[Afflux] Loin des scories | solo

4ème jour de la 9ème ennéade de Favriüs, Premier mois de l’Automne.
Année XXI | XI Cycle.
Cité de Kirgan | Salle du trône.

Le retour avait été des plus monotones, depuis cette terrible montagne. Des sommets glacés aux neiges éternelles troublées par d’immenses fleuves de laves et de flammes jusqu’au cœur de la capitale du Zagazorn, la cohorte hautement militarisée avait fait bon voyage, sans encombre ni difficultés, mais dans une ambiance des plus maussades. Harald n’avait point été des plus bavards, ni des plus enclins à faire ce qu’il fallait pour pouvoir rehausser l’humeur de ceux qui rentraient sains et saufs.

Mais comment lui en vouloir ? Quiconque s’était trouvé là-haut sur cette montagne, avait pu le voir, le comprendre et même le ressentir : son cœur s’était brisé. Il l’avait déjà été plus d’une fois par le passé, surtout le passé le plus récent… Des décisions aux accents des discours animés par le feu de la passion ; des positions aux affrontements animés par la foi, la colère et les rancœurs ; le cœur et l’esprit du souverain furent soumis à de rudes épreuves… Seul le temps guérirait l’un et endurcirait l’autre. Sans doute.

Rentrés tard dans la journée du 3ème jour, les Nains prirent un repos bien mérité. Ce n’est que le lendemain qu’Harald prit la parole, dans la salle du trône. La chose était habituelle, bien-sûr, mais l’on avait fait savoir aux Nains de Kirgan qu’un discours aurait lieu au lendemain du retour de l’expédition. Beaucoup de choses devaient être dites aujourd’hui.

« Fiers Dawis du Zagazorn, frères et sœurs, fils et filles, merci pour votre présence aujourd’hui, en cette salle, cœur du royaume millénaire qui est le nôtre. » Dit-il, débutant alors son discours depuis son trône. Le souverain ne s’était pas levé, contrairement à certains de ses discours les plus animés… Son faciès était fermé, sa mine grave. Ses mires rayonnaient d’un regard aussi dur que l’acier et aussi froid que l’hiver. « Comme vous le savez, nous sommes revenus de la seconde expédition menée vers la montagne éventrée. Nous y sommes allés, et nous avons tout vu. Tous, nous avons pu voir la montagne détruite vomir ses flammes et son magma incandescent. Tous, nous avons pu voir se baigner dans ces déversoirs enflammés, les ignobles créatures que certains combattirent jadis dans les tréfonds de Kirgan : les Holwerm. Comme les premiers à s’être rendus aussi loin dans les montagnes, nous fûmes surpris et inquiétés par tant de flammes, tant de désolation. Mais notre courage n’en fut point diminué pour autant, au contraire. Nous étions retournés là-haut pour obtenir de véritables réponses, chercher à comprendre ce qui s’était produit là-haut, au-delà des considérations religieuses, des craintes et des superstitions. Chaque clergé de nos dieux était présent, représentés par des prêtres prompts à nous aider dans notre quête. » Dit-il ensuite, introduisant les grands informations qui illustreraient son discours à venir. « Et des réponses, nous en avons eu. Des flammes et de la lave, naquit un Nain de feu et de cendres. Sa peau était aussi noire qu’une nuit sans lune ; ses yeux dardaient des flammes ardentes ; ses veines étaient faites de lave incandescente. Il avait sa main d’arme coupée, et remplacée par une tête de marteau de guerre. Seul, il se dressa face à nous, là où un Dawis n’aurait pu se tenir sans voir sa caboche partir dans les flammes. Il nous invectiva : nous ne pouvions aller plus loin. » Reprit-il, illustrant alors la situation avec l’éloquence d’un barde de renom. « Il nomma ses terres Orsirzdin, et indiqua être le serviteur d’une entité bien plus ancienne que nos dieux, un Béhémoth. Il servait le Feu Primordial, le Zhaaruzbad. Mais, avant cela, il servait Mogar, et son représentant le plus honnis : Dun Eyr. Sa main coupée lui vint de sa défaite face aux forces de feu Hardrek Poing-de-Fer, et sa salvation, d’un Béhémoth au feu primordial. Et il n’était point le seul : de mes propres yeux, je les vis ensuite se tenir là où il se tenait. Plus d’une dizaine d’entre eux, tous de laves et de cendres… » Expliquait-il, laissant une courte pause avant de reprendre. « Mogar, maudit soit-il, n’avait rien à voir avec tout cela. Cette montagne meurtrie n’était point de son fait, ni son avertissement ni l’expression de ses regrets, ou de sa menace. Le Béhémoth était derrière tout cela. Face à la menace, j’ordonnais la prudence… Mais, à nouveau, Braähm en fit autrement… Défiant mes ordres, il tint tête au Nain de lave, louant Mogar, le menaçant sans détours… Il reçut alors la punition de ce serviteur, par la violence et les flammes. Sa main fut si sévèrement brûlée, que nous avons été obligés de l’amputer. Mais cela n’était point suffisant… Car alors, même face aux propos de ce serviteur païen ; même face à l’évidence de la source de ses pouvoirs, Braähm persista dans son fanatisme… Entraînant alors avec lui Ararün Fiers-Marteaux, convaincu lui aussi d’un retour du Mogarisme. » Dit-il enfin, démontrant à l’assemblée le déroulé des évènements et les significations de ceux-ci. « Nous étions retournés là-haut, afin d’avoir des réponses. Nous avions de nouveau bravé les éléments, les Berserkers et les dangers, pour comprendre. De manière sincère et objective, comprendre quelle menace pesait sur nos caboches, s’il en était seulement une. Tout cela, et plus encore… A cause du fanatisme assumé par Braähm Main-Ferme. Vous le savez. Vous y avez tous assisté. Vous l’avez tous vu et entendu ces dernières années… Mogar n’avait rien à faire dans tout cela. Pas plus qu’Ikthor ; ou toute autre divinité de notre panthéon. Mais Braähm persista dans sa voie, et sa folie… Braähm le Fou. » Asséna-t-il, introduisant la suite de son propos. « J’ai fais le serment de servir et de vivre pour le Zagazorn, son peuple et son avenir. Notre peuple est un peuple fier et fort, qui défend ses positions et ses convictions avec passion… Mais lorsque la passion devient fanatisme ; lorsque les positions deviennent dangers, il est de mon rôle d’agir dans l’intérêt de tous. » Une pause… « J’ai condamné Braähm le Fou à mort. Et l’ai exécuté moi-même, par décapitation. A ses côtés se tint Ararün, devenu Traître, défendant les positions du Fou et s’en faisant même le porte-parole devant moi. Il était lui aussi comme Braähm… Aussi l’ai-je condamné à la même sentence. Leurs corps ont été brûlés, et leurs cendres dispersées dans les monts. Je leur interdis toute sépulture, comme feu Hardrek l’avait interdit aux fanatiques de Dun Eyr. Ainsi ai-je pris ma décision. Terminait-il, rappelant alors la force de sa décision, son caractère implacable, ferme et définitif. Sa froideur, toutefois, masquait mal l’étendue de la douleur qui blessait encore son palpitant. « Les prêtres n’ont point encore statué sur l’étendue de la menace que représente ce Béhémoth et ses serviteurs… Dans nos textes sacrés, toutefois, un espoir émerge : Brisséa. La Mère. L’Ours. Béhémoth impressionnante, qui décida de nous protéger dans les cavernes du Monde du Dessous après que Mogar lui ait rendu la liberté. Je m’en remets alors à La Mère, aujourd’hui, pour nous aider face à cette nouvelle épreuve. » Dit-il, prenant alors position. « Toutefois, ces territoires sont les nôtres ; ces créatures ne sont pas les bienvenues. S’ils n’ont point montré d’intentions belliqueuses autrement qu’en châtiant les propos du fanatique, ces Nains de cendres maîtrisent la magie de la terre et des flammes, possèdent la force d’au moins trois Nains, et sont bénis par le Zhaaruzbad… Rien ne nous assure qu’ils ne tenteront pas de nous combattre à l’avenir… Et je refuse d’attendre plus longtemps. J’ordonne donc aux armées de Thanor et de Lantaise de se préparer à un éventuel combat. Que l’on rassemble les troupes, que l’on comptabilise nos effectifs et que l’on prépare nos forges et nos artisans à équiper une armée d’un millier de Nains. Enfin, que l’on mobilise nos précieux graverunes : puisque ces Nains maîtrisent la terre et le feu, nous les combattront également grâce à la magie des éléments antagonistes. Que chacune des lames qui sortiront de nos forges et qui armeront nos fiers à bras, soit gravée de runes ! Nous ne nous laisserons pas faire. Baruk ! »

Puis, comme emporté par ses propres propos et transporté par son propre élan, Harald se leva. Son poing atteignit les cieux et sa mire se fit plus dure encore. Quelque chose avait changé en son esprit… Et en son cœur.  

Lorsque son discours fut terminé, et que quelques fûts de bières, quelques jambons fumés et vieillis furent échangés entre ceux qui étaient revenus et ceux qui avaient attendus le discours du Roi, Harald retourna dans son bureau. Sur ses plus beaux vélins, de son encre la plus sombre, il coucha alors quelques mots qu’il enverrait ensuite aux différents dirigeants de cités. Ils devaient être au courant de tout cela, mais surtout, des décisions prises par Harald, Grand-Roi du Zagazorn. Il rédigea deux missives différentes, l’un à l’intention d’Almis, l’autre, à l’intention du Haut-Conseil de Thanor et de Lante et Molgrunn.

4ème jour de la 9ème ennéade de Favriüs, Premier mois de l’Automne. Année XXI, XI cycle ; Kirgan. Baruk, Narundi. L’expédition est revenue de la montagne de feu. Bien des évènements si sont produits et il est de mon devoir d’en informer la population. Là-bas vivent des Nains faits de cendres, de laves et de flammes. Je les ai vus de mes propres mires. L’un d’eux nous invectiva : ce lieu est le territoire du Zhaaruzbad, le Feu Primordial, et cette terre, ils la nomment Orsirzdin, les Terres de Feu. Ce n’est donc point Mogar, ni Ikthor, ni aucun autre de nos dieux, qui fut à l’origine de cette destruction et de ces Nains incandescents : mais un Béhémoth des temps anciens. Nous sommes tombés face à l’un des serviteurs du Zhaaruzbad : Nulrir, ancien thane du clan Main-Brisée. Peut-être l’avez-vous connu ? Il était Almien, et a combattu auprès de Dun Eyr et fut sauvé par le Feu Primordial lors de la défaite et de la mort des fanatiques. Face à lui Braähm maintint ses propos fanatisés et fut alors tourmenté par Nulrir qui lui brûla les jambes et détruisit la pogne d’arme, comme il avait perdu la sienne voilà des années. Mais cela ne fut point suffisant : Braahm maintint son fanatisme, malgré les évidences et nos informations sur les évènements qui apparurent sur cette montagne. Mais il n’en fit rien. Braähm le Fou, et le traître Ararün qui le suivit dans son fanatisme, furent donc exécutés sur cette montagne. Mais je ne t’écris pas pour cela, Sognir du clan Vieille-Veine. Je t’écris pour te dire que, si ces Nains de laves ne furent pas belliqueux, ils représentent un danger en revendiquant ce territoire qui est le nôtre. Almis étant la cité la plus proche. J’ai d’ores-et-déjà ordonné la préparation et l’équipement d’une armée afin de lutter contre cet ennemi à la magie impressionnante. Si tu en ressens un quelconque besoin, je suis à ta disposition. Puisse Brisséa vous protéger, et puisse Ikthor bénir vos lames. Harald Barbe-Sanglante, Grand-Roi du Zagazorn.

code retouché, original de (c) Ayameko@Never-Utopia.com

4ème jour de la 9ème ennéade de Favriüs, Premier mois de l’Automne. Année XXI, XI cycle ; Kirgan. Baruk, L’expédition est revenue de la montagne de feu. Bien des évènements si sont produits et il est de mon devoir d’en informer la population. Là-bas vivent des Nains faits de cendres, de laves et de flammes. Je les ai vus de mes propres mires. L’un d’eux nous invectiva : ce lieu est le territoire du Zhaaruzbad, le Feu Primordial, et cette terre, ils la nomment Orsirzdin, les Terres de Feu. Ce n’est donc point Mogar, ni Ikthor, ni aucun autre de nos dieux, qui fut à l’origine de cette destruction et de ces Nains incandescents : mais un Béhémoth des temps anciens. Nous sommes tombés face à l’un des serviteurs du Zhaaruzbad : Nulrir, ancien thane du clan Main-Brisée. Il était Almien, et a combattu auprès de Dun Eyr et fut sauvé par le Feu Primordial lors de la défaite et de la mort des fanatiques. Face à lui Braähm maintint ses propos fanatisés et fut alors tourmenté par Nulrir qui lui brûla les jambes et détruisit la pogne d’arme, comme il avait perdu la sienne voilà des années. Mais cela ne fut point suffisant : Braahm maintint son fanatisme, malgré les évidences et nos informations sur les évènements qui apparurent sur cette montagne. Mais il n’en fit rien. Braähm le Fou, et le traître Ararün qui le suivit dans son fanatisme, furent donc exécutés sur cette montagne. En prévision du danger que pourrait représenter ce Béhémoth et ses serviteurs de laves, j’ordonne que soient préparées les armées de Lante et de Thanor. Que l’on comptabilise nos effectifs, que l’on se prépare à armer et équiper un milliers de Nains. Ceux qui suivent ce Béhémoth maîtrisent le feu et la terre : que nos graverunes gravent armes et armures autant que possible pour donner à nos soldats les moyens magiques de faire face à ceux que nous devrons combattre pour récupérer nos terres. Je m’engage à vous fournir toute l’aide et le soutiens nécessaire face à un tel danger et dans une telle entreprise. Puisse Brisséa vous protéger, et puisse Ikthor bénir vos lames. Harald Barbe-Sanglante, Grand-Roi du Zagazorn.

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