Le soleil a bien besoin de briller, ici bas [Solo]

~ Le soleil, l’or des pauvres ~

Karfias, 6ième jour de la 8ième ennéade,
An 10 du 11ième cycle

Les troupes de Soltariel n’avaient pas été mobilisées depuis longtemps. Pourtant, les troubles avaient été grands lors de ces deux dernières années pour les gens de la cité des canaux, mais aucune guerre n’avait éclaté. Le nouveau duc avait beau se prétendre pacifiste et plutôt mercantiliste, voilà qu’il envoyait des soldats loin de chez eux. Lorsque le nouveau bataillon nommé les « Aigles de Soltariel » avait été formé par le chef des armées de Soltariel sur ordre ducal, les hommes avaient été surpris. Il se criait sur tous les toits que Franco di Celini avait pourtant envoyé paître le chancelier venu d’Arétria en lui disant qu’il n’avait que faire de reprendre Diantra-la Déchue. Pourtant les voilà. Neuf cent hommes de l’armée de Soltariel qui marchaient en direction de Diantra.

Si l’armée ducale était bien équipée et bien entrainée, neuf cent hommes pour une ville comme Diantra ce n’était finalement pas grand-chose. Mais la mission qui leur avait été confiée était précise : Entrer dans la ville et assurer la sécurité d’au moins le quart sud-ouest de la ville. Si aucun d’entre eux ne savait réellement qu’est ce qui avait motivé le duc à prendre une telle décision de manière soudaine, ils appliqueraient ses directives à la lettre.

Pour les soldats, l’hiver avait été rude. Les voilà en poste sur le territoire de Soltariel depuis de nombreux mois et leurs soldes se faisaient maigres s’ils n’avaient pas de mission. Aussi, certains d’entre eux étaient heureux d’être enfin missionnés pour faire quelque chose et espéraient en tirer un certain profit personnel. D’autres étaient même heureux car ils allaient pouvoir entrer dans une ville dont ils n’avaient jamais foulé le sol. Si Diantra était un lieu connu des marchands et des pèlerins, les autres gens n’avaient que peu d’occasion de traverser le continent pour s’y rendre.

Après de nombreux jours de marche, la troupe des Aigles de Soltariel parvint finalement à atteindre les portes de la capitale déchue. Ils avaient d’abord fait route avec l’autre bataillon nommé les « Gardiens de Soltariel » jusqu’à se séparer aux abords d’Euphémion. Les Aigles avaient ensuite remonté le Garnaad jusqu’à croiser les hommes du corps armé des Bétissiens qui gardaient la portion de la route d’Or située sur le terri.toire royal de Caïssa. Avant de marcher encore quelques jours et d’apercevoir enfin leur objectif.

La ville semblait plus ou moins abandonnée, vue de l’extérieur. Notamment par le fait que les routes qui y menaient étaient disproportionnées par rapport au peu de voyageur qui les arpentaient. Lorsqu’ils arrivèrent à l’une des portes principales de Diantra, celle qui permettait aux voyageurs venus de la Route d’Or d’entrer dans la ville, les hommes de Solatriel hissèrent bien haut leur bannière. Sans plus attendre, les portes s’ouvrirent lentement. La ville semblait être fermée sur elle-même, triste et livrée à son propre sort. Presque déçus de ne pas rencontrer une once de résistance, certains soldats se dirent même que cette mission n’était finalement pas plus intéressante qu’une énième garde sur le territoire de Soltariel. Quoiqu’il en soit, ils avaient accompli leur mission. Le soleil du sud n’avait plus qu’à briller sur ces terres abandonnées.