Père & fils 2 [Arichis]

Au lendemain du grand banquet de Velmonè, l'activité au sein du fief des Anoszia ne désemplit pas. Avant que les dernières lueurs du jour n'atteignent les lieux, Oschide trouva le moment adéquat pour s'entretenir en privé avec le patriarche. Il n'ignorait pas que le vieux dragon puisse être au fait des dernières actualités, mais mieux valait que les choses sortent de sa bouche plutôt que de celle d'un homme menestrel. Ainsit gravit-il les innombrables escaliers et arpenta-t-il les couloirs menant aux bureaux du seigneur des lieux. Il se revit effectuer le même trajet quelques années plus tôt afin de recevoir les ordres où de subir les sermons du vieux.

Il frappa à la porte et entra sans attendre. Derrière un grand bureau en bois sculpté, l'argentier du soltaar attendait patiemment, devant sans-doute s'occuper à quelques formalités d'usage avant son entrée.

-Père, dit-il en le saluant. Il est de plus en plus difficile d'obtenir un entretien avec vous.

Il s'installa sur l'une des chaises faisant face à l'autel du dragon de Velmonè.

-Vous me pardonnerez sûrement d'apporter avec moi des mauvaises nouvelles, je ne voudrais pas briser votre joie concernant votre futur mariage avec la dame de Soltariel. Ceci étant dit, vous devez être informé des derniers événements de Diantra. Godfroy de Saint-Aimé pourrait déclarer la guerre au roi, nous attendons encore de sa part une déclaration formelle, mais nous avons déjà prit nos dispositions quant à un éventuel conflit sur le sol langecin.

Premier jour de la cinquième ennéade de Barkios, an 9

Son bureau de Velmone lui manquait parfois à Soltariel. Un portrait de son père encadrait la porte avec un autre de sa mère. Le tapis était un souvenir de sa chambre d'enfant. Les lieux étaient beaucoup plus personnels qu'à Soltariel. Arichis avait tellement de souvenirs dans ces lieux. Il se rappelait encore les jeux d'Azénor sur ce même tapis, Oscario qui s'y faufilait sans permission pour jouer au "grand". Oschide avait demandé à le voir en privé, ce qui fut chose ardue à s'organiser. Il dut décaler des audiences et en annuler certaines avec des nobles invités pour se trouver le temps mais il devait en tout cas s’entretenir avec son fils. Il ne l’avait pas revu depuis Langehack et il avait bien changé, outre la cicatrice près de son œil Oschide lui semblait plus sombre que d’habitude. L’avait-il mal préparer à régner ?

« Fils. Dit-il en se levant pour l’embrasser en l’attrapant par la nuque. M’en parles pas, il m’est encore plus dur d’être seul avec moi-même. »

Oschide s’installa face à lui. Le patriarche croisa les mains sur son bureau et l’écouta. La guerre. Cela ne l’effrayait pas. Il avait survécu à Diogène, Altiom, Alastein et Kahina. Il survivrait à Godefroy. Mais il ne voulait pas d’une guerre à quelques ennéades de l’automne, il ne voulait pas emmener ses gens sur des sols ennemis après toutes ces réjouissances.

« Hm, je vois…

Il se leva de sa chaise pour chercher une carafe de vin. Il servit deux verres, le premier qu’il goûta puis donna à son fils et le deuxième qu’il posa sur le bureau.

« Nos hommes à Diantra m’ont écrit pour me parler de l’incident où vous avez échanger des insultes. »

Il s’adossa contre le bureau juste à côté du duc et porta le verre à ses lippes. Le reposant après un léger silence, il leva les yeux vers Oschide, impassible.

« Expliques-moi quelque chose. Diverses sources m’ont confirmé que pendant qu’Ernolss négociait au sud, tu t’étais rendu à Sainte-Berthilde pour nouer une alliance avec Godefroy, le faire roi et le soutenir. Que s’est-il passé ? » Arichis ne plaisantait pas mais il ne semblait pas énerver ou curieux, il était de ce calme dont ses enfants étaient coutumier lorsqu’ils faisaient une bêtise.

Son père lui avait posé un verre de vin sur le bureau. Il ne le toucha pas. Pendant trop longtemps, l'alcool avait été un substitut à ses malheurs et à son isolement loin de sa femme. Le vin l'avait vraisemblablement privé de ses sens et de sa raison. Où était-ce alors l'herbe à pipe qu'il fumait plus que de raison pour palier ses douleurs récurrentes. Un constat pouvait se faire présentement : il était exténué. C'est sur ce point que son père l'interrogea en premier. Pourquoi avait-il décidé de rejoindre Sainte-Berthilde et d'aider le marquis à monter sur le trône. A l'époque, ses raisons étaient nombreuses. Calcul politique, intérêts économiques, etc... Pourtant, son père qui se voulait être le nouveau fer de lance de sa majesté Bohémond ne se laisserait pas bercer par de tels arguments, surtout pas venant de sa progéniture. Seule la vérité triompherait.

-Aucuns de mes arguments ne sauront trouver d'échos valables à vos yeux, je le sais bien. Seulement, vous devez savoir une chose. Aucun traité n'a été fait et signé durant mon séjour à Sainte-Berthilde, j'y ai veillé. Autant dire que mes paroles ont eu autant de valeur qu'un courant d'air. Non, je me suis rendu à Sainte-Berthilde à la proposition de son marquis, pour renouveler le dialogue et rouvrir les routes, officiellement. Là-bas, j'ai découvert un homme caractériel et violent avec une idée bien précise en tête.

Un sourire malin vint se lire sur ses lèvres.

-Godfroy est un fin tacticien et sûrement un très bon stratège, mais j'ai néanmoins pu constater une certaine maladresse en matière diplomatique, chose que vous aurez sans-doute noté vous aussi. J'ai eu droit au discours sur la fausseté du sang de Bohémond, ainsi qu'à une proposition d'alliance visant à le faire roi de tous. J'avoue avoir été quelque peu surprit par son intention, pourtant je suis resté sûr de moi en lui accordant mon soutien. Soutien temporaire qui ne visait qu'à une seule chose : Gagner du temps.

Je le sais isolé. Ses vassaux le craignent sûrement plus que les puysards eux-mêmes. Sa confiance acquise, j'ai pu continuer la consolidation de Diantra avec Oscario le temps qu'il s'en aille festoyer au tournoi de Serramire. De Clairssac, à qui nous sommes venus en aide sur ses terres, a eu en contre-partie la charge de renouveler les liens avec Odélian, tout comme vous l'avez vraisemblablement fait avec le marquis de Serramire. Je n'ai seulement pas pu prévoir qu'une blessure au crâne me plongerait pendant quelques ennéades dans un sommeil profond, sinon quoi j'aurai poursuivi mes actions.

Nous sommes aujourd'hui en position de force. Nous avons Diantra et vous serez bientôt fait duc de Soltariel, et ce, sans que le bellicisme de ce Saint-Aimé puisse nous impacter. Nous avons la maîtrise des mers et des océans, le privant ainsi de toute opération navale. Les voix terrestres lui sont coupées, sinon quoi il risquerait une guerre ouverte avec la ligue sur un territoire hostile. Mais si jamais il parvient à atteindre nos terres, alors nous aurons toute la légitimité pour nous défendre et le défaire aux yeux de tous.

Il m'aurait été possible de le faire arrêter lors de son séjour à Diantra pour l'élévation de la haute-prêtresse. Je n'ai pas trouvé la décision sage de briser les lois de l'hospitalité, ni de faire de lui un prisonnier « martyr » faisant de nous les geôliers et de notre acte un cassus belli suffisant pour qu'aucuns de ses vassaux ne rechignent à vouloir venir le secourir au nom d'une guerre juste. Non, il est désormais celui qui souhaite briser la relatif équilibre qui règne en ce moment. Il sera vu comme l'instigateur du chaos, celui qui apportera de nouveau la mort dans la péninsule, décrédibilisant ainsi toutes ses prétentions et ses arguments, faisant de nous les garants de l'ordre et de la légitimité de Bohémond. Par une guerre victorieuse, nous pourrons réinstaurer le roi à Diantra et inciter les derniers récalcitrants à nous rejoindre, tout en supprimant les principaux opposants.  

Le régent nota qu’il ne prit aucune goutte de son alcool. Il l’écouta et le laissa finir. Oschide ne se rendait pas compte du possible impact de ses faits. Arichis prit le soin de l’écouter attentivement, il avait ses arguments et sa plaidoirie n’était pas dénouée de sens. Il ne comprenait pas le Saint-Aimé. Ce dernier avait réussi à propager son mensonge sur l’Atral, il s’était fait marquis et aurait du s’estimer heureux d’y avoir réussi. Pourtant le voilà qui clame ses prétentions à un trône qui ne lui revenait ni de son père, ni de sa mère, le voilà qui voulait amener à nouveau la guerre sur la péninsule. Son surnom d’Effroyable pourrait très bien être remplacé par le Sot d’ici la fin de l’année.

« Je t’entends.»

Dans un sens Arichis était rassuré, son fils ne souhaitait pas faire cavalier seul et se rebeller d’avantage. Mais le père avait quand même sa leçon à donner.

« Tu ne peux pas donner ta parole si dès le départ ton intention est de la briser. Si ce Godefroy règne par la peur sur les siens, tu dois régner par le respect chez toi. Tes hommes doivent pouvoir te faire confiance lorsque tu leur donne ta parole, ils doivent la respecter. En faisant des promesses ici et là, tu nous décrédibilise tous Fils. »

Les hommes devaient craindre et respecter leur suzerain. Craindre les conséquences d’une trahison et respecter ses décisions, être assez loyal pour le suivre.

« Mais ce qui est fait est fait. J’aurais apprécié que tu me parles de tes projets, que tu partages tes plans. Je t’aurais aidé. Je t’aiderais toujours Oschide, tu le sais n’est ce pas ? »

Par contre l’ainé de la fratrie n’avait pas tort, ils étaient en position de force. Ils possédaient trois plus d’hommes, dix fois plus de navires et leur richesse les préservait de la ruine.

« Tu as eu raison, tu ne pouvais pas le capturer à Diantra, tu n’as pas encore fait de serment au roi. Par contre, ton oncle, le sénéchal Ysarain, étaient sous mandat royal à la capitale. Au nom du roi, ils auraient pu l’arrêter pour félonie, usurpation et lèse-majesté. La nuance est légère mais existante, ton honneur aurait été préservé et la guerre évitée.

Mais effectivement, ce n’est pas un mal si grand. Comme tu l’as dit, c’est l’occasion d’éjecter Godefroy de l’Atral et rattaché la province au royaume de nouveau. Mais avant, nous devons faire les choses correctement. Langehack n’a pas encore fait serment au roi. Après mon mariage, nous irons à Soltariel pour que ton duché rejoigne la Paix du Roy. Après quoi, nous pourrions réunir le conseil. Entre temps j’enverrais un émissaire à Sainte-Berthilde, pour raisonner l’homme. »

Son père se montra attentif à ses mots, même compréhensif, cela le réconforta quelque peu. Il n'avait pas grand chose à se reprocher, si ce n'est d'avoir prit des décision hâtives sans en faire part à sa femme où à ses proches, mais il n'en était pas moins resté droit dans ses bottes, ce que le vieux dragon s'était évertué à lui faire comprendre depuis sa prime enfance. A l'évocation du serment de Langehack, Oschide acquiesça. Il avait l'approbation de Méliane et prêterait serment en son nom, cela ne poserait probablement aucun problème. Cependant, lorsque son père évoqua brièvement son futur mariage, il eut comme un morceau coincé dans la gorge. Si ce mariage était de toute évidence une union politique entre deux puissantes familles, il n'en restait pas moins un événement symbolique à ses yeux.

Pour autant, il n'en fit pas de suite mention, préférant revenir sur le cas du berthildois.

-Vous auriez sûrement plus de chance de raisonner un prêtre sur sa foi, mais certes, nous ne pouvons couper le dialogue. Mon épouse était en bon terme avec la marquise, j'ai cru comprendre qu'elle lui avait envoyé une missive pour calmer les esprits nordiens. J'ignore si elle parviendra à trouver un écho, mais la diplomatie peut encore nous aider. Toujours est-il qu'au moindre renseignement sur un éventuel mouvement d'armée, je me tiendrai prêt.

Ceci étant dit, il repensa à la jeune suderonne que son père allait bientôt épouser.

-Tibéria de Soltariel m'a l'air d'être une femme forte comme le duché en aura besoin. Il est temps que les soltaars tirent un trait sur l'estréventine. J'imagine que vous y veillerez. En tout cas, j'espère que ce mariage vous rendra heureux.

Heureux ? Bien sûr qu'il le rendrait heureux. Devenir duc et contrôler le sud tout entier avait évidemment de quoi rendre heureux. Épouser une jeune femme de vingt ans au physique gracieux avait de quoi rendre heureux aussi. Il savait pourtant au fond de lui que sa mère, Hélène d'Anoszia, garderait une place prépondérante dans le cœur du patriarche. Du moins, il l'espérait.

-Mère serait sûrement heureuse de vous voir de nouveau marié. Elle n'a jamais cessé de veiller sur notre famille, sinon quoi, nous n'aurions certainement jamais été tous réuni pour une telle occasion.

Fou sont ceux voulant déclarer la guerre au sud. Les contrées du méridien n’étaient pas les plus fournies en armées mais elles étaient celle avec le plus de souverains, et à force, de contacts. Des marchands d’Ydril et Soltariel parcouraient la péninsule entière, parfois même au-delà, si des armées étaient en marche, la rumeur viendrait jusqu’à Velmone facilement. Toutefois, Arichis enverrai des éclaireurs pour parcourir le pays.

« Il est temps de rappeler à la péninsule que le Roi ne tolère pas la félonie et la trahison. Les émissaires parleront pour nous, si la diplomatie échoue, Sainte-Berthilde comprendra que les Dragons se gausse des brebis.»

Ou cerf. Arichis voulait être le réunificateur de la péninsule mais il avait souhaité le faire sans verser une goutte de sang, Godefroy devait le craindre pour vouloir amener la guerre sur ses propres terres. Oschide changea finalement de sujet pour celui du duché.

« Kahina n’a pas su se faire des alliés loyaux. Mis à part Sybrondil, grâce à son mari, elle n’avait pas de soutien et son règne s’est calqué sur ses sentiments personnels. Une erreur. Tibéria me semble plus conventionnelle. Merci mais je ne compte pas sur ce mariage pour être heureux, c’est ce qu’il me vaudra qui me le rendra. »

Avec le temps il pourrait développer de l’affection pour Tibéria, surtout si elle lui donne des enfants. Mais il ne comptait pas sur elle, personnellement, pour être heureux. Il l’espérait au fond de lui mais ne l’avouerait jamais. Il se resservit un verre de vin qu’il bu d’un coup avant de sourire.

« Ta mère me pincerait au sang si elle savait que je me remarie. Surtout avec une jeunette de onze printemps. Hélène était possessive, jalousement possessive. Un jour, elle avait découvert un collier de femme dans une boite à vélin près de mon chevet, ce n’était pas le sien et elle savait que je ne négligerais pas le bijou ainsi si c’était un cadeau alors elle a cru que c’était à une autre femme qui avait partagé mon lit. Lorsque je suis rentré, elle a failli m’assommer avec pensant que je la trompais. Elle restait entrain de me frapper avec encore et encore jusqu’à ce que chacune des perles se détachent. Elle ne me laissa même pas le moyen de placer deux trois mots expliquant que c’était celui de ma tante Rozala et que je souhaitais l’offrir à Cornélia.»

Arichis rit. Hélène avait été une remarquable épouse, son cœur se serrait toujours lorsqu’il l’évoquait. C’était elle qu’il aurait voulu faire duchesse, offrir le monde et au-delà. Blanche la lui rappelait, sans doute pour cela qu’il affectionnait la baronne plus que de raisons.

« Mais ta mère aurait été heureuse de voir ses fils Duc de Langehack et Baron d’Ysari. Tibéria est jeune et bonne, mais elle ne la remplacera jamais.»

Le patriarche respecterait son épouse, il honorerait son devoir conjugal avec plaisir, la traiterait avec égard mais ne la laisserait pas devenir un frein ou fardeau pour sa famille.

« En parlant de fils, j’ai entendu que tu attendais des jumeaux. As-tu réfléchis à une idée de prénom ?»

L'anecdote sur sa mère le fit sourire en même temps que son père, bien que cela eut également l'effet de remuer le couteau dans une plaie toute juste cicatrisée. Il n'en montra rien et resta stoïque comme l'homme qui lui faisait face. Ce n'est qu'après lui avoir confirmé que cette Soltaar ne remplacerait jamais sa mère que son ton s'apaisa un bref instant pour lui demander les noms de ses prochains enfants. Il y avait déjà réfléchi et ne mit pas longtemps avant d'accorder une réponse.

-Uggo et... Hélène, c'est ce que souhaite Méliane si l'un des jumeaux est une fille. Êtes-vous au courant au moins qu'ils seront deux et non qu'un ? C'est ce qu'elle m'a assuré dès mon retour.

Passé la question, il se reconcentra sur la véritable raison qui l'avait amené à demander un entretien privé avec cet homme que tout le monde souhaitait avoir en ami, où du moins, ne pas avoir en ennemi.

-Qui compose le conseil royal ? Quid du mervalois et de ses intrigues ?

« Effectivement, j’étais au courant. Très bon choix. »

Uggo était son illustre grand-père, celui qui avait fait de la rébellion de son demi-frère un exemple et avait inspiré Arichis dans ses œuvres. Dans trente ans peut-être, un second Uggo d’Anoszia régnera sur le Langecin. Arichis ne pouvait qu’être fier. Quant au conseil royal, son évocation fit perdre à Arichis son sourire.

« Le Prince de Merval est Chancelier et Gardien du royaume pour le moment. Je suis l’Argentier, un Scylléen est Amiral, un Soltari a remplacé un Sybrond au sénéchalat et d’autres détiennent un siège et des titres farfelus. Les intrigues de Cléophas ne nous concernent pas, laissons le occuper à ses terres pendant que nous dirigeons le royaume. Car pour le moment, bien que j’en ai pas les titres, je suis celui qui mène le conseil. »

Arichis devinait que son fils souhaitait également un titre et un siège au conseil, malheureusement il venait un peu tard pour briguer un des quatre postes important. Toutefois Langehack allait de nouveau être élevé comme pairie du royaume et un siège de conseiller serait alors concédé.

« Parlons guerre. Comme c’est une guerre contre le Roi, le sénéchal mènera les armées. J’ai confiance en lui, mais je n’ai pas confiance en le scylléen. As-tu un nom à me proposer pour celui qui mènera nos navires dans l’Olienne ? »

Ainsi son père menait bel et bien la barque. Malgré cette affirmation, la présence du mervalois dans les hautes sphères du royaume n'était pas pour lui plaire. Avait-il pourtant le choix à présent ? Il s'apprêtait à prendre la route en direction de Soltariel pour s'agenouiller devant l'enfant roy et présenter ses excuses quant à ses dernières actions aux côtés du velterien. Son avis ne compterait probablement pour rien dans les futures décisions, il le savait. De là à saluer le mervalois et à lui offrir ses amitiés, il ne faudrait pas compter dessus.

Voyant que l'évocation de ce Cléophas le chagrinait, son père changea de discussion et lui demanda un nom pour mener les flottes dans l'Olienne. Bien évidemment, un seul lui vint en tête.

-Enrico de Montecale me semble être le plus qualifié pour mener notre flotte. Il l'a déjà fait contre les scylléens et s'est montré redoutable. Nous pouvons compter sur lui.