soltari. Il s’agissait du second du capitaine Felipe Sacrizi, ancien mentor de l’Amiral langecin…
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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeMer 6 Avr 2016 - 14:23





Elle l'aperçu enfin. L'homme était perché à l'avant du navire, guettant les étendues d'eau environnantes. Il fini par entendre ses appels et leur donner sens en descendant de son piédestal tel un équilibriste de fortune. Sa jambe de bois lui donnait une démarche particulière, pour autant la scène avait de l'allure, le charisme du personnage n'y était pas étranger. Un large sourire vint remonter les pommettes de la jeune femme, qui aussitôt s’empourprèrent tandis que le capitaine la saluait. Arrivé à sa hauteur, elle s'inclina en une discrète mais respectueuse révérence.
«  Vos compliments m'honorent, Messire. Flatteur que vous êtes, il me fallait faire quelques efforts pour apporter de l'eau au moulin de vos louages. Je constate avec plaisir qu'ils portent leurs fruits. » Lui répondit-elle toujours les babines saillantes.
Elle se sentait … différente aujourd'hui. De la même façon elle était accoutrée de façon inhabituelle pour quiconque ne l'avait connu qu'à la cour de Soltariel. Pour l'occasion elle avait choisi ses atours de voyage, s'étonnant encore de la solidité des coutures et du peu d'évolutions de sa morphologie. Seule sa blouse était neuve, sa poitrine de femme faite n'ayant guère assez de place dans ses corsages de jeunesse. La belle portait des chausses d'un tissu résistant plus qu'ajustées à ses formes sculpturales ainsi que de hautes cuissardes d'un cuir noble, patinées par le temps et l'usage. Un long manteau la protégeait des vents à venir. Un Soltarii ne l'aurait pas reconnu sans s'appesantir sur ses traits. Elle se mit à rire avec douceur. « Bien qu'aventurière … Je demeure une Dame, Monseigneur ! »

Cela n'avait point l'air de le gêner. Quel taquin ce Suderon ! Azénor attrapa tout de go l'appui réconfortant que lui offrait son acolyte, veillant à ne point le déséquilibrer. Ensemble ils avancèrent vers l'accès d'honneur du vaisseau ; une large planche reliant le quai au pont principal, robustement nouée de toutes parts entre la coque et les amarres. Traversant cet ultime obstacle, elle posa pied sur le plancher du Dauphin. Sa joie d'être à bord était difficile à dissimuler. Cela faisait plusieurs années qu'elle n'avait pas foulé le platelage rugueux et viril d'une embarcation. Quant à ses dernières sorties en mer … C'était avec son frère Oscario, qui lui avait appris à apprécier les us de la navigation.
«  C'est une fort belle chaloupe que vous possédez là, mon Capitaine. » Le taquina l'Anoszia tant elle savait les marins épris d'amour pour leur bâtiment. « Le Dauphin vous dites ! Quelle modeste désignation pour telle caraque ! »
Elle n'aurait pu rêver mieux. Les hauts mâts semblaient s'empaler dans le ciel couchant, les voiles encore attachées aux vergues n'attendaient qu'à s'étendre de tout leur long et se gonfler de l'air placide du Soltaar. Du haut du gaillard d'avant, Azénor contemplait la vision des docks à l’orée du soir. Derrière eux, les hommes d'Arichis avaient embarqué sur le navire et se chargeaient déjà de trouver place pour les effets de la dame. « Je serais ravie de vous suivre et découvrir ce qui sera ma demeure pour les jours à venir, Seigneur Di Montecale. Vous qui avez entendu commentaires à mon sujet devez savoir que je suis … plus qu’intéressée par la batellerie et ce qui touche au maritime. »
Ses yeux se détachèrent du port pour se poser vers la ligne d'horizon que les flots dessinaient. « La mer me semble agitée ce soir. Puisse la Dame-Dieu nous accorder sa bénédiction et calmer ces eaux tempétueuses. »
Un brin d'anxiété ponctua ses mots. Elle savait ô combien l'océan destructeur, néanmoins, pour rien au monde elle n'aurait fait machine arrière.




Spoiler:


Dernière édition par Azénor d’Anoszia le Mer 29 Juin 2016 - 15:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeJeu 7 Avr 2016 - 11:08


Azénor semblait toujours aussi réceptive aux compliments. Enrico sourit. Elle n’était pas vêtue de l’une de ses nombreuses et excessivement chères robes de cour. Pour l’occasion, la voilà habillée telle une aventurière prête à prendre la route de l’océan, et braver les vagues jusqu’à la terre la plus proche. Même ainsi accoutrée, la fille d’Arichis était toujours aussi belle, surtout lorsque son minois s’illuminait de ce pétillant sourire dont elle avait le secret. Après s’être saisi de son bras, Azénor suivit Enrico sur le pont du Dauphin. Les planches étaient brillantes, le mousse qu’il avait asticoté semblait prendre les menaces du capitaine au sérieux. Ils s’arrêtèrent au milieu du pont, laissant à la belle le temps de contempler le petit navire de droite à gauche, et de long en large. Azénor le gratifia d’un petit compliment sur son navire, se doutant que le terme chaloupe était ironique.

Le Suderon posa une main sur le mat.

« Cette embarcation vous plaît ? C’est une barge fluviale, à la base prévue pour le transport des marchandises. Néanmoins, j’ai réaménagé les espaces, et décoré de quelques fioritures, afin que des invités de marque puissent s’y sentir comme sur un navire de plaisance. »

Il fit un grand sourire. La jeune Fleur de Velmonè déambulait sur le pont, entre les quelques caisses que les dockers n’avaient pas encore rangées. Debout sur le gaillard d’avant, elle contemplait le port de Boniverdi, ses arsenaux, ses quais vides d’activité en ce début de soirée. En général, il préférait appareiller dès le matin, ce qui était plus logique. Mais il avait ordre de revenir à Diantra le plus vite qu’il le pouvait, aussi ne perdrait-il plus de temps.

« Nous pourrons discuter de navigation et de bateaux à l’heure du dîner, si vous le souhaitez ? Vous dînerez à la table du capitaine, ce soir. Du moins, m’en ferez-vous l’honneur ? »


Ses yeux glissèrent sur l’Eris. Il ricana.

« Ne vous en faites point, Damoiselle. Les eaux tumultueuses de Tyra ne mouilleront pas la coque du navire. Nous nous rendrons à Diantra par la voie des fleuves. Le Tyrion, puis le Garnaad. Ne vous étonnez pas si ce vaisseau est arrêté et contrôlé par les suppôts de la Ligue, je sais déjà comment passer outre ce genre de barrage. »

Soudain, il entendit des bruits de pas précipités derrière lui. Il se retourna, pour voir un jeune marin se mettre au garde à vous. Il avait pour nom Guison.

« La barge est prête à appareiller, capitaine ! Heu… amiral… heu… votre Honneur ? »

Enrico sourit.

« Pour ce voyage, capitaine suffira, matelot. »

Le jeune homme rompit, et se dirigea vers le reste de l’équipage qui s’affairait. Enrico se retourna vers Azénor.

« Souhaitez-vous dire au revoir aux personnes qui restent à terre ? Car c’est peut-être le dernier moment pour le faire, Azénor. »
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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeDim 10 Avr 2016 - 10:06





« Vous possédez un superbe navire, Capitaine. Je n'en avais vu de pareil avant, ce n'est pas faute d'être souvent venue ici. Pire encore, d'avoir vécu à Ydril ! » Elle exprima un petit rictus rieur.

Enivrante était la sensation de se retrouver comme jouvencelle lors de sa première virée côtière. Le vent léger sur ses habits flottant mollement, ses cheveux un peu emmêlés lui caressant le visage, l'odeur si particulière des embruns. Ses paupières vinrent obstruer l'image idyllique de l'embarcadère agrippé aux falaises de calcaire, tout éclairé de lanternes chatoyantes aux vacillements doux. Elle souhaitait se remémorer à jamais ce moment et cette vision. Tournant le dos à Boniverdi, toujours les yeux clos, elle inspira une grande bouffée de cet air salvateur.
« Tout l'honneur est pour moi que d'être invitée par le maître en ces lieux, Messire. Je me réjouis de pouvoir échanger sur ces sujets qui tous deux nous animent. A qu'elle heure passerons-nous à table ? » Fixant le Suderon, ses traits se firent plus taquins.

Ainsi ils ne prendraient pas la mer mais les voies fluviales pour rejoindre leur destination. Cela la rassura en un sens, le voyage serait moins long qu'elle ne l'espérait. Bien que n'ayant jamais traversé le Soltaar par l'eau, elle imaginait le barge aisément avaler les distances et se révéler plus rapide que des coursiers.
« Nous voilà entre des mains expertes alors » Lui répondit la belle en appuyant son contact contre les gardes-fou . « Notez que ma confiance à votre égard vous était déjà toute accordée. »
A dire vrai, Azénor se sentait un peu sotte d'avoir parlé trop vite. Si elle avait été plus attentive à son environnement elle aurait remarqué la présence de nombreux rameurs et la forme singulière si ce n'est caractéristique de l’embarcation. A sa décharge, les transformations apportées par le Grand Amiral rendaient méconnaissable la bélandre d'origine. Ils furent interrompus par un jeune mousse venu signifier à l'homme l’imminent départ.
Toujours de dos au paysage Soltarii, elle plongea à nouveau son regard dans l'étendue gris-sombre et luisante.
« Soyez rassuré, Capitaine. J'ai pris les dispositions nécessaires avant de venir à votre rencontre, me voilà toute résolue à laisser Soltariel derrière moi. »
Qui donc aurait-pu récolter ses derniers adieux ? Quelque gueux venu assister à l'appareillage ? Son futur se scellait en cet instant, elle ne se retournerai plus vers son passé et voguerai de l'avant. « Quittons la baie. » Lui assura la jeune femme.

Tandis qu'en s'éloignant le Seigneur di Montecale donnait les instructions aux manœuvres destinées à quitter le mouillage du navire, Azénor s’émerveillait devant l'agitation de l'équipage. Les Soltarii venus avec elle s'affairèrent avec les matelots, dans une cohésion presque chorégraphique. Le plus gradé de son cortège, un colosse visuellement appréciable et fort bien éduqué du nom de Dravan, vint à sa hauteur, l'extirper de ses rêveries. « Ma Dame. Nous quittons le port de Boniverdi. Sur ordre du Capitaine, je vais vous conduire à votre cabine personnelle où mes hommes et moi-même avons disposés vos bagages. » Il l'emmena avec une douceur insolite vers la poupe du bâtiment, traversant le pont principal où œuvraient une partie des bateliers. La belle pouvait sentir le mouvement terrible et puissant des eaux sous le vaisseau, pour autant il se mouvait avec finesse pour une si impressionnante construction. « Je viendrais vous quérir pour votre entrevue dînatoire avec Monseigneur di Montecale. » Acheva l'homme en la laissant devant une superbe porte ouvragée, dénotant avec la rigidité de l'absence de décorum particulier à bord. Elle l'ouvrit dans un grincement pour découvrir une concise mais confortable pièce, richement aménagée de meubles nobles, rehaussée de tentures dont elle n'aurait su discuter les origines. L'endroit lui plaisait, bien qu'il ne paraisse guère … Masculin. L'Amiral avait-il pour habituer de faire monter des femmes à bord ? L'intention la faisait réfléchir, elle qui avait eu droit aux cales comme dortoir lors de certains voyages avec son frère Oscario. Toutes ses malles étaient rassemblées près du grand lit, paraissant bien trop immense pour la superficie des lieux. Une idée lui traversa l'esprit et elle se mit à ouvrir frénétiquement chaque coffre, en quête d'un objet particulier dont elle savait qu'il ferait grand effet auprès d'Enrico.
Une fois en possession de sa trouvaille, elle s’allongea sur les draps tirés, respirant l'odeur doucereuse du linge propre, se laissant ballotter par le maigre roulis des ondes.
Enfin.







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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeMer 13 Avr 2016 - 10:22

« Nous dînerons bientôt, peu avant le crépuscule. J’enverrai mon ami Marco Solomeo vous chercher. »

Ce que lui disait Azénor était pour le moins gratifiant. Elle lui faisait déjà confiance ? Enrico était un homme d’honneur, et il n’avait jamais manqué à sa parole. Aussi, il était agréable de voir que tout cela portait ses fruits. Il se targuait d’être encore l’un des rares Suderons à respecter un code d’honneur, et ce à la lettre. Un seigneur lui avait dit pourtant un jour quelque chose qui l’avait fait réfléchir. Il lui avait annoncé que l’honneur était le seul luxe que les grands de ce monde ne pouvaient pas se permettre. Pourtant, Enrico savait que, maintenant que le vent avait tourné, rien ne changerait pour autant, et il demeurerait l’homme intègre et honorable qu’il avait toujours été.

La jeune Azénor semblait déterminée à abandonner sa patrie natale. Faire le grand saut. Se lancer dans l’aventure. L’amiral avait entendu dire qu’elle avait été dame de compagnie auprès de Kahina. Était-ce pour cette raison qu’elle cherchait à voyager ? Il savait la Princesse d’Ys d’humeur très volatile, animée de ses mœurs étranges d’Estrévent. Devant le peu d’intérêt qu’Azénor portait aux adieux, Enrico acquiesça, et observa un instant le rebord. Au-delà du port, un coursier avait démarré, porteur de la lettre que son ami Marco lui avait donnée. Sans aucun doute, Ignacio finirait par lui pardonner, après ce qu’il avait entrepris pour lui il y a quelques jours déjà…

La Fleur de Velmonè s’éloigna, rejoignant ses quartiers. En passant près de l’équipage, le jeune mousse de tout à l’heure s’arrêta un instant de travailler, n’ayant d’yeux que pour la jolie demoiselle devant lui. L’un des autres membres de l’équipage lui mit une main sur l’épaule, afin qu’il se retourne. Là, le jeune homme vit un gros marin, une main sur son épaule, et l’autre tenant un balai à franges, dont celles-ci posées sur sa tête, afin d’imiter une chevelure qui, apparemment, semblait lui manquer.

« Hey, petit, viens voir par-là ! T’auras plus facile avec moi ! »

Les autres marins éclatèrent de rire, alors que le mousse s’empourprait. Le gros lard tentait d’imiter le déhanché d’une femme, lorsque le bruit caractéristique de la jambe de bois d’Enrico, résonnant contre les planches du pont, fassent se stopper cette mascarade. Il regarda l’équipage avec un œil froid et sévère.

« Vous avez encore du travail, je me trompe ? Alors toi, enlève-moi ce balai de ta tête, et les autres, remettez-vous au travail ! »

Ni une ni deux, tous s’exécutèrent promptement, car il y avait encore beaucoup de tâches à accomplir. Le capitaine soupira, joignant ses mains derrière son dos. Il héla le cuisinier, afin qu’il s’affaire et entraîne le marmiton. Le reste de la soirée se déroula tout à fait normalement, quoiqu’un peu vite pour Enrico. Il semblait avoir tellement faim que la soirée avait pris l’amabilité de se raccourcir pour qu’il mangeât quelque chose. La table était prête, et le cuistot avait déjà averti que les plats seraient apportés dans quelques minutes. Marco Solomeo était sur la route pour la cabine d’Aénor.

Le sieur de Montecale se plaça près de la table, montée comme pour un véritable dîner à terre, avec un chandelier, un service en argent, et une nappe à la blancheur éclatante. La cabine du capitaine avait été spécialement réaménagée afin d’accueillir la table. D’habitude, c’était une pièce meublée de façon très spartiate. Ici, pourtant, il accueillait une dame de marque. Un peu de luxe et autres fantaisies ne seraient sûrement pas pour lui déplaire. Il n’avait même pas lésiné sur la bouteille de vin qu’il avait sortie. Un magnifique hautvalois âgé de douze ans, l’une des dernières bouteilles qu’il lui restait de son voyage dans la région. Il devrait penser à y retourner à l’occasion. Egalement pour pouvoir compléter son livre d’œnologie…

La porte s’ouvrit, laissant passer Marco, tout sourire.

« Messire, voici la Damoiselle Azénor d’Anoszia ! »
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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeVen 15 Avr 2016 - 8:52





Elle n'aurait su dire combien de temps s'était écoulé depuis qu'elle avait rejoint sa cabine. Peut-être s'était-elle assoupie, bercée par la houle et ses oscillations mesurées. Un choc contre la porte vint l'extirper de sa torpeur, reprenant vite ses esprits la jeune femme se leva derechef, cherchant avec hâte à se rafraîchir la frimousse. « Mademoiselle d'Anoszia ? » Tonna t-on derrière le seuil. Azénor ne connaissait pas cette voix, du moins, ce n'était pas Dravan qui se tenait à l'attendre. Dans la précipitation, elle ne fit guère attention à reconnaître celui qui la mènerait au dîner. Attrapant au passage un peigne de nacre, elle le fit glisser avec vitesse dans sa tignasse emmêlée. « Attendez-moi un instant. » Répondit-elle en tentant presque vainement de se confectionner un semblant de coiffure. Elle aurait pu y penser avant ! Quelle dame se prépare à la dernière minute ? Qu'allait en penser le capitaine ? Il était définitivement bien trop tard pour songer à revêtir un des nombreux atours d’exception qu'elle avait emporté, les malles étaient encore lourdement closes et s'habiller sans camériste était inenvisageable... Pourquoi n'ai-je pas fait embarquer quelconque esclave ou suivante pour m'aider à cette tâche …

Elle devrait s'occuper de cette contrariété plus tard, lorsqu'ils accosteront à Diantra. Un châle satiné qui traînait là vint se mouvoir contre sa taille, accentuant sa silhouette engageante. Les piécettes à ses extrémités venaient appuyer le moindre de ses mouvement de bassin de tintements délicats. Enfin l'Anoszia passa autour de son cou dénudé les chaînes d'un collier ouvragé. Elle ouvrit le battant sur un athlétique marin, de traits typiquement régional, lui rappelant les éphèbes des tavernes d'Ydril. « Si Ma Dame veut bien me suivre. » Lui demanda t-il sans exprimer la moindre impatience quant à l'attente qu'elle lui avait infligé. La conduite était plus protocolaire qu'autre chose, l'homme ne l'emmena guère loin de sa chambrée. Ils rejoignirent le gaillard d'arrière pour ensuite se diriger vers la cabine principale du Dauphin, celle du capitaine, située exactement au dessus de celle qu'elle occupait.
« Messire, voici la Damoiselle Azénor d’Anoszia ! » Annonça t-il tandis se postait près de l'embrasure.

Azénor s'avança d'un pas assuré. Si le Grand Amiral demeurait inchangé, probablement avait-il dû gérer son équipages et toutes ces choses incombant au commandant, elle ne pouvait que remarquer qu'il avait sorti le grand jeu pour l'occasion. Elle se serait crû à une réception cérémoniale en petit comité tant le service de table, la décoration de celle-ci étaient raffinés. Pour un peu on en oubliait l'air salé et le ballottement. Le Suderon lui tendit un verre qu'il venait d'emplir d'un liquide d'une couleur d'or pâle. La belle le fit résonner contre celui du seigneur faisant se mélanger les deux fluides. « A la liberté retrouvée ! » Chantonna la Fleur de Velmonè en portant le contenant à ses lèvres rieuses. « Ou devrais-je dire, à nos âmes indépendantes ! »
Le vin était délicieux. D'ordinaire elle n'appréciait guère le goût particulier des nectars que l'on servait aux grandes tables, préférant les mélanger à du miel pour en adoucir les saveurs. Celui-ci était frais, léger, sans prétention, et devait fort bien accompagner le repas. Décidément, Enrico était plein de surprises. « D'où vient cet agréable substance ? Moi qui n'apprécie guère les piquettes, je dois vous avouer que votre choix est remarquable. » Il sourit à la remarque. Tous deux prirent place en se faisant face, séparés par un grand chandelier d'argent instaurant une atmosphère intimiste et particulière à la scène. Leurs visages à demi-éclairés par la valse des flammes se toisaient. Ils ne tardèrent pas à être interrompus par le cuisinier lui-même, faisant service de ses préparations. L'homme déposa sur la table ce qui avait pu-être la pêche du jour, accommodée avec le plus grand soin. Le fumet se dégageant des divers poissons d'eau douce disposés en étoile sur un lit des légumineuses vaporeuses était exquis. Une fois leurs assiettes pleines, ils se retrouvèrent à nouveau seuls.
« Messire, quand approcherons-nous de Diantra ? » Lui demanda t-elle sans cérémonie. « Je n'arrive point à estimer notre traversée par les terres. J'ai grand hâte de revoir mon aîné. » Le voyage ne faisait que débuter, mais son aboutissement était bien trop attendu pour qu'elle puisse profiter pleinement du trajet. « Je me sens comme naître à nouveau. »
Ils échangèrent ainsi des choses communes et autres futilités, dégustant avec enthousiasme les mets venant se succéder devant eux. Le vin aussi était opulent, ils burent généreusement le grand cru du début de soirée, suivit par une autre bouteille.
Enrico finit par la questionner sur son bijou, qu'elle ne portait pas lors de son arrivée à bord. On devinait sa forme courbe si l'on suivait la plongée des anneaux dans le corsage de la jeune femme. S'en saisissant sans lui laisser d'avantage le temps de le contempler au travers de sa blouse, elle sorti d'entre ses seins ce qui semblait-être un gros médaillon.
« Tenez. » Lui dit-elle en lui remettant l'astrolabe. « C'est un présent de mon frère Oscario. Il est dit qu'il daterait de l'empire Nisétien, et voyez, le dragon représenté en son centre serait la représentation de ses origines dracéenes. » L'or de l'instrument était terriblement froid, bien que sommairement réchauffé par la poitrine d'Azénor.








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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeVen 22 Avr 2016 - 11:50

Toute en simplicité, Azénor d’Anoszia n’en restait pas moins une rosière particulièrement séduisante. Enrico appréciait particulièrement ce châle à sa taille, qui accentuait ses formes déjà arrogantes. Elle s’avança en direction de la table, et vers l’Amiral. Ce dernier se saisit doucement de sa main, déposant un baiser sur son dos. Après quoi, armé d’un mince sourire, il se saisit de deux coupes de vin, dont l’une tendue en direction de la Fleur de Velmonè. Avec un petit bruit de tintement, les deux récipients s’entrechoquèrent, rappelant par un son caractéristique qu’il s’agissait de verres en cristal. La phrase prononcée par Azénor amusa Enrico. Certes, à présent, elle s’envolait vers la liberté. Néanmoins, pour l’Amiral langecin, le terme ‘âme indépendante’ n’avait jamais eu si peu de véracité qu’en ces dernières ennéades. Son honneur avait été mis à rude épreuve maintes fois, et il voyait à présent la couleur de ses chaînes, contraignantes, mais volontairement conservées autour de ses poignets.

« Puisse cette liberté vous enivrer plus que le vin. »

Il gloussa doucement, avant de prendre une gorgée du liquide ambré. Il avait accordé le type de vin à leur dîner de ce soir, à savoir des fruits de mer. Il sourit.

« C’est un Hautvalois. Château des Corbins, douze ans. Je le gardais pour une occasion en valant la peine. Il me semble que c’était le moment approprié pour le sortir. »

Ils s’assirent à la table, qui avait l’avantage de ne souffrir aucun tangage. Les voyages sur le Garnaad étaient bien plus calmes que les périples sur l’Eris, il n’y avait aucun doute là-dessus. Ce n’était pas vraiment comparable, mais au moins, ni le mobilier, ni le couvert n’avaient été sortis en fonction du temps qu’il faisait. Adieu les verres culbutos, et bonjour aux véritables verres de vin en cristal ! Les coupes étaient moins chères et plus durables, mais Enrico était un puriste. Et l’ostensible n’était jamais désuet, dans pareille situation.

Le cuisinier servit les plats préparés par ses soins. De la poissonnerie fraîche, et des accompagnements qui donnaient l’eau à la bouche. Il laissa Azénor se servir la première, sa galanterie prenant l’ascendant sur sa faim. Une fois tous deux servis, ils commencèrent par goûter ce succulent repas. Si la truite était bien cuite, la perche, en revanche, semblait un peu plus sèche. Il demandé à ce qu’on rajouter une petite sauce sur le côté. Le dîner se déroulait très bien, propice à la discussion entre les deux mangeurs. La Fleur de Velmonè avait apparemment grande hâte de retrouver ses frères, et de voir Diantra. Enrico s’essuya le coin de la bouche avec une serviette.

« Je dirais qu’avec tous ces arrêts aux ponts du Duché de Garnaad, la traversée nous prendra un peu plus de temps… Peut-être bien une ennéade, dans le pire des cas. Nous pourrions gagner presque deux jours sans ces abominables contrôles. Parfois, j’aimerais rappeler à ces butors que je connais le Baron d’Apreplaine personnellement, pour qu’ils se calment. »

Enrico ricana, et prit une nouvelle gorgée de vin. Ils discutèrent ainsi de choses et d’autres, pendant toute la durée du repas. Azénor semblait apprécier le poisson, et le maître-queux, repassant ‘par hasard’ au milieu de leur dîner, poussa un fameux hourra, mais tout cela intérieurement. Au fil de leurs discussions, l’Amiral remarqua le bijou que portait Azénor. Intrigué, il lui avait demandé de quoi il s’agissait, tout en débouchant une autre bouteille. Elle sortit son médaillon d’entre ses seins, et ce que vit Enrico l’étonna au plus haut point. Était-ce bien une minuscule réplique d’astrolabe ? Surpris, il attrapa le bijou, encore tiède, entre ses mains, pour l’observer de plus près.

« C’est une réplique d’astrolabe… Inutilisable, puisque trop petit, mais rudement bien ouvragé. D’origine nisétienne ? C’est fort intéressant. C’est donc sûrement le plus vieil astrolabe que j’ai pu jamais tenir entre mes mains. »

Il sourit, reportant son regard sur Azénor.

« Votre frère me semble un homme de qualité, ma Damoiselle. J’ai toujours souhaité le rencontrer, afin que nous puissions partager le fruit de nos expériences mutuelles. A la place, j’ai eu le plaisir de rencontrer votre autre frère. Et de lui prêter serment. »

Il rendit le bijou à Azénor, attendant qu’elle puisse le remettre, tout en l’observant, pour continuer. Il pointa du doigt une armoire vitrée, dans laquelle plusieurs objets de navigation étaient entreposés, bien à vue. Il y avait un astrolabe, dans le lot.

« Voyez, j’en ai un aussi. Quoiqu’un peu plus grand, mais il faut bien pouvoir lire les gradations ! »

Il but une nouvelle gorgée, entrelaçant ensuite ses doigts et posant ses coudes sur la table.

« Vous m’avez l’air de vous intéresser à bon nombre de choses sur la marine, et sur la navigation, ma belle amie… Vous semblez très proche de votre frère Oscario, je me trompe ? »

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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeMar 26 Avr 2016 - 11:08





Une ennéade … Elle ne se serait pas imaginée la route si longue jusque la Capitale. Ses souvenirs d'enfance faussaient son jugement, l’exil de sa famille vers Diantra s'était fait dans l'empressement et l'agitation. Il était clair qu'un voyage paisible et en règle serait plus longuet. Tans pis, qu'avait-elle de mieux à faire après tout ? La belle avait toute la vie devant-elle pour s'inquiéter des temps de trajet.

« Vous êtes homme pragmatique, Messire. Du moins, vous savez vous entourer. » Lui fit-elle remarquer. « Que j'aimerais avoir autant de relations intéressantes ! Ma condition m'a trop longtemps privé de cela, je me languis de rencontrer de nouvelles influences ... »
Bientôt elle cesserait de se plaindre quant à ces années qu'elle considérait comme gâchées et profiterai pleinement de son émancipation.
«  Encore une fois, je vous fais confiance concernant nos facilités de passage, le seigneur important que vous-êtes doit pouvoir aisément montrer patte blanche. »
Elle se sentait assurément en très bonne compagnie auprès d'Enrico. L'homme dégageait cette aura rassurante, apaisante, lui rappelant par quelques fois son aïeux. Le côté loup de mer en plus. Détendue, elle s'oublia dans la boisson, savourant ces instants qui ne seraient plus.

L'Amiral examina avec attention le bijou. Elle se serait attendue à plus de surprise tant l'objet lui semblait rare et précieux. Il devait en avoir vu d'autres au cours de son existence, comme si plus grand chose ne pouvait faire s’écarquiller ces yeux gris.
« Je n'avais jamais songé à cela … J'ai beau connaître les instruments et leur usage, il est bien trop inusuel que je m'en serve. » Répondit Azénor, bougonne. « Si ce n'est point un réel astrolabe, cela reste un fort bel ornement ! » Repassant les chaînes autour de son cou délicat elle ne manqua pas de faire suivre le regard d'Enrico dans les chutes de son décolleté. Se retournant pour voir en la direction qu'il lui pointait ensuite, elle constata que l'outil possédait des dimensions bien moins décoratives pour être ainsi porté comme pendentif. « Celui là aurait effectivement bien du mal à se glisser dans mon corsage ! » Osa t-elle en riant aux éclats, déjà bien enivrée.

La soirée était bien trop belle pour qu'un sujet sensible ne vienne troubler son déroulement, le Suderon aurait du se douter qu'il jetterai un pavé dans la marre des mémoires de la demoiselle en la questionnant ainsi sur son frère. Se ressaisissant de sa réplique grivoise, elle s’efforça de ne pas trop se laisser submergée par ses émotions, exaltées par l'alcool.

« Oschide a toujours eu l'étoffe d'un grand homme, enfin.., d'un dirigeant. Qu'il soit devenu Duc ne m'étonne guère, c'était écrit. Pour les affaires qui vont concerne il est d'autant plus probable que vous ayez croisé sa route à lui … Oscario..... Oscario se veut aussi libre que le vent dans les voiles de ses navires. » Si la jeune femme n'avait de nouvelles de l'aîné de la fratrie, le cas de son acolyte était pire encore. Toujours en vadrouille, toujours absent, il était aussi insaisissable qu'un courant d'air, mobile comme un fugitif. Cela faisait longtemps qu'Azénor avait cessé de le chercher en vain. Elle finissait par se convaincre que les chemins se recroiseraient d'eux même.
« Vous vous entendriez à merveille avec ! C'est vrai. Il m'a beaucoup appris de sa passion dont il a fait profession aujourd'hui. Petite nous étions inséparables. Il nous arrivait souvent de prendre la mer rien que tous les deux, de nous enfuir aussi loin que notre modeste embarcation nous le permettait, de voguer au large. Que la fureur de père nous faisait rire ! Parfois nous partions juste pour le faire sortir de ses gonds, même plus pour l'ivresse des flots. »
Ces histoires la faisait sourire, c'étaient de si agréables instants que leur simple évocation lui mettait du baume au cœur. « Nous étions très proches en effet. Bien plus qu'avec Oschide d'ailleurs. Lui était plutôt notre protecteur, le dernier rempart avant le joug du patriarche Anoszia. Il a couvert nombre de nos expéditions et sauvé plus d'une fois nos joues de roustes bien méritées. »

Bien que repus, le chef désencombra la table des bouteilles et plats vides, remplaçant le tout par d'alléchantes corbeilles de fruits mûrs, d’assiettes de douceurs citronnées arrosées de miel. L'estomac plein de la belle en devenait douloureux devant tant de merveilles. « Vous me gâtez, Capitaine ! » S'exclama t-elle avant de saisir une poire si juteuse qu'elle en était luisante. « Nous réduirons à néant vos réserves si nous tenons ce rythme jusque notre arrivée. » Elle était délicieuse. «  Au sujet d'Oscario. Il est probable que vous le rencontriez à Diantra, Père m'a confirmé sa présence en appui aux forces d'Oschide. »

Elle avait bien trop hâte de poser pied à terre. Le dîner ne s’éternisa guère après le dessert, galant homme, Enrico accompagna Azénor jusque sa chambrée. Dehors il faisait nuit noire, le pont principal était à peine éclairé, cela était propice à l'observation des astres permettant de situer le bateau. Le gaillard d'arrière était quasiment désert quant il prit congé de la Fleur de Velmonè, lui souhaitant une belle nuitée avant de refermer doucement la porte de la cabine.
Azénor passa le jour suivant enfermée, ainsi que la matinée consécutive. En effet le vent s'était levé dès le lendemain, rendant l'accès au pont pour le loisir dangereuse. Ne préférant prendre aucun risque, le Seigneur di Montecale avait préféré contraindre la belle à rester à l'intérieur, le temps que le climat devienne plus clément. Aussi prenait-elle ses repas seule, Marco venant les lui apporter directement. Elle n'avait revu Enrico depuis l'invitation du premier soir et occupait ses journées avec la lecture de l'ouvrage que lui avait offert Judith d'Hardancour.
Où se situaient-ils à présents ? Avaient-ils bien avancé ? La traversée était incroyablement silencieuse, agréable constat pour se concentrer, bien qu'interrompu par l'écho sourd de sabots venant au loin. Trop curieuse pour être alarmée, et malgré le souffle violent qui lui secoua les cheveux lorsqu'elle se trouva à découvert, se tenant aux cordages et autres accroches sur son passage, Azénor se hissa vers le pont principal, cherchant des yeux les inopinés chevaucheurs de ces terres auparavant paisibles.
Pourvu qu'il ne soit rien arrivé à Mearas....
Son rapace devait être déjà reparti de Diantra, la tempête avait du le ralentir, ou pire encore, le perdre ...






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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeLun 9 Mai 2016 - 7:07

Enrico était debout sur le gaillard d’avant, ce matin-là. Le vent soufflait fort, et les rames glissaient toutes en rythme dans les flots, portant la barge à travers le Garnaad, toute en grâce et en beauté. A parler de grâce et de beauté, l’Amiral n’avait point voulu troubler celles de la Fleur de Velmonè, en lui demandant simplement de ne pas sortir de sa cabine. Le temps, en effet, n’était pas assez clément pour épargner sa chatoyante chevelure, et pire encore, elle pouvait attraper une méchante fluxion. Habitué aux grands vents, et plus encore aux tumultueux orages de l’Eris, la météo actuelle ne gênait pas du tout Enrico. Il étudiait le fleuve de long en large, repérant par ses méandres l’endroit exact où ils se trouvaient. Au loin, encore un pont. Enrico jura entre ses dents.

Le point de passage était le pont de Valmont-sur-Garnaad, un petit village tiraillé entre le fleuve et son affluent, la Valence. D’habitude calme et paisible, la localité avait l’air cependant agitée, sûrement à cause de l’arrivée incongrue d’une embarcation provenant du perfide Royaume de Sel, alors considéré comme un rival politique. Néanmoins, Enrico avait pris un soin tout particulier à afficher les pavillons de Langehack, plaçant volontairement celui des Lancrais un peu plus haut, et celui des Anoszia, un peu plus bas, dans l’espoir que les gens se focalisent moins sur les armoiries ydrilotes.

Arrivés au pont, ils furent arrêtés par des patrouilleurs. L’un des hommes, plus robuste que les autres, se présenta sur le petit viaduc, la pique à la main. Avec l’air le plus sérieux du monde, il demanda :

« Que peut bien faire un navire langecin en plein Garnaad, remontant vers la Cité de Diantra ? Savez-vous que vous traversez les territoires de la Ligue, monseigneur… hum ? »


L’estropié sudiste le détestait déjà. Il s’avança vers lui, avec une lettre de marque.

« Enrico di Montecale, Baron de Nelen et Amiral du Duché de Langehack. Vous êtes priés par la suivante de me laisser passer, en ma qualité d’ambassadeur de son Altesse Méliane de Lancrais, et de son époux Oschide d’Anoszia, au sein de la Cour du Roy Bohémond. Lisez bien, je suis censé passer sans que vous fassiez davantage d’histoires. »


Aucun sourire ne vint illuminer les traits du garde, qui attrapa la lettre en vitesse, pour regarder à l’intérieur. Il se mit à lire dans sa tête les phrases composant le document officiel, avant qu’un bruit de chevaux lancés au galop ne lui fasse tourner la tête, comme à toutes les autres personnes présentes. Un groupe d’une dizaine de cavaliers lourds se dirigeaient dans leur direction. Enrico ne reconnaissait presque jamais les blasons, sauf ceux du Sud. Ici, dans les anciennes Terres royales, il ne connaissait nul chevalier.

Les nouveaux arrivants s’arrêtèrent au niveau du poste de garde. Le chevalier de tête, un homme grand et austère, entre deux âges, et avec une mine à faire peur, amena lentement sa monture sur le pont. Le chef de la garde salua.

« Messire de Gisère ! »


Le cavalier arriva à sa hauteur, tendant la main. Le garde lui remit alors le document. Ce fut à ce moment précis qu’Azénor d’Anoszia choisit d’apparaître sur le pont. Enrico ne l’avait pas vue, plutôt occupé à étudier les moindres mouvements du nouveau venu. Sur le pont de pierre, le chevalier lisait calmement la lettre, grognant à la fin de sa lecture. Il croisa le regard de l’Amiral, et lui dit :

« Tout m’a l’air en ordre, votre Honneur. Et, le Baron d’Apreplaine vous transmet ses remerciements pour les plans de Syriac. »


Il releva la tête, pour apercevoir une jeune femme à la troublante beauté. Fasciné, il attarda son regard noisette sur la Fleur de Velmonè, captivé qu’il était par son visage angélique, sa longue chevelure ballotée par le vent, et les formes arrogantes qu’il devinait dans ses beaux vêtements. Armé d’un tout nouveau sourire, contrastant avec son habituelle austérité, le chevalier apostropha la fille du Dragon ;

« Par les Cinq… Quelle vision de perfection s’offre à moi aujourd’hui ! Il n’était point mentionné une telle beauté, dans la lettre que l’on m’a montrée… Cela pourrait porter préjudice à votre traversée sur le Garnaad, vous ne croyez pas ? »


Enrico se figea. Il regarda un instant Azénor, puis revint au sir de Gisère.

« Elle voyage en tant qu’invitée. Sous mon ordre. Elle n’a rien avoir avec l’ambassade langecine. »

Le chevalier resta silencieux, dévorant Azénor des yeux. Il sourit à nouveau. Son cheval piaffa.

« Bien. Néanmoins, souhaitez-vous déjeuner en Valmont-sur-Garnaad, mes seigneurs ? En tant que mon invité, je peux vous offrir ma table pendant quelques heures, qu’en pensez-vous ? La Damoiselle doit s’en trouver las de parcourir le fleuve à bord d’une telle embarcation, je me trompe ? »

Enrico regarda encore une fois Azénor, la questionnant du regard. Lui, voyait d’un mauvais œil les regards intenses du chevalier, et ne lui faisait pas non plus très confiance. Mais la décision était entre les mains de la délicate Fleur, et non réellement entre les siennes.
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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeLun 9 Mai 2016 - 21:03





Elle se trouvait déjà dehors lorsque le capitaine fit s'arrêter la barge. Ils mouillèrent au abords d'un petit pont, cerclant le passage vers le Garnaad-Nord. L'endroit semblait être un véritable carrefour des flots, imposant à quiconque s'y aventurait un contrôle inévitable. A cet endroit le fleuve se réduisait à sa plus maigre largeur et l'embarcation semblait avoir été conçue pour y glisser en frôlant les berges. A l'avant du navire, Azénor observait Enrico échanger ses laisser-passer à l'un des gardes  qui avait peu d’efforts à faire pour atteindre l'homme et ses papiers.
L'écho sourd qui l'avait fait quitter sa cabine, que l'on ne distinguait guère plus une fois à l'extérieur, reprit dans un fracas digne d'un orage. Venant de l'Est de leur position, un escadron de cavaliers s'approchait, lancés au grand galop. La jeune femme profita de cet instant pour se placer complètement à découvert, mais aussi de façon à mieux assister à la rencontre. Le groupe ne mit que peu de temps à atteindre l'ouvrage et s'arrêta au niveau du poste de garde, l'homme de tête venant mettre pied à terre et s'approcher du guet faisant face au bateau.

La belle lorgnait la scène avec détachement, ne sachant ni pouvant être utile dans ce genre de situation. Aussi elle ne réagit pas de suite quant le seigneur s'adressa directement à son égard, laissant d'ailleurs au Grand Amiral le loisir de rétorquer tout de go qu'elle convoyait comme invitée à ses côtés. Ses louanges filaient comme des bourrasques, Azénor n'avait même pas pris la peine de soutenir le regard du personnage, préférant chercher des yeux quelque réconfort, quelque réponse, dans les prunelles du Suderon. Pourquoi était ce à elle de prendre telle décision ? Elle n'avait pas l'habitude qu'on lui demande son avis, encore moins qu'on le considère avec attention. On lui offrait l'opportunité de choisir, de faire à sa convenance, elle en était toute chamboulée.

Le plein pouvoir entre ses mains, elle laissa un silence s’installer. Juste le temps de parfaire son effet. Un signe du chef en direction de son compagnon soutenait ses paroles qu'elle se forçait à rendre intelligibles pour tous. « Votre sollicitude vous honore, monseigneur. Le trajet est en effet épuisant, du moins, nous n'avons point grand chose à faire qu'admirer le défilé des terres du Garnaad, cela je dois l'avouer, m'épuise tant je demeure inactive. Nous acceptons votre aimable proposition. Laissez-nous quelques instants pour préparer notre ancrage et vous rejoindre sur la terre ferme. »
Tandis qu'elle finissait sa phrase, elle avait rejoint le capitaine sur le gaillard d'avant. La troupe semblait disposée à attendre le temps nécessaire, le seigneur s'en était retourné auprès des siens.
« Cela nous retardera t-il ? » Questionna la belle avec intérêt. Se demandant encore si c'était là une erreur d'interrompre leur avancée. « A quoi bon réfuter une intention si bienvenue, je meurs de faim et nous avons déjà beaucoup amoindri nos réserves. Laissons des hommes de confiance garder le navire et honorons son invitation avec d'autres. Dravan et Talvar nous accompagnerons. Je reviens au plus vite, le temps de revêtir tenue plus convenable. » Enchaîna l'Anoszia sans demander son reste.
Elle portait encore ses éternels accoutrements de voyage, à présent poisseux et guère plus saillants. Une si honorable sollicitation méritait un habit de circonstance, si elle avait une idée derrière la tête, elle n'en désirait pas moins être pomponnée au mieux. La défroque la moins compliquée à enfiler seule lui suffit, quelques ajustements capillaires, une once de fragrance de jasmin d'Estrévent dans le cou et sur les poignets, puis elle retrouvait Enrico. Ses hommes l'attendaient déjà à ses côtés. « Allons-y, je suis prête. » Annonça Azénor en s'approchant de l'appontement de fortune dressé pour l'occasion.
La belle attrapa la douce main que le seigneur lui tendait pour la diriger vers la rive.
« Beotar de Gisère, Ma Dame, enchanté de constater que vous rayonnez plus encore à moindre distance, force m'est de remarquer que votre intrigante beauté m'aveugle quelque peu. A qui ai-je donc l'honneur ? »
Un sourire plus tard elle minauda, une fois les deux pieds foulant le sol. « Allistéria de Lancrais, messire. Soeur de son Altesse la Duchesse de Langehack. »

Si elle avait retenu un conseil donné par son père à l'aube de son départ, c'était la valeur de la peau d'un Anoszia.






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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeSam 21 Mai 2016 - 12:21


Enrico n’était pas très à l’aise à l’idée de retarder son voyage. Qui plus est, en compagnie d’une sorte de chevalier de pacotille qui, parce que son seigneur lui avait octroyé une petite maison en bordure de Garnaad, pensait être quelqu’un d’important. En réalité, il avait regardé la Damoiselle d’Anoszia en espérant qu’elle dise non. Mais elle ne semblait pas avoir interprété son regard comme cela, vu qu’elle accepta de bonne grâce. Il aurait peut-être dû être plus explicite, mais bon… Ce qui était fait était fait. Et le chevalier était ravi. Une lueur dans le regard, il avait invité Azénor et les autres, qui lui semblaient plus accessoires, à venir manger et boire chez lui. Enrico avait haussé les épaules.

« Cela ralentira notre voyage, Damoiselle, ça ne fait aucun doute. Mais, si vous souhaitez honorer l’invitation du sir de Gisère, alors, allons-y. »


Elle était partie se changer, alors qu’Enrico, lui, avait préparé l’amarrage complet du Dauphin. Il avait également donné quelques ordres dans l’oreille de son bosco, Raymond. Il ne laisserait ren au hasard, surtout sur les terres de la Ligue, et même si le Baron d’Apreplaine faisait partie de ses relations. Le Suderon ne s’était pas changé, et de toute façon, ses habits ne manquaient aucunement de classe, comme à son habitude. Il avait gardé sa rapière au côté, et la seule chose qu’il avait changée était son ceinturon. Il avait préféré prendre le nouveau, celui qu’il avait fait faire par un artisan de Soltariel, après avoir appris pour son élévation au rang de baron. C’était un ceinturon en cuir d’excellente qualité, et avec une boucle d’argent ornée de son blason, le homard. Fringant comme à son habitude, il était prêt.

Ils avaient quitté la barge, Azénor et ses deux hommes de confiance avec elle, tandis qu’Enrico avait fait appeler Marco Solomeo, son premier bucellaire, pour l’accompagner. Il voulut conduire lui-même Azénor, et fut fort énervé de voir que le chevalier apreplainois l’avait devancé, tout en lui sortant des compliments. Jalousie ? Ou simple mépris ? Il n’en savait rien. En revanche, il restait sur ses gardes. Il fut d’ailleurs particulièrement soulagé de voir que la Damoiselle ne donnait pas son véritable nom. Elle était prudente, et cela lui servirait sûrement très bien dans l’ancienne Capitale. A l’entente de son nom, le sir Béotar avait hoché la tête en écarquillant un peu les yeux.

« La sœur de la Duchesse ? Alors vous êtes une invitée de marque bien plus importante que je ne le pensais, belle Damoiselle ! Venez, suivez-moi. Vous devez être affamée. »


Enrico tiqua, mais ils continuèrent leur marche en direction de Valmont-sur-Garnaad, où déjà une maison un peu plus grande que les autres se découpait à quelques encablures des maisonnées principales. C’était une grosse masure, au style résolument dénué d’art et de fioriture. En somme, un endroit spacieux et plus grand que les autres propriétés du village, mais pas réellement plus beau. Marco Solomeo intima à Enrico :

« Il accueille une sœur de Duchesse, mais il méprise un Baron. Dois-je le faire remarquer ? »

L’Amiral fit non de la tête.

« Je n’en ai rien à faire. Mangeons vite, puis filons de cet endroit. De toute façon, l’Apreplaine n’est pas reconnue pour ses grands plats. »

Enrico mentait un peu. Il gardait plutôt un bon souvenir de la nourriture qu’il avait ingérée chez le Baron Niklaus. Néanmoins, le fief d’Altenberg n’avait pas grand-chose avoir avec celui du chevalier de Gisère. Ils pénétrèrent dans la bâtisse, accueillis par un vieux serviteur dont le dos courbé donnait presque envie de rester jeune éternellement. Béotar avait claironné :

« Bienvenue en ma maison ! Ce n’est pas un palais langecin, mais il y fait bon-vivre en été. Régis ! Fais préparer la table ! »

Le vieillard aquiesça, claudiquant vers les cuisines. Gisère avait conservé avec lui deux hommes pour manger. L’un était le chef des gardes qu’ils avaient rencontré sur le pont, et l’autre était un jeune inconnu, qui était déjà dans la maison lorsqu’ils étaient entrés. Il était pâle, maigrichon, et sortait sans aucun doute de l’adolescence. Mettant ses grosses mains fermes sur les frêles épaules du jeune homme, Béotar clama :

« Voici mon plus jeune fils, Emile. Plus un homme de lettres qu’un homme d’armes. Néanmoins, j’ai grand espoir d’en faire quelque chose d’autre qu’un archiviste ! »

Le jeune garçon souffla, se détachant de derrière la silhouette paternelle. Il n’avait d’yeux que pour Azénor, cependant, qu'il salua non sans une certaine timidité. Enrico, quant à lui, fit un pas en avant.

« Combien de temps resterons-nous ? »


Le chevalier tourna son austère visage vers lui.

« Je ne sais pas, votre Honneur. Nous mangerons du pâté. Je ne sais trop si la Damoiselle a fort appétit ou non. N’ai-je pas raison ? »

L’Amiral sourit. Il n’aimait décidément pas ce Béotar de Gisère, et sa façon de lui parler. Néanmoins, il hocha la tête, et regarda Azénor.

« Du pâté. Cela vous convient-il, Damoiselle de Lancrais ? »

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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeLun 23 Mai 2016 - 20:37





Enrico était resté impassible devant son subterfuge. Intérieurement elle aurait aimé percevoir une réaction, jauger la justesse de son intention. Rien. Dire qu'elle était à deux doigts de créer plus grande surprise encore, et de se faire passer pour Méliane elle même ! Cela aurait évidement rendu la parade plus risquée qu'ingénieuse, la raison avait aidé son imagination à trouver moyen plus réaliste. « Vous vous méprenez, Messire. Je n'ai rien d'une hôte de marque, aussi recevez nous simplement comme des nobles de passage en votre aimable territoire. »

Sur les talons du Chevalier, ils empruntèrent la piste la plus septentrionale. Ils n'eurent nul besoin de crapahuter bien longtemps, à peine s' étaient-ils éloignés de la barge que les toits de moult bâtisses se dressaient dans ce paysage si désespérément vide. « Voici Valmont-sur-Garnaad, Ma demoiselle. Ici est mon fief, au nom de notre respecté Suzerain, Son Altesse Niklaus d'Altenberg. » Le plus imposante des construction était évidement sa demeure, dans laquelle pénétra la troupe. L'homme ordonna que l'on prépare une tablée, destinée à sustenter les huit convives de ce repas improvisé. Outre le seigneur des lieux et son capitaine des gardes ,qu'Azénor venait tout juste de rencontrer, un autre garçonnet inconnu au bataillon était à compter parmi les invités. Avant que quiconque n'ai le temps de s'interroger quant à son identité, Béotar le présenta comme un de ses fils. La belle se contenta d'un mouvement du chef pour le saluer en reportant son attention sur son camarade qui prenait la parole.

« Du pâté. Cela vous convient-il, Damoiselle de Lancrais ? » Lui demanda le Suderon avec comme une pointe d'ironie. Sa question était-elle réellement sérieuse ? Elle avait beau savoir que jamais il ne se permettrait la moindre moquerie, la jeune femme ne put réprimer un hoquet narquois. « Quelque chose ne va pas ? » S'inquiéta tout de go Gisère, prompt à s’immiscer entre les moindres signes de complicité de ses visiteurs. « Mes excuses, Messire. C'est que le voyage m'a aussi donné grand soif. Je suppose que vous avez quelque nectar pouvant s’accommoder avec votre pâté ? » Se retournant vers le Grand Amiral elle enchaîna. « Pour tout vous avouer, c'est loin d'être une spécialité Langecine. » Elle appuya sa réplique d'un battement de cil futile.
Les commensaux prirent place autour d'une large console emplissant tout l'espace, rejoints peu après par le dénommé Régis apportant avec lui la ripaille. Les grands plateaux qu'il soupesait proposaient un large choix de terrines et autre mortier de chair dégageant une effluve délicieuse.
« Pose ça là, Régis. » Ordonna le maître de maison en désignant un coin dégagé de la surface. « Et apportes nous ce petit moût d'Apreplaine, tu sais, celui que l'on sermonne de compliments. »

Un autre domestique jusqu'alors plongé dans l'obscurité du fond de la pièce entreprit de charger les assiettes et vider  le principal contenant. Des bruits de bouteilles venaient de la loge attenante qui devait être une sorte de cellier. « Ainsi, nous partageons le sel en mon seuil. » S'exclama le Gaarnois en saisissant une grosse miche et en la rompant d'un coup sec. « Et bien, je suis curieux de savoir ce que vous faisiez par chez nous, remontant ainsi le fleuve. Parlez-donc. »
Ce pâté dont ils avaient fait un foin était exquis. Dans toute cette mascarade son aveu était véridique ; c'était la première fois qu'elle en goûtait. L'expérience était agréable. Ne sachant à qui l'homme s'adressait, la belle se retint de répondre avant qu'il ne l'interpelle. « Mademoiselle...de Lancrais ? »

« Oh, heu, oui... Pardon. » Se résonna l'Anoszia en finissant sa bouchée. Cherchant l'appui d'Enrico des yeux, elle s'attela à répliquer sans trop en dévoiler. « Nous comptons rejoindre Diantra, Messire. Où mon beau-frère, Son Altesse le Duc, nous attend. Il est ensuite probable que nous reprenions la route vers Langehack. »
Bizarrement, l'hôte ne semblait prêter attention à son repas, peut-être était-il trop absorbé par les hésitations d'Azénor. Il se mit à sourire avec une malice non dissimulée. « Voilà qui est somme toute, assez logique ! Quelle autre direction prendre en ce sens des eaux ! Je vous demandais plutôt, d'où vous veniez. » Presque imperceptiblement, son ton se faisait plus âpre.
« Et bien... plus bas, oui, un peu plus ...au sud d'ici ... »

« Vous savez, Allistéria. » L'interrompit-il sans ménagement. « Je suis peut-être qu'un petit membre de la noblesse. Un modeste chevalier avec quelques parcelles sur lesquelles répandre ma suprématie, mais je suis bien loin d'avoir la tête vide. Malheureusement pour vous et votre éhonté mensonge, je suis très familier de la lignée de Lancrais, voyez donc. » Un claquement de doigts fit apparaître une silhouette dans une embrasure, presque comme si cela avait été prémédité.

« Je vous présente mon épouse, Auphédia de Lancrais. Cousine éloignée de la Duchesse Méliane. » Il se leva brusquement en les incendiant du regard. « Je ne tolérerai autre fourberie en mon domicile ! Qui êtes-vous ? »






Dernière édition par Azénor d’Anoszia le Jeu 30 Juin 2016 - 8:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeDim 29 Mai 2016 - 16:55

Du pâté. Du moût et du pâté. Certes, tout cela n’était pas mauvais, voire bon. Il n’y avait pas lieu de se plaindre, sinon dès lors qu’il s’agissait des plaintes d’un Suderon. En l’occurrence, deux Suderons. Néanmoins, passées les petites complicités, battements de cils et hoquets narquois, apparemment imperceptibles pour l’hôte de maison, le dîner avait continué sans grande interruption. Menue conversation se déroulait entre les participants, lorsque Béotar posa une question sur leur venue en ces terres. La raison était simple, serait-il si lent à comprendre ? Enrico lui avait donné une lettre de marque. Peut-être n’avait-il pas pris le temps de se demander pourquoi il avait un laisser-passer, ou pour quelle raison il traversait ainsi le Garnaad… S’essuyant doucement la bouche avec une serviette, le Baron répondit après Azénor, avec une pointe de condescendance pour l’hôte :

« Allons, chevalier. Réfléchissez un tant soit peu… La lettre explique que nous sommes une ambassade langecine. Que faisons-nous donc sur le Garnaad dès lors, à votre avis ? »

Mais ce qui intéressait le chevalier de Gisère, c’était leur origine. Enrico arqua un sourcil. S’ils avaient remonté le Garnaad, c’était qu’ils venaient du Sud… A quel jeu jouait-il ? Essayait-il de trouver des sujets de conversation bancals ? Il avait à présent ce sourire faux qu’Enrico détestait voir sur le visage d’un noble. Il préparait quelque chose, ou attendait quelque chose. Il fallut néanmoins qu’il parle de ‘mensonge éhonté’ pour qu’il ait la puce à l’oreille. Plissant les yeux, le Suderon regarda Béotar expliquer sa familiarité avec la famille Lancrais. Enrico regarda Azénor, qui ne semblait plus très à l’aise. Puis, dans l’embrasure de la porte apparut une femme, désignée par le Gisère comme étant Auphédia de Lancrais, une cousine, sûrement éloignée, de la Duchesse. Enrico croisa les bras, appuyant son dos contre la chaise.

Lorsque Béotar se leva, furibond, le Baron de Nelen, lui, perdit son air neutre, la remplaçant par une expression mauvaise et mécontente. Pour qui se prenait-il, lui, chevalier de bas étage ? Savait-il à qui il s’adressait ainsi ? Marco Solomeo avait déjà une main sur sa garde, mais Enrico, lui, se leva également, faisant face au sieur de Gisère en lui témoignant tout son mépris en un regard. Il dit alors d’une voix forte et autoritaire :

« Baissez d’un ton, chevalier. Vous parlez ici à une dame avec plus de sang bleu dans les veines que dans la moindre de celles de vos ancêtres ! Et face à vous se trouve le Baron de Nelen, alors un peu de respect, petit noble, et laissez-moi vous expliquer clairement ce que nous faisons ici ! »

Il passa derrière sa chaise, la poussant contre la table. Il savait que c’était une mauvaise idée d’être venu ici… Mais soit.

« Devant vous se trouve Azénor d’Anoszia, fille du Régent d’Ydril et du Vicomte de Calozi, sœur du Duc de Langehack, lui-même mari de la cousine de votre femme. Alors gardez-vous de la traiter comme n’importe qui. Quant à moi, j’ai toute la confiance d’Oschide d’Anoszia pour lui amener sa sœur depuis le Sud jusqu’auprès de lui, et je ne laisserai personne se mettre en travers de ma route et de mon devoir. »


Il plaça sa main sur la garde de son épée, furtivement.

« Alors s’il vous venait à l’idée de faire quoi que ce soit, je vous préviens, Béotar. Même votre Duc du Garnaad, ou votre Baron de l’Apreplaine, qui se trouve également faire partie de mes connaissances, ne pourra vous sauver de mon courroux ou de celui de mon suzerain, s’il venait à se passer quoi que ce soit de stupide, ou de dangereux. »


Marco Solomeo essaya de faire le contact avec les yeux de son ami et suzerain, mais Enrico avait le regard braqué sur Béotar, cherchant à connaître sa réaction.
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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeSam 2 Juil 2016 - 20:11






La riposte du Grand Amiral laissa Azénor bouche-bée. Tandis qu'il répliquait avec véhémence aux changement de ton de leur hôte, elle s'attendait à tout moment à voir la précaire accalmie se briser. Les traits du seigneur de Gisère se déformèrent en une grimace tragique, sans pour autant qu'il ne daigne lancer l’assaut. A la surprise générale, l'homme entreprit même de temporiser la rogne affirmée du Suderon.
«  Monseigneur Di Montecale. » Bafouilla t-il en se redressant. « Loin de moi l'idée de vous faire sortir de vos gonds ! Comprenez-moi, je vous prie. Aussi modiquement noble soit ma maisonnée, c'est l'aigreur de me sentir ainsi pris pour une bourrique qui a dicté mes accusations ! » La tablée resta inerte, pendue aux lèvres de l'individu qui d'un pas théâtral s’avançait vers une des ouvertures de la pièce. « Sans remettre en doute vos présentes révélations … Votre courrier ne saurait être seul gage de vérité, il n'est plus rare de croiser quelconque canaille pourvue des bons vélins. On voit de bien drôles convoyer en Apreplaine et si je puis au mieux préserver mes gens des menaces de la région, je me réserve un droit de regard sur qui sillonne mes frontières. »

Bien que moins échauffé, Enrico semblait prudent devant les explications du chevalier. Pour toutes les raisons du monde, légitimes ou non, il pouvait tout de même se sentir injurié par le manque évident de discernement dont ce type avait fait preuve. Sentant que ces paroles n'amoindriraient en rien la tension ambiante, la jeune femme anticipa la réaction de son acolyte.
« Voyons, messires. Cessons ces chamaillis futiles ! Qu'importe d'où nous venons, la dignité de notre sève ou l'importance de nos titres ; nous partageons ce jour le pain et le sel d'égal à égal, nous ne devrions nous quereller de la sorte. » Elle adressa au Baron de Nelen une œillade appuyée, tout en confiance et tendresse.
« En mon nom, je vous présente de sincères excuses, Messire de Gisère. Pour avoir eu l'audace, la bêtise même, d'envisager vous abuser d'un piètre artifice. Peut-être ne devrais-je point avoir crainte de me révéler au grand jour, cela me servira certainement de leçon. Pour l'heure, trinquons à cette rencontre imprévue ayant fait germer les graines d'assurance dont je manquais cruellement. »

La belle leva délicatement son verre, bientôt timidement suivie par d'autres convives. Seuls le capitaine du Dauphin, son banneret Marco Solomeo et Béotar ne répondirent pas à l'appel.
« Vous ne devriez pas vous réjouir avec autant de désinvolture, Mademoiselle d'Anoszia. Même entourée par la garde rapprochée la plus loyale et devouée – Dit-il en regardant Enrico avec insistance – vous demeurez une alléchante proie. Oh certes oui, votre engeance est honorable, mais bien trop nombreux sont ceux qui priveraient avec plaisir ce vieux bougre d'Arichis d'un de ses maints mouflets. »
Son avertissement avait quelque chose de menaçant.





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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeMer 6 Juil 2016 - 10:18


Voir Béotar chercher ses mots en creuses excuses soulagea un tantinet Enrico. Il n’aurait peut-être pas besoin de croiser le fer dans cette maison, après tout. Avec les gens de son espèce, il était toujours bon de rappeler les rangs de chacun, et ce que cela impliquait. Bien évidemment, le chevalier apreplainois ne put s’empêcher de jouer la carte de la défense de son peuple. Il aurait donc été bien mieux qu’il se tienne tranquille, s’il avait réellement voulu être encore utile à son peuple. Car face à l’affront, Enrico ne répondait que par l’épée. Question d’honneur. Et de l’honneur, il en avait beaucoup. Il fit signe à Marco de rester sur ses gardes, lorsque la Fleur de Velmonè s’interposa pour couper court à tout discours que pourrait reprendre le Baron de Nelen.

Ses paroles se voulaient pacifiques et réconciliatrices. Néanmoins, Enrico n’était pas d’accord avec les excuses qu’elle présentait ainsi à Béotar de Gisère. Après tout, elle était fille de vicomte, elle n’avait nul besoin de s’excuser auprès d’un chevalier rustique qui tentait de prouver l’autorité sans partage qu’il exerçait sur le plus petit village de la Péninsule. Au moins, l’intention était louable, faire baisser la tension pour éviter une effusion. Lorsqu’elle leva son verre, pourtant, Enrico ne suivit pas, voyant que le Gisère ne levait pas non plus le sien. Une sorte de froid intense régnait sur la ligne droite entre leurs regards. Froid glacial entretenu par les derniers propos de Béotar. Là, c’en était trop. Enrico prit la menace avec un grand sérieux, inspirant d’un air grave.

Le Baron de Nelen se décida à lui aussi faire une menace, tout en faisant un affront à Béotar. Il dégaina sa belle rapière, suivi en un éclair par Marco Solomeo, qui affichait à présent un air déterminé. Enrico voyait bien que Béotar était extrêmement outré par ce geste provoquant.

« Si l’heure est aux menaces, petit chevalier, je peux également m’y prêter. Laissez-nous partir, tous, et profitez de la clémence qu’il me reste, ou subissez mon courroux pour avoir osé porter la main à mon encontre et à celui de Damoiselle Azénor. Jusqu’ici j’ai défait tous mes ennemis, si bien qu’il n’en reste aucun pour témoigner de mon habileté au combat. Ne vous laissez pas leurrer par la jambe de bois. Vous sentez-vous chanceux aujourd’hui, Béotar ? Sincèrement, vous sentez-vous chanceux au point d’oser croiser le fer avec moi ? »

Le sieur de Gisère devint un tantinet rouge, et dégaina lui aussi son épée, suivi dans son mouvement par le chef des gardes, et par le jeune Emile, qui sortit une dague, peu sûr de lui. Le chevalier tonna :

« Vous osez prendre les armes dans ma propre maison ?! Odieux personnage ! Posez-les immédiatement, ou il vous en coûtera ! »


« Oh ? Il m’en coûtera ? Je préfère prendre les paris sur ma personne plutôt que sur votre maigrichon de fils et votre fiotte de garde ! »


Marco s’était assuré qu’Azénor soit bien placée derrière son garde du corps, lui aussi épée au clair. La tension était à son comble, et on entendait déjà des serviteurs affolés échanger des phrases dans les cuisines. Les femmes avaient reculé, et lorsque Béotar et Emile avaient regardé un instant en direction d’Auphédia, Marco n’hésita pas. Réduisant la maigre distance entre lui et le benjamin des Gisère, il le surprise en l’attrapant par l’épaule, et en plaçant sa lame sous son cou, lui faisant lâcher et sa dague, et un couinement plaintif dans le même temps. Béotar écarquilla les yeux. Enrico, quant à lui, sourit, et fit un hochement de tête entendu à son ami et banneret.

« A présent, messire de Gisère, j’ai la main pour négocier. Si vous souhaitez revoir votre fils autrement qu’en cadavre souillé de sang, je vous ordonne de me laisser partir, moi, mon ami, la Damoiselle et son garde. Une fois sur le bateau, nous relâcherons votre fils, pendant que vous resterez tout du long à l’intérieur de la maisonnée. »


Il fallait bien éviter qu’il ne crie un malheureux ordre à la garde encore sur le pont…

« Alors, chevalier. Marché conclu ? »

Marco appuya un peu plus sa lame sur le cou d’Emile, qui plissa encore plus les yeux, alors qu’un mince filet de sang descendait déjà le long de sa gorge.
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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 20:24





Hissez les Voiles!

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La trogne du chevalier se décomposa devant l'intolérable scène se jouant sous ses yeux. Pour peu on aurait dit qu'il était à deux doigts de la syncope, prompt à lâcher prise et libérer sa conscience affolée. Blanc comme un linge, tremblotant de tout son être, il semblait réfléchir à sa prochaine réaction. Oserait-il encore affronter le Baron de Nelen ? S'il agissait ainsi, cette fois il ne pourrait éviter la lutte.

« Mmm...M.mM .Mmonseigneur … » Bégayait-il en pleurnichant lamentablement. « Ayez pitié, ce n'est qu'un pauvre enfant. Quel homme seriez vous à menacer ainsi un père avec sa progéniture ? Prenez-moi à sa place, laissez le en paix, je vous en conjure. »
Sa demande avait de quoi être touchante, lui qui insistait tant sur la corde familiale pour faire faiblir l'intransigeant. Si elle récusait ce genre de violences, la jeune femme ne réagit que promptement aux – malheureusement pour lui – ironiques propos du Seigneur de Gisère.
« De qui vous moquez-vous donc, Béotar ? » S'emporta Azénor qui sortait de l'ombre de Marco. « Vous m'avez menacé en de mêmes termes, et vous osez implorer notre clémence ? Fou que vous êtes ! Vous mériteriez tous sort encore pire que le fil de l'épée pour nous avoir insulté de la sorte ! Tous ! Maintenant répondez à Messire le Baron, acceptez vous notre offre ? »

Tout en s'exprimant elle s'était approchée de son compagnon, tenant toujours le garçonnet qui avait à présent cessé de geindre malgré la douleur de sa plaie naissante. Son sort avait encore quelques minutes de répit avant de définitivement se sceller. Elle ne connaissait les limites de la patience de son acolyte, mais quelque chose lui disait qu'en cet instant elles seraient très vite surpassées. « Je.... » Amorçait Béotar entre deux spasmes larmoyants.

« P...père, ...Ob..Obéissez. » Objectait le jeunôt emporté par une fougue désespérée. « … Les ga...gardes du pont me ramèneront à la mm..maison, une fois que tout ça sera ...f..fini. »
Tous échangèrent des regards inquisiteurs, le lardon avait décidément bien plus de trempe que son paternel ! Était-ce là encore ruse destinée à les piéger ? Aussi stupéfait que les autres témoins de l'acte de bravoure de son rejeton, l'homme rangea néanmoins son glaive et hocha du chef. « Bien .. bien .. Mais ne faites point de mal à mon petit … S'il vous plaît .. »
Dégageant un morceau de parchemin de sa poche, il rédigea quelques mots à l'intention des soldats du passage fluvial, puis le tendit à Enrico. « Voilà, t..tenez. »

Sans remerciement aucun Azénor attrapa le papier et tourna le dos à l’assistance. « Allons. Nous avons perdu assez de temps à batailler quant à notre façon de regagner la route. Que les cinq protègent votre foyer mieux que vous ne vous en assurez, Messire de Gisère. »
La troupe quitta la bâtisse et ils entamèrent le chemin en direction de la barge. Le Grand Amiral avait laissé le soin à son banneret de prendre en charge le gamin. L'Anoszia en profita pour lui glisser quelques mots tandis qu'ils convoyaient. « Enrico, puis-je savoir ce qu'il vous est passé par la tête ? »





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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeMar 2 Aoû 2016 - 11:50

Alors qu’ils sortaient avec l’otage, qui avait prouvé qu’il était plus intelligent que son père, Enrico pestait intérieurement. Quelle façon peu honorable pour lui de s’en sortir ! Pourtant, il le fallait. Il n’y avait pas vraiment que son honneur en jeu. Il y avait plus important. Il jeta un regard à Marco Solomeo, dont le surin reflétait la lumière du jour alors qu’il était posé sur la gorge pâle du fils Gisère. Il entendit Azénor lui parler. Il la regarda, mais ne lui répondit pas tout de suite. Il préférait attendre d’être sur le bateau. C’était beaucoup plus sécuritaire, et approprié à une discussion. Ici, il fallait être aux aguets, car déjà les gardes du pont se préparaient à les accueillir comme il se devait.

Arrivés devant l’entrée de la barge, un garde isolé s’était posté devant l’embarcation, bras croisés. Enrico se dirigea vers lui d’un pas ferme. Le garde amorça une phrase, mais il n’eut pas le temps de la commencer pleinement qu’un poing vif s’écrasa sur son nez, l’envoyant en arrière. Les autres gardes s’armèrent de hallebarde et voulurent faire un pas en avant. C’est là que Marco laissa bien en vue le fils du sieur Béotar, lame sur le gosier, et transpirant de peur. Les pandores s’arrêtèrent sur le coup, le capitaine levant une main autoritaire en l’air. Enrico lui lança alors le papier que lui avait donné le chevalier du Médian, et l’officier s’en saisit promptement. Parcourant nerveusement les maigres lignes de la lettre, il releva finalement son visage vers Enrico, plissant les yeux. Finalement, il se tourna vers ses hommes.

« Laissez-les passer. Et préparez-vous à intercepter sire Emile lorsqu’il sera relâché. »

Enrico acquiesça, faisant passer tout d’abord Azénor et son garde.

« Laissez vos arbalètes bien sur le pont. »

Déjà, à l’intérieur de la barge, des hommes sortaient, armés mais au repos. Des hommes équipés d petites arbalètes et d’arcs courts, prêts à tout pour dissuader les hommes du Médian de tirer flèche ou carreau. Le Baron de Nelen monta à bord, faisant un signe de tête à Marco. Comme convenu, alors que les cordages d’amarrage étaient défaits, l’homme à tout faire d’Enrico poussa le jeune garçon dans l’herbe, rangeant son couteau pour se mettre à l’abri. Car dès lors que le fils Gisère eut touché le sol, les gardes empoignèrent leurs arbalètes. Il fallut seulement aux hommes présents sur la barge de pointer les leurs pour que les gardiens du pont soient dissuadés de tirer.

Le navire avançait paresseusement en direction de Diantra, et le pont s’éloignait déjà, alors qu’Enrico voulait s’entretenir seul à seul avec Azénor. Il ne lui avait pas répondu, après tout. Et elle avait plusieurs choses à savoir. Dans sa cabine, le Baron regardait la carte du fleuve, et savait qu’il restait encore deux ou trois ponts, mais que le prochain arrêt se ferait sans nul doute sur le territoire de Caïssa ou de Missède. La porte s’ouvrit alors, laissant passer la jeune demoiselle. Enrico releva alors la tête, et contourna son bureau pour venir se planter devant la Fleur de Velmonè. Son timbre de voix était sérieux, et d’une certaine façon, un peu plus froid que d’habitude.

« Vous m’aviez demandé ce qu’il m’était passé par l’esprit, alors que nous marchions hors de la demeure de ce pseudo-chevalier. Je répondrai qu’un certain nombre de pensées me sont passées par la tête, durant toute cette aventure. Pourquoi avez-vous donc accepté qu’un seigneur inconnu, d’un pays en guerre avec le Royaume, puisse vous inviter chez lui sans que cela ne vous paraisse dangereux ? Ou encore, pourquoi avez-vous cru que l’on pouvait faire confiance à tel homme, dont le sourire transpirait l’hypocrisie, et dont le comportement était celui du renard et du loup ? »


Il se calma un instant, regardant Azénor dans les yeux, prenant l’une de ses mains dans les siennes.

« Je ne suis pas en colère après vous, croyez-moi bien, ma douce amie. Mais sachez qu’au dehors de cette barge, de par le vaste monde, les hommes ne sont pas tous honorables. Ni d’un bon fond. Néera nous a créé tous différents, avec notre part de bonté et notre part de méchanceté. Béotar de Gisère s’est avéré être un homme faisant bien peu cas de l’honneur. Il était prêt à vous séquestrer. Et cela, je ne pouvais pas le laisser faire. »


Il soupira.

« Voilà ce qui m’est passé par la tête. Votre sécurité avant tout. Votre père aurait sans doute approuvé mes actions. Azénor, vous ne pouvez pas explorer la Péninsule sans vous armer de votre prudence. C’est capital. Vous êtes la fille d’un homme influent. Des gens peuvent toujours chercher à l’atteindre par votre biais. »

Il regarda sa main. Il s’était un peu ouvert une jointure, après avoir fracassé le nez et l’arcade sourcilière du garde arrogant…
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Azénor d'Anoszia
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MessageSujet: Re: Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale   Hissez les Voiles! | Enrico di Montecale I_icon_minitimeMar 2 Aoû 2016 - 18:59





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Si son compagnon avait ignoré ses derniers mots fureteurs, l'Anoszia savait qu'ils ne resteraient sans écho. Pour autant, son empressement la laissa renfrognée. Laissant le le Grand Amiral Langecin conduire la suite des opérations, la belle se détacha, boudeuse, du reste du groupe. De petits pas courroucés venaient la faire gambader à la suite de la troupe.
Arrivés devant leur embarcation, ses abords évidement pris d'assaut par la garde du chevalier de Gisère, elle remarqua la déferlante du déchaînement de son acolyte. Si Azénor l'avait senti agité, furibond quant à la situation, c'était sans compter sur le formidable coup de poing inopiné qu'Enrico flanqua dans la trogne d'un gaillard isolé. Les hommes de guet s'agitèrent devant l'offense, mais le Baron de Nelen – gonflé comme il l'était de ressources et d'astuces – s'empressa de montrer la note laissée par Béotar. La hardiesse sans failles du Suderon lui rendit un semblant de son entrain. Laissant de côté sa précédente avanie, la belle posa à nouveau pied sur le plancher du Dauphin.

La barge reprit avec langueur le cours du fleuve, comme s'ils n'avaient jamais interrompu leur parcours vers la cité des Roys. Postée vers la poupe du navire, Azénor admirait les méandres du Garnaad qu'ils laissaient derrière-eux. La route ne devait plus être très longue jusque Diantra. Ses pensées se perdirent entre de doux souvenirs du Soltaar qu'elle achevait de quitter, de leur altercation du jour - qui aurait pu bien mal tourner - ainsi que du mutisme inexpliqué du capitaine. Ces dernières vinrent l’assaillir avec plus d'urgence que de raison, l'attente de justification rendant ces non paroles bien grossières, voir intolérables. Le tempérament de feu dont on l'affublait envahit son petit corps qui se dirigeait d'un pas décidé vers la cabine principale où elle s'attendait à le débusquer.
Non pas qu'il fût prévisible, mais son devoir de commandant l'appelait certainement à moult obligations en son bureau flottant, s'ajoutant à cela le peu d'endroits où il était légitime de l'y trouver …C'est sans surprise qu'elle le coinça alors qu'il était affairé à l’étude de cartographies.
« Alors ? » Lui demanda t-elle seulement avec aplomb alors qu'il levait les yeux sur son faciès après l'avoir entendu pénétrer la pièce. Le seigneur Di Montecale lui avait paru de prime abord encore énervé, son courroux dirigé vers sa personne.
« Je... je .. Vous savez mon inexpérience en matière de diplomatie... » Avoua t-elle, prise de cours par les remontrances justes mais surtout empreintes d'inquiétude de son interlocuteur. « Je...je n'avais pas peur du danger, ne l'avais pas estimé à sa réelle mesure … Mais si je puis vous assurer d'une chose, c'est de n'avoir que peu de confiance à accorder en ceux qui ne sont pas proches de ma famille. »
L'homme lui attrapa une main qu'il enserra avec autant de douceur que de poigne. Elle y vit la un geste tout aussi tendre que protecteur.
« Vos mises en garde, mais surtout votre affection à mon égard me touchent, Enrico... Je n'aurais pu me sortir de ce pétrin sans meilleure compagnie que la vôtre. Vous êtes véritablement un ange gardien, envoyé par mon frère pour veiller sur mes beaux jours.... Je...je prendrais en compte les conseils que vous me concéder là, oui, je me dois d'être plus vigilante encore, moins naïve quant aux cœur des hommes et ce qu'ils trament par derrière leurs politesses. Grandir en somme, n'est ce pas ? »
Si elle avait tout d'une femme faite, il lui restait encore des réactions, des pulsions à annihiler afin de se comporter comme une véritable et respectueuse Dame, non plus un adolescente en fin d'âge. La présence d'Enrico à ses côtés la faisait souvent sentir plus jeune qu'elle ne l'était, plus virginale qu'en vérité, sans qu'elle ne sache expliquer pourquoi. Sa présence ? Son charisme ? Tous les attributs du navigateur étaient à prendre en considération. Une sensation chaude vint porter son attention sur une des paluches tannées qui la cramponnaient.
« Oh, Enrico, mais vous saignez ! Comment vous-êtes vous blessé ? » S'alarma la belle en toisant l'entaille vermillon. Elle était bien la seule à s'inquiéter de la sorte, et calme vite ses ardeurs devant le regard amusé du grand éraflé.  « Oui, évidement, vos prouesses de pugilat … Attendez-moi ici, je vais en cuisine chercher de quoi guérir cette vilaine crevasse. »
Revenant tout aussi amusée avec du miel et du thym, la Fleur de Velmonè s'attela à enduire la phalange heurtée. Tous deux passèrent un long moment ainsi à discuter encore de leurs aventures du jour, accompagnés de moult bouteilles, qu'ils finirent par décuver aux prix de pénibles jours d'alitement. Ainsi se terminait lentement leur périple sur les eaux fluviales, si l'on apercevait point encore les hauteurs de Diantra, son approche se faisait plus qu'imminente.
« ..Oschide... » Marmonna Azénor qui se tenait sur le gaillard d'avant, prompte à discerner quelconque indice qui puisse leur affirmer à tous, l'évidence de leur destination.



[Fin.]




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