Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria]

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Romey le Bègue
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MessageSujet: Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria]   Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria] I_icon_minitimeMar 15 Nov 2016 - 11:24


Au 1er jour de la 2ème ennéade de Favriüs, An IX du onzième cycle



J'aurai soixante-cinq ans cette année, si les Cinq m'accordent de vivre encore quelque temps.

J'ai vécu plus longuement que la plupart des hommes ; j'ai vu des choses dont beaucoup ignorent l'existence ; j'ai su des choses dont beaucoup ignorent l'existence ; j'ai cru en des choses dont beaucoup contestent l'existence.
J'ai cotoyé des hommes illustres dont la gloire semblait éternelle ; elle fut plus éphémère que ma propre vie, et leur mémoire est déjà engloutie dans les limbes de l'oubli. Longtemps j'ai cru pouvoir y remédier par l'écriture. Je me croyais capable de rendre à ces hommes leur mémoire immortelle, à défaut de leur donner la vie éternelle ; j'étais orgueilleux. Les livres peuvent durer plus longtemps que la vie d'un homme, mais ils sont tout aussi éphémères. Parfois même ils ne produisent aucun effet. Pendant des décennies, j'ai tracé tant de lignes sur le vélin qu'on aurait pu fonder une bibliothèque de mes seuls écrits ; mais qui prendra le temps de les lire ?

Aujourd'hui les hommes ne lisent plus. Ils n'en ont pas le temps. Les livres restent enfermés dans de grandes bibliothèques vides, où ils prennent la poussière et subissent l'usure des années. Les hommes comme moi sont comme les livres. Ils durent, mais pourrissent dans l'indifférence générale, car personne ne prend plus le temps de les regarder, et nul ne s'intéresse plus aux secrets qu'ils renferment.

Si j'avais été un homme éloquent, j'aurais pu sauver ce royaume en perdition. Malheureusement, si j'ai le pouvoir d'écrire, la parole m'a toujours pris en défaut. Je ne sais parler correctement, je ne sais qu'écrire ; je ne peux capter l'attention que de ceux qui veulent bien me la donner.
Je suis comme les livres.

Dans la pénombre d'une salle austère aux frois murs de pierre, je tourne inlassablement les pages d'un vieux traité oublié. Je navigue sur un océan de savoir dont je suis le dernier à saisir la portée ; après moi, ce sera le néant. Il y a longtemps que j'ai accepté cette idée.
Mes propres enfants, Alceste, Evaristus et Oréanne, se satisfont de me savoir reclu, loin d'eux, tandis qu'ils jouissent de la fortune de ma maison au pays de Pharem. Ils ont déjà hérité de mes biens matériels ; mon savoir ne les intéresse pas. A ma mort, il sera trop tard pour le réclamer, mais il ne leur manquera pas. Mes enfants sont des vauriens, et le mépris que je leur porte est à la hauteur de la haine qu'ils vouent à leur père. Il y a longtemps que j'ai accepté cette idée.

Il y a bien des choses que j'ai acceptées, mais je ne me suis pas résolu à mourir. Ceux qui savent qu'un vieillard erre encore entre les étagères de cette bibliothèque me prennent pour une sorte de gardien à moitié sénile ; qui s'emploierait avec autant de soin à protéger ce qui n'intéresse personne ? Ils se trompent. Je n'ai pas renoncé à vivre. Je n'ai pas renoncé au monde. Sur le bureau de pierre où je travaille, la flamme de la bougie faiblit ; je suis comme elle. Elle faiblit, mais elle n'est pas éteinte ; je suis comme elle. Je suis un homme riche de souvenirs, et n'en serais pas pauvre pour le temps qu'il me reste, car j'ai la conviction que le plus grand reste à venir.

Et voilà que je rêve, avant le grand voyage vers l'Autre-monde où Tyra m'attend depuis si longtemps, de me tenir une dernière fois dans la lumière. J'en rêve avec la même acuité que lorsque j'étais jeune, sot, ignorant et bouffi d'orgueil. Cette sensation me plaît ; elle me fait revivre.

Ce sursaut d'inspiration, je le dois en vérité à mes vipères d'enfants ; au moins pourraient-ils se targuer d'avoir fait une chose pour moi, si encore ils en avaient conscience. Ce sursaut, il me vint le jour où un froid vif s'engouffra dans la bibliothèque par la porte ouverte, et qu'un messager m'informa que mon fils aîné, Alceste, renonçait désormais à s'acquitter de la maigre pension qu'il daignait jusqu'alors m'accorder.
Je ne mendierai ni à mes enfants, ni aux courtisans soltarii qui m'ignorent depuis que je suis entré au service du duc Maciste et de la duchesse Kahina, quelques mois plus tôt - quelques jours à peine avant que Maciste ne soit assassiné et que son épouse déchue ne regagne en toute hâte ses lointains rivages de l'est. J'étais entré au service du couple ducal pour les mener vers la lumière ; depuis que mes maîtres ne sont plus, j'erre dans les couloirs mornes du palais, indifférent aux luttes de pouvoir stériles qui opposent les différents partis en place qui n'aspirent qu'à s'emparer de la succession. Je les ignore comme ils m'ignorent ; ainsi me suis-je isolé ces derniers mois. Ainsi me suis-je replongé dans l'étude. Mais depuis trop longtemps je prends la poussière des grimoires, depuis trop longtemps je regarde ma peau se racornir comme du vieux parchemin.

Il est temps de retourner à la lumière.
Je m'en vais dispenser mon savoir.
Et réparer le monde.


Romey de Vosse a écrit:
Ô Victoria la Mirifique, de la Très Noble et Respectable Maison Di Maldi
Baronne de Sybrondil par la Grâce de Néera la DameDieu


Le 1er jour de la 2ème ennéade de Favriüs, An IX du onzième cycle

Moi, Romey de la maison de Vosse, humble érudit, je vous offre mon savoir et mon expérience. J'ai servi jadis dans la Maison du Roi Ultuant à Diantra, et ai exercé plus tard la charge de conciliaire de la Questure à Pharembourg. Je fus plus récemment dans l'entourage de votre frère le duc Maciste à Soltariel, et n'aspire qu'à conseiller sa sœur. Puisse votre bonté accorder à un vieil homme de se rendre utile une dernière fois, au crépuscule de son existence.

Puissent les Cinq vous guider vers la sagesse et la miséricorde
Romey de Vosse

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Victoria di Maldi
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MessageSujet: Re: Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria]   Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria] I_icon_minitimeMar 15 Nov 2016 - 14:02


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Lysandra di Maldi
« Lysandra ! Je t’ai maintes fois répétée que je n’avais pas le choix !! »

On pouvait entendre la voix de la baronne hurler de rage alors qu’un énième vase vint se fracasser au sol. Des spectateurs curieux s’étaient amassés derrière la porte, tendant l’oreille pour ne rien manquer alors que des chuchotements furent échangés quant à l’origine de la dispute. Pourtant, il était assez évident à comprendre que Victoria se disputait une nouvelle fois avec sa soeur cadette, la plus jeune des Maldi, mariée de force à un homme qui avait le triple de son âge pour assurer son soutient quant à la récupération du trône baronniale.

« Non ! NON ! NON VICTORIA NON ! On a TOUJOURS le Choix quand il s'agit de mariage ! Jamais je ne te pardonnerais ! JAMAIS ! » Pleurait la jeune sœur âgée d’à peine 17 ans. « Tu nous as forcée moi et Julietta tout ça pour que TOI tu réussisses. »

« Crois-tu que c’est ce que je voulais ? Crois-tu que je voulais qu’un homme plus âgé que notre propre père pose les mains sur toi ? Crois-tu réellement que j’avais le choix ?! Tout ce que j’ai pu faire ou décider était dans l’intérêt de la FAMILLE. FAMILLE que Maciste, notre frère a su maintenir la tête hors de l’eau ! Maintenant qu’il n’est plus là, c’est à MOI de garantir notre sauvegarde. »  

Lysandra n’arrivait plus à parler, trop empreint aux larmes. Victoria poussa un soupir puis s’approcha pour enlacer sa sœur. La Maldi aimait peu les marques d’affections et se forçait pour la plupart du temps à ces cajoleries. Mais la famille comptait plus que tout pour elle, et voir sa propre petite sœur lui en vouloir était un poids beaucoup trop douloureux. Elle était pourtant persuadée d’avoir fait les bons choix.

« Ce sera bientôt terminé, je te le promets. » Lui chuchota-t-elle telle une promesse qu’elle se faisait autant à elle-même qu’à Lysandra.

La porte s’ouvrit soudainement et Grégorio s’annonça.

« Votre Honneur. Nous venons de recevoir quelques missives qui demandent toute votre attention. »
« Bien-sûr, j’arrive. Attendez-moi dans mon bureau Grégorio. »

La baronne se tourna une dernière fois vers sa petite sœur dont les larmes coulaient encore mais d’une manière plus silencieuse. « C’est une promesse que je compte bien réaliser, et ce au plus vite Lysandra. »

Tournant les talons, Victoria quitta le petit salon sens dessus dessous pour rejoindre son bureau alors qu’en chemin, elle ordonna à plusieurs serviteurs d’aller réparer tous les dégâts. « Et ne vous avisez plus d’espionner. » Rajouta-t-elle, le visage figé.
Dorénavant assise, machinalement Victoria commença à fouiller son bureau. Grégorio resta debout comme à son habitude et se mit à parler.
« Nous avons reçu une missive de la part de Verdouble. Il s’impatiente quant au retour de sa jeune épouse. »
« Répondez-lui que ma sœur lui reviendra lorsque ses services ne me seront plus utile. »

Il était hors de question que Victoria ramène Lysandra auprès de son époux tant qu’elle n’aura pas acceptée son mariage. La jeune femme avait une certaine crainte quant aux actes dont elle pourrait faire preuve.

« Messire de Lambrusca demande également une entrevue, il souhaiterait vous parler des… »
« Convoquer le pour la fin du mois. »
« La fin du mois seulement ? »
« Oui. Je serais en déplacement le restant du temps. »
« Vraiment ? Où allez-vous ? »
« Où allons-nous plutôt. Je vous en parlerai en temps voulu. Qu’y a-t-il d’autres ? »
« Hm… Nous avons reçu une missive de la part d’un certain Romey de Voss, ancien conseillé de Feu le Duc Maciste, votre frère. Le connaissez-vous ? »
« Son nom ne me dit rien. Que veut-il ? »
« Il souhaiterait se mettre à votre service. »
« Non. »
« Mais… »
« J’ai dit non. Je vous ai vous, cela me suffit amplement. »
« Certes mais… »
« J’ai dit non, Grégorio ! »

S’il y avait bien une chose dont Victoria ne voulait pas, c’était de s’encombrer d’un deuxième conseiller qui serait aussi lourd que le premier –si pas plus.–

« Très bien… Voici une dernière missive, je pense qu’elle vous intéressera plus que n’importe quelle autre. »

Le vélin passa d’une main à l’autre alors qu’un long regard fut échangé. Le sceau n’affichait aucune armoirie particulière. Une fois ouverte, Victoria put y lire trois mots, pas un de plus. Mais cela suffit à la faire lever brusquement. Le parchemin toujours entre ses doigts, la Baronne relu plusieurs fois.

« C’est… »
« Oui. »
« Ce Romey connaissait il bien mon frère ? »
« Il a été le conseiller de Kahina durant quelques temps. En réalité d’après mes renseignements il  a été engagé peu avant le décès du Duc. »
« Faites le venir. »
« Mais, vous aviez dit… »
« J’ai changé d’avis. » Victoria fixait toujours la fameuse missive alors qu’elle se dégageait doucement de son bureau pour se rapprocher du feu de cheminée.
« Il va nous être fort utile. Installez-le donc dans une chambrée coquette, il va falloir en prendre soin. »
« Très bien. Avez-vous d’autres indications à me fournir ? »
« Qu’il vienne au plus vite. » Répondit-elle sur un ton plus grave qu’à son habitude alors que son regard se perdit dans les flammes dansantes de la cheminée qui accueilli rapidement la récente missive. Le papier se consuma rapidement et les trois mots s’effacèrent pour toujours.
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MessageSujet: Re: Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria]   Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria] I_icon_minitimeMar 15 Nov 2016 - 15:13


Il y a longtemps que je ne me déplace plus à cheval. Je pourrais vous raconter l'histoire de cette mauvaise chute, survenue à un âge où j'étais autrement plus vigoureux qu'aujourd'hui, mais où le corps, déjà, recèle de ces faiblesses cachées que l'on ne veut écouter. Je pourrais, oui, je pourrais vous la raconter ; mais ceci n'a rien à voir avec ce qui nous préoccupe, et j'ai un peu trop tendance à me laisser entraîner par ma plume. Mettons-nous d'accord, lecteur, pour que cessent les disgressions de ce genre ; et je vous promets de faire mon possible pour aller à l'essentiel.

Secoué par les cahots de la carriole sur les routes de la Sybrondie, je découvre ce qui, peut-être, deviendra mon nouveau logis. Si ma famille paternelle est de la petite noblesse diantraise, c'est en Pharem - appelons-cela Scylla, comme disent les jeunes - que je suis né et ai grandi ; je suis donc, et me suis toujours considéré comme scylléen, quand bien même il y a longtemps que je n'ai plus mis les pieds dans les domaines de ma famille. Au hasard de mes pérégrinations, il m'est arrivé dans ma vie de considérer d'autres lieux comme ma maison : Diantra, Thaar, Soltariel. Néanmoins, je me suis toujours considéré comme scylléen, et scylléen je demeurerai jusqu'à ma mort - ce qui, je pense, ne nous engage plus pour une très longue période.
Et le scylléen que je suis va peut-être devoir s'habituer à la Sybrondie.

C'est un beau pays, la Sybrondie. L'air y est chaud, même en automne. Je l'ai longuement admirée pendant que la carriole poursuivait sa route, lente et pénible, jusqu'à la capitale de la baronnie ; je l'admirais avec l’œil du voyageur patient, qui sait profiter de ces secondes d'inaction sans pester contre l'ennui, car celui qui a longuement vécu sait qu'il y a de la beauté en chaque chose, et qu'admirer un paysage n'est point une perte de temps. Ainsi je me régalais de la courbe sinueuse des fleuves en contrebas des collines, aussi délicate et harmonieuse que celle d'une femme ; je m'ébaudissais à la vue de ses côtes et de ses presque-îles ; je devinais au loin les vieux forts tapis au milieu des marécages, chargés de souvenirs et peuplés de légions de fantômes montant la garde depuis la nuit des temps ; j'imaginais les villages pittoresques nichés dans les collines, où la vie est rude mais honnête ; j'admirais enfin les vieilles cités pharétanes, vestiges d'une civilisation antique qui précéda la nôtre et dont certains patriciens, imbus d'eux-mêmes et ignorant visiblement qu'ils sont le fruit de plusieurs siècles de métissage, se revendiquent encore aujourd'hui. J'ai toujours trouvé amusante cette manière qu'ont les hommes de revendiquer des valeurs et des coutumes au nom de quelque chose qui n'existe plus ; pourtant, en tant qu'homme de lettres et gardien des mémoires, je suppose que je devrais partager leur point de vue. Je crois, pourtant, que la mémoire du passé doit nous rassembler dans la curiosité et le partage des cultures, plutôt qu'inspirer la division et le repli sur soi.

En vérité, Sybrondil, la fière cité marine, bat à plate couture bien des records d'arrogance. J'avais renoncé à y entrer en carriole, car les rues sont encombrées du tumulte des chariots de marchandises et des promeneurs. Sur les places pavées de briques de couleur vive s'agglomèrent tous ces badauds, et l'on y tient marché, ou l'on y donne spectacle ; la cité est chargée d'une activité effrénée, car tout va vite pour le citadin qui n'a pas de temps à perdre, tout va très vite, bien trop vite pour moi. L'air qui se dégage du port et des canaux charrie une odeur de vase et de poisson, à laquelle se mêle le parfum d'une populace abondante. Par bonheur, j'ai cessé d'avoir le nez fin depuis que mon grand âge m'a causé mes premières indigestions.

Le croquant de bas-étage doit s'ébahir lorsqu'il parvient au pied du Palais aux Mille Miroirs, dont l'architecture forme une parfaite synthèse de tout l'orgueil, toute la superbe, toute la prétention, toute la fatuité des pharétans et de leurs prétendus successeurs. Il est vrai que la bâtisse a une sacrée gueule ; mais j'ai passé suffisamment d'années en Estrévent et dans le sud de la péninsule pour être accoutumé à la vision de ces démonstrations d'opulence.
Les gardes à l'entrée du palais sont en revanche moins enclins à s'accoutumer à ma coupable absence de signes de richesse extérieurs ; lorsqu'ils me voient arriver, vieillard chenu au dos courbé, vêtu d'une robe de bure tâchée de gras que je porte depuis trois jours, ils cherchent d'abord à me menacer ; je dois insister longuement, balbutier des mots que ma bouche traîtresse et infâme rechigne à me laisser prononcer pour qu'ils consentent à vérifier mes dires. Je ne peux leur en vouloir ; qui aurait cru qu'un miséreux aux allures de clochard allait être reçu par la baronne de Sybrondil en personne ?
Je ne peux leur en vouloir, mais je n'oublie jamais aucun affront, et cela se paiera en temps utile ; si le destin me permet de vivre assez longtemps. Mais enfin ! j'ai encore un peu de souffle, et je ne devrais pas claquer trop vite.
A moins qu'on ne m'y aide, bien sûr.

« R-romey de V-v-osse, messir-res. J-je vous dis que c'est b-bien moi. »
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MessageSujet: Re: Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria]   Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria] I_icon_minitimeJeu 17 Nov 2016 - 16:39


Presqu’une ennéade s’était écoulée depuis que Victoria avait demandé à Grégorio de convoquer l’ancien conseiller de Kahina. Nerveuse, elle n'avait quasiment pas quitté son bureau depuis.

« Grégorio, avez-vous des nouvelles ? »
« Non Votre Honneur. Il n’est toujours pas arrivé. »
« Tsah… Pourquoi m’est-il autant de temps ? Nous devons bientôt partir pour Merval ! »
« Si le voir vous est si important alors peut-être devrions nous reporter notre voyage. »
« Non. Cela fait trop longtemps que j’attends de pouvoir prêter ce serment. J’en ai assez de devoir attendre après le Chancelier, il me faut le voir et ma seule chance est d’aller à sa rencontre. Sans prévenir bien évidemment, sinon je prendrais le risque qu’il ne s’évapore une nouvelle fois. »
« Je sais… Au pire, il attendra notre retour. Un aller-retour Sybrondil-Merval devrait durer moins de deux ennéades. »
« Non. Nous partons pour le nord après Merval. »
« Le nord ?? Mais qu’allons-nous faire là-bas ? »

Victoria ne répondit pas dans un premier temps, remontant la tête d’entre ses parchemins pour fixer son conseiller d’un regard assez soutenu.

« Chercher du soutient. »
« Du soutient ? Sommes-nous menacés ? »
« Mais ouvrez-donc un peu les yeux Grégorio pour une fois dans votre vie. »
« Euh… hm… »

La Baronne soupira, avant de repartir la tête dans ses papiers. Un garde frappa à la porte puis entra, celui annonça qu’un homme prétendant être Romey de Vosse s’est présenté aux portes du château mais que l’accès lui avait été refusé.

« Et puis-je savoir pourquoi ??? »
« Il avait plutôt l’allure d’un clochard Votre Honneur. »
« Et à quoi ressemble un rat de bibliothèque d'après-vous? »

La Baronne se leva brusquement.

« Grégorio, allez me le chercher, installez le dans le grand salon directement, je vais arriver. »
« Ne vaudrait-il pas mieux qu’on lui fasse faire une petite toilette ? »
« Nous n’avons pas le temps ! »

Le conseiller partit immédiatement sans la contrarier d’avantage. Il marcha d’une vive allure qui ne lui serait sans doute pas bénéfique dans les années à venir, lui qui avait déjà les cheveux et la barbe grisonnante. Mais il n’avait d’autre choix, la Baronne était quelqu’un d’impulsive et assez stricte. A l’entrée du château se trouvait effectivement un homme assez vieux dont la robe semblait ne pas avoir été changée depuis quelques jours. Grégorio se demanda une dernière fois s’il ne fallait pas mieux le mener à une chambrée où il pourrait faire sa toilette.

« Bien le bonjour Messire de Vosse. Veuillez-nous excuser de l’accueil, il semblerait que nos gardes ont tendances à oublier de se servir de leurs têtes plutôt que de leurs muscles. Venez, suivez-moi. »

Grégorio entama la marche, à vive allure, comme à son habitude, mais lorsqu’il voulut adresser la parole à l’invité, il se rendit compte qu’il l’avait semé. Il revint assez vite sur ses pas et s’excusa une nouvelle fois.

« Je vais vous mener à vos appartements. Son Honneur vous rencontrera plus tard dans la journée. » Ce n’était pas ce que Victoria avait demandé mais vu son état, Grégorio n’a pas pu s’empêcher, au pire, pour se défendre, il lui parlera de l'odeur pestilentiel qui se dégageait de lui. Quelques minutes passèrent et le fidèle conseiller laissa l'invité dans une chambre plutôt coquette et surtout pourvue d'une salle d'eau.

« Vous êtes actuellement l'invité de la Baronne. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas. Une servante vous sera attribué. Son Honneur vous fixe rendez-vous dans une heure. Quelqu'un viendra vous chercher. » Il s'était mit à espérer que le vieillard disposerait d'assez de temps pour se laver et s'habiller correctement. L'homme repartit aussitôt à la rencontre de sa Maîtresse qu'il trouva bien évidemment dans le grand salon.

« Mais où est-il? »
« Dans ses appartements. J'ai jugé bon de l'y envoyer d'abord. Le garde n'avait pas lésé sur ses mots en le qualifiant de clochard Votre Honneur. Je lui ai fixé rendez-vous dans une heure. »
« Vous m’exaspérez, vous le savez ça? »

Il ne répondit rien.
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MessageSujet: Re: Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria]   Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria] I_icon_minitimeVen 18 Nov 2016 - 11:44


Passée l'inévitable épreuve du corps de garde, me voilà dans l'antre aux miroirs. Un homme d'âge respectable, quoique fringant à côté du vieux sénile que je suis, me propose de le suivre et omet de se présenter lui-même ; j'en déduis qu'il doit s'agir de quelque larbin sans importance, car les personnages importants adorent s'entendre prononcer leur propre nom, suivi de la ribambelle de titres et de charges qui va avec ; cela flatte leur préciosité, à ces doux sires, cela flatte leur prétention.
Je le suis, tête baissée, et ne prête même pas attention au luxe du Palais aux Mille Miroirs, dont même l'impressionnant nom ne m'induit qu'à la défiance ; c'est que je n'ignore pas mon état pitoyable, je sais que je ne suis pas présentable, et l'idée de me trouver parmi un millier de miroirs reflétant mon triste reflet m'est plutôt inconfortable. Parmi la presse des courtisans, nombreux sont les regards dégoûtés à mon endroit ; il est vrai que je n'ai pas le profil de ces gens fortunés, et que je ne suis pas en état d'être reçu par une baronne. Confirmant mes doutes, le valet aux cheveux gris me propose de faire un brin de toilette avant d'être admis en présence de la baronne.

Une heure pour se faire beau, c'est suffisant a priori. C'est au moins suffisant pour passer un linge propre et blanc, pour chasser les puces qui infestent ma peau, ma barbe et le peu de cheveux blancs qu'il me reste. C'est suffisant pour atténuer l'odeur peu ragoutante que je dégage ; mais ça ne va pas me rajeunir, ça n'arrangera pas non plus mes rhumatismes ni mon vieux dos usé. Aussi lorsqu'on vient me chercher au bout d'une heure, je suis encore loin d'avoir le maintien d'un galant venu faire sa cour à Dame Victoria ; c'est donc tout courbé, les muscles douloureux et appuyé sur un bâton que je fais mon entrée dans le grand salon.

La baronne vous en impose dès le premier regard, il est vrai. Elle se tient bien droite, toute apprêtée, resplendissante de beauté juvénile ; n'eussent été ses yeux verts qui vous lorgnent d'une lueur autoritaire et malsaine, je l'aurai trouvée semblable à n'importe quelle noble dame : une poupée de porcelaine tentant de se donner des airs de matrone. Mais je ne m'y trompe pas, cette poupée-ci peut mordre.

Je m'avance vers la baronne, sans perdre de temps à essayer d'imaginer ce qu'elle pense de ma propre apparence ; je me courbe plus bas encore que je ne le suis déjà, et mes genoux tremblent si fort que je crains d'en perdre l'équilibre.

« D... dame V-victoria, je suis Rrromey de Vosse, et je s-suis à votre service. »

J'avais réussi à prononcer une phrase à peu près correcte. On fait mieux comme entrée en matière ; mais il ne faut pas trop m'en demander.
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MessageSujet: Re: Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria]   Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria] I_icon_minitimeVen 9 Déc 2016 - 18:25


Une heure passa pendant laquelle Victoria ne fit que les cent pas dans ce petit salon. Grégorio lui avait maintes fois proposé de s’assoir, de boire et de manger quelque chose ou même d’aller se promener dans les jardins pour faire passer le temps. Mais la Baronne refusa toutes ses propositions de but en blanc.

« Tu aurais dû me l’amener directement comme je le l’avais demandé. »
« Votre Honneur, sa présentation n’était pas convenable pour… »
« Pour quoi, Grégorio ? Je peux aisément faire face à un vieil homme puant et ragoutant si cela peut m’empêcher de perdre mon temps. »
« Veuillez m’excusez Votre Honneur, je ne referais plus la même erreur. »
« J’y compte bien. Bon. Où est-il maintenant ? J’ai assez attendu comme cela. »
« Je m’en vais le faire quérir de ce pas. »

Quelques minutes passèrent, en réalité, une bonne vingtaine de plus.

« Il arrive Votre Honneur. »
« Mais pourquoi met il autant de temps ? »
« Il semblerait que son âge ne le permette plus de gambader comme dans sa jeunesse. »
« Proposez-lui un fauteuil roulant la prochaine fois. Je suis encore en train de perdre mon temps. »

Victoria était stressée, et cela se voyait amplement sur son visage dont les traits étaient fermés et durcit. Ses gestes montraient également une certaine tension ce qui ne rassura en rien Grégorio qui la voyait que très rarement dans cet état. L’homme fit enfin son entrée et après une révérence qui lui semblait plus pénible encore que cette marche il parla :

« D... dame V-victoria, je suis Rrromey de Vosse, et je s-suis à votre service. »
« Je vois que l’âge vous joue plus d’un tour Messire de Vosse. » Répliqua-t-elle aussitôt après s’être aperçut de son bégaiement. « Je vous en prie, prenez place dans l’un des fauteuils. »

Rares devenaient ceux qui pouvaient se targuer de recevoir tant que « gentillesse » de sa part mais s’il y avait bien une chose que Victoria semblait tenir à cœur était le respect des ainés.

« J’espère que vous avez fait bon voyage. Messire d’Iree ici présent vous a sans aucun doute conduit à une chambre qui sera mise à votre disposition aussi longtemps que vous le désirez. Maintenant, si vous me le permettez, je souhaiterais passer aux choses sérieuses. Je n’ai, malheureusement, que très peu de temps devant moi. » D’un geste de la main, Victoria quémanda le thé. « J’ai lu attentivement votre lettre Messire de Vosse. Vos précédentes fonctions vous honorent et nous imposent le respect encore aujourd'hui. Mais celle qui m’intéresse le plus c’est votre fonction de conseiller auprès de mon frère, Maciste et de son épouse, la Princesse Kahina. Que pouvez-vous me dire sur cette époque Messire de Vosse ? »
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MessageSujet: Re: Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria]   Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria] I_icon_minitimeSam 10 Déc 2016 - 11:09


Serrant d'une main tremblotante le bâton sur-lequel je m'appuie de tout mon poids, je m'efforce de rester droit sur mes guiboles. Face à moi, la baronne me toise avec des airs de petite chatte bien éduquée, et si je suis sensible à la courtoisie que me témoignent les grands de ce monde, je n'en remarque pas moins que ses yeux brillent d'une lueur hautaine. Au moins a-t-elle l'indulgence de ne point railler mon élocution défaillante ; la bonne damoiselle met cela sur le compte de mon grand âge ! N'eusse été la gravité de l'instant, je me serais payé une bonne tranche de rigolade ; si elle savait, la chère âme, que je bégaye depuis que je suis en âge de parler et que jamais je n'ai pu aligner une phrase correcte ? Ah, si elle savait, eh bien, si elle savait, elle s'en moquerait, je pense ; mais je me garde bien de la corriger, et puisque mon âge me fournit des excuses que je n'avais pas lorsque j'étais un fringant petit bonhomme, eh bien ma foi ! Je serais idiot de ne pas en profiter.
A peine y suis-je invité que je me jette, ou plutôt me traîne jusqu'à l'un des fauteuils du grand salon, retenant un soupir de soulagement tant la station debout commençait à martyriser mes jambes douloureuses. Je sens que mon corps tout entier me lance, et je parviens de justesse à retenir un vent qui n'aurait pas manqué de souffler prématurément tout espoir de bonne entente entre cette jeune fille délicate et votre serviteur.

Je hausse un sourcil interloqué lorsque Sa Sérénité m'interroge sur mes liens avec son frère le duc Maciste ; si la question est légitime, je n'avais pas imaginé que ce serait là sa première préoccupation. Et en vérité, pour être tout à fait franc, je me sens un peu enquiquiné ; car du peu de temps que j'ai passé à la cour de Soltariel avant que Maciste ne meure et que sa femme Kahina ne soit exilée, je n'ai rien fait qui puisse véritablement intéresser la baronne. Soucieux de ne pas lui mentir tout autant que de ne point la décevoir, je décide de broder un peu. N'étant déjà pas doué pour l'improvisation, mon bégaiement achève de rendre l'exposé parfaitement imbuvable :

« Votre M-Magnific-cence, j-je ne sais par où vous s-souhait-t-eriez q-q-q-que je commenc-ce. J'ai vu l'Est-t-trévent-tine revêtir les atours du p-pouvoir quand votre frère ét-tait au plus mal... dép-ployer tant d'efforts pour s-se faire accepter dans une c-cour où d'auc-cuns, sybronds comme soltarii, la j-jugeaient comme une étrangère... K-kakahina, en f-fait, n'a j-jamais grandement prisé les c-conseils d'hommes comme m-moi. Elle en v-voulait à l'autorité de son ép-poux, trop souv-vent malade pour l'exerc-cer de lui-m-même. Et elle le gard-dait sous son emp-prise au m-moyen de s-ses sortilèges et rituels alc-chim-miques venus d'Out... d'Outre-Olienne. Elle s-s'entourait d'un c-c-cercle de m-mages et de t-thaumaturges et att... attisait la m-méfiance. J-j'ai fini par comp-prendre qu'elle s-se moqu-quait du roy-yaume, quand elle r-refusa que le d-duc de L... Langehack... rende Diantra au Roy Bohém-mond. Elle en a p-payé le p-prix, mais la g-garce le fit aussi p... payer à votre frère. »

Conscient que la baronne doit nourrir une haine tenace contre sa belle-sœur, j'attise son appétit et charge l'Estréventine de tous les maux. N'est-ce pas là ce qu'elle voulait entendre ? Je n'ai pas besoin de me forcer, du reste ; car tout ce que je lui dis de l'Estréventine est bel et bien vrai. Je ne garde, en vérité, pas un bon souvenir des mois passés à la cour de Soltariel ; cette despote étrangère, cette sorcière malivolente cachée dans un corps d'enfant me faisait froid dans le dos, et lorsque je me trouvais reclus dans ma bibliothèque je priais souvent pour la guérison du duc Maciste ; malheureusement celui-ci, dans ses moments de répit, se révélait être le plus fervent serviteur de son horrible épouse. L'Estréventine lui dut sa survie à plus d'un titre ; ce qui, au bout du compte, ne rend son crime que plus sinistre et sordide. Cela, je me garde bien de le dire à la baronne, car elle ne voudrait pas savoir combien son frère était faible et diminué, et à quel point il fut le jouet de la femme qui causa sa perte.

« J-je n'ai pu s-sauver le d-duduc, Votre Sérénité. Je ne l'ai p-pu, parce que j-je ne suis qu'un homm-me de lettres, n-non un s-soldat. Et p-puisque l'Est-tréventine ét-tait m-méchante femme, je l'ai ab-bandonnée à l'exil et n-ne fut pas de c-ceux qui fuirent av-vec elle. J-j'aurais v-voulu faire p-plus, Votre Sublimit-té ; et c'est pour vous aid-der dans votre m-malheur que je me trouve ici d... devant vous. »
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MessageSujet: Re: Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria]   Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria] I_icon_minitimeVen 16 Déc 2016 - 13:24


« Vous n’auriez point pu le sauver, messire. Personne ne l’a pu. » Dit-elle subitement alors qu’il venait juste de terminer sa phrase.

« Que les choses soient clairs. J’en veux qu’à une seule personne concernant le décès prématuré de feu l’ancien Duc de Soltariel, mon frère. N’ayez donc crainte, vieil homme. »

Toujours assise en face de lui, la Dame croisa les jambes puis commença à se questionner intérieurement. Devait-elle réellement lui faire confiance ? Après tout, elle ne connaissait rien de lui, ni ses origines, ni même son nom. Il a été conseillé de Kahina ainsi que de Maciste, pourtant elle ne croisa jamais sa route à Soltariel. Etait-il réellement ce qu’il prétendait être ? Et s’il était un envoyé de Soltariel ? De Tibéria ou même des Vrais Soltaris ? Rien ne prouvait sa bonne volonté et rien ne prouvait la blancheur de ses mains. Victoria allait donc devoir faire attention aux mots qu’elle emploierait ainsi que les révélations dont elle lui ferait part.

« Vous avez laissé, ainsi que tant d’autres, laisser échapper cette peste d’Estréventine, mais il y a bien une chose que je regrette Messire, c’est qu’aucune expédition n’a été envoyée par Soltariel pour récupérer l’héritier du trône ducal : le fils de Maciste qu’elle emmena avec elle. » Le sujet épineux était enfin posé sur la table.

« Voilà d’où vient ma rancœur actuelle contre Soltariel et cette noblesse qui a préféré croiser les bras suite à la disparition de leurs Duc légitime. Pour ensuite se déclarer apte à gouverner en se permettant une opposition au dragon d’Ydril. Ils ne pensent qu'à leurs propres désirs de pouvoir tout en bafouant l'honneur des Di Maldi. »

Elle afficha ensuite un léger sourire.

« Toutefois je suis curieuse. Quel est donc votre avis sur l’état actuel du duché ? Ce procès qui vit un puissant noble se voir être exilé, cette femme revenue d’Estrevent pour se proclamer duchesse et ces « vrais soltaris » qui ne réclament qu’un retour aux sources. Qu’en pensez-vous de tout cela ? »

Le faire parler, voilà quel était son but. Peu importe si elle devait se concentrer comme jamais pour le comprendre.
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MessageSujet: Re: Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria]   Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria] I_icon_minitimeVen 16 Déc 2016 - 14:47


La rancune que voue la sœur de Maciste à ceux que l'on nomme les « Vrais Soltaris » ne me surprend guère ; mais la déférence avec-laquelle elle mentionne l'ancien vicomte de Calozi, Arichis d'Anoszia, est franchement inattendue. « Le dragon d'Ydril », dit-elle, « un puissant noble » dont elle semble regretter l'exil... réalise-t-elle, la drôlesse, qu'elle parle d'un intrigant dont les menées le conduisirent au bannissement, et dont le crime de lèse-majesté jeta l'opprobre sur tout ce qui porte son nom ? Cela me surprend d'autant plus que ce mauvais homme, ambitieux conseiller qui toute sa vie tenta vainement de s'octroyer une place parmi les Grands de ce monde, cet homme-là disais-je, était l'un des plus acharnés rivaux de Maciste et de Kahina dont il désirait la perte. N'eussent agi les Vrais Soltaris qui déplaisent tant à la dame, c'est cette fripouille qui aurait épousé Tibéria di Soltarii-Berontii et qui régnerait aujourd'hui sur le duché. En-dehors de Dame Victoria, il semble qu'il n'y ait guère de monde à se bousculer pour défendre les droits de son introuvable neveu. Peut-elle les en blâmer, alors qu'elle n'a guère perdu de temps à sa recherche avant de revendiquer la baronnie pour elle-même ?

Je la regarde longuement à mesure qu'elle me parle, j'entends ses questions, et je sais déjà qu'il sera aussi pénible pour moi d'y répondre que pour elle de m'écouter. Du reste, sa question, très ouverte, m'étonne ; en quoi mon avis sur les choses peut bien intéresser une femme qui sait déjà ce qu'elle veut ? Je ne suis après tout qu'un technicien, un outil au service des puissants, et leurs choix leur sont propres. Mon rôle n'est point de lui dire où elle va, mais seulement d'éclairer le chemin ; m'eusse-t-elle demandé conseil pour saborder un navire sur-lequel nous voguerions tous deux, je l'aurais fait. Mais puisqu'elle me demande ce que j'en pense, alors je lui dois la vérité : le navire prend déjà l'eau, et mieux vaut ne pas embarquer.

« L-le duché, m-madam-me... v-vous devez y r-renoncer. »

C'est brut de décoffrage, je le sais ; et en le disant, je vois bien que ça sent le roussi pour moi. Pourtant, alors même que je bute sur les syllabes, je m'efforce d'aller au bout des choses, car ce que je viens de dire, elle doit l'entendre. Si je ne le fais pas, qui le fera ?

« C'est un c-combat perd-du d'av-vance, mad-dame. L-la noblesse de Soltariel s-semble favor-rable aux droits de l'ancienne famille. Ils r-rejetaient l'Anoszia, car ils ne v-voulaient pas d... d'un ydriain. Ils ne v-voudront pas d'une sybronde. Ni m-même de v-votre nev-veu. Vous p... perdriez votre énerg-gie quand il y a t-tant à f-faire à Syb-brondil. »
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MessageSujet: Re: Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria]   Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria] I_icon_minitimeDim 18 Déc 2016 - 16:26


Victroria afficha un grand sourire.

« Si vous pensez que je m’intéresse à Soltariel, vous devez être encore plus sénile que je le pensais Messire de Vosse. » Se permit-elle de dire franchement. Puis, avec une grâce qu’on lui connaissait bien, elle se leva, et le fixa de haut.

« Allez donc proposer vos piètres services à la Duchesse Tibéria. Vu sa capacité à se faire manipuler, votre aide ne sera pas de trop. »

Sur ces mots, elle quitta la pièce, laissant un Grégorio pantois quant aux mots qu’elle venait d’oser utiliser. Le restant de la journée fut dédié à son entrainement magique, entrainement qu’elle mettait bien trop de côté ses derniers temps.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria]   Le dernier vœu d'un vieillard [Victoria] I_icon_minitimeMar 20 Déc 2016 - 10:00


Sous l'escorte d'un garde à la mine patibulaire et lourdement armé, je fends la presse des courtisans qui s'agglutine à l'entrée ; des rares regards qui me sont jetés ne transpire qu'une sourde indifférence pour votre serviteur, car aucun de ces beaux sires, clients et flagorneurs du palais ne saurait imaginer que je viens d'être reçu et rapidement éconduit par la baronne en personne. Les solides portes s'ouvrent devant moi ; à l'extérieur, un mauvais coup de vent me souffle en plein visage, insufflant une odeur d'iode marine. Sans égard pour mon grand âge, le garde me pousse en avant d'un méchant coup d'épaule ; je chancelle, je perds l'équilibre et m'écroule douloureusement entre les marches. Mes mains s'écorchent sur le pavé, mais j'ai pu protéger ma tête in extremis ; il s'en est fallu de peu. N'est-elle pas mon instrument de travail ?

Je me relève, indifférent aux rires des badauds qui résonnent cruellement autour de moi. Intérieurement, je philosophe sur la vilenie de cette méchante femme, et me morigène moi-même pour l'effronterie dont j'ai fait preuve et qui est la cause de mon malheur. Quelle folie m'a-t-elle poussé à parler avec une telle franchise, avant même d'avoir gagné la confiance de la dame ? Eussé-je été à son service depuis longtemps, peut-être aurait-elle accordé plus qu'une oreille distraite à mes consignes de prudence. Je réalise que j'ai passé trop de temps entre les murs de ma bibliothèque ; j'ai passé trop de temps à deviser avec des bouquins, et ma connaissance des rouages du pouvoir s'est effritée. Comment puis-je donner des conseils de diplomatie si je ne suis point diplomate moi-même ? Incité à la franchise parce que je m'y suis cru invité, j'ai outrepassé le rôle qui était le mien ; je me suis oublié. J'ai oublié que le pouvoir et le choix étaient entre les mains de celle que je servais ; j'ai oublié que je n'étais qu'un outil, rien de plus qu'un outil.

On ne m'y reprendra plus.

Je quitte la splendeur hautaine de Sybrondil comme j'y suis arrivé ; avachi dans une carriole instable, pour un périple interminable qui doit me ramener à mon point de départ. A présent je ne lorgne plus avec intérêt le paysage de la Sybrondie ; la beauté sauvage des terres intérieures ne m'émeut plus autant qu'à l'aller, et je réalise que ce pays n'est pas le mien et qu'il ne le sera jamais.
J'aurais pu m'y plaire, pourtant. J'aurais facilement pu. Mais il semble que ma place se trouvait à Soltariel, et que je n'aurais point dû en bouger.

Il ne me reste plus qu'à espérer que les nouveaux maîtres du duché sauront se satisfaire des conseils d'un vieux renard bègue.
Et que j'aurais, là-bas, l'opportunité de rabattre le caquet de la petite garce qui vient de m'envoyer paître.
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