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| Les scories du Kathon [Dun Eyr] | |
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Guzandrakka
Ancien
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| Sujet: Les scories du Kathon [Dun Eyr] Mar 5 Juil 2016 - 19:03 | |
| 8ème ennéade de Verimios d'été, an 8, 11ème cycle.
« Combien ? » « Neuf et demie. » « Et demie ? » « Ip, la delnière patriouille à être levenu des Myliades c'est faites larder d'caillâsse par l'une bande d'cule-vase édentée mon Loi, ça n'compte, mais qu'à moitlié. » « Bien. Vous repartirez avec une un régiment d'aurige, il sera ainsi plus aisé de surveiller le mur sur sa largeur. Si les attaques des wandrais s'intensifient, envoyez un corbeau sans tarder. » « Ip. Palfait. Nous n'avons point sulvivant laissé pour l'instant, le lisque de ralliment des tlibus est faible pour l'instant, mais s'il l'existe. Voici maintenant les avancés mon Loi. Clayonnez par l'moi même.» Orund Lurthrasson du clan du Dumdrengi, ingénieur et contremaître en chef du chantier de l'Huzgrund Langk déroula alors un large parchemin de peau sur le bureau. Il prit soin de replier les extrémités avant de laisser sa place. Le rendu était on ne peut plus correcte, il représentait dans sa totalité l'état actuel du mur de pierre qui se construisait à la lisière du Lörn mais, à une échelle réduite. Les nains n'avaient pas chômés et bien que la hauteur n'atteigne pas encore une toise, on distinguait aisément la finition des fondations et l'ébauche du parapet qui prenait forme. Satisfait Thorgrel et Orund discutèrent alors une heure entière. Il apprit ainsi que le scellage des jambages des portes qui surmontaient le fleuve posait quelques problèmes ; mais aussi que le transport des pierres de taille s'étiraient en longueur, le temps plutôt clément des derniers jours, transformait les sentiers en vrai bourbier, animaux de bât et attelages s'en voyaient fortement ralentit. Et cela continua, avec bons et des mauvais points. Ils survolèrent ensembles tous les détails, afin que point de place ne soit laissé au hasard. La machinerie naine était néanmoins bien rodé et à part menu changement, pas de contretemps majeur pour l'instant. Le Drakka-Rik avait attendu cet entretien avec impatiente, les premières nouvelles du titanesque chantier qui l'inspirait tant était bonne. Partit depuis plus d'un mois maintenant, le voyage qui devait initialement l'emmener à la rencontre de la Voix d'Arkan avait été pavé d'imprévu et de ce fait; longuement prolongé. Il en revenait changé, tiraillé entre entre l'immense fierté et l'incompréhension.
Schwooooooooooom. Schwoooooooooom. Schwooooooooom. Scwhooooooooom
La corne de la porte Sud venait de retentir, quatre coups de clairons, transmis en résonnasse par les différents sonneurs qui logeaient sur les remparts de la cité. Quelqu'un approchait et on souhaitait le prévenir directement. Il prit alors rapidement congé de son hôte et remonta l'escalier quatre par quatre (oui oui) avant de rejoindre une des loges du palais qui donnait sur l'extérieur. Lante bourdonnait d'activité à cette heure du jour, les bruits, les mouvements de foules et les fumerolles noirâtre des forges l'empêchèrent d'y distinguer plus clair aval. Le temps aurait raison de sa curiosité.
Dernière édition par Thorgrel Poing-de-Fer le Lun 23 Jan 2017 - 20:32, édité 2 fois |
| | | Dun Eyr
Ancien
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| Sujet: Re: Les scories du Kathon [Dun Eyr] Lun 11 Juil 2016 - 20:41 | |
|       Par-dessus les herbes folles de la plaine du Brissalion, le lourd mugissement des cornes et des trompes roulait avec furie. Un vent chaud et lourd, échappé d’un orage d’été, zébrait les terres naines en tous sens. Il avalait les appels et dispersait les échos. Les bourrasques aspiraient le cri des cornes ici, le recrachaient là-bas, arbitrairement. L’espace d’un instant, le Brissalion était sans bruit, avant d’être soufflé par un vacarme de chaos. Le vent jouait avec la physique qui tenait ce monde.       Dun Eyr porta une nouvelle fois la corne à ses lèvres ; il s’époumona de toutes ses forces, avala une goulée d’air chaud, et claironna à nouveau. C’était en vain : les bourrasques d’été dispersaient tous les appels. Le Nain cracha au sol et jeta la trompe avec rage ; une bouffée d’air l’avala et, comme en rebond, la renvoya par-dessus l’épaule de Dun Eyr. Mais lui n’y prêtait plus attention : il avait déjà bondi, le Marteau au poing, la gueule hargneuse, et il dévalait la douce pente qui inclinait le Brissalion vers l’Ouest.
      La bataille avait commencé plusieurs lieues à l’Est d’ici, à l’ombre des dernières passes montagneuses. Le petit convoi des Nains d’Almia, parti de la Perle du Nord pour rejoindre Lante, avait été surpris par une meute d’agresseurs jaillis d’on-ne-savait-où. Les Almiens redoutaient des Gobelins ; mais c’étaient des Nains, de ces déments des aiguilles du Nord, ceux qui se débattaient dans l’ivresse de la colère de Briessa, qui les avaient frappés. Ils portaient des peaux hideuses, qu’ils avaient dû coudre dans le cuir de leurs victimes, bêtes ou Nains ; leurs barbes étaient hirsutes, ou bien tachées de boue, ou encore clairsemées, et on distinguait avec horreur des mentons glabres, couverts de griffures. Ils s’étaient élancés depuis les coteaux, au brame de leurs trompettes de mauvaise corne, qui vomissaient une plainte de bestialité brute. On n’aurait su dire s’ils étaient encore de vrais Nains, ou bien déjà des ours et des chiens. Ils avaient dû échapper aux raids conduits par Thanor et Lante pour rouvrir la route vers l’Almion, et ils avaient cru pouvoir saisir les premiers convois marchands qui remprunteraient ce vieux chemin. Mais face à eux, c’étaient les guerriers d’Almia, partis pour saluer leurs frères du Milieu et de l’Ouest, qu’ils avaient trouvés. Les cornes avaient répondu aux cornes, les haches de bronze aux épieux de ronces, et leur colère sauvage devait se mesurer à la ferveur féroce des élus de Mogar. L’accrochage avait tourné au chaos, Tari avait moissonné de part et d’autre ; et à présent, le domaine de la lutte s’étendait sur les plaines, le massacre s’étirait à l’Ouest et au Sud dans le Brissalion. Les flèches et les frondes sifflaient en tous sens, des javelots de fer pour les uns, et d’os pour les autres, zébraient la plaine ; et quand les mains étaient vides, on en venait aux ongles, aux dents. C’était au point où on ne savait plus qui poursuivait qui ; et les trompes, incapables de régenter un camp comme l’autre, beuglaient absurdement des appels sans écho.
      Dun Eyr abattit le Marteau, et la colère du Père fracassa le Nain atroce qui tentait de lui happer la gorge ; la dépouille alla répandre sa cervelle dans la plaine. Le Prophète repartit avec une nouvelle vigueur, courant toujours vers l’Ouest, le visage baigné dans un soleil d’un jaune rance. Une forme surgit à sa droite, soudaine, énorme et menaçante. Mais Dun Eyr n’eut pas le temps de juger si c’était un Almien ou un sauvage : une pierre fracassa le crâne de ce Nain, qui courut encore quelques mètres, et s’effondra l’instant d’après. D’autres masses noires transperçaient les airs autour de lui, comme si la mort avait cherché à s’aimanter à ses proies. Devant lui, courant avec la même rage, Dun Eyr distinguait une trentaine de silhouettes, sans savoir lesquelles il traquait. D’autres formes semblaient l’accompagner, sur la droite et la gauche, parfois à plusieurs jets de flèches. Les bourrasques abrutissantes jouaient avec toutes les distances : soudain un claquement de pas se rapprochait, avant d’être repris par les caprices du vent.       Enfin la plaine du Brissalion cessa d’être régulière : là-bas, à l’Ouest, une masse grise et brune se découpait, nimbée d’un soleil bas. Lante ! hoqueta Dun Eyr. Leur course folle les avait déjà conduits aux portes de la cité aux plaines. La surprise le stoppa net : il demeura là, tordu d’épuisement, les côtes hoquetantes. Tous les autres avaient continué à courir. Ni les Almiens, qui n’avaient plus quitté les contreforts de l’Est depuis de longues années, ni les Nains sauvages, qui ne s’étaient jamais aventurés si bas dans la plaine, ne semblaient avoir compris ce qu’étaient ces palissades et ces tourelles élevées dans le lointain. Mais Dun Eyr, lui, l’avait saisi. Avec Lante, c’était la victoire qui s’ouvrait à eux ; au-delà de ces champs, et derrière ces murs, les Almiens trouveraient l’assurance d’un renfort puissant et décisif. Pourtant tous couraient encore, songea avec malice le Prophète, alors que la bataille ne pouvait plus échapper à son terme. La vue de la cité alliée injecta soudain une décharge de rage triomphante dans le cœur du Nain. Il éleva haut le Marteau, comme pour frapper jusqu’au ciel, puis il fracassa le sol à ses pieds.       Peut-être le vent joua-t-il à cet instant pour Dun Eyr, mais le coup sembla porter loin. La course prit soudain fin, les coureurs s’éveillèrent au monde. Toutes les silhouettes, qui fuyaient follement l’instant d’avant, se figèrent aussitôt, en alerte. Leurs yeux hagards, qui devaient chercher d’où avait pu venir ce coup prodigieux, tombèrent alors sur les murailles de Lante. C’était comme si la cité avait émergé des nuages, pour se révéler brutalement à leur regard. Les sauvages verdirent, leurs épaules tremblotèrent face à ce bastion qui devait receler quantité de haches – et, devant la perspective de la cité en bout de mire, la plupart se retourna et détala, effrayés qu’ils étaient soudain de se voir si loin de leurs montagnes enténébrées.       Dun Eyr regarda fuir la moitié des silhouettes, tandis que l’autre moitié demeurait immobile ; et ainsi il distingua les siens de ses proies. Il laissa filer, autour de lui, et derrière, ces Nains mal dépliés qui se prenaient à frissonner malgré l’air chaud. Car c’était droit devant, plein Ouest, au plus proche des murailles de Lante, que son attention se concentra soudain. Là-bas, il voyait s’agiter quelques tignasses crasseuses, et parmi elles un Nain encore plus haut, large et lourd que les autres.       Le Prophète hurla qu’on encercle ce chef de meute des Nains sauvages, dont il voyait s’agiter la trogne coiffée d’une mâchoire d’ours. Les Almiens soufflèrent dans leurs cornes et leurs trompes, se répondant d’un côté à l’autre. A présent le vent paraissait être tombé sur la plaine : les appels des cors n’étaient plus dispersés, mais circulaient avec fluidité, rebondissant de l’un à l’autre. Les Almiens s’approchaient comme une araignée aurait resserré ses pattes, mécaniquement, méthodiquement. Dun Eyr arrivait de l’Est, faisant pleuvoir les ordres. Il vit les gardes du chef tenter de s’enfuir, et il clama qu’on les laisse passer. Alors, au moment où le Prophète rejoignait le demi-cercle des siens, le puissant Nain sauvage se trouva seul dans la plaine. Derrière lui s’élevaient les larges tourelles de Lante, d’où on pouvait entendre une corne qui appelait à coups répétés. Puis la corne se tut, et comme le vent était tombé, alors il y eut le silence sur la plaine.       Dun Eyr jaugea rapidement les quelques quinze Almiens qui s’étaient déployés autour de lui. Ils avaient une mine atroce : leurs visages, déjà blanchis par la vie souterraine, et bleuis par les innombrables cicatrices des batailles, étaient à présent baignés dans le rouge du sang répandu. Ceux qui avaient dû se débattre à mains nues avec ces Nains sauvages, ceux-là voyaient leurs ongles baignés d’écarlate, quand ce n’était pas leurs dents. Une impression de férocité famélique se dégageait de ces guerriers endurcis dans les entrailles d’une cité reconquise pierre par pierre, année après année. Mais malgré ces reflets fiévreux, aucun des Almiens n’approchait de l’apparence de l’épaisse brute qu’ils acculaient à présent. Dun Eyr passa son regard sur les yeux noircis par la colère, la peau tannée par les saisons, et les doigts qui semblaient s’achever en griffes, longues et noirâtres. Les cheveux et la barbe, les moustaches et les sourcils, tout cela était horriblement emmêlé en une crinière hirsute, où pendaient des osselets et des dents arrachés aux bêtes.       Le Prophète jugea avec effarement ce que l’appel de Briessa avait fait subir à leur noble race. Alors, comme un verdict, il éleva le lourd Marteau de Mogar, et une flamme noire commença à briller à son sommet.
Dernière édition par Dun Eyr le Ven 14 Oct 2016 - 6:52, édité 1 fois |
| | | Guzandrakka
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| Sujet: Re: Les scories du Kathon [Dun Eyr] Mar 23 Aoû 2016 - 14:21 | |
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« Par ma barbe... » Fûrent les seuls mots qui s'échapèrent de la margoulette du Roi Lantais. Le spectacle qui s'offrait alors à lui le laissa tout bonnement sans voix, la chique coupée en tout point. La, dans la grande steppe, au pied même des murailles de sa cité, s'agitait cortège de silhouettes hirsute et belliqueuse. Plissant les yeux afin de mieux y distinguer, la distance empêchait le nain de se faire correct idée sur l’identité de la troupe, d'ici il n'était certains que de l'importante quantité de fourrure que portait ces nains sur leurs épaules, à moins qu'il ne s'agisse de cheveux entremêlés, ou pire, de barbes mal peignée ! Dans son dos la pression se fit plus forte, sans qu'il ne l'est entendu, l’ingénieur nain avec qui il avait conversé c'était furtivement rapprocher afin de lui aussi scruter l'extérieur comme il le pouvait, s’agrippant à moitié à l'espalière s'en servant de parapet . A en juger son regard, on le savait lui aussi grandement interloqué par la scénette plainière, mais il lui suffit de croiser le regard sévère du Roi pour s'ébrouer et faire deux pas en arrière. Il n'y voyait plus rien, à coup sûr, mais le palais n'était pas dénué de meurtrière. Aussi Thorgrel retourna son attention sur les nains inconnus qui s’ébattaient toujours.
L'on pouvait maintenant distinguer deux grappes distinctes. L'une se resserrant sur la suivante. Des nains réussirent à s'échapper de l'étau, si bien qu'il n'en resta bientôt plus qu'un, encerclé par la meute. Le Roi jura dans sa barbe tandis qu'un frisson lui parcourait l'échine. L'on avait plus de scène identique dans le Brissalion depuis une dizaine d'année maintenant. Des nains chassant des nains. Un souvenir douloureux pour tout les habitants de se Royaume. Aussi, quand on vient l'interpeller sur la marche à suivre, il répondit d'un simple geste de la main bas, appelant ses frères à la tempérance. Thorgrel souhaitat en savoir plus et il ne fût pas dessus.
Celui qui apparaissait de son point de vue comme le chef de cette cohorte fit quelques pas en avant. D'ici on le devinait à la carrure solide et aux épaules large. Pourtant, il l'était d'un quart moins que le nain acculé qui lui faisait face. Alors qu'on murmurait déjà autour de lui qu'il s'agissait la d'un duel entres deux chefs tribaux venu du Septentrion, Thorgrel fronça des sourcils et intima le silence d'un geste sec. Une flamme noirâtre venait d’apparaître au dessus de l'arme du chef.
« Dun Eyr. » Lacha froidement le Roi. S'il ne reconnaissait pas les traits du nain, il ne pouvait exister qu'une personne maniant une telle arme. Les chuchotements reprirent mais dans des conciliabules bien moins bruyant. Thorgrel en avait assez vu. Il fit un signe à sa garde. « A la porte Sud, l'Almien est la. » « Le Plophète mon Loi ? » Croassa un vieux nains du nom d'Urdan. « Lui même. Faites sonner les cors, que les hommes de l'Enclave soient confiner chez eux sans somation. » « Mais mon Loi, poulquoi donc ? Le soleil vient à peine d'alliver à son sommet de la joulnée. La négoce bat son plein chez les Longues-Jambes. Ils ne complendlont pas. » « Ils comprendront quand le crâne du premier des leurs sera broyé sous les coups du Morgagrund. » La simple évocation de ce nom suffit à convaincre le vieux nains qui aboya sans attendre les ordres du Roi. Le message transmis par cor interposé voyagea dans un brouhaha calculé. Thorgrel lui ce rendait en direction de la porte à un pas qui laissait sur place bon nombre des membres de sa garde, prit de court par la situation. Bolgrim et Olfdar le collait néanmoins de prêt. Ils avaient tous deux la mine aussi sévère que lui, se rappelant trop bien des sanglantes batailles du survenu dans le Khaton.
« Wyrmdrengi, crois tu vraiment qu'il s'en prendrait aux Longues ? » Grommela Bolgrim en sortant du palais. « Je n'en sais rien mon frère. L'Almien chasse du nain, il est fort peu probable alors qu'il épargne les hommes de son courroux. Nous ne pouvons nous permettre de perdre son soutient, cela reviendrait à jeter l’opprobre sur les différents efforts fournis pendant le Kharogan. Tant des nôtres sont morts. » Enfourchant sa fidèle monture, il attendit que ses compagnons fasse de même avant de reprendre d'une voix sévère. « La perte de quelques vies humaines m'est préférable au risque de sacrifier l'union récente qui nous lient aux Prophète d'Almis et à son peuple. Évitons simplement de l'encourager. » Quelques encouragements sonores et claquements de brides plus tard, les nains traversaient l'Enclave. Au passage Thorgrel put saisir le mécontentement des chalands et margoulins obligés de fermer commerce pour un temps. Les plus véhéments furent calmer à coup de plat de hache et de poing gantelé d'acier. Au devant, les lourds battants de bois de la porte Sud s'ouvrirent lentement. Thorgrel et son cortège les franchirent en faisant quelques foulées de plus dans les plaines avant de s'arrêter d'un seul et même pas. L'Olya ruisselait calmement à leurs gauches et elle restait le dernier obstacle entre les Lantais et les Almiens. Le Wyrmdrengi leva alors sa hache d'arme haut au dessus de son épaule faisant luire la rune d'Ikthor ciselé en son cœur. Sa main droite elle s'éleva, poing fermé, saluant les nains de l'Est.
Temps était venu.
Dernière édition par Thorgrel Poing-de-Fer le Jeu 17 Nov 2016 - 20:31, édité 1 fois |
| | | Dun Eyr
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| Sujet: Re: Les scories du Kathon [Dun Eyr] Lun 24 Oct 2016 - 14:57 | |
|       Dans le poing levé de Dun Eyr, le Morgagrund crachotait ses flammes obscures. Un long filin, noir comme le jais, bondit soudain vers le Nain sauvage : il le saisit à la gorge, aux bras, aux jambes ; il s’enroula autour de lui et le projeta au sol, ficelé de magie. Les Almiens rugirent d’une joie féroce, en voyant le barbare saucissonné à leurs pieds. Derrière eux, le reste de leurs ennemis avait détalé vers l’Est et le Nord, pour rejoindre les contreforts obscurs, abandonnant là leur chef de meute.
      Mais devant les Almiens, les lourdes portes de Lante s’étaient à présent ouvertes, les Nains s’avançaient dans la plaine. On jeta un regard, par-dessus la forme renversée du Nain sauvage, vers la cité bordée par l’Olya. Une masse confuse de Nains, de ceux qui prospéraient ici sur la terre plate, semblait attendre les visiteurs de l’Est.
      Dun Eyr s’occupa d’abord du sauvage vaincu. Arrivé à lui, il s’était penché sur sa personne ligotée. Il distinguait à présent les détails de son affreux visage : le nez plat des bêtes, les dents cabossées et cassées d’un traqueur. Les yeux écarquillés du rustre contemplaient Dun Eyr, sa barbe gris d’acier, et ses soixante cicatrices, avec un effroi stupide. Le Prophète releva un instant les yeux, vers les Lantais au-delà de l’eau : eux, les Nains qui prospéraient loin des montagnes, et leur Roi Thorgrel, que feraient-ils d’un de ces rejetons dégénérés de Briessa ? Le cachot, la torture, la mort ? Car les Almiens étaient venus pour honorer leurs cousins de l’Ouest, et il entrait dans les lois de la diplomatie de ne pas priver ces citadins d’une bonne proie. Pourtant c’était Dun Eyr qui avait vaincu celui-là, c’était à lui que l’honneur du combat était dû. Alors le Prophète tira de son surplis une courte lame, et il se pencha au plus près du Nain entravé. Il lui saisit la barbe, la réunit dans son poing gauche, et de l’autre main il rasa les joues du vaincu ; il lui trancha la pilosité, grossièrement, en râpant ses joues avec le revers du couteau. Et cette barbe informe, grasse et emmêlée, Dun Eyr la prit comme un trophée, et l’accrocha à sa ceinture.
      Ensuite, les Almiens marchèrent vers Lante. Deux Nains ramassèrent l’otage ligoté, et le traînèrent, à la suite de Dun Eyr, en direction de la cité. Entre ceux de l’Est et ceux des plaines, courait l’Olya, la dernière frontière. Les Almiens ne purent manquer de remarquer qu’aucune barque n’était arrimée pour eux, et qu’on n’avait pas tiré un pont, même de corde, pour les accueillir. Dun Eyr caressa le Morgagrund d’un index hésitant : convoquer un pont de granit par-dessus les flots, ou même engloutir le fleuve entier dans un brasier de flammes violettes, il en avait reçu le pouvoir. Mais les Nains des plaines devaient avoir tourné le dos à Mogar depuis si longtemps à présent, qu’ils auraient pris peur si soudain le Père avait arrêté les eaux sous leurs yeux. Alors les Almiens se résignèrent à tirer, à l’aide de petits arcs recourbés, des cordes qu’ils tendirent au niveau de l’eau ; ils avaient visé la berge, en aval des Lantais, pour qu’on ne puisse croire que les flèches étaient dirigées contre la ville et ses habitants. Les Nains de l’Est, se raccrochant à leurs liens, entreprirent de traverser l’Olya, immergés jusqu’au cou, barbotant vers l’autre rive du grand fleuve.
      Quinze masses dégoulinantes prirent bientôt pied dans la boue de la berge Ouest. Un grand silence semblait s’être fait soudain sur la ville. Le Prophète n’entendait que le chuintement spongieux de leurs lourdes bottes, gorgées d’eau sale, ainsi que les crachotements de l’otage qu’on avait failli noyer dans la manœuvre.
      Devant eux, les Lantais se tenaient fièrement. Dun Eyr apprécia du regard l’impression de puissance qu’exhalait Thorgrel, le Roi, un poing fièrement dressé vers les cieux de plomb. Autour de lui, se tenaient des soldats à l’uniforme reluisant, et à la barbe bien peignée et huilée.
      En face, les Almiens devaient offrir un spectacle effroyable : des journées de traque, à travers les montagnes et les plaines de l’Est, avaient achevé d’endurcir ces trognes déjà acérées par des années de guerre souterraine. Les visages étaient baignés de bleus, creuses d’ecchymoses, couturés de cicatrices. Les cheveux et les barbes avaient poussé librement et pendaient salement, pêle-mêle et mouillés. Les armures étaient fendues, griffées et lacérées, par une guerre qui n’en finissait pas de finir. Pour plusieurs, sur leurs visages creusés par l’épuisement, on distinguait des tatouages biscornus, par lesquels les Almiens avaient dû vouer leur peau même à Mogar. Dun Eyr, le plus hirsute et décharné de tous, s’avança vers les Lantais avec un sourire qui devait lui donner un air un peu fou. Et comme deux Nains poussaient en avant l’otage rasé, le Prophète ouvrit largement les bras, sans lâcher le Morgagrund :
      « Thorgrel, mon frère. »
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| | | Guzandrakka
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| Sujet: Re: Les scories du Kathon [Dun Eyr] Jeu 17 Nov 2016 - 23:07 | |
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« Mh...» Contempler les pouvoirs du marteau ne lui était pas vraiment agréable. Cette arme était une relique du peuple des montagnes. Il suffisait de contempler ses lignes pour sentir transpirer le pouvoir des runes qui s'agitait sous le manche. C'était un bien bel objet, du genre d'on on ne reverrait plus la pareille avant un âge qu'il lui était inimaginable. Une arme aux pouvoirs légendaires qui avait toujours était le symbole de puissance du clergé du Père-Créateur. Mais on ne l'avait plus manier depuis un temps qui lui échappait, aussi devait il se l'avouer, il n'était pas un fin connaisseur des arcanes des prêtres Morgarites. Cela constituait donc en soit un honneur de pouvoir l'admirer. Et pourtant. Le Voile avait dut affecter le Morgagrund autant que la race naine entière. Thorgrel avait put constater ses ravages pendant le Kharogan, mais à distance suffisante. Aujourd'hui, d'aussi prêt qu'il était de la nimbe de flammèches noirâtres, il ne pouvait occulter le sentiment de mal aise que lui réservait la contemplation de la tête et du manche du marteau.
Tout du long, sur mouflon dressé, son regard n'avait put quitter le porteur. Dun Eyr, semblable à un loup venant d'acculer sa proie, emportant à son tableau, la barbe du nain sauvage. C'était un acte que la société naine considérait comme abjecte pratiqué sur un congénère en bonne santé, mais l'était il réellement sur ses sauvageons qui parcouraient les sombres terres ? C'est stoïquement qu'il attendit l'arrivé du groupe sur la rive. Si rien ne les attendaient c'était dût au hasard de leur arrivé, mais dans leurs courses endurcit, l'Oliya ne semblait être qu'un bien pâle dernier obstacle à franchir. Aussi, le firent t'ils avec rapidité.
Le Wyrmdrengi mit pied à terre au moment ou les Almiens furent tous réunis du coté de la cité. C'est d'un pas ferme et résolut qu'il savança en direction du Prophète qui lui ouvrait les bras. Faisant fis de l'odeur, de l'eau ruisselante, de l'apparence et de l'imposante tête de métal qui le surplombait, Thorgrel rendit avec vigueur l'accolade. C'est ensemble qu'ils avaient combattus dans les sous terrains de la Perle du Nord et le souvenir de cette bataillle lui était encore bien vivace à l'esprit. « Dun Eyr. » S'écartant d'une longueur de bras qu'il lui apposait toujours sur l'épaule pour mieux le contempler. « Vous avez fait bien longs voyages toi et les tiens.» La Nérania était à des jours de marches et sa route comportait maint danger. Reculant alors d'un autre toison afin de saluer d'un signe de tête la troupe qui accompagnait l'hirsute, son regard s'attarda un instant sur le nain aux yeux fou et glabre qui se débattait sous ses liens magiques. « Soyez les bienvenues à Lante. Vous aurez bientôt loisir de prendre autant de repos qu'il vous siera en ces lieux. » Il fit signe à la cohorte de prendre la route, lui préférant continuer à pied, profitant de l'avançé pour prendre à partit le chef de la chasse. « Ta présence, Prophète m'honore et me réjouis, depuis notre dernière rencontres dans le Khaton, le Zagazorn connait encore profond changement, nous avons moultes choses à nous compter l'un est l'autre , mais d'abord, la bière. » Aussi sur ses sages paroles, ils franchirent ensemble les portes de l'Enclave. Dans celle ci il ne régnait plus un bruit, quelques chiens errants se contentant de briser le silence des venelles à leurs passages. Aussi, les nains la traversèrent plutôt vite avant d'arriver à la seconde porte qui menait au centre de la cité. A l'embranchement qui menait à Fort Hardrek, Thorgrel ordonna qu'on enferme le prisonnier dans une geôle, prétextant que son sort serait jugé à postérieurie. Un bon moyen aussi pour lui d'assouvir sa curiosité et de définir de ses propres yeux si ces êtres méritaient la mort si prompte qu'était prêt à rendre les Almiens. Le Prophète lui avait présenté l'imberbe comme un cadeau fait à Lante. Lui voulait savoir quel part de nains il restait dans celui ci. Tout allait donc bon.
C'est au Palais d'Airain qu'ils se posèrent tous autours d'une large table dans la salle des banquets. Les mets arrivèrent bien vite et en quantité, une déclinaison de goret sous tout ses aspects et largement arrosé d'une bière suave qui caramélisait légèrement les morceaux de barbaque. On ouvrit aussi un fût d'une hale brunâtre et qui avait la particularité de tenir lourdement au corps. Thorgrel et Dun Eyr assis cote à cote échangèrent quelques mots sur de nombreux sujets, la plus pars liés à la cité d'Almis. Sciemment il évitait le sujet sensible de la fougue qu'entretenait les Almiens envers le Créateur. Ce n'était ni le moment, ni l'endroit. Aussi, quand son invité du moment lui annonça désiré laissé un émissaire de la cité sur place, Thorgrel grommela de satisfaction avant de surenchérir. « Voila sage idée pour nos cités. Mais il me faut te le dire maintenant Dun Eyr : Les cendres de l'Ouest s'animent d'une nouvelle vigueur, le feu à retrouvé son droit sous la montagne. Mon Père est en vie, Dun Eyr, avec nombres des miens il pemit aux nains de regagner leurs pouvoirs perdu sur le Kirgion. » Laissant les mots floter un instant dans l'air, il s'humécta les lèvres d'une lampée de bière. « Il envoya des corbeaux à travers tout le pays mais je ne serais dire si celles ci atteignirent vos contrées. En ce jour, Lante et Thanor préparent un convoi qui se dirigera vers Fort-Garmin, comme nous l'avons fait pour Almis. Le temps de l'unification est arrivé. Rejoins nous Prophète, accompagne nous à l'Ouest, franchis avec nous les portes de Kirgan, mon frère. »
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| | | Dun Eyr
Ancien
Nombre de messages : 2219 Âge : 31 Date d'inscription : 14/04/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 149 Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: Les scories du Kathon [Dun Eyr] Ven 18 Nov 2016 - 13:56 | |
|       Dun Eyr était à mi-chemin de dévorer un cuissot entier, lorsqu’il se figea. Il ne prit même pas la peine de retirer ses doigts du gigot dégoulinant, ni d’avaler sa dernière bouchée gargantuesque. Lentement, les joues pleines, l’Almien tourna la tête à sa gauche, vers Thorgrel qui avait parlé. Et le Prophète demeura immobile, de longs et pénibles instants ; seuls les restes de viande, et quelques lampées de bière, achevaient de rouler le long de sa barbe immobile, pour finir leur course sur la bure crasseuse du Nain.
      Alentour, on commençait à s’apercevoir de quelque chose. Les têtes se tournaient vers les deux chefs, le Wyrmdrengi et l’Almien ; et la longue table, un instant auparavant pleine de rires et de bruits, plongeait peu à peu dans le silence.
      Enfin Dun Eyr parla. Ou plutôt, il ouvrit simplement la bouche ; mais sans avoir avalé. De larges morceaux de viande tombèrent sur ses genoux ; la hale brune ruissela sur ses joues comme si une outre avait crevé ; la sauce clapotait dans sa bouche ouverte – et là, dans la gueule du Nain, entre ses lèvres épaisses, on découvrit les crevasses béantes de ses gencives. Ses dents avaient été ravagées comme par un burin : elles étaient déchaussées, brisées, éclatées de toutes parts. Thorgrel, en voyant ce spectacle affreux, se dit peut-être qu’il comprenait enfin pourquoi Dun Eyr ne souriait jamais – mais s’il se faisait cette réflexion, alors il fut alors coupé par l’Almien, qui lui dit :
      « Voilà l’accueil du vieux Thorgrel, lorsque j’ai atteint le Kirgion le mois passé. » Un silence glacial s’abattit entre les deux Nains, durant de longs et pénibles instants, avant que Dun Eyr reprenne : « J’aurais espéré que les Poings-de-Fer purifieraient le clan de cette engeance ; pas qu’ils engageraient Lante aussi au soutien de la folie du vieux Général. » Et l’Almien répéta au fils la même mise en garde qu’il avait adressée au père, et pour laquelle on lui avait brisé la bouche : « Le Kirgion est maudit, et ne doit pas être repeuplé. L’air est vicié là-bas, partout où le vieil Hardrek remue ce qui doit rester enfoui. Aussi longtemps que ce prétendu Fort-Garmin ne sera pas mis à terre, il n’y aura pas de répit dans le cœur du Père – et donc pas de paix dans le Zagazorn. »
      Arrivé à ce point-là, il ne restait plus beaucoup de mots à s’échanger. Dun Eyr se leva de table, presque à contrecœur, et il fut imité par les Almiens autour de lui. Le Prophète dit encore, dans un soupir de colère lasse :
      « Je te laisse mon émissaire, Torkh, car la parole donnée ne peut être reprise. Que sa présence puisse te rappeler, jusqu’au jour de ton départ, que c’est une folie de prétendre refaire ce que le Père a défait. »
      Les salutations furent brèves, et froides. Les Almiens quittèrent en silence le Palais d’Airain ; l’instant d’après, ils avaient retraversé l’Enclave, et ils quittaient Lante par les portes de l’Est. Sur l’Olya qui départageait le Zagazorn de part en part, le Morgagrund conjura un épais pont de terre noire ; depuis Lante on vit les flammes danser dans le poing du Prophète. Puis la petite troupe passa vers le Levant, et le pont de fortune s’effondra avec un craquement dans le fleuve. Les débris magiques tombèrent dans l’eau et, comme de la mélasse, ils s’écoulèrent au fil du courant, laissant de grandes traînées nauséabondes.
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