Il était temps de se décider [Aline]

Le tournoi touchait à sa fin, il ne restait qu'une toute petite poignée de jours; Jérôme avait passé beaucoup de temps à droite et à gauche, cherchant à rencontrer ses homologues et à recruter pour Oësgard. La baronnie devait tout reconstruire, sa noblesse ayant été décimée à plusieurs reprises entre la croisade et l'attaque des sombres. Une grande partie de son temps, il le passa avec Aline, dans les gradins de la joute après son élimination ou lors de promenades. La demoiselle évitait les banquets depuis sa capture et le baron n'était pas de ceux qui obligeait les gens à faire ce qu'ils ne désiraient pas, sauf impératif ou ordres, bien entendu.

Petit à petit, au cours de leurs rencontres, Jérôme se rendit compte que les sentiments qu'il avait à l'encontre de la belle étaient partagés. Du moins il en était presque certain. Il savait que ce serait difficile pour elle, voir même impossible et que seul le temps aiderait. Toutefois, il rechignait à repartir en la laissant la, il la voulait à ses côtés. Il avait également discuté à de nombreuses reprises avec Jared et il fut surpris de le voir sourire, ayant complètement compris les intentions de son suzerain. Après avoir eu sa bénédiction, il était maintenant temps de faire sa demande à la demoiselle en question.

Il lui avait demandé de lui accorder un rendez vous très matinal, ce seizième jour du mois de Karfia et elle avait accepté. Jérôme avait tout préparé minutieusement. Aussi, habillé de ses plus beaux atours et coiffé (si l'on pouvait dire cela vu la mèche rebelle qui faisait des siennes), il alla la cherché avant de la mener dans un endroit inconnu. Après avoir grimpé bien des marches, ils se retrouvèrent en haut de la plus haute tour du château. Une table était présente avec deux chaises et le petit déjeuner était installé. Jérôme savait qu'elle aimait beaucoup les levées de soleil et c'était à dessin qu'il avait fait préparé cela. Il amena Aline près des créneaux au moment ou l'astre lumineux faisait son apparition

"Voila un cadeau pour vous Aline. Je sais que ce spectacle vous est agréable, j'espère qu'il vous plait."

Bon ce n'était pas les montagnes mais l'on pouvait les voir au loin et le soleil était beau, quelque soit l'endroit ou l'on était.

Un doux rire égaya la chambre où Aline logeait avec sa dame de compagnie. Cette dernière, fort bien réveillée, racontait tout en faisant de grands mouvements pour appuyer ses dires moultes aventures qui lui étaient arrivées lors de son enfance - notamment les bêtises qu'elle se plaisait à faire gamine. Aline, qui était moins bien réveillée qu'elle, s'était laissée tenter par cet échange d'anecdotes. Et désormais, la pauvre femme avait la respiration coupée par son rire qui ne désirait pas vouloir en finir. Comment Julia pouvait-elle arriver à la coiffer alors qu'elle n'arrêtait pas de bouger ? Elle ne devait pas y arriver, elle devait certainement rire elle aussi. La petite pieuse d'or n'arrivait même plus à voir quoi que ce soit à cause des larmes qui lui montaient aux yeux, aussi ne pouvait-elle s'assurer de rien. Et dire que dans quelques minutes il lui faudrait quitter sa chambre pour retrouver une personne chère à son coeur... En effet, Jerôme de Clairssac lui avait demandé la veille s'ils pourraient se voir seul à seule, tôt le matin, avant même que le soleil ne se lève. Pourquoi ? Elle n'en savait rien. Mais elle était sincèrement heureuse de pouvoir passer ne serait-ce qu'un court moment à ses côtés.

"Et voilà !
- Quoi, déjà ? Vous...
- Non, je n'ai pas réussi à faire la superbe coiffure que j'avais imaginée, mais cette... hum... nouveauté capilaire vous va à ravir !
Elle prit un miroir pour que la châtelaine puisse voir le résultat.
- Ah non je ne vais pas y aller comme ça ! On dirait que je viens de me réveiller..."

Et les revoilà reparties à rire, sans arriver à s'arrêter, en essayant de ne pas trop réveiller les chambres voisines. La "coiffure" qu'avait réussi à faire Julia malgré les tressotements d'Aline avait donné une tresse tombante mal faite mais pour autant harmonieuse, ainsi que plusieurs côtés semblant sincèrement en bataille. C'était très particulier et, sincèrement, Aline ne voyait vraiment pas une dame porter ce genre de coiffure.

Quelques minutes plus tard, elles avaient fini par réussir l'exploit de redevenir calmes. Aline avait finalement décidé de garder ses cheveux tout simplement déliés, juste brossés et peignés. Comme elle l'était la majorité de son temps dans les montagnes, comme Jérôme l'avait connue. Et c'est ainsi, habillée de la même robe bleue que lors du premier jour du tournoi, qu'elle s'était agenouillée devant une statuette de Néera trônant auprès de son lit. C'était ainsi qu'elle avait adressé ses prières à cette Mère du ciel qu'elle aimait tant. C'était ainsi qu'elle ouvrit la porte à Jerôme, l'accueillant avec un fin sourire.

Pour une raison qui surprit quelque peu Aline, Julia fit signe à sa dame qu'elle ne la suivrait pas. Alors la demoiselle se laissa guider à travers les couloirs par le baron, sans rechercher de contact physique malgré le fait qu'ils soient désormais habitués à parcourir des chemins ensemble tout en discutant. L'ethernien l'emmena jusqu'en haut de la plus grande tour de Bastylle, où s'y trouvaient une table et deux chaises. Sur la table se trouvaient déjà quelques mets. Aline eut un doux rire, ne sachant quoi répondre à cette invitation inhabituelle. Mais l'homme ne s'arrêta pas là ; il l'amena aux crénaux, face à l'est.

"Voila un cadeau pour vous Aline. Je sais que ce spectacle vous est agréable, j'espère qu'il vous plait."

Elle ne répondit rien. Au lieu de cela, un fin sourire nostalgique orna son joli visage. Elle se souvenait très bien avoir emmené le suzerain de son frère jusqu'à la belle vue qu'elle avait découverte étant petite, là où le lever de soleil était à ses yeux le plus beau. Elle se souvenait l'avoir montré à tous les êtres qui avaient été chers à son coeur et qui aujourd'hui n'étaient plus de ce monde. Elle se rappelait aussi des Monts d'Or où elle n'avait plus été depuis qu'elle avait été enlevée par le mage sombre. Mais Jérôme avait raison : c'était un beau lever de soleil, un spectacle agréable qui ne pouvait que lui plaire. Elle regarda celui pour qui son coeur balançait depuis quelques mois déjà. Il s'en était rappelé... Son sourire se fit plus heureux à cette pensée.

"Avec le soleil, un nouveau jour se lève. Qui sait de quoi il sera fait ? Les prêtres assurent que seuls les dieux le savent, ceux qui regardent les étoiles disent qu'il faut faire attention à la couleur et à la puissance de ses rayons pour savoir... Tout ce que je sais, c'est que comme le soleil qui se lève chaque jour à l'est au cours d'un cycle éternel, chaque jour est un nouveau départ dans une vie. Et il n'appartient qu'à nous de le prendre ou non. Mon père adorait me citer ce passage, mais je ne me souviens malheureusement pas de qui il le tenait. Bien sûr que cela me fait plaisir, Jérôme. Comment une telle attention pourrait-elle en être autrement ?"

Son sourire s'accentua. Alors que son regard se portait à nouveau vers le soleil naissant et le paysage rosi par ses rayons, elle se rappela la dernière conversation qu'elle avait eue avec lui une fois qu'il était brièvement rentré de la guerre. Ecrire de nouvelles lignes dans son histoire, ensemble. Des mots à peine voilés... et une préparation qu'elle ne pouvait que comprendre. Son sourire s'effaça un peu. Elle regarda sa main gauche, libre de toute bague, et prit doucement avec la main droite de Jérôme. Et elle la serra, juste assez pour que celle du baron se referme sur la sienne. Puis elle ferma les yeux, pour accueillir le soleil qui réchauffait son visage, pour accueillir la fine brise qui caressait paresseusement son corps... pour accueillir cette douce chaleur qui émanait de la main de celui qu'elle aimait.

Jérôme ne regardait pas le levé de soleil, il n'avait d'yeux que pour Aline. En apercevant son sourire, Jérôme fut content, mais il constata que c'était plus de la nostalgie, et alors il se dit qu'il avait fait une erreur avec ce levé de soleil. Il réfléchissait à la façon de détourner les choses et de rebondir lorsqu'elle releva les yeux vers lui. Cette fois, son sourire changea et elle sembla finalement heureuse. Ce qu'elle dit était étonnant et il pouvait saisir la perche tendue, si c'en était une. C'était joliment dit et il allait répondre lorsqu'elle se tourna de nouveau vers le soleil, il était un peu maladroit, sachant ce qu'il devait dire mais anxieux de la réponse et ayant peu de trop précipiter les choses après ce qu'elle avait vécu. Encore une fois, il ne regardait pas le soleil mais bien la dame qui était à ses côtés. Bien que ne le voyant pas, les rayons naissants de cette nouvelle journée se reflétait dans la chevelure blonde d'Aline

(Quelle est belle)

Jérôme était soudain perdu dans la contemplation de celle qu'il s'apprêtait à demander en mariage. Il la vit baisser son regard et, en le suivant, il vit qu'elle regardait sa main gauche. Avait elle compris ? en même temps, elle n'était pas bête. La surprise s'empara de lui lorsqu'elle saisie sa main droite. Il referma la sienne, sentant la douceur de sa peau contre sa main, plus rugueuse en raison du maniement intensif des armes qu'il avait. Il la regardait, sa chevelure, ses yeux fermés qu'il connaissait à la perfection, ses courbes, sa bouche. Elle était horriblement attirant et il ne put absolument pas résister à ce qu'elle représentait pour lui. Il s'avança doucement, approchant son visage de celui d'Aline. Il se baissa et il déposa un baiser sur ses lèvres. Il ne pensait pas du tout à la réaction qu'elle pourrait avoir suite aux évènements qu'elle avait vécu, tout cela avait été écarté par l'instant présent. Il chuchota alors à son oreille, saisissant l'allusion au vol

"Ce sont de beaux mots et si vous l'acceptez, j'aimerais vous offrir ce nouveau départ et cette nouvelle vie. J'espère que vous saisirez cette proposition et..."

Il n'avait pas du tout prévu de faire sa demande de cette façon mais après tout, comme à la guerre, tout plan soigneusement préparé doit souvent être adapté, voir refait. Il avait donc perdu le fil et il ne savait plus ce qu'il allait dire

Le contact de sa main contre la sienne était d'une douce chaleur, encore plus réconfortante que ce que pouvait représenter le soleil qui se levait. Aline ferma les yeux un instant, ne cherchant pas à deviner ce qui allait être la seconde d'après, accueillant juste le présent. Elle le ressentit bouger, se rapprocher doucement d'elle, gardant toujours sa main refermée sur la sienne. Ses yeux s'ouvrirent. Elle le vit se baisser pour être à sa hauteur, sans comprendre, et déposer un baiser délicat sur ses fines lèvres. Son esprit voulut esquisser un mouvement de recul, mais son coeur battant à tout rompre demandait à rester. Aussi ne bougea-t-elle pas, interdite, se laissant faire grâce à l'amour ainsi qu'à la confiance qu'elle portait à l'ethernien.

"Ce sont de beaux mots et si vous l'acceptez, j'aimerais vous offrir ce nouveau départ et cette nouvelle vie. J'espère que vous saisirez cette proposition et..."

Et ? Ses yeux se perdirent dans ceux de Jérôme, attendant secrètement qu'il termine sa phrase, que ses mots dépassent l'implicite, qu'il pose cette question que toute jeune fille rêve de voir prononcée de la part de l'homme de sa vie. Cette fameuse question que bien des femmes finissent par entendre et à devoir accepter sous la contrainte politique et familiale. Cette courte phrase qui voulait dire tant de choses de la part d'un homme aimant. Mais l'homme qui se trouvait face à elle semblait perdu, certainement pour une raison similaire à la sienne. Aline baissa alors la tête et ferma les yeux. Mille et une questions se bousculaient dans sa tête, dont de nombreuses appréhensions : comment réagirait-elle le jour du mariage ? Arriverait-elle à dépasser ses angoisses, surmonter son passé pour se laisser aller dans ses bras, ou ne serait-ce que dormir dans le même lit que lui ? Et puis... arriverait-elle seulement à lui donner une descendance, à passer à cet acte qu'elle n'avait que trop mal vécu ? Sa main se resserra sur celle de Jérôme, tremblante, alors que des larmes coulaient le long de ses joues blanches. Elle porta sa main droite à sa bouche et dut attendre de pouvoir refouler un sanglot avant d'arriver à parler.

"Je vous aime également, Jérôme, mais... savez-vous ce que cela signifie ? Que... je ne sais si j'arriverai à aller au-delà, à vaincre ce démon qui est en moi, à faire ce qu'il faut... à fonder une famille... Avez-vous bien réfléchi à cela ? Ma plus grande tristesse serait que je sois celle qui vous empêche de pouvoir atteindre ce bonheur que vous désirez tant..."

Aline et Jérôme se regardaient, yeux dans les yeux, le baron avait perdu le fil de sa pensée et il était bloqué par l'intensité du moment, gravant dans sa mémoire cet instant. Lorsqu'elle baissa les yeux, il revint sur terre violemment et même si cela ne se vit pas, ni ne se ressentit, son cœur fut comme prit dans un étau, figé dans sa bêtise, craignant d'avoir fait un geste qu'il regretterait toute sa vie. Puis la main d'Aline se resserra sur la sienne, tremblotante, pleurait elle ? oui c'était le cas. L'univers de Jérôme se fissura alors, hanté par la suite immédiate. Lorsqu'elle parla, Jérôme était livide, heureusement qu'elle ne le regardait pas, il s'imaginait déjà avoir tout gâché et qu'elle le rejette. Il en fut tout autre quand elle avoua partager ses sentiments, ce qui ramena des couleurs sur les joues du baron. Jérôme posa alors le genou gauche au sol, gardant la main d'Aline dans la sienne et la serrant fermement, sans la broyer

"Aline, regardez moi s'il vous plait. Regardez moi dans les yeux et voyez tout l'amour que j'ai pour vous. Prenez y également toute la force qu'il vous faut. J'ai longuement réfléchit à tout cela, je ne me serais pas permis de vous faire croire à des sentiments imaginaires venant de ma part. Je sais très bien ce que cela peut signifier, tout comme la difficulté que cela pourrait être. Je n'ai aucune intention de vous brusquer ou de vous obliger à faire quoi que ce soit. Fonder une famille est un rêve pour moi c'est un fait que je ne vous cacherais pas mais une chose est clair, c'est avec vous que je veux la créer et avec personne d'autre. Permettez moi d'être celui qui vous aidera à surmonter toutes les épreuves et à retrouver une vie normale. L'on me dit fort, pour vous je le serais autant qu'il le faudra et plus encore."

Il était clair que ses victoires répétées et sa dernière folie de se porter aux devants de la bataille, avec les premières lignes, avaient fait bien des histoires que les troubadours contaient déjà dans les tavernes. Le nom de Jérôme faisait le tour des chaumières et sa force ne faisait pas partie des choses remises en question

"La seule chose que je vous demande Aline, c'est de m'aimer sincèrement. Je ne vous obligerais pas si vous ne le voulez pas mais vous me combleriez de bonheur en vous unissant à moi."

Il marqua une brève pause, ses yeux brillants d'une intensité sans pareille avant de poser cette phrase rituelle même si tout était déjà clair

"Je vous aime Aline, de tout mon cœur. Voulez vous m'épouser ?"

Comment dire, comment répondre ? Comment continuer ? Elle avait du mal à le regarder, honteuse de n'offrir à celui qu'elle aimait que des larmes d'appréhension. Et cela alors que ses mots étaient les plus doux que son esprit ne pouvait se rappeler, alors que les mots qui sortaient de sa bouche étaient sincères et rassurants. Il l'aimait, cela elle le savait déjà ; elle avait pu le comprendre entre la fois où ils s'étaient retrouvés à Froissart ainsi que les différentes discussions qu'ils avaient eues dans les jardins de Serramire ces derniers jours. Mais surtout il avait bien réfléchi à toutes les conséquences de ses paroles avant de dire tout ce qu'il avait sur le coeur. Il savait quelle allait être la principale difficulté d'Aline et il était prêt à faire tout ce qu'il pouvait pour aider la belle à passer ce cap. Même si cela prendrait du temps. Même si son désir de fonder une famille s'en voyait contrariée. Tous les mots prononcés heurtaient Aline de plein fouet qui était désormais incapable de retenir les larmes couler le long de ses joues, essayant de ne pas trop sangloter.

"La seule chose que je vous demande Aline, c'est de m'aimer sincèrement. Je ne vous obligerais pas si vous ne le voulez pas mais vous me combleriez de bonheur en vous unissant à moi. Il fit une courte pause, ce qui permit à la jeune femme de pouvoir remettre dans sa tête tout ce qui avait été dit. Je vous aime Aline, de tout mon cœur. Voulez vous m'épouser ?"

Prise par l'émotion, Aline éclata littéralement en sanglots, tenant sa main libre devant sa bouche comme si cela pouvait l'aider à surmonter ses sentiments. Tout en secouant faiblement mais à de nombreuses reprises la tête de haut en bas, la dame réussit tant bien que mal à répondre "oui" à la demande de Jérôme. Décidément... elle avait déjà imaginé, depuis qu'elle était enfant, ce jour si beau de sa vie... mais jamais elle n'aurait imaginé pleurer comme une madeleine. Et cela la mettait mal à l'aise. Alors elle s'agenouilla auprès de cet homme qui avait connu maintes guerres, avant qu'il ne se relève, et caressa doucement son visage d'une main. Elle avait réussi à se calmer un peu. Elle arrivait désormais à le regarder en face. Un fin sourire nacquit sur ses lèvres et, avec un manque d'assurance reconnaissable, elle déposa ses lèvres sur les siennes avant de se lover dans ses bras protecteurs.

Les larmes que versait Aline était un véritable crève cœur, Jérôme aurait bien voulu réussir à la soulager de son fardeau mais il ne pouvait être qu'une épaule, du moins pour l'instant. Il espérait tant de chose qu'il était prêt à tout donner afin que leur idylle naisse et qu'ils surmontent les obstacles qui se dressaient devant eux. Il était préparé pour soulever des montagnes et il s'était armé de patience, sachant tout ce qu'ils allaient devoir traverser avant que tout ne se passe comme dans un couple "normal". Malgré tout cela, rien n'avait dévié ses sentiments et il souhaitait ardemment rendre heureuse cette femme qui était son rayon de soleil. Lorsque les sanglots d'Aline diminuèrent et qu'il la vit hocher de la tête pour accepter, le sang lui monta à la tête, projeté à gros bouillon par son cœur qui était rempli d'amour, il avait eut tellement peur qu'elle ne refuse qu'au moment ou elle parvint à ajouter un "oui" à ses mouvements de tête, il ne sut quoi dire. Un poids très lourd qu'il n'avait jusque la pas sentit, se leva de ses épaules après que celle qui l'avait conquise accepte sa demande. Un sourire plein d'une joie sincère illumina les lèvres du baron qui voyait son regard se refléter dans celui de sa belle qui lui renvoyait le bleu de ses iris. Il la laissa s'agenouiller sans réagir, profitant du contact de sa main sur son visage, appuyant même sa joue contre sa paume.

Enfin il se releva et Aline avec lui. Il aperçu sa "gaucherie" lorsqu'elle déposa un baiser sur ses lèvres. Il profita de celui-ci, heureux et amusé par la maladresse de sa dorénavant fiancée. Il la serra alors contre lui, fort mais sans l'étouffer, lui donnant sa protection en plus de son amour. Une main derrière sa tête pour la tenir tout contre lui

"Merci Aline, vous ne le regretterez pas, je vous fais serment de tout faire pour que vous soyez heureuse pendant le reste de nos jours. Vous me comblez, par cette simple acceptation, je suis l'homme le plus heureux de la péninsule en cet instant."

Quelques mots un peu ridicule mais ce n'était pas un moment auquel on l'avait préparé lors de ses apprentissages. L'amour et le mariage était une chose des plus rarissime dans la noblesse ou tout était normalement arrangé. Jérôme savait qu'il avait la une chance inestimable et qu'il ne devait pas la gâcher

"Aline, qu'est ce que vous souhaitez la actuellement ? comment pourrais je vous montrer tout le bonheur que vous me procurez ?"

Aline se raidit instinctivement lorsque Jérôme la serra contre lui avec force, poussé par un bonheur qu'elle comprenait et partageait. Puis son corps ressentit pleinement le contact chaud avec l'autre, ses sens l'apprécièrent... et son esprit accepta cette étreinte amoureuse, tant que cela en restait là. Elle ferma les yeux, se laissa à écouter leurs respirations douces ainsi que les battements réguliers du cœur de son désormais fiancé. Des images repassèrent dans sa tête, lui rappelant des moments plus ou moins forts, des situations qui l'avaient faite sourire voire même rire concernant Jérôme : leur rencontre, les monts, le levé de soleil, l'attente, le tournoi de Serramire... Un prélude à une nouvelle histoire.

"Aline, qu'est-ce que vous souhaitez là actuellement ? Comment pourrais-je vous montrer tout le bonheur que vous me procurez ?"

Sans bouger, la demoiselle de Montévlin réfléchit. Que voulait-elle ? Que pouvait-il lui montrer concernant le bonheur, alors qu'il venait de la demander en mariage ? Pouvait-il y avoir autre chose à l'instant présent que ce bonheur qui était déjà en elle, que le fait de se sentir bien entre ses bras, en sécurité ?

"Rester dans vos bras, Jérôme... juste rester dans vos bras."