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 Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys

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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys   Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys I_icon_minitimeDim 18 Déc 2016 - 16:58


Automne - 8ème jour de la 3ème ennéade de Favriüs,
9e année du XIe Cycle
Diantra, le lendemain du mariage et du bal


Autour de la longue table, seulement des visages connus, bien qu'elle ne puisse les apprécier à leur juste valeur. Mélisande et Colombe entre leurs parents et celle qu'elles appelaient affectueusement, tante Irys, même si la plus jeune ouvrait de grands yeux impressionnés à chaque fois que cette dernière ouvrait la bouche. Le couple parental de Laval siégeait en face de Hernan et du jeune Raùl. Coincée entre ce nouveau beau-frère et l'époux qui allait avec, Cécilie écoutait surtout les serviteurs déposer un potage devant chacun des convives en fronçant les sourcils. Sa tête lui semblait constituée d'étain. A chaque fracas de porcelaine, la douleur sourde qui lui gâchait la vie depuis son réveil augmentait. Suivre le début des conversations était une corvée qu'elle avait du mal à s'imposer, même avec toute la bonne volonté dont elle disposait encore... Et même la présence d'Irys n'arrivait pas à l'inquiéter, malgré ce que la Haute-prêtresse aurait put dire sur elle ou sur ce mariage.

Maélyne avait été invité, évidemment, mais les événements du Nord étant ce qu'ils étaient, elle avait été obligée de décliner l'offre pour s'en retourner vers Lourmel et ses obligations. Cécilie savait que d'ici quelques jours, elle en aurait le cœur brisé, mais pour l'heure son crâne était bien trop douloureux et son esprit englué dans un mélange de nausée et de dégoût de sa propre personne.

Ce dîné de famille était une pure corvée...

« Mais tout a fait. Après tant de rebonds, Nelen a besoin de stabilité.
-J'ai toujours dit que le mariage mettait fin à bien des préoccupations frivole, n'est-ce pas Arnaud. D'ailleurs je ne veux pas que notre fils, Gaël, hérite de quoi que ce soit avant d'être lui-même marié. »

Arnaud hochait la tête sans regarder son épouse, habituer à ses envolées verbales. Malgré qes cheveux blonds tirant vers le blanc, ses très légère rides et sa silhouette squelettique, la dame semblait rayonner comme une jeune fille.

« Nous avions pensé l'unir à la fille de notre plus fidèle vassal, Julia de Beaurivages. Mais avec la maladie du Comte, je commence à penser qu'une union avec les d'Ethin serait une bien meilleur solution.
-Mon amie. Vous allez leur nouer l'estomac avant même qu'ils n'aient commencé l'entrée si vous continuez ainsi... la rattrapa gentiment son époux.
-Pardonnes moi de vouloir faire la conversation... »

Elle s'était renfrognée, mais Arnaud était bien placé pour savoir qu'elle ne bouderait pas longtemps. Il tendit la main pour inviter tout le monde à attaquer la soupe de potimarron qui commençait la valse des plats d'automne.
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Enrico di Montecale
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MessageSujet: Re: Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys   Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys I_icon_minitimeJeu 29 Déc 2016 - 12:34


Enrico regarda le potage devant lui pendant un moment, comme s’il fixait un problème mathématique non solvable… Avoir la gueule de bois à un dîner de famille, voilà quelque chose qui ne lui était plus arrivé depuis des lunes. Depuis combien de temps n’avait-il plus mangé avec sa famille, d’ailleurs ? Bien trop longtemps. Il ne jeta même pas un regard à Cécilie, trop honteux pour cela. Il savait bien qu’elle ne pouvait pas le lui rendre, mais peut-être sentait-elle les yeux des autres lorsqu’ils se posaient sur elle ? Comme un sixième sens développé par l’absence de vision ? Enfin, de ce qu’il en savait, Cécilie devait être autant que lui dans le…

… potage.

Il regardait toujours fixement cette soupe peu épaisse. Hernán finit par lui donner un coup de coude, avant que les gens de Beaurivages ne finissent par remarquer sa très légère obsession pour le bol de grès. Son père avait toujours grise mine, et ne touchait pas beaucoup à son plat. Néanmoins, ce petit coup de coude donna à Enrico le tonus nécessaire pour se saisir de sa cuillère et goûter. Pendant ce temps, les Laval semblaient aimer combler le vide silencieux avec des badinages sans intérêt. Ho, Arnaut était plutôt laconique dans son genre. Mais sa femme… D’habitude, Enrico était très enclin à la conversation. Pas aujourd’hui, cela dit. La biture d’hier soir était encore profondément ancrée derrière ses yeux, et s’il avait été moins civilisé, il aurait déjà frappé du poing sur la table. Il préférait cependant faire patte blanche, et sourire aux interventions très intéressantes de sa nouvelle belle-mère.

C’est Hernán qui s’avança à parler le premier, d’une voix rêche qui tranchait avec l’habituelle richesse de son timbre, empreint autrefois d’une autorité presque régalienne pour ses enfants.

« Je comprends très bien… Mais, Cécilie n’est pas votre seule enfant. L’union avec Ethin est encore possible, je crois. »

Entendre son père parler avec cette voix si différente fit légèrement grimacer Enrico, pendant une petite seconde. Puis, ce fut Raúl qui s’exprima, avec un engouement qui était à la limite du suspect pour le reste de la famille Montecale.

« Quoi qu’il en soit, je suis heureux que mon frère ait hérité d’un oiseau si joli. »

Tu la boucles fut la première pensée d’Enrico. Mais, à la place, il tourna sa tête vers son frère et lui fit un sourire forcé. Hernán ne dit mot, et reprit une cuillerée de sa soupe, ne souhaitant pas intervenir. Le baron décida de braquer son regard sur Arnaut à nouveau, et lui dit avec un sourire :

« Nelen est sous l’égide de mon frère. Je pense qu’une fois le pied posé à terre, nous n’aurons rien à craindre, votre fille et moi. Piezarre est un bon meneur d’hommes, et il est secondé par les meilleurs. Je pense que la baronnie est assez stable pour que vous n’ayez pas à vous inquiéter, messire. »

Ou dois-je vous appeler papa ? aurait été inconvenant à rajouter.

« Seule la discipline peut nous permettre de nous élever. Et qui serait mieux qualifié qu’un militaire pour redresser cette situation ? »

Il reprit de son potage, qui n’était pas mauvais du tout. Il manquait légèrement de poivre, mais savait que la raison était toute simple ; son père digérait mal les épices.
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Irys d'Arosque
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MessageSujet: Re: Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys   Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys I_icon_minitimeJeu 29 Déc 2016 - 16:33

"Les dîners sont à la fois ce qu’il y a de meilleur et de pire. Quand la joie d’y retrouver famille et amis surpasse la morosité de ses membres, alors il est réussi."
Maxime célèbre

Arnaut l’y avait invitée, alors elle y était venue. Loin du calme alcyonien de la cathédrale, les discutions des De Laval ponctuées par les commérages de la Dame de Beaurivages apportaient un divertissement bien venu. Irys n’y était pas chez elle, mais non moins à l’aise, elle avait pris une place qu’elle appréciait à sa juste valeur : observant de ses yeux attentifs la longue table derrière laquelle s’étaient installé d’un côté Arnaut et son épouse, de l’autre Hernan et son fils. Installée au côté de son cousin – une place d’honneur qu’elle était flattée d’occuper – elle s’était accommodée de sa position de spectatrice, apportant là une remarque sur la qualité du plat, et là une note distinguée pour appuyer l’un ou l’autre des convives.

Dans ce manoir où le ballet incessant des domestiques et les éclats de conversations étaient maîtres, on pouvait presque oublier qu’il n’était qu’un bâtiment rescapé d’une Diantra ravagée. L’ambiance était propice à l’amusement, pourtant, derrière le sourire de façade de Cécilie, on devinait une humeur bien plus maussade. La jeune femme portait des charges que seul le temps allègerait, et ce soir n’était que le début de son histoire. L’heure n’était pas à relativiser, mais à accepter. Irys posa une main discrète sur celle de la Mériale de Beaurivages. Elle espérait que ce contact la revigorerait un peu, sans grand espoir cependant.

Le baron semblait dans le même état. Les yeux plongés sur un potage qui remuait dans l’air des volutes de fumée chaude, il ne décrochait pas un mot. Quand il parla cependant, ce fut avec la voix de l’homme résolu à prendre ses décisions. Jugeant un débat politique malvenu, Irys n’intervint pas. Elle ne répliqua pas qu’à l’ordre devrait succéder la postérité, et qu’un militaire ne pourrai construire une baronnie stable, aussi bon meneur soit-il. Elle n’en pensait pas moins, cela dit.

'– Tant de faste, tant de mots et si peu d’idées… Je ne comprend pas que tu puisses aimer cela. '

Irys sourit à la remarque du dräke pudiquement caché dans sa robe. Il était vrai que l’hypocrisie cuitant était commune à beaucoup de ces repas. Et pourtant, c’était bien les seuls moments où se réunissaient les familles au complet. Tout cela avait du sens.

Un serviteur déposa de l’eau fraiche de sa cruche dans la coupe en cristal de la prêtresse. Irys se tourna vers celui-ci et le dévisagea un instant.

«– Merci. » déclara-t-elle bien plus fort que l’on pourrait s’y attendre pour un remerciement.

Le domestique lui rendit un regard un peu incrédule puis s’en fut. Satisfaite, Irys sourit à nouveau aux visages qui avaient pu se tourner vers elle. Elle leva légèrement son verre et le porta à ses lèvres pour boire à petites gorgées. Si beaucoup pouvaient oublier qui étaient ceux qui remplissaient leurs assiettes, elle n’ignorait jamais ces Souffles sans titres ni richesses…

«– Arnaut, mon cousin, vous nous honorez avec ce repas… Vous récompenserai ceux qui en sont à l’origine, n’est ce pas ? »
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MessageSujet: Re: Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys   Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys I_icon_minitimeVen 30 Déc 2016 - 1:50

Seule la discipline pouvait élever. Aaaaaah si seulement cela suffisait pour, non plus s'élever, vaincre et aller de l'avant, mais être juste, prospère et assurer ses arrières.

"Appelez-moi Arnaud." reprit l'intéressé à la mansion du Messire. Mais comme sa femme lui jetait un petit sourire à la fois encourageant et agacé, il se força à ajouter malgré son côté taciturne : "Et je souhaite que cette stabilité dure.
-Un mariage est l'occasion rêvée pour cela. Ne trouvez vous pas, votre Bienveillance?"

Le clou que venait d'enfoncer Mathilde était pour le moins... inutile. Mais cécilie sourit tout de même un peu lorsque la main parcheminée de la Haute-Prêtresse se posa sur la sienne, touchée par sa sollicitude silencieuse... Et légèrement honteuse de son état. Heureusement, aucune question n'avait fusée pour l'instant car elle s'imaginait assez mal expliquer ses beuveries déplorables de la veille... Avec un gros effort, elle parvint même à porter l'assiette à ses lèvres, boudant la cuillère pour ne pas faire de bêtise. Elle en avait connu de meilleurs...

"Bien sûre Irys. Que nous soyons à Diantra ne change en rien les habitude de notre maisonnée... Et tu connais le respect que j'ai pour mon cuisinier."

Fait effrayant pour beaucoup, y compris pour sa femme, le masque neutre du seigneur s'était craquelé pour laisser naître un minuscule sourire de connivence. Depuis le début de la soirée, à chaque fois qu'il s'adressait à sa cadette ou à sa Bienveillance, une expression bienveillante et sereine qu'on ne lui connaissait que peu s'installait furtivement sur ses traits. Lors qu'il s'adressait à Hernan également, quoi que ce fut moins prononcé. Les deux hommes s'entendaient bien et l'un comme l'autre, malgré les caprices qu'ils avaient du essuyés, étaient toujours aussi content de l'union qui venait d'avoir lieu.

Inconsciente de ce détail, Cécilie avait réussi à se faire violence pour desserrer les lèvres, choisissant la seule question qui lui avait traversé l'esprit.

"Mais, dites-moi, votre frère, Piezzare, restera-t-il une fois que vous... que nous serons sur Nelen? "
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Enrico di Montecale
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MessageSujet: Re: Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys   Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys I_icon_minitimeDim 15 Jan 2017 - 20:28

La question de Cécilie était assez étrange. Voire même un peu bête, en fait. Bien sûr que Piezarre resterait sur Nelen, c’était le frère du baron ! Enrico ne voyait vraiment pas où elle voulait en venir. Il la regarda un instant, intrigué. C’est alors qu’Hernán parla, de sa voix qui faisait penser aux ruines de Nisétis :

« Nelen est le nouveau foyer des Montecale… Bien entendu, que mon fils y résidera. Il épaulera mon aîné dans sa lourde tâche… »

Sentant qu’il allait s’étouffer, il s’arrêta de parler, et reprit sa respiration. Conscient qu’il venait de le faire devant toute la table, il se renfrogna légèrement, et attrapa sa cuillère à potage pour en boire un peu… Enrico, quant à lui, claqua sa langue contre son palais encore légèrement pâteux, et dit :

« J’ai besoin de lui pour beaucoup de choses. C’est un grand homme, et un capitaine de talent. Il me sera fort utile pour organiser la baronnie... »

La porte de la salle s’ouvrit à la volée, détournant tous les regards de leur trajectoire. La plupart étaient irrités par ce soudain dérangement, en plein dîner qui plus est ! L’homme responsable de cette intrusion était un jeune garçon, grand et élancé, essoufflé par ce qui avait dû être une marche forcée dans les escaliers interminables du palais. Il portait la livrée ducale de gueule au cheval de sable, et tenait dans sa main un vélin au sceau intact. Il essayait de reprendre son souffle pour parler, ce qui donna du temps à Enrico pour froncer les sourcils, et dire d’une voix empreinte de colère :

« Qu’est-ce que ça signifie ? »

Le garçon utilisa sa main libre pour se redresser à l’aide du chambranle, et fit quelques pas jusqu’à la table, où il déposa le vélin, fit une rapide révérence, et repartit en titubant par là où il était venu, refermant la porte avec fracas. Hernán grogna.

« Il vaut mieux pour ce jeune homme que ce soit important… »

Il toussota légèrement. Enrico roula des yeux en soupirant, avant de se saisir du parchemin et de jeter un coup d’œil à son beau-père.

« Cela vous dérange-t-il que je l’ouvre ici ? A voir la tête rougeaude de l’émissaire, je me doute qu’il s’agit ici de quelque importante nouvelle. »

Arnaud fit signe qu’il n’y avait pas de problème, avant d’ajouter qu’il faisait comme chez lui. Enrico hocha la tête, puis brisa bien vite le sceau portant l’insigne d’Amderran sous le regard interloqué d’Albano. Il déroula alors le vélin, curieux de savoir de quoi il en retournait. La réalisation ne vint pas tout de suite. Il lui fallut arriver à la moitié du parchemin pour sentir ses doigts trembler, et un immense vide envahir son être. Toute gueule de bois faisait à présent partie du passé, alors que ses yeux s’écarquillaient, et que ses lèvres pincées se décollaient lentement l’une de l’autre. Il tremblota légèrement, ce qui attira l’œil d’Hernán.

« Un problème ? »

Enrico lâcha le vélin, qui tomba dans son potage. Albano suspendit le mouvement de sa cuillère, qui resta un instant calée dans sa bouche, son regard étant rivé sur le papier souillé. Hernán fronça les sourcils.

« He bien, parle ! On dirait que tu as vu un fantôme ! »

Enrico fixait le mur derrière la tête d’Arnaud. Il n’arrivait pas à croire ce qu’il venait de lire. Non, c’était forcément un cauchemar. Un affreux cauchemar. Et il allait se réveiller, et découvrir que rien de tout cela ne s’était réellement produit. Mais lorsqu’il sentit la main de son père se poser sur son biceps, il sut que cela n’avait rien d’un mauvais rêve. Et les larmes commençaient à venir…

« J’ai… »

Albano venait de terminer sa lecture en diagonale du parchemin, et sa cuillère retomba dans son potage, envoyant quelques gouttelettes voler. Sa barbaque elle aussi venait de retomber, et Hernán sentit une grande appréhension l’envahir à la vue de ses fils se comporter ainsi. Enrico trouva finalement le courage d’annoncer ce qu’il avait lu…

« Sharas… Albano… Il est mort à Sharas… »

Hernán fixa intensément son aîné. Il avait ouvert la bouche pour murmurer, mais s’était arrêté en cours de route. A présent, c’était sa tête qui bougeait lentement de droite à gauche. Il niait. Non. Non, ce n’était pas vrai. Il n’avait rien entendu, ou son fils se jouait de lui… Son cœur battait la chamade, à un rythme qui tuerait un galérien. En près de vingt ans, il n’avait pas lâché une seule larme. Aucune, même par tristesse ou fatigue. Pourtant, alors qu’il acceptait avec horreur la vérité, une douleur atroce, et un chagrin infini remontèrent le long de sa gorge, pour se muer en un cri sourd, désespéré, transpirant la souffrance. Il plissa les yeux, sentant ses tripes se disloquer peu à peu à l’intérieur de lui…

Enrico, quant à lui, avait l’air tout simplement perdu. Coudes sur la table, les yeux rivés sur la soupière, il appuyait ses doigts contre son front en encaissant la nouvelle. Il se rappelait bien, il se rappelait de tout. Leur dernière accolade, avant qu’il ne s’en aille. Quelles furent ses dernières phrases ? Leur dernier échange ?

Je n’aurais pas pu choisir meilleur commandant…

« Je l’ai tué… »

Enrico avait toutes les peines du monde à retenir son chagrin, et à rester fort devant tous les autres convives attablés. C’est comme s’il pouvait sentir le sang couler directement de ses mains, pour envahir son front, et s’égoutter le long de ses joues et de ses sourcils. Pourquoi l’avait-il laissé à Sharas ? Pourquoi l’avait-il laissé à Tyra ?

« Je l’ai envoyé à la mort… »
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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys   Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys I_icon_minitimeSam 21 Jan 2017 - 0:45

Cécilie pensait demander par la suite si le conseil vassalique était déjà formé et les hommes de confiances du baron déjà sur place mais la question qu'elle venait de lancer ayant manqué de tuer son beau-père, elle s'était abstenu de toute réaction si ce n'est celle d'une jolie petite idiote. A présent elle était certaine que ce qu'elle avait pris pour la froideur et la colère d'un mariage non désiré ne cachait rien d'autre qu'un cœur fier et implacable comme la plus froide des nuits Wandraises.

Puis le temps se suspendit. D'abord, il s'était accroché aux lèvres d'Enrico, tendis que sa femme en épiait le souffle. Puis il avait bondit sur les cils d'Albano, ses yeux d'ordinaire si espiègles parcouraient avec dextérité un message dont le papier alourdit par l'humidité crissait faiblement. Enfin, il était tombé sous le coup de quelques mots prononcés d'une voix blanche, éclatant comme une sphère de cristal.

L'inspiration de la gorge serrée de sa mère lui fit presque mal. L'immobilité si parfait de son père qu'il n'en produisait pas un son ne fut même plus troublée par le refrain naturel de sa respiration. Plusieurs couverts lâchés ou posés précipitamment tintèrent sur la table. Un cri. Un gémissement. Le bouleversement de toute une vie.

Il était presque indécent d'assister à une telle détresse en simple spectateur... Il était bien plus difficile de sentir avec précision toutes ces émotions dans les voix, les gestes, les respirations, de réussir à ne pas se faire emporter par le choc d'une douleur qui n'était pas sienne, et malgré tout ne pouvoir que se taire sans esquisser un geste d'apaisement.

Comment des étrangers auraient-ils put faire quoi que ce soit pour adoucir une nouvelle de cet ampleur.

La seule chose que Cécilie connaissait de l'histoire lui permettait une interprétation simple sur laquelle elle n'avait que bien peu d'emprise et un rôle funeste : Sous les ordres de son père, le Baron de Nelen avait déserté le siège de Sharas pour venir épouser la femme qu'on lui destinait. Pour cette union non consentie avec une aveugle qu'il ne connaissait pas, son frère était mort.

Peu importait la réalité des conditions de sa mort, l'Homme était bien peu logique quand il s'agissait d'amour et de culpabilité...

Pour la première fois, sincèrement, elle aurait voulut serrer cet homme dans ses bras, lui procurer un réconfort, même infime... Mais même cela, elle s'en sentait incapable sans le blesser d'avantage. A cœur trop fière, la Compassion vole le visage de la Pitié.

Non loin, Mélisande se mis à sangloter à bas bruit, semblant faire des efforts remarquable pour retenir le gros de ses larmes d'enfant.
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MessageSujet: Re: Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys   Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys I_icon_minitimeMar 24 Jan 2017 - 19:21

"A la DameDieu j’ai donné ma Vie, à la Voilée ma Mort."

Une nouvelle qui frappa la petite assemblée comme le marteau frappe l’enclume avec la force du desespoir. Le visage du tout jeune baron perdit de son empourprement pour prendre des teintes graves que seul le voile de Tyra sait poser. L’ambiance pesante de la Mort pesa de tout son poids autour de la table. Le messager de la nouvelle s’en fut, sans savoir quel fardeau il venait de déposer entre les mains des Di Montecale. Il n’eut ni hurlement de douleur, ni sanglot. Justes quelques mots. « Je l’ai tué. Je l’ai envoyé à la mort… » Des mots qui ne sauraient porter plus de tristesse que les larmes d’un homme qui les avaient refoulées maintes et maintes fois en contemplant la mort. Et quand elles s’écrasèrent dans la soupe, elles apportèrent l’amertume d’un lien jamais brisé.

« La Mort est une amie que l’on passe sa vie à fuir, pour l’accueillir finalement lorsque vient la fin. » disait Etienne. Une parole à la sage poésie qui avait charmé Irys encore jeune. L’homme à la carrure d’ours qui avait partagé son cœur toute sa vie été parti 10 ans auparavant. La missive annonciatrice de sa Mort restait à jamais contre sa poitrine.

Que les mots paraissent faibles pour exprimer tout ce que la Haute-Prêtresse voudrait exprimer en compassion. Seuls ses yeux parlent pour elles, prenant leur couleur la plus terne. Elle sait bien ce qu’est de perdre un frère, un parent. Mais pour Hérnan, qua chaque jour rapproche de sa propre mort, se voir survivre pour inhumer son fils est une torture que peu comprennent. Une étreinte saisi le cœur d’Irys. Son fils cotoyait au quotidien les épées et le sang de ses frères. Il s’exposait aux mêmes risques de laisser une famille derrière le rideau de la mort. Les batailles n’ont la légitimité que des causes qu’elles défendent. Se battre avec de justes intentions est le fondement de toutes les souffrances.

Le silence pesait, plus encore que les mots. La main de la prêtresse quitta celle de Cécilie, pour la poser sur celle d’Hernan. Un geste anodin au soutien dérisoire. Ce que les discours ne savent expliquer, sa main le faisait pour elle. A Néera elle recommanda une supplique, pour cette famille à jamais balafrée.

«– Vous ne l’avez pas tué, Messire Di Montecale. Votre frère avait suffisamment confiance en vous pour faire le Choix de vous suivre. Pas plus que je n’ai pu sauver mon mari, vous n’auriez pu éviter une telle issue. Il est de votre devoir de perpétuer sa mémoire pour qu’Albano di Montecale ne reste à jamais dans nos têtes. Par notre souvenir, son Nom continuera d’exister, comme celui des Bärvelike a survécut à la mort d’Etienne.
C’était un homme au sang le plus noble qui soit. Il sera mort en héros.
»

Un sourire pour des paroles maladroites. Tout ce qu’elle pouvait donner.
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MessageSujet: Re: Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys   Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys I_icon_minitimeDim 12 Fév 2017 - 13:34

Elle se sentait mal... terriblement mal...

Elle aurait put demander à sa tante de répéter ce qu'elle venait de dire, mais la certitude qu'elle ne s'était pas trompée l'assaillait...

Elle essayait de prendre de courtes goulées d'air, tirant sur son col pourtant lâche.

Une chaleur cotonneuse lui enserrait le crâne.

Les voix, les respirations, le silence lui-même, tout semblait lointain.

Sa gorge sifflait maladroitement.

Elle tenta de se mettre sur pied, sortir de la pièce.

Elle ne parvint pas a se lever. Le monde tanguait.

Elle s'effondra contre le haut dossier de sa chaise, vaincue par l'inconscience.

"Bärvelike. Il disait que notre famille portait le nom de Bärvelike." tonnait une voix rocailleuse.

"Je l'ai envoyé à la mort." pleurait l'accent de son époux.

"Il est trop tard pour faire un autre Choix." murmurait une voix bienveillante dans le lointain.

HRP:
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Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule | Rico & Irys
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