Sujet: Je ne prendrais points les armes, mais puissiez vous recevoir mes mots. (Judith) Sam 25 Juin 2016 - 15:35
Duché de Langehack. Karfïas, Mi Ennéade 4. 9 ème année du 11ème cycle.
Sitot son époux de retour a Langehack et sans avoir eu la chance de savourer leurs retrouvailles, Méliane avait due se séparer a regret de lui. Tandis qu'il organisait leurs défenses, elle s'affaira a tenter de leur éviter une guerre. Elle n'avait point mit son époux au courant de sa démarche, il était homme d'action, elle préférait la diplomatie. Si cela portait ses fruits alors elle pourrait l'en informer le cœur léger, si son initiative devait se trouver vouée a l’échec, au moins aurait t'elle tout tenter pour éviter que ne soit prise la voix des armes.
Sujet: Re: Je ne prendrais points les armes, mais puissiez vous recevoir mes mots. (Judith) Sam 25 Juin 2016 - 20:55
"Messire Nuit."
L'intéressé s'inclina à la mention de son nom de code.
"Bonsoir, madame."
"Il y a une faute, sur cette lettre," fit-elle, l'air vide et inexpressif. C'était un de ces jours. Un de ces jours où les domestiques évitaient de croiser le regard de la Marquise, et qu'Eléonore et Aristide s'empressaient de traiter toutes les affaires qui ne requéraient pas la pleine attention de la Marquise. Mais messire Nuit n'était pas homme à s'embarasser des humeurs de Judith.
"Certainement. Elle fut écrite sans doute à la va vite, quelque jour après le départ de votre mari, pour qu'elle arrivât une énnéade après son retour."
Judith serra imperceptiblement sa plume. Nuit haussa un sourcil.
"Combien de temps pour une réponse ?"
"Trois ennéades. L'on pourrait contacter Nak... Sa voix s'affaiblit lorsque les yeux de Judith plongèrent dans les siens telles des dagues effilées. Trois ennéades."
Judith se leva, observant depuis une ouverture aménagée dans son bureau, le domaine de Cantharel. Le ciel était légèrement grisé, et le crépuscule orangé se voyait à peine au fond de l'horizon. Et une ville qui s'étendait sans modestie aux quatre coins de la petite ouverture. Voilà ce que nous risquions dans cette entreprise, pensa-t-elle.
"Notre marge de manoeuvre est inexistante, madame. Il serait inutile de tenter quoi que ce soit."
"Je le sais bien. Je n'en avais point l'intention. J'ai deux tâches à vous confier. La première, d'informer le sire de Thiers qu'il ferait mieux de prendre le premier navire en partance pour Thaar dès sa tâche en Etherna terminée. Dans le regrettable -et peu probable- cas où il devrait se retourner en Langehack... Vous avez vos ordres."
Nuit acquiesça consciencieusement, et la marquise détourna les yeux. C'était une chose très dure à dire pour une idéaliste comme Judith. Mais la guerre appelait ses nécessités, et il était de la première nécessité qu'un homme doté d'autant d'informations sur Sainte-Berthilde ne puisse passer à l'ennemi. Le pire, c'est que personne n'était à blâmer dans cette affaire. Qui aurait cru qu'une telle chose aurait pu arriver de leur vivant ?
"Dites aux sires Hiver et Automne de continuer leur action dans une moindre mesure. Assurons-nous de ne pas reproduire les erreurs de notre chère Arsinoé d'Olysséa, qui a permit de voir des régiments entiers se présenter à sa porte sans le moindre avertissement. Personne n'attend nil du Médian, mais mieux vaut prévenir toute velléité de fourberie. Par les Cinq, il y a tellement de choses à faire et si peu de temps pour les faire toutes ! Restez-ici le temps que j'écrive cette lettre."
Il acquiesça, puis resta ainsi, contemplatif, écoutant les griffonnements de la dame avec attention. Une fois terminée, fermée et cachetée, la plume resta sur le pupitre, et la lettre fut tendue à l'espion.
"Et ordonnez au messager que vous enverrez, d'informer la duchesse du fait que les lettres cachetée des armoiries du Langecin passeront désormais par les mains de Godfroy de Saint-Aimé."
A Méliane de Lancrais, Duchesse de Langehack.
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Madame,
S'il m'est agréable de recevoir ces quelques mots de réconfort, sachez bien qu'il me plairait bien de me lancer haut les mains dans cette entreprise de paix que vous me proposez. La sagesse des Langecins est reconnue, alors que celle des Berthildiens reste encore à prouver. Néanmoins, notre loyauté envers notre marquis Godfroy, régnant avec la plus grande des équités et avec la dignité des plus grands nous poussent à s'indigner quant à la réaction de monsieur le duc Oschide qui agissant ainsi, salit l'honneur même de l'ensemble de tous les sujets berthildois.
Qu'il fallait penser à régler ce que vous appelez une peccadille bien plus tôt ! Si en effet, cela en était vraiment une, je me doute que votre pouvoir pays est bien plus fort que le mien. Je ne suis que la femme d'un homme, alors que vous, vous êtes la véritable duchesse. Aussi n'est-il point douteux de dire que cette querelle possède très probablement un fond bien moins inconsidéré. Il me paraît évident de dire que ce fond là n'est point sans rapport avec ces gens avec qui vous aimez traiter et considérer en prud'hommes, ces braves gens de Soltariel, épris d'ambition à tel point de considérer un faux roi et imposteur déclaré comme héritier au trône. Reconnaissons l'absurdité de cette entreprise et oeuvrons à la mise en place d'une réelle royauté.
Ainsi seulement pourrons-nous discuter de paix. Mais le temps que prendra cette lettre à être reçue, puis envoyé, ainsi que la réception de la réponse, je crains que rien ne puisse se faire. Tentons seulement de servir les intérêts de nos pays avec honneur, comme nos parents l'ont fait avant nous.
Respectueusement,
Judith d'Hardancour.
Je ne prendrais points les armes, mais puissiez vous recevoir mes mots. (Judith)