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 [Solo] Quand le chat est parti...

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Arnoul de Stern
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Arnoul de Stern


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MessageSujet: [Solo] Quand le chat est parti...   [Solo] Quand le chat est parti... I_icon_minitimeLun 25 Avr 2016 - 0:19


[Solo] Quand le chat est parti... Guxg
Karla de Stern


Les doléances tiraient en longueur, aujourd’hui. Une dizaine de paysans étaient déjà rentrés dans le château, et avaient exposé leurs problèmes. Les affaires concernaient en général des querelles de voisinage, des vols, ou encore des bravades de taverne s’étant mal terminées. Un seul de ces gueux n’était venu que pour une affaire très urgente, à savoir la disparition de sa femme et de son fils, alors qu’il devait se rendre à Arétria-ville. Ils s’étaient arrêtés sur le bord d’un chemin près de Garlied, et après que l’infortuné eut piqué un petit somme, sa compagne et son fils s’étaient évaporés. Il en appelait à l’assistance de son seigneur. Seulement voilà, aujourd’hui, il fut fort étonné de trouver une fraîche jeune femme, en lieu et place de l’habituel maître des lieux, qui lui n’était que décrépitude.

Karla de Stern était une damoiselle jeune, et paraissait si fragile, dans sa belle robe mordorée. Pourtant, elle était tout à fait apte à régler n’importe quel problème qu’elle pourrait rencontrer en l’absence de son grand-père. Ferme et forte, elle était à l’image de son père, parti bien trop tôt, au grand dam d’Arnoul. La fille de Robert avait du caractère, sous ses airs de noble dame. Et c’était tout ce que l’on demandait à la Stern de Sternburg. Cependant, pour palier à son manque d’intimidation naturelle, le chevalier Wilfred Log, fidèle serviteur d’Arnoul, se trouvait juste à côté, en armure, la main posée sur son pommeau. Il était connu pour être adroit avec une lame, et plus loyal qu’un angola.

Dame Karla se leva.

« Musardt de Krald ? »

Un jeune chevalier, qui jusque-là était dans le fond de la salle avec l’un de ses confrères, s’avança en direction de Karla.

« Tu mèneras l’enquête, pour découvrir la vérité sur la disparition de la femme et de l’enfant de cet homme. Puisses-tu résoudre ce mystère, par la grâce des Cinq. »

Le brave homme d’arme frappa son poing contre son torse, puis partit à la suite du gueusard, qui n’avait cessé de remercier la Maison de Stern. Karla, pour sa part, commençait à en avoir marre d’arbitrer ce genre de séance. Elle interrogea le héraut pour savoir s’il y avait encore beaucoup de personnes dans le hall. Apparemment, seules trois personnes attendaient encore une audience. Et la femme comprit qu’ils passeraient tous à la fois, après les dires du héraut.

« Messires Cadoc de Leuze, Günther Zünder, et Pelinor de Kaltdorf ! »

Si l’annonce avait été claironnée avec chaleur, l’ambiance dans la salle s’était, elle, sensiblement refroidie. Karla, au même titre que toutes les personnes présentes, connaissait ces hommes. Et pas en bien. Le premier était un seigneur qui avait une fameuse dent contre son grand-père. Le second, un ancien voleur de chevaux, pardonné par l’ancien Comte, et élevé au rang de chevalier après la Guerre de l’Atral. Le troisième, en revanche, était sûrement le plus dangereux des trois. Pelinor était un homme au sang vif, et à la rancœur tenace. Il avait juré la perte des Stern, depuis que son père, Argus, avait été pendu pour meurtre sur ces terres.

Les trois hommes s’avancèrent, Cadoc en tête. Ce dernier avait le sourire aux lèvres, plus hypocrite et mielleux qu’un Suderon devant un Prince-Marchand. Pelinor, lui, faisait froid dans le dos. Il fixait intensément Karla, et l’une de ses mains tremblait un peu. Peu importe ce qu’il se déroulait dans son esprit, la jeune femme ne souhaitait pas le savoir… Le trio s’arrêta à distance respectable de Karla, afin d’être vus de tous. La Dame prit la parole.

« Parlez. Qu’est-ce qui vous amène sur le chemin du château des Stern ? »


Cadoc s’éclaircit la voix.

« Dame Karla, permettez-moi d’abord de vous rappeler à quel point vous êtes ravissante… Cela faisait longtemps que je n’avais point vu votre joli minois. A l’époque, vous aviez… Quatorze ans ? »

« Oui, sire. Vous aviez trahi mon grand-père, vous souvenez-vous ? »

Le seigneur de Leuze se tut un instant, avant de reprendre.

« Les temps ne sont pas propices à la discorde, Damoiselle. L’oubli me semble le meilleur outil pour bâtir les fondations d’une nouvelle amitié solide ! »

Karla sourit.

« Mon grand-père n’est pas ici en ce moment, messire de Leuze. Mais s’il était ici, il vous rappellerait que, malgré son âge, sa mémoire est toujours intacte. Et que votre fuite à la bataille du gué l’a profondément enragé. »

Cadoc acquiesça, grinçant un tantinet des dents.

« Une simple erreur du passé, allons ! Je suis venu ici pour vous proposer quelque chose ! Puis-je m’exprimer ? »

La jeune femme réfléchit un instant, puis hocha de la tête.

« Dites ce que vous avez à dire… »

Cadoc se lécha les lèvres, et retrouva son sourire insipide.

« J’ai appris la situation dans laquelle se trouvait votre domaine. Stern est en proie à une crise difficile, avec l’état plus qu’inquiétant du pauvre Arnaud. Si Tyra décide que son sort soit néfaste, alors Sternburg risque fort d’éprouver quelques difficultés dans quelques années, si vous voyez où je veux en venir. »

Wilfred Log souffla des narines, la main crispée sur le pommeau de son épée, et l’œil dur. Cadoc ne le vit pas, et reprit le fil de son discours.

« Aussi, ma belle Damoiselle, je viens ici vous demander votre main, moi, Cadoc le Quatrième, de la Maison de Leuze, fils de Cadoc le Troisième. Je suis prêt à lier mon nom au vôtre, Karla de Stern. »

Un silence tomba sur la salle. Un silence de plomb. Pas une mouche ne volait, pour venir le briser. Il fallut attendre les éclats de rire de Karla, pour que l’assistance suspendue, ne se fende d’un grand sourire commun, et ne rit de concert avec la Stern. Hilares, les chevaliers, les bardes, les serviteurs, tous s’esclaffèrent à la suite de la jeune Dame. Cadoc parut choqué par une telle hilarité générale. Les deux chevaliers qui le flanquaient trouvaient cela tout aussi étrange, sauf peut-être Günther, qui restait aussi impassible qu’à l’accoutumée.

« Assez de cette gausserie ! Assez ! »

Cadoc était à présent vexé, et en colère. Karla le dévisagea durement, soudain toute sérieuse.

« Vous n’espériez pas que j’accepte de mêler le sang des Stern à celui d’un pleutre doublé d’un traître ? Le seigneur Arnoul ne le cautionnerait même pas, si je l’avais accepté. Ce qui n’est pas le cas, vous l’aurez remarqué. »

Le sire de Leuze devint peu à peu écarlate, et pointa du doigt Karla.

« Mesurez vos paroles, Karla de Stern ! Personne ne me parle en ces termes, est-ce clair ? »

Wilfred Log s’avança d’un pas, main sur sa garde, et lança :

« La Dame de Stern dit ce qu’elle veut au sein de son propre castel. »

« Tirez cette épée, sire Log, et la mienne sera souillée de votre sang ! »

« Est-ce une menace, déserteur ? »

Cadoc, rouge pivoine, fit un mauvais geste, et tira son épée. A l’instant même où le fer quitta son fourreau, une myriade d’hommes s’armèrent également, tirant leurs glaives et entourant les trois invités, prêts à donner leur vie pour la Dame de Sternburg. Seul Günther n’avait pas tiré l’épée. Pelinor avait suivi l’exemple de Cadoc. Ce dernier, pourtant, calculait d’un regard fiévreux tous les hommes autour de lui. Karla, quant à elle, avait le visage plus sévère que son grand-père.

« Vous osez tirer l’épée au sein de ma Maison ? Parmi mes gens ? »

« Vous m’avez humilié, Stern ! Je ne fais que répondre à l’offense par une autre offense ! »

« Elle pourrait bien vous coûter la vie. Ma famille a toujours été à cheval sur les principes, et vous venez de les bafouer sans vergogne. Dehors. Et n’osez plus fouler le sol de Stern avant de voir Tyra en personne ! »

Les trois hommes se sentaient oppressés. Tant de chevaliers et de gardes, l’épée tirée dans leur direction… Cadoc, amer, rangea la sienne en premier, suivi à contrecœur de Pelinor. Pour seul commentaire, Günther marmonna :

« Pfiou… Putain... ça a été à une vitesse… on a perdu le contrôle et on s'est laissé dépasser. »

Le seigneur de Leuze prit ses deux chevaliers avec lui, pointant du doigt Karla de Stern.

« Cette histoire n’est pas finie ! Vous entendrez encore parler de moi, Karla de Stern ! »

La Damoiselle fit mine aux gens de s’écarter, afin que le trio puisse regagner la sortie rapidement. Les chevaliers attendirent qu’ils passent la porte pour ranger leurs armes aux fourreaux. Karla se permit alors de souffler, s’asseyant sur son trône, la tête entre les mains. Wilfred Log s’agenouilla à côté d’elle.

« Ne craignez rien, ma Dame. Vous avez agi avec force et justice, en éconduisant ainsi le seigneur de Leuze. Votre grand-père aurait agi pareillement. »

Elle releva la tête et sourit faiblement.

« Ho, sire Wilfred… J’espère simplement que le seigneur Cadoc ne vienne pas à penser que l’absence de mon ancien ait affaibli Sternburg. »

Le chevalier frappa sa poitrine de son poing droit.

« Tant que je vivrais, et que je servirai votre Maison, vous n’aurez à craindre aucune créature tangible. Tout ce que mon épée peut fendre ne saura vous atteindre. »

Karla sourit un peu plus. Elle avait toujours caché son attirance pour le fringant quinquagénaire. Avec lui, elle se sentait en sécurité, elle se sentait invincible. Néanmoins, elle n’avait jamais rien avoué. Elle se redressa, reprenant de sa prestance.

« Je ne doute pas de votre hardiesse, sire Wilfred. Et je ne crains pas pour ma vie, mais pour celles de mes gens… Cadoc de Leuze a la rancune facile. Grand-père… Revenez vite… »
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