Sujet: Valère, la belle déchéance... ( FINI ) Ven 24 Fév 2017 - 17:09
Possessions & Equipements : Vu ma condition actuel, je ne possède plus rien, mon équipement se résume humblement aux attributs qu'offre la drow millénaire à ses possessions. C'est à dire; une tunique blanche qui malgré ma situation est d'une étoffe plutôt riche et jolie, ainsi qu'un collier en métal, portant des motifs liés à mon personnage, qui résume mon passé de chevalier, et de romantique... Anciennement, je possédais un arc que je maniais à la perfection, qui doit maintenant être détruit, ou je l'espérais un peu se trouvait dans l'enceinte du palais. Sinon, je n'avais que quelques bribes de souvenirs anciens, de mes débuts à la ferme de mes parents comme jardinier. Mais cela n'existe plus... Pour l'instant.
Apparence : Des cheveux mi-longs, ébènes, et fins. Des pupilles d'ébènes... J'ai une silhouette agréable et plutôt svelte. Venant à peine de quitter l'adolescence, cela se lit parfaitement sur mon visage juvénile ne montrant aucune trace du passage du temps. Ma musculature n'est pas totalement développé. D'ailleurs, c'est un point que je ne cherche pas à renforcer, c'est pour cela que je donne l'impression, surement exact, de ne pas être très fort mais doué pour la furtivité. Ma démarche est souple et élégante. Ma mine est souvent celle d'un rêveur, exprimant une nonchalance.
Taille : 1m75
Couleur des yeux : Noir intense et envoûtant.
Personnalité : Je suis quelqu'un avec un certain esprit. J'ai appris à lire, et à écrire, faisant de moi quelqu'un d'assez bien in J'essaye souvent de penser avec d'agir. Je suis peu bavard, et à on dit que je suis assez taciturne. On le remarque d'ailleurs sur mon visage souvent terne. Cependant je m'adapte comme je peu à la vie en groupe bien que je m'abstiens pas mal de fois à donner mon avis, préférant observer. Volontaire, est aussi une de mes caractéristiques. Surtout lorsqu'il s'agit de progresser dans mon rôle de palefrenier et apprenti chevalier. Néanmoins, j'avais un fort dégoût pour l'injustice, et respectait avec rigueur les valeurs que je prêtais à l'ordre des chevaliers. On dit de moi que j'ai le coeur si pur, que parfois il me confond, et me rend sensible. Je n'ai qu'une parole, et je m'y tiens toujours. J'ai aussi cette tendance à me méfier de tout, à être prudent, sauf quand rarement je m'emporte et qu'il m'arrive d'agir sous l'impulsion de ma flambante jeunesse. Malgré tout ça, la raison trop pointue me fait manquer de courage dans des situations périlleuses. Evidemment pour moi, c'est une preuve d'intelligence que de connaître ses limites et de ne pas se jeter vers une mort certaine. Mon péché se trouve certainement dans le jeu...
Depuis que j'ai perdu la liberté, je garde secrètement l'ambition de la retrouver, bien-sûr, d'une façon loyal. Je sais l'ampleur de la tâche, mais cela n'avait guère d'importance. Je respect les règles du Palais, préférant me faire discret, et rester auprès de ma dulcinée, qui elle, ne partage pas forcement le même rêve.
Capacités magiques : Aucune, j'ai bien essayé d'apprendre il n'y a pas longtemps avant de tout perdre, mais pas assez pour avoir une moindre maîtrise, cependant j'ai encore l'espoir de reprendre un jour l'apprentissage de cet art.
Histoire
Nous étions tous les quatre autour d'une table dans une auberge de Thaar réunis pour un triste repas, dont l'unique thème fut la mort violente du chevalier qui nous employait. Son corps avait subi de nombreuses blessures, on racontait même que son visage ne ressemblait plus à rien. Un récit qui nous glaçait le sang. Nous nous demandions qui avait pu être l'auteur de cet acte. Les hypothèses fusaient, avant d'être contrés par une nouvelle. L'unique point commun était de clamer vengeance. Certains cherchaient à comprendre par des pensées philosophiques. Son comportement, même avec nous n'était pas des plus convenables, et ses moeurs l'avaient certainement mené à se faire de nombreux ennemis. Un raisonnement qui nous menait ainsi à égrener des noms, sans pour autant arriver à une affirmation certaine. Au bout de la table, je pensais... Sans vraiment me soucier de cette discussion, quand soudain la porte de l'auberge s'ouvrit, et un des apprentis approcha, essoufflé mais avec des informations plus précises sur les événements. -" On m'a dit qu'il était en train de se chamailler avec une jeune esclave appartenant à une Princesse-Marchande; la Griffe Argent. Le chevalier tira son épée, et à l'instant même où son bras s'apprêtait à donner un coup fatal, dans son dos il reçut une flèche. On vit, dit-on un homme, plein de haine venir frapper le corps sans vie jusqu'à tomber d'épuisement en l'injuriant avant de partir comme si de rien n'était en courant frénétiquement. Personne ne put voir le visage de cet crapule." Entre nous, un silence prodigieux s'installa. Le conteur prit une chaise pour prendre place, et se mêler de cette manière à nos lamentations et à nos harangues pour trouver une solution.
Puis, la voix du dernier venu raisonna pour compléter son monologue: -" Des badauds présents ont racontés avoir entendu lors de la dispute concernant notre Maître et cette esclave, les paroles je cite: Je dois te tuer pour le bien Valère... Je ne peux pas le laisser ainsi, ruiner son brillant avenir. " Les regards se posèrent sur moi. Le remord se faufilait dans ma conscience, je devais la vérité à mes camarades. Depuis le début j'étais resté étrangement calme, un trait de caractère habituelle chez moi et par conséquent qui n'avait pas interpellé les autres malgré les circonstances. -" Eh bien, tu ne dis rien Valère ! Lâcha, irrité l'un d'eux. Nous t'écoutons, et sois précis ! " Grogna un autre en tapant du poing sur la table pour m'obliger à me confesser. -" Lorsque nous arrivâmes à Thaar, il y a de ça une énneade, à la levée du jour, n'ayant pas participé à l'une de vos folies nocturnes du soir, je décida de marcher. Durant cette balade en pensant devant un immense et somptueux palais je croisa la route d'une jeune femme dont la beauté me vola le coeur. Ses traits réguliers et apaisés, des grands yeux nonchalants, son front uni, sans rides, sa bouche harmonieuse, malgré l'impression qu'elle donnait de ne guère être capable de sourire. Ses beaux cheveux blonds étaient lissés avec un soin élégant. Elle était jolie, maigre, vêtue d'une toge blanche d'un tissu plutôt riche et élégant. Rapidement, nous fîmes connaissances, et l'étincelle de l'amour fit s'illuminer nos âmes... Nous passions le temps qu'elle pouvait ensemble à nous dire des douceurs, à nous adorer tout simplement. Hélas, cette relation naissante arriva jusqu'aux oreilles du chevalier. Alors, ce dernier entrepris la destruction de cette passion, par des mots, me défendant de la revoir, de la manière la plus violente qui soit, en me giflant, et en me menaçant. Je n'avais que faire des intimidations, des portraits sombres qu'il faisait sur mon avenir si je poursuivais ma belle aventure. Oui j'étais l'élève et lui le maître, mais je ne pouvais pas l'entendre. Hier soir, suite à une nouvelle dispute, il se mit en tête un dessein terrible; celui de tuer Lucile... Je connaissais sa condition, mais n'y prêtai guère d'importance... Je me moquais des conséquences."
D'un geste vif, l'un de mes compagnon se leva ! Il me désigna de la main, une main crispé, nerveuse et d'un ton colérique clama: -" C'est toi qui l'aurais tué ? Tu l'aurais suivi, et alors qu'il te tournait le dos, tu aurais armé ton arc et, je n'ose y croire... Parles-nous ! " Il m'attrapa par le col avant d'être obligé de me relâcher par un autre. Des larmes naquirent dans mes yeux. J'avais honte, mais le visage de Lucile dans ma cervelle effaça cette sensation. -" La raison perdit la bataille face au coeur. Puissiez-vous en me voyant laisser les bons souvenirs l'emporter sur votre rage et votre haine. " Dis-je dans un soupir avant de recevoir un premier coup de poing. -" Traître ! Tu délires ! Je vais te tuer ! " Hurla un des élèves en se jetant sur moi. -" Tu ne mérites plus rien, par ton geste tu perds l'héritage que tu aurais eu." Cria un autre en passant ses nerfs en frappant mon estomac. -" Misérable ! " Souffla le troisième en frappant aussi. Le combat inégale tourna rapidement à l'avantage de mes adversaires. Je n'avais d'ailleurs opposé qu'une maigre résistance. Je comprenais leur douleur, j'étais seulement triste qu'ils n'aient pas compris ma situation. L'auberge retournée, nous fûmes jetés dehors, et les coups plus violents s'accompagnaient de gémissements et l'épuisement commencé à poindre. J'étais au sol, en sang... -" Laissez-le, il ne mérite pas que nous le tuons, ils méritent de souffrir sous le poids de l'amour. " Les coups cessèrent comme une délivrance me dévoilant des douleurs atroces. Trois s'éloignèrent dans les rues, le quatrième s'approcha et pointa la lame de son épée sur ma gorge écarlate. -" Tu étais le meilleur d'entre nous. Nous t'admirions malgré que tu étais le plus jeune, et le dernier arrivée. Nous voyons en toi un exemple de loyauté, de courage, d'honneur. Tu refusais de nous suivre dans les nuits de débauches y voyant là des moeurs incompatibles avec la vie d'un chevalier... Dit-il en rangeant son épée dans un mouvement franc. Maintenant, nous te maudissons et le déshonneur c'est glissé dans ton existence." Et il se retira, rejoignant ses compagnons. Au lieu de recevoir assistance, des voleurs sans vergogne me fouillèrent les poches et y prirent tout. Je souriais; faites, faites donc me dis-je, je possède la plus belle chose au monde. Continuez de regarder les étoiles, j'en ai attrapé une, et elle est dans mon coeur.
Sur cette pensée, je perdis connaissance.
Quand mes paupières s'agitaient avant de s'ouvrir lentement, un terrible mal me fit cracher, tousser, et une douleur intense s'empara de mon corps. En tournant un peu la tête, je croisa le plus beau remède; Lucile était là, qui me regardait avec des yeux inquiets. Je remarquais que je me trouvais à l'extérieur du palais de la Griffe d'Argent, contre un mur. La belle esclave constatant que je reprenais connaissance se jeta à mon cou. -" Pourquoi leur avoir dit que c'était toi ?" Me reprocha t-elle en passant sa main sur mon front pour panser les plaies avec sa douceur, elle avait compris mon aveux et les conséquences. Grimaçant, j'esquissai un sourire. -" C'est mieux ainsi..." -" Mais tu n'as plus rien maintenant, tu ne survivras pas longtemps dans ces conditions." Dit-elle paniqué en collant sa tête sur ma poitrine. J'embrassa son front si pur en me demandant si je devais avouer mon intention, je craignais sa réaction depuis qu'un jour elle me tressa les louanges de sa condition et le récit de sa vie la menant jusque là. Orpheline, pauvre, vivant de la mendicité jusqu'au jour où elle fut battu par un homme pour son plaisir, et qu'elle fut sauver par une jeune esclave de la Griffe Argent qui lui fit sentir là l'unique chance pour vivre. J'admirai sa manière d'accepter son destin tout en gardant son si beau sourire. De plus elle m'avait déjà raconté sa peur de retrouver la liberté.
Nous passions quelques jours ainsi. Je vivais dans les rues, j'en souffrais, les nuits étaient dangereuses, et le matin quand je voyais l'esclave, elle rayonnait. Elle me conta la protection que lui conférait son habit, le fait qu'elle n'avait pas à réfléchir pour se nourrir et dormir. Les jours pour moi étaient durs, de plus en plus.
Vivre ainsi, une épée sur le coeur pouvant s'enfoncer à tout instant, m'épuisait. Cette nuit là, je repensai à ma discussion avec Lucile. Elle aussi fut libre, puis orpheline, jusqu'à en perdre l'espoir de vivre. Je ressentais la même chose. Puis, son monologue sur son état; j'avais un mal fou à croire à qu'elle pouvait se sentir bien, mais je devais le reconnaître, elle semblait en sécurité, et dans les rues, on s'écartait sur son passage en voyant sa tunique blanche, et son collier. En admirant les étoiles je songeai à l'avenir. Rester ici, sans rien, était le chemin le plus court pour perdre la flamme de vie dans mes yeux, mais je craignais de m'opposer à la volonté de ma bien-aimée. Que faire ? J'errais, jusqu'à prendre le décision de tout jouer pour elle, elle comprendrait j'en étais certain ! Le soir même, le pas décidé, je me rendais sur place, au palais de la princesse marchande. J'étais soudain pris d'une panique, comme si ma conviction s'ébranlait, comme si cette pensée d'imaginer que je gagnerais quoi qu'il puisse se passer devenait totalement fausse. Rien ne m'assurait que ma demande serait acceptée. Que ferait-je dans ce cas là ? Je savais une chose, je serai prêt à tout perdre s'il le fallait pour rester avec elle. Courage, j'implore ta clémence ! Soufflais-je, ne m'abandonne pas maintenant. La main tremblante je fis signe à un esclave pour qu'il puisse me mener à Wik, qui selon Lucile était l'intendant. Ce dernier arriva. -" Que veux-tu ! " Dit-il d'une voix forte, net, et imposante. -" Je souhaiterai discuter et négocier pour la libération d'une esclave, nous nous aimons et..." Je ne pus poursuivre qu'il m'interrompis en me donnant cette amer sensation d'être un bloc de glace, il se tourna donc et d'un geste de la main me proposa de le suivre.
L'intendant me guida jusqu'à une porte imposante, large et décoré avec un goût certain. Là encore, ce fut par un simple geste qu'il me demanda de rester seul un instant. Bien sûr j'accepta, et je me disais qu'ici, ils avaient l'art de donner au silence un air de panique et d'angoisse. Je regardai ma main, elle tremblait un peu. Inconsciemment, j'écoulais le temps en arrangeant un peu ma veste, mes cheveux. Il fallait reconnaître que je n'étais pas forcement beau à voir, j'avais passé du temps dans les rues. Wik fit son apparition, et tenant la porte m'invita à entrer. D'une démarche timide et feutré je passai devant le régisseur. Devant moi une scène étonnante, du moins pour moi. Je vis la fameuse Drow millénaire allongée sur un lit à la romaine. Sur une table basse, des plats et des mets raffinés. Non loin, sur un autre lit du même style, une autre femme était affalée, parfaitement alignés à ses côtés, des armes. Puis, autour d'elles, cinq esclaves que je reconnus par leurs habits blancs et le métal autour du cou. Ils étaient au sol sur des coussins, et d'autres debout en train de les servir. Un tenait un verre, un autre un plat... Je devais admettre que durant quelques minutes je restais immobile, à admirer, à être subjugué par cet effluve de luxe et de charme.
" Alors... hmm. Tu as une requête à faire ? " Déclara la maîtresse des lieu qui par la même occasion me réveilla. La gorge serrée, la mine que j'essayais de garder de sorte à transmettre une assurance j'attendais qu'elle finisse de s'essuyer les doigts. -" C'est cela. Je me présente à vous avec cette simple requête: Je souhaite que vous libériez Lucile, une de vos esclaves. Je suis même prêt à jouer ma vie pour cela..." C'était dit. Je ne pouvais plus reculer. Mon regard ne fuyait bizarrement celui de la Princesse-Marchande, et de l'autre côté, l'autre dame semblait totalement ailleurs.
" Et tu sais faire quelque chose d'utile? ... Non? Rien... Wik, va chercher des dés. Quant à toi, sais-tu combien coûte un esclave à l'achat et à l'entretient? " Répondit-elle. Evidemment, je n'en avais pas la moindre idée, et je le fis comprendre d'un geste de la tête avec un air quelque peu gêné.
"Faisons simple. En prenant en compte le nombre d'année que je l'ai entretenue et le prix auquel je l'ai acquise, je te la revends à mille écus. Tu pourras la garder ou la libérer à ta guise." Reprit la drow. Un prix qui m'était totalement inabordable. Je n'avais pas un sou, je n'avais rien. Mon visage se décomposa et toucha une pâleur triste en se baissant. -" Je ne possède, et je n'aurai jamais cette somme... Elle est déraisonnable ! " Dit-je avec rage, et impuissance
" C'est mon unique offre. A toi de te débrouiller bon sang! Le prix de l'amour mon cher, il devrait même être bien plus important! Enfin... J'allais oublié. Tu as trois jours pour me ramener la somme. Après quoi ta Lucile sera définitivement mienne... Et il est possible que je la prenne dans mes appartements pour savoir ce qu'elle a de si extraordinaire." Répliqua-t-elle sans montrer une once de compréhension, bien au contraire, avec des insinuations qui m'agaçait. Hélas en voyant les armes proche de la main de l'autre personne, et mes mains vides, je me contenais, mes yeux se fermaient, crispés. Je serrai les poings à en trembler.
-" Je vous en supplie... Libérez-là. Je suis prêt à tout. A tout... Vous possédez tellement de richesse que cela ne vous affectera pas." Répétais-je frénétiquement jusqu'à être interrompu par son intervention.
"Ou..."
Je la fixais du regard, comme si l'espoir renaissait, comme si ma supplique allait-être entendu. Mes mains sur le coeur, je priai intérieurement. Elle se redressa un peu sur son lit, et sa main pointa avec grâce un coussin au sol.
"Ou nous pouvons jouer aux dés une valeur équivalente. ça te permettra peut-être de réunir assez pour la récupérer... Si tes faux dieux te sourient. Une chemise contre une chemise. Un écus contre un écus. une nuit contre une nuit. Une vie contre une vie. Une liberté contre une liberté..." susurra-t-elle avec un sourire de chat qui m'effrayait. Néanmoins je n'avais pas d'autres issues. Je pris place avec un élan de détermination en regardant le ciel que je visualisai malgré le plafond en réclamant l'aide de la DameDieu. -" J'accepte ! " Dis-je en regardant les six dés que venait d'apporter l'intendant sur le coin de la table. Des dés en os. Je serai incapable de décrire le frisson qui traversa mon être tout entier quand je fis mon jet: vingt-cinq ! Mes prières se renforcèrent lorsque les dés se trouvaient dans le creux de la main de la princesse. Le tintements des dés qui se cognaient. Les secondes avant le lancé semblaient des heures, et serraient mon coeur avec une rare intensité. Une perle de sueur se mit à glisser le long de ma tempe. Je ne ressentais plus rien, rien n'existait autour de moi. Les doigts vêtus de bijoux en forme de griffe de la forgeronne relâchaient avec nonchalance les dés. Le son s'encrait dans ma cervelle, et quand le dernier cessa sa rotation, je calcula rapidement: cinq; deux; cinq; six; trois... Vingt-un. Un peu plus loin, je n'osai croire le chiffre que je voyais sur le dernier dé. Un cinq. Un sifflement dans les oreilles; vingt-six... Ce chiffre devint le symbole, le poignard brisant mon existence, ma vie. Même l'idée de pouvoir être proche de Lucile ne me consolait pas. Je restais prostré, les bras le long de mon corps remuaient avec des spasmes incontrôlés, mes lèvres vibraient d'effrois.
" On dirait que tes dieux n'ont pas trouvé ta cause assez digne d'intérêt..." Me nargua celle à qui j'appartenais désormais. Son ton suave et souriant contrastait avec ma détresse, la rendant même plus belle. Puis je repensai aux paroles d'un ancien compagnon me disant que cet passion allait être ma perte. Ce fut dans cet état de décomposition morale que je suivis du regard mon interlocutrice se lever, et poser son pied nu sur ma poitrine. Elle exerça une pression fine qui me fit basculer et tomber au sol, en m'allongeant sur le dos. Elle avait une figure transmettant cruauté et moquerie à mon égard. -"Je...J'ai perdu..." Murmurais-je doucement. J'étais sonné.
" A partir d'aujourd'hui tu m'appartiens. Félicitation." Me confirma-t-elle en agitant dans mon esprit les règles du jeu. Les bras en croix sur le sol, mon coeur se leva suite à cette défaite... Le bruit de pas raisonnaient comme des tambours funestes dans ma tête.
" Gardes. Cet homme viens de me donner sa liberté. Mettez le aux fers et trouvez lui un coin au sec. Wik est sur un problème important et ne pourra pas s'en occuper avant demain matin." Ordonna-t-elle aux gardes. Ils s'approchaient de moi, me levèrent brusquement, j'étais comme un pantin désarticulé. Curieusement, un petit esprit de rébellion me fit me débattre, en vain... Les gardes sans ménagement pour moi, m'enfermaient dans une petite pièce sombre et l'un d'eux posa à mes chevilles des fers solides, et ils me laissaient là...
La fatigue nerveuse m'épuisa, et je m'endormis jusqu'à être réveillé par le bruit de la porte et l'intendant suivant les consignes de sa, de notre Maîtresse s'occupa de mon cas en m'obligeant à le suivre. Toujours avec cette figure neutre, dont il était impossible de deviner ce qu'il pensait.
Dans mon regard, il manquait cette étincelle de vie qu'on prête aux gens heureux. Je fixai le sol sans cesse. On m'avait prédis l'horreur si je perdais, j'ai perdu, et me voilà réduit à rendre ma liberté. Le bruit des chaînes reliant mes chevilles offrait une symphonie désagréable, et une horrible souffrance pour marcher au rythme imposé par l'intendant de la Griffe Argent. Pendant la traversée du couloir, dans ma tête naissait un monologue: -" Tu n'es plus libre. Ta jeunesse t'a surement dupée, et l'amour t'a rendu fou et dément. Lucile, tu as suivi son chemin... Convaincu de son récit sur l'horreur de sa vie de mendiante, et celle plus paisible au sein de ce palais. Tu l'aimes, et elle t'a désarmé. Ton coeur en la voyant s'est brusquement levé. Et maintenant, il t'est impossible de revenir en arrière. " Ce bouleversement me sonna, et me sonnait encore, comme un terrible coup derrière la tête.
L'intendant ouvrit une porte, et me poussa pour entrer rapidement. Cette impulsion eut le malheur de me faire trébucher. Une main par miracle me retint. C'était une femme avec des cheveux poivre et sel, des yeux bleus, et dont la silhouette et son teint me fit imaginer une mi-elfe, mi-drow. -" Wik, te voilà je commençais à m'impatienter. C'est le nouvel esclave ? " Demanda-t-elle en me dévisageant sans que je ne donne signe d'une once de rébellion. -" Exactement Wydrin, qu'en penses-tu ? " Répondit l'intendant amicalement en conservant dans son ton une espèce de sévérité. Elle se mit à tourner autour de moi, et elle me scruta pensant que l'autre s'installa derrière un bureau et d'ouvrir un grimoire impressionnant, pour y écrire sur une page vierge. -" Déshabille-toi !" M'ordonna-t-il. Je ne saurai expliquer ce qui me passa par la tête, mais je fis un bond en arrière comme pour m'enfuir et je chuta au sol. Wydrin en ricanant me releva brusquement avec des gestes disant que c'était la dernière fois. -" J'espère pour toi que tu n'agiras pas ainsi devant la patronne. Ce qu'il te demande c'est de suivre le protocole. C'est comme ça pour les nouvelles acquisitions" Débuta-t-elle en arrachant ma veste violemment. Des larmes dans les yeux, j'aidai à l'exécution de l'injonction. Je perdis toutes mes affaires, et Wydrin poursuivit en touchant mes bras. -" Il est plutôt charmant, sa mine est morose, mais ça lui passera. C'est un objet plutôt beau à montrer, la patronne sera contente. Où l'as-tu déniché ?" Acheva la garde. -" Parfait ! Regarde un peu, voir s'il est en bonne santé. Répliqua Wik en notant sur le grimoire. Il a perdu en cherchant à libérer une des esclaves. Comme souvent avec ces créatures là, une amourette, et ils perdent la tête. Et nous avons la preuve en perdant parfois la liberté. " Dit-il froidement.
Les deux s'amusaient à mes dépends, et je m'en moquais bien. Je ne bougeais plus, me laissant simplement guider par la Drow pendant qu'elle accomplissait son devoir. Elle me serrait la mâchoire m'obligeant à ouvrir la bouche. -" Héhé... Tu peux te consoler en te disant que tu n'es plus libre, mais que tu vas la retrouver et si tu n'es pas sage, elle prendra aussi des coups...Tire la langue ! C'est bien. Puis son pouce et son index firent grossirent un par un mes yeux. La pupille est parfaite, le blanc de l'oeil éclatant. En revanche, il est fort maigrichon. Fais voir, lève le menton, plus haut, plus fier. Sautille un peu pour voir..." Je me mis à sautiller sur place faisant un vacarme avec mes chaînes aux chevilles. -" Il est en bonne santé cet animal. Cesse-donc, tu fais trop de bruit c'est insupportable. " -" Bien, maintenant, tu vas me dire ton nom, ton âge, le métier que tu pratiquais, et quelques compétences qui peuvent être utiles." Me demanda Wik, pendant que Wydrin s'écarta un peu pour s'appuyer contre le mur.
Je portai mes mains contre mon coeur, je le sentais battre fort, si fort. Mon regard cherchait un je ne sais quoi capable de me réconforter dans cette terrible épreuve, en vain. Ma voix vacillait malgré les efforts pour la rendre net. -" Je me nomme Valère, j'ai 19 ans, j'étais palefrenier, je sais aussi jardiner, et manier l'arc à la perfection. " Mon esprit tourmenté ne me permettait pas d'en dire plus. En face de moi, l'intendant écrivait, acheva par ce que je devinais être une signature, et referma le grimoire. Il jeta un regard à Wydrin, et celle-ci m'attrapa par les cheveux dans un geste qui me fit crier. -" Tu viens avec moi, et en silence, j'ai horreur des bêtes qui gémissent. On va te laver, tu dois être présentable pour la suite." Je pris une douche avec des gestes machinales et fébriles. Quand je me présenta devant la garde, elle me tendait une tunique blanche, une toge fait d'un tissu modeste. -" Mets-ça, c'est un des attributs des esclaves, l'autre c'est la patronne qui s'en chargera." Dit-elle avec un air supérieur. Je m'habilla avec cette simple tenue, c'était déjà mieux que la nudité, et cela me fit sourire et penser un moment à Lucile. J'étirais la toge vers le bas au niveau des jambes. Wydrin saisit un de mes poignets. -" Maintenant tu vas te présenter à celle à qui tu appartiens, qui a le droit de vie et de mort sur toi. Alors, sois-sage, et je vais me montrer généreuse, évite de la regarder dans les yeux. Sinon, je ne donne pas cher de ton jolie minois." Un renseignement qui m'inquiéta sans pour autant vaincre mon mutisme. Elle me conduisit devant une porte. Elle frappa. On entendit une réponse dans une langue que je ne connaissais pas. Je compris que la drow, elle, avait compris.
Alors, elle ouvrit la porte, je sentais sa main dans mon dos donner une méchante impulsion. J'entrais en m'écroulant directement, et mon unique réflexe fut de ne regarder que le sol devant mes genoux. Une étrange sensation me gagna. Une atmosphère légère, belle, régnait dans cette pièce. Il y avait des coussins un peu partout et un tapis sur lequel je me trouvais. Et j'entendais le bruit d'un peigne glissant dans des cheveux. Et des petits gémissements de plaisirs. Ma curiosité ne venait pas à bout de l'effroi... Qu'avais-je fait ? Que vais-je devenir maintenant ? -" Patronne, je vous apporte votre nouvelle acquisition." Déclara avec une certaine satisfaction Wydrin. Les premiers mots de la princesse-marchande portaient à confusions. S'adressait-elle à moi ? Je ne disais rien, elle échangea ensuite avec Wydrin. -" Oh, comme beaucoup, il doit encore se remettre du choc, il a essayé de s'enfuir à un moment, mais plus sous le coup d'une petite crise d'ego. Hormis cela, il a été sage. Et il vient maintenant pour chercher son petit collier..." Le dernier mot de Wydrin raisonna dans ma cervelle. Un collier ? Je passais mes mains sur mon cou comme dans un élan de peine. -"Bon... tel que je connais Wik, il t'assignera surement aux jardins nord pour débuter. Tu aimes les fleurs? Et bien parle je ne vais pas te manger! " Je ravalais ma salive en écoutant celle qui désormais dirigeait ma vie. Les mains caressant mon cou, je répondis à demi-voix. -" Beaucoup. J'aime beaucoup m'en occuper." - "Et les chevaux ?" Me demanda la princesse marchande. -" C'était mon métier Maîtresse..." C'était dit, ma tête se baissa encore plus par ce mot qui confirmait ma condition.
Je sentais ensuite le regard de la drow millénaire sur moi. Puis ses doigts délicats se poser sur mon menton en m'obligeant à lever ma tête. Mes yeux se plongèrent dans celui écarlate de ma Maîtresse. Je transmettais une crainte, un respect... Une simple envie de vivre. -" Si je me souviens bien tu étais amoureux non? Quel est son nom ? " Me questionna-t-elle, ce qui renforçant le sentiment de mon regard. Je pensais à mon amante... Qu'allait-elle dire ? Elle qui avait tout fait pour que je ne risque pas ma vie. -" Oui Maîtresse, c'est vrai ! dis-je avec assurance, elle se nomme Lucile." Un silence s'installa, son regard me terrifiait malgré sa beauté. Je pouvais parfaitement ressentir sa suprématie, sa toute puissance... Puis, d'un geste vif elle reconduisit mon regard sur le sol et s'adressa à Wydrin.
-" Wydrin? Tu pourrais être un amour et demander à Wik de vérifier qu'ils soient loger dans le même dortoir? " -" Je suis pas un pigeon voyageur..." -" Merci Wydrin. "
Un échange qui étrangement me soulagea. Ainsi j'allais la revoir me dis-je en voyant là une étincelle de vérité sur les échanges que j'avais pu avoir avec Lucile concernant la vie de servitude ici. Ainsi, peut-être me trompais-je, et elle avait raison quand elle me vantait quelques bénéfice de sa condition, qui était aussi la mienne. Plus rien ne se passa, on m'installa dans un coin, dans un endroit sombre. Je cogitais, j'étais impatient de retrouver Lucile. Lentement aussi j'essayais de me remettre de mes émotions. Les mains serraient mes genoux, ma tête s'y posa et je fermais les yeux. Plus tard, on m'interpella, Wik, avec son air dur, m'ordonna de me lever et de le suivre. Il me mena dans un sous-sol d'où sortait une chaleur terrible en chemin, il m'expliqua comment fonctionnait la vie des esclaves. La pièce était obscur, et s'illuminait par le feu du brasero artisanal et de quelques bougies. Il y avait aussi une enclume, et le nécessaire que possédaient les forgerons. Sur place, ma désormais Maîtresse m'attendait. J'évitais son regard, et j'évitais même de la regarder. -" Maîtresse, le voilà ! " Souffla Wik.
Je m'approcha, et je vis une oeuvre luisante reposant sur la petite enclume. Deux métaux semblaient entremêler. Un oeil averti aurait put reconnaître de l'argent et une sorte d'acier inoxydable. A la fois relativement souple et incassable par des moyens standards.
A l'intérieur était gravé une curieuse inscription. d'étranges lettres fines.
Le bijou en lui même, large et haut, ressemblait à une longue ronce enroulée dont les piques avaient été étudiées et l'intérieur polis et lissé pour que l'objet soit portable autour du cou sans blesser son porteur. En y regardant de plus près, des symboles et dessins à peine perceptibles étaient gravés sur les longues tiges ou comme coincés entre certaines d'entre elles. Des dessins rappelant des motifs végétaux, chevaleresque ou romantiques.
-"Tant que tu seras à mon service tu portera ce collier en tout temps. L'ôter te vaudra un allé simple pour la fausse commune. Il est ta meilleur protection et la laisse que je peux tirer à tout moment. Compris?"
Les mots de la princesse marchande me firent sursauter, tant j'étais absorbé par la beauté de l'oeuvre. Ma protection ? Me demandais-je en repensant aux paroles de Lucile... -" Oui Maîtresse..." Répondis-je en essayant de chercher mon reflet sur le collier en versant quelques larmes devant l'enclume et en me baissant pour mettre ma tête en suivant les consignes données. Je fermais mes yeux, j'étais crispé pendant qu'elle commençait son affaire, j'entendais le bruit, mais je restai immobile. Je craignais un mauvais geste et pour cela je ne bougeais pas. Le métal était maintenant autour de mon cou, et une chaleur étouffante me fit chercher mon souffle, mes joues devinrent rouges, et des gouttes de sueurs coulaient sur mon front. Sur mon épaule une chaleur vive en sentant des gouttes de métal. J'avais aussi la sensation de ressentir quelques cheveux roussir sous le coup. La jointure était soudée. Le travail terminé. -" Si tu as du mal à dormir avec au début, dit toi que cela ne durera pas. Aller debout. Avec un peu de chance, c'est la dernière fois que tu m'adresses la parole. Wik, je te laisse gérer le reste." Je sentais le métal sur ma peau et me gênait vraiment. Je me levais en chancelant, en cherchant mon souffle, sans rien dire. On m'ôta les liens des chevilles... Et la Maîtresse se retira en me répétant ce qu'elle venait de dire, que c'était peut-être la dernière fois que je lui parlais. Je me disais; cela n'a pas d'importance tant que je peux voir Lucile...
Les premiers jours furent compliqués. Mais le temps guérissait ma peine. Ma rencontre avec Lucile se passa au milieu de chagrin, de colère de sa part, et de joie. On m'expliqua brièvement le fonctionnement, et rapidement je constatai l'espèce de vie qui régnait au sein des esclaves. Les quelques avantages que possédaient les non-humains, et tout le reste... Mon adaptation se déroulait paisiblement. Au fond, pensais-je, voilà des indices me montrant ma fausse vision des choses. Pourtant je restais perdu, prudent, et cherchai une solution pour me sortir de là. Toutefois, il me faudrait du temps, beaucoup de temps. Peut-être même n'en aurais-je pas assez. Rapidement à mes oreilles vint une rumeur qui circulait entre nous; apparemment j'avais tapé dans l'oeil de la princesse marchande. Une palabre inquiétante, si j'écoutai ce qu'on m'en disait. Une des conversations toucha l'apparition d'une longue éclipse, le Voile... Un événement qui m'angoissa, et qui petit à petit trouva dans mon esprit la bonne place de coupable à mon mauvais sort, et que j'en souffrais encore, sur le moment je n'avais ressenti que de la crainte, mais au fond, l'obscurité troubla mon coeur. La vie fut rude et l'énigme sur ce sujet serait long à se dénouer. D'autres y voyaient une punition. Les débats sur le sujet s'enchaînaient, avec des avis souvent funestes. La peur, la mort tout y trouva une petite place, et les ressentis étaient nombreux.
HRP:
Dernière édition par Valère le Lun 6 Mar 2017 - 11:03, édité 1 fois
Guzandrakka
Ancien
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Sujet: Re: Valère, la belle déchéance... ( FINI ) Dim 5 Mar 2017 - 22:30
Salut Valère !
Désolé pour la longue attente, surtout ne pas hésiter à nous relancer !
Concernant ta fiche je ne vois qu'un ajout à apporter, il concerne le Voile. Actuellement le BG est entrain d'être remis en état, du coup pas besoin de rentrer dans les détails. Néanmoins une petite ligne ou deux sur le ressentit de ton personnage à ce moment, vis à vis de l’éclipse qui dura tout un mois miradelphien, ça serait bien !
Sujet: Re: Valère, la belle déchéance... ( FINI ) Lun 6 Mar 2017 - 11:05
Bonjour,
J'ai édité ça, à la fin de l'histoire. J'espère que ça conviendra.
Je n'ai pas osé relancer, au vu du boulot que vous devez avoir. ^^
Guzandrakka
Ancien
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Sujet: Re: Valère, la belle déchéance... ( FINI ) Lun 6 Mar 2017 - 15:43
Parfait ! Te voile validé ! Rebienvenue
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[Sexe] : Homme
[Classe d'arme] : Distance
[Alignement] : Neutre Strict
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