Une danse pour deux Feux [Velkyn]

Au travers les ruines d’une citée ornementée par la mort, la douleur et la souffrance, conquise par un peuple aussi puissant qu’ambitieux, naquit un Temple à l’image de tout ce que représentait le Tout Puissant Uriz. Vestiges d’un temps révolu, d’une époque où les Drow n’avaient pas encore main mise sur cet endroit, le Temple d’Uriz couvrait sous sa protection tous les noirelfes qui chérissaient et épousaient les ambitions de leurs généraux : l’extermination d’une race en son entièreté, pour le salut d’une autre. De surcroît, l’endroit se montrait propice à des règlements de comptes musclés, de même que de sérieux entraînements, autant militaire que religieux. Trônant à la dextre du seul monument d’Uriz, une statue d’elfe décapitée et démembrée s’était vue souillée d’une épaisse couche sanguine et décorée de ventrailles de bœuf. Les murs tenaient à peine debout et à chaque jours qui passaient, s’écroulaient contre le pavé en décrépitude quelques nouveaux  rochés.

Qu’à cela ne tienne, aujourd’hui se tenait une séance d’entrainement qui, principalement, avait pour cible le Haut-Prêtre. Malmenant ses hommes, le Prima balança son marteau de guerre avec une férocité sans pareille. Son rugissement tonna d’un coin à l’autre du sanctuaire, se mêlant aux criements de ses adversaires qui l’un après l’autre, s’écroulèrent sous la pesanteur de son marteau de guerre. L’animal qu’était Velkyn tourbillonna sans ménagement, laissant derrière sa fougue inépuisable moult de ses disciples souffrir d’ecchymoses en devenir sous leur harnois cabossé. Son dernier adversaire, muni d’un écu de chêne, lui donna enfin du fil à retordre. Les échanges musclées se prolongèrent et le Prima souffrait enfin de quelques signaux de fatigue. Son visage se déformait sous les assauts toujours aussi brutaux les uns que les autres, tandis qu’il se voyait contraint de ralentir la cadence, après avoir envoyé au tapis pratiquement une dizaine des siens. Chose faite, son adversaire ne perdit pas de temps et commença à le rudoyer à l’aide de sa protection de bois. Son bouclier s’abattait à répétition sur le Haut-Prêtre avec acharnement, l’empêchant de soulever correctement son pesant marteau, l’acculant contre un menu muret formé de rochers. Les coups du disciple visaient son épaule meurtrie par sa blessure récente, chose qui n’avait rien pour plaire au Haut-Prêtre. Bientôt, du sang s’écoula abondament entre les sangles de cuir que recouvraient son poitrail, signe qu’icelle s’était ré ouverte. L’arcade sourcilière de Velkyn se sectionna au même instant sous l’impact du chêne,  brouillant sa vision partiellement sous un voile carmin.

Alors son moment de faiblesse l’enragea à outrance. Sa jambe se déploya et, propulsée d’une force plus qu’exagérée, il envoya paître son adversaire contre le sol poussiéreux. Les deux paluches du prêtre se cramponnèrent plus fort que jamais contre le manche de sa massue, qu’il souleva haut dans les airs, et prenant tout son élan, la fit s’abattre de toutes ses forces contre l’écu de son homologue au derme ébène. Des éclats de bois virevoltèrent dans tous les sens, tandis que l’arme du crime perfora son bouclier pour atterrir contre l’avant-bras du Drow qui, sous la pression, s’en vit les os broyés. Un cri d’horreur et de souffrance étouffa les réactions de tous et chacun, alors qu’au même moment, victorieux, Velkyn redressa le menton vers Tebirahc. Oubliant systématiquement tout ce que pouvait bien ressentir sa victime qui, comme un vers blanc, se tortillait de douleur, Velkyn déposa ses deux yeux injectés de sang dans ceux de l’Ex Avatar. Il lui prit un long moment avant d’enchaîner le moindre mot, non point à cause de son souffle court et agité, mais parce sa présence le troubla momentanément. Tout l’histoire d’un homme défila devant ses yeux et, au fin fond de sa psyché dérangée, une voix tonna, lourde et lointaine. Une voix qui hurlait son bonheur et sa joie : Velkyn entendait Uriz jubiler à la vue de son champion. Cette légende vivante, qu’on croyait disparue, réapparaissait mystérieusement d’outre-tombe et se présenta à lui comme si rien n’était. Zébré d’écarlate par sa propre blessure, Velkyn s’essuya du revers de son gantelet de cuir puis hocha de la tête en guise de salutation sincère, sans jamais le quitter des yeux. Il ajouta par la suite, mariant sa voix à un respect qui se voulait véritable :

« Ust’Chath. »

Un titre qu’il ne méritait plus, un titre qu’on lui ôta suite à une cérémonie qu’il qualifia d’ailleurs de mascarade. Si les deux Primas ne s’étaient jamais côtoyés plus qu’outre-mesure, le Haut-Prêtre n’était pas plongé d’ignorance, il était au fait de tous les faits d’armes légendaire de Tebirahc. Il y avait même moult fois, joué un rôle à ses côtés sans qu’il n’en ait la moindre connaissance. Détrôné injustement de son titre, c’est sans doutances que Velkyn se refusa à l’idée de le savoir de nouveau parmi les « normaux ». Il en avait gros sur le cœur à ce sujet et l’occasion se présenterait où il se devrait de tout lui déballer, mais ce temps viendrait.

« J’étais venu solliciter de votre part un entretien, mais à vous voir combattre… Pourquoi pas une danse. »

Alors le Haut-Prêtre en eut des frissonnements le long de l’échine, son faciès laissant place au début d’un presque sourire. Ses babines s’étirèrent délicatement d’amusement à l’idée de croiser le fer avec un homme dont Uriz lui-même avait frappé de ses bonnes grâces. Le guerrier s’approcha alors du Feu, posant sa botte contre l’être qui souffrait le martyr au sol. Une pression s’exerça contre son bras meurtri et c’est, sous un regard plus qu’incitatif, qu’il lança à l’estropié :

« Va te plaindre ailleurs. L’Avatar aura besoin de place, lorsqu’il dansera. »

Il appuya ses mots lorsqu’il réitéra le titre de Tebirahc, comme s’il marqua sa position quant à sa rétrogradation passée. Puis, retourna à son invité de marque qu’il accueillit en l’invitant d’un geste de la main.

« Nous aurons un entretient, à n'en point douter. Mais montrez d'abord ce que d'une main Uriz peut offrir à ses enfants, déguainez, Tebirahc! »

Les sceptiques n’étaient désormais plus. Des paires de yeux s’écarquillèrent et s’arrondissèrent comme des billes, dévisageant le nouveau venu comme ils l’auraient fait devant un fantôme. Si de visage tous ne l’avait pas reconnu de prime abord, son nom avait traversé les âges, de même que sa renom. Moult s’écartèrent de l’arène, laissant tout l’endroit au bon vouloir des deux bretteurs. Les deux se fixèrent comme des prédateurs qui s’auscultaient. Velkyn roula inconsciemment son épaule endolorie, un picotement commençant à le déranger.

Il prit position dans l’arène et attendait son compagnon de danse avec un calme qu’on ne lui connaissait pas. Si la bête en lui ne demandait que de bondir, sa raison prenait momentanément le dessus en cherchant une quelconque stratégie à entreprendre …

Si Velkyn défit nombres d’ennemis, jamais il n’eut à croiser le fer avec quelqu’un d’aussi talentueux, si c n’était pas le plus talentueux d’entre tous.. Dans cet état, qui plus est, ce n’était pas gagné d’avance …

De forme ellipsoïde, l’arène, si nous pouvions la nommer ainsi, était encombrée par quelques obstacles qui se mêlaient souventefois aux rixes musclées que célébrait l’endroit. Quelques monticules de terre dénivelaient la piste de danse, rendant les affrontements parfois plus piquants. Moins fréquents mais tout de même présents, quelques rochers de bonne taille aussi, ajoutaient leur lot de difficultés aux échauffourées. Alors, lorsque Tebirahc, le Feu d’Uriz en personne, entreprit de piéter en lice, le visage du Haut-Prêtre changea du tout au tout. Ses sourcils se froncèrent, tandis que son faciès se durcissait, démontrant tout le sérieux dont il allait faire preuve durant le prochain duel. Si on le savait enclin à l’impulsivité et à son tempérament tempétueux, il n’en était plus rien. Son regard analytique le sondait longuement, sans piper le moindre mot, comme s’il envisageait déjà sa frappe initiale. Comme deux félins prêts à se sauter à la gorge, crocs déployés, les deux combattants jouait des pieds en se tournant autour, d’un pas calculé et mesuré. Tout pouvait arriver. Velkyn n’eut pas en sa longue existence, chance d’affronter de ses semblables. Surtout pas ceux de cet incroyable acabit. Or, il faudrait être vif et concis, que le combat ne perdure, et surtout, ne pas lui laisser la moindre chance de prendre le dessus. Après deux tours à s’étudier, les yeux dans ceux de son homologue, les hostilités éclatèrent.

L’Ust’Chath s’élança d’un geste véloce, arme en main, mais trouva alerte, le marteau de guerre du prêtre. Le fer résonnait dans le Temple comme le tintamarre d’un forgeron contre son enclume, ne laissant aucune interprétation quant à la violence des échanges. Si le Feu d’Uriz se permit de tester son adversaire en des assauts retenus, Velkyn quant à lui donnait tout ce qu’il avait. À deux mains, sa grippe plus ferme que jamais, balançait sa pesante arme en des élans dévastateurs, sans tenir compte du sacrifice de vitesse auquel il se soumettait inexorablement. Ingambe, Tebirahc s’esquivait en bondissant in extremis vers l’arrière. À voir les efforts déployés dans la frappe du colosse, il valait mieux s’y soustraire que de parer les coups. En eut été autrement, qui sait si le marteau aurait emporté avec lui l’entièreté de sa défense? Parade par-dessus parade, le pas de danse rythmé voyait son tempo s’accentuer et prendre en amplitude, alors que le fer chantait à chaque coups qui se croisaient. L’Avatar sembla, à l’instar d’un brasier qui reprennait sa vigueur, gagner en rapidité. Ses attaques étaient brèves et précises, tournoyant autour du Berserker en l’assaillant tous bords tous côtés. Jusqu’à ce que, instinctivement, le marteau tente de chasser le Feu en une attaque aussi violente que rapide. Sous le joug d’une partielle d’inattention, l’Avatar n’eut autre choix que de parrer l’attaque à l’aide de son cimeterre, lui, fort bien plus léger que le pesant acier. Un cri déchira l’arène alors que Velkyn emporta avec son coup toute sa hargne, laissant l’Ust’Chath ébranlé par la vague de force qu’il dû encaisser.

S’il fallait miser sur l’un ou sur l’autre, la balance commençait à tanguer du côté du Berserk. Les doutes semblaient hanter les yeux de Tebi et cela se voyait, parce qu’au-delà la sueur qui perlaient sur leurs deux fronts, leurs regards ne s’esquivèrent jamais. Un contact visuel constant était établit et, prenant le dessus, le Xaran continuait à le malmener. Il fit d’ailleurs un bond vers l’avant, puis décocha un coup de son manche sur le menton de l’Avatar. Premier abonné et enclin à la colère, Velkyn connaissait les bienfaits d’un tel état et, avec le temps, jugeait que l’envers de la médaille d’un tel état d’esprit en valait la chandelle. Alors il continua à le rudoyer, tout le temps que ses yeux semblaient noyés sous les doutes. Enfin, Velkyn trouva le souffle de lancer, entre deux attaques : « Uriz est fier, il ne reprend pas si facilement ce qu’il donne à ses enfants, Avatar! ». L’effet fût immédiat. La balance trouva l’autre extrémité, car notre Haut-Prêtre semblait en bien piètre posture. Il n’était plus maintenant prédateur et avec raisons, puisqu’il se contentait de ne pas être oblitéré par l’arme de son adversaire, tant les attaques étaient vives. Tôt, son faciès commençait à défaillir par la fatigue, la sueur ruisselait sur contre ses joues tandis que le sang abondait hors de sa plaie. La bête s’était réveillée et elle était plus féroce, vorace et dangereuse que jamais. Le voilà, l’Ust’Chath, créature d’Uriz, dont la force était puisée à même le Créateur!

Les minutes s’enchaînèrent et les spectateurs, aussi peu nombreux étaient-ils, commençait à se questionner sur l’issue de cette rixe. Comment était-ce possible qu’encore maintenant, ni un ni l’autre n’ait été atteint? Chose certaine, avec le rythme que les choses prenaient, le Puy verrait son Haut-Prêtre défait pour la toute première fois. Jusqu’à ce que, vint le moment où, puisant dans ses dernières forces, le maître d’arme balança son marteau non pas en direction de son ennemi, mais plutôt vers l’arme de son adversaire. Celui-ci s’écrasa contre la base de l’acier, délogeant celle-ci des mains de Tebirahc, mais laissait également le Berserk désarmé, puisqu’elle avait aussi glissé de ses paluches.

Eux deux étaient maintenant désarmés, essoufflés et à bout de forces. Jamais un combat ne fût aussi violent, et jamais personne ne saura que deux titans venaient de s’affronter, à même les ruines d’une citée millénaire. Un tel affront aurait mérité d’être exposé, à titre d’exemple, devant le peuple Guerrier, mais il n’en fût rien. Nul ne fût déclaré gagnant, mais c’est avec peine et misère, un œil clos et brûlant par la sueur qui s’était introduit sous sa paupière, que le Haut-Prêtre souriait. Un sourire satisfait, non pas par ses propres performances, mais par celles de le l’Ust’Chath. Or, après avoir reprit légèrement son souffle, il ne perdit pas de temps pour ajouter : « Les présentations faites, nous pouvons maintenant parler, si l’offre tiens toujours.»

Un frison lui secoua l’échine, alors qu’il se sentait se rafraîchir plus prestement qu’il ne le devrait. Il abaissa le menton et constata l’état dans lequel il avait empiré sa blessure, celle-ci probablement sanguinolente, à voir sa peau d’ébène rougie par ce liquide. Ses doigts dénouèrent les sangles de sa cuirasse cloutée, du moins le plastron, qu’il ôta en le lançant plus loin, faisant s’élever un nuage épais de poussière. Il avait vu juste : sa taillade s’était rouverte lorsque les points de suture avaient cédés. La fougue usée lors du combat, son sang bouillant sous l’effort physique, les secousses occasionnées par la férocité de son adversaire, jouaient tous dans la balance. On s’en doutait, il n’en fit pas le moindre cas. Sa patte vint s’écraser contre sa propre plaie, chassant de sa paume l’excédent de sang qu’il s’étalait sur le pantalon, n’en ayant cure. Il s’asseyait sur un rocher et l’invitait à en faire autant, d’un geste désinvolte. « Pour quelqu’un qui croyait avoir été abandonné par son Père … »  Dit-il, le souffle encore un peu court, reprenant ses aises peu à peu. Son faciès était froncé de sérieux, à son habitude, ajoutant ensuite, plus pour lui-même que pour son adversaire : « J’en ai toujours été certain. »

Alors Tebirahc écourta toute forme d’échange, mettant doigt sur le vif du sujet. Sa question, sûrement tirée sur le volet, ne laissa pas indifférent le guerrier. Son visage dur se secoua d’amusement, illuminant plutôt ses traits en un sourire narquois, déposant ses deux mains sur chacun de ses genoux. « Ce que tu me poses comme question, Ust’Chath … C’est quelque chose à laquelle tous ne seraient pas à l’aise de se prononcer. Heureusement, ce n’est pas mon cas … Je guerroie pour plusieurs raisons, bien que principalement, je mets tout en œuvre pour que mes ennemis m’haïssent. »  Il avait pesé sur ce dernier mot avec une véhémence certaine. « Je veux qu’ils m’haïssent comme je les hais. Sais-tu pourquoi, Tebirahc ? Je crois que la colère qu’est engendré dans ce monde, nourri directement notre Créateur. C’est de sa colère qu’il façonna le monde et c’est seulement le jour où il perdit de sa vigueur, que Kherhel accompagnée de ses simulacres de Dieux mirent pieds sur Miradelphia. C’est de la colère, de la haine et de la cruauté qu’il a toujours puisé sa puissance et nous, ses enfants, sommes de même. J’entretiens de me battre, de torturer et de tuer dans ce but précis. Aussi aurais-je pu te répondre que je me bats pour obtenir la fierté d’icelui, ou son approbation? Ou encore pourrais-je te répondre simplement qu’il me plait d’écourter la vie d’un homme, d’une femme ou d’un poupon. » Il s’était exprimé avec une certaine passion, celle-ci transparaissant dans le fin fond de ses yeux injectés de sang. « Encore que j’aurais pu, dans d’autres circonstances, te répondre qu’il n’est point de raisons plus juste qu’une autre, tant que crèvent ceux qui se dressent devant les Drow ».

Sa main tachetée de sang séchée allait gratouiller son menton, maintenant plus pensif. Ses yeux ne dérivaient pas de ceux de Tebi, auquel il posa à son tour une question : « T’attendais-tu à une réponse en particulier, ou l’Avatar d’Uriz cherchait seulement à mettre en déroute le Haut-Prêtre ? »  Non sans une menue pointe d’agacement, comme s’il n’avait pas vraiment apprécié la manière à laquelle la question fût apportée. Il était à noter qu’entre eux deux, une fois le combat achevé, le prêtre avait fait tomber les barrières du vouvoiement, en le tutoyant, avec respect néanmoins, comme d’un frère d’arme à un autre.

Velkyn courba l’échine pour atteindre sa besace, posée plus loin, afin de piocher un bout de pain enroulé dans un linceul à peine humide. Il commença à mâchouiller sa pitance tout en offrant à l’Avatar tout l’attention que demandait un tel entretient. Sa connaissance de l’histoire et des personnages importants, primes fondateurs de leur société et autres personnages notoires, n’était certes plus à remettre en doute. Pourtant, se baser sur ces personnages d’anthologies pour appuyer un tel argumentaire n’apportait rien de tangible, si tant est que les siècles qui séparaient les noirelfes actuels de ceux d’antan, étaient en trop grand nombre. Les gens changent, s’adaptent et font place au sang neuf, ainsi va le monde. Mais croire que rien n’avait changé, que les actuels dirigeant se devaient d’être calqués sur ceux de jadis, relevait de restreindre sa pensée. Toujours était-il que Tebirahc avait lui aussi du vécu, plus encore que le Haut-Prêtre, et pour cette raison, il ne donna pas suite à sa remarque. Après tout, on ne pouvait nier qu’il remettait en doute sa manière d’agir et de vivre, Velkyn n’était-il pas le genre d’homme à laisser son bras se guider là où la colère le voulait ? Il se permit tout de même un commentaire lorsqu’il fit référence à l’ambition et à la volonté : « Fais tout de même attention, Ust’Chath. Ne sous-estime ni ne remet en question la volonté d’un homme qui cherche à s’élever par la voix du combat. L’art de croiser le fer n’est pas inné, tu es bien placé pour le savoir, or les milliers d’heures d’entrainement, à peaufiner une technique, à perfectionner son art, fait preuve de la volonté d’un homme. Quant à l’ambition, certes, évidemment, une brute épaisse qui n’aspire à rien d’autre qu’à son rang de piétaille ne peut espérer s’élever, je veux bien te l’accorder. Mais au final, c’est ce pourquoi chacun des Ost dirige différemment, et que le tiens, se démarque des autres. Après tout, peut-on s’attendre à moins de l’Avatar d’Uriz ? » Velkyn s’exprima sans jamais faire preuve d’animosité, cherchant non point à entamer le débat mais plutôt, d’apporter son simple avis, autant que son interlocuteur s’en intéresse.

Il marqua une pause, menue, mais tout de même, déglutissant sa bouche de pain, puis s’exprima à nouveau, mais cette fois-ci en inversant les rôles. « Et s’il advenait que tu me juges comme d’une force à diriger ? Crois-tu ton titre d’Ust’Chath plus significatif que le mien ? Moi qui guide les fils d’Uriz, entretient leur fidélité et fait rougir le sol du sang Elfique ? » Mais encore une fois, étonnamment, Velkyn s’adressa à lui naturellement, lui posant une réelle question, comme si pour une des rares fois, il trouva la force de ne pas s’emballer et de ne pas céder à la moindre remarque qui aurait pu le courroucer. Puis il enchaîna avec une question tout autre, cette fois-ci en empruntant un ton plus sérieux, comme s’il cherchait à son tour à connaître d’avantage du personnage. « Qu’est-il arrivé à Tebirahc, le Feu d’Uriz, pour qu’on le désavoue de son titre d’Ust’Chath ? » Le tout sembla cruel de primes abords, mais s’il y pensait, Velkyn était le seul à toujours employer ce titre, comme s’il le croyait toujours digne d’une telle tâche.  

Il acheva sa miche de pain en mâchouillant toujours aussi silencieusement, ses deux mirettes toujours réservées à l’Ust’Chath qui déblatérait quelques réponses à ses précédentes questions. Tout le temps de son plaidoyer, le Haut-Prêtre ne s’était consentit à répondre, ce quand bien même avait-il quelques remontrances quant aux explications qu’il lui offrait. Il en restait de même tout le long du discours, jusqu’à ce qu’il en vienne à faire mention de ses pouvoirs obsolètes. Comme un choc, un tableau défilait devant ses yeux, se remémorant d’une bataille où ce dernier même cracha tant et tant de braises, qu’autant des deux camps, tous croyaient qu’un dragon s’était joint à la mêlée … Et alors il en rajoutait, expliquant que le prix fort qu’il se devait de subir à chaque utilisation n’en valait pas la chandelle, au final … Pour lui-même, Velkyn se garda de commenter par respect pour ce qu’il était, mais au fond de lui, maintenant qu’il était à jour de la vérité, la vraie, il bouillait. Alors que son comparse se montrait plus pragmatique, qu’il aspirait à une longue vie dans laquelle, tous ses desseins se réaliseraient, lui, aurait usé à outrance de ces armes. Il s’imaginait arpenter des terres stériles – devenues comme telle à son passage -, escaladant des chaînes montagneuses de cadavres calcinés et trucidé par lui-même … Il se voyait semer derrière lui tant de peine, de colère et souffrance qu’inconsciemment, un sourire naquit sur ses lèvres, l’espace d’un moment rêveur. « Un autre Avatar aurait agi autrement et, il aurait aussi eu raison, Ust’Chath. » Dernière tirade qui reflétait la profondeur de son songe.

« Mais au final, peut-on vraiment refuser ce genre de chose, Tebirahc ? » Il se penchant légèrement d’avant, comme pour s’accouder sur son genou, l’échine un peu courbée et le dos arc-bouté. Comme dans un souffle de confidences, Velkyn s’adressa à lui comme il l’aurait fait face à quelqu’un de confiance, face à quelqu’un qui comprendrait. Il s’attendait à ce que l’Avatar soit en désaccord, mais au final, que leur relation soit élevée d’antagonismes ne changeait, ni n’impactait le respect qu’il avait pour lui. « Laisses-moi te délivrer un secret, Tebirahc. Toi plus que quiconque peut me comprendre ; il m’arrive parfois, en des moments opportuns, qu’on me chuchote à l’oreille quelques paroles, quelques conseils … » Il marqua une pause pour vérifier ses réactions, puis enchaînait, toujours sous le voile de la confidence. « J’ai su avec les années qu’en fait, cette voix, c’est celle d’Uriz … Et à force, j’en ai déduis plus que mon lot de connaissances à son propos. Parmis les vivants de ce monde, nul ne sait égaler la fierté de notre Créateur et c’est ce pourquoi, j’ai toujours su que tu étais toujours l’Ust’Chath, l’homme que j’ai vu lors de ma prime jeunesse à fouler les champs de bataille en semant derrière lui, non seulement la mort, mais aussi, peur et terreur. Ce qu’Uriz donne, jamais il ne le reprend, ou du moins, pas avant d’en avoir décidé autrement. Tu dis avoir renoncé à ce titre, avec sa bénédiction, mais sache Tebirahc, que ce jour-là, tu t’es grossièrement fourvoyé. » Une main bondissait pour attraper le biceps de l’Avatar qu’il serrait avec force et conviction, non comme d’une menace mais plutôt, comme pour capter son attention.

« Tu t’es toi-même restreint, Tebirahc. Ta volonté de vivre, de garder tes chairs intactes t’ont menotté les mains et c’est ce pourquoi tu t’es senti délié de ton titre. Tes pouvoirs t’ont abandonnés, en partie, mais observe comme ton bras est de roc. » Il délaissa son bras, pour reprendre sa position initiale, inspirait puis poursuivait un peu plus calmement, de manière posée et avec moi d’enthousiasme. « Ce que je cherche à te dire, Ust’Chath … C’est que si certains esprits étroits, comme tu tends à le dire, t’ont désavoués, ils avaient tords, tout autant que toi lorsque tu dis être en mesure de choisir. »

La foi de Velkyn parlait à sa place et les mots, bien que parfois gauchement choisis, démontraient la fougue qu’il avait et le feu qui embrasait ses entrailles. Après un moment, à discuter avec lui, le Haut-Prêtre aborda un autre sujet, plus délicat, puisqu’il n’avait aucune idée des inclinaisons de son comparse face à ses ambitions. « Tu reviens tout juste, mais moi, je suis au front depuis des années et, depuis, j’y ai noté quelques problèmes qui gangrènent non seulement Yutar, mais aussi, l’entièreté du Puy. Dis-moi, Tebirahc, quel est ton avis sur Sol’Dorn ? Et Nisétis, qui jadis périssaient sous tes mains ? » Évidemment, il s’attendait non pas à une réponse concise, mais plutôt, sur l’avis qu’il avait de ces endroits actuellement, non pas ce qu’ils ont été.

Lui qu’on nommait le Feu d’Uriz portait bien son nom, et pour milles et unes raisons. Son caractère était brûlant à souhait, ne laissant personne indifférent, ses convictions étaient à l’instar d’un brasier ardent, inébranlable et dangereux. Son art de guerroyer quant à lui, était flamboyant et, finalement, il commençait à mettre le feu au cul du prêtre. Visiblement, leurs avis divergeaient en deux directions opposées, sans savoir si au bout de ce chemin, leurs destinations étaient communes. Pourtant, pour le respect qu’il lui devait, pour les vies qu’il arracha au court de sa longue vie, pour le fardeau qu’il portait mais surtout, pour le symbole qu’il représentait, Velkyn su contenir ses pulsations rageuses. Il fallait tout de même avouer qu’il n’était pas nature du Drow d’accepter qu’on le contredise, d’autant plus lorsque ces contradictions touchaient à peu près tout son plaidoyer. Toujours était, qu’il continuait à discutailler pacifiquement avec son confrère, toujours en lui confiance l’entièreté de son attention, bien que parfois sa vision valdinguait aux alentours en interdisant l’approche de ses acolytes. La conversation n’était pas terminée et justement, elle en arrivait à son apogée, or il n’était pas question qu’on en vienne à la perturber. Et, sans s’y attendre, Tebirahc mit le doigt sur quelque chose d’extrêmement pertinent, quelque chose qui fit tiquer le prêtre sans s’en cacher. « Notre avenir … » Marmonna-t-il pour lui-même, avec une once de rancœur.

Ses yeux retrouvèrent ceux de son homologue en le mesurant une énième fois avant de s’adresser à lui. « Je chérie actuellement l’idée d’entreprendre de grandes choses en ces citées et, dans ton infini sagesse, j’aurais aimé en savoir ton avis ainsi que des impressions. » Il lui offrit à son tour quelque chose à se mettre sous la dent, en farfouillant à l’aveuglette dans sa besace. Un morceau de viande séché et salé, qu’il lui tendit en marquant une pause. « Pendant ton séjour dans les limbes de Miradelphia, j’ai combattu nombres d’années au Front et, avec le temps, j’ai constaté que nous étions confronté à quelques menus problèmes, jusque-là insignifiants. Nous qui normalement faisions de cette variable temporelle le cadet de nos soucis, s’est avérée fort bien plus nuisible que nous le pensions. Ces menus problèmes ont germés et comme tu t’en douteras, nous ont causés bien des soucis. » Son préambule semblait s’étendre de long en large, mais il se sentait d’humeur à ne pas déballer tout d’un coup. « Enfin, ces soucis tu les connais. Tu as vécu autant sinon plus de guerre que moi-même et tu as été confrontés aux même maux ; l’approvisionnement en armes, soldats et vivres, c’est choses habituelles ... » Marquant une seconde pause en venant grattouiller son menton du revers de la main, comme s’il réfléchissait à mesure qu’il jactait le fond de ses pensées. « La distance, Ust’Chath, la voilà cette épine que nous avons dans le pied depuis … depuis toujours. Le Puy, le berceau de notre race, est certes isolé de tous les dangers, imprenable et inatteignable… Mais de quelle utilité nous est-elle lorsque loin de notre nid, nous guerroyons pour la gloire de notre Père ? À quoi sert cette quasi-invincibilité, lorsque nous nous regroupons pour chasser pitance à notre Mère Teiweon ? »  À ce moment, il observa les réactions de son confrère, comme pour en mesurer son préliminaire avis. « Je veux reconstruire Nisétis et faire d’elle le miroir du Puy, où chaque Daedhel pourraient venir y habiter, se faire éduquer et s’entrainer comme ils l’auraient été dans les entrailles d’Elda. Nisétis serait renommée, nettoyée, puis deviendrait, a terme, notre nouvelle demeure. Située aux abords de la péninsule, des elfes et de la mer, nous aurions tout à y gagner géographiquement. »

Voilà dans le détail, la grandeur de ses ambitions en ce qui concernait Nisétis. Quant à Sol’Dorn, il se réserva pour plus tard, puisqu’il avait pris en considération que son homologue aussi, avait quelques idées pour ce trou à Doeben. « Alors? » Lui dit-il après qu’il ait eu avalé la bouchée, quêtant son avis en y déposant dans les siens, ses mirettes carmin.

La discussion prenait d’intéressantes proportions et si tantôt les rêveries du Prêtre avaient été exposées sur la table de dessin, les quelques gribouillis de la patte experte du Senger rendait le tableau moult moins aisé. D’entres tous les Drow, aurait-il pu puiser les opinions d’un meilleur candidat que celui qui de son jeune temps, avait de sa propre main saccagé Nisétis d’un bout à l’autre ? Tebirahc était bien positionné pour connaître l’environnement de ce chantier désertique et ravagé. Il en connaissait les possibilités, les pours et les contres et bien que le projet puisse être mené à terme, son opinion rendait le tout moins idéal, après réflexions. Une moue pensive arpentait les reliefs du minois de Velkyn tandis que Tebirahc lui faisait le legs de son savoir quant à l’hypothétique question du Xaran. Évidemment agacé, il hocha maintes fois en faisant preuve de compréhension, bien qu’il dû s’en remettre tout de même au savoir du Senger. Pouvait-il seulement argumenter contre quelqu’un qui avait en lui de telles connaissances à propos du sujet ?  Il roula les épaules par deux fois puis raidit son échine en s’étirant vers l’arrière, les pourparlers s’étant engagés depuis déjà un fort bon moment. Aussi enchaîna-t-il non en cherchant à le chasser, mais plutôt pour enchaîner sur un autre sujet, si son invité le désirait toujours. « Est-il autre chose dont tu aimerais me faire part ou encore des questions à m’adresser, pendant que nous y sommes ? Il se peut que nous n’ayons à traiter ensembles pendant encore nombres d’ennéades … » Avait-il affirmé, les sourcils légèrement rehaussés de curiosité. Demandé, il l’était ci et là depuis un moment et ses pas demandaient d’être guidés vers l’Ithri’Vaan, ce contre son gré. Et là-bas, les Dieux seuls savaient lorsqu’il serait en mesure de quitter cette région en perdition.

Spoiler:

S’emparer du pouvoir … Cette révélation lui retourna l’estomac l’espace d’un moment, l’idée lui laissant en bouche un goût amer. D’abord, de quel pouvoir faisait-il référence ? Celui que procurait les hautes instances du Puy, tel que Ditronw’Dare, Karlik Glenn ou même la Haute-Prêtrise ? Non, il devait certainement faire allusion au trône royal. Il embrasser l’idée d’aller réchauffer le trône en s’asseyant dessus … Drôle d’idée, pour quelqu’un qui recherche le pouvoir. Mais soit, admettons qu’il avait l’idée frivole de gouverner le sombre peuple, en se déclarant Roi de l’Elda. Comment réagirait le peuple d’apercevoir une figure publique condamnée à l’oublie depuis son séjour en Nanie, brillant désormais de son absence prolongée ? De quelle manière ira-t-il s’emparer du trône qu’il laissa lui-même libre, après l’assassinat du dernier souverain ? Pourquoi voulait-il main mise sur cette position, après l’avoir laissée vacante toutes ces années ?  N’aurait-il pas dû s’y asseoir lorsqu’il en avait l’opportunité ? Tous d’importants questionnements et pourtant, aucune réponse n’était demandée de la part du Prima. Non, les actions de Tebirahc parleront d’eux-mêmes, en bien ou en mal.  

Quant au positionnement du prêtre, la chose était incertaine. À l’époque, lors du déclin du Souverain, la nouvelle ne l’avait à son souvenir pas ébranlé, sinon qu’il avait été fort surpris de le voir si aisément vaincu. Quand on y réfléchissait bien, les différentes castes du Royaume se dirigeaient d’elles-mêmes et ce, sans l’aide d’un Roi, alors que pourrait bien jouer dans la balance une nouvelle tête à ce titre ? Ceci dit, Velkyn devait faire le témoignage de son avis sur la question, c’était la moindre des choses. Surtout lorsqu’une question lancée aussi clairement concernait ce genre d’ambition. L’Ex-Feu d’Uriz parlait bien, et fort, se disait-il. Toutefois, le feu qui l’animait jadis semblait carburer non plus avec la foi, la colère ou la fougue, mais avec la raison. Était-ce mauvaise impression, ou avait-il vraiment perdu les bonnes grâces d’Uriz, détenteur du magma primordial ? Là où Tebirahc ferait un bon candidat selon le prêtre, s’était sa manière de se battre. Son talent depuis longtemps entretenu via les moult guerres et rixes auxquelles il fût par souventefois l’invité d’honneur, jouait en sa faveur. Non, le Roi Drow devait savoir se battre … Encore fallait-il qu’il soit en mesure de dégainer pour les bonnes raisons, pensa-t-il en contrepartie.

« Je ne suis pas défavorable à ce que l’Elda retrouve un nouveau Souverain. Tu dis avoir des projets d’envergure auxquels je pourrais sans doute participer… Mais le Culte d’Uriz, qu’aurait-il à y gagner ? » Lança-t-il directement, comme s’il se secouait d’avantage de l’avenir de ses disciples, de ses fanatiques et de ses templiers, que de sa propre condition. « J’ai besoin de concret pour pouvoir t’offrir mon soutiens. Autrement, je te laisserai paisiblement œuvrer à tes ambitions jusqu’à ce que mon positionnement soit sollicité, d’un camp où de l’autre. Mieux que quiconque tu sais ce qui me pousse à agir, ce qui me donne envie de vivre. » Il marqua une pause, comme si c’était d’une évidence certaine.

« La guerre »

Le haut-prêtre du sombre père semblait effectivement faire preuve d’étroitesse d’esprit lorsqu’il s’agissait d’interpréter les manières d’agir, ou de plaire à ce même souverain. Ce qu’il considérait comme juste et bon pour ce dernier pouvait paraître pour d’autres une voie à éviter, ou esquiver. Violence, cruauté, colère, impulsivité et haine se devaient d’être usés en abondance afin de s’attirer le bon regard. Était-ce si compliqué à en saisir le but premier de cette entreprise parfois difficile à entreprendre ? C’est d’ailleurs ce qui explique depuis toutes ces années l’important succès des troupes sacrées sur le champ de bataille. Les prêtres agissaient non seulement dans le but de vaincre et de conquérir, mais de se faire valoir aux yeux de leur père et créateur, ce semblait ne pas avoir de limites connues ; c’est-à-dire qu’il n’acceptait qu’en de rarissimes occasions qu’on le contredise lorsqu’il s’exprimait ou prenait une décision relative assujetties à la religion de leur peuple.  Car oui, peu le savait et s’en doutaient, mais le Prima n’avait pour les autres cultes aucune aversion. Au contraire, il reconnaissait en eux toute l’importance de leur existence et vouait pour chacun d’eux un profond respect. Eux tous ont eu à jouer un rôle primordial  dans la mise au monde de leur peuple. Sans eux, qui sait alors ce que serait les Drow, aujourd’hui ? Alors d’écarter le culte de Teiweon … Il se contenta de répondre avec une certaine incompréhension dans le visage, l’air de ne pas comprendre le but d’une telle remarque : « Les fils d’Uriz n’aurait que faire d’un tel pouvoir. »

Quant au restant de son discours, Velkyn apercevait enfin ce que pensait réellement de lui son nouveau comparse. Car oui, évidemment, il allait s’en dire que le Haut-Prêtre avait depuis toujours la fâcheuse habitude de foncer tête première sur tout ce qui bougeait, trucidant ses hommes pour sa simple soif de sang, sans se soucier d’eux ni même de la prospérité des siens. C’était sûrement écrit dans le ciel, pour que d’un coup d’œil Tebirahc en pense autant de lui, il fallait croire. Ce même si depuis, la seule guerre qu’il avait menée avait été contre les elfes, en total accord avec les autres Ost qui s’étaient joint à cette bataille épique. Mais si cela pouvait le réconforter de le croire aussi prévisible, de le savoir enclin à des décisions irréfléchies et à des actes qui mènerait à nul autre que la mort, la destruction et même pourrait mener au suicide, comme ceux qui s’engagèrent en Oesgard, alors soit.

Le guerrier se redressa enfin puis empoigna sa lame délaissée tantôt contre le sol, lui piquant le bout entre deux dalles de pavé, pour s’appuyer contre la garde. Par son mouvement, il invita son confrère à en faire de même, comme s’il tentait d’ajourner leur réunion improvisée. « Tes ambitions semblent t’inspirer … Espérons qu’elles te mènent là où tu le souhaites, Tebirahc. Mais d’ici à notre prochaine rencontre, sache que le sentier de tes aspirations ne devrait être obstrué par le culte d’Uriz. » Comme s’il lui donnait non pas sa bénédiction, mais plutôt qu’il lui offrait enfin une réponse claire quant à son positionnement actuel ; il ne s’y opposerait pas.