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 Ranimer les cendres...

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Morek Tête-de-fer
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Morek Tête-de-fer


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MessageSujet: Ranimer les cendres...   Ranimer les cendres... I_icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 22:50




Ranimer les cendres...

"Avez-vous quelquefois, calme et silencieux,
Monté sur la montagne, en présence des cieux ?
Et là, penché sur l’onde et sur l’immensité,
Calme et silencieux, avez-vous écouté ?


Voici ce qu’on entend : — du moins un jour qu’en rêve
Ma pensée abattit son vol sur une grève,
Et, du sommet d’un mont plongeant au gouffre amer,
Vit d’un côté la terre et de l’autre la mer,
J’écoutai, j’entendis, et jamais voix pareille
Ne sortit d’une bouche et n’émut une oreille.
"



Ranimer les cendres... 143fbd12

Un soleil jaune et chaud jouait pour quelques instants encore sur les versants blancs des hautes montagnes nordiques. Un petit vent soufflait continuellement, telle une rivière. Il ne semblait pas vouloir faiblir mais ne semblait pas non plus vouloir grossir. Petit brise dans la vallée, elle devait l’être un peu moins sur les sommets où les bourasques arrachait quelques minces flocons de neiges et quelques poudres de glace. De faibles nuages de ces poussières glacées accrochaient les flancs de montagnes en formant de jolies arabesques.

Le temps était beau. Très beau. Un nain moins rationnel que la Voix de Thanor aurait pris cela pour un signe de clémence du destin. Lui y voyait l’influence normale et bien déterministe des phénomènes atmosphériques et plus généralement des phénomènes cosmiques bien répétés qui voulaient qu’ils fussent en été et à la confrontation de plusieurs climats.

Mais malgré son insensible logique, malgré ses strates de rationalités, l’âme et les humeurs de Morek pouvaient céder à l’esthétique. Et il c'était le cas en cet instant. Car il aimait les montagnes, et si il aimait particulièrement celles du fjord de sa cité, il n’était pas insensibles à celle entourant Fort Garmin, tant de fois vues en gravures et en bas relief à Thanor. Indices et souvenirs de temps plus reculés où le royaume nain formait un empire dont les villes industrieuses formaient un réseau dont le nœud central se trouvait précisément à l’endroit où ils arrivaient: la frontière de Kirgan.

Le départ de sa chère Thanor n’avait pas vraiment été émouvant pour Morek. Il avait embrassé sa compagne, embrassé sa progéniture, et était parti. Point.

Sur la route, à la tête d’un imposant convoi préparé de manière rapide mais déterminée, il était resté l’essentiel du temps muet, échangeant parfois quelques discussions avec l’autre protagoniste de leur convoi, le roi de Lante. Mais c’était un nain discret et quelque peu taciturne que découvrit Thorgrel. Depuis qu’ils étaient partis, Morek n’avait fait quasiment que réfléchir dans son coin.

Le seul instant où Morek sortait du sérieux qui semblait lui peser presque plus à lui même qu'aux autres, était en soirée. A la grande surprise de ses compagnons de voyage et en particulier du maître de Lante, le nain n’était pas aussi mauvais compagnon de voyage qu’on pouvait le penser au premier abord. Certes même en soirée, il était discret, gardant essentiellement pour lui ses pensées et ses paroles. Mais il avait en revanche un appétit et une descente digne d’un troll géant des cavernes des vieilles histoires. Il était également plus prolixes en histoires amusantes et anecdotes diverses sur des échecs techniques tonitruants, sur des aventures souterraines lors de constructions de tunnels ou lors de quelques combats sanglants contre des ennemis souterrains, tués la plupart du temps par de subtils mécanismes, mais aussi et parfois par une brutalité un peu inquiétante.

C'était sans nulle doute un nain à multiple facettes, et où le génie l'emportait le plus souvent sur la folie mais où cette dernière couvait dans l'ombre.

Malgré les grandes rations qu’il était capable d’absorber, il semblait pouvoir entre deux festins se contenter de peu, voire de rien, car le convoi ne fit pas de grosses repentances à chaque soirée. On eut put croire à un ursidé, très glouton lorsqu’il était face à une grosse quantité de nourriture de manière à s’organiser des réserves mais sachant être frugal entre les repas.

Le roi de Lante lui fit bonne impression. Mais Morek n’était pas réellement un nain ayant à cœur la notion d’attache. Il ne comptait ses amis que sur les doigts d’une main, et il fallait beaucoup de temps pour entrer dans ce cercle très exclusif. Pour le reste de ces interactions avec les gens, il laissait la logique, le bon sens ou encore la politesse le guider. Pas toujours avec succès pour ce qui était de la politesse néanmoins.

Thanor et Morek avaient fait les choses biens. Et le convoi était impressionnant d’organisation et de densité. Pour aussi peu de nains se déplaçant, il aurait été plus difficile d’imaginer transporter dans d’aussi bonnes conditions autant de matériels et de matériaux.

Enfin ils entrèrent dans la vallée menant à leur destination. Il avait fallut à beaucoup d'endroit réaménager la route avant de pouvoir passer, ce qui leur prit un temps très court à la lumière de la complexité de la tâche. Cela expliquait le temps qu’il avait fallut pour atteindre Fort Garmin, mais cela démontrait plus encore la grande dextérité de Morek et de ses hommes.

Car bien plus que de parcourir la route menant à Fort Garmin, ils s’attachaient véritablement au passage à la remettre en état. Un travail d’ingénierie civile qui était aidé par les mécanismes ingénieux qu’ils avaient emportés avec eux, par la force des bêtes qu’ils employaient, et par l’ardeur de travail des nains de Lante et de Thanor réunis pour une bonne cause.

Si la route n’était pas après leur passage digne des meilleurs axes pavés des régions de Thanor, elle était largement capable de soutenir le passage de sérieux convois.

Ils passèrent au travers de plusieurs bourgs de montagne, pour la plupart totalement ou partiellement abandonnés.

Cette nouvelle manière de voyager, en reconstruisant la route sous vous, avertissait qu'ils passaient, en quelque sorte, d’une nature à une autre. Qu'ils pénétraient dans la montagne du Kirgan, grandeur maintenant abandonnée. L’expédition du père de Thorgrel avait dû passer non pas par les routes abandonnées, mais par les sentiers de montagne ou par de secrètes cavernes.

Morek et Thorgrel auraient pu partir plus légers, empruntant les mêmes routes. Mais il avait été décidé que quitte à aller jusqu’à Fort Garmin avec les engins capables de redémarrer l’industrie naine sous la bienveillante vigilance de ses plus industrieux représentant en la personne des ingénieurs de Thanor, il fallait réhabiliter au passage la route y menant depuis Thanor. Histoire de tuer deux gobelins du même coup de hache.

Car le sabot rond et plat des bêtes de somme ne convenait pas à ces chemins âpres, escarpés et glissants qu’avait du emprunter Hardrek. La roue, même métallique, des voitures lourdes du convoi se serait brisée dans ces sentiers étroits, à tout moment déchirée par des pointes de rocs trop ambitieuses, rompue par les torrents ou versant dans les pentes. Il aurait fallu des chariots légers et solides qui puissent se démonter dans les passages difficiles, et les faire traverser par les nains sur leurs épaules. Si c’était naturellement là des choses que les nains connaissaient bien, déplacer du matériel de construction ainsi aurait nécessité une armée. Et Morek avait horreur de l’inefficacité.

De plus, plus tard, plus loin, plus haut, il aurait fallu quitter jusqu’à ces frêles équipages ; le sol indomptable des montagne les aurait repoussé avec le passage des zones de glace ou de neige éternel. Il n’en avait donc pas été question. Il fallait passer par les vallées et par les cols. Et faire cela bien.

Par moment, lors de haltes plus longes que d’autres où de gros travaux avaient été nécessaires pour aplanir la route ou évacuer des morceaux de roches hautes comme des palais, Morek avait pris le parti de faire quelques promenades en altitude pour valider la cartographie dont il disposait pendant que les nains faisaient avancer le chantier.

Il aimait se promener en haute montagne. Il était un nain qui aimait soit les profondeurs infernales des montagnes, soit leurs parois escarpées. S’il préférait les premières pour leur odeur et pour leur complexe géologie, il préférait les secondes pour leur air vivifiant et leur belles couleurs.

Il n’aimait pas les plaines. Et encore moins l’océan. Comment pouvait-on aimer le plat ? C’était aussi lassant qu’un ciel de nuit sans étoile.

Il fut également quelque peu fier de la route qu’ils avaient reconstruit lui, Thorgrel et leurs compagnons. Car cette route avant leur passage semblait vouloir souvent refuser de l’espace et de la solidité même aux pieds aériens des chamois.

L’explication de cette renaissance rapide de la route était dans la puissance de l’intelligence aux nains. Ces montagnes merveilleuses semblaient faites pour montrer en quelque sorte combien les nains étaient roi de la nature physique. À l’aspect de ces montagnes, il semblerait qu’une armée de géants seule pourrait franchir ces colosses avec un tel équipement. Ne fallait-il donc pas admirer que, pour accomplir ce miracle il ne suffisait que de quelques nains ingénieux, travailleurs et bien équipés ?


Et enfin ils atteignirent leur but ce lieu qui s’était dérobé aux nains. Cet endroit qui pour quelques temps avait été contraint de reculer, laissant une solitude de glace, de granit et de brouillards, où seuls les animaux et les ennemis de la nanie avaient pendant un certain temps eu voix au chapitre.

C’est en méditant sur les dangers que ce monde sauvage confrontait à la grandeur de la civilisation naine que Morek tenta d’imaginer la construction de l’ancienne capitale comme dans les récits fabuleux de l’antique temps.

Il se demanda avec effroi et presque avec incrédulité comment le lourd attirail et la grandeur d’une cité avait pu tomber ainsi dans l’oubli.


Ils se présentèrent aux portes de la cité qui si elles n’étaient plus que l’ombre d’elle même était à présent à nouveau habitée...

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MessageSujet: Re: Ranimer les cendres...   Ranimer les cendres... I_icon_minitimeDim 23 Oct 2016 - 19:45

Panahos, Première ennéade de Favriüs d'automne, an 9, 11ème cycle.




Ainsi, il était en vie.
C'est avec un hocquet de surprise et un haussement de ses broussailleux sourcils que deux mois plus tôt il avait apprit la nouvelle dans la Salle de Granit, à Thanor : Hardrek Gharkarsson Poing-de-fer, son père, n'avait pas rejoint les Dernières Salles. La missive cachetée aux insignes de son clan était arrivé alors qu'il se trouvait en compagnie de Morek du clan Tête-de-fer, Voix de la cité d'Arkan, lui avait semblablement était informé avant qu'il ne le soit, le messager venu du Kirgion ayant fait halte à l'embouchure de la Basse-Virnée avant de prendre sa route vers Lante. Le hasard des situations avait donc fait que ce soit lui qui rejoigne le message et non l’inverse. Il était resté un moment sans mot, tiraillé de tous cotés entre des sentiment contradictoire. L'escorte de nain qui le suivait semblait affligé du même questionnement. Mais après l'annonce et la choc passé, le Wyrmdrengi reprit toute sa constance nanesque, la joie teintant majoritairement sa décision des plus pragmatique, il fallait venir en aide aux naines et aux nains qui avaient décidés de s'installer non loin de la capitale. Il lui fallait venir en aide à son père.

C'est de concert qu'il organisa avec Morek l'organisation d'un convoi plein mieux structuré que les derniers. Il fit parvenir très vite une volée de missive que les corbeaux portèrent en aval. Il pouvait s'imaginer sans peine l’excitation qui saisirait le cœur des nains ayant survécut à la Malenuit grâce à l'aide du vieux nain aujourd'hui réapparut une fois que la nouvelle se serait répandu. Le Brissalion et le Lörn s'activèrent d'une même voix à remplir les exigences envoyé par leur Roi. On prépara lourdes chariottes , remplis par la principal de vivres et de vêtements. Viande sèche, de goret, de boeuffion et autres préparations carnées. Farine de seigle et de blé d'hiver, frongol décliné sous tout ses aspects furent aussi de la partit. Du village forestier d'Al-Rintalazad on empaqueta décoction et préparations sencé penser les premières plaies. La bière et la cervoise de champignon prirent elles aussi grande place, un chargement à qui on dédia pas moins d'une vingtaine de tête de bétail pour le déplacer. Le Thane du clan Sanglier-Brun décida de céder une partit de son cheptel d'on une dizaine de bêtes rousses, un don des plus généreux qui permettraient aux nains de Fort-Garmin de se nourrir bien après l'épuisement des stocks convoyés sur place.

Et ce ne fût pas tout. Un bâtiment de Fort-Hardrek fût vider, un demi millier de guerrier qui servirait d'escorte et de bras de labeur sur les routes du Kirgion. Tous étaient des nains ayant connut l'ancien général et qui ne c'était pas fait prié pour rallier la cité de Thanor au plus vite. Nombreux furent ceux de son propre clan à se joindre de même à la liesse. Réunir tant de denrée mit un temps certains, un temps pendant lequel Thorgrel rongeait à nouveau son frein, désireux de prendre la route au plus vite. Mais il dut ravaler avec fermeté son impatiente, car l'ingénieuse Voix de Thanor avait décidé quand à lui de profiter de cet escapade pour apporter tout son savoir technique. Les sentiers et anciennes routes qui menaient jusqu'à la cité était tous en bien piteuse état. Sur cette route ce trouvait quelques forts à l'abandon et tombant en ruine. Les clans de bâtisseur de Thanor firent des merveilles même si la cadence de marche en fût grandement ralentit, les nains avançaient en ordre rangée sur une route sûre.

Le voyage ne fut troublé par aucun escarmouche digne d'en porter le nom. On repoussa une meute de loup féroce qui avait choisit le couvert de la nuit pour attaquer un campement se trouvant aux abords sud du convoi, isolé. Une tanière de Bearog fut aussi découverte alors qu'on excavait des moellons d'un filon graniteux. Le farouche ours fit deux blessés mais rendit l'âme, perçé de toute part avant d'avoir put tuer le moindre nain. Les chars à sanglier furent laissé à Thanor, peut adaptés à ce type de terrain rocailleux, Thorgrel chevauchait donc sur le dos de son bélier de guerre qui lui se mouvait sans mal. Il put ainsi entretenir nombreux conciliabules avec la Voix. Les débuts furent difficile, mais Morek se révéla être un nain on ne peut plus nain, une fois que l'on avait saisit une partit de son fonctionnement. C'était son cas et même si cela le dérangeait toujours un peu, il tentait de faire fît au maximum de l'attitude détaché qu'il affichait en quasi-permance.

Puis vint le jour ou la largeur entre les deux contreforts du Septentrion diminua drastiquement pour clore la cuvette qu'était cette vallée. Les cimes des hauts-terres furent en vue en milieux de journée et la largeur de la Virnée se rétrécit elle aussi, ils arrivaient. Le soleil était encore haut dans le ciel quand les premiers signes de la présence actives des nains se firent sentir, puis bientôt un sentier dégageait et pavé prenait la direction de l'ancien fortin qui portait maintenant le nom de Fort-Garmin. La poussière soulevée par le convoi ne devait avoir laissé aucuns doutes quand à l'origine de celui ci.
Il tira des brides en rejoignant la tête de colonne au petit galop. Deux mois c'étaient écoulé depuis et c'est non sans un fugace sourire de fierté sous ses moustaches qu'il contemplait le gonfalon des Poing-de-Fer qui flottant au vent. Accompagné de la Voix et des principaux Thanes qui les avaient suivi,  Thorgrel arrêta sa monture et fit signe d'un bras stoppant de même tout le convoi. Quand le silence vint, il s'éclaircit la gorge et tonna pour se faire entendre par delà les meurtrières.

« Nains et naines de Fort-Garmin, mes frères, oncles et cousins du clan Poing-de-Fer, nous avons fait long voyage afin de vous venir en aide. Il ne sera pas dit que Lante et Thanor ne soient resté sans réaction à l'appel du Seigneur des Ruines. Faites ouvrir les portes, il me tarde de revoir mon Père.»
On pouvait déjà entendre quelques cris de surprise résonnèrent chez ceux du clan guerrier qui reconnurent visages familier la même excitation vibrait dans la voix du Wyrmdrengi, il était parmi les siens. Il croisa une dernière fois le regard de Morek avant de concentrer son attention sur les gonds du large portail.



Dernière édition par Thorgrel Poing-de-Fer le Sam 26 Nov 2016 - 8:34, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ranimer les cendres...   Ranimer les cendres... I_icon_minitimeMer 26 Oct 2016 - 21:37


Nul lieu en ce monde ne pouvait autant émouvoir le cœur d’un véritable nain que le Kirgion. Au milieu de ces montagnes majestueuses qu’on aurait dit façonnées par les titans eux-mêmes, les nains se trouvaient en parfaite harmonie avec la roche et avec l’éternité de leur race. Kirgan, cité des rois sous la montagne ! En cet endroit sacré, mille générations de nains s’étaient agenouillés devant le trône de granit et prêté serment d’allégeance au Seigneur du Nord. Les rois fondateurs se perdaient dans les brumes du temps, à une époque dont même les plus vieux elfes ne connaissaient que les mythes. Même dévastée, même ravagée par la colère d’un dieu, l’ancienne capitale gardait son aura de puissance et plus d’un membre de l’expédition en provenance de Thanor sentit un frisson le parcourir jusqu’au tréfonds de ses os.

L’appel de Thorgrel déclencha des cris de stupeur parmi les gardes des murailles de Fort Garmin. Le roi ! Le roi de Lante se trouvait là, devant eux !


Allez prévenir le Thane, cria un garde tandis que les portes pivotaient sur leurs battants pour laisser entrer les nouveaux venus.

Fort Garmin n’était à l’origine qu’un simple avant-poste de l’ancienne ceinture de fortification de Kirgan, mais les nains au service d’Hardrek avaient fait du bon travail, redressant les murailles et en bâtissant de nouvelles pour augmenter la capacité d’accueil du lieu. Dans cet environnement hostile où les fermes le long de la Virnée se trouvaient toujours sous la menace d’un raid, et les couloirs de la cité souterraine demeurant infestés de monstres, la forteresse placée sur son éperon rocheux constituait un solide point d’ancrage pour le clan Poing-de-Fer

Lorsque Thorgrel et Morek atteignirent la cour intérieure et descendirent de leurs montures, ils virent apparaitre à l’entrée du donjon une silhouette familière. Sans doute Thorgrel fut-il le plus surpris en revoyant son père, dont il gardait probablement l’image du vieux nain usé par les années et les chagrins. Lorsque le premier roi de Lante avait abdiqué puis s’était retiré dans un lointain exil au Nivor, peu croyaient que Hardrek pourrait un jour rejouer un rôle quelconque dans l’histoire du Nord. Et pourtant… le nain qui s’avançait vers eux rayonnait de force et de vitalité, et au fond de son regard brillait de nouveau la flamme des guerriers. Il n’était d’ailleurs besoin que de voir une entaille récente à la tempe gauche pour deviner que le Seigneur des Ruines ne dédaignait pas de jouer de la hache lorsque l’occasion se présentait.

Sans mot dire, Hardrek s’approcha de son fils et lui posa fermement les deux mains sur les épaules, la joie brillant dans ses yeux. Il n’était besoin de nulle parole pour que les sentiments passent entre père et fils, nul récit des exploits héroïques de Thorgrel pour que ce dernier comprenne à quel point son père était fier de ce qu’il avait accompli, de ce qu’il était devenu.

Un roi…

Lorsqu’Hardrek se recula, il salua courtoisement les autres Thanes présents et en particulier Morek, la Voix de Thanor.


Venez, dit-il enfin, nous serons mieux à l’intérieur.

Donnant quelques ordres à ses officiers pour qu’ils aident le convoi à s’installer et à trouver des endroits où dormir, Hardrek guida ses invités jusqu’à ses quartiers, dans la tour la plus proche de la falaise d’où l’on dominait la vallée et l’entrée de Kirgan. Ouvrant une bouteille d’alcool local qui réchauffait les doigts de pied (et le reste avec), Hardrek fit lui-même le service avant d’inviter tout le monde à s’asseoir autour de la table qui lui servait lors des séances du conseil.

Mes amis, nobles invités, votre présence me réchauffe le cœur. Je n’aurais osé espérer si noble compagnie en ces lieux dévastés. Que me vaut le plaisir de votre venue ?

Sans doute Hardrek aurait-il aimé rester seul avec son fils, mais la présence de la Voix de Thanor et de plusieurs Thanes donnait une importance politique majeure à cette rencontre. Pragmatique comme le sont les nains, le Seigneur des Ruines décida donc de s’occuper d’abord des raisons qui pouvaient pousser de si puissants personnages à braver les rigueurs de la route jusqu’à Kirgan.
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Morek Tête-de-fer
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MessageSujet: Re: Ranimer les cendres...   Ranimer les cendres... I_icon_minitimeLun 14 Nov 2016 - 21:42



Ils entrèrent donc dans Fort Garmin. Ce qui n’avait été qu’un simple avant-poste était à présent un fort bien plus capable et où la caravane pouvait sans problème s’installer pour quelques jours, ou quelques énnéades, si cela devenait nécessaire. L’expédition d’Hardrek avait bien travaillé. Naturellement Morek trouvait toujours à redire, surtout en ce qui concernait les constructions ou les rénovations. Mais à ce stade, c’était déjà un bon travail. Il fallait le reconnaitre.

Le nain laissa les deux dawis à leurs retrouvailles. Il n’était de toute manière que peu intéressé par ces retrouvailles, mais se força très durement pour rester poliment à attendre plutôt que de se lancer dans la contemplation des ouvrages militaires qui l’entouraient, et qui étaient bien plus intéressants à son goût. Mais sa compagne et ses parents lui avait appris un minimum de tenue pour un nain de son rang.

Il resta silencieux, échangeant à peine deux mots avec des nains de sa suite en attendant. Ils furent ensuite invités à entrer à l’intérieur des bâtiments. Morek n’était pas seul Thane de Thanor à avoir fait le déplacement, mais ils n’étaient pas nombreux. Ils étaient tout de même complété de plusieurs nains d’importance de la cité non pas Thane, mais à des postes importants dans plusieurs clans de la ville. De toute manière le conseil lui avait donné délégation, donc ils n’étaient que simples spectateurs -ou soutiens, c’était selon – à Morek.

Il goûta l’alcool bien moins que la vue, lui qui était avide de panorama autant que d’espaces reclus, trouvant dans les deux un nombre de détails suffisant pour presque dépasser sa mémoire, ce qui était un sentiment bien agréable. Cela lui permettait également d’avoir un passe-temps tout trouvé pour les quelques instants d’ennuis qui pouvaient parfois l’assaillir, lui permettant de détacher sa pensée sur ces choses du dehors, les analysant plus que de raison.

Il prit place à la table et goûta tout de même l’alcool, qui était plus fort que bon à son goût. Une boisson du nord et des montagnes, quand lui était plus habitué aux boissons de fjord. Le terroir n’était pas le même, les recettes non plus.

Morek vit naturellement que Hardrek prenait sur lui pour les recevoir avant de pouvoir réellement se retrouver avec son enfant. C’était logique naturellement… A ce titre Morek n’avait pas beaucoup d’empathie pour la situation. Mais le fait qu’il en avait bien qu’un peu était déjà un signe de considération pour ces deux dawis, il n’aurait même pas noté cela pour d’autres.

« - Hardrek, Thane du Clan Poing-de-fer, Seigneur du Kirgion. Merci de nous recevoir. Oui… De nous recevoir. Je représente aujourd’hui Thanor et son Conseil ainsi que mon clan et nous sommes ici en réponse à ton appel. La nouvelle de la reprise de l’ancienne cité des rois a naturellement été accueillie avec satisfaction par le peuple de Thanor et par son Conseil. C’est cela… Son Conseil.

Nous venons t’offrir notre aide, afin que Thanor puisse assumer dans la mesure de ses moyens la reconstruction de la cité, pour laisser la chance aux nains le souhaitant de recoloniser cet espace que les évènements nous ont fait abandonner mais que nos cœurs n’ont jamais cessé d’habiter. »

Il marqua une courte pause, foudroyant du regard un détail du plafond pendant quelques secondes, ce qu’il y dévisageait resterait certainement un mystère pour le reste de la salle dont un certain nombre d’occupant levèrent instinctivement le nez pour suivre le regard du nain. Il reposa son regard sur Hardrek.

« - Intéressant », bredouilla-t-il avec un pâle sourire en excuse de son comportement.

Il reprit :


« - A cela s’ajoute – et j’insiste sur le fait que cette deuxième proposition ne conditionne aucunement notre volonté de vous aider - que j’ai le sentiment, certainement partagé avec Sa Majesté ici présente que Thanor et Lante pourraient catalyser une vocation de rapprochement de tous les clans nains autour d’une cause commune et suite au recouvrement de notre ancienne capitale. Hmmm… Notre ancienne capitale. »


Il fit une nouvelle pause d’une petite seconde, en profitant pour amener ses doigts à sa barbe de manière à la replacer de manière bien symétrique devant son plastron.

« - Outre l’aide de Thanor dans cette volonté de reconstruction du nord, je souhaite également soumettre cette idée d’un retour à un pays unifié, avec les conditions permettant d’assurer naturellement aux fières cités qui le composent une représentation et une sauvegarde de leurs intérêts. Oui… De leurs intérêts. J’entends par là de laisser aux clans de nos cités les pouvoirs que la tradition imposent et de garantir que l’union sera une union mutuellement profitable et non centralisatrice. Oui.
Centralisatrice. Si le Kirgan devient le réceptacle de cet effort, je ne doute pas qu’il soit à notre portée. Car Lante et Thanor sont trop fières l’une et l’autres pour laisser l’une prendre le pas sur l’autre. Mais avec une troisième cité, de plus aussi symbôlique que Kirgan, la donne change. Oui. Change. »
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MessageSujet: Re: Ranimer les cendres...   Ranimer les cendres... I_icon_minitimeSam 26 Nov 2016 - 12:02



Aussi immuable que la montagne elle même, Hardrek n'avait point changé.  Oh pour sûr que le cuir avait vieillit, que la peau c'était ridé et la barbe allongée, mais la lueur perlant au fond de ses mires était belle et bien celle d'une Forge de vie toujours ardente. La foule de question qu'il se posait en cet instant dût  être relégué au second plan sous le poids de la diplomatie. Profitant de ce cours moment de retrouvaille comme précieux joyaux, le fils en compagnie de son aïeul remerciait les dieux de ce cadeau inattendu. La liesse s'empara néanmoins de la suite des événements, nombreux furent les guerriers de Lante à retrouver des parents pensés disparus ici à Fort-Garmin.

Aujourd'hui son cas n'avait rien d'unique et il eut plaisirs lui même à saluer barbes et tresses d'ont les visages familliés ponctuaient leurs processions dans les corridors sous la montagne. L'endroit lui même avait beaucoup changé, Thorgrel n'en gardait que de fugaces souvenir pourtant, il y distinguait les modifications et reconstruction apporté par ceux de son clan et par la foule de nains et naines qui avaient déjà rejoint les lieux.
L'appel du Seigneur des Ruines avaient résonné dans tout le Zagazorn, Thanorien et Lantais en ce jours étaient bien loin d'être les premiers à y répondre.

Tous partagèrent alors la bistouille une fois attablé et le breuvage eut loisir de réchauffer les goses asséchés par la longue route. Il prit place à coté de son père, poitraille gonflé d'une fierté typiquement naine. Le Wyrmdrengi ressentait curieuse émotion , comparable  à  la levé des brumes dans les plaines après les mois d'hivers.
C'était donc heureux mais point perclus par les sentiments qu'il écouta sans faillir réponse de la Voix.
Pour sûr qu'elle dut en troubler nombres, car les mots, l’énonciation et le comportement de Morek semblerait des plus étranges à ceux ne l'ayant jamais côtoyé. Mais Thorgrel ne doutait point que le message était passé et que tous comprendraient bientôt l'objet précis de leur visite.

« Morek, Thane du Clan Tête-de-Fer et Voix de Thanor parle juste. » S'étant redressé de son dossier, tenant dans une main sa lourde chope. Lançant des œillades à droite et à gauche, toisant l'ensemble de la pièce. « Ce jours, mes frères, mes sœurs sera inscrit dans le granite de nos chroniques. Ou que ce porte mon regard en cet instant, j'y vois l'unité. Le mortier ancestral ayant de tout temps liés notre peuple, celui la même qui fût brisé pendant la Malenuit. Regardez vous aujourd'hui ! Frappant du poing et levant godets d'une même voix et cela au dessus, combien auraient jaugé se spectacle impossible il y a peu ?  Et pourtant, nous sommes la. Aux portes de la cités qui nous a était enlevé. Nous, fils et filles de la montagne qui jamais ne ploient et ne cèdent et qui toujours rebâtissent. Baruk dawi ! » Claquant de la chope il la vida d'une traite, imité par les inspirés avant de se retourner pour toiser directement son paternel. « Père, Seigneur des Ruines, outre l'aide apporté afin de consolider votre oeuvre en ces lieux, c'est avec un but et une  volontée précise que nos pas nous conduires en Kirgion. Convoquons l'Althinkalan. »
Il reprit sa place et se resservit une lichette d'alcool convenable, point plus que le bord. « Il est temps pour les nains de chasser d'un dernier coup de mornifle, les scories du Voile. Les menaces et les travaux à réaliser encore nombreux. Aussi pourrons nous évoquer ces différents sujets plus tard. Notre peuple ce doit de faire front, unis comme les mailles d'une cote. Et à nous voir aujourd'hui réunis, il me semble impensable que cela ne soit pas de bon augure. Malheureusement, il me faut l'avouer, les nains de la Nérania  semble aujourd'hui prendre un chemin différent. Un chemin sur lequel nous ne pouvons les suivre car jonché du corps de bien trop d’innocents.»
Faisant clairement référence  à la punition divine qui les frappèrent tous. Il avait comté à Morek son entrevu avec le Prophète Dun Eyr pendant les préparatifs du convoi. Il savait de la bouche de ce même Prophète, que ses pas l'avait déjà mené en Kirgion et semblerait t'il, la visite dut tourner aussi court que celle qu'il fit en Brissalion. Il voulait donc entrendre ceux que le Thane de son clan avait à dire à ce sujet.

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Hardrek Poing-de-Fer
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MessageSujet: Re: Ranimer les cendres...   Ranimer les cendres... I_icon_minitimeVen 2 Déc 2016 - 15:05


Les nains de la Nérania suivent la voie de la folie. Il n’y a plus pour eux ni royaume ni honneur… seulement leurs préceptes fanatiques.

La voix rocailleuse d’Hardrek s’était élevée en réponse aux interrogations soulevées sur les objectifs de leurs anciens frères qui vivaient loin au Nord. Le vieux Thane ne pouvait que regretter cette faille apparue dans la société naine, fissure née du Voile et qui menaçait l’équilibre même de leur race comme la fissure dans un bloc de marbre le rend impropre au taillage. Mais les regrets n’ont pas leur place en politique, il fallait accepter la perte temporaire de la Nérania pour accomplir le grand dessein évoqué par Morek et Thorgrel.

Dun Eyr le prophète, puisqu’il s’autoproclame ainsi, est venu au Kirgion voici peu de temps. Seul, affaibli, malade, à la merci des loups et des intempéries. Nous l’avons recueilli et soigné, lui offrant l’hospitalité que tout nain doit à ceux de sa race. Mais il a fait fi de nos bonnes intentions et n’a été qu’une source de troubles, exigeant que nous abandonnions cette cité sacrée où mille générations des nôtres ont vécu. Usant de son charisme et proférant des mensonges entourés de soi-disant préceptes divins, il a tenté de semer la rébellion dans le clan Poing-de-Fer, fort heureusement en vain. J’ai ordonné l’exil de Dun Eyr, le renvoyant aux siens dans le Nord. Sans doute sera-t-il encore source de biens des maux mais je ne pouvais faire exécuter un nain qui combattit à mes côtés lorsque le volcan s’éveilla.

Un lourd silence tomba sur l’assistance, les nains présents méditant en eux-mêmes sur l’impact que ces révélations pouvaient avoir. Certes peu nombreux, les nains d’Almia n’en étaient pas moins d’anciens alliés aux côtés desquels ils avaient combattus contre les peaux-vertes gobelines. Se levant sans mot dire, Hardrek alla ouvrir un buffet situé derrière son siège et en revint avec un lourd coffret qu’il posa sur la table devant lui. Ignorant les regards curieux des autres Thanes, il reprit :

Mais cela ne doit pas faire obstacle à notre unité ! Morek et mon fils ont bien parlé, car jamais depuis la mort du défunt roi une assemblée telle que la nôtre ne s’est réunie. Thanor, Lante, Kirgan, tant de barbes tressées de gloire et d’honneur, de robustes épaules sur lesquelles bâtir l’avenir. Un appel lancé conjointement sera l’étincelle qui ranimera la flamme ! Oui, l’Althinkalan doit être convoqué en ce lieu symbolique qu’est Kirgan. Là, les Thanes venus de toute le Zagazorn décideront qui doit devenir notre nouveau Grand Roi, qui doit devenir le nouveau Seigneur sous la Montagne, qui doit sur son casque porter… ceci…

Ouvrant le coffret, Hardrek en sortit un cercle de métal rougeâtre, déformé et cabossé. Par endroits on y devinait la présence de pics ou de renforcement destinés à accueillir des gemmes, désormais disparues. Des hoquets de surprise se firent entendre en particulier en provenance des nains de Thanor qui reconnurent du morgarium, métal quasi-mythique dont seuls les plus grands maitres-forgerons connaissaient les secrets.

Voici la couronne du roi Garmin. Plongée dans la lave du volcan, enfouie sous des tonnes de roches, nous l’en avons ressorti. Abimée, comme notre peuple, mais pas perdue !

(hrp : pour plus de détail sur la couronne et sa découverte, cf ce rp : https://miradelphia.forumpro.fr/t20742-la-couronne-du-grand-roi)
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MessageSujet: Re: Ranimer les cendres...   Ranimer les cendres... I_icon_minitimeMar 6 Déc 2016 - 23:19


Il écouta avec un sourire de circonstance le roi de Lante. Hochant d’approbation la tête par moment. Il n’était habituellement pas dawi à faire ce genre de démonstrations physique de l’approbation d’un de ses semblables. Mais en la circonstance, et ayant conscience de l’instant d’importance, il lui semblait préférable de montrer physiquement qu’il était également d’accord avec les discours de principe présenté par son collègue.

Il fallait dire que le petit nombre de nain de Thanor qui l’avait accompagné restaient silencieux derrière leur Voix. Les nains de Thanor n’était pas connu pour être des gais lurons de prime abord, et peut-être la cité industrielle était-elle encore plus attachée à la discipline que ses sœurs, son organisation étant plus diffuse, mi clanique, mi parlementaire et moins centralisée que Lante, ils devaient se serrer les coudes en dehors de la ville pour éviter de se tirer dans les pattes les uns les autres.

Hardrek ne fut pas long à convaincre. Cela n’était guère étonnant dans l’absolu, mais Morek était un esprit critique et changeant. Tantôt d’un optimisme sans borne, il pouvait tomber rapidement dans un très grand scepticisme. Il étudia en quelques secondes la possibilité que cette réunion fut préparée de longue date entre le père et le fils. Il jugea que cette hypothèse était improbable et que l’amas de preuves circonstancielle qu’il avait à sa disposition portaient à croire que les deux dawis ne s’étaient réellement plus adressés l’un à l’autre depuis longtemps.

Il fut ensuite question du prophète Dun Eyr et des siens. La situation était plus difficile que Morek ne l’avait anticipé. Thanor s’était depuis quelques années retirée dans son bastion imprenable et avait placé toute son énergie dans ce qu’elle savait faire de mieux : développer son industrie. Le reste du royaume, bien que vu avec un intérêt commercial ou d’approvisionnement en certains matériaux, n’était pas une priorité. Tout du moins jusqu’à l’accession de Morek au poste de Voix.

Certains membres du conseil étaient partis vers Almis, certains avaient fait des expéditions ici où là, mais personne avant Morek n’avait engagé les ressources de la cité elle-même dans un but aussi conséquent que ce que Morek envisageait de subventionner avec le Kirgan. Mais Morek n’était pas qu’un grand dawi aux doux rèves de nostalgie pour la nanie. Morek savait que la production galopante de Thanor ne pouvait être éternellement utilisé dans la ville même. On ne pouvait avoir plus de ligne de défense ou de statue de bronze que de dawis dans la ville.

Ce produit du labeur de la ville devait trouver un réceptacle adéquat dans un grand projet extérieur. Convoquer une partie des productions de la ville pour ce projet ne serait pas un grand danger pour la position d’hégémonie industrielle de la ville. Au contraire, en assurant un débouché, cela procurerait la possibilité à la ville de maintenir son savoir-faire et son avance industrielle, afin de ne pas péricliter au sein du futur royaume. Une bonne Voix devait avoir la clairvoyance de comprendre que l’accumulation des richesses à Thanor ne pouvait être un but en soi et que cette énergie devait être réinvestie ailleurs au profit des dawis qui avaient donnés leur confiance à Morek.

Et si au passage cela pouvait aider les autres cités et cimenter une unité naine, c’était tout aussi bien… Mais Morek connaissait ses devoirs envers sa cité.

Les paroles de Hardrek à propos de Dun Eyr étaient dangereuses. Morek avait du mal à croire ce qu’on lui présentait. Morek n’aimait pas l’appellation de fou. On l’avait traité de fou des milliers de fois, et il ne se considérait pas comme un fou pour autant. La folie était tout de même une maladie bien rare.

Peut-être ces dawis étaient-ils convaincus, et peut-être étaient-ils des ennemis, mais il ne fallait pas les traiter de fous. Un peuple entier ne pouvait devenir collectivement fou.

Naturellement les accusations de Hardrek étaient troublantes… Mais pour arriver à ses fins, bien des moyens étaient à la disposition des nains inventifs, et semer la zizanie était parfois une manière de parvenir à ses fins.

Que le dialogue ne puisse être encore possible avec Dun Eyr et les siens était un drâme devant lequel Morek ne pouvait rester de marbre. Mais il prit sur lui de ne pas réagir immédiatement, laissant Hardrek finir.

Comme une bonne mousse sur une bonne bière, Hardrek fit une conclusion fracassante en montrant à chacun sa découverte quasi-archéologique : la couronne des anciens rois. Curiosité intéressante pour Morek, ce dernier ne fut néanmoins pas saisi d’une émotion particulière à la vue de l’objet, dont l’état général laissait d’ailleurs à désirer. Il se surprit à calculer rapidement les propriétés théoriques de ductilité du morgarium. Il en fit la déduction très rapide que la Couronne ne pouvait être réparée sans reformage avec apport de matière ponctuelle ou refonte partielle, les deux opérations étant délicates même pour les maitres forgerons de Thanor. Il se surprit également à réfléchir à un outil d’aide au guidage d’une presse métallique qui pourrait potentiellement aider ce dernier à finaliser l’état de surface après un brasage de l’objet dans un des fours les plus performants de Thanor. Il se força à laisser cette idée dans un coin de son esprit sachant que cette dernière était de toute manière marquée au fer rouge dans sa mémoire malade d’obésité… Le plus dur ne serait pas de s’en rappeler de penser à y repenser.


« - Cette grandiose découverte et de bon augure. Oui… De bon augure. Tout du moins pour ceux croyants dans le destin. »


Il avait dit cela afin de ne pas décevoir ses hôtes. Il sentait bien que s’il ne participait pas au concert des exclamation, sa situation serait décalée. Il voulait éviter cela. Des décalages, il en avait suffisamment comme cela. C’était du moins l’avis bien tranché de sa meilleure moitié.

Il n’était pas favorable de manière générale à appeler trop les symboles du passé pour appuyer les idées nouvelles. Il n’était pas un nostalgique. Il avait trop de respect dans le passé et dans ses ancêtres pour imaginer ne pas construire sur ce qu’ils avaient déjà bâtis. Il ne fit néanmoins pas de remarque. Si les autres dawis avaient besoin de cela pour avancer, il n’en avait cure.


« - Rendez-vous est donc pris ! Nous devons convoquer ceux de nos chefs de clans pouvant l’être et dire aux autres de se faire représenter. Nous devons également au moins tendre la main à nos frères d’Almis. Oui… Nos frères. Leur envoyer un message de paix et d’amitié, cela tout en prenant les dispositions normales et permises d’assurer la sécurité des terres du Kirgan. Si nous envisageons que ces derniers puissent en venir à la violence, ce qui me parait improbable, mais pas impossible, nous devons prendre les décisions adéquates mais apaisées qui s’imposent. »

Il croisa les bras avant de les décroiser pour pointer de chaque main le seigneur du Kirgion et le roi de Lante.

« - Je pense que ces deux nains ont besoin que nous les laissions seuls pour qu’ils puissent fêter leurs retrouvailles, ils doivent avoir bien des choses à ce dire. Compagnons, laissons les… Oui. Laissons-les. »

Pour sa part il était maintenant bien determiné à faire le tour de ce fort par le menu, d’en étudier le moindre détail, et de faire une liste on ne pouvait plus exhaustive des améliorations immédiates ou à court terme possibles et de préparer les approvisionnements venant de Thanor à cet effet.

Il s’agissait là de logistique. Et c’était là autant que la politique, l’un de ses péché mignons…
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