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| Son fil émoussé ... ? [Terminé] | |
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Neo de Cléruzac
Humain
Nombre de messages : 192 Âge : 33 Date d'inscription : 21/07/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 38 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Dim 13 Aoû 2017 - 17:32 | |
| ALLEZ ! beugla Neo au garde impassible qui ne daignait bouger que son torse, au rythme de sa respiration somme toute sereine. C'est ce qui enerva davantage l'Irascible qui n'avait que faire d'un garde hautain. Parce qu'il était encore vêtu de sa bure, il ne voulait pas l'écouter ? Pis, il l'ignorait !? Même en faisant se cabrer le magnifique hongre de Matteo, l'homme resta impassible devant l'insistance du curieux personnage barbu qui commençait à bouillir en son fort intérieur. Si l'homme n'avait pas de tact, alors il était bourré d'inconscience, ou de préjugés... Neo se promit tacitement qu'il corrigerait l'impertinent.
Encore un moine mis à l'aumône, renfloueur de coffres !, s'était dit le garde trop têtu pour entendre raison. Neo lui avait pourtant - et poliment - développé le motif de sa venue : dit qu'il voulait rencontrer la princesse pour des raisons professionnelles, qu'elle seule pouvait l'aider, que... Moine suceur de bite professionnel oui, avait alors lâché l'impudent, que dis-je l'inconscient ! Désolé de te décevoir mon grand, il avait enfin retrouvé l'usage de la parole semblait-il, la maîtresse n'a pas de zguèg' que j'sache, par contre moi..., dit-il en faisant mine de déboucler sa ceinture.
C'est dans ce somptueux palais qu'habitait la noiraude qu'il avait revu la veille chez Savarius. Et elle était forgeronne lui avait-on dit ! C'était parfait, tout ce goupillait comme si Othar n'attendait que ça, qu'il œuvrait lui aussi à l'accomplissement de ses fils. Neo avait de fait posé quelques questions dans la journée, afin de savoir qui était donc cette princesse qui avait osé bafouer l'hospitalité du riche armateur lors de sa fête de nouvel an. Et on lui avait - enfin - révélé l'identité de celle qui avait plusieurs fois partagé sa couche.
L'Irascible ne put alors contenir son excitation, celle qui n'avait fait qu'amplifier depuis le rituel qu'il avait accompagné plus tôt dans la journée. Au grand damne du garde, ils ne partageaient pas le même genre d'excitation. Le temps sembla épinglé, puis Neo sauta sur l'homme qui gardait les portes de service du palais. Il avait cependant voulu garder son calme, ce sang froid qui était denrée rare chez l'Aegypius... Libérer son énergie vitale pouvait se faire en d'autres circonstances plus utiles ou favorables à sa cause. Mais l'affront verbal l'avait allumé comme une forêt souffrant de sécheresse depuis des mois, inflammable à la moindre erreur. Neo n'attendit pas les bons soins du narrateur pour immobiliser en deux temps trois mouvements et par des gestes habiles le garde. Puis il vint se positionner derrière l'homme, une lame chatouillant dangereusement sa gorge ahurrie.
Tu avances, ordure.
Le garde qui apparemment prenait très à cœur son boulot ne voulait toujours pas avancer. Le fou risqua même quelques tentative d'escapade infructueuse. Bien sûr le guerrier avait une poigne presque aussi féroce que celle de Raffik, cela dit pas le même tempérament... Face à la dernière réticence notre guerrier hurla tout en fracturant l'index et l'annulaire du récalcitrant personnage. Et encore il s'était retenu, l'idée d'un deuxième sacrifice - celui-ci humain - n'était pas pour lui déplaire.
Le garde se mit à marcher, soufflant de douleur. Ou était-ce de rage ?
Mène-moi à l'intérieur, maintenant.
Les deux hommes entamèrent quelques foulées qui de loin auraient pu être pris pour des pas malhabiles de danse péninsulaire.
Dernière édition par Neo le Ven 27 Oct 2017 - 17:52, édité 2 fois |
| | | Krish Al'Serat
Ancien
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Lun 14 Aoû 2017 - 13:28 | |
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Voir une femme traverser la ville nue sur un cheval doré, le maintien régalien, le regard flamboyant et la mine glaciale, avait visiblement laissé quelques fortes impressions aux fêtard. Tant et si bien qu'après - ou pendant - la traditionnelle gueule de bois du premier de l'an, on murmurait qu'il y avait eu une apparition dans Thaar. Fantôme ? Esprit ? Déesse gueulaient les plus fanatiques. Signe de l'apocalypse, éructaient les prophètes juchés sur les tréteaux dans les rues gémissantes. Cela se tasserait surement en quelques jours... ou pas. En attendant, Krish dormait à point fermé. Cette invitation de l’Ubuesque Usurier l'avait physiquement achevée. Depuis son coma, sa santé n'était pas des plus stables mais en allant se frotter aux fortunés, poignarder un homme, s'énerver à outrance et rentrée nue dans le froid, elle avait cumulé beaucoup de choses. Roulée en boule dans son large lit, entourée de la chaleur sèche des braseros et de la présence câline de Kiba elle oubliait donc ses tracas. Un sommeil sans rêve. A n'en pas douté : celui du juste... Enfin entre les quelques réveil qu'elle avait du opéré pour son fils. L'après-midi était déjà bien avancée lorsqu'elle consentit à réellement se lever. Elle s'étira, fit quelques exercices de renforcement musculaire et d'assouplissement que ses guérisseurs lui conseillait et sacrifia avec délice aux ablution quasi-matinales. Puis, passant un peignoir de soie rouge, elle était allé s'enquérir de l'état de son fils avant de remonté à la surface, accompagnée sur un bout du chemin par Kiba... Qui renonça au rez-de chaussée en sentant le froid s'insinuer sur sa truffe. Elle retourna bien vite dans les étages inférieurs du palais. Krish admira la démarche du Félin à Pointe alors qu'elle s'éloignait en direction du 3e étage. Ou tout du moins, elle en avait l'intension. Une grosse voix aux accents du sombre peuple l'intercepta dès la première salve d'escalier. " Votre Altesse ! " Elle se retrouva à l'instant avec la grosse main d'Eshk'Oroth pressant son bras. " Nous devons descendre. Quelqu'un a forcé la porte. " Tout en parlant, il l'entrainait déjà à travers les couloirs vers les étages souterrains. Surprise, elle suivit le mouvement sans avoir le temps de réfléchir. - Comment-ça, quelqu'un a forcé la porte ?- Un étranger à forcé l'entrée par la porte de services. Il a pris Kaleb en otage et avance rapidement. Des esclaves nous on prévenus et Kaleb le balade pour nous donner du temps. La garde lui a tendu une embuscade dans le couloir habituel. il sera abattu sans sommation même si cela nous coûte la vie de Kaleb, comme la procédure le prévoit. Mais c'est peut-être une diversion donc il faut vous mettre en sûreté. Wydrin est avec les hommes et...- Olah!! " tirant un grand coup sur son bras pour se défaire de la poigne du Second de son capitaine alors qu'ils étaient à mi chemin du premier sous-sol, la maîtresse des lieux s'immobilisa. " Un homme seul a forcé la porte de service comme une brute sans même tué le garde à la porte et s'enfonce dans le palais sans agressé le moindre esclave, c'est ça ?- Exactement. Il est probablement envoyé par Faeron. Maintenant si nous pouvions...- Et je parie que ce Kaleb est avec nous depuis moins de deux mois. Cette fois, Eshk'Oroth arrêta d'essayer de récupérer le poignet de sa patronne et plissa les yeux. Oui c'était le cas, mais comment avait-elle su et qu'est-ce que cela pouvait bien changé ? " Et évidemment, personne n'a pensé à demande à ceux qui ont prévenu la garde si cet homme ne serait pas, par hasard, grand, pâle et athlétique ? " ajouta la forgeronne devant l'incompréhension manifeste de l'ancien militaire. Son regard rouge sang s'illumina d'un coup... " Oh je vois ! " avant de s'assombrir de nouveau, rejetant dans le fond des oubliettes les mauvais souvenirs associés à cette putain de sortie à Yutar. " je vois... " répéta-t-il un ton en dessous, sa voix changeant radicalement d'émotion. " Va les prévenir. Qu'ils le laisse passer. S'il veut me voir, je le rejoins dans une minute dans le salon rouge. " Satisfaite, elle obliqua d'un pas léger vers les entrailles de sa demeures. __________________ Le petit groupe de garde finissait d'armer leurs arbalètes lorsqu'Eshk'Oroth déboula. Wydrin leva brusquement la tête, le mettant en joue par réflexe avant d'expirer lentement en reconnaissant son second, essoufflé d'avoir courut de toute la vitesse de ses grandes jambes. " C'est bon. La patronne veut qu'on le laisse passé et s'il veut il attend dans le salon rouge." retransmit-il en vrac entre deux respirations forcées. " Quoi ?- C'est réglé je te dit. Dite lui qu'elle le retrouve dans le salon rouge. Je dois encore prévenir les sentinelles du 2e. "Sans demander son reste, il repartit en courant sous les yeux médusés de son supérieur et de son groupe d'intervention. L'un des gars, déjà près, se tourna vers elle, aussi estomaqué que la frêle capitaine. " Du coup, on fait quoi, chef ?- On obéit aux ordres " soupira-t-elle en fronçant les sourcils " ... Et on se montre plus malin que notre patronne. " ajouta-t-elle pour elle-même. Cinq minutes plus tard, armée de pied en cape et portant une arbalète deux coups accroché entre ses lames sur son ceinturon, la fine silhouette de Wydrin, comme une poupée dans une armure bien trop lourde pour elle, faisait face à l'intrus, les bras croisés. Couteaux de lancés, épée courte, dagues, poignard et un espadon dans le dos, une véritable armurerie ambulante. Étant donné sa carrure, il semblait même contre nature qu'elle ne s’affaisse pas sous le poids. Ses grands yeux cristallins, aussi sympathique que des portes de prisons, jaugeaient l'homme qui devait faire à peu près sa taille. Ses oreilles forts longues, son teint gris cendre et ses cheveux lâches où s'entremêlaient de larges bandes brunes et blanches trahissaient également son ascendance bâtarde. " Relâchez cet homme. Son Altesse va vous recevoir. "En cas de refus, elle était prête à le mettre à mort malgré tout, ses gars attendant derrière elle dans l'angle de la porte et un autre groupe se déplaçant en se moment même vers l'autre sortie du couloir. Sinon, elle ne comptait pas le lâcher d'une semelle, bien qu'elle se montrerai d'une cordialité parfaite.
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| | | Neo de Cléruzac
Humain
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Lun 14 Aoû 2017 - 17:58 | |
| Un petit serviteur - ou était-ce un esclave ? - vint presque percuter le couple qui entamait sa danse gourde et cocasse dans les couloirs sinueux du palais. Seuls les soubresauts de la marche saccadée, commençaient à ruiner le cou du garde dont les moeurs s'étaient adoucis.
Dans la ruelle était resté le hongre docile que Matteo lui avait prêté. Mais avec toute la docilité que l'on pouvait prêter, lorsqu'on laissait seule une bête dans un endroit inconnu, elle finissait par foutre le camp, épeurée. Et de fait on l'entendait déjà hénir, aux confins de la patience. Au pire elle risquait de se prendre les pieds dans les rênes et à fortiori s'étrangler, et bon dieu Othar c'est Matteo qui viendrait le tirer par la peau des fesses et lui apprendre les règles élémentaires du bon cavalier ! Se n'était pas la première fois qu'il se faisait emporter par le feu de l'action laissant une monture seule à la merci de sa condition. Au mieux pour elle, elle se ferait chapardée par un bienheureux chançard de passant, mais encore une fois son frère d'arme ne l'epargnerait pas d'admonestations. Une monture méritait toute l'attention et les faveurs de son cavalier, dès qu'elle se soumettait à sa volonté, aurait morigené l'éleveur et dresseur équin face à l'attitude désinvolte de son frère d'armes.
[Color=#663366]Eh eh eh eh ! Mon gamin viens donc approche toi, apostropha Neo. Profitant de l'occasion le garde imbécile tenta de se libérer de l'étreinte en envoyant les guibolles dans tous les sens afin de déstabiliser Neo. Mais c'est qu'il était fougueux ! Trop bien entraîné, quoique sa jambe sortant à peine d'une longue convalescence, le guerrier fonça contre un mur, explosant la trogne du malheureux. Celui-ci se laissa tomber, sonné. Le sang commençait déjà à envahir ses sens, dégoulinant d'une arcade bien ouverte.
Le garçon trop ébaubi par l'action qui se déroulait devant ses yeux ronds, accepta d'une main tremblante l'arme que Neo lui tendit. Après avoir remit le beau couteau en gage de bonne foi au jeune homme, Neo lui demanda gentiment de s'occuper du canasson esseulé. Le couteau s'appelait revient, mais en échange le guerrier lui filerait quelques pièces trébuchantes dès qu'il en aurait fini...
Tout en demandant ce clair service au garçon qui en fait n'avait pas plus de dix ans et ne savait où placer le couteau, ni comment le tenir, Neo avait défait le nœud du cordon qui ceintrait sa bure. Pourquoi ne s'était-il pas changé après le rituel ! Toujours est-il qu'il fit un simple nœud coulissant qu'il enfila autour de la tête du pauvre hère qui reprenait à peine ses esprits. Et il les retrouva assez rapidement car presque dix minutes plus tard Neo se demandait si l'homme ne le menait pas en bourrique dans les nombreux corridors du palais princier. Et ce afin de donner le temps à la garde des lieux d'accourir à l'envahisseur qui avait déjà été repéré par plusieurs esclaves qui avaient prit la fuite.
La corde commençait à se resserrer d'avantage autour du cou meurtri, quand une voix résonna devant eux.
Relâchez cet homme. Son Altesse va vous recevoir.
Combien de temps avait-il fallut attendre pour que l'on reçoive un invité, religieux ou pas, en robe ou pas, attendu ou pas !? Alors il défit ce nœud du pendu qui justement commençait à teinter de bleu les lèvres du garde. Il laissa ce dernier s'affaler entre lui et l'auteur de cette voix si aimable, mais pourtant son faciès disait tout autre chose. Neo qui ne pouvait se targuer d'arborer un visage plus amène, cracha sur l'homme suffocant. Enfin pouvait-il respirer de nouveau correctement. Bientôt il pourrait ouvrir sa bouche nauséabonde et jacasser foutrement comme il savait si bien le faire.
Avec des gestes très lents, comme s'il s'habillait un matin d'hiver tranquillement dans sa chambre, Neo ceintra sa bure. Ce faisant il détailla la femme qui l'avait interpellé, que dis-je, accueilli ! Elle était grande, aussi grande que lui et que celle qu'il était venu voir. Son teint grisâtre s'accordait avec la maîtresse des lieux mais sa chevelure trahissait un métissage avéré. Malgré la finesse de sa silhouette elle ne ployait pas sous le poids des armes qu'elle portait. Et c'est qu'elle en portait une multitude. Neo quant à lui n'en avait point sur lui, il était venu léger à part ce poignard qu'il avait gagé.
Enfin l'hospitalité adéquate pour une si prestigieuse maison. Il fit une pause s'inclinant subrepticement. Neo, crut-il bon de préciser en se touchant le torse. S'il avait fallut forcer l'entrée c'est qu'il s'était cogné contre une âme récalcitrante, mais l'Aegypius ne manquait ni de respect ni de courtoisie envers ceux qui méritaient ses civilités. Après vous, dit-il en indiquant le couloir par lequel était arrivée l'accueillante métisse.
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| | | Krish Al'Serat
Ancien
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Jeu 17 Aoû 2017 - 0:02 | |
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Avançant d'un pas guilleret, une vieille comptine d'Elda qu'elle chantait souvent à Elghinn sur les lèvres, Krish arriva à la porte devant laquelle Wydrin veillait, la mine sombre. Un sourire amusé éclaira son visage.
" Tu as l'air ravie de retrouver notre cher ami. - Vous le connaissez si bien que ça ? " répondit l'hybride de sa voix étrangement cistalline avant de grogner sous l'expression de sa patronne. " La prochaine fois prévenez moi quand vous avez ce genre de visite. - Comme si je pouvais le prévoir. "
Avec un rire, la drow se peigna rapidement du bout des courtes griffes ouvragées qu'elle portait à la main gauche. Sa crinière sauvage était en ordre relatif. Bien. Ses lames jumelles en demi cercle longeaient la peau de son dos au niveau de ses dernières côtes, sous le tissus qui floutait sa silhouette. Elle ne resserra pas même la ceinture légèrement distendue du peignoir de soire rouge dont elle n'avait pas changé, resserra sa prise sur le goulot de la bouteille de verre scellée de cire noire qu'elle avait apportée sous son bras et fit signe à Wydrin d'ouvrir. Impatiente de pouvoir enfin connaître les avancées de ses recherches... et aussi un peu de le revoir, la forgeronne rayonnante fit un pas dans le salon de pourpre et d'or qui s'articulait autour de plusieurs sofas, d'une série d’œuvre en métal figurant dans corps en mouvement et de quelques guéridons judicieusement placés sur lesquels reposaient des coupes de fruits, de la viande séchée et des des verres en cristal.
A peine entrée, elle s'immobilisa et son sourire disparu sous le coup d'une surprise visible mêlée de déception. En lieu et place d'un grand elfe aux épaules larges, aux yeux d'acier et au sale caractère, un humain barbue en robe de moine était le seul occupant de la pièce. " Mais Halan... " Tétanisée, c'est la bouteille qui la débloqua en manquant de lui tomber des mains, coupant du même temps son hésitation accusatrice. Relevée, elle se tourna vers Wydrin. Il lui suffit de croiser son regard goguenard pour comprendre ce que les deux femmes venait d'éclaircir au même moment. L'homme qui ce tenait là n'était tout simplement pas celui auquel s'attendait Krish. Elle en était si convaincu qu'elle n'avait demandé aucune confirmation... Mais quelle abrutie !
Légèrement renfrognée, elle eut une brève pensée pour sa tenue avant de décidé qu'elle s'en moquait étant donné l'homme qui était là au final. Elle fit signe à Wydrin de fermer la porte - ce que la guerrière fit à contre cœur - et s'approcha du plus proche guéridon pour déposer sa bouteille.
" Il y a eu méprise. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit toi. " expliqua-t-elle avant de se tourner vers lui, hésitant visiblement entre ses éternels manières aussi taquines que félines et un ennuis manifeste. " Alors, je peux savoir pourquoi tu t'en prends à mes gardes ? Tu as trouvé un job me concernant hier soir ? "
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| | | Neo de Cléruzac
Humain
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Jeu 17 Aoû 2017 - 16:56 | |
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Neo s'était fait donc aimablement conduire dans une pièce luxurieuse... Où les fruits reposaient gracieusement dans des saladiers, image digne des plus belles œuvres de Théodore Galve-Pie, illustre peintre péninsulaire. Où les sofas de Qiryah donnaient autant envie au paresseux de s'y coucher par leur couleur que par leur forme. Où les tapis rappelaient ceux sa chambre, et les gravures sur fer faisaient penser à celles de son culte. Où l'atmosphère voyait coquetterie et romantisme flirter ensemble, plongeant systématiquement l'être dans une torpeur des plus douces, désirant aussitôt les plus tendres caresses...
La maîtresse des lieux savait-elle déjà qui était son invité forcé ? Accueillait-elle chaque convive dans cette pièce ? Au début il n'osa s'assseoir pensant que l'attente serait des plus courtes. Quelques minutes s'écoulèrent, et personne ne vint déranger la quiétude du salon, sauf peut-être quelques bruissements qui se faisaient entendre à l'extérieur.
Neo était d'une humeur indescriptible... Lui ne ressentait pas du tout cette... tension sexuelle que pouvait faire jaillir en vous le salon. Lui voyait dans cet espace, comme un ode aux organes et au sang. À l'effervescence, et au sang. Aux sentiments sulfureux, et au sang. Au sang et rien qu'au sang. Et de fait l'Inexorable goût pour celui-ci s'était fait ressentir la veille au soir, lorsque dans les jardins suspendus de Faeron il avait revu Krish Al-Serat dont il ne connaissait pas encore le nom ni la profession. Lorsque le fluide adoré avait giclé des flancs du roturier, et que la lame de la princesse menaçait d'ouvrir une fontaine, Neo avait frissoné. Pourquoi était-il intervenu ? La rage et la haine justifiaient tout acte et tout meurtre. Il lui aurait volontier tenu le second pour qu'elle ait le temps de zigouiller le premier !
Ô combien de jours s'étaient écoulés sans que Neo ne tranche ou n'ampute un membre ennemi ? Combien d'enneades avaient vu leur cours paisible s'écouler, sans la moindre goutte de sang ? Combien de mois avaient du voir le guerrier d'Othar reclu dans une turpitude sans nom !? Des lustres et des lustres, tant et si pesants que l'homme n'avait pu que jouir lorsque la lame du couteau avait plus tôt ce matin glissé dans les chairs et sectionné l'artère du porc. Neo avait certainement vécu ce sacrifice comme un moment d'extase. Il se revoyait encore, orgasme à fleur de peau, dès lors que le sang était entré en contact avec ses mains et qu'il avait dégouliné le long de ses bras... Il ressentait encore le goût métallique qui enrobait son palais lorsqu'il avait en compagnie des Frères mangé le cœur, puis bu le sang animal. Il était entré en contact avec Othar, indéniablement. Lui plus que les autres. Tout le long du rituel il avait ressenti la présence divine du Coléreux. Et il en était maintenant encensé. L'homme s'assit enfin. Le noir de sa bure se mélangea aux pourpres du salon, et l'or scintillant par les flammes orangatres - d'un jeune feu crépitant sur l'atre - vint compléter le tableau. Si Othar n'accompagnait les faits et gestes du guerrier, car s'étaient là les couleurs du Culte qui régnaient dans la pièce, alors le hasard était une chose relevant de la magie...
Alors que Neo tournait la tête interpellé par le bruit de gonds grinçants - qui devaient par pitié être huilés - il aperçut la... divine créature Bien sûr qu'elle était ravissante avec son peignoir en soie vermeille - ces tons revenaient encore une fois ! Lionne sauvage que l'on venait d'interrompre dans sa tanière. Bien sûr qu'il la désira dès que son regard pu apprécier ses courbes. Et si la veille il l'avait brièvement convoité, trop soucieux de sujets professionnels, cet après-midi le sentiment s'installa dans le podium rivalisant avec son goût pour le sang et sa foi.
Aussi lorsqu'elle le prit pour un certain Halan, et de se rendre compte de son erreur, visiblement déçue, Neo ne put s'empêcher de sourire. N'en avait-il pas connu d'autres des quiproquos, et des beaucoup plus graves ? Fort heureusement son sourire passa inaperçu car la princesse avait un instant partagé sa peine avec la gardienne aux yeux cristallins qui était restée à l'extérieur.
Il y a eu méprise. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit toi , expliqua-t-elle avant de se retourner vers lui. Alors, je peux savoir pourquoi tu t'en prends à mes gardes ? Tu as trouvé un job me concernant hier soir ?
Je ne suis certainement pas venu... t'étrangler - car oui il n'avait qu'un cordon ou ses mains - sous les ordres d'un certain armateur. Oui le tutoiement semblait plus adéquat. D'ailleurs la sombre elfe n'avait pas hésité une seule seconde à s'adresser à lui de la sorte. Neo préféra ignorer la raison de cette familiarité. Si la daedhelle signifiait ainsi son ennui, qu'il en soit ainsi. Si elle exprimait de cette façon de douces réminiscences, celles de leurs ébats passés, qu'il en soit ainsi. Il n'était pas venu pour réitérer une aventure oubliée Il était venu pour de l'inédit. Donc rien à voir avec notre hôte d'hier soir, quoiqu'il m'ai peut-être trouvé un boulot, oui... rajouta l'homme presque pour lui-même.
Alors il se leva car depuis que la sombre avait fait clore la pièce, il n'avait pas encore daigné se lever. Et le respect !?
Son Altesse, prononça-t-il une main sur le cœur et la mine sincère. Divine créature... Je me prénomme Neo, crut-il bon de préciser à la maîtresse des lieux qu'il venait d'affubler d'un ancien surnom. Ils ne se connaissaient pas formellement après tout... bien que l'on se connaisse de... longue date, dit-il en souvenir de leur éphémère relation. Combien de fois s'étaient-ils vus dans l'intime clandestinité d'une auberge ? Une quinzaine de fois ? Mais... À Thaar ou était-ce à Sol'Dorn ?
Il s'était approché d'elle. Malgré la robe qu'il portait, ses gestes viriles étaient indéniables. Il s'arrêta à un mètre d'elle.
Je ne maltraite que les gardes imbéciles et sans éducation. Si je n'étais pas guerrier, alors aurais-je pu devenir précepteur d'idiots récalcitrants. Ou alors conseiller en matière d'embauche de personnel. Cependant je dis ça, mais l'abruti semble être une exception, ta maison est respectable, Krish. Al-Serat., dit-il en pensant aux esclaves qu'il avait croisé et à la drow métissée qui l'avait accompagné jusqu'ici.
J'ai su que tu étais... forgeronne ? Et moi tisserand donc, ironisa-t-il, parce que j'ai voulu renouer des liens avec toi. Peut-être pas les mêmes qu'antan, mais j'ai besoin de toi, de ton savoir-faire. C'est qu'en fin de compte leurs métiers étaient liés.
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| | | Krish Al'Serat
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Ven 18 Aoû 2017 - 2:00 | |
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Krish ne nota pas plus le tutoiement que le fait qu'il reste assit. L'humain dont les fesses étaient restées agréablement enfoncé dans le rembourrage de son canapé n'était plus un étranger... Ou plutôt, fut un temps ou il ne l'était pas. A présent elle n'aurait juré de rien, mais là était son crédo : ne présumer de rien c'est ne connaitre que de bonnes surprises.
Alors il n'était pas là pour mettre fin à sa longue vie. Tant mieux, elle aurai détesté que sa mort vienne entacher la réputation de la Corporation d'Argent. Elle aurait détesté mourir de la main d'un type pareil en même temps. Quelle déchéance cela aurait été... à la limite de la main de cet archimage fou qui lui avait fait dont d'une gigantesque panthère du Plan de l'Ombre pendant quelques jours pour son millième anniversaire, Halan ou Velkyn, cela aurait eu plus de panache... Et encore. Non. Elle n'aimait simplement pas l'idée de mourir. Elle ne s'était pas ennuyé à survivre aussi longtemps pour ne pas en profité maintenant que quelques menus détails tournaient en sa faveur !
Enfin... Ce genre de débat n'avaient pas leur place pour l'heure. Une ancienne apparition venait user son tapis dans un but encore inavoué. Lorsqu'il se leva, le ton qu'il employa pour lui donner du "Son Altesse" après l'avoir tutoyée lui fit levé un sourcil. D'un sourire aussi taquin que provocateur elle répondit rapidement à son hésitation " Divine Créature me plait beaucoup plus... " puis elle le laissa finir. Pendant que ses yeux le détaillaient, les mains de la drows s'étaient décidées à ôter le cachet de cire noire qui fermait la bouteille de Shyk'na Keltok venue tout droit du Puy. Elle voulait les garder pour de grandes occasions, mais puisqu'elle en avait sortie une, autant en profité.
Neo... Elle avait déjà entendu ce nom... et la bure de moine. Voilà qu'il avait besoin d'une forgeronne de talent. Pour une arme évidemment. Elle en aurait mis son marteau à fondre. Tout le monde voulait toujours une arme, s'en était d'un laçant... Mais elle n'en laissa rien paraitre, sa mine féline restant égale à elle-même. Elle alla même jusqu'à lui offrir un éclat de rire lorsqu'il parla de refaire l'éducation de son personnel. " S'ils ne comprennent pas rapidement que c'est à moi de choisir qui voir et qui refuser, il est possible qu'un guerrier précepteur soit requis de toute urgence. " puis elle ajouta sur un ton qui flirtait avec une excuse... du moins dans l'échelle de valeur de la daedhel. " J'ai du engager rapidement un grand nombre de gardes après ma participation aux Sept-Monts. Enfin... "
Laissant la cire récalcitrante, elle passa l'une de ses griffe sous l'ongle qui en avait été noirci pour lui faire retrouver son éclat avant de poser les mains sur le bord du guéridon. Ses yeux se vrillèrent plus franchement dans ceux de l'humain. " Aegypius... Pour une surprise, Ul'Saruk. " susurra-t-elle en utilisant à son tour le surnom qu'elle avait gémi et crié au creux de leurs ébats. Elle ne savait même plus si elle lui avait un jour dit que cela signifiait tout simplement 'Maître de guerre' dans sa langue natale. Après tout elle l'appelait tout aussi souvent par le sobriquet qui lui était venu aux lèvres la veille, cet Irascible Guerrier. Être un Aegypius lui allait plutôt bien si elle ne s'était pas trompé.
Elle lâcha finalement le bord de la petite table, frottant ses paumes sur ses hanches pour en éliminer le reste potentiel de cire, elle combla le mètre qui les séparait pour s'emparer de ses poignets, les cintrant avec force et vivacité. Elle resta un instant, là, ses yeux affrontant ceux du l'humain, leurs mains à hauteur de poitrine. Elle le jaugeait, à n'en pas douté, et une fois n'est pas coutume, derrière son expression suave perçait un peu de sérieux et une attention certaine. Libérant ses articulations, les mains rudes de la forgeronne glissèrent une fois sur les paumes des énormes paluches caleuses. Elle laissa tombé l'une de ses proies, ne gardant pour elle que la plus importante, la main d'arme, y pressant la sienne comme si elle ne faisait que lui donner courtoisement ses doigts ornés de griffes. " Alors comme ça tu as besoin des talents de la seule personne en vie capable de maîtriser pleinement la forge de lave d'Elda... " sourit-elle, goguenarde. " Pourquoi un Aegypius aurait besoin d'une forgeronne...? Voilà un mystère autrement plus épais. " ajouta-t-elle avec une pointe d'ironie mordante dans ses intonations mutines.
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| | | Neo de Cléruzac
Humain
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Lun 21 Aoû 2017 - 20:18 | |
| Les mires entrelacées n'avaient fait qu'augmenter significativement la chaleur ambiante. La force des yeux comme des talismans aux pouvoirs infinis... L'instant sembla s'éterniser tant les iris s'étaient figés l'un dans l'autre. À la recherche de quoi au juste ? Du temps perdu ? De vérités ?
La pièce était une bulle. Il n'y avait plus de temps, plus d'ailleurs, plus que cet espace. Dans ce flottement qui voyait le temps se dilater, le guerrier fut saisi d'un sentiment étrange. Une impression de déjà vu. La sensation de son corps léger ondulant, vint s'intensifier lorsqu'elle prononça dans sa langue natale ce mot qu'elle avait employé jadis... Que dis-je... Qu'elle avait déployé en cris et gémissements, à en faire vibrer le mur du Zagazorn, pis, à en ébranler l'honneur dawi.
Aujourd'hui c'était son âme qui vibrait, qui vrillait. Qui... Voyait ? Délirait-il au fait ? Ses chairs attestaient le contraire quand il ressentit tous leurs orgasmes passés et confondus. C'était un souvenir... C'était donc bien réel, un souvenir n'était-ce pas une façon de revivre le passé ? Son corps commença à subir quelques légères modifications. Frissons incontrôlables. Était-ce donc la fin ? Avait-il été empoisonné ? Impossible. Était-ce cette fièvre qui le taraudait depuis la veille ? Et qui s'était enfin emparée de l'homme comme une chrivine trop longtemps chassée, pourchassée, et qui se serait, exténuée, enfin laissée prendre au piège. Peut-être... Toujours est-il qu'il se concentra sur sa mâchoire serrée pour contenir cette étrange vague de véhémence qui menaçait de l'ensevelir.
Peut-être n'avait-elle pas encore remarqué son voyage intérieur lorsqu'elle vint s'emparer des ses mains. Au premier contact Neo fût certain de son choix, or il ne laissa rien paraître. Il se laissa d'abord manipuler les poignets avec la force qu'ils méritaient, tant ils étaient puissants reliant bras et mains guerrières. Porteuses d'armes et de fureur.
Leurs regards s'étaient faits plus intenses lorsqu'elle lâcha sa main gauche pour se concentrer sur la droite. C'est à ce moment qu'il ressentit une décharge. C'était ce flux d'énergie, sous forme d'électricité statique qui vint signifier à l'Irascible que la Princesse Marchande était l'élue. À n'en point douter.
Ses poils ne tardèrent pas à se hérisser de... Satisfaction ? La daedhelle prononça quelques mots qu'il eu peine à saisir.
- Alors comme ça tu as besoin des talents de la seule personne en vie capable de maîtriser pleinement la forge de lave d'Elda... Seulement la dernière question eu l'effet d'un hameçon sur sa conscience qui doucement voulait s'évader en glissant dans une torpeur impossible à maîtriser. Pourquoi un Aegypius aurait besoin d'une forgeronne...? Voilà un mystère autrement plus épais.
Pourquoi, oui ? Son fil émoussé...? Étrange... Son hache n'était-elle pas encore resplendissante, par ses soins prodigués, par son entretien dévolu ? Mais surtout pourquoi elle ? Pourquoi cette forgeronne et pas une autre ? Était-ce justement question de lave et de forge ? Dans tous les cas se serait elle qui forgerait son arme... Il en avait la certitude absolue... Et elle y mettrait toute la hargne indocilee et tout son talent possible, afin de forger...
Ul'Saruk...!
Il était peut-être impassible, dure coquille extérieure qui était sa protection ; Neo restait un être sensible à toute chose, seulement il avait apprit à combattre et contenir les soubresauts de son âme. Hélas aujourd'hui il ne put que fléchir les genoux pour encaisser le coup de la voix dans sa tête. Elle avait résonné dans sa caboche comme un cri de dragon dans une vallée encaissée, emporté par le vent, distendu par l'eau. C'est cette voix, c'est elle qui avait tout déclenché. Il avait tant lutté pour chuter maintenant ? Qu'en penserait la maîtresse des lieux se demanda Neo en plongeant amèrement vers le sol, désorienté. Lui qui ne montrait jamais faiblesse qui soit... Lui l'Aegypius, le puissant guerrier, le...
Lorsque son front s'écrasa contre le sol les yeux de Neo s'étaient déjà révulsés. Sa tête se mit à marteler le sol frénétiquement. Enfin les mouvements saccadés cessèrent.
- L'ul'saruk... Zhah'na ukta. Usstan TLUN., dit-il dans une langue qui lui était vraisemblablement inconnue.Ce n'est pas lui... Le Maître de Guerre...C'EST MOI ! Il fut prit de nouveaux spasmes, avant de se recroqueviller sur lui-même. On aurait crut la poupée d'un marionnettiste.
- Uk zhah ussta mul'rin, prononça-t-il encore d'une voix étrange.
L'homme est mon pantin. Les feux avaient vacillé tout le long de l'attaque. Lorsque Neo ouvrit les yeux il ne put prononcer qu'un dolent « à boire... ». Puis il sombra nouvellement.
♦♦♦
Neo se trouve dans une pièce similaire au salon de la princesse, seulement les murs sont nus. Nu aussi le guerrier, assis en tailleur à même le sol. - Ton corps. Aegypius... Ton corps. Ton corps... Neo. Neo. Ton corps. - Othar...? Questionne Neo. - Fils. Répond la voix.
Il rêve.
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| | | Krish Al'Serat
Ancien
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Mer 23 Aoû 2017 - 2:26 | |
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A ses poignets, elle avait constaté que le cœur de l'humain battait avec force et amplitude. D'une façon étrangement prononcée pour qui est serein. Puis, parcourant les lignes de sa paume, elle avait pris de nombreuses notes sur la force, les dimensions et les spécificités de sa main d'arme, sans avoir l'air d'y toucher. Et elle avait fini par la serrer, cette main, faisant jouer des muscles qui n'avaient pas encore retrouvé toute leur force depuis sa grossesse, mais qui avaient encore toute leur sensibilité et leur expérience. Elle le testait. Elle le jaugeait, fouillant l'ombre qui se cachait derrière ses iris brunes. Elle l'évaluait du bout des doigts... Et elle le voyait lentement dérivé sous le regard qu'elle vrillait dans le sien. A sa dernière question, il semblait tenter de trouver désespérément une réponse sans réussir à se focaliser. Sa grosse paluche devenait moins ferme. Ses yeux moins perçant. Voilés. Étrangement voilés...
Elle serra pus fort.
Il tomba à genoux. Son front heurta le sol. Son corps était agité de soubresauts. " WYDRIN ! " La porte explosa littéralement, laissant passer l'hybride, concentrée et arme au clair. Le regard de la capitaine se posa sur l'humain qui convulsait au sol. " Les guérisseurs et un mage de l'esprit. " Ordonna la Maîtresse des lieux sur un ton neutre et autoritaire qui ne souffrait aucune question, toute taquinerie envolée.
Elle n'avait pas attendu d'en avoir finit avec Wydrin pour se laisser tomber à genoux sas prendre garde à la manche de son peignoir qui commençait à tomber. Trop loin pour attraper un coussin à temps, elle avait placé sa main entre le front de l'humain et le sol de pierre afin de lui éviter au maximum la rudesse des chocs. Et il n'y allait clairement pas de main morte... A cette distance, elle voyait ses yeux révulsés mais ses bras restaient au sol et aucune écume ne lui venait aux lèvres. Elle voulut le pousser d'une main ferme à tomber sur le flanc, mais ses doigts avaient à peine touchés son épaules qu'il s'immobilisait, tendu à l'extrême. Des yeux qui n'auraient normalement pu la voir croisèrent le regard de la femme à ses côtés. Elle frissonna, statufiée par une impression qui lui coulait le long du dos comme une brûlure sur l’œuvre qui le maculait. La Flambée dans l'âtre réduit brusquement.
La voix de l'humain s'éleva, comme déformée. Plus grave. Plus vibrante. Cette voix n'appartenait pas à l'homme qu'elle avait devant elle en entrant dans la pièce. Elle n'était pas celle du moine guerrier avec lequel elle avait couché bien des années en arrière... Et les mots qui roulèrent sur sa langue n'étaient pas non plus les siens. L'accent était celui du plus pur eldéen. A chaque intonation, le feu, les lampes et les bougies vacillaient, gonflaient, gondolaient pour lancer tour à tour des ombres et des éclats rougeoyant. Une sueur froide remplaça la sensation de brûlure le long de son dos, empoissant la soie qui la couvrait. Ses derniers mots tombèrent comme un couperet.
Puis le silence.
Wydrin s'immobilisa sur le seuil, les flammes grondaient. L'humain s'écroula. L'éclairage revint. Entre les bras de l'elfe noire, très vite installé sur ses genoux, une voix rauque demanda à boire avant de s'éteindre. Les guérisseurs ne tardèrent pas à arriver avec une civière de bois et de draps. Ils se précipitèrent pour examiner l'humain sans que Krish ne fasse un geste. Il était inconscient mais respirait correctement.
" Que fait-on ? " demanda l'un des médecins... sans réponse. Avant qu'il ne réitaire la question, Wydrin pris les devants. - Installez le dans une chambre à l'étage et... - Non. " Pour la première fois depuis l'arrivé des soigneurs, Krish quitta des yeux le visage de l'humain. " A mon étage. Soyez attentifs mais ne tentez rien qui pourrait le sortir de sa transe. "
Les soigneurs posèrent des yeux incertains sur la capitaine de la garde. Elle acquiesça, leur donnant le feu vert pour cette étrange requête. Seule dans le salon avec la drow, elle avisa la bouteille de liqueur toujours fermé puis jaugea les différentes lampes murales comme si elles allaient lui sauter à la gueule. Elle ne comprenait pas exactement ce qu'elle avait vu... Mais même Krish semblait dérangée par ce qui s'était passé en ces lieux. Elle ne s'était pas relevée et gardait les yeux dans les flammes inhabituellement fortes de l'âtre. " Patronne... Vous allez bien ?... Patronne ? - Je vais bien, Wydrin. Mais je dois réfléchir. Tu peux disposer. " Au moment ou l'hybride tournait les talons, la voix de la forgeronne la retint une seconde de plus " Que Wik m'amène Elghinn immédiatement. "
Malgré la demande on ne pouvait plus clair de son employeuse, la militaire s'attarda quelques secondes. Seul le crépitement du feu se faisait entendre. Puis elle osa enfin poser la question d'une voix presque timide. " Que s'est-il passé ? "
Les yeux de lave de la drows se tournèrent vers la jeune femme, portant une expression si indéchiffrable qu'elle fit frisonner l'intruse, mal à l'aise. D'une voix sourde, Krish articula les deux mots de cette formule consacrée qui lui brulait les lèvres.
" Uriz Kirn'. "
Uriz a parlé. Dans ces deux mots, il y avait plus de déférence et de distance que Wydrin n'en avait jamais entendu de la part de cette femme.
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| | | Neo de Cléruzac
Humain
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Ven 25 Aoû 2017 - 19:26 | |
| Neo est assis en tailleur au milieu de cette pièce, inconnue de lui jusqu'alors. Il est nu, autant physiquement que psychiquement. Ne se sent-il pas fragile et sans protection lorsqu'un vent jaillit de nulle part et lui glace les os, jusqu'à la moelle.
Fils d'Othar. As-tu seulement conscience de ton pouvoir ? Mais je ne suis qu'un homme, Seigneur... À ces mots, du néant surgissent deux défenses de sanglier qui violemment s'enfoncent dans chaque cuisse de l'Aegypius, comme un mauvais souvenir, un châtiment de plus... Il ne peut d'ailleurs remuer que ses lèvres pour exprimer sa douleur, incapable de bouger ne serait-ce que ses paupières. Obligé de voir... D'être témoin de ce sang qui est le sien, et qui s'écoule encore et toujours alors qu'il hurle de douleur. Cette dernière autant physique que mentale traverse son corps, sans pitié telles milles aiguilles trifouillant corps et âme. Un sifflement strident résonne dans sa tête, lui crevant les tympans de l'intérieur... S'il ne peut bouger, il ressent hélas chaque membre de son corps avec intensité.
♦♦♦
Il a été transporté dans une chambre douillette et devant lui, les médecins incapables d'expliquer quoique ce soit... Bien que l'ordre de leur maîtresse ai été explicite, ils n'ont pas la moindre idée de ce qui arrive à l'humain transit. S'il semblait possédé jusqu'alors à marmonner dans sa barbe d'inintelligibles phrases sans queue ni tête, mêlant autant l'Oliyan que l'Eldéen ; Neo hurlait maintenant dans ce sommeil induit, sorte de coma incompréhensible, en proie à de sombres démons...
La maîtresse des forges savait pourtant... Assise à son chevet observant ses cheveux trempés. Elle s'en alla. La réflexion serait longue pour la noirelfe... Quatre heures durant l'homme avait été prit de tremblements, en nage dans sa propre sueur...
♦♦♦
Crois-tu vraiment au hasard ? Je crois au hasard... Les défenses commencent à tourner dans le muscle déchirant sans pitié les chairs. Mauvaise réponse. Et les défenses tournent et tournent encore... Le... Hasard... Est... Votre... Main... Dit-il dans un ultime effort.
Un rire glacé explose alors que le sol de la pièce s'effondre, Neo se fait emporter dans le vide, par le vide.
Penses-tu pouvoir avoir une quelconque mainmise sur ton destin ? Et alors que sa chute vertigineuse s'intensifie... Humain... Humain... Tu es humain... Neo... Ton corps... Ton, corps...
♦♦♦
Les jours qui suivirent le rituel les Frères n'eurent aucune nouvelle de leur nouveau chef, pas la moindre trace, pas le moindre signe. Où était-il passé bon sang ? Le premier soir ils avaient cru à une disparition volontaire, qu'il s'était endormi dans les bras de Maggy ou d'une autre. N'avait-il pas justement évoqué une hache au fil émoussé ? Était-ce donc de son sexe qu'il parlait ? Parce que Raffik avait fait irruption dans l'intimité que Neo convoitait tant, sa chambre, il avait comprit que non.
Qu'avait voulu dire Neo ? Et pourquoi mentir, lui qui ne mentait jamais !
La chambre était impeccable, il semblait avoir rangé de fond en comble, mais oui bien sûr le feu n'avait-il pas été alimenté de sofas Qiryans ? Neo avait brûlé tout le superflu qui trônait hélas dans sa chambre. Il avait tout nettoyé, le parquet brillait, le nez chatouillait au bonnes odeurs régnantes. Et sur le meuble, une hache plus que tranchante, le manche avait été traité, la lame reluisante tant Neo en avait prit un soin extrême. Elle n'était pas émoussée...
Il n'était quand même pas parti sans laisser de trace quelconque... Pas après le rituel et son intronisation... Pas après avoir convenu d'un départ imminent avec leur nouvel employeur. N'avaient-ils pas rendez-vous avec ce dernier dans huit jours, quai quarante-deux des entreprises Savarius... Et lui partait sans rien dire à personne alors que quelques heures auparavant l'homme semblait ravi à l'idée de reprendre du service.
Ils avaient lancé un avis de recherche. Bien sûr les disparitions étaient monnaie courante dans Thaar la sinueuse, l'impitoyable... Et s'il était mort ?
♦♦♦
XIe Cycle • An 10 • Karfias d'Hiver Troisième jour de la 1° Ennéade
Le matin du troisième jour de cette nouvelle année commença ainsi... Elle était assise à son chevet à ce moment précis. Elle ne l'avait certainement pas veillé des heures durant, venant parfois s'enquérir de son état sans le moindre signe de rétablissement. Bien sûr l'homme avait avalé quelques gorgées d'eau, qu'on lui avait de force fait ingurgité, le noyant presque. Mais c'est cet alcool qu'il finissait toujours par mieux laisser couler dans son gosier aride... Il avait même une fois ouvert les yeux en grimaçant et sourit à Krish qui était là par hasard, comme pour la rassurer ou s'excuser, qui sait... La veille avait été un jour terrible pour la maisonnée qui avait entendu des heures durant, crier le nouvel hôte de leur maîtresse... Mais ce n'étaient pas des cris passionnés, oh ça non. Plutôt des cris d'horreur qui avaient fait pleurer les plus jeunes... Aux intonations de désespoir se mêlaient beaucoup de douleur... La nuit avait cependant été calme, et lorsque ce matin les yeux de l'humain s'ouvrirent, ils étaient rouges, non pas injectés de sang... S'étaient ses iris carmins à l'instar de la lave brûlante du Puy.
Un râle rauque vint avertir Krish qui venait d'arriver seulement pour s'assurer auprès des médecins que l'humain était encore en vie, avant qu'une voix ne s'élève dans la pièce.
Nindol Nesst zhah ussta ste'kol. Xun dos kampi'un ?
Cet homme est mon jouet. Comprends-tu ? Un rire sortit de la gorge de l'homme et vint percuter les murs du salon rouge, à en faire trembler le sol... Les lèvres de Neo laissèrent entrevoir ses petites dents jaunies par le temps. Faisant peur à voir son rictus ne s'estompa que quelques minutes après, lorsque la voix reprit sa diction.
Ph'dos kr'athin ulu vok, dalharil ? Ussta draeval zhah farjali.
Es-tu prête à m'écouter, mon enfant ? Mon temps est précieux. La main de Neo - était-ce vraiment la sienne ? - dans un geste des plus fluides voulu agripper le cou de la daedhelle. Bien sûr elle écarta la main intrépide, d'un geste sec. Qui était-il pour ainsi lever une main vers elle ? Dette ou pas. Échange de service ou pas.
Krish...
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| | | Krish Al'Serat
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Sam 16 Sep 2017 - 10:53 | |
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Dans l'âtre, les flammes avaient retrouvées leurs danses habituelles. Assise en tailleurs, Elghinn endormi dans ses bras, Krish ne pouvait en détacher les yeux, perdu dans ses pensées. Cela faisait des heures qu'elle était là. Wik avait fini par l'attendre le pied ferme à l'extérieur du petit salon sans oser en franchir la porte. Plusieurs fois déjà, Wydrin était venue demander de ses nouvelles, sans succès. Aucun bruit. Aucun mouvement si ce n'étaient ceux nécessaires pour calmer son fils. La forgeronne inspirait et expirait lentement. Profondément. Après tout le temps, tous les indices et toutes les étapes que son destin avait mis sur son chemin, Uriz avait choisit de s'adresser à elle... Elle qui n'avait plus qu'une foi si mince en ce que représentaient les dieux. Elle qui avait décidé de croire en leurs préceptes tout en délaissant le décorum. Elle qui commençait à être adulée comme une déesse par les éphémères. Elle qui avait renié son éducation au profit d'une vie d'excellence. Les chaînes de la foi et du fanatisme s'étaient brisées dans la violence et la douleur. Elle avait fait son choix. Celui de la Liberté. Elle s'était dévouée à son Art au lieu de dévoué son Art aux dieux. Et malgré tout le chemin parcouru, malgré toutes les souffrances endurées, un grain de sable venait changer du tout au tout l'apparence du chemin qu'elle empruntait. Elle ne comprenait pas. Ses iris de lave se posèrent sur les deux lames courbes devant elle. Ses lames sacrées. L'une blanche, solide, lourde et incassable. L'autre noire, souple, chaude, tranchante. L'une dédiée à Teiweon. L'autre dévolue à Uriz. positionnées comme elles l'étaient, leurs tranchants formaient un cercle presque continu. L'éclat du feu les faisaient miroiter comme la surface d'un lac paisible, des reflets d'or et d’azur se mêlant selon l'alliage. Ces lames, elles les avaient forgées durant le Voile, au plus sombre des jours, en état de transe. Elle les avaient soumises et magnifiées sous le regard des dieux, elle l'avait clairement senti à ce moment là. Pourquoi Uriz s'adresserait-il à une eldéenne depuis longtemps en errance ? Pourquoi elle, alors que tout un peuple de hérauts submergés par la Foi scandait son nom du levé au couché ? Et pire encore... Pourquoi passait-il par un humain ? Le petit poing blanc d'Elghin heurta sa poitrine, attirant son attention. Le petit s'étira, babillant faiblement. Elle sourit à ce petit être si particulier, se rappelant de ce qui s'était passé en elle durant sa grossesse sans que personne ne puisse l'expliquer. Ce puits de magie qui avait dévorer celle des prêtres et en redemandait encore. De sa main libre, elle ramassa ses lames et se leva. Wik sursauta en voyant la porte s'ouvrir. Encore plus lorsque Krish déposa Elghinn entre ses bras avec une précaution tendre. « Veille sur lui. J'ai à faire. »Durant trois jours, une fumée lourde était sortie des cheminées entourant le palais. La forge avait ronflé sans discontinuer. Krish n'avait quitté son repère que pour passer quelques heures silencieuses, debout dans l'encadrement d'une porte bien précise avec Elghinn dans les bras ou sur un fauteuil à bonne distance d'une silhouette massive. Elle n'avait rien mangé et à peine dormi. Au détour d'un couloir, Wik lui avait signalé qu'on commençait à chercher le moine en ville. Elle ne lui accorda qu'un revers de main bien connu. L'esclave s'était empressé de se plier en deux avant de prendre les dispositions nécessaires. L'ordre de Néo serait mis au courant dans les plus bref délais mais son état grandement minimisé et l'intervention mystique passée sous silence au profit d'une explication plus sulfureuse. Dans la nuit du deux au trois, la silhouette trempée de sueur de la forgeronne s'était extirpée des plus profondes entrailles de son palais pour s'asseoir en tailleurs près du berceau de son fils. Le regarder dormir l'apaisait quelque peu et dans le secret de son âme, elle en avait cruellement besoin. Dans la pénombre dispensée par les lampes à huile tamisées qu'affectionnaient les drows, elle tenait en main un papier si fin qu'on pouvait deviné une écriture penchée sur la face intérieure. La missive était cachetée par un sceau de cire blanche portant sa griffe. Elle resta là un long moment cette nuit là, avant d'aller poser la lettre sur le bureau de Wik accompagné de quelques notes de consigne pour qu'elle soit expédiée. Puis, au lieu de retourner vers sa forge, elle était allé s'échouer dans un fauteuil, couvant l'humain d'un œil neutre dégageait une intensité sérieuse qui ne lui ressemblait pas. Elle s'apprêtait à se lever pour repartir, comme les fois précédentes, lorsqu'un geste brusque, un râle et un détail la figèrent. Ses yeux... Et sa voix... Elle en fut transi jusqu'à la moelle des os. Par réflexe, elle repoussa sa main et se leva comme si le simple fait de le voir approcher ses doigts la menaçait d'une mort immédiate... Ce qui était le cas sil s'agissait bien d'Uriz, irascible et indomptable dieu des carnage n'éprouvant ni pitié ni remord. Si la foi des drows envers ce dieu était connu de tous, peu de non Daedhel savaient qu'ils n'avaient pas l'image d'un père guidant ses enfants mais celui d'un destructeur sans limite qui puni toute faiblesse. La valeur ne s'acquérait pas par la tolérance et le pardon mais par le retrait de tout ce qui n'avait pas la force de continuer à exister. La vie est un présent qui se mérite et personne ne doit la gâcher. Aucun dieu n'était craint par le peuple drow comme Uriz l'était. Un regard de feu se vrilla plus précisément dans les iris de lave de la daedhel. Elle tomba à genoux, baissant le regard. « Uriz Vyn'Het Namaz, Orthae ilharn d'udossta tresk'ri, dos telanth l'aster d'Z'ress lu'Chath. Falduna Dosst kaas whol sila udossa Chath. Falduna dosst Kre'jil »Uriz Vyn'het Namaz, Puissant Père de notre monde, Votre voix proclame la vérité de la Force et du Feu. Louez soit Vôtre nom pour la Flamme dont vous nous avez fait cadeau. Louez soit Votre Révélation. Sa bouche avait entonné les dévotions rituelles... Peut-être plus pour se donner du courage que par réelle conviction de ce qui était en train de se produire. Ses paupières s'étaient serrées. Arrivant à bout de souffle, elle s'obligea pourtant articuler : « … Usstan tlun tuvok, Ul'Saruk... »… Je vous écoute, Maître des Guerres... Doucement, chaque muscle raidit lui semblant peser une tonne, Krish se redressa pour regarder sur le lit, croiser une nouvelle fois ce regard. Si c'était vrai... Elle n'avait pas le temps de penser. Elle s'adressait simplement à ce possible incompréhensible restant à la foi farouche et perturbée au point de ressentir une peur qu'elle n'avait plus éprouver depuis l'enfance.
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| | | Neo de Cléruzac
Humain
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Dim 17 Sep 2017 - 18:01 | |
| - Avis aux liseurs:
L'intervention divine a été suivie, étudiée et approuvée par le Staff. Merci de ne pas reproduire ça chez vous sans l'aide d'un professionnel
XIe Cycle • An 10 • Karfias d'Hiver 3° Ennéade Calimehtarus
Les mots étaient prononcés avec un accent Eldéen des plus purs, et délicieux à l'ouïe ; langue claquante, parfois chantante. La voix n'appartenait plus à l'humain, dès le début commençait-elle déjà à s'estomper pour laisser place à la gravité surnaturelle de la nouvelle intonation. Il se trouve qu'à la seconde où mes mots font sens en toi, dangereux est le combat des Dieux. Le Céleste tremble. Krish Al-Serat. Le Monde Divin est en effervescence... Encore et toujours... La guerre fait rage.
Un sourire encore plus carnassier que les premiers fût esquissé. Un regard iridescent vrillé sur l'elfe était désormais autant bavard que milles mots. L'eldéen cependant accompagnait les billes de feu, mêlant relief et force aux dires de la divinité.
Elle demandait des explications, Uriz en fournissait.
Tu as une chance de te rattraper, enfant du chaos, toi qui garde une once de dévotion par ta puissance incontestable.
À cet instant les flammes dansèrent inopinément.
Tu devras laisser l'homme intact, malheureusement...
Mais pourquoi ? Était-ce dangereux de s'en débarrasser ? Mais pourquoi s'en débarrasser ? Était-il lui-même dangereux ? Protégé des Dieux ? C'était pourtant Uriz le Père, le Grand Guerrier, ne pouvait-il pas arrêter de faire battre son cœur s'il faisait si fluidement parler le pantin ?
Tant de questions sans réponses mais qui trahissaient une profondeur abyssale. Les enjeux semblaient trop importants pour risquer d'abattre un pion, surtout si le joueur comptait en faire son fou ; d'autres pièces pouvaient apparaître à tout moment, et mieux valait le fou ou le cheval, plutôt qu'une reine...
J'ai pu en faire mon vaisseau, hélas son capitaine est un autre. Il n'y a rien que nous puissions faire encore...
Ils sont encore trop forts, Al-Serat...
Elda doit se souvenir...
Tout cela avait-il seulement un sens pour Krish ? Qui était plus fort ? Il avait précisé que Neo n'était qu'un vaisseau qu'il avait abordé, mais il appartenait finalement à un autre ? Que de sybilines assertions... Et qui était cet autre, au juste ?
♠♣♠
Othar. Mon Seigneur... Entre temps l'esprit de Neo, et tout ce qu'il représentait, se faisait malmener dans son inconscience. La scène de torture perdurait encore.
Mon fils. Tu comprendra que je dois te rendre plus fort. Pourquoi ? Ce n'est que dans la douleur que je peux, en rêve, te faire combattre. Je ne... Comprends pas. Un jour tu seras l'élu... Que... ? Et alors... Tu comprendras. Aaaayyyarghhhh... Contentes toi de continuer, comme tu as toujours su le faire... Je suis témoin de ton passé, de ton futur... De ton destin.
Les défenses de sanglier tournaient encore dans les plaies béantes, et l'homme en sueur hurlait, il hurlait à n'en plus pouvoir, tout cela semblait si réel.
Je ne peux t'aider que si...
♠♣♠
Si tu acceptes, mon enfant, approches. Krish. Le temps s'écoule dépêches toi... C'était bien Uriz qui s'adressait à elle. Et il lui demandait permission. Qu'allait-il faire ? Le pantin qu'était Neo s'était redressé de son affalement premier et tenait désormais les bras écartés et les mains tendues vers elle. Il cherchait à s'emparer délicatement du crâne de la daedhelle, ses mains comme récipient céleste. Il n'y avait aucune menace dans ses gestes, seulement devenaient-ils malhabiles comme si le marionnettiste suffoquait par temps d'efforts...
« Approches, approches », les mots n'étaient plus prononcés par la chaire humaine, ils résonnaient à présent dans les têtes comme au plus profond d'un volcan.
Devait-elle obtempérer ? Les mots avaient-ils fait écho en elle ? Comprenait-elle seulement l'enjeu de cette rencontre ?
Bras et mains tendaient encore au-delà...
♠♣♠
Lorsque les mains de Neo tentèrent de saisir l'insaisissable, ouvrant son cœur au Dieu qu'il chérissait et pour qui il avait toujours persévéré : l'humain se libérait doucement d'une étreinte invisible. La poigne enserrait encore son être alors qu'Othar l'appelait vers l'infini blanc ; à cet instant précis, les flammes dans l'âtre thaari avaient valsé. Depuis Neo se battait contre le néant, allant vers lui, et le lien qui le retenait prisonnier du Dieu Eldéen, lentement s'estompait...
C'est bien, Aegypius, « Moine Vautour », tu y es presque... Persévère. Encore, encore... Retrouve ton corps... Désormais tout s'expliquait. Ou presque.
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| | | Krish Al'Serat
Ancien
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Dim 24 Sep 2017 - 4:27 | |
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Lorsque les fils firent se redresser le pantin, Krish voulut faire deux pas en arrières mais ne parvint qu'à tomber sur le tapis, les yeux exorbités posés sur un visage dont les traits devenaient flous. Son corps était pétrifié... Pétrifié de terreur. Son cœur battait les records de vitesses. Essoufflée sans avoir couru, elle sursauta lorsqu'une langue de flamme lécha la pierre au dessus de l'âtre. Les ombres et les lueurs rougeoyantes s'étalaient dans toutes la pièce. Le champ de vision de la Daedhel était pourtant étrécit au point que plus rien n'existait si ce n'était un murmure pressant aux limites de sa conscience et ces deux grandes orbes brûlantes d'un feu si pur et puissant qu'elle aurait aimer pouvoir fermer les paupières pour s'en protéger tout en se retrouvant incapable du moindre geste.
Les mains aux ombres dansantes se balançaient devant elle, pataudes comme deux pendules à la dérive. Plusieurs fois, des sifflements inintelligibles percutèrent le cœur de l'eldéenne. Une douleur forte irradiant à chaque coup, la faisant glapir. Puis enfin, elle comprit.
* Approches. *
Plus grave et plus profonde que ce que pouvait offrir les cordes vocales de l'humain, la voix clair et puissante trancha comme une épée dans la toile du monde. Après son passage, il n'y avait plus que silence et immobilité.
* Obéis-moi. * reprit-elle, intransigeante. Pourtant Krish ne bougea pas. Dans un sursaut, le pantin de chaire se tordit en avant. * Faible créature que tu es. Tu doutes encore. Naïve. Hésitante. Perdue. * Les grosses mains se refermèrent sur le crâne de la Daedhel avec un grondement impitoyable. * Faible * Elle hurla alors que sa tête se disloquait sous l'effet d'une chaleur horrible.
Alors, délivrée de l'intermédiaire humain, elle Le vit. Ou plutôt, elle vit une infime partie de ce qu'Il était. Et cette seule partie lui semblait déjà infinie. Immense au point de lui donner le vertige. Deux yeux de feux aux pupilles de lave incandescente, grande comme des lacs dépourvus de rives. Et cet Être, en plus d'être incroyablement puissant, faisait peser le jugement de Son regard sur le fétu de paille qu'était la drow, la contraignant à soutenir la vue du carnage intemporel qui fusait dans Ses iris. Les cris. La douleur. La mort. Le combat perpétuel qui devait n'avoir que la victoire pour fin sans cacher le prix de celle-ci. Une vérité brute que nul n'aurait due voir.
* Arrêtez ! * tenta-t-elle de crier en se détournant. Mais il n'avait pas moyen de s'éloigner de son propre esprit. Une vérité lui poignardait le coeur. Une vérité dont Krish était obligée de prendre la mesure alors que ses entrailles étaient lentement calcinées par la violence de ce que son esprit devait absorber. * Assez ! * Maintenue de force et projetée dans ce non temps, elle voyait ce qui avait été. Ce qui se déroulait. Ce qui devait advenir. Ses échecs. Ses erreurs. Ses défaites... Sa médiocrité. * Assez... * répéta-t-elle au bord de la rupture.
Terrifiée. Jugée. Entre les mains de l'humain, le corps de la Daedhel se mis à tremblé frénétiquement, son cris de douleur coupé par la syncope de son diaphragme, la laissant se débattre en silence comme une poupée de chiffon. Ses yeux étaient noircis d'une présence étrangère. Les larmes roulaient sur ses joues. " ... Pitié..." gargouilla sa gorge tant elle le hurlait intérieurement. Des paumes qui la tenaient s'échappaient de longues langues de flammes enrobant la drows, rongeant sa peau sans pitié. La Faible qu'elle était allait mourir aujourd'hui.
Elle avait faillit. Elle s'était détournée des enseignements du Puy. Elle sentait qu'elle serait à jamais esclave dans l'Eternité. Elle avait renoncé a son propre peuple et...
Le maillon d'une chaine claqua.
... elle l'avait fait parce que les dieux avaient laissés les drows s'oublier. Uriz avait laissé ses enfants sans guide. Sans réponse. Son Feu avait tuer un roi et laisser le Puy livré à lui même. Elle avait échoué. Elle s'était relevée à chaque fois. Elle avait douté. Elle finissait toujours par trouver une voie. Et elle méritait plus que n'importe qui d'autre de pouvoir se reposer dans l'oubli d'une Eternité d'obscurité, de paix et de luxure.
La colère succéda à la peur. Une colère immense. La colère d'une femme bafouée au nom des dieux. La colère d'une mère qui avait offert chacun de ses enfants à des statues muettes. La colère d'une fanatique déçue par les prêtres qui étaient sensé la guider. La Colère d'une drow à laquelle le temps avait pris jusqu'à sa foi, son but, et qui avait du lutté pour ne pas laisser l'ennui et l'errance la terrasser.
La peur au ventre, au bord d'une éternité de douleur, le désespoir se changea en courage.
Elle ne savait pas.
Elle ne savait pas ce qui était en train de se passer ni pourquoi, ni ce que cela pouvait bien signifier. Elle ne savait pas pourquoi elle ni pourquoi à ce moment là. Mais elle savait une chose : elle refusait de mourir ainsi. Pour son fils. Pour elle même. Et si elle avait réellement faillit, pour son peuple. Parce qu'elle avait le droit de prouver qu'elle était capable de se relever. Sa volonté s'accrocha à ce refus. Elle eut une pensé pour Kiel qui avait tenue sous les assauts de Kehrel. Une simple elfe qui avait tenue tête à une déesse, peu importe le prix.
* Tu ne mérites rien. Tu es Faible. *
Personne ne déciderait pour elle que son combat était perdu ! Personne !
PAS MÊME LES DIEUX !
La douleur. La pression. La puissance. Le tonnerre. Le feu. La Vérité.
Tout reflua jusqu'à ne laisser que le silence.
Lorsqu'elle reprit conscience, Krish sentait contre sa joue le tapis râpeux de la chambre ou reposait Neo depuis quelques jours. Une odeur de brûler flottait dans l'air et un goût de cendre lui collait à la langue. Chaque muscle de son corps était raide et douloureux. Un archet jouait frénétiquement sur ses nerfs. Un dernier échos hantais sa conscience.
* L’Éternité ne s’embarrasse pas de Faibles.
Elda doit se souvenir...
Sa Foi est Notre Force. Nous sommes son Éternité. *
Elle prit une longue inspiration en se redressant brusquement. Devant elle, ses mains d'entre étaient posées sur un espace noirâtre et bougeaient bel et bien ! Elle était en vie !
... Et les restes calcinés de ses vêtements, du tapis et d'une partie du mobilier gisaient alentours. Elle fronça le nez... Il y avait quelque chose... d'autre.
Ses paumes. Ses doigts. Ses mains se retournèrent plusieurs fois. Puis son regard se posa sur le renflement de ses propres seins, ses jambes. Il glissait de façon de plus en plus frénétiques.
Il manquait bien quelque chose. " Non... " fit sa voix, tendue tandis qu'elle se levait d'un bon chancelant pour s'examiner sous toutes les coutures. Il manquait ses titres, ses médailles, ses récompenses. Il manquait les preuves d'une vie de mérite. Il manquait jusqu'à la poindre de ses cicatrice, le moindre tatouage, a moindre cale sur ses doigts, la moindre brûlure.
Toutes...?
Ses doigts fébriles glissèrent dans son dos... pour ne trouver qu'une peau lisse et souple sans le moindre défaut. " NON ! " Mais que ce passait-il à la fin ?!
Elle se retrouva de nouveau assise, contre les reste d'une commode, les jambes repliées contre sa poitrine et les mains pressées sur les tempes. Près d'elle, la porte n'avait pas la moindre égratignure. Personne n'était venu. Personne n'avait entendu... " Bon sang... "
Une violente douleur lui fit porter la main à l'oreille. La douleur s'intensifiant, elle retira précipitamment chaque boucle qui ornait cette dentelle de chair, comprenant rapidement que c'était à travers des plaies en train de se refermer qu'elle devait tirer les chainettes d'argent. En quelques secondes, le cartilage de ses longues oreilles pointues était aussi régulier qu'au jour de sa naissance. Essoufflée, la drow regarda les boucles de métal parfois ensanglantés dans le creux de sa main. Elle était... vidée. Ni colère, ni rancœur, ni adoration. Juste... vidée. Le dernier échos de cette voix lui revenait en tête encore et encore... et encore.
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| | | Neo de Cléruzac
Humain
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Jeu 28 Sep 2017 - 17:14 | |
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Approches.... APPROCHES ! Étaient les mots qu'une voix puissante tonnait. Elle ordonnait à Neo d'avancer, de s'approcher de la lumière... Trop longtemps son esprit était resté éloigné de son corps... Et ce temps indéfini aurait autant de répercussion néfaste sur ce corps, aussi sûrement qu'un simple et court sommeil pouvait être réparateur.
Devant lui cette lumière solide. Autour de lui des vagues déchaînées. Derrière lui les flammes dansantes qui brulaient tout sur leur passage. Il sentait ce feu vif lécher sa conscience ; ceci ne fit que fortifier l'être dans la lutte, et il se mit à nager encore et encore plus loin, défiant eaux et feux dans un élan de survie, de courage et de persévérance... Et tout ce temps passé avait guidé Neo à travers les vagues implacables qui l'avaient éloigné du vaisseau. C'est un Océan immense qu'il crut parcourir pendant une éternité ; houleuses bercées jusqu'à ce corps qu'Othar avait tant protégé.
Oui... Bientôt il rejoindrait son corps. Si plus tôt la douleur avait ébranlé l'homme, le guerrier, tout prenait désormais un sens et devenait d'avantage réel à mesure que ses brassages l'emportaient. Il n'y avait plus aucun doute là-dessus, il sentait le fil émoussé se raffermir nouvellement en des liens étroits, qui le rapprochaient un peu plus de la chair et du monde physique. Il avait réussit à s'esquiver, il y était presque, oui presque...
Seulement il ressentait encore comme une drôle de sensation, comme si l'Autre tirait encore quelque ficelle oubliée, tentant malgré tout de défaire la maille.
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Avec le hongre de Neo était arrivé une missive, tous deux apportés par un esclave. La missive avait laissé perplexes les Frères qui depuis la veille peut-être plus, veillaient la porte d'entrée dans l'espoir de voir un visage connu apparaître, celui de Neo. Si ce n'est pas le plaisir de cette retrouvaille qui rassura la Fraternité, les quelques mots calligraphiés calmèrent certaines ardeurs.
Hélas le Cadet encore persistait. La fougue de son jeune âge l'empêchait de réagir avec discernement ; les plus vieux avaient comprit que quelque chose clochait et avaient cru en la sincérité des mots inscrits sur vélin.
Putain les gars, mais c'est qu'on doit se bouger le cul. Il était on ne peut plus sérieux et il toisait les sept autres frères de sa compagnie. Neo disparaît depuis deux jours. DEUX. Dans l'immensité de not' ville. On nous prévient, pas lui hein, une lettre pourrave, qu'il est bien vivant mais indisposé ? Son ton était vraiment l'exagération même de l'étonnement. INDISPOSÉ ? Ça veut dire quoi au juste ? Qu'il a la cagagne ? Eh beh qu'il vienne chier chez lui pardi !
Ils avaient cependant conclut qu'ils ne feraient pas preuve de patience en se ruant chez cette Princesse Marchande de suite... Elle avait eu l'amabilité de prévenir ce qu'elle aurait pu laisser sous silence, laissant disparaître toute trace de leur Chef. Si c'était une situation on ne peut plus étrange, encore restait-elle plausible. La patience fût de mise et elle berça les Frères quelques jours durant. Bien sûr le délais indiqué dépassé, ils viendraient le chercher et pas de main morte.
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Et le fil qui avait milles fois voulut céder, s'accrocha et se tressa pour ainsi dire au tissu. La lumière laissa place à l'obscurité jusqu'à ce qu'il entre-ouvre les yeux... Cela piquait... Il... Il était Neo. Neo. Puis son corps... Son corps... Était un amalgame de courbatures et de douleurs intransigeantes.
Pendant combien de jours au juste avait-il sombré dans d'étranges, que dis-je déconcertants rêves ? Fiévreuse tempête qui avait enseveli le navire, l'équipage et tout à bord pendant d'incalculables heures ; pourtant ses tempes ressentait encore le martèlement assourdissant que son esprit avait alors projeté. Que... Qu'était advenu aux souvenirs de ces oniriques assertions ? Ils étaient vifs et mordants. Pourtant Neo ne put que se demander avant tout, où était-il ? Jamais il n'oublierait ce voyage et les évènements qui l'y avait poussé. Mais... Que c'était-il passé avant qu'il ne chavire et ne sombre dans l'abysse. Quelle était donc cette chambre dans laquelle il était allongé, dans un lit de sueur et de relents... Il ne se souvenait de rien. Si... Des bribes. Ils avaient ritualisé une aumône à leur dieu : les Aegypius avaient sacrifié une bête, et ils se préparaient à la guerre. Ils avaient brûlé la carcasse du sanglier puis après cela... C'était le néant, un gouffre sans fin qui avait menacé de l'engloutir, et qui l'aurait fait sans l'aide de son Père.
Ses yeux étaient désormais grands ouverts. Il eut d'abord du mal à respirer, mais doucement son souffle pénétra les poumons, déchirant les bronches, délicieusement. Mais quel plaisir de pouvoir respirer, de pouvoir bouger – car ses doigts avaient aussitôt fait de caresser son torse brûlant – et de voir une silhouette s'agiter devant lui... Lorsqu'il se redressa il la vit, la reconnut.
C'était bien elle, la somptueuse Princesse Marchande de Thaar... Et il la voyait nue une fois de plus. Elle était là, abasourdie, non affolée, et ne semblait pas avoir remarqué son réveil. Affalée contre un meuble calciné. Ses bras et ses doigts gesticulant autour de sa tête précéda le bruit de métal contre le sol. Était-ce ses boucles d'oreilles que la Daedhelle venait de jetter comme si celles-ci étaient brûlantes dans ses mains ? À cette scène Neo ne comprenait rien, mais alors rien du tout.
K... Krish ? C'était bien la voix de l'humain, elle était rauque et grave, comme si les cordes vocales avaient étés usées à force de hurlements. Avait-il hurlé ?
L'elfe noire porta enfin son regard sur lui. Et il sut qu'elle n'était plus la même, il y avait quelque chose de changé.
Où sommes-nous Krish ? Que s'est-il passé ?
Il s'était levé et son sexe pendait mollement sur sa cuisse. Lui aussi était barbouillé de suie. Alors il remarqua l'absurdité de la scène, sans toutefois en rire car ce n'était pas sa façon d'être. À sa façon de l'observer, il comprit que lui aussi avait changé.
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| | | Krish Al'Serat
Ancien
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Lun 16 Oct 2017 - 2:57 | |
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" Tu n'aurais jamais du venir... " murmura une voix rauque dans l'ombre projetée par le visage baissé de la daedhel. " Tu m'as tout pris... " L'homme debout devant elle, nu comme un ver, l'observait avec quelque chose d'innocent dans le regard. Son corps était marqué de brûlures superficielles. Son torse, de son nombril à son cou, était plus rudement touché mais il ne semblait pas s'en apercevoir. Pas plus que des paumes de ses mains, rouges sang, qui semblait avoir été percées, pétries et détruites par les flammes dont ce corps avait été le porteur.
Des yeux perçant se vrillèrent dans ceux du guerrier. Ils étaient rouges. Non plus comme le sang, mais comme les flammes. Un reflet d'or et de cuivre semblait danser sur la couleur rubis devenue incandescente, s'estompant peu à peu, dernières effluves d'une magie volatile. Intenses comme rarement auparavant. Il n'y avait ni colère, ni désir. Une peur effroyable s'estompait lentement pour faire place à une impression d'extrême lucidité. Ce qu'elle avait vu... Ce qu'on avait imposé à sa conscience, enfoncé dans chaque pore de sa peau... Ses pupilles fouillaient dans les tréfonds de l'esprit de l'être qui lui faisait face pour retrouver les bribes de ce avec quoi elle venait d'être mise en contact.
« Le Père des batailles t'as utilisé. » murmura-t-elle « Toi. Un simple humain. Pour me rappeler à la réalité. »
Elle se leva, sans la moindre pudeur, une chose qui ne changeait pas. Son corps se dévoila. Sa peau était lisse, douce, sans le moindre défaut. Seule la cicatrice en croissant de lune qui ornait le côté de son ventre depuis la naissance d'Elghinn venait rompre la monotonie de cet océan d'encre. Elle semblait même plus jeune que ce qu'elle était la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Sa crinière blanche tâchée de suie, comme le reste de sa personne, voletait jusqu'au haut de ses cuisses. Il n'y avait aucun jeu dans les traits de son visage. Elle le scrutait toujours, à la recherche d'une chose qui n'était plus. Sa poitrine se gonfla sous l'effet d'une longue inspiration. Elle posa ses mains sur les poignets de l'humain, comme elle le faisait lorsqu'il était entrer en transe sous ses yeux, et remonta ses mains, paume vers le ciel, dévoilant leur état atroce. Une légère odeur de chaire brûlée emplissait leur narines à une distance si réduite. Elle n'avait rien. Plus rien. Lui avait payé la folie de ses dieux. Après quelques instants de contemplation, elle leva de nouveau les yeux vers le visage du guerrier. Avec un respect infini, elle s'approcha de ses lèvres. Elle l'embrassa. Puis elle s'approcha encore, sa poitrine frôlant le torse brûlé de l'humain, pour que ses lèvres puisse souffler au creux de son oreille.
« Cette bouche qui est a présent la tienne a condamné tes dieux à l'oubli et offert le mien à la renaissance. » Elle recula doucement pour le regarder à nouveau. Son sourire était paisible. Elle ne savait encore quoi ressentir à propos de tout cela, mais le présent qu'on lui avait fait était aussi terrifiant que magnifique. Une passion et un respect infini sur les lèvres, sa main vint se poser sur la joue de l'homme usé qui avait servi de réceptacle au destin lui-même. « La Vengeance. La Colère. La Douleur. La Force. J'ai effleurer du doigt leur essence la plus pure. » Son index suivit la mâchoire rugueuse de l'humain sa voix frissonnait de peur.
Elle savait jusqu'au fond de ses entrailles que si elle mourrait maintenant, elle subirait une éternité de souffrance. Elle savait également qu'elle était libre. Libre de se mettre sous la protection de Kehrel pour ne plus jamais vivre cela et gagner une éternité tranquille et étrangère au malheur. Ou de marcher sur une voie qu'elle n'aurait jamais put imaginer seule. Une voie que seuls les mortels pouvaient emprunter. Que pour l'instant, elle était la seule à entrevoir. Une voix qui demanderait peut-être des Cycles et dans laquelle elle perdrait forcément la vie sans être sûre d'accéder au repos. Ou elle pouvait refuser tout cela. Et s'éteindre. Tout simplement. Cesser un jour d'exister. Renoncer à son ego et tourner le dos aux dieux, à l'essence de ce monde.
Mais le doute n'était qu'une option temporaire. Le sablier avait déjà commencer à laisser s'échapper les fragments de temps qui la menaient au terme d'un cycle d'errance. Elle n'aurait plus d'autres chances.
« N'ai crainte. Je ne te tuerai pas. » murmura-t-elle alors que ses doigts fins s'éloignaient de l'humain. « Tu seras un adversaire redoutable pour l'ensemble des enfants de Kehrel et Uriz. »
Elle allait reculer lorsque de nouvelles images remontèrent à sa mémoire. Dans un spasme sa main vola jusqu'à l'emplacement du cœur de Neo, claquant sur sa peau lourdement brûlée. L’œil de Krish était fixe lorsqu'une voix rauque s'échappa de ses lèvres, comme si elle observait un détail précis dans un vieux souvenir. « Souvient toi que rien n'est infini. Ce qui est donné à l'un est pris à l'autre. Protéger tout le monde c'est retirer à ceux qui le méritent une aide plus grande. Uriz ne protège pas. Uriz récompense. » Elle sourit, retrouvant le contact du regard de l'humain. « Un jour, ton cœur chantera la gloire d'Uriz. Tu es celui qui porteras le coup fatal à tes propres dieux. »
Un jour ils chanteraient tous les mêmes valeurs.
Cette fois, elle recula de deux pas. Reprenant peu à peu un contact un peu plus réel avec ce qui l'entourait. « Ce fut un honneur, Neo. Prend ton temps avant de partir car au moment ou tu franchira le seuil de ce manoir et jusqu'à ce que tu portes le nom d'Uriz dans ton cœur, ni moi, ni les miens ne te serons d'une quelconque aide. »
Elle se moquait de ce qu'il pourrait raconter au dehors. Peu importe que certains croient qu'il était un élu divin, où même qu'elle l'avait fait torturer. Elle avait fait tellement pire... Et elle savait maintenant qu'elle ferait tellement pire, quelle que soit la voie qu'elle choisirait. Pour une raison si simple qu'elle en aurait presque rit... Mais on ne pouvait rire de chose si grande, si puissantes, si insondables.
Lorsqu'elle posa la main sur la poignée de la porte, elle sentit l'atmosphère se briser. Le temps reprenait son cours... Tout comme la douleur. Ses entrailles la brûlèrent soudain. Elle se plia comme si elle venait de recevoir un coup mais ne tomba pas. La tête haute, elle ouvrit le battant sans se soucier de l'état de Neo derrière elle. Les guérisseurs n'étaient pas lui. Tout un tas de gens accourraient pour s'occuper de lui au besoin.
A la place, elle s'arrêta dans la première pièce pour y subtiliser un quelconque drap et s'enrouler dedans avant d'obliquer vers le seul endroit ou elle désirait être à présent.
Quelques secondes plus tard, elle poussait la porte du bureau de Wik. Le berceau d'Elghinn trônait non loin de la table de travail sur laquelle reposait bien trop de paperasse pour le bien de Krish. Elle ne salua même pas l'occupant des lieux et vint s'agenouiller près du landau. L'homme leva silencieusement les yeux de son registre... pour bondir près de sa maîtresse. Assise dans le coin de la pièce, Elghinn dans ses bras, le drap qui enfermait la nudité de l'elfe noire cachait mal la métamorphose qui avait eu lieu... et ne cachait pas du tout ses yeux rougis.
« Que... » Il avait fait un geste vers elle qu'un coup de pied au diaphragme lui coupa le souffle. Il roula sur le côté en toussant. Elle ne l'avait même pas regarder tomber. La douleur qui lui chauffait la poitrine était bien plus que physique. Il resta pourtant à quatre patte, à distance. Silencieux. Car là était sa place. Après une brève agitation, le poupon se calma et se rendormit sous l’œil bienveillant de sa mère et de son gardien. Wik ne dit rien. Il ne fit pas un geste durant le long moment que sa Maîtresse passa à observer son fils en silence.
« Wik... Est-ce que tu pries encore ? » Surpris, le demi-sang mis un peu de temps à comprendre qu'il lui fallait répondre. Il en prit pourtant un peu plus pour penser à cette étrange question avant de parler. « Comme vous me l'avez enseigné, Maîtresse. Matin et soir. Je fait une offrande de sang chaque mois pour que mon statut d'esclave ne me soit pas fatal dans les bras de Teiweon et que ma valeur soit évaluée à l'aulne de mes actes. »
Un nouveau silence. Puis une voix faible. « Wik... - Oui Maîtresse ? - Quand est-ce que j'ai arrêté de prier ? - Vous n'avez jamais prié devant moi, Maîtresse. Vous disiez honorer les dieux dans vos désirs et les combats que vous meniez pour les réaliser. - Alors quand ai-je arrêté de faire des offrandes ? - Vous n'avez jamais fait d'offrandes hors des grandes fêtes. Vous disiez que chacune de vos œuvres, protégés, enfants ou objet de forge était une offrande pour les dieux et leur gloire. »
Des réponses simples à des questions pourtant d'apparence si difficile. Mais il l'avait observée durant tant d'années. Il lui semblait avoir retenu avec adoration et reconnaissance chaque mot, chaque bribe d'elle qu'elle lui avait confié.
« Wik... »
Cette fois il perçu un trémolo dans sa voix. Une syllabe avait suffie à ce qu'elle se casse. Il regarda Krish déglutir difficilement. Sa gorge se serra en remarquant qu'elle luttait contre les larmes. Pourtant sa voix à lui ne trembla pas le moins du monde lorsqu'il répondit.
" Oui Maîtresse ? - Quand ai-je arrêté de forger..."
Elle ne parlait pas seulement du métal, il le sentait. Elle lui avait apprit l'art de la forge. Bien peu étaient au courant. Pourtant il était son apprenti. Peut-être son unique apprenti. Il aimait l'imaginer en tout cas. Pour cette femme, l'Art de la Forge était sa vie. C'est ainsi qu'elle décrivait ses propres enfants, l'émergence des talents des personnes qu'elle rencontrait. Ainsi qu'elle démontrait sa foi. Tous ses actes étaient des travaux de forges opérés avec passion et maestria. Une Maîtrise telle que seule pouvaient le connaître des personnes aux talents inégalés qui ne trouvaient plus de challenges qu'en eux-même. Alors la réponse lui vint naturellement avec une pointe d'amertume dans la voix. Une observation qu'il avait du gardé pour lui bien longtemps.
« Lorsque vous avez rencontré Halandarin. »
Contre tout attente, ce fut un éclat de rire qui passa les lèvres de la daedhel. « Bien sûr... » murmura-t-elle en reposant les yeux sur Elghinn. Elle avait quelque chose d'infiniment doux dans le regard. Son visage lisse et ses oreilles effilées dépourvues de la moindre marque semblaient plus que jamais à l'idée que Wik se faisait d'une mère aimante.
L'esprit de Krish décortiquait les souvenirs qu'elle avait avec cet étrange elfe. Elle voulait l'offrir à ses dieux mais c'était lui qui l'en avait détourné. Lui et Velkyn. Sans cela, elle n'aurai jamais put porter Elghinn à terme. Pire. Elle n'aurait put l'aimer comme elle le faisait aujourd'hui. Le symbole d'Uriz qui trônait, noir sur sa hanche blafarde... Elle commençait à entrevoir chaque pièce du puzzle qui l'avait amené jusqu'à cette prise de conscience. Toute cette déchéance n'était qu'une infime partie d'une divine comédie dans laquelle ils pouvaient tous choisir un rôle.
Mais supporterait-elle de choisir la menace constante d'un dieux de Haine qui l'avait déjà abandonné et qui l'abandonnerait de nouveau.
« Uriz ne protège pas... » murmura-t-elle pour elle-même. « Il récompense. »
Un sourire perdu se traça sur son visage. La voie qu'elle choisirait impacterait tellement plus de vies que la sienne...
Elle posa un baiser sur le front d'Elghinn et se leva pour le reposer dans son berceau. Ses jambes tremblaient. Wik se leva à son tour, suffisamment près pour la retenir quitte à recevoir un nouveau coup. Elle l'observa quelques instants avant d'ouvrir la bouche.
Puis elle la referma sans un mot et se dirigea vers la sortie.
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| | | Neo de Cléruzac
Humain
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| Sujet: Re: Son fil émoussé ... ? [Terminé] Ven 27 Oct 2017 - 18:16 | |
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Le temps flottait comme milles particules dans une rivière, et il s'était laissé emporter par le cours rugissant et son lit constamment balayé. Autant de barrages que de cailloux avaient été les obstacles à travers le voyage insensé. C'était de loin que Tari les avait observé, qu'elle avait guetté chaque mortel dans sa course, se demandant si aujourd'hui était le jour.
Le feu prédominant avait en ce jour triomphé.
Si Neo avait croisé milles êtres et milles sorts liés, il n'avait plus la moindre idée du pourquoi ni du comment. Pourquoi il était là, pourquoi ici, en compagnie de la maîtresse des lieux – très certainement ? – Krish Al-Serat, divine créature. Comment était-il arrivé ici, et depuis quand – car rémanente douleur lui empêchait toute souvenance. Réminiscences de linges humides sur son front, exudation affolante, cris et peurs. Comment en étaient-ils arrivés là : deux corps dénudés et recouverts de suie ; lui debout, elle affalée. Les idées faisaient chemin dans son esprit et il se dit que vraisemblablement leurs corps et vies étaient liés. Mais comment ? Mais encore, et pourquoi ?
Autour, entre, puis en eux avaient vacillé les flammes.
La chaleur qui avait débuté à travers leurs ébats, avait quelque années plus tard – donc en ce jour – explosé. C'est ainsi que Neo scrutant le corps d'ébène à qui il manquait ses cicatrices, ces vifs trophées disons vestiges – car il le connaissait ce corps –, hélas il ne put y observer la moindre trace, car tout avait disparu ! Épiderme de nouveau né qu'était que celui qu'il voulu toucher comme sortant d'un cauchemar ; sur la Taeldhelle ne demeurait plus aucun fait, plus aucune preuve, ce qui avait été écrit un jour n'était plus.
Tout était noir et calciné.
C'est alors qu'il vit sur le sien de corps, des brûlures étranges qui à peine commençaient à s'assombrir, puis se figer timidement. Ces brûlures avaient tout de magique par leur réaction et l'étouffée luisance qu'elles voulait encore dégager ; comme le soleil et ses rayons, voulant encore se mouvoir afin d'ajuster leurs accroches, d'assurer leurs prises, le torse renvoyait au monde cette image. Ses paumes disons lacérées par le feu portaient en leur centre le traître stigmate de l'échange, aussi rouges que luisantes, comme deux billes de chair brulée, à l'instar de celle qui trônait sur son torse. Bien sûr les traits étaient irrégulier, et si la cicatrisation semblait bien avancée, encore pourrait-il aisément les cacher. On y voyait plus les lignes de sa main, l'intégralité de la paume recouverte par le rouge reluisant. Ses Frères seraient mis dans la confidence. Couvrir son torse était chose aisée, ses paumes d'avantage car il n'enlèverait que rarement le cuir qui lui bandait la main en guerre. A la Caze il ne devait y avoir aucune fuite, voilà pourquoi ils profiteraient du contrat à venir, pour quitter Thaar au plus vite.
L'humain, fervent pentien n'eut plus aucun doute quant à l'intervention divine qu'avaient essuyé les deux protagonistes, c'est-à-dire eux. Car il n'était pas des plus ignares, livres, contes et racontars l'avaient quelque peu instruit ; une cicatrice était pour un Taeldhel une médaille, un honneur ! –, celle qu'il avait en face de lui avait été lavée, toute reconnaissance évanouie. N'était-ce point le souhait d'un miracle néerite que de renaître par le corps, stigmates effacés ? Hélas les cultures et les religions si elles n'étaient pas toutes dissemblables sur certains points, encore sur certains autres elles entretenaient moults oxymores.
« Tu m'as tout pris », avait-elle lâché dans un murmure... Elle confirmait ses pensées. Il comprit tout de suite qu'il ne fallait pas traîner trop longtemps... Aviez-vous vu ces yeux et entendu ce ton, qu'en deguerpissant vous auriez répondu. Rouges, aux milles stries autour d'une pupille trop aiguisé à son goût, ainsi remarqua-t-il subitement ce regard lorsqu'ils se fixèrent. Le sien était passé du perdu aux marbre crème et toute sa profondeur, sa contenance pour cause refirent surface. Neo revint à lui, étourdi, engourdi qu'il était depuis trois jours.
« Le Père des batailles t'as utilisé. » murmura-t-elle. « Toi. Un simple humain. Pour me rappeler à la réalité. » Pour toute réponse, ce qu'il voulut prononcer bêtement « Le Seigneur de la Guerre m'a Sauvé. »
C'est le moment qu'elle choisi pour s'approcher de lui et observer les brûlures qui s'étaient installées sur ses paumes... Elles semblaient désormais meurtries, du feu il ne restait que la cicatrice miraculeusement formée, seulement le feu restait nonobstant vif par la douleur.
Il n'avait rien à dire, rien de son plein gré. Si sa Bouche avait condamné ses Dieux, alors par le Silence il se rattraperait. Au risque de tout perdre il transforma son mécontentement en mutisme. Comme pour sceller le serment, s'approchant de lui en un instant, elle l'embrassa tendrement.
À mesure qu'elle parlait lui réfléchissait à une allure ahurissante, pesant... Il repensa à Othar et à ce ton évasif, n'avait-il pas prétendu qu'Il était l'Élu ? N'avait-il pas prétendu qu'il le protégeait et le protégerait encore ? Qu'il était son fils ?
Il avait foi. Et elle était son unique arme indestructible...
Seulement... Othar l'avait instruit, hélas il n'avait pas tout dit... Alors comment savoir ? Que dire ? Que faire ? Neo n'avait qu'une envie, celle de comprendre, de tout comprendre ; pour l'instant tout n'était que ruine et désolation... Des questions et des questions jaillissaient à mesure que le brouillard s'eclipsait. Car qu'étaient-ce donc ces histoires d'Uriz et de chants en son honneur – résonnant dans son cœur ? Était-ce d'Uriz que son Père le défendait ? Était-il comme elle le disait, l'arme, celle qui porterait le coup fatal à ses Dieux ? Il avait déjà failli une fois dans son jeune âge, Othar l'avait jadis sauvé ; aujourd'hui il avait réitéré. Hélas le doute avait fait mouche et il se dispersait dans le crâne du guerrier. « La Vengeance. La Colère. La Douleur. La Force », disait-elle avoir effleuré. Il avait dans sa vie effleuré tout cela et bien plus, il avait effleuré la Mort, une fois encore. Il était l'Élu. Il n'aurait jamais de compte à rendre ni à elle, ni à son peuple. Jamais. Sous le regard des Dieux Pentiens il saurait trouver la réponse.
En lui laissant la vie sauve – précisa-t-elle – de rajouter encore, néanmoins : « Tu seras un adversaire redoutable pour l'ensemble des enfants de Kehrel et Uriz. »
La scène se figea momentanément lorsque leurs yeux dans leurs courses se fixèrent, un regard des plus étranges qu'ils échangèrent. C'est en clôture d'acte qu'il salua à son tour la très chère Krish par une douce révérence, encore nu comme un ver. Si tout frôlait l'absurde, plusieurs notes commençaient à s'assembler ; il lui faudrait bien plus cependant avant d'atteindre mélodie escomptée..
« L'honneur est mien. Nous nous reverrons très chère... Divine... Créature. D'ici-là...» Mais les mots eurent peine à sortir et pour cause il ne put point les prononcer, elle s'en était déjà retourné, d'elle ne restait plus qu'une ombre en mouvance. « Que nos fils émoussés ne le soient point au prochain rendez-vous, du moins je l'espère...», se dit-il pour lui-même. Puis calmement il était allé rejoindre les autres, eux aussi respecteraient son silence. Le pire étant de tout divulguer. Quoiqu'en Thaar, tout fou était divin, tout clampin était prophète...
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