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 Au dernier jour de la dernière heure | Solo

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Godfroy de Saint-Aimé
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Godfroy de Saint-Aimé


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MessageSujet: Au dernier jour de la dernière heure | Solo   Au dernier jour de la dernière heure | Solo I_icon_minitimeMer 31 Aoû 2016 - 21:34

Nuit du dernier jour, de la 9ème énnéade, du mois de Karfias, 9ème année, XIème cycle.

Le bureau de Godfroy semblait baigné dans une obscurité bienveillante et réconfortante, les fins cumulus des cieux voilant la pâle et timide lueur des étoiles, épargnant le marquis de leur éclat. Le marquisat avait reçu la nouvelle du siège de port de Sharas par un messager du baron d'Olyssea, lui qui était retourné en sa terre natale, à l'instar du comte, afin de veiller aux préparatifs de la guerre. Si aucun mouvement de troupes n'avait été pour l'instant ordonné, on avait veillé à ce que soit appliqué l'ordre du marquis : la soldatesque devait être prête à se déplacer à n'importe quel moment où surviendrait la directive.

Sur le bureau du marquis reposaient de nombreux vélins, informant le colosse de nouvelles, parfois cruciales, parfois secondaires. Parmi ces dernières, on relatait les déplacements au sein de la Ligue, de leurs nobles et représentants. L'un des meilleurs agents de Saint-Aimé, celui qu'on appelait Messire Nuit, ancien espion royal, remplissait son office avec une véhémence et un zèle peu commun. Et ce brave homme, agile parmi les agiles, rusé parmi les renards, avait informé le marquis que la baronne de Hautval, Blanche du même nom, avait été aperçue revenant des terres du Sud par les sentiers dérobés, alors que l'on ne l'avait point vu s'y rendre. Poings joints sur ses lèvres, le marquis manqua de s'assoupir. La nuit avait été longue, ou plutôt courte, s'inscrivant dans la lignée de ces nuits où Godfroy ne dormait guère, occupé par des affaires ne pouvant attendre, lorsqu'il ne trouvait tout simplement pas le sommeil. Mais cette nuit-là, le duc s'était suicidé, enjambant la fenêtre, vendant à prix compétitif une teinture vermeille pour le gravier de la cour de Cantharel. Et alors que, au sein de la forteresse, on avait veillé à remplacer les tables de guerre par les préparatifs du mariage qui s'apprêtait à débuter, le marquis sommeillait dans son bureau.

Mais parmi tous ces vélins, parmi toute cette encre versée sur les peaux de bêtes travaillées et raffinées, une lettre parmi les autres trouvait là une place de choix dans le cœur du marquis. Et déchiré, tiraillé, il l'était, ce cœur d'épris pour l'unité, retenu en arrière par son goût de la tradition, de l'hérédité et d'une dynastie depuis longtemps révolue. Profondément, le marquis inspira, sans se dévoiler le reflux, s'emparant de la plume, trop peu utilisée par sa propre personne, tirant son plus beau papier, de la qualité la plus belle, pour les plus merveilleuses des occasions.


Citation :
A l'attention de Cléophas d'Angleroy, Chancelier et Gardien du Royaume,


Nous avons reçu, de la part de notre serviteur, Michel de Lenique, les propositions qu'à travers notre serviteur, vous nous avez fait le plaisir de faire. Nous vous confessons une certaine surprise et une certaine anxiété, nous qui avons affirmé nous tenir à l'écart de ce qui inclurait l'Enfant du Sud. Nous, qui avons annoncé soutenir, à défaut de l'Enfant, une petite fille du Médian, pour laquelle sa mère a provoqué tant de maux. Toutefois, tout comme vous, l'unité est notre plus cher désir, quitte à ce que celui-ci se trouve par-delà les marées et les vagues les plus hautes.

Nous avons cœur à vous reconnaître les concessions que vous vous engagez à faire, et les grands risques que votre idée suscite. Mais nous voyons en votre idée le meilleur espoir pour la paix et l'unité, ce nouvel espoir, plus stable, solide et concis que l'idée que nous vous avons proposé. Nous ne nous leurrons point sur la présence symbolique de l'Enfant du Sud. L'important est, qu'ensemble, nous invitions les seigneurs à converser, au-delà des intérêts et des désirs égoïstes des hommes, que nous, seigneurs et nobles, nous montrions l'exemple par notre désir d'unité et de paix.

C'est pourquoi j'accepte votre proposition d'un Conclave, monseigneur, en des terres aussi neutres que sûres pour accueillir tous les seigneurs dignes d'y siéger. Mais vos épaules, Chancelier, fléchissent sous le poids de la responsabilité, aussi je prendrais la liberté de vous assister lors de sa préparation. Nous ne saurions montrer meilleur symbole d'unité que notre collaboration dans cet événement, qui, je l'espère, marquera le début d'une nouvelle ère de paix, d'unité, et de prospérité. Je joins, à cette lettre, l'espoir que vous saurez inviter, au vu des derniers événements, qui sera digne d'y siéger, noble parmi les noble, droit parmi les droits.

J'attendrais votre réponse, et en nourrissant conjointement nos espoirs pour la paix et l'unité, nos prières seront exaucées.

Godfroy de Saint-Aimé, Marquis de Sainte Berthilde, seigneur de Saint-Aimé, de la Toranne, et d'Erignac.


 

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