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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 40 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Sam 22 Oct 2016 - 12:30
7ème jour de la 3ème ennéade de Favriüs, an 9 Diantra, Cathédrale de Sainte Deina
Diantra la Balafrée. Diantra la Bafouée. Un nombre inquiétant de sobriquets avaient afflué, lorsque l’éternelle Cité des Hommes était tombée en disgrâce, et avait dû affronter la folie des sang-bleus, que l’on considérait pourtant dotés d’une morale supérieure à celle des manants. Et malgré les cicatrices encore évidentes de la frénésie s’étant emparée de la ville, voici que les nobles s’amoncelaient à nouveaux aux portes, comme pour venir se faire pardonner leur erreur. Néanmoins, ce n’était pas en vue de renouer avec l’ancienne capitale que les seigneurs de la Péninsule convergeaient vers Diantra. Beaucoup étaient venus à l’élévation de la Haute-Prêtresse du culte de Néera, et à présent, d’autres venaient assister à la proclamation de l’alliance entre Beaurivages et Nelen. Le mariage entre le Baron di Montecale, et la Dame de Laval.
Il avait été décidé par les familles que tout commencerait par la cérémonie religieuse. C’était un bel après-midi d’automne, les feuilles tombant lentement et virevoltant dans le vent frais, qui annonçait la venue de l’hiver. Devant la Cathédrale de Sainte Deina, c’était un tout autre ballet qui se déroulait. Des gardes encadraient la place, repoussant les vilains qui tentaient d’apercevoir de plus près les nobles sirs du Médian, du Nord et du Sud, qui traversaient la cour pavée sur d’impressionnantes montures, ou à bord de rutilants chariots rehaussés d’or et d’argent. Sur les côtés de l’édifice religieux, les étendards des familles des mariés étaient répartis de part et d’autre, lune et gerfaut pour les Laval, homard pour les Montecale.
Et dans l’attente des invités, les familles se tenaient debout, face à tous ces grands lignages qui avaient chevauché jusqu’ici. Une ombre au tableau ; Enrico n’était pas à l'autel. Il était quelque part, à fignoler quelques détails, du moins, c’est l’excuse qu’il avait avancée. Hernán, son père, déjà amoindri par ce mal qui le rongeait depuis des ennéades, était devenu vert de rage en entendant cela. Raúl le soutenait par le bras, comme toujours. Le patriarche lui susurra alors :
« Mais qu’est-ce qu’il fout ?! »
Raúl haussa les épaules.
« Je l’ai vu entrer dans une petite salle privée de la cathédrale avec ser Marco Solomeo. Je pense qu’il devait faire resserrer sa bande de pourpre sur son plastron… »
Hernán s’humecta les lèvres, se préparant à accueillir les nobles gens, bien que ceux-ci ne le connaissent pas. Il avait toujours été intimidé par les seigneurs et les barons. Il finit par soupirer.
« J’espère qu’il sera à sa place lorsque tous entreront… Que diraient-ils, s’ils entraient au sein de la nef, et qu’ils ne voyaient point le mari attendre avec la Haute-Prêtresse devant l’autel, comme de coutume ? »
Enrico avait le regard dans le vide, sa jambe de bois posée sur une chaise rembourrée, et son coude appuyé sur le rebord d’une fenêtre donnant sur les absides. Il avait la tête dans la main. Derrière lui, Marco Solomeo attendait nerveusement, jouant avec ses doigts sur la garde de son sabre. Le baron ne savait plus quoi faire, ni à quel saint se vouer. Le voilà comme acculé, une bête aux abois serrée par des chiens excités par le forhu. Toute sa vie il avait espéré éviter ce moment. Il avait espéré être libre, et avait cru qu’avancer vers les rangs les plus élevés du Royaume l’aurait aidé à le rester. Il se rendait compte à présent que cela n’avait fait que le condamner. Il troquait les ailes du marin pour les chaînes du mari.
Quelle ironie que Néera, déesse de la Liberté, préside au mariage. Une ironie dont se gaussaient sans nul doute les hypocrites membres de ce clergé. Oui, il préférait encore blasphémer ! Que Néera lui jette un maléfice, qu’elle le délivre de cette union contre-nature… Après les prières, place aux injures.
Marco releva enfin la tête vers son seigneur. Il lui posa une main sur l’épaule, un demi-sourire aux lèvres de sa moustache tombante.
« Il est temps, votre Honneur. Les invités vont bientôt rentrer. La cérémonie va bientôt commencer. Vous ne pouvez pas faire attendre la Haute-Prêtresse ! »
Enrico soupira, posant son front contre le verre de la lucarne. Il était encore déprimé des morts survenues plus tôt dans le mois, ce qui ne l'aidait vraiment pas.
« J’ai parcouru la mer et l’océan… J’ai séduit plus de femmes qu’il n’y a d’étoiles dans le firmament, et combattu plus de brigands qu’il n’y a de poissons dans l’eau. Pourquoi devrais-je renier ma liberté d’homme aujourd’hui ? »
Le chevalier suderon se pinça les lèvres. Il réfléchit un instant, avant de dire avec un sourire contrit :
« Néera nous a donné le Choix, oui. Mais… elle nous l’a donné pour que nous nous en servions au bon moment, et en bonne intelligence. Faire le bon choix. Et aujourd’hui, vous êtes à un tournant de votre existence. Vous savez ce que vous devez faire, même si cela vous attriste. Vous avez déjà eu à prendre des décisions difficiles, monseigneur. »
Enrico regarda Marco. Ses yeux légèrement luisants s’arrêtèrent dans ceux de son épée-lige.
« T’es-tu déjà marié, mon ami ? »
Le chevalier passa le mantel cérémoniel sur les épaules de son suzerain, puis fit un léger sourire.
« Non, monseigneur. Mais beaucoup des miens l’ont déjà fait. La tête haute. »
Enrico soupira à nouveau, roulant des yeux. Il se ressaisit légèrement, resserrant sa bande de pourpre sur son armure rutilante, celle qu’il avait porté à son triomphe au retour de l’archipel. Il se dirigea vers la porte, et mit une main sur la poignée.
« Alors ce sera le cœur dans les bottes, mais la tête haute, que j’étoufferai mon indépendance. »
Il ouvrit la porte à la volée, se dirigeant à pas lourds vers le dais central, où l’autel et l’officiante, Irys d’Arosque, les attendaient de pied ferme, lui et les invités. Sous la pâle lumière de la rosace et des vitraux, ses pas résonnaient, un grave et un aigu. Une botte et un manche. La semelle et le bois. Atypique, il n’en avait pas moins le port altier, une posture noble qu’il avait travaillée des lustres durant, et, ironiquement, c’était presque comme s’il s’était préparé toute sa vie à ce jour de malheur.
Il arriva devant la Haute-Prêtresse, l’air neutre, presque résigné. Il la salua d’une profonde révérence.
« Eminence… »
Marco était parti en avant avertir Hernán que tous pouvaient à présent rentrer, car Enrico était ‘prêt’, avant de regagner sa place de garçon d’honneur, tentant encore de rassurer Enrico par quelques courtes blagues, veillant à ce qu’elles ne soient pas trop osées, étant donné qu’il était à côté de l’élue de la Damedieu…
Et finalement, le regard du baron se perdit sur le bois des portes, s’apprêtant à les voir voler en éclats, et à laisser couler à l’intérieur de la cathédrale la horde des fils des Rois, tous venus assister à l’enchaînement de deux êtres, à la fin de la liberté, pour la grandeur d’un Nom, et d’une Dynastie…
Longue vie à eux. Puissent-ils en souffrir longtemps.
Jys
Humain
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      Soupir. Les morues avaient faim, se dit tristement Jys, en levant les yeux vers le plafond de pierre. Il s’était immiscé dans Notre-Dame de Deina à la faveur de l’arrivée du gratin de Nelen-la-reconquise. Lui, le richissime propriétaire des domaines entourant Ys, s’était facilement mêlé à ces visages hâlés, natifs du Sud ou des îles, et qui discutaient à vive voix dans un babil coloré. Les belles dames de Nelen, drapées de leurs robes langecines, avaient accueilli avec entrain le bel éphèbe ; les nombreuses participations de Jys dans tout ce qui se négociait entre l’Estrévent et l’archipel ne devaient pas y être étrangères, se dit-il distraitement. Deux belles matrones des îles l’avaient assis juste entre elles, sur les bancs de Notre-Dame de Deina, où se pressaient les vassaux et les gens de la maison de Montecale ; et elles lui remuaient les côtes, à grand renfort de coudes, en critiquant les toilettes des autres femmes.
      Mais ces demoiselles nélénoises avaient vite trouvé, dans leur délicat voisin, un tout autre sujet d’intérêt. A Ys ou même à Thaar, et plus loin encore au Sud, d’où Jys était natif, les eunuques étaient chose courante, et même appréciée – mais beaucoup moins à Nelen, semblait-il. Voilà les deux commères qui comméraient, dans leur patois des îles, et elles pointaient des index moqueurs vers la culotte bouffante de Jys.
      Celui-ci soupira longuement, et détourna les yeux : c’était l’instant même où le seigneur Enrico remontait, en claudiquant, l’allée centrale de Sainte-Deina. Jys scruta d’un regard critique les habits dont l’homme, récemment créé Baron de Nelen, s’était attifé. Les Neleniens étaient plus raffinés que les péninsulaires, c’était un fait ; mais il leur manquait encore un peu de fantaisie pour atteindre l’élégance. Toutefois, cette jambe de bois donnait au mâle des mers un charme certain, s’amusa Jys dans un sourire. Sans doute l’un des rares instants de plaisir de cette cérémonie, qui pour le reste, s’annonçait aussi guindée que ringarde. Il manquait définitivement à cette noblesse terrienne le sens de la fête ; même leurs guerres étaient lassantes. Jys avait envoyé ses espions suivre pour lui la chute de Nelen, plusieurs ennéades plus tôt, et il avait trouvé dans leurs récits que le petit Pisard Montecale manquait encore un peu de panache.
      Jys, ignorant toujours les commères et leurs couinements hilares, se pencha vers le rang de devant, et dans l’oreille de la noble dame qui y était assise, il souffla quelques compliments onctueux. D’une main, il en profitait pour délester la robe de quelques perles très jolies, et il fut même déçu que ce vol par plaisir soit aussi facile. D’un œil, il regarda à nouveau Enrico, debout au loin, près de la Haute-Prêtresse. Que pouvait penser le Signore di Montecale à cet instant ? Par ce mariage, il allait s’ouvrir le lit de Cécilie ; et cette percée nuptiale devait, sans aucun doute, remodeler les routes commerciales depuis l’Est vers l’Ouest de l’Olienne.
      En soupirant, Jys se redressa dans son siège. Dans les affaires, comme dans les mariages, de toute évidence, la péninsule – et, à présent, Nelen – suintaient l’ennui. Pourtant, Jys ne désespérait pas tout à fait, en promenant un œil gourmand sur la foule assemblée en Sainte-Deina. Il y avait, dans l’aléatoire des présences, dans la juxtaposition hasardeuse des roitelets issus de toutes les provinces de l’Ouest, un je-ne-sais-quoi de pétillant qui, peut-être, exploserait – avant que l’alcool ne les endorme tous.
Maélyne de Lourmel
Ancien
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 26 ans / 983 du 10ème cycle. Taille : 1m72 Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Ven 28 Oct 2016 - 6:16
La cavale qui suivait Cécilie depuis Lourmel, cadeau de Maélyne, venait d'arriver sur le parvis de la Cathédrale, menée par la bride par le Capitaine et entourée par la présence des femmes de la famille directe et de quelques hommes d'arme qui avaient libérés le passage. Sur son dos, la silhouette de Cécilie, gainé dans sa robe de dentelle blanche et argent était aussi droite et calme qu'à l'accoutumée. L'un de ceux qui attendaient encore à l'extérieur se précipita dans les murs du bâtiment pour prévenir Arnaud, entré pour saluer son confrère autant que ses invités, de l'arrivée de sa fille.
L'honneur d'aider la jeune femme à descendre revint, chose assez inhabituel, au Capitaine lui-même. L'absence de Gaël et de son oncle était pour le moins à noter...
Une fois au sol, attendant que les rouages implacables se mettent en route, Cécilie demanda une seconde de solitude, sa mère et ses sœurs s'éloignant un peu pour la laisser respirer.
Elle ne paraissait pas fortement affectée. Sur son visage, le sourire doux et serein de son masque habituel flottait toujours. Mais ses mains... Sous ses manches interminables, ses mains se torturaient l'une l'autre. A quoi bon s'en faire pour cela? Seul quelqu'un de particulièrement proche ou la connaissant assez pour savoir quel étaient ses tics aurait pu s'en apercevoir.
La Cathédrale se remplissait à vue d’œil, tout le monde se précipitait pour prendre place et espérer en avoir une bonne. Malgré cela, Maélyne était restée à l’extérieur, déclinant toute invitation à se rendre à l’intérieur. Son but était simple : attendre sa cousine pour s’assurer qu’elle se porte bien. La Dame ne dut pas attendre bien longtemps vu que la concernée venait d’arriver. Elle échangea quelques mots avec Mathilde puis celle-ci se dirigea en direction de Maélyne.
Une nouvelle fois, elle déclina l’invitation de sa tante et de ses petites cousines pour ensuite porter le regard sur Cécilie. Il y avait quelque chose de… bizarre. Son visage était serein, sans doute un peu trop à son goût. Puis son regard se porta sur ses mains et un soupire s’échappa de ses lippes. A grandes enjambées, Maélyne réduisit la distance se trouvant entre elle et la mariée.
« Cécilie ? » Dit-elle d’une voix douce en prenant l’une de ses mains dans la sienne, faisant toute fois attention à ne rien abimer de sa robe.
« Tu es magnifique… »
Alors qu'elle se perdait toujours plus profondément dans des pensées complexes, la future mariée sursauta presque à l'appel de son nom. Mais l'identité de la personne qui se cachait derrière cette voix a fi sourire de façon un peu plus franche.
"C'est ce qu'on attend de moi en ce jour grandiose il me semble, mais je suis obligée de te croire sur parole."
A travers les manches finement travaillées, elle serra les mains de sa cousine... Un peu plus fort qu'elle n'aurait dû... Beaucoup plus fort peut-être...
"Je suis heureuse que tu sois là, Maélyne. Vraiment. Merci."
« Cécilie… » Maélyne hésita un instant. « Je t’aime. N’en doute pas… et… Sache que tu auras toujours une place à Lourmel… quoi qu’il se passe et quoi que tu fasses. »
Ses paroles n’étaient pas anodines. S’il y avait bien une personne qui rebutait le mariage forcé c’était bien Maélyne pour l’avoir elle-même connue à ses 18 ans seulement. Autant son mariage avec Guillaume était une décision personnelle autant ce n’était pas le cas de Cécilie. Alors quoi qu’elle fasse ou décide, Maélyne voulait s’assurer qu’elle sache qu’elle l’accueillerait.
"Merci." Les mains de Cécilie se firent moins pressantes. "Mais ça va aller... C'est... C'est..." Elle avait décidément beaucoup de mal à le dire. "C'est ce que j'ai choisi, pour l'instant." Et elle le pensait. La discussion avec Irys lui avait au moins fait comprendre cela... Elle allait lui lâcher la main lorsqu'un léger sursaut l'arrêta.
"Est-ce que tu peux faire quelque chose pour moi? Il n'y a qu'à toi que je peux demander une chose pareille..."
Maélyne n’était pas totalement convaincue par ses paroles mais plus par le message que renvoyait son corps. Ses mains plus détendues ainsi qu’une respiration semblait plus calme. Puis, Cécilie lui lâcha la main.
« Oui ? Dis-moi ? Dis-moi tout Cécilie. »
"Si tu croises Jidanor dit... "Cécilie !" La voix d'Arnaud claqua comme un fouet dans l'air... mais un fouet inhabituellement enjoué. Son visage impassible, et son maintien impeccable étaient plus nobles que jamais. " Maélyne, votre tante vous a gardé une place au premier rang" Alors qu'il était encore près de la porte, approchant à pas lents de sa fille, ses mots tombèrent comme un couperet. "Il est temps."
Cécilie hocha la tête, ajoutant tout bas avant que son père ne soit trop proche.
"Dit lui que la DameDieu saura à qui mes mots sont adressés."
Maélyne regardait encore sa cousine, puis lui reprit la main et lui offrit une légère pression. Aucun mot n’était sorti de sa bouche en compagnie du père de la mariée mais avec ce geste, Cécilie saura qu’elle venait d’accepter sa demande. La Dame laissa ensuite sa cousine en compagnie de celui qui l’accompagnera jusqu’au l’autel pour se diriger vers sa place auprès de sa tante, au premier rang. Elle lança un rapide coup d’œil sur le marié puis baissa la tête tout en affichant un léger sourire forcé. Et dire que d’ici quelques ennéades, ce serait à son tour de renoncer officiellement à l’homme qu’elle aimait en prononçant des vœux destinés à un autre.
Jérôme de Clairssac
Humain
Nombre de messages : 1159 Âge : 47 Date d'inscription : 10/01/2012
Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Ven 28 Oct 2016 - 10:10
Déjà présent pour l'élévation de la Haute Prêtresse, Jérôme était bien entendu présent pour le mariage de Cécilie. Il aimait vraiment beaucoup cette femme qui lui avait tant apporté, que ce soit en conseil ou en relaxation avec sa musique divine. S'étant entretenu avec elle, il avait compris les allusions implicite sur le fait que ce mariage était arrangé et pas forcément à son gout. Mais elle n'avait pas osé se rebeller contre sa famille, encore moins alors que cela faisait bien longtemps que son paternel cherchait à marier sa fille à un bon parti depuis fort longtemps. Pour le Baron de Nelen, Jérôme n'avait que peu d'informations sur lui. Tout son réseau d'espionnage avait été fortement mobilisé durant la dernière guerre et surtout au nord et au centre. Il savait que c'était un grand marin et qu'il avait remporté de belles victoires, ce qui lui avait justement donné son titre de Baron.
Jérôme était accompagné d'Aline, de sa soeur Mathilde et de son frère Guillaume. Il y avait également des nobles de leur suite mais ceux-ci n'étaient pas invité pour la suite. Le Baron d'Etherna portait une une chemise en soie fine de couleur rouge et d'un pantalon marron chocolat avec une longue ceinture de cuir. Il tenait fermement la main d'Aline qui avait peur de refaire une crise comme lors de la cérémonie de l'élévation d'Irys. Heureusement, même s'il y avait du monde, il y en avait tout de même moins.
A regarder le marié, il avait plutôt une mine de déterré, il ne débordait pas de la joie qu'un tel évènement devait procurer. Alors bon certes, c'était un mariage d’intérêt et pas d'amour, ce qui était des plus courants, voir presque exclusif dans la noblesse. La cathédrale s'était bien remplie et l'on attendait maintenant l'arrivée de la mariée, le joyau de l'évènement, n'en déplaise au mari.
Méliane de Lancrais
Humain
Nombre de messages : 193 Âge : 39 Date d'inscription : 14/04/2014
Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Ven 28 Oct 2016 - 10:55
Linaelle de Lancrais
La jeune Linaelle de Lancrais, du haut de ses 12 ans, se tenait bien droite sur son siège. Elle était entourée de deux dames de compagnie et flanquée également d'une bonne escorte, mais cette dernière était restée en dehors de l'édifice religieux. La damoiselle était vêtue d'une robe, aux soieries délicates, d'un bleu très sombre. Il aurait été mal venue d’être toute vêtue de noir a un mariage, mais elle n'en oubliait pourtant pas le respect du au deuil qu'elle portait, celui de son beau père. A cette pensée ses yeux se firent tristes, il n'avait été le mari de sa mère que pendant une année, malgré tout de par sa nature amicale et joyeuse, il s'était vite octroyé l'affection de la jeune fille. Aujourd'hui elle regrettait sincèrement son absence et plus que tout elle constatait douloureusement et de façon impuissante le chagrin que cela causait a sa mère. C'est d'ailleurs auprès d'elle qu'elle eut préférée etre, néanmoins elle n'était pas peu fière de représentait la duchesse en cet événement ou elle meme n'aurait sue paraître au vue des circonstances.
Laissant son regard glissait sur l'assemblée, Linaelle avisa du nombre de gens important en les lieux. Visiblement beaucoup avaient tenus a se presser au mariage du baron de Nelen et de sa future promise, une de Laval. Un mariage de convenance a ce qu'il se murmurait et bien que la damoiselle n'en soit pas encore a se poser des questions sur ce genre de considérations, la tête du futur époux parlait d'elle même. Mais qui pourrait lui en vouloir ? Comme il était étrange a une jeune dame telle qu'elle, qu'un homme sitôt rentré de ses obligations, enterrant son suzerain et ami sur le retour, doive être ainsi presser a se marier. En ces circonstances ne serait ce pas un peu trop demander que le voir sourire ? Non, la fille de la duchesse ne partageait que trop bien son manque d’allégresse. Elle même avait la mine dénudée d'émotions, s’efforçant simplement de représentait sa mère au mieux.
Pour tromper l’ennuie elle observa minutieusement, mais avec discrétions, les tenues de chacun, repérant sans mal les robes portant la coupe d'un des grands tisserand du Langecin. Quand il fut au tour d'Enrico d’être passé a l'examen, elle ne remarqua qu'une chose. Une chose qui a ses yeux éclipsa tout le reste, le brassard noir qu'il portait au bras. Un signe de respect envers son regretté duc et ami. Un détail que la damoiselle ne manquerait pas de relater a sa mère, elle savait qu'elle serait touchée par le geste, elle même n'y étant pas indifférente. Les minutes s'allongeaient et il ne subsistait toujours nulles traces de la promise du baron. Linaelle soupira lourdement, s'attirant l'attention de ses dames de compagnie. Il ne manquerait plus qu'elles se décident a lui faire la conversation, l'assommant des derniers commérages pour que cette attente en devienne plus pénible encore .. Ah il n'était pas toujours simple qu’être fille de duchesse. Elle releva la tête, secouant légèrement ses boucles brunes, puis soupira une fois de plus, suppliant la DameDieu pour que la future épousée fasse bientôt son apparition.
Cécilie de Missède
Humain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 21 ans - 1m59 Taille : 1m59 Niveau Magique : Arcaniste.
Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Sam 29 Oct 2016 - 13:16
Rose se leva comme, avant l'aube, comme chaque matin. Après un rapide brin de toilette à la lueur de la bougie qui trônait sur sa table de nuit et un détour par les cuisines pour trouver quelque chose à se mettre rapidement sous la dent et mettre de l'eau à bouillir, elle aurait put continuer à suivre ses petites habitudes et griffonner sur le carnet grossièrement relié qui restait toujours bien caché dans les pans de sa robe. Mais voilà, ce matin là n'était pas franchement un matin comme les autres et elle n'avait pas la moindre goûte d'inspiration. C'est donc un peu plus tôt que d'habitude qu'elle finit par se décider à passer la porte des appartements de la femme sur laquelle elle passait sa vie à veiller, malgré tous les problèmes qu'elle pouvait leur attiré à toutes les deux.
Dans la pièce aux volets fermés, plongée dans l'obscurité, la petite flamme que portait la servante lançait d'immenses ombres, rendant le déplacement difficile quand on tenait à ses pieds. D'autant plus lorsqu'il fallait être assez discrète pour ne pas réveiller une personne à deux pas de là. Elle n'avait pas avancé de plus de quelques pas vers la fenêtre qu'une voix lui parvint du lit aux rideaux tirés.
"Tu peux faire du bruit, ça ne me gêne pas. -Tu ne dors pas? -Plus depuis quelques heures."
Le ton de la jeune femme était d'un calme divin... Ce n'était pas normal... Pas en ce jour... Mais bien qu'un certain trouble pointa le nez dans le cœur de Rose, elle le chassa d'un mouvement de tête pour se mettre au travail.
La veille, Cécilie avait déjà eu le droit aux cataplasmes de chaux et d'orpiment ainsi qu'aux cheveux couverts d’huile de noix, de pâte de miel et essence de violette enroulés dans un drap... Quelle bonne nuit elle avait passée. C'était très loin d'être fini car aujourd'hui, elle devrait être la plus belle marchandise que sa famille pouvait offrir. A peine les volets avaient-ils été ouverts, que ses dents étaient déjà frottées avec un mélange de sel et de corail offert par sa tante puis avec une feuille de frêne. Puis elle fut condamnée à mâcher des graines de cardamome et une feuille de menthe pour tout petit déjeuner. Ses cheveux furent soigneusement lavés à l'eau froide, séchés, puis peignés avec de la poudre de racine d'iris. Rien que cela avait pris un temps infini étant donné leur longueur. Et pendant toute la durée de l'exercice, sa peau avant mijotée dans de l'eau à la limite de l’ébullition contenant un mélange d'huile de rose et de lys. Avant le rinçage, il fallait encore s'occuper de ses ongles, de ses sourcils, de la ligne de sa chevelure, des cales au bout de ses doigts fins... Si à ce moment là, Cécilie haïssait déjà le contact de la pierre ponce, ce n'était rien comparé à ce qui allait suivre... Après tout, elle se devait d'être douce et pure comme à l'aube de ses quinze ans pour son mari. C'est donc avec le plus grand flegme du monde (ou pas) qu'elle laissa Rose passer entièrement son corps attendrit par l'eau chaude à l'abrasion de cette maudite pierre. Du haut du front à la plante des pieds... Avant de se replonger quelques minutes dans l'eau brulante... puis de se faire jeter un baquet d'eau froide sur les épaules puis le ventre. "ça affermi la peau." Disait-elle! Mais ce n'était pas bien grave après tout. Ce n'était qu'une petite toilette.
Brossée, peignée, polie, pincée, massée, huilée, lavée, on la badigeonna sans pitié d'eau de rose pour que le contacte de l'huile disparaisse tout a fait, ajoutant quelques goûtes de myrte sous ses aisselles et une goutte de parfum de violette et de muscade derrière chaque oreille.
Lorsqu'enfin, Rose prit un instant pour regarder son œuvre dans toute sa nudité, elle devait bien avouer être plutôt satisfaite du résultat. Si avec ces formes rebondies et cette peau diaphane, tonique, douce et parfumée, ce monsieur n'était pas comblé, ce n'était plus de son ressort ! On devinait même quelques veines bleues à la naissance de ses poignets et sur sa clavicule. Magnifique.
Mais enfin assez rêvasser! Elle avait encore fort à faire et si peu de temps!
C'est dans un silence assez inhabituel que Mathilde avait fini de prendre son infime repas du matin. Deux cuillère de compote avec de l'avoine en réalité. Avec les événements des derniers jours et ce qui se déroulerait aujourd'hui, elle n'arrivait pas à avaler quoi que ce soit. Sa fille aînée allait se marier... Rien qu'à l'idée, elle en avait les larmes aux yeux.
Une servante vint l'aider à enfiler la tenue à la pure mode rivegeoise qu'elle avait prévue pour l'occasion. Pas de corset. Une sous robe blanche très simple et une sur-cote orange lassée sur le devant, au col décoré et aux manche interminables. Il fallait encore ajouter à cela une heure de coiffure entrecoupée de crise de larme. Enfin elle était prête... présentable au moins... Juste assez pour s'occuper de ses deux plus jeunes filles.
Toute la famille s'était apprêtée pour se montrer sous son meilleur jour. Il fallait être parfait pour leur belle famille, pour le lieu de légende qu'ils allaient occuper un bref instant, pour celle qui allait présider à cette union... Et pour le gratin qui ne manquerait pas de se présenter. C'était un événement si heureux au milieu de tous les malheurs qu'ils avaient à affronté que Mathilde était toute retournée. Le retournement de la veille avait finie de la mettre sur son petit nuage. Les horreurs qu'avaient proférés sa fille n'étaient que les mensonge d'une enfant terrorisée. La prêtresse le leur avait certifié. Alors tout se passerait pou le mieux, elle en était certaine à présent ! Sa légèreté semblait virevolter dans l’atmosphère au rythme de sa robes de mi-saison. Et quoi qu'il n'en dise rien, la Dame de Beaurivages n'avait jamais vu son cher mari se tenir aussi droit... Et pourtant il était connu pour son maintient guindé. Il était fier, à n'en pas douté. Fier et tendu.
« Partez devant. » Lui offrit-elle d'un sourire auquel il répondit par un froncement de sourcils. « Il faut bien quelqu'un pour accueillir nos hôtes. Nous ne seront pas en retard. »
L'homme la regarda un instant avant de hocher la tête et de couvrir la main qu'elle avait posé sur son bras.
« Très bien. Ne tardez pas. -Je vous le promet. »
C'était avec un soin presque religieux que Rose s'était emparer de chaque composant de la tenue que son amie porterait ce jour. Sur la peau nue de la musicienne, la cote en dentelle langecine qui l'enserrait du menton à la taille pour dégringoler en suite plus librement jusqu'à ses chevilles était une sensation étrange. Un grillage léger qui glissait comme une seconde peau sur son cou, son corps et enfermait ses bras pour mourir sur ses poignets avec l'exactitude que lui avait donné le talent de la couturière. Les gestes assurés de Rose eurent tôt fait d'ajouter un premier jupon du même blanc que la dentelle puis une robe aux interminables manches de brocart. Le col chargé qui retombait lourdement sur sa gorge aurait pu être plongeant sans la dentelle qui la couvrait. Quelques minutes supplémentaires et les accessoires étaient ajustés, le lacet serré, les chaussures fermées. Ne restait plus que trouver quel coiffure elle allait pouvoir faire avec la crinière qui glissait jusqu'aux mollets de son mannequin du jour.
Lorsqu'elle entra dans la chambre, Mathilde resta interdite sur le seuil, sa fille se retournant légèrement pour tendre l'oreille en sa direction...
"Cécilie..."
Mise à part sa chevelure aux reflets fauves, la Dame de Lourmel venait de tomber nez à nez avec Victoire... Elle s’apercevait pour la première fois que sa fille et sa sœur se ressemblaient physiquement comme deux gouttes d'eau. Mais tant d'années s'étaient passées...
Rose fixait quelques perles dans les tresses complexes qu'elle venait visiblement de finir. En voyant le signe de tête que sa dame lui destina, elle s'inclina et quitta la chambre sans un mot. La porte s'était refermée avec un léger claquement lorsque Mathilde put enfin faire face à sa descendante.
"Tu es magnifique..." dit elle en replaçant une mèche quelque peu rebelle avant d'aviser la guimpe de mousseline presque transparente qui trônait encore sur le lit non loin. Dernier élément qui n'avait pas encore été mis en place visiblement.
La noble dame s'en empara pour commencer à l'ajuster sur le col et les tempes de sa fille qui n'avait toujours pas desserrer les dents. Elle l'attachait sur la droite lorsqu'elle distingua un ruban sombre sous la dentelle blanche qui courait sur le coup de sa fille. Un tissus bleu nuit. Elle eut un triste sourire avant que ses mains se remettent en mouvement.
« Ne pense pas au malheur aujourd'hui. C'est un jour de joie. Comment te sens-tu ? -N'ayez crainte, mère. Je vais aussi bien qu'il est possible d'aller je suppose... »
Le sourire de Mathilde se fit un peu plus franc. Évidement que sa fille ne pouvait pas être légère comme elle l'était. Le silence menaçant de s'installer de nouveau, elle repris.
« Je me souviens de mon mariage avec ton père, j'étais terrifiée. Je ne l'avais jamais rencontré non plus. -Mais au moins on ne le suspectait pas d'être volage... -Tu serais surprise de ce qu'on disait de ton père dans sa jeunesse... Et il me semble que toi plus que toute autre ne devrais pas prêter foi à ce genres de rumeurs. »
Et voilà, la guimpe translucide était en place. La dame de Beaurivages leva le menton de sa fille du bout de l'index.
« Tien toi droite. Les yeux baissés. Tu verras ça ira. Le mariage est le début d'une aventure qui ne fini jamais. Tu vas construire quelque chose de bien plus fort que ce que tu peux imaginer. Je sais que tes chansons et tes livres sont emplis de grands sentiments mais le mariage forge quelque chose de bien plus fort qu'une vulgaire passion. Tu vas découvrir certaines choses magnifiques de la vie. Fonder une famille. N'ai pas peur. Je sais que tu feras une bonne épouse et une bonne mère. » Elle étreignit sa fille un instant avant de finir « Il est temps d'y aller. »
Juste avant de rejoindre ses sœurs, Cécilie l'entendit encore lui glisser une dernière chose.
« Je suis fière de toi... Profite de cette journée. Tu ne seras jamais plus belle qu'aujourd'hui. »
Au bras de son père, Cécilie n'avait pas desserré les dents, même pour le saluer. Il fallait déjà suffisamment d'attention pour marcher la tête droite et maintenir le masque de douceur sereine qui ne devait surtout pas lui faire défaut. Depuis le matin, elle tentait de se persuader qu'elle vivait la vie d'une autre... Ou qu'elle était un objet, un trophée, une marchandise. C'était tellement plus simple d'accueillir les conseils, les remarques et les compliments si elle et son futur n'en étaient pas l'objet.
L’acoustique si particulière de la Cathédrale s'était refermée sur elle avec plus de douceur qu'elle ne l'aurait pensé. Elle aimait ce lieu. Même encore aujourd'hui. C'était comme sentir le regard de Néera. Savoir que la DameDieu percevait ce qui était réellement.
Mais cela ne l'empêchait pas de devoir faire ce grand saut entièrement seule.
Le léger manteau qui couvrait ses épaules semblait peser une tonne... Tout en étant particulièrement rassurant. Elle avait l'impression qu'il glissait peu à peu mais préféra ignorer ce détail.
La longueur de cette allée semblait interminable.
Puis son père déposa sa main sur le bras de quelqu'un. Elle frémit, sachant que devant-elle se tenait Irys et à son côté cet homme auquel elle était sur le point de se lier. La tradition ne demandait pas un tel contact mais son père avait sûrement juger qu'il serait moins difficile pour elle de suivre les instructions avec une aide discrète. L’intention était sûrement louable, mais ce premier contact était tout a fait froid... littéralement. Les doigts de la jeune femme avaient rencontré une pièce d'armure.
Elle inspira longuement, la tête haute, faisant face à ce qu'elle supposait être sa tante. Elle avait hâte que tout cela soit fini...
Enfin autant qu'un mariage puisse être fini...
Azénor d'Anoszia
Humain
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Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Mer 9 Nov 2016 - 11:08
Le chemin avait été long jusque Diantra. Long et surtout méconnu, inédit même. C'est que, de toute son existence, jamais Ariane n'avait été amenée à quitter cet aimable couvoir que l'on nomme Soltariel, la placidité du Palais Ducal et de ses activités faussement foisonnante. Enfin, depuis quelques temps il était vrai que cette définition était clairement à revoir, et non à tempérer plus encore. Les têtes tombaient tandis que d'autres poussaient aussitôt, en la capitale du Duché, tel une hydre de pouvoir que nul ne pouvait arrêter. Après la déchéance de la Princesse d'Estrevent, tout c'était précipité comme un château de cartes, pour faire choir d'autres ambitieux aux desseins trop gourmands. Et voilà que la jeune femme accompagnait désormais la nouvelle figure de ce Soltaar indécis, en visite en l'ancienne Cité Royale pour d'heureuses augures et d'autres … moins réjouissantes, selon le point de vue. Oh, il avait été plus qu'aisé pour une demoiselle de la cour d'intégrer la suite rapprochée de la Berontii, de se faire passer pour dame de compagnie et ainsi prendre part au fanfaronnant périple. C'était le genre d'occasions qui valait la peine de prendre des risques, oser se mettre en danger et ne pas agir selon les règles. Malgré les années passées, un silence de mort doublé d'un éloignement certain, la belle n'avait pu rester de marbre en entendant l'annonce au détour d'une conversation. Son sang n'avait fait qu'un tour, les images vivaces de souvenirs enfouis s'éveillant aussitôt. Dix années s'étaient écoulées, et la plaie n'était aucunement refermée.
Ariane Matarrese avait pris place en plein milieu de l'assemblée. Point forcément discrète, c'est que son rang ne lui donnait guère plus de place pour s'affirmer. Qu'importait. Elle était là, en Notre Dame de Deina, où se déroulerait la cérémonie à laquelle elle désirait tant assister. Son fort intérieur lui hurlait qu'elle aurait du être la Reine de ce sacrement, mais le facétieux destin en avait décidé autrement. Si la représentante de la Damedieu captait l'attention de la patiente audience, la Suderonne scrutait parmi les importants nobles présents le moindre signe qui annoncerait le début des hostilités. Des claquements sourds forcèrent les têtes à se retourner vers l'entrée principale de l'édifice, alors qu'un homme de belle taille - affublé d'une gabardine aux familières armoiries de sinople écartelées aux effigies marines- - remontait l'allée centrale d'un pas assuré et prestant au regard de sa condition. Les yeux de la ménesse s’écarquillèrent. C'était bien lui, mais pas tel qu'elle l'avait imaginé, du moins, sans cette jambe de bois. Alors qu'il faisait face à la foule pendue à ses lèvres, elle évita son regard. La promise pénétra à son tour dans la nef, dans le silence contemplatif qu'Ariane se forçait à ne point brusquer des maux qui l'envahissaient. Elle se rappelait encore avec exactitude, les mots que le jeune Montecale lui avait murmuré à l'oreille, comme une promesse d'éternité à laquelle elle s'était entièrement vouée. « Tu seras ma femme, Ariane. Où que la vie nous mène, je la partagerai avec toi.. Quelques larmes perlèrent sur ses joues tremblotantes, autant d'infinie tristesse que de rage.
Tibéria de Soltariel
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Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Jeu 10 Nov 2016 - 22:28
Mariage… Ce mot faisait peur à Tibéria et avec raison. Elle avait quitté Soltariel pour Diantra en essayant de ne pas trop y penser, mais il était difficile de faire autrement alors qu’elle était dans la capitale pour faire briser l’engagement qui la gardait toujours lié à Arichis d’Anoszia en plus d’assister à l’union d’Enrico di Montecale et de Cécilie de Laval. Si elle connaissait le marié, Tibéria devait admettre qu’elle ne connaissait pas du tout sa jeune promise. Elle s’était un peu informé, mais avait obtenu bien peu de détails sur la jeune femme hormis qu’elle soit aveugle. Tibéria doutait fortement que ce détail soit d’une importance capitale, mais au moins elle le savait. Du coup, ça compliqua un peu les choses lorsque vint le temps de trouver les cadeaux pour les mariés. Elle avait pensé à offrir à la jeune femme quelques ouvrages littéraires venant de Soltariel, mais si elle ne pouvait pas les lire… Tibéria prit quand même le risque d’en glisser deux avec les habituelles bijoux et robes qui représentaient des valeurs sures. Par expérience, elle savait que la jeune femme en recevrait tant qu’elle ne saurait plus quoi en faire. La duchesse aurait aimé pouvoir se démarquer du lot, mais quand venait le temps d’offrir des cadeaux, c’était toujours un casse-tête. Pour Enrico, Tibéria n’avait aucune difficulté à lui trouver un cadeau. Elle avait fait réunir quelques grands crus spécialement pour lui en plus d’une épée afin de lui offrir quelque chose qui allait durer dans le temps.
Pour l’instant, l’heure n’était pas encore à la remise des cadeaux. La cérémonie allait commencer d’un instant à l’autre. Il y avait de la fébrilité dans l’air. Les gens adoraient les mariages, c’était évident. C’était l’occasion de se réunir pour festoyer. Tibéria aussi aimait ça, mais dans d’autres circonstances. Elle devait se réjouir du bonheur des autres, car tous les mariages ne sont pas tragiques. Évidemment, dans la noblesse on épouse rarement l’élu de notre cœur, mais ça ne signifiait pas pour autant que c’était incompatible avec le bonheur. Une sincère affection peut se développer entre les époux à condition que chacun y mette du sien. Elle pensa à Celini et Tibéria ne se sentait pas vraiment disposer à y mettre du siens justement. Son regard s’assombrit et elle chassa l’inopportun de ses pensées. Le problème c’est qu’elle était incapable de lui faire confiance. Elle jugeait sur les apparences et Celini avait toutes les apparences de quelqu’un qui venait de sauter sur le morceau de viande à prendre. Il disait agir pour Soltariel, mais à moins de savoir lire dans les esprits, rien ne le prouvait vraiment. Bon sang, elle devait vraiment arrêter de se morfondre pour profiter de la cérémonie. Le baron était époustouflant tout comme sa promise s’avançant vers l’estrade. Cette vision acheva de la rendre nostalgique. Elle n’était clairement pas sortie de l’auberge, la pauvre. Tibéria se cola un sourire de circonstance et assista silencieusement à la cérémonie.
Jindanor Numanor
Humain
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Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Ven 11 Nov 2016 - 21:49
Tous avaient entendu parlé de ce mariage... Tous avaient voulus apercevoir les mariés, leurs beaux vêtements, leur élégance...
Il en était dégoûté, depuis qu'ils étaient arrivés dans cette foutue bourgade, il n'avait pas pu quitter une auberge un seul instant, il se noyait les pensées dans un alcool qui le rendait brumeux, dans un brouhaha permanent qui lui permettait de s'évader de ce qu'il entendait depuis des heures lui semblait-il. Ces cloches, qui n'avait pourtant pas ressentis, mais ces cloches, elles lui vrillaient le crâne, lui vrillaient les tympans comme milles hurlements perçants. Alors il demandait allégrement aux troubadours de chanter avec plus d'entrain, il poussait sa voix à s'en briser les cordes vocales, il poussait ses compagnons de boissons à rire et chanter, gueuler, ou même cracher leur venins sur quelques chiens assis à une autre table.
Etait-ce la même auberge ? Ou avait-il été expulsé de la précédente ? Il ne savait plus, ses mémoires embrumées ne lui rappelait que ses coups de colères, et son débit de boisson. Combien de bouteilles avait-il vidé ? Il quitta difficilement le bar, titubant lourdement en arrière avant de se rattraper à celui-ci, il était misérable, rien d'un chevalier, rien de ce qu'il aurait dû être. Une loque : voilà ce qu'il était, oui, une Loque, avec un grand L...
Il posa son regard sur l'aubergiste devant lui, baragouinant quelque chose à propos d'une chambre pour passer la nuit. Le vieil homme devant lui eu bien du mal à accepter, mais devant l'état du bougre et les demandes de sa conscience, il opta pour le laisser crécher ici. Personne ne voudrait d'un cadavre dans les rues pour le mariage de Demain, ça foutrait simplement une pagaille supplémentaire, et puis de ce qu'il avait su tirer, ce gaillard faisait partis de la garde d'un des deux futurs époux... Duquel ? Aucune foutre idée.
Alors il fit accompagner le mastodonte à l'étage, par son jeune fils, qui galéra plus que lorsqu'il transportait les sacs de lentilles jusqu'à l'Auberge, pauvre gosse, d'voir se coltiner un boeuf saoul comme trente hommes...
Le jeune homme ne devait pas dépasser les quinze années, mais Jindanor ne s'en rappellera pas, comme il ne se souviendrait pas des quatre autres Aubergiste, de la demoiselle envers qui il avait laissé quelques paroles des plus grivoises glisser après l'équivalent d''un quinquénat d'bouteilles de vins déversées dans son gosier... Comme il ne se rappellera pas de ces trois gaillards qu'il avait passé à tabac, tous aussi saoul que lui, de cette coupure qu'il s'était fait sur l'arcade par le biais d'un pavé qui l'avait cueillis lors de son assaut. Il ne se rappellerait sans doute pas qu'il avait craché milles malédiction auprès d'un homme dont il avait su taire le nom. Il ne se rappellerait pas non plus de l'allure misérable et déplorable qu'il aura traîné toute la nuit, mais son corps lui s'en souviendrait, et alors qu'un voile définitivement noire s'abattait sur ses yeux, l'homme s'écroula sur une couche duveteuse, légère, un sommeil de plomb s'empara de lui.
Il était allongé sur un sol dur et glacial, ses membres ne voulaient pas répondre, incapable de bouger, il avait l'impression d'étouffer, de lentement s'enfoncer dans une mélasse noirâtre, gluante et pâteuse.. Qui l'étouffait d'autant plus, voulait s'infiltrer dans chacun des pores de sa peau, noyait son être d'une douleur infinie... Il ne pouvait pourtant pas hurler alors qu'il supportait milles ans de souffrance, il ne pouvait pas bouger un pouce alors qu'il percevait au loin , devant ou au dessus de lui, une silhouette féminine aux cheveux si communs, à la taille d'une puce. Il hurlait alors que la lumière qu'elle dégageait s'effaçait de plus en plus, ses yeux s'embûant de larmes alors qu'il la voyait glisser son bras dans celui d'un autre, car cette silouhette masculine n'était pas la sienne, loin de là, ce chien l'emmenait loin d'elle, toujours plus loin, le laissant replonger dans une nuit noire et fallacieuse... Il voulait hurler, hurler.
Il ouvrit les yeux sur un monde brûlant, lourd, l'air lui écrasait les poumons, une chaleur désagréable l'enlaçait contre son grès, des draps manquaient de l'étrangler, tordus comme il était dans ceux-ci, incapable de se mouvoir, et un mal de crâne lui frappait les tempes à de multiples reprises...
Il ne put s'extirper de ces draps, paralysé. Et c'était certainement mieux ainsi, il n'irait pas, ne la verrait pas, ne les verrait pas... Il se morfondrait seul, avalerait ce gruau amère, et irait passer ses nerfs sur une bande de salopards qui traîneraient leurs savates dans le coin... Ou alors il irait... Il ne savait pas. Il ne savait plus.
Irys d'Arosque
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Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Sam 12 Nov 2016 - 17:41
" Deux Souffles, une seule Vie "
Le parchemin et la plume restés posés devant elle, Irys réfléchissait, un bras accoudé à l’ébène bureau, caressant distraitement la peau écailleuse si familière du dräke. Ses sourcils froncés obscurcissaient ses prunelles bleues que le temps avait terni. Sous son jour le moins avantageux elle se présentait dans son intimité, ici dans la pièce où nul regard indiscret ne pouvait la surprendre.
'– Tu te tortures pour rien. '
Le sage petit reptile se rappelait à elle. A lui elle ne pouvait rien cacher, à elle il ne lui cachait rien.
‘– Tu sais bien que non. Quand ce rien implique la vie d’une enfant, il n’est rien qui ne doivent être tenté. – On ne change pas le passé. '
Irys soupira. Elle repoussa l’encrier qui trônait sur le bois et s’adossa sur son fauteuil.
‘– Que pense-tu de ce mariage ? – Comme il y en a eu tant d’autres, comme il y en aura tant d’autres. ’
Nouveau soupir.
Les fils d’argent et d’or avaient remplacé les grossières coutures de sa robe. Les cheveux noués en tresse le long de son cou et les pommettes rehaussées par un sourire qu’elle voulait sincère, la Haute-Prêtresse déposa la tiare dans un geste solennel sur sa tête. Avec un flegme infaillible elle ouvrit la marche, parcourant de ses pas légers la nef de la cathédrale. Sainte Deina la toisait, du haut de son piédestal, et elle lui rendit son regard figé dans la pierre. Un regard bienveillant, sur chaque visiteur et prieur de la DameDieu. Ses mains esquissèrent le signe de l’Aile tandis que les premiers arrivants l’imitaient. En fin de cortège, le futur époux, dont la jambe de bois soulevaient les regards les plus incrédule dans l’assemblée déjà en place.
Les plus preux s’agenouillaient devant la grande idole, qui dévisageait de son sourire éternel leur faciès admiratifs. Qu’ils furent de grandes-maisons ou d’ascendance plus modeste, chacun ployait le genou devant la figure de la Cité des Rois. Jusqu’à Celui-ci, Irys ne cilla pas, fixant la rosace qui déversait sur le pavé les milles couleurs arborescentes de l’été. L’homme devant elle était grand et imposant. Et malgré qu’il se fût abaissé dans une révérence profonde, il gardait une certaine stature qui n’avait rien à envier aux chevaliers gardant l’entrée. Enrico di Montecale se releva et son regard affronta les iris de la Haute-Prêtresse. Le baron avait pour lui toute la droiture et l’esprit que l’on pouvait souhaiter pour un époux. L’avenir dirait si il en serait un bon.
«– Votre Honneur. salua-t-elle en lui désignant la place approprié à lui et le garçon d’honneur. »
Les battants de bois déversaient un flot de têtes vaguement familières ou totalement inconnues. Les couleurs de cent armoiries brillaient sur les plastrons et les manteaux, tandis que l’on hissait le Homard Di Montecale et la Lune et le Gerfaut de Laval au balcon.
La future mariée apparut enfin, aux bras d’Arnaut de Laval. Un manteau aux armes familiales, le regard voilé résolument tourné vers l’avenir. Le Seigneur posa le bras de sa fille sur celui de son gendre et se retira, non sans une discrète œillade à sa cousine officiante. A ce contact les deux jeunes gens semblèrent frémir.
La Haute-Prêtresse fit un pas. L’assemblée se tut et il ne resta plus que les notes en suspens que la harpe déversait dans la cathédrale. Une idée d’Irys, afin de rappeler à Cécilie ses Choix qui l’avait mené ici. Entre ses paumes ridées elle déposa les mains des deux futurs amants. Ses doigts serrèrent davantage ceux de la jeune Mériale de Beaurivages ; leur façon de s’échanger un regard complice.
«– Ô Grande Mère, Créatrice et Fondatrice, accorde-nous ta pitié et préserve-nous du malheur. Ô Divine Patronne, Vierge Vénérable, apaise nos cœurs et veille sur nos enfants. »
Par cette prière la cérémonie qui lierai ces deux Souffles pour la vie commençait.
Irys invita les deux futurs mariés à se mettre face à face, sur l’autel où tout le monde pouvait les admirer fit un pas en arrière et entonna un chant, bientôt repris par tous.
Notre Mère, DameDieu, toute Sainte, Gardienne de nos Souffles Guide nous vers nos Choix, Veille sur Tes enfants autant qu’ils Te vénèrent
Sainte Deina, bâtisseuse d’unité Fais de ta Gloire notre Paix.
Le silence se fit, les instruments se turent. La voix de la Dame officiante s’éleva cérémonieusement.
«– En ce moment où Enrico di Montecale et Cécilie de Laval se présentent devant Vous, ô Bienveillante Déesse, nous prenons l'engagement de faire respecter le Choix en Votre nom et selon Votre volonté car c'est dans la joie et sans contrainte que nous sommes rassemblés ici aujourd'hui pour unir deux vies.
Soyez, ô DameDieu, témoins de ce Choix qu'ils font ici, librement, et qu'ils auront à garder tout au long de leur vie. Donnez-leur d'être sincère comme Vous êtes sincère. Donnez-leur d'être bienveillant comme Vous êtes bienveillante. Donnez-leur d'être clairvoyant comme Vous êtes clairvoyante et que par la grâce de vos bénédictions, ils puissent faire le Juste Choix. »
De sa main elle releva les mentons des deux jeunes gens. Ils savaient ce qu’ils avaient à dire, aussi ne leur fit-elle pas répéter et attendit que le baron de Nelen prenne la parole, suivit de sa future épouse.
«– Réunis devant les hommes et les dieux, cet homme et cette femme ont fait vœu de toujours être là l'un pour l'autre. Sur ce serment, ils bâtiront leur futur. Vous qui êtes ici aujourd'hui, soyez témoins de leur Choix. »
Toujours aussi solennelle, Irys déposa la main gauche de la jeune femme au creux de celle de celui qui était à présent son mari. Le Calice leur est donné, les manteaux choient au sol et alors que la fin de la cérémonie approche, la conclusion est donnée.
«– Ô Bienveillante Mère des hommes, devant Vous nous nous agenouillons. Bénissez cette union. Bénissez de votre grâce vos enfants Cécilie de Laval et Enrico di Montecale qui aujourd'hui se consacrent dans le mariage. Que votre bénédiction descende sur eux et leur permettent de rester sur la bonne voie, main dans la main. Qu'ils trouvent le bonheur en se donnant l'un à l'autre, qu'une descendance vienne embellir leur foyer. Dans la joie, qu'ils sachent vous rendre grâce ; dans les épreuves, qu'ils se tournent vers vous ; que votre présence les aide dans leurs tâches quotidiennes. Dans la tristesse enfin, qu'ils vous trouvent à leurs côtés afin que vous allégiez leur fardeau et que marqués de vos signes, ils sachent se garder l'un l'autre des tromperies et de la vilenie.
Embrassez-vous, et par ce baiser vous devenez mari et femme. Le serment prêté devant les dieux est sacré. Nul Homme ne peut le disjoindre et maudit soit celui qui se met entre eux. »
Une inspiration. Une boule dans le ventre, comme à chaque fois que deux Souffles se liaient. Elle eu un instant fugace de compassion pour sa nièce. Et dans une expiration elle conclut :
«– Deux Souffles, une seule Vie. »
Enrico di Montecale
Ancien
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Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Dim 13 Nov 2016 - 16:12
Alors même que sa future femme entrait dans la nef, Enrico ne voulait pas poser un regard dessus. Même sa curiosité s’était effacée derrière son agacement et sa résignation. Pourtant, lorsqu’il capta le regard de son père Hernán, il sut qu’il devait quand même faire un effort. Et qu’il ne devait pas soupirer. Non, surtout pas. Que penserait-on, alors ? Quelle image renverrait-il ? Que diraient ses si nobles invités ? Ha, qu’il aurait aimé être ailleurs. N’importe où sauf ici. Peut-être sur un bateau, le vent en poupe, et les embruns fouettant son visage… Ou ans son bureau, avec une bonne bouteille de vin, à rédiger ses mémoires ou lire celles de ses plus grands modèles…
Il avait fini par regarder la Haute-Prêtresse avec un petit sourire factice, de ceux qu’il ne donnait jamais à personne. Il attendit qu’on lui apporte la fameuse mariée. Et au fur et à mesure que le temps passait, il était de moins en moins anxieux. Après tout, il ne pouvait plus reculer. Il fallait qu’il accepte son cas, maintenant qu’il avait son nez dedans. Un peu pesamment, il se tourna vers la damoiselle du jour, que le brave Arnaut apportait à Enrico avec un sourire jusqu’aux oreilles. Il avait posé la main de sa fille sur le bras couvert de plates du baron, avant de s’éloigner. Et alors que le seigneur de Beaurivages s’éloignait, Enrico, lui, découvrait pour la première fois celle avec qui il serait lié toute sa vie.
D’accord, d’accord. Elle était belle. De beaux cheveux légèrement mordorés, un visage fin et bien taillé, pâle à en faire jalouser la moitié de la noblesse présente en la cathédrale… Puis, ces deux yeux étranges, morts dans leurs orbites. Raúl avait failli mériter quelques dents cassées en faisant remarquer à son frère le comble de ce mariage. Un homme dont l’apparence conquérait les cœurs de toutes les dames, condamné à se marier à la seule qui ne pouvait pas le voir dans tout son charme et son élégance… Enrico y voyait une espièglerie d’Arcam. Il aurait pu en rire, s’il n’en avait pas été la première victime.
La demoiselle avait tressailli en touchant le bras d’Enrico. Il l’avait vu, pas senti, puisque son armure empêchait tout contact de sa peau avec l’extérieur. Il se demandait si elle s’alertait du moindre mouvement… Difficile de sortir du lit pour aller aux latrines sans la réveiller… Mais bon sang, à quoi pensait-il ? Il essaya de se concentrer sur autre chose, comme, par exemple, sur la Haute-Prêtresse qui commençait son office. Il y avait un son de harpe. Sa main et celle de sa future femme furent réunies, alors que commençait la cérémonie. Les premières phrases parlaient de pitié et de préservation au malheur. Intérieurement, Enrico adressait ces mêmes paroles à la Damedieu...
Ils furent mis face à face, et Enrico tenta d’abord de regarder la mariée dans les yeux, avant de se rappeler qu’il n’y trouverait pas grand-chose, et de baisser à nouveau le regard. Ha tiens ! Voilà que sa Sainteté lui donnait à nouveau le nom de sa promise ! Il l’avait oublié… Cécilie. Il se retint de rire. Arcam, était-ce de l’acharnement ? Trop d’ironie d’un coup… C’était presque trop gros. Enrico dut se reprendre, mais ne montra, fort heureusement, aucun signe extérieur d’amusement. Il inspira cependant un coup, alors que la Haute-Prêtresse finissait sa phrase, et venait relever leurs mentons à l’un et l’autre. Il voyait pourquoi cela était nécessaire pour lui. Pour elle, en revanche, on aurait pu lui tourner la tête comme un hibou, le résultat aurait été le même…
Sur les bancs du premier rang, là où la famille était disposée, Raúl aussi essayait de ne pas rire. Il lâcha un petit pouffement, léger et presque inaudible, mais que son père remarqua bien vite. Son teint cireux reprit quelques couleurs, et il asséna un coup de canne à la hanche du jeune homme, qui se tut, se massant la jambe en silence, une autre main sur la bouche. Hernán le regarda avec des yeux assassins. Peut-être ne participerait-il plus au dîner prévu avec les Laval…
Enrico devait prendre la parole. De sa voix la plus claire possible, et tentant de cacher son accent suderon à la face du monde, il déclama de sa voix de basse :
« Moi, Enrico di Montecale, baron de Nelen, choisis librement de prendre comme épouse… Cécilie de Laval. Et devant tous les dieux, je fais le serment de la protéger, de l’honorer, de lui rester fidèle, de faire de son malheur mon malheur, et de ses intérêts mes intérêts. Deux Souffles… une seule vie. »
Il ressentait une légère honte après avoir prononcé ces phrases. Cela sonnait tellement faux sortant de sa bouche. Raúl sembla le remarquer, ou penser la même chose que lui, car il s’éclipsa subrepticement de la cathédrale afin d’assouvir ce fou rire qui ne manquerait pas d’exploser s’il se retenait plus longtemps. Hernán, quant à lui, affichait un faible sourire sur son visage pâle et fatigué, presque cadavérique. La maladie ne l’emporterait pas avant d’avoir pu voir naître la lignée de son fils. Sa lignée. Son héritage. Et avec un soupir de soulagement, il entendit la Haute-Prêtresse sceller leur union par quelques dernières paroles saintes.
Deux Souffles, une seule vie.
Enrico di Montecale embrassa Cécilie de Laval. Ni l’un ni l’autre n’y mirent de passion. Ce ne furent que deux blocs figés qui se touchèrent des lèvres, aussi glacées les unes que les autres. Devant la froideur du spectacle, pourtant, de chaudes réjouissances battaient l’air ambiant alors que tous applaudissaient, criaient leur joie, ou sifflaient pour les mariés. La cérémonie était donnée, les deux époux étaient à présent liés. Comme ça. Par la grâce de quelques saintes paroles, et un baiser frigide. Enrico sourit, laissant de côté son air austère.
Arcam, quel humour pourri…
Cécilie de Missède
Humain
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Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Dim 13 Nov 2016 - 22:48
Enrico... Et bien il était toujours temps de connaître le prénom de son mari... On lui avait dit Henri... Quoi qu'il y avait peu de différence en fin de compte... Elle écoutait l'officiante avec un détachement qui l'étonnait elle-même.
Elle était restée planté là ou on l'avait posée, comme une bonne petite potiche. Soit belle et tais-toi. Une philosophie de vie visiblement... Enfin là, elle aurait préféré être muette qu'aveugle. Elle n'aurait pas eut à être belle et devoir parler en plus. Et pourtant, lorsque vint son tour, elle était quelque peu rassurée par un détail infime : la voix de son époux. Si peu devaient avoir repérer ces infimes hésitation et son ton détaché, elle aurait mis sa main au feu que la voix qu'elle entendait, et qui au demeurant restait plus qu'agréable à l'oreille, en plus de camoufler un accent prononcé, appartenait à un homme tout sauf heureux d'être là...
« Moi, Cécilie de Laval, demoiselle de Beaurivages, choisis librement de prendre comme époux Henri de Montecale. Et devant tous les dieux, je fais le serment de le soutenir, de l’honorer, de lui rester fidèle, de faire de son malheur mon malheur, et de ses intérêts mes intérêts. Deux Souffles une seule vie. »
A sa grande surprise, elle n'avait pas trébuché une seule fois... A part sur le nom de son futur qu'elle avait préféré prononcé comme on le lui avait fait répété tant de fois plutôt que de se hasarder à un accent dont elle n'avait pas l'habitude. Sa voix fluide prononçait distinctement chaque mot afin que tous les entendent avec la même sérénité que lors de ses récitals. Une représentations pour les hommes. Un contrat que demandaient des familles attachées à des titres séculaires.
Il n'y avait rien du cœur qu'elle avait put déjà mettre dans certaines de ces syllabes. Il n'y avait rien de sacré là-dedans. Deux héritages, une seule vie aurait été bien plus juste et c'est sur ce ton qu'elle avait prononcé ces mots. Juste les farces d'une société décadente et les rires gras du dieu qui s'amusait à tirer les ficelles de sa marionnette depuis sa naissance. Néera saurait faire la différence, elle.
Elle avait une certitude : le mariage tel qu'enseigner par Néera, ce n'était pas ça.
Le mariage sans amour n'était rien de plus que de la prostitution sanctifiée socialement acceptable.
Le manteau glissa de ses épaules. Puis Enrico la drapa à nouveau. Quelques mots de plus d'Irys. Un baiser rapide. Arnaut et Mathilde se tenaient l'un à côté de l'autre, regardant la scène avec la larme à l’œil... Enfin surtout Mathilde car son mari, aussi tendre qu'il fut avec elle pour une fois, ne quitta le jeune Raùl des yeux que lorsqu'il quitta précipitamment cathédrale.
Le calice fut rendu à Irys et les jeunes mariés sortirent du bâtiment.
Jindanor Numanor
Humain
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Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Mar 15 Nov 2016 - 17:05
Il s'était forcé à prendre un bain, dans un de ces vieux baques d'eau froide. Il s'était forcé à se rendre à ses quartiers, s'emparant de ses apparats, et de son armure... Il était froid, détaché de tout ce qui allait se dérouler aujourd'hui, malgré cette douleur lancinante qui lui dévorait les entrailles.
Il n'avait rien manger, rien bu depuis hier soir, et sa lèvre était éclatée, marquant ses déboires de l'autre soir. Oh et si cette lèvre était la seule marque de sa débauche, c'est que l'on ne pouvait observer ces hématomes violacés et brunies qui couraient le long de son dos comme milles serpents zébrant sa peau tannée. Les tables étaient plus solide qu'il ne l'aurait cru, rien qu'une douleur en plus. Il marchait d'un pas lourd et las dans ces quartiers austères. Sa main vint finir d'attacher ses épaulières par dessus cette tunique jaune orangée, aux couleurs vives et riches, cette ceinture de lin plongée dans le bleu d'azur enserrant sa taille par dessous cette ceinture de cuir qui soutenait ses jambières et cette longue lame dans un fourreau de cuir plaqué d'acier.
Il n'avait pas dénier se raser, laissant cette barbe qu'il avait laissée pousser recouvrir cette mâchoire solide et le haut de ses pomettes, lui donnant un air de retour de front qui collait parfaîtement à son humeur du jour...
Et c'est toujours avec de pas lourd et las qu'il se traîna jusqu'au cortège de la Dame de Laval, au cortège des mariés... Toujours avec cet air incroyablement froid qu'il rongeait son frein dans l'espérance de ne pas perdre sang froid et aller mettre fin à la vie de ce misérable sûderon.. C'est donc pour en être sûr qu'il resta à l'extérieur de la cathédrale, pouvant pourtant entendre ce chien prononcer ses voeux...
Ainsi que celles de sa Dame... Lui saisissant la gorge comme la paluche d'un monstre qui venait pour séparer ses épaules de ce qui lui servait de tête...
Il était paralysé alors qu'ils parlaient à l'intérieur, alors que la joie de certains était criée, alors que le sourire de certains était franc, lui se trouvait lancé dans une spirale infinie, il aurait préféré se noyer dans sa bière l'autre soir...
Il aurait préféré... Alors qu'il la voyait ainsi sortir au bras de son époux... Il prit les rênes du cortège, entouré des quelques gars de la garde il fit ce pourquoi il était là, servir sa Dame et la protéger de tout les dangers envisageables.
Et il le fit avec un zèle presque effrayant, revêtant un air sérieux et travailleur qu'il n'avait encore jamais revêtit .
Blanche d'Ancenis
Ancien
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Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Jeu 17 Nov 2016 - 19:08
Loin de tous les débats et rhétoriques qui animaient aujourd’hui les cœurs des uns et des autres. D’ailleurs l’heure n’était pas franchement aux réjouissances si l’on peut croire les différents conteurs s’étant exprimés, Blanche était loin de tous ses tracas. Car avant tout, il y avait ses propres affaires à régler. On l’avait naturellement invité à ce mariage et elle se devait d’y être présente. A l’origine, il n’était pas question qu’elle soit physiquement à Diantra mais fort heureusement le bazar des uns se goupillaient merveilleusement bien avec le sien. Quoiqu’il en soit, elle faisait acte de présence dans cette cathédrale où elle n’avait sans doute pas sa place, mise à part qu’elle connaissait le marié, elle n’avait pas eu l’occasion de découvrir sa future épouse. Mais cela aurait certainement été de mauvais gout que celle qui détenait la cité ne soit pas là. D’ailleurs, comme tout le monde devait s’y attendre, c’était une nouvelle fois seule que Blanche paraissait. Elle était néanmoins accompagnée par le représentant en titre de son époux, Jesbel de Velteroc, son beau-frère. Le problème avec ce rassemblement de nobliaux c'est que bien souvent, on se retrouvait à croiser des gens que l'on pouvait tout simplement pas encadrer. Et c'était son cas vis à vis de la Duchesse de Soltariel. C'était d'ailleurs elle qu'elle aperçut pour son déplaisir, en premier. Elle ravala un « sale catin » et se retint de cracher. Si, la situation n’était pas celle qu’elle était aujourd’hui et les circonstances ce qu’elles étaient en cette heure. Elle aurait volontiers fait enchaîner cette traîtresse. Dès lors toute une magnifique et incroyable machination se mit en œuvre en son sein. Cette dernière fut aussitôt stoppée lorsque ses yeux se posaient sur Maélyne. Et tous ces élans acariâtres s’envolèrent. A en juger, par les traits de son minois, celle-ci semblait quelque peu « anxieuse ». Ses sombres projets laissaient place à l’inquiétude. Enfin... ça c’était avant que la future mariée ne fasse son apparition et que la cérémonie ne débute. Telle une automate, elle psalmodiait les quelques bénédicités. Une voix la tira bientôt de sa transe spirituelle.
« Ihihihi, je ne sais pas qui des deux a le balais dans le cul le plus enfoncé. »
Cette voix que seule elle pouvait ouïr à quelques exceptions près la fit trembler de rire. Si bien que Jesbel de Velteroc ne comprenait pas rien à ce qui se passait sous ses yeux.
« Je vous prie de m’excuser »
Elle masqua bien vite ses tressautements en se mordant la lèvre inférieure. De toute façon, il était l’heure de la procession. Et c’est religieusement qu’elle suivit le reste de la foule vidant la cathédrale.
Maélyne de Lourmel
Ancien
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Sujet: Re: [Mariage] Cérémonie à Sainte Deina Mer 23 Nov 2016 - 15:56
Que pouvait-on bien dire sur l’amour ? Pas grand-chose. Pas en cet instant du moins vu qu’il n’existait pas dans cette union. On a beau être préparé, et ce depuis le plus jeune âge, apprenant les valeurs de l’honneur, les sacrifices nécessaires pour celle-ci, la préservation de la dignité, l’élévation de notre famille. On a beau avoir été façonné toute son enfance, son adolescence et même plus, si on a connu l’amour, tout cet enseignement aura été vain. Car il est plus fort que tout, plus fort que les principes, plus fort que les sacrifices. Maélyne le savait, elle le savait que trop bien.
Voir sa cousine prononcer ces mots par obligation la répugnait au plus haut point, car Cécilie, elle, n’avait rien demandé. Elle n’a pas choisi, elle n’a pas eu le Choix ce qui n’était pas le cas de la Dame de Lourmel, qui elle, avait décidé d’épouser Guillaume. Personne ne l’y a obligé. Personne ne la retient d’annuler. Personne comparé à Cécilie.
C’est le cœur meurtri qu’elle regarda sa cousine poser les lèvres sur son époux. Une larme perla, une petite, à peine perceptible, mais tout de même présente. Cécilie lui avait demandé un service. Elle lui avait demandé de retrouver son véritable amour et de lui passer un message. Maélyne le fera, dès sa sortie de la Cathédrale elle retrouverait Jindanor pour lui déclarer la flamme de sa cousine.
Poings serrés, visage figé, sourire froid et forcé. C’est l’attitude qu’elle adopterait pour le restant des festivités car il n’y a rien de plus amer comme goût que l’écœurement.