Krish Al'Serat
Ancien
Nombre de messages : 1580 Âge : 34 Date d'inscription : 27/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 1 008 ans Taille : 1m82 Niveau Magique : Avatar
| Sujet: [Temple de Natha] La Marque des Dieux Jeu 9 Fév 2017 - 12:23 | |
|
Automne – soir du 6e jour de la 7e ennéade de Barkios 9e année du XIe Cycle Haut-temple de Natha lendemain de la naissance
Le regroupement des prêtres était bien paisible au lendemain soir de la naissance. Ceux qui avaient assisté à l'accouchement étaient formels. Il était totalement impossible que cela ait survécu. Nouveau né ou mère. Cette histoire s'arrêterait là.
Quoi qu'il arrive.
Les tenues d'offices des Nathéites présents s'ordonnaient dans le temple sur les rangs les plus proches de l'autel. Puis venaient les témoins. Des forgerons de tout poil. Quelques artisans à la mémoire longue. Des membres de la famille éloignée. Un cousin au second degré, la descendance de sa descendance. Quelques prêtres et initiés d'Uriz, curieux des rumeurs concernant l'épouse de leur Haut-Prêtre... ou ex-épouse ? Ou aide de camp ? Ou conseillère ? Ou ennemis ? Ils ne savaient plus trop par moment étant donné le peu d'implication de la dame dans le bonne ordre du Puy, le peu de rencontres officielles entre ces deux là et la façon dont les rumeurs disaient qu'ils s'affichaient en publique. Et parmi tout ce beau monde, Wydrin et Ekmir, perdues dans la foule chacune de son côté.
Les hommes et femmes de foi attendaient simplement que la grande porte s'ouvre pour laisser passer le corps sans vie de la monstruosité qui avait poussé ses premiers cris la veille... Et pourtant, quand sonna l'heure, le porteur désigné pour remplacer la mère, encore inconsciente, passa la porte sous les cris insupportables de deux gorges s'ouvrant nouvellement à l'air du Puy.
« C'est impossible... - ça a survécu... »
Un murmure traversa l'assistance alors que l'Initié déposait la monstruosité sur l'autel devant la Haute-Prêtresse. Les deux visages chiffonnés pleuraient à chaudes larmes, sûrement mécontents que leur peau fragile soit exposées aux rudesse de l'air souterrain. L'un était d'un blanc pur, l'autre d'un noir d'encre. Les deux portaient quelques cheveux de la même blondeur opaline que leur mère dans ses jeunes années. Les deux poitrines se secouaient avec force. Mais en baissant les yeux, la Haute Prêtresse ne pouvait que retenir un sursaut de dégoût envers cette abomination.
La mère n'étant pas en état de procéder au sacrifice ou de donner son accord pour la suite, une cérémonie toute particulière avait été lancé avec l'accord d'Ekmir. Normalement, elle aurait du donner la bénédiction de tous les dieux à cet enfant qui avait été purifié par les rites et poussé à être un drow d'une pureté et d'une force exemplaire avant même sa venue au monde... Mais elle ne pouvait pas faire cela. Elle hésitait entre le dégoût le plus pur et une pitié grandissante. Natha avait de biens curieuses façons de punir les présomptueux...
Le fait que le petit corps de cet être, chétif d'avoir près de six ennéades d'avance était du blanc nacré des fils de Teiweon aurait put lui valoir un respect teinté de compassion. Mais c'était de la hanche de cette créature qu'émergeait ce qui lui tordait les boyaux. Un petit être tout aussi bien fait en apparence, mais dépourvue de jambes. La peau noire du symbiote, saillant sur celle du blafard comme cousue par un dément, jurait avec celle de son double, braillant et gesticulant jusqu'à tirer sur le côté le corps dont il sortait comme une boursouflure immonde.
Et pourtant, la Haute-Prêtresse devait bien prendre la parole...
« Ces enfants ont survécu aux Rites, surveillés en tout temps par Ekmir du temple de Thaar. Les dieux ont mis à l'épreuve la mère et la descendance avec rigueur. Ils les ont marqué d'une soif de vivre inextinguible. »
Un souffle de réprobation glissa dans les premiers rangs. Bénir cette chose ! Impossible ! Impensable !! Celle qui présidait à l'assemblée leva une main impérieuse, l'autre restant sur la chose mouvante pour qu'elle ne tombe pas de l'autel.
« Et pourtant ! Et pourtant il reste à la descendance l'épreuve de la Naissance. Chaque braise donnée par Uriz a besoin d'un corps délivré en ce monde sous l’œil de Natha, pour que jamais la Traîtresse ne puisse affaiblir notre peuple par des coques infamantes ! J'en appelle donc à vous ! Mère des Mère ! Gardienne de notre sang ! Vous qui recueillez auprès de vous celles et ceux que la Traîtresse aura tenter de malfaire avait qu'ils se détournent de la Vrai Foi ! Guidez ma main pour libérer ces deux étincelles prisonnières de la même enveloppe ! Issues d'une même matrice. Engendrés par un même sang. Guidez ma main et que devant tous ils éprouvent le don d'un corps pur de toute hérésie. »
Tout en parlant, les mains de la Haute prêtresse s'étaient levées vers l'effigie de Natha qui surplombait l'autel. Sa tenue de cérémonie d'un rouge uni remontait sur ses joues et claquemurait son cou, son dos, ses hanches et ses jambes pour laisser son pullulante poitrine et son abdomen nus aux regards de tous, symbole de sa féminité et de son rôle de mère. Sur son ventre d'ébène, moucheté de craquelures infimes, le cercle de Natha était tatoué, prenant son nombril comme centre. Son dos légèrement révulsé, elle restait là, psalmodiant les vers du Sang des Premiers Élus et de l'Eda.
Jusqu'à ce que sa main s'abatte sur l'un des deux minuscule crâne. Sans regarder lequel elle avait saisit, yeux clos, chants sacrés aux lèvres, sa dextre chercha l'intersection des deux êtres et priant Natha pour qu'elle leur offre le corps auquel ils avaient droit, ses doigts s'enfoncèrent dans cette chair monstrueuses. Pouce après pouce, elle sépara peu à peu les deux êtres comme l'aurait fait une lame chauffée à blanc. La magie de la Déesse tranchait avec facilité peau, chair, organes difformes et os indus. Les cris des nourrissons se firent douleur pure.
Pas une goutte de sang ne perla.
Durant d'insoutenables minutes, sa main continua son parcours, à la fois lente et inexorable. Mais lorsqu'elle lâcha le crâne de l'Enfant, seul une poitrine crachait au monde la douleur qu'engendrait la force de s'accrocher à la vie. L'autre toussotait difficilement, modelé en une demi-vie qui ne tenait plus à grand chose. Le vaisseau de la volonté divine ouvrit les yeux sur l’œuvre de son Immortelle Guide. Sans perdre un instant, elle perça le cœur de la créature noirâtre de la pointe de la fine lame qu'elle portant à la ceinture. Les toux cessèrent. Les pleures de l'autre redoublèrent.
Sur l'autel ne résidait plus qu'une seule vie, rendue à sa totalité.
Un officiant vint récupérer respectueusement le corps du défunt pour qu'il rejoigne paisiblement la Déesse dans un endroit plus calme. Pour la première fois, les yeux de la Haute-prêtresse se posaient, eux, sur le Nouveau-Né.
« C'est un Garçon ! » annonça-t-elle avec force en le prenant au creux de ses bras contre sa douce poitrine.
Le garnement à la peau blanche portait ses yeux sanglants sur l'assemblée comme s'il pouvait la voir. Son petit poings se posa sans gêne là ou nulle main de drow n'aurait osée se poser dans de telles circonstances. Cette fois, la prêtresse pouvait porter sur lui un regard de pitié emprunt de respect. Cette chose blafarde si imparfaite avait passé les rites et elle devait s'incliner devant les volontés de sa Déesse. La Foi ne souffrait pas de questions et si les Dieux avaient offert la possibilité de vivre à cette chose, malgré les rites et le sort qui s'était acharné sur les premiers moments de sa vie, elle n'était rien pour douter du bien fondé de cette nouvelle Vie. Après tout, certains être de leurs peuple étaient atteint de la même tare même si aucun a sa connaissance n'avait survécu à de tels traitements...
Alors qu'elle examinait l'enfant avec un sourire bienveillant, notant autant la petite taille qui risquait de lui valoir une santé fragile que la combativité de ses mouvements, un détail vint heurter son regard jusqu'à arrondir ses yeux de surprise. Sa main agile frotta discrètement la zone incriminée, celle là même qu'elle venait de dégager de cette immonde division, mais rien n'y fit...
Sa gorge se serra légèrement et des mots à la grandeurs du Père des bataille lui vinrent au lèvres, bien qu'aucun souffle ne fasse vibrer ses cordes vocales.
Là, sur sa hanche, à l'endroit ou elle avait reformé ses muscles, ses entrailles, ses os et sa peau tels qu'ils devaient être, d'étranges dessins de couleur noir étaient visibles, relief de son ombre. Au centre de ces tâches virevoltants comme des flammèches, le symbole d'Uriz se pliait et se tendait au gré des gesticulations du poupon. Il n'y avait pas de doutes possibles. Il était aussi clairement défini que si les marques de peau noirs avaient été agencées par un maître tatoueur.
Son intervention, la perte de cette double flamme orchestrée par Natha Repalninkiz à travers son canal sacré, venait de graver dans la chair de cet enfant l'emprunte du Père.
Elle inspira profondément pour détacher ses yeux du symbole, son esprit rendant grâce à Natha pour sa sagesse, ses augures et ses bienfaits. Si ce petit était voué à éprouver sa gloire aux yeux d'Uriz, tous le sauraient bien assez tôt... Mais il fallait terminé l'office.
De nouveau à plat dos sur l'autel de pierre froide, les milles lumières du temple faisant vaciller son ombre à chaque mouvement sous l’œil des témoins, le bambin hurlait toujours à pleins poumons. Pourtant nul n'eut la moindre difficulté à entendre la parole claire du canal sacré.
« En cet endroit, né de l'ultime compassion de Natha, tu es béni entre tours pour rejoindre les rappelés d'Uriz. C'est devant vous - témoins de la force de cette Flamme - que Krish Al'Serat, par mon intermédiaire, présente ce fruit des Rites Anciens au regard divin. Valas Tal'Berith. Meingal Sasshik'Etsh. Zhak'Bar Melrith. Kiran Delth'Moor. Tesso Uns'aa Ulnen. Kiel Elghinn. Leetha Orbb'Tor. Isten Okhras'Gaath. Natha Repalninkiz. Teiweon Danath'Koor. Uriz Vyn'Het Namaz. Posez vos yeux, vos espoirs et vos attentes sur cet avenir que nous vous dédions. Que le sang de ses ennemis et la force de ses aînés transforme cette lueur en brasier. »
D'un geste grandiose afin que tous voir la lame déjà ensanglanté glisser dans l'air sec de la grande salle, elle tira de nouveau son couteau. Sa main libre recouvrit la lame qui, aux yeux de tous, commença a descendre en fendant la peau de la prêtresse sur son passage, quelques goûtes fraîches glissant de nouveau sur son fil aiguisé.
« Nous reconnaissons ton sang et ta lignée comme appartenant au Peuple, Elghinn Al'Serat descendant d'Elda. »
Sa main rougie et blessée s'ouvrit face à l'assemblée avant d'apposer sa marque sur le visage du poupon braillard. Sous les regards tendus de l'assemblé et dans le silence religieux, la Haute-Prêtresse prononça ses derniers mots avant de relâcher l'enfant.
« De ce jour jusqu'à ta rencontre avec Teiweon, Haute et claire brûle la Foi. »
« Haute et claire brûle la Foi ! » reprit fiévreusement le cœur des fidèle.
Libéré de l'emprise de la prêtresse, se furent les bras d'Ekmir qui accueillirent le petit être pour être présenter à tous les témoins le désirant. Le défilé dura près d'une heure. Mais même dans les plus lointains couloirs du temple et même lorsqu'il fut reposé sur la poitrine de sa génitrice inconsciente, les pleures qui s'échappaient de son visage ensanglanté ne se tarirent pas avant que la faim ne l'oblige à refermer les lèvres sur un généreux mamelon.
|
|