Le souvenir du temps jadis [Correspondance - Ernest et Cécilie]

Domaine baronnial d'Alonna
Dame Alanya de Broissieux, baronne d'Alonna et Protectrice de l'Alonnan.

Castel d’Alonna, en Alonnan
Panahos de la 2^èmeennéade de Karfias de la 10ème année du 11ème cycle,

A l’intention de M. le Comte de Missède et de son agréable épouse.

Pardonnez Messire l’outrecuidance de cette correspondance. Vous êtes certainement un homme déjà bien chargé de pouvoir, qui s’accompagne – je le déplore – de moult responsabilité. Recevez par la présente missive tous mes vœux, qu’ils soient pour votre mariage dont on nous fait éloge même jusque dans les terres les plus septentrionales ou pour votre titre. J’aime à croire que vous assurerez la prospérité du Missédois, maintenant et jusqu’à votre trépas que j’imagine encore fort loin.

L’Alonnan s’était pourvu d’un ami et d’un allié grâce à votre prédécesseur, le jeune Theobald parti rejoindre Tyra bien trop tôt. J’ose à croire, Messire le Comte, que cette amitié et cette alliance demeureront intacte malgré tout. Les temps sont bien trop rudes pour avoir à faire front seuls, alors soyez bien assuré de notre profonde sympathie.
Ne sachant ce que l’on vous a légué, et en dépit du fléau Mort qui semble s’acharner sur votre si beau Duché, je vous laisse le loisir de vous renseigner sur les précédents accords afin que nous en rediscutions à un moment opportun. Vous êtes une lueur d’espoir, qui éclairera bientôt toute votre belle contrée.

Félicitez votre épouse. Que la Sainte Mère fasse de son ventre le plus fécond, et de vos vies les plus prospères afin que vous jouissiez de nombreux enfants sans connaître les vicissitudes de l’avenir. J’enverrai au printemps, si vous me l’accordez, une ambassade pour vous rencontrer.

L’Alonnan demeure à vos côtés,
Bien à vous.

3ème jour de la 3ème ennéade de Karfias
       Hiver de l'an 10 du XIe Cycle

       

À Alanya de Broissieux, baronne d'Alonna et Protectrice de l'Alonnan ; le Comte et la Comtesse de Missède vous saluent.

L’Hiver frissonne à l’écoute de vos douces paroles, les nouvelles de nos amis du Nord ont pour don de réchauffer nos coeurs et réjouir nos esprits. Nous vous remercions de vos voeux et vous assurons de notre engagement sans limite dans l’oeuvre de prospérité du Comté.

Missède n’oublie pas, Votre Honneur. À la richesse des plus rares ouvrages de la Grande Bibliothèque, s’ajoutent pléthore d’écrits politiques, et ceux retranscrivant nos échanges avec l’Alonnan y tiennent une place privilégiée. Langehack et Missède se félicitent de partager avec nos alliés du Nord une tradition scripturale précellente au sein de la péninsule; le Duncanya reste, par ailleurs, un ouvrage des plus consultés par les Liseurs de la Grande Bibliothèque en quête d’inspiration de juste doctrine. Sachez, néanmoins, que toute ample recherche aux archives nous serait inutile. Le Comte a jadis officié en tant que Gouverneur d’Isgaard et les affaires du Nord n’ont que bien peu de secrets pour la Comtesse qui y a vécu pendant plusieurs années. Ensemble, sis sur le trône comtal, nos regards se tournent vers le septentrion plus souvent qu’aucun autre suzerain suderon avant nous. Nous le connaissons et nous l’estimons à sa juste valeur.

Ainsi, nous ne saurions vous apporter la continuité du règne de notre prédécesseur car, Votre Honneur, elle vous est déjà toute acquise; Missède n’oublie pas. Nous souhaitons, en revanche, vous offrir davantage, aller plus loin dans les relations qui unissent nos deux contrées, les redéfinir avec forte vigueur, en profondeur, inébranlables face à nos détracteurs. Aussi, nous attendons votre ambassade avec impatience, mais plus encore, nous vous invitons à nous rencontrer à Isgaard, à votre convenance, où les égards dus à votre rang et l’hospitalité que Missède réserve à ses amis les plus chers, vous serons rendus sans ambages.

       

Puissent les Cinq nous guider plus avant, et plus près encore.

Rédigé au troisième jour de la troisième ennéade de Karfias, au second mois d’hiver de l’an neuf du onzième cycle, de la main de Maître Éloi de Maléhant suivant les mots partagés à l’unisson par Leurs Grandeurs, la Comtesse et le Comte, Cécilie et Ernest de Missède.