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 [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi.

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MessageSujet: [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi.   [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi. I_icon_minitimeMer 7 Sep 2016 - 5:12

Oglicos, Deuxième ennéade, Favrius de l'an IX du Cycle XI
Diantra, En sa Cathédrale Notre Dame de Deina

"Ô Grande Mère, Créatrice et Fondatrice, accordes nous ta pitié et préserves nous du malheur. Ô Divine Patronne, Vierge Vénérable, apaises nos cœurs et veilles sur nos enfants."

Le marbre blanc du Temple était illuminé de la douce lueur du soleil matinal, qui avait fait l'honneur d'être présent. Tous étaient en effervescence pour préparer l'évènement. Le jour ne s'était levé que depuis quelques heures, la Capitale était encore à demi assoupie. Quelques marchands installaient leurs étals, profitant de l'activité future autour de la Cathédrale pour faire fructifier leurs activités. La bonne humeur était de mise, et personne n'avait la foi de les chasser aujourd'hui. Irys observa la cité s'éveiller sous les rayons de soleil depuis le parvis illuminé des milles couleurs du vitrail réfléchies sur le sol. Elle appréciait ce bonheur simple de poser son regard sur la Vie, le cadeau de Néera, dans tout ce qu'il avait de plus singulier. Alors elle regardait, seule silhouette immobile au milieu de la petite place, laissant le vent caresser sa joue. La petite brise matinale s'était levée, comme attestant de la présence de la DameDieu en ce jour. Aujourd'hui Son culte se doterai d'un nouveau visage, un visage pur et plein de bonne volonté. La future Haute-Prêtresse, souriant innocemment, était vétue de sa robe bleue de prêtresse, laissant son habit de membre du Conclave pour se révéler devant la Déesse dans tout ce qu'elle avait de plus simple : un morceau de tissu et un collier d'argent au cou dont elle ne pouvait se résoudre à se séparer. Point d'autre apparat. A nue la Déesse l'avait faite, à nue elle se présenterait à Elle pour devenir le visage du Culte. Derrière son sourire insouciant pourtant, les rides sur son visage marquaient son doute. Un doute profond, de ceux qui saisissent les entrailles d'une poigne de fer pour ne plus vous lâcher. Irys avait peur, peur de la nouvelle fonction qu'elle acceptait, peur de la pression qui, à chaque instant, pèserai sur elle à présent. Le moindre faux pas la précipiterait dans un torrent que rien ne justifiait : son préprocesseur en témoignait. Heureusement, elle avait la Foi. La Foi en sa Déesse, la Foi en l'Homme. Quant au plus mal elle avait douté, elle s'était tournée vers la DameDieu et s'en était remise à Elle. Elle en ferai de même.




Mathilda activa ses doigts graciles sur son peigne.

«– J'ai bientôt fini, Ma Dame. Ne vous inquiétez pas, je me hâte.
Je ne m'inquiète pas, Mathilda. »

La jeune adepte en robe blanche sourit. Elle n'était pas dupe et voyait les traits figés de la future Grande-Prêtresse.

«– Excusez-moi, Dame Irys, mais je pense que ce n'est pas tout à fait la vérité. »

Irys sourit à son tour. Elle aimait bien cette jeune femme très perspicace. Évidemment, son inquiétude se lisait sur son visage. Elle leva une main ; elle tremblait.

«– Cela va bien se passer, Ma Dame.
Je sais, Mathilda. Mais as-tu déjà essayer de ne pas craindre la tempête quand elle hurle à ta porte, quand bien même tu sais qu'elle ne pourra rentrer ?
J'en convint »

La petite lissa une dernière fois ses cheveux blancs et posa le peigne.

«– Vous êtes prête, Ma Dame.
Bien. Va me chercher ma robe à présent. »

Mathilda s’exécuta et aida Irys à l'enfiler. Le tissu était de soie bleue claire, comme celle des prêtresses. Les coutures étaient de fil d'argent et brodées du même fil au col et aux manches.

«– Je l'aurai préféré plus simple. Mais elle est très belle, assurément.
Confectionnée avec soins par les artisans de Langehack. Vous êtes la Voix du Culte à présent, la Bienveillante. Vous devez être à l'image de la DameDieu. »

Irys soupira.

«– Tu as raison.
Allez, Ma Dame, le Haut-Prêtre vous attends. Je suis de tout coeur avec vous.
Je sais, Mathilda. Merci.
Que la DameDieu vous garde... »

Les mots de l'adepte lui restèrent en tête jusqu'à l'autel.




Un pied devant l'autre, Irys avança dans l'allée de la grande Cathédrale Sainte Deina. Au bout, au dessus de l'autel, la statue de la DameDieu cotoyait celle de la Sainte femme et les deux femmes la toisait de leur sourire énigmatique figé dans la pierre. Elle avait le plaisir de constater que la salle était bondée et que les places assises ne suffisaient plus à faire asseoir tout le monde : une grande haie d'honneur s'était formée à l'extérieur du Temple. Elle avait donné sa consigne, ne refuser personne. Et si les roturiers avaient laissé leur place à leurs seigneurs et aux émissaires de ceux-ci sur les sièges à l'avant, ils étaient nombreux à investir les rangs du fond et à l'acclamer au dehors.

L'absence de plusieurs grands seigneurs n'était pas passée inaperçu, évidemment, et avait soulevé plusieurs paires de sourcils. Ni Langehack ni Sainte-Berthilde n'était représentée par leur souverain et d'autres provinces importantes également. Mais rien ne saurait ternir la bonne humeur de la future Haute-Prêtresse à présent. Son sourire était radieux. Les rides qui témoignaient de son âge avait déserté son visage, lissé par un sourire qui faisait plisser ses yeux bleus. A sa gauche, le bras dans le sien, le Haut-Prêtre l'accompagnait jusqu'à l'autel. Arrivés au pieds de la volée de marche séparant le Coeur du reste du Temple, il la lâcha et l'aida à les monter. Les neuf Grand-Prêtres et Prêtresses étaient là, en cercle, les mains en coupe, tenant chacun un calice. Ils étaient tous les yeux fermés et récitaient les formules appropriées en pareil instant.

«– Ô Grande Mère, Créatrice et Fondatrice, accordes nous ta pitié et préserves nous du malheur. Ô Divine Patronne, Vierge Vénérable, apaises nos cœurs et veilles sur nos enfants. Ô Mère de tous les Hommes, Sainte des Saintes, accueilles Irys en ton sein, guide ce Souffle et insuffle lui le courage et la sagesse de discerner les Choix qui lui permettront de toujours vivre selon tes dogmes. Ô Damedieu chérie des hommes, Éternelle Bienveillante, apporte à tous Tes fils la paix et le Choix. »

Litanie harmonieuse montant des cœurs des Grand-Prêtre, elle fut reprise par chaque homme et chaque femme.

Puis tout le monde se tut et chacun des membres du Conclave récita sa phrase du Dogme.

«– En la Déesse tu auras foi, et ses conseils avisés tu suivras.
Dans la mesure de tes capacités, au respect du Bien tu veilleras.
Par les choix et non la condition tu jugeras, et tes bienfaits à tous tu prodigueras.
Conseils et possibilités de Choix, à tous tu t'efforceras d'apporter.
Les conflits tu aideras à bannir, privilégiant la sage médiation.
A toute personne sincèrement désireuse de l'entendre, ton enseignement tu dispenseras.
La vie tu respecteras et protégeras.
Les lois terrestres et spirituelles tu respecteras.
La Magie Divine et l'Energie de la Déesse tu ne gaspilleras point. »

Le Haut-Prêtre s'avança devant Irys. Celle-ci s'agenouilla cérémonieusement devant lui. Il lui avança ses deux mains, elle y posa les siennes. Le silence se fit dans la grande nef. La voix grave de la Voix du Culte annonça sa future consœur :

«– Irys, née Irys d'Arosque, Grande-Prêtresse de Langehack. Tu as servi la DameDieu comme Prêtresse puis Grande-Prêtresse de façon exemplaire, dispensant enseignement et sagesse, offrant la connaissance et la paix, diffusant les lois et les préceptes de notre Bienveillante Mère. Le Conclave des Grand-Prêtres a voté. Avec la bénédiction de la Gardienne Jena, il t'a choisi pour représenter le Culte. Accepte-tu cette charge, Grande-Prêtresse Irys ?
Je l'accepte.
Jure-tu de continuer la mission que la DameDieu t'a donné, de suivre et enseigner les Neuf pour toujours, jusqu'à ta mort ?
Je le jure.
Renouvèle-tu à présent et à jamais tes Voeux ?
Je les renouvèle, à présent et à jamais. »

Le Sudiste fit signe à Irys de relever les yeux. Sur l'autel il saisit entre ses doigts une bague. Elle était marquée d'un calice aîlé, fait d'argent et sur laquelle était gravé les initiales de la Haute-Prêtresse. Elle avait été forgée avec le fer de l'ancienne bague de Lucilia, conformément à la tradition.

«– Irys, tu as accepté la charge que le Conclave t'a confié. Voici le symbole de ta charge, fardeau que tu porteras pour toute ta vie. »

De même, il se saisit d'une tiarre en argent et la plaça sur la tête de la Langecine.

«– Devant Néera, Bienveillante Mère des Hommes, Divine patronne, Créatrice et Offreuse de Vie, je te nomme, Irys, Haute-Prêtresse. »

Se tournant vers l'assemblée, il déclara, cria presque :

«– Néera a sa nouvelle Voix. Acclamons Irys, Haute-Prêtresse de la DameDieu ! »

Le peuple acclama. Tous se levèrent, applaudirent. Sa Bienveillance Irys se releva et toisa la nef remplie à bloc. Un sourire éclaira son visage.

«– Que Néera m'en soit témoin. Devant vous je jure faire mon possible pour faire de ce Royaume le digne reflet de notre Déesse. Ensemble, nous forgerons la Paix. Ensemble, nous reconstruirons Diantra, ensemble nous rassemblerons la Péninsule ! »


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MessageSujet: Re: [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi.   [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi. I_icon_minitimeMer 14 Sep 2016 - 19:46


Arrivée quelques jours plus tôt, j’avais mis un point d’honneur à ne pas me faire remarquer. Je ne voulais pas que ma venue ne soit pas annoncée. Pour se faire, je n’avais voyagé qu’en compagnie de Frère Ulrich et de Soeur Ariane, et je leur avais pratiquement ordonné de taire ma présence. Nous avions remplacé nos robes de prêtre et de prêtresses pas des tenues mieux adaptées au voyage et finalement, nous étions presque passés inaperçus. Quoi qu’il en soit, j’étais arrivée deux jours plus tôt à Diantra, et j’avais réussi à convaincre mes “gardiens” de dormir dans l’une des auberges encore ouvertes. Plusieurs fois ils m’avaient questionné sur mon entêtement à me tenir loin de la Cathédrale, loin des préparatifs de la cérémonie et de nos Frères. Et à chaque fois je leur avais répondu que je préférais me tenir à l’écart pour le moment.
Le jour de la cérémonie, nous avions tous les trois quittés nos pantalons de voyage. je pouvais presque sentir le soulagement de Soeur Ariane et cette pensée me fit sourire. Je portais ma robe blanche par dessus laquelle j’avais noué une cape légère. J’avais laissé Soeur Ariane placer le diadème que l’on m’avait offert lors de mon séjour à Sainte Deina et je pouvais sentir à présent la fine plume d’argent au milieu de mon front. Elle était légère et réconfortante. Lorsque Frère Ulrich me tendit mon bâton, je le refusais en rabattant la capuche sur ma tête.

Après quelques minutes de marche dans les rues de Diantra, à ressentir la souffrance, l’angoisse et la tension encore présentent entre les murs de la cité, je me tenais au bras de Frère Ulrich et je le laissais me guider jusqu’à la Cathédrale. J’avais presque le souffle court tant j’avais été submergé par d’innombrables images remplies de violence et d'horreur.
Nous étions à présent sous l’immense voûte, il y avait de nombreuses personnes déjà rassemblés, attendant cette événement si particulier. Ulrich s’avança, visiblement il souhaitait me guider jusqu’au pied de la statue de la Damedieu, non loin de l’endroit où se tiendrait la cérémonie de l’Elévation, mais je l’avais retenu.


«  - Je préfère rester ici. Pour le moment du moins.»

Et sans demander son avis, je fis quelques pas pour me mêler à la foule. Le regard baissé sur les dalles, j’espérais ainsi ne pas attirer l’attention. Et visiblement cela fut efficace.
Bientôt la cérémonie débuta, j’entendis les prières de mes Frères et Soeurs résonner entre les murs de la Cathédrale, je sentis le flot d’émotion que partageaient les gens rassemblés là. Et puis je la sentis Elle. Elle qui s’était faite discrète durant mon voyage. Qui n’avait été qu’une ombre dans mon esprit. Je pouvais à présent la sentir clairement, comme si elle s’était tenue près de moi.

* - C’est une chose que l’on ne voit pas souvent. Je ne voulais pas manquer ça!*Je pouvais reconnaître le ton rieur de la fillette qu’elle incarnait parfois dans mon esprit. Je me sentis sourire tandis qu’Irys s’adressait à la foule.*  - Elle aura besoin de ton aide, Jena.*
* - C’est de votre aide que nous aurions besoin…*
Cela faisait longtemps que je m’étais habituée à lui parler sans détour. Je m’attendais à ce que le silence me réponde pourtant la suite fut toute autre. Le voile gris dans lequel je vivais depuis si longtemps s’éclaira soudain. Comme si un rayon de soleil perçait les épais nuages de mon quotidien. Et là, juste au milieu de la lumière Elle me souriait.
J’avais bien conscience que tout ceci se passait “ailleurs”. Personne ne pouvait La voir. Mes yeux demeuraient gris, pourtant je la voyais clairement et l’image me laissa bouche bée.
* - Tu as longtemps douté, Jena. Maintenant tu es face à ton Choix.*
La main de la Damedieu vola jusqu’à moi, caressant ma joue aussi légèrement que la brise un soir d’été. Je fermais les yeux tandis que la foule applaudissait autour de moi.»

Bientôt il y eut du mouvement, certains voulaient féliciter la Haute-Prêtresse. Je restais quelques secondes sans bouger avant de me décider enfin à avancer. A travers la foule, je trouvais un passage jusqu’à l’autel et la femme que je considérais à présent comme une amie.
Une sourire naquit sur mes lèvres tandis que je me présentais devant elle. Mes yeux se braquèrent sur les siens et même si je ne pouvais pas la voir, je savais qu’elle rayonnait. Son âme brillait et me réchauffait un peu plus le coeur.


« - Je suis heureuse de saluer la nouvelle Haute Prêtresse de Néera. Sachez qu’Elle se réjouit de cet événement.»
Mes mots furent ponctués d’un léger vent frais qui s’engouffra par les hautes fenêtres de la cathédrale.
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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi.   [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi. I_icon_minitimeMer 14 Sep 2016 - 20:31

Le panahos de la seconde ennéade de Favrius, c'est sur le dos de Poudreuse sa jeune jument alezan au dos et aux crins d'un blanc pur, que Cécilie passa les portes de la capitale. Une odeur étrange et tenace lui collait au nez sans qu'elle arrive à l'identifier. Quelque chose dans l'air était... inhabituel. Certes, elle n'était venu à Diantra que deux fois dans sa vie, mais ses souvenirs n'étaient pas empreints de cette... atmosphère.

Avançant entre Jindanor et le Capitaine, sa monture ayant pris l'habitude de calquer son allure et sa direction sur le cheval devant ou à côté d'elle, Cécilie laissait son esprit vagabondé entre les bruits de la ville, les murmures, les voix rauques ou doucereuses, le soleil sur sa peau, la brise sur ses mains et sa figure. Ici, il n'y aurai ni accueil par une vieille femme exubérante, ni vieux amis à retrouver ; et si par bien des aspects, elle était très heureuse que Berthe ne les aient pas accompagné, elle se demandait comment les prochaines ennéades allaient se déroulées.

Ils avaient deux jours avant l'élévation d'Irys, et moins d'une ennéade pour préparer l'ensemble du mariage par la suite. Les bancs avaient déjà été publiés à la fin du mois précédent. Les invitations lancées. Dans la cohue générale, ils avaient réussit à mettre la main sur un hôtel particulier abandonné par des propriétaires dans leur fuite. Le prix était élevé mais bien moins que sa réelle valeur de l'endroit une fois réparé... Malheureusement, ils n'avaient put faire que des travaux de façade et si les pièces d’apparat et les chambres d'honneur étaient magnifiquement remises à neuf, les sous-pentes, les escaliers de services, les chambres destinées aux de Laval eux-même et quelques autres endroits invisibles de l'habitation avaient été négligé pour gagner du temps et sauver quelques économies. La participation des vassaux était non négligeable et c'était à ce moment que Mathilde s'était rendu compte que la politique de son mari qui consistait à privilégier les alliances et les contrats interne à leur chatelainerie portait des fruits inattendus. Mais loger et nourrir tous les invités prévoyait d'être un défit à la mesure de l'ambition d'Arnaud de Laval... qui retombait sur les épaules de sa femme puisqu'il arriverait en même temps que le future époux, soit la veille de la cérémonie.

La nouvelle de la mort du Duc Oschide était parvenue en même temps que celle de l'immense tempête qui avait jeté ses forces contre les rives de l'Eris... Et avait précédée de peu la nouvelle du suicide de sa jeune sœur Azénor, elle aussi prisonnière du Marquis de Sainte-Berthilde. Cela avait enfoncé un poignard chauffé à blanc dans le cœur de bien des Langecins et les Missedois ne faisaient pas exception à la règle... Alors ce n'était qu'un voile d'ombre de plus qui tombait sur une union qui commençai déjà fort mal... A croire que Néera et Tyra tentaient désespérément d'envoyer des signes à leurs ouailles pour les détourner de cette folie. Malheureusement, si les de Laval étaient très croyant, l'intuition n'était pas vraiment le fort du patriarche de la famille. Il voyageait sûrement depuis trop longtemps entre Diantra, Missède et sa terre natale pour avoir put s'entretenir correctement avec ses Chapelains...

Cécilie avait tourné et retourné mainte fois l'idée de ce mariage dans son esprit, mais en venait toujours à la même conclusion...

Choisir c'est renoncer.

Elle avait espérer avoir un instant pour trouver quelqu'un à qui parlé... Irys peut-être, puisque son père ne tarissait pas d'éloge sur elle. Mais tout d'abord, elle n'avait pas osé. Comment demander audience à une personne de si haute stature dans un moment ou elle avait sans aucun doute des milliers de choses à régler... Après tout, la dernière et unique fois que Cécilie avait été en sa présence, elle n'avais même pas dix ans. Son père avait beau entretenir une certaine correspondance avec sa cousine, ils étaient tout deux assez occupé pour avoir une raison de ne pas se voir tous les quatre matins.

Puis ils avaient été rattrapé par le temps. L'aube s'était levée sur le Jour de l'élévation.

Levée de bonne heure et pomponnée durant deux longues heures, c'est dans des atours dignes de l'occasion que Cécilie, toujours au bras de Rose, se présenta dans le salon ou l'attendait déjà sa mère dans une robe légère mais passée de mode, d'une teinte orange soutenue qu'elle affectionnait tout particulièrement, son cousin Philippe dans une tenue missedoise des plus traditionnelle agrémentée d'une sabre d'abordage qu'il avait reçu de son père, Julien de Charmeroux, l'un des chevaliers les plus fidèle de son père qui avait été dépêché pour servir de garde attitré à Mathilde dans ces heures sombres, Jindanor égale à lui-même, ainsi qu'un Diantrais répondant au doux nom de Clovek d'Urlan, un noble sans terre avec lequel son père était en affaire pour les cargaisons de grain.

Pour sa part, Rose avait opté pour une discrète robe grise aux manches longues et aux broderies discrètes. Et pour Cécilie, elle avait choisie la robe bleue roi et la coiffure piquée de duvet bleu qui lui avait en partie valu le surnom de Mériale. Les longues manches de la sur-robe et le col étaient brodée de fils d'argent. Bien que le tissus tombe parfaitement et que la tenue en elle-même soit la plus raffinée qu'elle possédait, elle restait bien épaisse pour la saison et sa longueur n'était clairement plus étudiée pour une représentation dans un salon que pour marcher dans une ville... Hélas, Rose avait été catégorique. Impossible de la faire changer d'idée.

La jeune aveugle s'était donc retrouvée a devoir gérer une tenue inadéquate tout en marchant au bras d'un chevalier vers la Cathédrale... Et en toute humilité, elle avait l'impression de très bien s'en sortir. Maintient impeccable. Tête droite. Et elle n'avait bousculé personne pour l'instant !

Rose la reprit à son bras lorsqu'ils durent se faufiler plus prestement dans la Cathédrale. Les nobles les plus importants étaient entrés en ordre pour s'asseoir sur les premiers rangs puis les nobles de moindre importance avaient amplis les contre-allées et les balcons. Pas un mouvement lent mais assez visible, de plus en plus d'hommes laissaient pourtant leur place sur les premiers rangs pour laisser les dames s'asseoir. Si bien que les bancs furent bientôt très majoritairement féminins. Cécilie et sa mère furent de ces chanceuses. Sur l'extrême bord du dixième rang de l'immense cathédrale, le centre de la salle à moitié caché par les colonnades et certaines statues des saints, Mathilde se tortillait légèrement pour trouver une lucarne, tandis que sa fille essayait de se détendre malgré l'agitation environnante qui lui faisait progressivement perdre tout repère.

Puis une acclamation. Lointaine tout d'abord, puis s'approchant, comme une vague déferlant sur la porte de la Cathédrale. Et tout murmure disparu de ce bâtiment titanesque aux échos assourdissants. Seul une paire de pas tracèrent leur chemin, réguliers, paisible, mesurés. Et c'était comme si ce trajet redonnait du sens au monde qui entourait l'infirme. Là l'allée, Ici la porte. Là-bas le cœur. Mais peut-être également d'une façon plus profonde...

Au milieu de la foule tendue d'attention, Cécilie sentait battre le cœur de la Vérité dans le chœur des Grands-Prêtres. Puis mille vois s'élevèrent comme une seule, parfaitement synchrone sans avoir jamais répété.

« Ô Grande Mère, Créatrice et Fondatrice, accordes nous ta pitié et préserves nous du malheur. Ô Divine Patronne, Vierge Vénérable, apaises nos cœurs et veilles sur nos enfants. Ô Mère de tous les Hommes, Sainte des Saintes, accueilles Irys en ton sein, guide ce Souffle et insuffle lui le courage et la sagesse de discerner les Choix qui lui permettront de toujours vivre selon tes dogmes. Ô Damedieu chérie des hommes, Éternelle Bienveillante, apporte à tous Tes fils la paix et le Choix. »

Le son de cette Unique voix heurtait les murs comme elle heurtait le Souffle même des fidèles.

« Je l'accepte... Je le jure... Je les renouvèle, à présent et à jamais. »


Les acclamations, la joie, la reconnaissance. Un millier de voix pour une seule ovation. Cécilie n'avait jamais rien entendu de tel que ce chœur dépourvu d'origine, de richesse, de genre ou de patrie.

« … Ensemble, nous forgerons la Paix. Ensemble, nous reconstruirons Diantra, ensemble nous rassemblerons la Péninsule ! »

Un long frisson parcouru le dos de la jeune femme alors que ses cris se mêlaient plus intensément aux autres. L'inhibition avait laissée place à l'espoir. Cela ne fut que de courte durée, bientôt, tous se ruèrent vers la nouvelle Haute-Prêtresse et le petit groupe quitta la Cathédrale pour faire place nette. Au dehors, la foire avait pris possession de la ville entière et le rassemblement permettait autant les rencontres incroyables que les plus viles besognes.

Le jour de fête ne faisait que commencer.

Néera, puisse-t-elle prêter toute sa sagesse à cette femme car dans ces quelques mots, Cécilie avait décelé une ferveur et une bonté qui méritait d'être suivie. Puisse-t-elle ne jamais oublier les premiers mots de son mandat et que si la paix est un moyen, le bonheur de tous est la véritable fin.

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MessageSujet: Re: [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi.   [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi. I_icon_minitimeJeu 15 Sep 2016 - 23:28


Tibéria avait fait route depuis Soltariel jusqu’à Diantra avec une certaine anxiété lui nouant l’estomac. C’était sa première « sortie » en tant que duchesse et elle se demandait comment les autres nobles allaient l’accueillir, surtout après cette histoire qui avait surement fait le tour de la Péninsule tout entière depuis. De plus, elle avait tellement entendu de choses sur Diantra qu’elle s’attendait à y trouver une ville en ruine où plus rien ne se passait. Pourtant, la ville était encore là. Les gens s’affairaient à nettoyer et à reconstruire avec l’opiniâtreté que l’on connait des péninsulaires. Il faudra du temps et beaucoup d’argent pour lui redonner toute sa splendeur d’antan, mais tant qu’il y aura des hommes dans ce monde, la ville restera. Tibéria en avait la certitude.

Elle avait décidé de partir plus tôt de Soltariel afin de se laisser un ou deux jours de repos une fois arrivé là-bas afin de reprendre des forces et de se présenter sous son meilleur jour lors des célébrations. Tébria apprivoisait tout juste son nouveau rôle et il y avait tellement de choses à assimiler. Elle espérait qu’un jour pouvoir agir normalement sans avoir l’impression constante de marcher sur des œufs. S’éloigner de Soltariel soulageait un peu la tension bien qu’elle ait toujours cette crainte qu’on prenne le château d’assaut pendant son absence. Elle n’avait pas fait le chemin seul. Tout un petit groupe de nobles l’accompagnait. Si la majorité était là par véritable dévotion pour Néera, d’autres ne désiraient rien d’autre que de se faire remarquer par la belle duchesse nouvellement célibataire. Tibéria avait bien d’autres soucis en tête que ça. Ainsi, elle les ignorait tout simplement. De toute façon, des discussions étaient en cour, mais les détails devaient rester secrets jusqu’à ce qu’il y ait un accord d’officiellement conclu. De plus, elle n’avait pas encore officialisé son divorce, chose qu’elle espérait faire pendant son séjour à Diantra. En toute sincérité, la jeune femme était mortifiée à l’idée de s’adresser au Haut Prêtre de Soltariel, car il était celui ayant officié à son mariage qui aura duré seulement quelques ennéades au total. Elle craignait un jugement et des remontrances de sa part pour briser l’union sacrée du mariage même si elle avait d’excellentes raisons de le faire. Repenser à tout ça la rendait une fois de plus nostalgique. Dire qu’elle avait pris comme résolution de ne plus revenir là-dessus. Tibéria avait encore du travail à faire sur elle-même avant d’y parvenir.

— Nous pouvons y assister? Je veux dire, les serviteurs…

Cassio avait réussi à se faufiler jusqu’à Tibéria, ce qui ne s’était pas avéré être une tâche facile avec tous ces rapaces autour d’elle.

— Tout le monde est invité. Je suppose que les serviteurs et les autres non-nobles seront à l’arrière de la cathédrale. C’est un évènement très important pour toute la Péninsule.


— En effet… J’aurais aimé que monsieur Sickert soit là pour vous protéger de tous ces hommes qui vous tournent autour comme des rapaces.

Cassio jeta un regard mauvais en direction d’un homme plutôt moche qui multipliait les œillades peu discrètes et les sourires entendus en direction de Tibéria. Il était tellement absorbé par Tibéria qu’il ne remarquait même pas le regard assassin de son serviteur.

— Heureusement qu’il n’est pas là pour t’entendre l’appeler monsieur, il déteste ça. J’avais besoin qu’il se rende en Langehack à ma place pour les funérailles d’Oschide. Je crois que ça aurait été déplacé de me présenter là-bas devant ses frères et ses sœurs après ce qui s’est passé. J’ai laissé une lettre à Sickert qu’il doit remettre à la duchesse et qui explique les raisons de mon absence.

— Je ne crois pas qu’on puisse vous en vouloir pour ça.

— J’espère que tu as raison… Souffla Tibéria d’un air pensif.

++++++++++

La cathédrale Notre Dame de Deina offrait un spectacle époustouflant pour tous ceux qui la contemplaient. Tibéria ressentit un sentiment d’apaisement en la voyant, une sensation bienvenue après tous ces tourments. Les lieux de culte étaient généralement faits pour impressionner et inspirer le respect à ceux qui les visitaient. Ici, on ne pouvait faire autrement que de se sentir tout petit. Elle adressa une prière silencieuse en demandant qu’on lui accorde la force et le courage d’avancer. Elle eut également une pensée pour Arichis et ses enfants pour qu’ils aient également la force d’aller de l’avant. Tibéria prit place à l’endroit qu’on lui avait désigné afin d’observer la cérémonie. Pendant tout le temps qu’elle dura, Tibéria resta pieusement silencieuse, envoutée par tout le cérémonial qui se déroulait sous ses yeux. Les voix s’élevaient clairement vers le haut plafond de la cathédrale de sorte que tout un chacun pouvait entendre très clairement les paroles prononcées. Enfin, la Haute Prêtresse jura de faire de ce monde un endroit digne de la déesse, la foule se souleva d’un seul mouvement pour la saluer. Tous les cœurs ici étaient inspirés. Tibéria ne pouvait qu’aller dans ce sens. Une Péninsule unifiée et en paix était aussi le souhait de la duchesse.
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Enrico di Montecale


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MessageSujet: Re: [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi.   [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi. I_icon_minitimeVen 16 Sep 2016 - 19:16


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Hernán Montecale


La silhouette maladive d’Hernán Montecale se tenait, un poil chancelante, vers l’arrière-est de la grande nef. Il était à la fois soutenu par sa canne, et par l’une des mains de son benjamin Raúl, qui l’aidait à se tenir debout. Le vieil homme était encore fier, mais son corps semblait ne plus réellement en saisir le concept. Il était passé devant un groupe de nobles, qui l’avaient regardé en chuchotant. Il s’était bien demandé ce qu’ils se disaient. Mais après quelques instants, et quelques quintes de toux, il avait fini par oublier ces diables de nobliaux. Il n’en avait plus vraiment cure. Son nom était associé à l’un des titres les plus prestigieux de la Péninsule féodale, et bientôt, à l’une des anciennes lignées pentiennes de Missède. Qu’ils rient, tant qu’ils le pourraient. Un jour, peut-être, lècheront-ils les bottes de ses descendants. Rien que pour voir ça, Hernán souhaitait vivre bien des années encore.

Hélas, il n’en avait plus pour longtemps. Et c’était sûrement de ça qu’avaient discuté les nobles.

Raúl empêcha son père de choir durant la cérémonie, alors qu’Irys d’Arosque, bientôt Haute-Prêtresse, s’avançait dans l’allée principale, soutenue par les applaudissements de tous. Hernán jura entre ses dents, poussant son fils du coude, et lui chuchotant :

« Laisse-moi tranquille, jeune imbécile ! »

Raúl fronça les sourcils.

« Mais, père, vous alliez tomber… »

« Je vais très bien ! Laisse-moi, j’ai dit… »

Une quinte de toux emporta le dernier son de la voix enrouée du vieux bourgeois. Quelques hommes se retournèrent brièvement, avant de se concentrer à nouveau sur le passage de la Dame du jour. Non, il n’allait pas bien. Il pensait néanmoins qu’il trouverait la force pour tenir toute la journée, puisqu’Enrico était retardé. Que faisait-il, d’ailleurs ? Il ne lui avait même pas envoyé de pigeon. Et Lazaro était agité, Enrico ne l’ayant pas emmené avec lui.

« Il n’a pas intérêt à être en retard à son mariage… Ou je jure, devant les dieux, je le tue… »

Raúl regarda son père, un peu choqué.

« Pas de ces paroles dans la Cathédrale, père ! »

Hernán jeta un œil noir à son dernier fils.

« Ha, tu es très pieux, maintenant ? Toi dont les pratiques déshonorent Néera, notre famille, et l’Humanité toute entière… »

Le jeune Raúl en resta bouche bée, extrêmement vexé. Il lâcha alors son père, qui ne put se soutenir qu’à sa canne. Il regarda encore une fois son géniteur, pendant que les neuf Grands-Prêtres prenaient la parole. Il lui murmura alors :

« Et dire que je suis venu pour vous… C’est vous qui vous déshonorez, père. »

Le dernier mot avait été craché, comme le venin aspiré d’une morsure. Raúl recula alors, bousculant quelques nobles, pour aller se trouver ailleurs. Hernán, lui, pestait contre le monde entier, susurrant des insultes en vieux patois suderon des côtes de Soltariel. Un gros homme rougeaud se retourna alors, l’air fâché.

« Taisez-vous, derrière ! »

Le vieil homme ne répondit pas. Il se rendait compte de plus en plus qu’il perdait son énergie à s’énerver ainsi. Et n’ayant plus que sa canne comme compagne, il resta prostré, et silencieux, alors que dans la grande cathédrale, les phrases rituelles et les paroles sacrées résonnaient à l’unisson. Pourquoi, au nom des Cinq, n’avaient-ils pas prévu des chaises pour les gens comme lui ? Obligé de se tenir debout à l’arrière, avec les gens de rang inférieur… Son fils était Baron ! Quel outrage…

Et alors que son fiel se répandait dans ses veines plutôt que dans l’air ambiant, Raúl allait discrètement rejoindre quelqu’un d’autre, laissant son vieux père se noyer dans aigreur et sa morosité…

Hernán ne put même pas applaudir à la fin de la cérémonie, faute d’avoir les deux mains de libre…
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Glinaina
Les Pommes Légendaires Salées
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MessageSujet: Re: [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi.   [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi. I_icon_minitimeDim 18 Sep 2016 - 20:44

Un miroir. C'était juste un miroir, et pourtant... J'eus un sourire, reflétant à la fois la joie de pouvoir me contempler ainsi et la tristesse de savoir que Glenn ne pouvait pas être là à ce moment-là. J'étais sûre qu'il aurait souri, qu'il ma'aurait trouvée belle, qu'il aurait trouvé cela tout à fait approprié pour la Reine de Naelis. Il y aurait vu un accomplissement de tout le travail qu'il avait fait pour ce royaume depuis en était devenu le roi et qu'il avait découvert les caacombes. Parce qu'en ce jour, chez ce tailleur, je semblais être une reine venue d'un passé bien lointain, pourvu de majestuosité et de grandeur. On aurait dit que je revenais du temps des derniers rois de Naelis, alors que ce royaume était prospère.

Je me retournais une nouvelle fois, admirant sous toutes ses coutures l'oeuvre à laquelle je ne m'étais pas attendue. Ce n'était qu'une robe. Et pourtant, elle faisait tout, tout comme le soleil et les lunes formaient un cycle éternel. Annonce d'un renouveau ? Peut-être. Je me souvenait parfaitement de ces jours où j'avais pris le temps de lire les livres qui avaient été découverts auprès du tombeau des rois, dont un ouvrage qui recensait la vie de l'époque avec les us et coutumes, le train de vie, les échanges commerciaux et même les vêtements en fonction de la classe sociale des personnes. A partir de là était née l'idée que reproduire une robe d'antan - adaptée au besoin que j'avais de garder des manches longues, même si non épaisses -, une robe de la noblesse. Et je devais avouer que même en ayant participé aux dessins de ce vêtement, j'étais étonnée du résultat : le tissu principal, aux couleurs dorées, était parcouru de nombreux motifs ; en de nombreux endroits avaient été insérés des fils d'argent dont l'entrelacement s'achevaient en de magnifiques symboles brodés, réhaussant la superbe de l'oeuvre même de nuit. Les manches étaient lègères sans pour autant laisser voir les marques que j'avais aux bras, et deux pans aux côtés de la robe se refermaient dans le dos par des rubans en deux triangles élégants, laissant ainsi une possibilité d'ajustement du vêtement en cas de grossesse. Je ne pensais pas être enceinte à nouveau avant bien longtemps, mais le couturier avait insisté pour garder son idée. Il réagissait en humain, c'était normal... il n'imaginait certainement pas que contrairement à une femme humaine une elfe ne pouvait tenter d'avoir un enfant qu'une courte période tous les deux ans.

Je m'arrêtais, me regardais encore une fois dans le miroir. La nostalgie dont était emprunt mon sourire disparut et une lueur de fierté apparut dans mon regard. C'était bête, mais je ne m'étais jamais imaginée portant un tel vêtement. En fait, je voyais même mal une reine d'un royaume humain porter cela, peut-être parce qu'elle me faisait penser aux contes et légendes d'êtres surnaturels aux exquises grâce et beauté. Un peu comme les Elfes pouvaient passer aux yeux des Humains, en somme. Je me demandais sincèrement comment les gens de Diantra allaient réagir en me voyant.


~~~~~~~~


Diantra. Assise sur le rebord de la fenêtre, je regardais pensive la cité depuis la chambre où je logeais. Aujourd'hui allait être un grand jour pour une femme ainsi que pour le culte de Néera, puisque la dénommée Irys d'Arosque allait en devenir la Haute-Prêtresse. Une bonne chose, certainement. En tout cas l'invitation qu'elle avait envoyée à Naelis avait été l'occasion parfaite pour découvrir la capitale péninsulaire et donner l'opportunité aux nobles de mettre un visage et un comportement sur un nom. Pour l'instant, depuis les trois jours où j'étais ici, je n'avais rien fait pour me faire identifier comme une reine. J'étais arrivée sans grandes pompes en tenue de voyage et, sans rien faire, j'avais déjà entendu des chuchotements à mon approche. Pour certains j'étais une curiosité extraite d'une légende, pour d'autres j'étais quelque chose à ne pas approcher. Ma droiture ainsi que la bonne finition de mes vêtements laissaient sous-entendre que je pouvais ne pas être n'importe qui. A partir de là, je ne savais pas si beaucoup avaient fait le lien entre la femme ressemblant à une noble d'ailleurs accompagnée de plusieurs humains armés ainsi que d'un elfe, et la reine de Naelis.

Il était l'heure. Je me retournais et dirigeais mon regard sur l'elfe qui était venu avec moi, Asgëril. Il faisait partie des quatres finalistes du tournoi d'archerie auquel j'avais anonymement participé et, depuis que nous avions longuement parlé de ce qui s'était ensuivi, il faisait désormais partie de ceux qui m'accompagnaient régulièrement lors de mes déplacements. Je lui souris et, en descendant je lui adressais la parole dans notre langue natale.

"Il va être temps d'y aller. Je suppose que vous n'avez pas changé d'avis concernant votre venue à la... à la... enfin à ce qui correspond au temple de Néera ?
- A la cathédrale, ma reine. Et non je ne pense pas venir, je n'y serai aucunement à ma place.
- Très bien, c'est là votre choix. Avez-vous une idée de ce que vous ferez pendant tout ce temps ?"


Asgëril hocha doucement de la tête pour me signifier qu'il avait bien une idée derrière la tête. Le connaissant, j'étais prête à parier qu'il allait faire attention à tout ce qu'il se passerait aux alentours de la cathédrale ; il avait, tout comme Hendrick, fortement pris à coeur sa nouvelle fonction. Et en l'occurrence il me protégeait.

Quelques minutes plus tard je rejoignis les Centaures, accompagnée de ma garde personnelle. Pour ce voyage, nulle armure trop encombrante, nul chevalier de Naelis dont le visage était aussi froid que la pierre lorsqu'il s'agissait de montrer une émotion. J'avais pris la décision de n'appeler que ceux qui avaient fait partie de la troupe du Centaure à m'accompagner, afin de leur permettre d'avoir une occasion de bouger jusqu'à Diantra et surtout de pouvoir participer à un événement cher à leur coeur. Parce qu'ils étaient tous originaires de la Péninsule, notamment du nord de celle-ci ; parce que la plupart d'entre eux étaient sincèrement croyants et que pouvoir aller à la nomination de la Haute-Prêtresse de leur déesse était une chance qu'ils n'auraient voulu manquer pour rien au monde. Certains de ces centaures étaient devenus des chevaliers de Naelis, aussi étaient-ils ceux qui restaient au plus près de moi. Mais là, pour la cérémonie, je ne serai accompagnée que de l'une d'entre eux habillée en noble et qui restera vraiment à côté de moi. Les autres ont déjà prévu de se mettre à l'entrée de la cathédrale pour faire une haie d'honneur à la future haute-prêtresse. Cela devenait même amusant de pouvoir constater un caractère presque enfantin chez certains militaires, côté non visible d'habitude. Ensemble, nous nous dirigions vers le lieu "saint".

Des chuchotements, des égards, des regards différents que ces derniers jours... Ainsi accoutrée, on me reconnaissait. Mais de tout cela, je m'en fichais. Ce qui m'intéressait était ce grand bâtiment où allait se tenir la cérémonie, ces ruelles typiques aux cités de la Péninsule... cela me rappelait mon passé parmi deux compagnies mercenaires en Péninsule, dont les Centaures. Je revoyais encore la ville de Serramire, où j'avais rencontré Glenn lors d'une mission quelque peu étrange. Ce n'étaient que quelques courtes années dans ma vie d'elfe, mais elles avaient été marquantes. Aussi une certaine nostalgie s'était emparée de moi, nostalgie que je me devais de faire partir une fois en présence des nobles humains. J'étais une reine, tous me voyaient telle quelle et non comme une personne ayant répondu à l'invitation d'une prêtresse. Et toujours de par mon titre je fus installée dans les premiers rangs - au premier même - ce qui dans le fond me permit de tout voir et entendre de la scène principale.

Après quelques échanges courtois avec quelques personnes, l'assemblée se tut pour laisser la future haute-prêtresse entrer avec tout le respect qui lui était dû. Des prêtres commencèrent à réciter à haute voix une litanie, rapidement accompagnés par tous les êtres présents en ce lieu. Y compris moi. Je n'étais pas très croyante, je priais moins Néera (ou Elenwë en elfique) que Kÿria, mais j'avais vécu auprès d'hommes la priant. Et cette prière, je la connaissais, aussi la récitais-je par respect pour celle qui avait invité Naelis à venir ici en ce jour.

La suite fut intéressante, et encore plus la prise de parole qu'eut Irys face à tous ceux qui étaient venus la soutenir. Reformer la Péninsule sous l'égide de Néera, en y apportant la paix... un beau programme fort compliqué vu toutes les intrigues qui s'y passaient. Pire qu'en Ithri'Vaan. Pourtant, avec autant de drows, cela avait de quoi régulièrement mal se passer.

Lorsque la cérémonie fut terminée, je fus dans les premiers à aller féliciter la nouvelle haute-prêtresse. Je n'étais pas celle qui était le plus à sa place, aussi je fus brève mais sincère. Je lui souhaitais bon courage et l'invitais à venir me parler si elle le souhaitait - je supposais que voir une elfe d'un royaume priant particulièrement Arcamenel venir à une cérémonie pour Néera devait la surprendre. Puis je retournais avec les miens. Bien des choses allaient se passer ces prochains jours...
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Maélyne de Lourmel
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MessageSujet: Re: [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi.   [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi. I_icon_minitimeMer 21 Sep 2016 - 12:47


Le chemin depuis Sainte-Berthilde fut éprouvant. Non seulement car l'esprit de la jeune femme était embrumée par une tristesse latente suite au décès de sa jeune amie; la fleur de Velmone, mais Maélyne était également distraite pour son récent comparse; Arth.

Le petit dräke lui était revenu lors de son retour des festivités. Il semblait ne pas avoir apprécié son absence et s'était plus qu'occasionnellement servit en traitre dans les cuisines du château. Lui qui était habitué à avoir ses petites assiettes servit gracieusement dans la chambre de la Dame.

Mais voilà qu'à son retour elle trouva une chambre vide et c'est en fouillant le château plusieurs fois qu'elle retrouva le petit lézard enfouit dans les recoins de la cuisine. Maélyne avait ressenti une profonde tristesse en le voyant dans cet état. Elle s'en voulait tellement de l'avoir laissé, mais au fond, était-ce de sa faute? Après tout, la Dame n'avait plus aucun souvenir de lui…

Il fallut un peu de temps, deux ennéades au moins pour réussir à regagner la confiance de l'animal, pour réussir à le nourrir à nouveau correctement. Puis un jour, alors que la Dame semblait ne point vouloir quitter son lit et apporter la divine assiette, Arth s'était soudainement lié à elle. Depuis, une voix ne cessa de résonner dans son esprit, une voix qui pouvait se montrer douce mais aussi insupportable.

- J'ai faiiiiiiiim !
- Oui je sais Arth, nous sommes bientôt arrivés.
- Quand? Ca fait des heures que tu me dis ça !

Le petit animal était posé sur les genoux de la Dame, elle-même assise dans un carrosse qui la menait à Diantra. Cette cité, elle ne l'avait visitée qu'une seule fois, lorsqu'elle entreprit un voyage vers Ydril après avoir abdiquée. Maélyne en avait gardé un bon souvenir mais de par les nouvelles qui circulaient, il semblerait que la ville avait changé.

- On arrive quand, dis, dis, dis?
- Bientôt.

Elle ne reçut aucune réponse si ce n'est que le petit dräke s'en alla de ses genoux. Visiblement, la Dame l'avait sans doute un peu trop habitué à avoir ce qu'il voulait depuis ses cinq dernières ennéades. Sa taille ne pouvait être qu'une preuve de plus vu que celle-ci avait plus que triplés. Tenant auparavant dans le creux de sa main, l'animal prit bien vite possession de sa main entière.

- Arrête donc de bouder, allez, vient là. Peut-être me reste-il un peu de viande séchée.

Il n'en fallut pas plus à Arth pour bondir en direction de la main de Maélyne, qui après avoir assidûment fouillée son sac, parvint à un chiffon enroulé dans lequel se trouvaient encore quelques restes.

Diantra se montra en fin de journée et heureusement, la cérémonie d'élévation se déroulait le lendemain. Maélyne avait choisi un petit hôtel particulier et s'était très rapidement couchée, fatiguée du voyage, au grand dam d'Arth.

- Réveilles-toi ! Réveilles-toi !

« Hum… qu'est-ce..?  »
- Réveilles-toi, alleeeeez!
- Arth enfin… Il fait nuit, va dormir.
- Non. J'ai Faim !

Au petit matin, Maélyne eut bien du mal à cacher sa fatigue mais elle n'arrivait pas à en vouloir à l'animal. En réalité, et ce malgré les courtes nuits, elle était bien heureuse de l'avoir auprès d'elle. Une compagnie nécessaire pour ne pas qu'elle sombre trop dans la solitude, elle qui n'avait plus d'enfants, plus de cousines, ni de famille autour d'elle.

C'est habillé sobrement mais élégamment que la Dame se rendit à Notre Dame de Deina. Il y avait beaucoup de monde, toutes les places assises étaient prises. Maélyne resta alors debout, à une place qui lui permettait de voir sans être vu, et il valait mieux que ce soit ainsi.

- Y s'passe quoi?
- Chut, tais-toi.
- Mais quoiii? Laisse-moi sortir, je veux voir.
- Non, restes où tu es, il vaudrait mieux que personne ne te voit.
- Pourquoi?  Y s'passe quoi?
- Chut.

La cérémonie débuta et Maélyne n'en perdit pas une miette malgré sa double conversation avec un petit être trop curieux sur le coup. Vint ensuite l'heure des félicitions. Maélyne prit place dans la file qui s'était formée et lorsque vint enfin le tour de la Dame de Lourmel, celle-ci présenta ses félicitions à la nouvelle Haute-Prêtresse. Elle n'était pas venue les mains vides, mais pour autant, la Dame ne savait pas si c'était le bon moment pour lui offrir le don qu'elle avait prévu de faire.

Face à elle, quelque chose se produisit. Un échange de regards qui troubla la jeune femme. Haute-Prêtresse de la déesse qui l'avait sauvée, Maélyne se sentit envahir d'une émotion bien particulière accompagnée d'une bouffée de chaleur et d'une respiration rapide qu'elle essaya tant bien que mal de maîtriser. Sans compter qu'Arth décida de finalement montrer le bout de son nez, laissant dépasser sa petite tête de la capuche de Maélyne.

La Dame de Lourmel fit alors une révérence respectueuse puis laissa bien vite sa place à une autre personne souhaitant féliciter Irys.


- Je t'avais dis de rester cacher !
- On mange quand?


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Aline de Clairssac
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MessageSujet: Re: [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi.   [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi. I_icon_minitimeLun 26 Sep 2016 - 14:53

Aujourd'hui, ce serait une robe bleue. Assez simple, tout comme la coiffure : les cheveux détachés. Aujourd'hui était une journée particulière à laqelle Aline avait été conviée et qu'elle n'aurait voulu rater pour rien au monde tant elle était pieuse. En effet, savoir qu'une nouvelle haute-prêtresse de la Mère allait être nommée était une joie religieuse pour tous et ce bonheur simple mais important rayonnait sur la Pieuse d'Or depuis qu'elle s'était réveillée. Elle souriait, chantait seule ou avec sa dame de compagnie, riait, brodait, rêvassait, dansait... Les bonnes nouvelles s'étaient enchaînées très rapidement ces derniers temps et cela avait manifestement joué sur l'humeur de la jeune noble. Elle était désormais fiancée à celui qui faisait battre son coeur et ne pouvait qu'être heureuse pour le culte de Néera. De plus, Jérôme et elle s'étaient retrouvés sur la route pour descendre ensemble jusqu'à Diantra. Aussi était-elle heureuse, bien plus qu'auparavant. Enfin des jours meilleurs s'annonçaient...

L'heure venue, elle rejoignit d'un pas léger son fiancé, lui offrit un somptueux sourire et se laissa être emmenée à travers les rues de la capitale. Rien n'entacherait son humeur, du moins était-ce ce qu'elle s'était imaginé. Lorsqu'elle vit la foule qui avait déjà commencé à s'amasser devant la cathédrale parce qu'il n'y aurait pas assez de place pour pouvoir accueillir ceux qui n'étaient ni de la noblesse ni de la bourgeoisie, Jérôme put sans problème voir le visage d'Aline devenir aussi pâle que celui d'un mort. Il y avait foule dehors... donc il allait y avoir foule dedans... elle allait devoir survivre dans une masse importante de personnes... La demoiselle insista pour quand même y aller malgré la faiblesse qui venait soudainement de la gagner,s'accrochant fortement au baron pour essayer de mettre de côté son agoraphobie le temps de la cérémonie. Elle allait y arriver, la Mère serait présente, elle ne pourrait qu'y arriver. La foi déplace des montagnes... elle en était intimement persuadée.

Par chance, ils purent avoir des places assises. Malheureusement, d'où Aline était, elle ne voyait rien. Rien à part des gens, des gens, des gens et le toit. Difficile donc de focaliser son attention sur quelque chose qui ferait oublier la foule, comme elle avait réussi à le faire de nombreuses fois, par exemple lors du tournoi de Serramire. Et la présence ainsi que le contact physique avec le baron d'Etherna n'étaient cette fois-ci pas suffisants. Aline ne put donc pas profiter de la cérémonie en elle-même ; elle n'était même pas capable de se souvenir à quel moment elle avait dû s'asseoir tant elle ne se sentait pas bien, pâlissant à nouveau, non loin de sombrer dans l'inconscience. Elle avait au départ voulu regarder ses mains tremblantes mais son corps se replia de lui-même. Pieds sur la chaise, bras serrés autour de ses jambes, sa tête reposait sur ses genoux. Alors qu'elle tremblait de tous ses membres, sa conscience qu'à demi-présente, elle murmurait frénétiquement des prières à la Mère. Plus rien ne la touchait : ni les regards juges qui se posaient sur elle, ni l'attention de Jérôme à son encontre. Et cela dura toute la cérémonie. Les seuls moments où elle revenait parmi la foule était lorsque les gens étaient appelés à réciter avec les prêtres quelques phrases, paroles qu'Aline connaissait bien évidemment par coeur.

Le temps passa. Elle ne sut comment mais elle tint bon. Elle ressentit juste au bout d'un moment que ça bougeait autour d'elle, que de la place se faisait. Elle ressentit aussi qu'on la prenait entre des bras protecteurs. Alors ses muscles se détendirent et elle se laissa aller contre celui qu'elle pensait être Jérôme, quelques larmes coulant sur ses joues blanches et la respiration difficile. Elle n'osa rouvrir les yeux de peur de perdre connaissance - alors qu'il suffirait que le nombre de personnes autour d'elle soit minime pour qu'elle puisse se remettre. Après quelques secondes elle demanda, d'une voix faible :

"Sont-ils partis ?"
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Jérôme de Clairssac
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MessageSujet: Re: [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi.   [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi. I_icon_minitimeMar 27 Sep 2016 - 7:10

Jérôme avait prit la direction de Diantra en compagnie d'une petite troupe oësgardienne désireuse de participer à l'élévation de la nouvelle Haute Prêtresse. Le baron était mitigé sur l'événement à venir, non pas qu'il n'était pas pieux, au contraire, mais depuis la dernière campagne contre les sombres, il était de plus en plus attiré par Othar. Alors vous me direz que la péninsule prie les cinq et qu'il n'y a donc pas d'interrogations à avoir, toutefois, lorsqu'une divinité à votre préférence et que soudain, vous avez quelques doutes et qu'un autre prend la pas, il y a de quoi se remettre en question. Heureusement, tout le bonheur qui lui tombait dessus ces derniers temps le ramenait "sur la bonne voie". Bien qu'il n'en montrait rien Jérôme était aussi hanté par certains choses qui découlaient de ses décisions, il voulait donc poser quelques questions à la Haute Prêtresse, du moins si elle avait du temps à lui accorder.

Il oublia vite tout ce qui le tracassait lorsqu'en chemin, Aline le rejoignit, elle même accompagnée d'une petite troupe en provenance de Serramire. D'autres les rejoindraient encore, venant d'Etherna. Sa fiancée le faisait rayonner de bonheur et comme il la savait très pieuse, il n'avait pas partagé ses doutes avec elle, ne voulant pas la perturber, encore moins avec tous les problèmes qu'elle avait rencontré. Ils discutèrent longuement durant le trajet jusqu'à la capitale, lieu que Jérôme n'avait pas vu depuis l'enterrement d'Eliam. Elle n'était plus aussi rutilante que lors de son dernier passage, prise en plein tourment avec les luttes de noblesse. Il devait être étrange pour des gens qui manquaient de tout, de voir la noblesse se réunir en ce lieu comme si sa populace n'avait aucune importance. Les tensions étaient vives pour qui savait regarder et Jérôme ne manqua pas de le remarquer. Il fit diriger sa troupe, plus importante, vers l'Hotel Particulier dont il avait fait l'acquisition et comble de chance, celui-ci n'avait pas brulé. Il ne pouvait pas accueillir tout le monde et un tri fut fait pour savoir qui logerait chez le baron, les autres devant chercher à se loger. La chose était ardue, les tavernes ayant été pris d'assaut par tous les "invités". Des instructions furent passées par Jérôme afin que personne ne se déplace non armé, encore moins tout seul et des hommes étaient placés devant la "maison" qui abritait ses proches. Il s'en voudrait s'il arrivait quelque chose à ceux qu'il aimait ou appréciait.

La journée tant attendue était la, aujourd'hui, si tout se passait bien, la Haute Prêtresse de Diantra serait intronisée. Des gardes ouvraient la route au baron et à sa suite, doucement bien entendu, Jérôme ne voulant pas d'une émeute sur les bras. Les rues étaient noires de monde pour l'événement. Enfin un peu de joie pour la cité qui avait si souffert ces derniers temps. Les gardes restèrent au dehors bien entendu en même temps qu'une bonne partie de la suite, seul les plus haut pouvant entrer dans la Cathédrale. Jérôme, très attentif à Aline, vit qu'elle avait pâlit, blanche comme un linge. Il lui donnait le bras naturellement mais il se rapprocha encore afin de lui faire sentir sa présence et lui donner du courage. Il lui demanda si elle voulait rentrer, préférant la santé de sa douce à l'élévation de la Haute Prêtresse. Sa piétée l'emportant, la Dame voulait absolument y assister. Ils n'eurent pas les premières places mais cela ne dérangeait pas Jérôme qui n'était pas petit et qui voyait donc tout de même par dessus les têtes. Aline avait bien entendu fait part au baron de ses soucis d'agoraphobie mais il ne l'avait pas encore vu en crise. Dans la Cathédrale, entouré d'autant de monde que pouvait en contenir le lieu, bourré à craquer, il vit pour la première fois ce que cela donnait. La pauvre était recroquevillé sur elle même, tremblant de tous ses membres. Jérôme la prit dans ses bras, l'entourant dans un cocon protecteur et il lui murmurait des mots apaisants. Toutefois, cela ne suffit pas et toute la cérémonie se passa sans qu'ils n'y participent vraiment. Le baron se moquait des regards autour d'eux, toute son attention étant dirigée vers sa bien aimée. Une fois l'élévation terminée, la foule commença à évacuer, doucement, terriblement doucement. Nombres de personnes présentent, l'étaient plus pour se montrer ou pour avoir participé, que par piété pure, aussi bien que du monde resta pour prier, la majorité était partie, l'atmosphère se faisant moins lourde.

La scène devait être étonnante, de voir une femme tremblant et repliée sur elle dans les bras d'un homme, lui même replié pour la couvrir

"Il reste des gens mais la Cathédrale s'est bien vidée Aline, tout va bien se passer. Je suis la, tout va bien"

Il murmurait encore à son oreille, les mots n'étant destinée qu'à elle

"Nous resterons le temps qu'il vous faut, nous n'avons rien d'urgent à faire."
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Aymeric de Brochant
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MessageSujet: Re: [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi.   [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi. I_icon_minitimeDim 9 Oct 2016 - 12:55

C'était un curieux sentiment qui assaillit le Père Bréguet, tandis qu'il dépassait les hauts voussoirs consacrés. Combien d'années s'étaient écoulées depuis qu'il n'avait regagné la capitale, et qu'il ne s'était signé de l'aile dans le temple dédié à la sainte Deina ? Il lui était pénible de se souvenir seulement de la dernière fois où il était venu à la capitale. Était-ce avec le duc Edgar ? S'il se souvenait avec insistance de ses multiples pèlerinages au temple de Primepreste, le Père Bréguet semblait bien moins certain quant à ses visites dans le deuxième grand lieu du culte néréeite.

Autre travers de ses doutes, c'était une question plus profonde encore qui avait agité le chapelain. Pour quelle raison était-il venu ici ? S'agissait-il de la volonté de sa déesse, ou de son seigneur ? Tenu bien longtemps à l'écart de ses confrères, circonscrit à la cour du duc, puis des marquis, le Père Bréguet, encore plus désormais qu'Aymeric en avait fait un de ses hommes de confiance, demeurait de moins en moins certains quant à son allégeance finale. Était-il plus dédié à son maître temporel, où spirituel ?

Ce tiraillement n'avait pas manquer d'occasion un premier choc, quand deux jours auparavant, le clerc avait pénétré dans la ville. En lieu et place de la bannière du Roy, que les Anoszia avaient remis sur chacune des six cent soixantes quinze tours diantraises, c'était désormais celle de Hautval qui trônait. En apercevant ce symbole de félonie sur les murs du Roy, le vieux Père Bréguet n'avait pas manquer d'éprouver de l'effroi ; venu pour célébrer une nouvelle garante de la bienveillance néréeite, il envoya aussitôt un corbeau à son maître, l'alertant des menées guerrière de ses voisins. C'était un signal funeste : tant Primepreste que Sainte-Deina étaient désormais aux mains des rebelles, ceux-là même qui avaient décrété la fin des Phiiram, les protégés de la DameDieu.

Ainsi, quel ne fut l'agacement du vieil homme, quand au cœur d'une cité occupée par des félons, des impies, il entendit professeur par la nouvelle voix du culte paix et amour œcuménique! Il était certes de bon ton de rappeler la bienveillance universelle de la déesse, mais parbleu, si les premiers Roys Phiiram s'étaient mués en de vulgaires pasteurs lénifiants, la Péninsule ne serait-elle pas restée déchirée par les rituels sordides des wandrais, les mantiques draconniques, et en son cœur seul, un îlot de fraie foi ? Rasséréné dans l'idée que ses allégeances terrestres de célestes pouvaient se conjuguer - son maître n'avait-il pas repoussé les hordes impies menaçant d'engloutir les enfants de Nééra ? - le Père Bréguet en vint à douter du culte lui-même. D'abord, cela avait été Ludmilla, de l'eraçon, puis aujourd'hui, cet Irys, du langecin ; aucune des deux ne s'étaient opposées à la déchéance des Phiiram ; quel confiance accorder dans un culte qui abandonnait la dynastie qui les avait protégé durant plus de mille ans ?

Lorsqu'il apprendrait ça, le marquis serait fort marri.

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Blanche d'Ancenis
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MessageSujet: Re: [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi.   [Elévation] Une Haute-Prêtresse, pour à tous leur rendre la Foi. I_icon_minitimeMar 11 Oct 2016 - 19:31


Alraw, le prêtre de Néera s’étant insurgé lors du conseil vis-à-vis de la Haute-Prêtresse déchue s’était fait une joie de se rendre à la cérémonie. Il avait été choisi par le Grand-Prêtre d’Ancenis au côté de Myriame, celle-là-même qui avait siégé avec Blanche au congrès en Apreplaine. Ils faisaient partie de ces élus qui avaient pu se rendre pour cet heureux jour. Le Grand-Prêtre d’Ancenis et ses accompagnateurs ancenois  avaient fait route en compagnie de la délégation hautveloise. L’entente entre le culte de ces deux régions étaient sans nuage. Tous n’avaient qu’une hâte rencontrer Irys. Pour ce qui fut des Grand(e)s-Prêtre et Prêtresses leur rôle serait tout autre. En effet, ils devinaient qu’après cette élévation, ils seraient conviés à un conseil afin de traiter des choses moins mystiques mais plutôt culturelles comme remettre de l’ordre au sein du culte. Sur les murs et tours diantraises, les bannières renvoyant à une quelconque appartenance politique– afin de ne commettre aucun impair – avait été retirées, ceux qui avaient besoin d’une autorité supérieure s'adresseraient en toute logique aux soldats en garnison, eux-mêmes à même de les guider vers les prédisposés tenant la place forte. Néanmoins, la tenue ne faisait aucun doute. Les hommes en arme étaient pour la plupart des soldats de ce qui fut autrefois Velteroc, de quelques hautvalois mais aussi d’Apreplaine et terres attenantes. Le jour de l’élévation, beaucoup de hautvalois et d’ancenois  malgré leurs dissidences passées occupaient une partie de la cathédrale immense. Raymond d’Ancenis, Eugénie de Hautval, ses filles et sa nièce Bathilde d’Ancenis étaient présents. Ils n’étaient pas loin non plus des Veltériens en qui Blanche d’Ancenis faisait jonction avec les trois parties. Cette dernière portait une robe d’un blanc cassé ainsi qu’une coiffe couvrant pieusement sa chevelure. Un voile obstruait toute vision de son doux minois. Ses mains étaient gantées.
Alors que la « messe » était dite, Un des parangons de la dame du Val s’approcha furtivement. Clyde ne portait pas d’armes, du moins en apparence, il murmura.


« Alors qu’est-ce que cela fait d’être B… »


Un raclement de gorge l’interrompit tandis que la tête de la Voilée se tournait en direction de son protecteur. Un sourire en coin étira lentement la commissure de ses lippes. Il fit silence. Il avait eu ce qu’il désirait. Elle se détourna en silence, reprenant toute son attention sur la scène se déroulant sous ses yeux. Sa bouche susurrait lentement les cantiques. On aurait cru que les mots étaient arrachés de sa langue. La cérémonie vint à se terminer et alors que la clameur résonnait mystiquement à présent dans le combles, une file inimaginable commença à se former pour rendre hommage à la nouvelle haute-prêtresse. Les pieux de la Bienveillante avaient sans doute fait en sorte que les nobles ne soient pas privilégiés et que tous soient égaux face à la Mère.

Cette foule confinée était presque bien trop sage. Soudain une agitation anormale se fit sentir. Des mouvements hasardeux balança les uns et les autres jusqu’à ce que deux silhouettes ne se distinguent davantage pour leur véhémence. L’un était un jeune noble diantrais, l’autre un badaud.


« Fripouille, est-ce là le moment et l’endroit pour me détrousser !? »


Le coquin leva les mains vers le ciel en signe de salut mais son sourire en coin disait tout autre, ce qui eut le don d’échauffer notre aristocrate qui prit cela comme une insulte. Il voulut fondre sur ce dernier pour l’empoigner mais l’agilité du coquin souffla le sifflet au nobliau qui au lieu de ça, bouscula une pauvre enfant s’écrasant au sol. Un silence pesant s’installa durant quelques longues secondes ‒ où tout le monde retint son souffle ‒ jusqu’à ce que la gamine pousse son premier cri et ne fonde en larmes. Cela eut le don de mettre le feu aux poudres. La mère du bambin hurla de tout son sou « Il a blessé ma fille ! Il a blessé ma fille ! ». Et la foule se mit à s’embraser. Les uns empoignaient les autres alors que les cris retentissaient si bien que les prêtres et prêtresses furent sans doute assez vite submergés.

La dame aux linceuls observait cela d’un œil distant alors que les nobles les plus influents étaient sans doute écartés et protégés. Les gardes en poste commencèrent à intervenir pour tenter de calmer le jeu. Et Clyde après un regard vers ses compatriotes amorça un pas en direction du capharnaüm mais ce dernier fut arrêté par une main veinée d’une pâleur cadavérique. Les yeux se redressaient vers l’auteur de ce geste. La silhouette était couverte d’un long chaperon. Le minois était dissimulé derrière un masque aux reflets fuligineux. Elle eut un mouvement du menton en direction d’Irys qui ne tarderait sans doute pas à intervenir.  La dame aux linceuls souffla un :



« C’était Lui… Il a échappé à mon regard. »

Clyde resta incrédule.

« De qui parlez-vous ? »
« Du bandit »

Ce à quoi la Masquée répondit.

« Il ne fait aucun doute. Cette vermine s’amuse. Il va être déçu de voir notre foi triompher… Enfin je l’espère. »

Le chasseur tenta de repérer le dit fripon sans succès malgré son acuité visuelle surprenante. Il s'était tout naturellement envolé. Un nouveau murmure à peine audible et en partie couvert par les hurlements fut adressé au pisteur

« Ma famille... »

Clyde ferma sa bouche béante alors que la Voilée faisait volte face pour se reclure au sein du clan hautvalancenois, protégeant dans un premier temps, l'héritière du trône baronniale, Bathilde. Raymond se chargea de sa femme et de ses filles, tandis que les quelques gardes d'obsidienne faisaient dés à présent barrage dans un recoin de la cathédrale.


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