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| Quand l'hiver touche à son terme [Alienor] | |
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Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Quand l'hiver touche à son terme [Alienor] Jeu 21 Sep 2017 - 9:20 | |
| Fin Karfias, an X du XIe cycle L'Ordre avait fini de veiller ses morts. Cinq frères étaient tombés devant les remparts d'Arétria. Leurs corps reposaient à présent dans les catacombes du temple de Néera. Le Grand-prêtre avait acquiescé chaleureusement à leur demande et c'est tout naturellement que les frères s'étaient murés dans la prière plusieurs jours durant. L'ancien capitaine, toujours en retrait, s'était quant à lui retenu de ne point sombrer plus encore. A l'abri du monde dans le temple, personne n'était venu lui parler, comprenant que le moment était voué à la solitude. Que s'était-il alors passé derrière les grands murs durant ces derniers jours ? Les croyants qui étaient venus rencontrer les mystérieux sauveurs de leur cité, avaient rapporté qu'un grand conseil des nobles s'était tenu. La comtesse Iselda avait succombé à ses blessures et avait souhaité expirer son dernier souffle dans la cité qui l'avait vu naître.
Le temps n'était pas aux réjouissances. Arétria continuait de pleurer ses morts et de panser ses plaies. Pourtant, une guerre plus au sud couvait et verrait de nouveaux arétans mourir pour le compte d'un roi qu'ils n'avaient jamais vu. Sa surprise fut néanmoins de taille lorsqu'on leur rapporta qu'un régent avait été choisi parmi les Grands. Aliénor de Wenden. Il ne sut dire, intérieurement, si cela était une bonne ou une mauvaise nouvelle à tel point l'espérance de vie des seigneurs arétans s'amenuisait d'année en année. Sans dire comment, ni pourquoi, il tenait à elle. Même si leur rencontre ne remontait pas à loin, son sort le préoccupait.
-Vous devriez aller la voir, Walther , lui conseilla le frère Ecbert.
Désarçonné par l'apparition du capitaine de l'Ordre, Walther ne sut que répondre.
-Je... Je ne pense pas. La dame de Wenden doit sûrement avoir mieux à faire.
-Vous avez suffisamment partagé notre deuil. Nos morts sont maintenant en paix, les vivants vous attendent.
Il n'eut pas besoin de questionner le frère pour connaître le sens profond de ses dernières paroles. Comprenant qu'il en avait fini avec son devoir envers l'Ordre, Walther salua l'homme qui était désormais aux commandes et s'en alla sans dire mots. Ce n'est qu'une fois à l'extérieur qu'il vit que la cité avait reprit vie. Déambulant dans tous sens, les marchands et badauds allaient et venaient frénétiquement. Le ciel quant à lui, était dégagé et laissait présager un climat plus propice. Au loin, la cité forte semblait regorger de soldats guettant l'ennemi sur les remparts. Son entrée ne fut guère aisée puisqu'on l'asséna de moult questions à propos de sa venue. Il fallut l'apparition d'un garde de la dame de Wenden pour qu'on le laisse entrer. A peine eut-il le temps de remercier cet homme qu'on le mena aux appartements d'Aliénor. On le somma de faire vite, prétextant que la dame se devait de bientôt tenir un nouveau conseil pour parler de la guerre à venir à ses nobles.
S'il avait jugé l'activité dans la ville bien grande, force était de constater qu'une fois à l'intérieur des murs, les couloirs lui parurent bien vides et froids. Gardant cela pour lui, il continua de suivre son guide jusqu'aux nouveaux appartements et attendit qu'on lui autorise l'entrée. Dedans, de faibles chandelles éclairaient la pièce. Même en plein jour, la pénombre y régnait en maître.
-Aliénor...
S'avançant lentement vers la dame qui semblait sur le point d'aller à son encontre, Walther se demanda de quelle manière il pourrait désormais s'adresser à elle.
-Ma dame la régente, reprit-il en tentant de mettre un genou sur le sol pour la saluer. Il est temps pour moi de venir vous dire au revoir et de rentrer chez moi avant que ne souffle de nouveau le vent de la guerre.
Dernière édition par Walther Hohenburg le Ven 22 Sep 2017 - 11:27, édité 1 fois |
| | | Aliénor de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Quand l'hiver touche à son terme [Alienor] Jeu 21 Sep 2017 - 16:10 | |
| En quelques heures seulement la vie d'Aliénor avait été totalement bouleversée. Une seule décision et toute sa vie avait basculé dans un immense abyme dans lequel elle cherchait à se repérer tant bien que mal. Ainsi, suite à l'annonce du sénéchal d'Arétria, l'ensemble des vassaux furent conviés à un grand conseil. Chacun s'était déplacé ou avait envoyé un porte-parole pour l'occasion. La tristesse avait été de mise et au rappel du décès de leur Comtesse, une minute de silence avait été religieusement observée. Aliénor alors sentit toute la tristesse du deuil de Roderik qu'elle n'avait pour le moment pas eu le temps de laisser sortir, les évènements s'étant si vite succédés dans sa vie ces derniers jours. Une larme discrète coula alors sur sa joue hâlée par ses journalières balades à cheval. Il y avait longtemps maintenant qu'elle n'avait plus chassé, ça lui manquait. Sa liberté lui manquait et au fond d'elle-même, elle sentait qu'elle allait devoir lui dire adieu, ce qui la peinait énormément.
Avec le reste de l'assemblée, elle releva la tête lorsque le sénéchal, maître du protocole, prit la parole :
- Mes chers seigneurs, l'heure est grave. Vous n'êtes pas sans savoir que le Comté a à la fois perdu sa tête avec la perte de ses Grandeurs Roderik et Iselda de Wenden. Fort heureusement pour nous, l'avenir de leur maison est sauf puisqu'ils nous laissent bien heureusement, un descendant. Toutefois, ils ne laissent pas seulement un fils orphelin mais tout un peuple. C'est pourquoi il vous est demandé aujourd'hui mes seigneurs, en vous réunissant, d'éviter le chaos pour nos terres et de choisir parmi vous celui qui dirigera le Comté et ses forces jusqu'à ce que sa Grandeur, le Comte Karl de Wenden soit en âge de régner. Tout d'abord y a-t-il des candidats parmi vous ?
- Moi ! Leudaste le Jeune, Seigneur de Sorosd et cousin de Roderik, je suis l'homme tout désigné pour prendre la régence de mon petit cousin. Notre sang parle pour nous.
S'avança alors un homme plutôt séduisant de sa personne qu'elle connaissait bien pour être son cousin Leudaste. Personnalité assez sulfureuse d'Arétria. Pour bien le connaître, son cousin avait toujours été un éternel bagarreur et malheureusement, cette attitude avait perduré lorsque l'âge adulte fut venu. Il s'avança auprès du sénéchal, non sans salué sa désormais célèbre cousine d'un hochement de tête qu'elle lui rendit.
Le sénéchal alors regarda l'assemblée en insistant pour des candidats. Devant le silence pesant, Leudaste afficha un magnifique sourire, certain de sa victoire. Le sénéchal allait alors prononcer que la régence lui était acquise lorsqu'une nouvelle voix se fit entendre. Le cousin d'Aliénor alors se montra passablement agacé par un tel audace.
- Ne peut-on pas proposer quelqu'un comme candidat sans que ce dernier ne se désigne, sénéchal ? Dit une voix dont le propriétaire, perdu dans la masse de seigneurs, ne pouvait pas être identifié par Aliénor de là où elle se trouvait.
Content, presque soulagé de cette intervention, le sénéchal alors répondit en ces mots :
- Oh si bien sûr monseigneur et qui souhaiteriez-vous proposer comme candidat à l'assemblée ?
- Je souhaite proposer la dame de Wenden ! Elle est la tante de sa Grandeur et n'a pas hésité à prendre les armes pour venir le défendre. Nous ne serions pas là si elle n'avait pas réuni ses alliés pour bouter l'infâme Ewald Karlsburg hors de ces lieux.
Aliénor vit alors tous les regards de ces valeureux guerriers, ces représentants de famille de renom, se tourner soudainement vers elle. C'est alors qu'elle ressenti un poids l'écraser littéralement. Elle avait déjà eu cette sensation lorsqu'elle avait lu le pli dans lequel on lui communiquait le testament ainsi que la preuve de son titre ainsi que de sa propriété. Sous l'invitation du sénéchal, elle s'avança alors pour se positionner aux côtés de son cousin, la mine fermée. La régence ne lui était pas aussi acquise qu'il le pensait finalement.
Vint alors le moment du vote où pour la bonne forme, il fut demandé aux vassaux de lever la main à l'appel du candidat de leur choix. A sa grande stupéfaction pratiquement l'ensemble des mains se levèrent à l'appel de son nom. Sans doute que pour une fois, son sexe avait joué en sa faveur. Ils pensaient ainsi pouvoir continuer leurs petites querelles tranquille. La dame ne s'occuperait sans doute pas des questions militaires et laisserait certainement à son sénéchal (sans doute le vieil Arnoul dont l'importance dans le Comté le désignait quasiment et qui, expérimenté qu'il l'était, saurait lui apprendre sa tâche et lui faire garder sa place), le soin de gérer toutes ces questions. Quand bien même, dans le pire des cas si elle venait à trop s'occuper de choses d'hommes, il suffirait de l'enjoindre de se marier à un bon arétan de bonne famille pour avoir la paix. Peu importe les raisons. On la fit ainsi régente de sa Grandeur Karl de Wenden, Comte d'Arétria.
Tout alors se passa très vite et Aliénor vécu tout ceci un peu comme un corps sans âme. Un banquet en l'honneur de ceux disparus ainsi qu'en l'honneur de ce nouvel avenir qui s'ouvrait (encore jamais une femme n'avait disposé d'un tel pouvoir que le sien dans l'histoire nordienne). Placée au centre, les vassaux buvaient la félicité de se retrouver, de juger les fils qui succédaient à leur père, de créer de nouvelles alliances ou d'en confirmer des anciennes. On la croisait en la félicitant, lui parlait avec respect et déférence pour certains, avec compréhension et simplicité pour d'autres (comme si elle était d'une grande stupidité). On évoquait déjà la question de la levée future du ban de son suzerain Louis de Saint-Aimé, lui-même régent, qui se voyait marcher sur le Médian pour chatier les inopportuns qui avaient eu l'idée d'occuper un temps les terres royales sans pour autant y être autorisés par Sa Manesté. Fut évoqué également le plaisir que chacun aurait à "une bonne vieille guerre qui leur permettrait de s'amuser un peu et de voyager." (et sans aucun doute d'aller visiter des paturages plus verts que celui de leur épouse). On but beaucoup et mangea encore plus. Certains se laissèrent aller à danser au bras de leurs dames sur les airs nouvellement composés et relatant la défense de la veuve et de l'orphelin qui s'était déroulée à Arétria. La fête battait son plein quand les premiers vassaux remarquèrent que la désormais régente brillait par son absence. La guerre fatigue et Aliénor n'avait pas été en reste.
Ainsi, à la suite d'une escorte (à laquelle Aliénor était jusque là peu coutumière), elle parcourut des couloirs toujours plus tristes et froids qui lui glacèrent le sang. Elle avait le sentiment d'être une prisonnière menée à l’échafaud. On la mena enfin à chambre, plutôt sombre et qui allait être sa nouvelle maison à partir d'aujourd'hui. Elle remercia ses hommes et leur souhaita une bonne nuit. Lorsqu'elle fut enfin seule, elle se dirigea vers la fenêtre de sa suite et regarda ce nouveau paysage auquel elle allait devoir s'accoutumer. Elle avait soif de liberté et on venait de l'enfermer dans une cage dorée.
Les jours suivants se suivirent et se ressemblèrent entre doléances, étude de la situation d'Arétria tant sur le plan économique que sur l'histoire ou militaire, jusqu'à ce qu'un jour, alors qu'elle étudiait la diversité de l'agriculture arétane, on lui annonça que Walther de Hohenburg souhaitait passer les portes de la ville. Elle envoya alors un garde le chercher et le mener à elle (ai-je dit qu'elle s'était perdue à de nombreuses reprises?). Elle ne lâcha son texte que lorsque ce dernier entra dans la salle lugubre (changer de chambrée semblait étonnemment compliqué à Arétria). Elle allait venir à lui comme à son ami lenplus cher lorsqu'il commença à s'incliner devant elle et à s'exprimer avec déférence comme à sa régente et non son amie auprès de qui il avait combattu quelques jours auparavant. La fatigue avait beau se lire sur son beau visage, elle en fut plus blessée qu'autre chose. D'autant plus lorsqu'il lui annonça qu'il comptait prendre congé, maintenant que l'on n'avait plus besoin de lui. Il parlait sans doute de l'ordre du calice qui lui était si cher. Elle eut un mouvement de recul et croisa les bras devant elle, lui donnant sans le vouloir plus de contenance et d'aura encore.
- N'y a-t-il vraiment plus rien qui ne vous retienne à Arétria-la-ville ? Vous mettre au service de votre régente vous serait-il plaisant ?
Poursuivre son propos lui dévorait les lèvres et pourtant elle voulait laisser avant tout son ami libre de choisir par respect et affection pour lui. Cette liberté si précieuse et qu'elle avait laissée de côté sàs hésiter un instant au nom de sa famille. Cette richesse, elle la lui offrait avec plaisir.
Dernière édition par Aliénor de Wenden le Lun 19 Mar 2018 - 12:22, édité 2 fois |
| | | Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Re: Quand l'hiver touche à son terme [Alienor] Ven 22 Sep 2017 - 10:21 | |
| Que devait-il comprendre avec cette dernière question ? A son service, il l'avait été et le resterait jusqu'à sa mort en tant que chevalier. Bien que le vieil Arnoul ait été son seigneur direct, il s'avérait que la dame de Wenden eût désormais les pleins pouvoirs en ce qui concernait le comté. Ou était-ce là le moyen qu'elle avait trouvé pour le garder à ses côtés ? En ami donc ou bien en simple sujet, Walther ne sut dire mais comprit assez vite qu'il ne pouvait plus être qu'un simple vassal après ce qu'il avait fait.
-Je suis déjà à votre service et le resterai jusqu'à ce que vous en décidiez autrement, dit-il d'un ton solennel. Ordonnez et j'exécuterai, ma dame.
Il se devait d'être néanmoins clair quant à sa position. Ne recherchant ni gloire ni prestige, Aliénor se devait de comprendre qu'il ne lui demanderait jamais rien.
-Je suis et resterai aussi votre ami le plus fidèle, Aliénor, reprit-il en s'approchant d'elle. Vous m'avez prouvé que l'on pouvait faire confiance en une personne que l'on ne connaissait pas. Car j'ai passé trop de temps à pleurer les morts et à me méfier des vivants. J'ai cru dès lors qu'en vouant mon âme et mon corps à la Damedieu, je réussirai à trouver la rédemption et le pardon mais j'ignorai encore qu'elle était la chose la plus précieuse en ce monde.
Malgré la fatigue qui pouvait se lire sur son visage, Walther parvint à esquisser timidement un sourire.
-Je serai toujours là pour vous aider, Aliénor, mais il me faut retourner chez moi pour retrouver les miens et les aider à maintenir nos terres.
Il n'aurait pu s'imaginer à quel point le fait de partir et de quitter la dame aurait put être si ardu. Son cœur lui mandait de rester, mais son esprit lui implorait de retourner à Ernal pour prendre soin des siens. Ses nerfs à bout, une perle ruissela le long de sa joue.
-Pardonnez-moi...
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| | | Aliénor de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Quand l'hiver touche à son terme [Alienor] Mer 27 Sep 2017 - 14:23 | |
| Le pauvre Walther avait l'air tout aussi fatigué qu'elle. Les traits tirés, on pouvait voir que ces derniers jours n'avaient pas été de tout repos et avaient même été moralement pénible. On lui avait dit que l'ordre s'était recueilli pour honorer ses morts, tout comme Arétria en vérité. L'ambiance n'avait pas tout à fait été à la fête puisque des vies valeureuses avaient dû être perdues pour préserver le Comté d'ambitions individuelles.
Elle le regardait ainsi lui montrer toute la grandeur de sa loyauté et de son amitié avec émotion tout en tâchant de garder la tête froide. Elle aurait voulu lui retirer tout le poids qui se trouvait sur ses épaules entre les besoins de sa famille, l'ordre pour lequel il avait la plus grande affection et sa nouvelle amie avec qui il avait partagé quelques aventures qui resteraient longtemps gravées dans l'histoire. Il avait vu la première fois où une femme nordienne avait dû prendre les armes pour défendre la terre de son défunt frère, convoitée par un beau-frère avide d'un pouvoir qu'il avait auparavant délaissé.
Elle resta alors droite et tâcha de se montrer impassible. La régence avait besoin d'hommes comme Walther qui sauraient lui montrer de la loyauté et lui apporter des informations essentielles, des conseils avisés. Aliénor avait également besoin de lui mais pour d'autres raisons, plus personnelles qui ne devaient pas entrer en ligne de compte. Elle l'écouta jusqu'au bout et fut profondément touchée par ses paroles. Elle avait appris à lui faire confiance, lui, un étranger, pas même un seigneur pour trouver en elle la force de faire ce qui devait être fait. Il lui avait permis de laisser à la fois parler son coeur et sa raison pour servir une même cause et avait su la rassurer alors qu'il la connaissait à peine. Elle lui avait laissé faire cette fois ce que le garçon à l'époque où ils se sont rencontrés étant enfants, avait tenté de faire et ce pourquoi elle l'avait de prime abord repoussé à tort, voulant se montrer forte. Aliénor était une femme forte, elle le savait, elle n'avait besoin de rien pour le prouver mais perdre pratiquement toute sa famille l'avait affaiblie moralement. Toutefois une flamme continuait de brûler en elle, une flamme qui lui donnait l'énergie et la conviction d'agir en fonction de ses croyances et de ses certitudes. Toutefois les choses étaient devenues flous avec les jeux de pouvoir de certains et c'était bien de certitudes dont elle avait besoin aujourd'hui.
D'un geste doux et tendre de la main, Aliénor sécha la larme qui coulait sur la joue de son ami auprès duquel elle a combattu et qui n'a pas hésité à se précipiter sur elle dans l'espoir de la sauvée d'une attaque adverse qu'elle avait finalement réussi à parer. Elle n'avait pas oublié ce geste et il ne devait pas rester rien.
- Je vous comprends Walther, s'occuper de sa famille et les aider est important. Toutefois vous les aiderez plus en m'étant utile ici que vous ne le ferez en allant là-bas. Je ne souhaite pas vous retenir à outrance et encore moins contre votre gré. Prenez donc quelques semaines pour rentrer chez vous, prendre un peu de repos et profiter de votre famille, les assurer que vous allez bien, vous assurer qu'ils vont bien également. Je ne sais que trop combien il est essentiel d'être présent pour les siens et jamais je ne vous empêcherez de le faire, vous le savez bien. En tant qu'amie je comprends que vous en ressentiez le besoin.
Elle fit une pause et reprit dans son élan avant qu'il ne la coupe.
- Mettez cette période à profit pour faire le point et réfléchir à mon offre. Revenez ensuite vers moi avec deux choses : la première une liste des besoins de votre famille, si nous pouvons aider, nous ne resterons pas les bras croisés et je vous mettrai à disposition ce que le Comté peut vous offrir en remerciement de votre bravoure et de votre soutien lors de la défense d'Arétria. Nous ne laisserons pas les nôtres en difficultés si nous sommes à même d'y remédier. La seconde chose c'est une réponse. Je compte vous nommer premier conseiller de la régente d'Arétria. J'ai besoin de vous afin de me permettre d'avoir un avis le plus éclairé possible sur les choses, m'éviter des erreurs en faisant en sorte que je puisse avoir la meilleure information possible. Je vois bien le jeu que joue certains de mes vassaux. Ils aiment tellement la guerre qu'ils seraient bien capables d'en provoquer une au sein de leur propre maison si ça pouvait tromper leur ennui. Toutefois je ne suis pas à même d'accepter ce genre d'attitude et je souhaite plus que tout, transmettre à mon neveu une terre unie et soudée. Pour cela j'ai besoin de prendre les bonnes décisions et de les prendre en connaissance de cause. Il m'est donc nécessaire d'avoir une vision claire des choses, d'avoir les bonnes informations. Ce sera un poste à responsabilité vous donnant des droits comme celui d'être logé au château dans l'aile réservée aux personnes importantes mais il comporte également de nombreux devoirs et j'insiste sur ce point. Il vous faudra vous montrer totalement impartial, égal, précis et juste dans les données que vous me transmetterez. Aucune influence extérieure ne sera acceptée. Vous travaillerez dans le secret le plus absolu et aurez parfois en main des données sensibles. Je dois pouvoir compter sur votre totale loyauté et sur soutien. Vous serez le seul lorsque nous serons isolés à avoir le droit de me contredire et vous aurez le devoir de le faire lorsque vos informations vous le commandent.
Elle prit alors les mains de Walther tout en faisant une pause et le regarda fixement dans les yeux.
- J'ai profondément conscience que je ne suis pas expérimentée et que je ne suis pas mon frère. Toutefois je ne veux pas permettre à qui que ce soit d'utiliser ce manque d'expérience et de connaissance à son profit à l'encontre des intérêts du Comté et pour cela, j'ai besoin d'une personne de confiance. Or vous m'avez prouvé à plusieurs reprises que je peux avoir confiance en vous. Ce poste est donc à vous Walther si vous le désirez.
Elle comprenait aisément que pour donner une réponse à une telle proposition, il ait peut être besoin de réfléchir, même si en soit, elle aimerait que la réponse soit toute trouvée et qu'il accepte. Il avait été un soutien des plus importants pour Aliénor. Elle ne saurait l'expliquer mais sa présence, ses paroles, sa sagesse lui étaient déjà précieux. Sans doute retrouvait-elle un peu de son frère en lui, de cette complicité, de ce goût pour la réflexion commune. Il fut rare que Roderik prenne des décisions sans en avoir parlé avant avec elle. Ils n'étaient pas forcément d'accord mais en parler, mettre des mots sur les choses l'aidait souvent à analyser les situations, à les comprendre de manière plus poussée qu'il ne les avait comprises auparavant et à y répondre beaucoup plus efficacement. C'était ainsi qu'ils avaient toujours fonctionné et désormais une telle chose n'était plus possible. Jamais il ne remplacerait Roderik dans son coeur, c'était certain mais elle sentait qu'il y avait toutefois une place déjà, une graine de confiance et d'amitié sincère qui avait été plantée et qui ne demandait qu'à pousser si tant est que l'on en prenne soin.
Dernière édition par Aliénor de Wenden le Lun 19 Mar 2018 - 12:22, édité 1 fois |
| | | Walther Hohenburg
Humain
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| Sujet: Re: Quand l'hiver touche à son terme [Alienor] Ven 29 Sep 2017 - 12:55 | |
| La surprise fut grande et manqua de le faire tressaillir. Lui qui accusait encore le coup de moult émotions, voilà que la dame de Wenden venait de lui remettre une estocade. Comment trouver les mots alors après une telle preuve de confiance et d'amitié ? Si on ne lui avait jamais fait un seul cadeau, celui là était bien sur le point d'en combler le manque. Il était vrai qu'entre lui et son frère, ce dernier avait toujours su s'attirer les meilleures grâces en tant que futur héritier. Les cartes rebattues, le cadet avait survécu tandis que l'aîné s'en était allé. L'ironie du sort fit sombrer la famille dans la mélancolie au point que sa mère elle-même l'informa qu'elle eut préféré qu'il meurt au lieu de son époux et de son fils préféré. Son titre de survivant ne lui avait rien valu et cela avait été comme un mal propre que sa mère l'avait renvoyé guerroyer comme reître pour subvenir aux besoins des siens. Non, on ne lui avait jamais rien offert. Aliénor venait d'y remédier.
Maladroitement, il lui prit la main et la regarda dès lors dans les yeux sans les quitter un seul instant.
-J'accepte, Aliénor. Ce serait un honneur que de pouvoir servir à vos côtés, déclara-t-il en recouvrant un minimum de prestance. Je m'en irai chez moi afin de prévenir les miens de la nouvelle fonction qui m'incombe désormais et tenterai de les rassurer quant à mon absence.
Iselda, sa soeur, le giflerait probablement. Mais elle aussi s'était sacrifiée pour sauver Ernal en épousant le vassal du vieil Arnoul. Elle finirait ainsi par comprendre son éloignement. Toujours est-il qu'un jeune homme ramené d'Oesgard l'attendait sûrement en trépignant d'impatience.
-A mon retour, je vous présenterai le jeune Meinhard. Il est mon écuyer que l'Ordre et moi avons sauvé un jour lorsque nous traversions un village sgardien incendié. J'ai juré de veiller sur lui et de lui apprendre les rudiments de la noblesse.
La petite aparté sur son écuyer étant faite, il ne put s'empêcher de penser aux maux qui accablaient la dame. Connaissant maintenant les tensions grandissantes qui régnaient entre les Wenden et les Stern, cela aurait été impardonnable de sa part s'il n'avait point essayé de s'en mêler pour défaire le nœud. Chose qu'il avait déjà prévu de faire en tentant de plaider en faveur de la jeune Wenden une fois rentrée chez lui. Son visage, alors radieux, se durcit à l'évocation de son seigneur sternois.
-Aliénor... Vous n'êtes pas sans savoir qu'en retournant chez moi, le vieux bouc de Stern me fera sûrement quérir pour s'entretenir quant aux derniers événements. Aussi pour me soutirer quelques informations vous concernant, dit-il. N'ayez crainte, je ne vous trahirai pas, ni ne mentirai au seigneur de Stern. Je me dois plutôt de vous aider à défaire les tensions néfastes et grandissantes.
Ce n'était là plus en tant que simple ami qu'il parlait, mais aussi en tant que premier conseiller de la régente.
-Sire Arnoul est un vieux bouc qui s'est trop longtemps senti mit de côté. Votre arrivée à la tête de la régence ne fera que consolider un peu plus ses ambitions et projets. Vous le voyez alors comme un opportuniste désireux de se faire enfin une place parmi les grands et je ne pourrais vous donner tort. Néanmoins, vous devez comprendre Aliénor, qu'il est un de vos vassaux et que pour garder l'unité de votre comté, vous devrez apprendre à le connaître en dialoguant avec lui et non plus en l'ignorant. Car plus vous l'ignorerez, plus il se sentira de nouveau délaissé et mis à l'écart. Mais si vous partez à sa rencontre, que vous l'écoutez et que vous essayez de vous en faire un ami, alors vous réussirez peut-être à vous en faire un allié et à désamorcer le problème.
La messe était dite, mais Walther savait que les projets d'Arnoul, bien gourmands, ne plaisaient aucunement à la nouvelle régente.
-Si vous ne désirez pas lui donner le commandement des armées, donnez lui autre chose qu'il ne pourra refuser et qui le flattera. Donnez lui par exemple un siège au conseil de régence à lui ou son fils. Il sera honoré de pouvoir participer aux grandes décisions du comté. Mais Arnoul est un vieil homme qui veut faire péricliter sa descendance. Son regard s'assombrit à l'annonce de l'héritier de Stern. Ce pourquoi il désire que vous épousiez son petit fils. Quoi que vous décidiez, Arnaud de Stern reprendra la seigneurie de son père et saura se souvenir d'un refus de votre part. Vous n'êtes pourtant pas obligé de l'épouser... du moins dans l'immédiat. Faites lui respecter le temps de votre deuil pour ceux de votre famille que vous avez perdu.
Utiliser les défunts pour se défaire d'une union n'était point la chose la plus honnête, il en était conscient. Mais le deuil n'était pas à prendre à la légère et Walther savait qu'après les derniers événements, le contre-coup atteindrait Aliénor et la plongerait à son tour dans une certaine mélancolie. Inutile de dire qu'aucune union ne pourrait avoir lieu dans une telle atmosphère.
-Ce temps qui vous sera imparti vous permettra de chercher ne nouvelles solutions sans offusquer les Stern. Surtout à la veille d'un conflit.
Était-ce la façon qu'il avait trouvé pour préserver Aliénor le plus longtemps. Il avait là l'impression de tout faire pour que le mariage ne puisse avoir lieu. N'ayant point de solution miracle au problème, il n'avait pu trouver qu'un moyen de gagner du temps.
-De tout temps et lors des grands conflits, Arétria s'est toujours doté d'un grand capitaine pour inspirer les hommes. La charge était bien plus honorifique que pratique étant donné que celui-ci n'était qu'un simple exécutant obéissant à son seigneur et maître. Toujours est-il qu'une telle attribution saurait probablement contenter l'ego et l'ambition du jeune sternois, m'est avis. vous y gagneriez aussi chez vos nobles qui tenteront sûrement de s'inspirer d'une telle nomination pour devenir eux aussi des héros. La guerre, si horrible soit-elle, peut aussi devenir votre amie et vous permettre de gagner le respect et l'unité de vos sujets
Elle avait mandé qu'il la conseilla. Chose était désormais faite.
-Ce ne sont que mes conseils, Aliénor. Ne voyez aucunement en eux l'idée de vous dire quoi faire. Dit-il en cherchant à la rassurer quant à son attitude pouvant paraître un peu trop directive.
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| | | Aliénor de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Quand l'hiver touche à son terme [Alienor] Ven 1 Déc 2017 - 11:28 | |
| La belle rousse ne fut que plus ravie de recevoir une si jolie réponse positive à sa proposition. Elle abandonna sa fine main quelque peu froide dans celle, large et chaude du chevalier d'Ernal. Ils étaient tous deux émus, c'était évident. N'importe qui se serait alors présenté à la Régente à ce moment précis aurait pu se faire des idées mais il était vrai que depuis quelques semaines qu'ils se côtoyaient désormais dans cet imbroglio familial et politique, ils s'étaient très naturellement rapprochés. Walther avait l'entière confiance d'Aliénor et elle savait que ce sentiment était réciproque. Elle sourit à l'évocation du jeune écuyer qu'il avait pris sous son aile.
- Je serai ravie de faire sa connaissance lorsque vous me reviendrez.
Elle lui sourit alors très amicalement et sincèrement. Toutefois ce cocon de douceur fur rompu par Walther qui se sentit le devoir d'être sincère avec la jeune régente, et ce à juste titre. Vinrent alors des mots qui lui semblèrent moins sympathiques à ses oreilles que ce qui l'avait précédé. Forcément il fallait parler d'Arnoul de Stern et de son projet de mariage qui ne ravissaient pas les oreilles d'Aliénor. Elle écouta néanmoins avec attention l'avis de son désormais Premier conseiller.
- Je vous remercie pour votre sincérité Walther et je vous promets d'y réfléchir. Maintenant allez, votre famille doit être impatiente de vous retrouver. Je m'en voudrai de vous retarder plus longtemps.
Elle lui sourit de nouveau avec sincérité et le laissa prendre congé d'elle, non sans le suivre du regard. Elle le regarda partir par la fenêtre de ses appartements et soupira, triste et las avant de se remettre à ses tâches.
Durant les premiers jours qui suivirent, Aliénor ne cessa de penser à Walther et à ses paroles qui s'imprégnaient de plus en plus dans son esprit. Elle tournait encore et encore ses dires et cherchait au fond de son coeur la bonne réponse. Elle savait que Stern lui mettait la pression pour lui donner le sentiment que c'était lui qui était à la barre mais elle savait en son fort intérieur que c'était faux. Toutefois, elle ne pouvait ignorer les justes paroles de son ami. Accepter ce mariage n'était certes, pas l'idéal auquel elle avait toujours aspiré mais cela permettrait de stabiliser le Comté et d'assurer sa pérennité sur le long terme. En même temps, elle ne voulait pas toujours devoir se sacrifier. Elle fit le point alors sur sa vie et au final se rendu compte que jusque là, on s'était plus privé pour elle que le contraire. Elle avait conservé jusqu'à maintenant toute la liberté qu'elle souhaitait et on l'avait préservée jusque là pour qu'elle puisse avoir le bonheur d'en profiter. Elle savait que du jour où elle devrait se marier, elle devrait abandonner cette liberté. Toutefois, malgré ses nouvelles responsabilités et les malheurs qui l'avaient si soudainement frappée, elle était restée libre. Comme avant, elle pouvait prendre sa monture et se balader sans que personne ne puisse y contrevenir. Par sa position de régente, elle savait au fond d'elle-même qu'il lui était possible de ne pas subir le mariage. Le vieux Stern pouvait rouler ses muscles ridés autant qu'il le voulait et faire comme si c'était chez lui mais Aliénor seule avait le pouvoir. Il lui suffirait de le remettre à sa place et de le tenir là où il doit être. Si la pérennisation de sa famille était là sa seule crainte, elle lui donnerait ce qu'elle voudrait et ce serait suffisant pour le contenter. Il n'aurait pas plus et même si Arnaud semblait bourré du même orgueil familial, son intérêt irait plus à être son partenaire qu'à jouer contre elle.
La situation paraissait donc bien moins désespérée qu'elle ne l'était en réalité. Aliénor respira alors un grand coup. C'était comme si le poids du monde qui était depuis sa régence sur ses épaules, s'était soudainement évaporé. Elle allait beaucoup mieux et savait ce qu'elle devait faire.
Mais Walther et ce qu'elle commençait déjà à ressentir pour lui ? Elle souhaitait leur bonheur à tous deux mais malheureusement, elle ne pouvait pas sauver tout le monde. La position qu'elle venait de lui offrir semblait assez confortable et même s'il devrait peut être se résigner à épouser la petite-fille de Stern, ils seraient liés ainsi par un lien familial qui protégerait durablement sa famille à la fois placés sous la protection des Stern mais également sous celui des Wenden. Ils n'avaient plus rien à craindre, plus rien ne pourrait les remettre dans la mécréance qu'ils avaient connu ces dernières années. Même si sa main ne pouvait être sienne, elle se promit de lui laisser son coeur si jamais ce dernier désirait également lui offrir le sien. Elle ne pouvait offrir plus que cela.
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