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| Les bienfaits d'un orage [Aliénor] | |
| | Auteur | Message |
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Roderik de Wenden
Ancien
Nombre de messages : 1133 Âge : 34 Date d'inscription : 25/12/2014
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 27 ans (né en 982) Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Ven 13 Mar 2015 - 21:51 | |
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L'An Huit du onzième cycle Troisième ennéade de Barkios Le septième jour
Le ciel était colérique.
Le vent chargé de pluie faisait claquer les voiles du navire. D'affreuses bourrasques soulevaient des vagues noires qui venaient s'échouer sur le pont, provoquant de sinistres craquements. Par un tel déchaînement des éléments, le pont était étrangement calme, et pour cause ; il n'y avait pas âme qui vive à son bord, à l'exception de Roderik qui, seul, marchait au beau milieu de la tourmente. Il n'était pas inquiet ; il évoluait sans aucune crainte, indifférent à la pluie qui lui cinglait le visage. Il s'approcha du bastingage et contempla la mer. Baissant la tête, son reflet lui apparut aussi distinctement que par temps clair. Son visage était souillé de sang frais. D'une manière un peu dérangeante, son double lui souriait de toutes ses dents. Plissant les yeux, Roderik distingua, en arrière-plan, des murailles crasseuses dominées par de hautes tours qui paraissaient s'élever dans la mer brumeuse. Une cité cernée par les eaux noires, laissée à l'abandon. Les bâtisses, tout en bois construites, avaient leurs portes maculées de sang.
Roderik ouvrit les yeux.
Une lueur blanche traversa la chambre, bientôt suivie d'un grondement. Le tonnerre s'abattait sur la malelande ; l'on entendait crépiter les gouttes de pluie sur la toiture et le vent siffler au travers des meurtrières. Le seigneur de Wenden avait l'habitude de l'orage ; en revanche, les rêves qui agitaient son sommeil depuis quelque temps le laissaient perplexe. Il n'en avait pas parlé au vieux Feidel. L'érudit était de bon conseil, mais Roderik évitait de trop se livrer tant qu'il pouvait l'éviter. Il préférait mettre cela sur le compte du surmenage et du manque de sommeil, et minimiser la chose avec sa nonchalence coutumière : ce n'est que mon esprit qui part en vrille, il n'y a rien d'alarmant.
L'aube n'était pas levée, mais Roderik savait qu'il ne retrouverait pas le sommeil d'ici à ce que le jour se lève. Il s'habilla, et se glissa silencieusement dans les couloirs du château endormi. Le silence environnant, ponctué par les coups de tonnerre, faisait régner une douce accalmie qui ne manquait pas d'apaiser le maître des lieux. Nulle décision à prendre, nul ordre à donner, nulle obligation à satisfaire, tant que le jour ne serait pas levé. C'était le genre d'instant qui n'appartenait qu'à lui, le genre de moment où Roderik n'aspirait à rien de plus que d'être simplement un homme parmi les autres. L'envie de casser une graine le mena tout naturellement aux cuisines, censées être désertes à cette heure. Aussi n'avait-il pas prévu de tomber nez à nez avec un valet, lequel par ailleurs était tout occupé à besogner une servante. Le seigneur de Wenden vilipanda vertement les tourtereaux qui, terrifiés, s'en furent à toutes jambes. Puis, muni d'un tranchoir et d'une miche de pain, il tira une chaise et s'y installa - non sans s'être assuré au préalable que le couple de larbins n'avait pas profané celle-ci.
Par Othar, voilà donc à quoi ressemble la paix, pensa-t-il alors qu'il plantait son tranchoir dans la miche.
Dernière édition par Roderik de Wenden le Mer 18 Mar 2015 - 16:19, édité 1 fois |
| | | Aliénor E de Wenden
Humain
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Mar 17 Mar 2015 - 13:09 | |
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Sous la pluie battante, Aliénor se trouvait à mi-chemin entre les écuries et les cuisines. Le visage protégé par la capuche d'une grande cape en laine grise, seuls son nez et quelques mèches rebelles subissaient les asseaux de l'orage. S'il faisait noir, sa connaissance du lieu et les éclairs qui éclairaient la cour de façon intermittente, lui permettaient de se repérer.
On était venu la prévenir dans la nuit que Scendra, une de ses plus belles juments, allait mettre bas. Cela faisait plusieurs mois qu'elle attendait de voir ce qu'allait donner son choix de saillie entre la jument grise et l'étalon blanc Barkios. Mais elle avait aussi redouté la mise bas, le mâle étant d'un gabarit plus grand que la femelle, il y avait prise de risque. Chase n'avait eu de cesse de lui répéter de changer d'avis jusqu'à ce qu'elle tranche et tente le mariage de ces deux magnifiques chevaux. Depuis, les deux amis n'avaient de cesse d'espérer que tout se passerait bien. Et puis le grand moment était arrivé. Finalement tout c'était bien passé. Ils avaient dû aider un peu le jeune poulain à sortir pour ne pas trop fatiguer la mère, mais rien d’inhabituel. Puis, les deux humains c'étaient un peu éloignés pour observer la suite des événements. La jument avait englouti les traces de l'accouchement, et avait lavé son petit, après quoi, celui-ci avait doucement apprit à se lever, pour ensuite téter. Aliénor et Chase furent définitivement rassurés une fois ce dernier acte bien entamé. Le poulain était vif, avait l'air solide et bien proportionné. Sa robe argentée, spécialité des Wenden, était superbe. C'était un bon début, mais il était encore bien trop tôt pour savoir si ce mariage était une réussite.
Aliénor était à présent à la fois fatiguée et surexcitée par les événements de la nuit, mais sa faim eut raison d'elle. Un repas chaud la calmerait et lui permettrait de replonger dans un sommeil heureux. C'est donc avec des bottes pleines de boue, un pantalon en cuir, et une chemise blanche en lin aux manches imbibées de sang -mais remontée sur les avants bras-, qu'elle regagna l'entrée de service des cuisines. Alors qu'elle y était presque, elle vit un valet et une servante s'échapper de la cuisine en gloussants. Jeff et Nelly. Ces deux-là aimaient à se retrouver, discrètement, ou non, pour ensuite se chamailler comme des chiffonniers, et cela, jamais discrètement. Aucun des deux n'arrivait à être fidèle, et tout le château profitait des commérages. Bien sur, ils n'étaient pas les seuls à Wenden à laisser leurs pulsions devenir de vrais nids à potins... Au moins, ces histoires occupaient-elles les esprits et faisaient oublier les guerres et l'insécurité montante.
Aliénor appuya sur le loqué et poussa la lourde porte dans un grincement caractéristique, toujours le même depuis son enfance. La jeune femme apprécia la directe bouffée de chaleur qui s'empara d'elle. Entre ses chevilles, elle sentit un petit mouvement furtif. En baissant les yeux, elle reconnut le louveteau. Il s'était invité. Le jeune loup la suivait souvent discrètement. Il avait dû l'observer, depuis un coin sombre, lors de la mise bas, sans qu'elle ne l'ait aperçu, trop préoccupée par la naissance. Une fois à l'intérieur et la porte refermée, elle reconnue, à la lueur des flammes de la grande cheminée, l'ombre de son frère. Elle en fut surprise, mais bien davantage heureuse. D'un geste elle rabattit sa capuche pour se faire connaître. Elle écarta de son visage les mèches qui gouttaient, pour ensuite, du revers de la main, essuyer son nez trempé.
Dans la famille, ils n'étaient pas de grands bavards. Le silence était donc un signe de compréhension mutuelle. Aliénor se délesta de sa cape trempée, l'accrochant à un crochet de cuisine. Puis se saisit d'un bol de terre cuite, et se servit avec une louche dans le chaudron au dessus du feu. Une soupe y mijotait de jour comme de nuit. Elle posa le bol sur la table pour s'installer face à Roderick, puis la jeune femme alla se couper une tranche de jambon. Et, d'un geste assuré, elle remplit deux chopes de bières. Elle en garda une et déposa l'autre devant son frère. Tout cela sans un mot. Puis, Aliénor prit place face à son aîné et commença à manger. Le louveteau s'était placé sous le banc, entre ces deux bottes, silencieux. Le liquide chaud, parsemé de bouts de légumes, lui fit prendre conscience à quel point elle avait eu froid jusqu'à ce que cette soupe la réchauffe. Elle mordit dans la tranche de jambon, tirant sur la viande avec ses dents pour détacher un morceau. Puis soupira d'aise.
Aliénor regarda son frère. Ils échangèrent un regard franc. Puis enfin elle rompit le silence ; « Mon frère, tu as l'air bien fatigué. Pourtant, nous sommes en pleine nuit, et tu ne dors point... » Elle continua à le dévisager, le regard soupçonneux et inquiet.
Dernière édition par Aliénor de Wenden le Mer 25 Mar 2015 - 1:36, édité 3 fois |
| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Mer 18 Mar 2015 - 16:05 | |
| Roderik aimait le silence.
Il n'en avait pas toujours été ainsi. Quand il était plus jeune, on ne pouvait le garder en place. Il avait été un enfant turbulent et un adolescent au sang chaud, qui faisait tout pour susciter l'admiration de ses camarades et qui ne rêvait que de gloire et de batailles. Foutaises que tout cela. Il se revoyait encore, accompagnant leur père Ganelon pour rejoindre l'armée d'Anseric de la Rochepont, plein de candeur et de fougue, persuadé que cette guerre ferait d'eux les héros conquérants du Nord. Devenir seigneur l'avait assagi. L'exercice du commandement est une chose que ne peuvent comprendre ceux qui ne s'y sont pas essayés. Diriger, c'est être seul, et seul, Roderik se sentait l'être. Il ne s'en plaignait pas ; il avait apprit à l'apprécier. C'était dans ce genre de moments qu'il pouvait trouver la paix avec lui-même.
Aliénor était bien la seule personne qui semblait comprendre cela. Elle savait toujours à quel moment lui parler, et à quel moment se taire. Sa présence l'apaisait. Il avait parfois l'impression de n'avoir qu'elle au monde, et c'était sans doute vrai. Il ne pouvait se fier qu'à elle.
Il leva le nez vers elle, plantant son regard dans les yeux de sa sœur. Difficile pour Aliénor d'ignorer l'état de fatigue dans-lequel il se trouvait, tant les yeux fatigués de Roderik le trahissaient. Mais comme à son habitude, Roderik minimisait la chose. Il se contenta de hausser les épaules, l'air de rien. Il était encore jeune. Le manque de sommeil n'allait pas le tuer. L'inaction, en revanche, pouvait tous les mener à leur perte.
- Je suis rentré dans la soirée, expliqua-t-il. Nous avons escorté une dame à Arétria. La trajet n'a pas été des plus simples, alors oui, ma sœur... je suis fatigué.
Il n'expliqua pas pourquoi, en dépit de sa fatigue, il lui était si difficile de trouver le sommeil. Il posa le couteau et fourra un morceau de pain dans sa bouche, qu'il se mit à mâchonner. Le pain était à moitié dur, et n'avait aucun goût ; mais la soupe ne lui faisait pas vraiment envie. Il mangeait sans appétit, uniquement pour tuer le temps.
- La région n'est pas sûre en ce moment. Avec la guerre en Oësgardie, les bandes se sont organisées et les déserteurs sont pour elles des recrues de choix. Tâche d'éviter de voyager seule. Il lui aurait volontiers déconseillé de voyager tout court, mais il savait qu'Aliénor ne l'aurait pas écouté. Un jour prochain, j'irais trouver les autres seigneurs des plaines, et nous en découdrons avec ces bandits.
Le ton était plein d'affirmation, mais intérieurement, Roderik était déjà moins sûr de lui. Quand ? Il y a tant d'autres choses à faire... d'un autre côté, on ne peut se permettre de laisser le brigandage se développer dans la malelande. Surtout pas maintenant, alors que, tôt ou tard, peut-être, il nous faudra à nouveau lever le ban. Il résolut d'aller visiter prochainement le fort de Schlosshund, voire de rencontrer le seigneur de Rimbert.
- Et toi ? Où es-tu donc allée, à cette heure et par ce temps ? demanda-t-il, ayant bien remarqué la cape trempée dont Aliénor s'était débarrassée en entrant.
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| | | Aliénor E de Wenden
Humain
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Jeu 26 Mar 2015 - 1:24 | |
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Aliénor dévisagea son frère, toujours son air soupçonneux sur le visage, tandis qu'il minimisait son état de fatigue. Lui faire des remontrances ne servirait à rien. Un regard appuyé, souligné d'un silence, après qu'il ait fini ces quelques rapides explications, suffisaient à Aliénor pour exprimer son inquiétude et sa réprobation. Pourtant elle ressentait de la colère à l'idée que son frère s’abîmait ainsi la santé et se mettait en danger. La fatigue pouvait se révéler fatale, que ce soit en politique ou en combat. Le corps et l'esprit étant plus lents. Mais elle rongea son frein, elle savait que ce n'était pas le moment de le harceler. Le caractère entier d'Aliénor agaçait souvent son frère, mais il l'aimait aussi pour sa franchise. En grandissant elle avait appris à attendre le bon moment. Et en cet instant, Roderick avait besoin davantage de soutien, que de nouveaux embêtements.
Sa soupe refroidit, elle mangea en silence, écoutant les quelques phrases que son frère lui offrait. Elle coupait les bouts de carottes et de navet avec une cuillère, réduisant les morceaux pour pouvoir les engouffrer dans sa bouche sans s’étouffer. Que le liquide chaud lui faisait du bien.... Ses petites mains blanches se réchauffaient par intermittence de part et d'autres du bol. Le bout de son nez se réchauffait lui aussi, chaque fois un peu plus lorsqu'elle levait le bol à ses lèvres pour en avaler une gorgée.
Elle fit un signe de tête affirmatif lorsque son frère aborda l'insécurité de la Malelande. Par contre elle veilla à ne rien exprimer lorsqu'il lui recommanda de ne pas s'aventurer seule hors des fortifications. Autant lui demander de s’enchaîner dans un cachot ! Déjà qu'elle était comme prisonnière de Wenden, si en plus elle ne pouvait pas profiter de sa solitude ! Le bonheur de chevaucher loin de tout, libre comme le vent, c'était son oxygène. Elle ne pouvait pas dire qu'elle était malheureuse ! Non ! Loin de là ! Mais l'idée même d'être toujours surveillée la fit frisonner. Elle n'appartenait qu'à elle-même. Et elle savait, en son for intérieur, qu'elle refusait d'entendre des mises en garde qui avaient lieu d'être. Aliénor ramena ces cheveux en arrière d'une main, signe que le sujet la mettait mal à l'aise.
Il fallait l'admettre, parcourir les terres de la Malelande était devenu dangereux. Chase l'avait déjà informé du retour de son frère tard dans la soirée, mais surtout des quelques blessés qu'il avait ramenés avec lui, dont un jeune soldat amputé. Cette idée donna la nausée à Aliénor tandis qu'un moignon de carotte flottant au milieu de son assiette lui rappela la forme d'une jambe. La jeune femme c'était fort inquiétée pour son frère, alors qu'il parcourait leurs propres terres ! Heureusement le vieux palefrenier l'avait rassuré, il c'était lui même occupé de Blanc-Cendre à l'arrivée de la troupe et avait directement vu son jeune seigneur. Ce dernier incident n'avait en rien révélé la situation à Aliénor, cela faisait déjà quelques temps que le territoire était de moins en moins sûr. Elle l'avait clairement constaté quelques semaines plus tôt lorsqu'un groupe de vauriens avait tenté de s'attaquer à elle. Heureusement deux seulement avaient des montures, et Silma avait eu tôt fait de les devancer. Elle n'en dit rien à son frère. C'était inutile de l'inquiéter et de le pousser à des décisions par désir de la protéger.
Alors qu'elle était dans ses pensées elle perçut le changement de sujet. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de la rouquine lorsqu'elle songea aux événements de la nuit. D'un air triomphant, elle plaça ses avants bras pour que la lueur du feu éclaire le sang qui contrastait sur le tissu blanc de sa chemise. Enthousiaste, le menton fier, elle expliqua : « Scendra nous a enfin fait un beau poulain ! Un petit mâle robuste ! J'avais dit à Chase que tout se passerait bien ! Cette bourrique me jurait que ça ne fonctionnerait pas, et voilà qu'aujourd'hui mère et petit se portent à merveille ! Le p'tiot est prometteur ! » Elle sourit de toutes ses dents.
Puis se rappelant le sujet précédent, son sourire disparu. Aliénor ressentit une bouffée de tristesse en pensant à son père. Par les dieux ! Qu'il aurait été en colère de savoir ses propres enfants et ses propres gens en danger en Arétria. La mélancolie voilât quelques instants les yeux dorés de la jeune femme. Puis un éclair de colère transperça ce nuage comme une flèche : « Tu n'es pas le seul Wenden à vouloir en découdre. » Murmura-t-elle entre ses dents serrées. Un air de défi à l'encontre de son grand frère. Et le regard brûlant. « Tu ne pourras pas toujours me couver comme une enfant ou une damoiselle en sucre. Il me faut bien vivre ma vie et me battre pour ce qui compte. Sinon je vais mourir avant que ma vie n'ai eut un sens.»
Le louveteau, camouflé dans l'ombre de la damoiselle, sentant la tension, laissa échapper un léger grondement sourd.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Ven 27 Mar 2015 - 23:12 | |
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En silence, Roderik entendait sa sœur s'émerveiller de la naissance du poulain. Secrètement, il l'enviait ; il l'enviait de pouvoir, en ces temps sombres, s'extasier des petites choses de la vie. Il réalisait à quel point la sienne était devenue triste. C'était le genre de moment où il se demandait pourquoi se donnait-il autant de mal, et à quelle fin se ruinait-il la santé au service de son pays. Des moments qui ne duraient jamais bien longtemps ; d'ici quelques heures, il serait à nouveau accaparé par ses tâches. Mais enfin, il avait bien droit à un peu de répit, si court fut-il.
Sa sœur devina probablement le trouble qui l'habitait. Et elle quitta son ton insouciant pour lui parler de cette voix dure qui, de temps à autre, venait rappeler aux hommes qu'elle aussi avait de la colère à revendre. Elle était une Wenden. Elle était combative. Peut-être même l'était-elle plus que lui. Il se surprenait parfois à se demander ce qu'elle aurait fait si elle s'était trouvée dans sa situation.
Il n'ignorait pas ce qui tourmentait sa sœur. Emprisonnée dans sa condition de femme, alors qu'elle valait mieux que la plupart des hommes ; il lui aurait confié le commandement d'une armée les yeux fermés, si seulement il était capable de lui faire courir le moindre risque. Tel n'était pas le cas, évidemment. Il était prêt à donner sa vie pour elle, mais ne saurait accepter qu'elle en fasse autant. Bien sûr, il savait qu'elle détestait se sentir ainsi surprotégée. Il savait qu'en elle bouillonnait une force qui ne pouvait se libérer. Il savait qu'elle se sentait prisonnière, même ici à Wenden, cet endroit qui représentait tout pour leur famille. Il savait tout cela, mais il n'y pouvait rien, car jamais il ne supporterait de la savoir en danger.
Comme à chaque fois qu'il fuyait un sujet difficile, Roderik le fit avec une pointe d'humour :
- Allons ma sœur, personne ne serait assez stupide pour te prendre pour une damoiselle en sucre. Il suffit de t'avoir déjà vue en colère. Si je ne t'envoie pas te battre, c'est uniquement parce que ce serait cruel pour nos ennemis.
Il esquissa un sourire pas franchement convaincant, comme s'il était conscient de la médiocrité de sa blague. Puis, réalisant qu'Aliénor n'était pas d'humeur à plaisanter, il se fit plus sérieux.
- Nous en avons déjà parlé. Je n'ai pas besoin que tu te mettes à jouer les aventurières. Si tu veux m'aider, il y a d'autres façons. Après un court silence, il ajouta, avec ce ton énigmatique qu'ont les conspirateurs : si les choses tournent comme je crains qu'elles ne tournent, je vais plus que jamais avoir besoin de toi.
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| | | Aliénor E de Wenden
Humain
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Jeu 2 Avr 2015 - 19:44 | |
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- Roderik de Wenden a écrit:
- Allons ma sœur, personne ne serait assez stupide pour te prendre pour une damoiselle en sucre. Il suffit de t'avoir déjà vue en colère. Si je ne t'envoie pas te battre, c'est uniquement parce que ce serait cruel pour nos ennemis.
Aliénor fusilla son frère du regard, montrant qu'elle ne se laisserait pas aller à la plaisanterie. Elle ne put s'empêcher de laisser échapper un petit soupir, conséquence d'un mélange de colère et d'accablement. Sa bouche fit une légère grimace tandis que son nez se fronça un court instant. Son cœur se serrait toujours un peu davantage chaque jour à l'idée que la malelande était de plus en plus dans l'instabilité menaçante. Et maintenant qu'elle savait ce dont elle était capable depuis l'attaque du château, elle avait du mal à rester à la place qu'on lui imposait. Elle était d'autant plus contrariée que son frère tenait tant à l'y enfermer. Mais face à cela, il n'y avait aucune violence dans ses sentiments, davantage une frustration perpétuelle et presque triste. Depuis l'enfance, Aliénor éprouvait une profonde admiration pour son père et pour son frère. Ils étaient bien les seuls dont elle respectait l'autorité. Elle aurait écouté son père, quoi qu'il dise. Peut-être un peu moins son frère, mais elle évitait au mieux de le contrarier. Bien sur, cela ne l'empêchait pas dans certains cas, comme le sujet du mariage, de s'exprimer avec force. Néanmoins elle avait fait une confiance aveugle au jugement des deux hommes. Mais depuis la mort de Ganelon, elle avait le sentiment que son père était mort dans une guerre absurde, et les valeurs qu'on lui avait inculquées avaient été pour la première fois réellement remises en question. Il lui était donc de plus en plus difficile de garder un rôle de damoiselle à la passion, certes inhabituelle, mais acceptable, de chasser au vol et à l'arc. Mais là s’arrêtaient les excentricités qu'on lui accordait. Lors de l'attaque de Wenden, elle avait pu mettre en pratique des connaissances jusque là apprises de façons théoriques et culturelles, ainsi qu'un savoir acquis initialement qu'en pur divertissement. Ce qui lui avait permis de découvrir que sa conviction, comme quoi elle valait autant qu'un homme, était totalement fondée. Elle n'avait pas du tout aimé l'expérience de tuer, et encore moins de voir la violence et l'horreur d'un champ de bataille. Elle n'avait aucun désir de revivre tout ça, mais il était inacceptable qu'elle ferme les yeux sur les violences du monde. Elle était responsable de Wenden, autant que n'importe quel homme de la famille, et elle devait faire son devoir. Elle ne pouvait pas continuer sa vie telle qu'elle était aujourd'hui. Si la paix régnait, elle s'en serait satisfaite, mais ce n'était pas le cas. Son frère mettait sa propre vie en danger, et bien des chevaliers et soldats en faisaient autant, la peuplade subissait la violence des ennemis, et elle devrait rester cacher derrière sa muraille ? Non ! - Roderik de Wenden a écrit:
- Nous en avons déjà parlé. Je n'ai pas besoin que tu te mettes à jouer les aventurières.
Oui, en effet, ils en avaient déjà parlé. Et la conclusion ne convenait pas à Aliénor. Le refus catégorique du frère ne pouvait avoir raison de la ténacité de la sœur. Et, de plus en plus fréquemment, elle se demandait ce qui la retenait d'agir librement. Aliénor pinça les lèvres, signe qu'elle préférait se taire, plutôt que de relancer un débat stérile. - Roderik de Wenden a écrit:
- Si tu veux m'aider, il y a d'autres façons. Après un court silence, il ajouta, avec ce ton énigmatique qu'ont les conspirateurs : si les choses tournent comme je crains qu'elles ne tournent, je vais plus que jamais avoir besoin de toi.
La vague d'opposition de sentiments et de convictions laissa place à la curiosité, lorsque Roderik évoqua une autre forme d'aides. La conversation à propos du rôle armé que pourrait avoir Aliénor ne mènerait à rien, comme d'habitude. La parole ne ferait pas évoluer la chose, la jeune femme à la longue chevelure aubern le savait. Elle décida donc de plutot pousser son frère à parler de ce qui semblait le préoccuper dans l'immédiat, et dans lequel elle pourrait avoir un rôle à jouer. « Quel genre d'aides ? Et à propos de quelles ''choses'' ? Dois je m'inquiéter ? » Cette fois-ci, c'est d'un regard attentif qu'elle fixa le jeune homme, en attente de sa réponse. Elle lâcha son bol dont elle se servait pour se réchauffer les mains, et mordit à nouveau dans sa tranche de jambon, attrapa sa chope, et laissa son buste s'appuyer sur un grand fût derrière elle. Aliénor prit ensuite une lampée de bière afin d'arroser sa bouche dé-séchée par le sel de la viande. Elle laissa un bout de gras nonchalamment tomber par terre, le petit louveteau le renifla et l'avala.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Dim 12 Avr 2015 - 18:25 | |
| - Je vais partir, Aliénor. A nouveau.
Ces mots avaient été prononcés sur un ton étonnamment calme, alors qu'ils étaient lourds de sens. L'Oësgardie, à nouveau. Jusqu'à récemment encore, il était hors de question qu'Arétria renvoie des hommes là-bas, pas maintenant, alors que le royaume était un vrai nid de complots, et que les multiples enjeux politiques brouillaient toutes les cartes. Mais la nécessité d'une nouvelle campagne apparaissait plus clairement aujourd'hui. La décision n'avait pas encore été prise, mais Roderik s'attendait à ce que le comte lève le ban. Et si l'armée partait, il partirait avec elle. Il ne pouvait pas se défiler.
- Je vais avoir besoin de toi plus que jamais. Seule une personne de confiance peut veiller sur les intérêts de notre famille en mon absence, et je ne vois personne d'autre que toi. Mon absence risque d'être longue, et il y a certaines choses dont j'aurais dû m'occuper, qui ne peuvent attendre.
Il évita de croiser le regard de sa sœur. Il n'aimait pas ce qu'il lui demandait. Il avait toujours souhaité la tenir à l'écart du danger, même si cela mettait Aliénor en colère. Mais, surtout, il la tenait à l'écart de la politique, car celle-ci pouvait causer votre perte plus soudainement encore qu'une charge sur un champ de bataille. Il ne doutait pas de l'intelligence d'Aliénor, qui l'avait toujours bien conseillé dans la gestion de leur domaine ; mais les jeux de pouvoir, les calculs, étaient pour elle des choses étrangères. Pourtant, à qui d'autre pourrait-il se fier ?
- J'aimerais que tu demeures à la cour d'Arétria lorsque nous serons partis. Et que tu veilles sur Iselda de Karlsburg, la fille du comte. Si Alwin part au combat avec ses fils, certains nobles malintentionnés pourraient être tentés de se servir d'elle, de l'influencer...
Par "veiller", Roderik entendait également "surveiller", mais il se garda de l'énoncer à haute voix. La présence d'Aliénor à la capitale arétane avait également un autre intérêt sur-lequel il se tut. Roderik était devenu un personnage de premier plan dans la malelande, statut qu'il avait habilement négocié auprès des Karlsburg lorsque le comte Wenceslas avait revendiqué sa suzeraineté. Mais la notoriété engendre le mépris et la jalousie ; sa réputation encore récente risquait de se consumer si son absence venait à se prolonger. La présence d'Aliénor à la cour devait pallier ce risque : elle montrerait que les Wenden restaient présents dans les sphères du pouvoir.
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| | | Aliénor E de Wenden
Humain
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Lun 27 Avr 2015 - 19:19 | |
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- Roderik a écrit:
- - Je vais partir, Aliénor. A nouveau.
- Je vais avoir besoin de toi plus que jamais. Seule une personne de confiance peut veiller sur les intérêts de notre famille en mon absence, et je ne vois personne d'autre que toi. Mon absence risque d'être longue, et il y a certaines choses dont j'aurais dû m'occuper, qui ne peuvent attendre. Aliénor se figea et dévisagea son frère, tandis qu'il parlait elle se redressait doucement. Une vague d'émotions la submergeait tant et si bien qu'elle aurait été incapable de les identifier indépendamment. Partir ? Vu le ton et le « à nouveau », cela ne pouvait que signifier la guerre. Mais où ? Elle tenta de rassembler les quelques informations qu'elle connaissait des derniers événements politiques. Elle devait avouer qu'elle s'y intéressait peu. La guerre semblait être partout et nulle part à la fois. Si c'était à elle de « veiller sur les intérêts de la famille », son frère lui laissait très certainement le rôle intérieur à la péninsule pour aller, lui, vers l'extérieur, vers la frontière, vers l'Oësgardie. A cette idée elle eut un frisson de mauvais pressentiment. Longtemps ? Quelques semaines tout au plus, deux ou trois mois ? Pas plus, ça ne pouvait pas être possible. Son frère aurait sûrement un rôle de supervision, donner des ordres aux hommes depuis une fortification... Aliénor eut un haut-le-cœur. La vérité c'est que la guerre n'était jamais propre, qu'on ne savait jamais quand elle finirait, et que son frère serait en danger. Tenter de se rassurer de servirait à rien. Roderik fuyait son regard. Aliénor arrêta de respirer, elle sentait la tempête se former. - Roderik a écrit:
- - J'aimerais que tu demeures à la cour d'Arétria lorsque nous serons partis. Et que tu veilles sur Iselda de Karlsburg, la fille du comte. Si Alwin part au combat avec ses fils, certains nobles malintentionnés pourraient être tentés de se servir d'elle, de l'influencer...
A la cour d'Arétria ! Veiller sur les intérêts non pas que des Wenden, mais aussi de leur seigneur ? Comment pourrait-elle protéger une enfant de ce milieu alors qu'elle craignait pour elle même ? Aliénor sentit la panique monter en elle. Quitter le château ? Ses sujets ? Ses animaux ! Lorsqu'elle songea à abandonner son œuvre quotidienne et tout ce à quoi elle tenait, pour aller vers un monde de politique et de faux-semblants, la nausée la prit. Sans un mot elle se contenta de dévisager son frère, les dents serrées. Perdue entre colère et désespoir, elle sentait les larmes lui monter mais seuls ses yeux légèrement plus humides qu'à l'ordinaire et le rouge de ses joues auraient pu la trahir. Elle ne savait comment réagir, elle aurait voulu se lever, taper du poing, et exiger que ce qui ne lui convenait pas soit changé, mais elle n'était plus une petite fille capricieuse. Son frère lui demandait son aide, et s'il le faisait, c'est que vraiment il n'avait pas d'autre choix. Le corps de la rouquine, qui s'était entièrement tendu au fur et à mesure des paroles du seigneur de Wenden, se relâcha à cette pensée, elle baissa les yeux, vaincue. « Bien... j'essayerais de faire honneur à notre famille. Mais nous savons tous deux que je ne suis pas un modèle de demoiselle de cour. Je crains de te faire honte... » Ces mots étaient durs à prononcer. Même si Aliénor manquait de confiance en elle sur certains sujets, devoir l'admettre était un coup à sa fierté. Elle se sentait capable d'affronter nombreux périls, mais la bienséance et ses pantins lui semblaient une épreuve insurmontable. Une fois la mise en garde dite, la jeune femme réalisa que sa vie allait changer et qu'elle ne pourrait y échapper. En fille de Wenden, elle affronta donc les événements et chercha à s'armer. « Mais j'exige que tu me donnes toutes les informations qui concernent tes campagnes, qu'elles soient militaires ou politiques. Tu ne peux plus me tenir à l'écart de ce qui se passe, car si tu omets des informations, cela pourrait nous être fatal et me mettre dans une position très délicate. » Elle releva la tête, volontaire, et planta ses yeux dans celui de son allié.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Ven 8 Mai 2015 - 16:51 | |
| - Non, ma sœur, je n'aurais pas à avoir honte de toi, répliqua sèchement Roderik, une pointe d'agacement dans la voix. Il n'aimait pas entendre ces mots dans la bouche d'Aliénor. Tu vaux mieux que la plupart des imbéciles qui entourent le comte et qui peuplent sa cour. N'oublie pas que tu es une Wenden. Notre nom était respecté, autrefois. Et il le sera à nouveau.
Dans ces moments-là, Roderik se souvenait toujours des enseignements de son père. Le vieux Ganelon avait toujours placé l'honneur de leur maison avant toute chose ; la réputation était la chose la plus précieuse sur-laquelle une famille arétane puisse compter. L'argent est le nerf de la guerre, mais sur le long terme, c'est la réputation qui fonde la véritable puissance. Les Wenden étaient loin d'être les plus riches et les plus puissants des arétans, mais leur nom était ancien ; plus ancien que celui de bon nombre de parvenus qui s'étaient hissés à la tête de seigneuries après la débâcle de Sainte-Berthilde. Ce nom, il en avait la responsabilité, désormais. Une responsabilité qui pesait lourd ; et il se demandait parfois si son père aurait approuvé certains de ses choix. Mais Ganelon n'était plus, et il fallait bien que quelqu'un prenne en main leur destin.
- Les dieux eux-mêmes ne sauraient prédire ce qu'il résultera des semaines à venir. Je dois anticiper certaines choses. Prendre des précautions. Si comme je le pense, le comte lève le ban, les nobles seront obligés d'envoyer des hommes, mais tous n'y prendront pas part en personne. Le comte n'a pas que des amis parmi ses vassaux. La bouche de Roderik se tordit en une grimace amère. Certains pourraient voir en cette nouvelle campagne une occasion inespérée de se tailler la part du lion. Il suffirait qu'il arrive quelque chose au comte pour que sa fille Iselda fasse l'objet d'enjeux qui la dépassent. A l'heure actuelle, elle n'est toujours pas mariée.
Et si l'homme fort de la malelande venait à tomber, un seigneur suffisamment influent n'aurait qu'à forcer la main d'Iselda pour lui imposer un tel mariage. Il s'ensuivrait inévitablement une nouvelle crise, entre ceux qui ploieraient le genou contre quelques pots-de-vins et ceux qui refuseraient de le reconnaître. D'autres s'abstiendraient même de prendre parti, et en profiteraient pour dresser leurs propres plans. Roderik ne voulait pas voir une nouvelle vacance de pouvoir déstabiliser le pays arétan. Il le souhaitait d'autant moins, qu'un tel retournement de situation pourrait bien réduire à néant tous les efforts qu'il avait entrepris depuis qu'il avait succédé à son père.
- Tout ce que je te demande, c'est de gagner la confiance d'Iselda. Il te suffit d'être toi-même, Aliénor. Tu es tout le contraire d'une dame de cour, et c'est bien ce qui fera la différence. Arme-toi de ta redoutable franchise, et tu n'auras pas de mal à tenir les serpents éloignés d'elle. Pour le reste, tu n'as rien à craindre ; je choisirais des hommes sûrs pour veiller sur toi.
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| | | Aliénor E de Wenden
Humain
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Sam 12 Sep 2015 - 23:43 | |
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- Code:
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Non, ma sœur, je n'aurais pas à avoir honte de toi, répliqua sèchement Roderik, une pointe d'agacement dans la voix. Il n'aimait pas entendre ces mots dans la bouche d'Aliénor. Tu vaux mieux que la plupart des imbéciles qui entourent le comte et qui peuplent sa cour. N'oublie pas que tu es une Wenden. Notre nom était respecté, autrefois. Et il le sera à nouveau. Aliénor eut un pincement au cœur ; bien sur qu'elle valait mieux que beaucoup de petits nobles voraces qui peuplaient la cour. Malheureusement, la majorité menait la danse. Des choses sans importance pour elle, sans importance logique et humaine, pouvaient en avoir dans le milieu de l’opulence et de l'extravagance. Un génie aurait toujours l'air d'un fou au milieu des sots. Tout comme le plus honnête des hommes pouvait avoir l'air d'un criminel au milieu des menteurs. Elle se savait désarmée au milieu des complots. Mais elle se tut. Elle avait mis son frère en garde, discuter de cela pendant des heures n'aurait mené nulle part. De plus, polémiquer n'aurait pas changé la situation et les besoins qui en découlaient. Elle avait dit ce qu'elle avait à dire, maintenant elle ferait de son mieux. Aliénor écouta attentivement son frère, sans lui couper la parole. Laissant les quelques pièces du puzzle se mettre en place. Un Wenden pour veiller sur le comte, un autre pour veiller sur sa fille. Leur seigneur et son héritière surveillés de prêt par des membres loyaux qui tentaient d'éviter le pire. Les hommes tombaient vite aux combats, on ne savait d'ailleurs pas toujours sous l'épée de qui ; ami ou ennemi. Le père et les fils pouvaient n'être qu'un obstacle mineur à un prétendant ambitieux, surtout s'ils étaient loin, surtout s'ils étaient eux même en danger. Aliénor prit conscience de l’enjeu. Il en fallait peu pour que tout bascule... encore une fois. Certains nobles verraient avec plaisir le nom des Wenden disparaître, encore plus de le voir salit dans sa chute. Les hypocrites et les vautours ne supportaient pas leur contraire et voulaient toujours le détruire, histoire de se prouver que leur voie est la meilleure. Les Karlsburg reconnaissaient la loyauté et l'honneur des Wenden, ils étaient leur meilleur bouclier politique autant qu'eux étaient leur bouclier militaire. Le « plan » semblait bon, du moins par rapport à leur situation précaire. Mais l'idée qu'il ne reste aucun Wenden sur leurs terres ne lui plaisait pas. En réalité, il était évident que le fait que son frère et elle n'aient pas d'enfants commençait sérieusement à mettre en danger leur lignée. Ils étaient tout autant, voir plus, en danger que ceux qu'ils tentaient de protéger. Mais Aliénor ne dit rien à ce sujet, surtout pas. Inutile de rappeler à Roderick ce qu'il avait perdu. Même si ce tabou, tant qu'il n'était pas brisé, rendait la lutte pour leur nom en parti futile. Préserver leur nom sans descendance n'avait que peu de sens. - Code:
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Tout ce que je te demande, c'est de gagner la confiance d'Iselda. Il te suffit d'être toi-même, Aliénor. Tu es tout le contraire d'une dame de cour, et c'est bien ce qui fera la différence. Arme-toi de ta redoutable franchise, et tu n'auras pas de mal à tenir les serpents éloignés d'elle. Pour le reste, tu n'as rien à craindre ; je choisirais des hommes sûrs pour veiller sur toi. Aliénor ne connaissait pas franchement Iselda, son frère pouvait dire vrai sur les liens envisageables. Elle n'en savait rien. La damoiselle d'Arétria pouvait être parfaitement adaptée à la vie de la cour, coquette et frivole, et donc très loin d'Aliénor et de sa franchise, comme elle pouvait, au contraire, ne pas s'y plaire. Aliénor, elle, n'avait d'elle qu'un souvenir sommaire. Elle n'arrivait qu'à visualiser une silhouette brune, et encore, elle n'était même pas certaine de ce fait. Fouillant dans ses souvenirs elle crut se rappeler d'une demoiselle à l'air assez triste, renfermé peut-être... La rouquine ne put s'empêcher de maudire intérieurement son manque d'attention et d'observation. Une chose était certaine pour elle, Iselda n'était pas une fille du nord, et cela suffisait à lui faire douter de leur capacité à devenir amies. « Tu la connais bien notre damoiselle d'Arétria ? ».Elle s'empêcha de demander si c'était pour ça qu'il était si sûr de lui quant à leur entente. Et cela soulevait une autre question en elle : Roderick la courtisait-il ? Avait-il des intentions envers elle ? Aliénor était gênée. Car d'un coup elle se demandait si son frère ne lui demandait pas de veiller à celle qu'il aimait, ce qui la mettait mal à l'aise. Ou pire ! à celle qu'il convoitait pour le pouvoir ! Ce qui aurait rendu les plans de son frère bien plus judicieux encore ! Son cœur se serra. Devait-elle protéger Iselda de son propre frère ? Elle se sentait honteuse de soupçonner ainsi Roderick. Celui-ci n'était pas du genre calculateur. Intelligent certes, mais de là à avoir des vues sur une jeune femme uniquement pour le pouvoir... Pourtant... n'avait-on pas essayé de la marier, elle, pour les mêmes raisons ? Un éclair de défiance traversa son regard. Non, vraiment, les intrigues politiques, ce n'était pas son truc ! Aliénor ne put cacher sa nervosité, tordant le bout de jambon qui restait entre ses mains. Elle tenta de cacher son malaise en le projetant sur autre chose : « Ce n'est pas tant mon intégrité physique que je crains, ou même celle d'Iselda. Mais plutôt la subtilité politique dont il risque de falloir faire preuve. Nous savons tous les deux que c'est une arme bien plus acérée, un mauvais geste et le nœud coulant se resserre. Désolée de revenir sur le sujet, mais ce n'est pas d'hommes armés dont j'aurais le plus besoin, il me faudrait un fin politicien. Tu as ça sous la main ? »
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Dim 13 Sep 2015 - 15:01 | |
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« Tu la connais bien, notre damoiselle d'Arétria ? » Roderik esquissa un sourire ; l'amusement dans son regard le disputait à un autre sentiment, peut-être l'impression d'avoir été percé à jour. Il se demanda à quoi pouvait bien penser Aliénor. Que je l'envoie « protéger » Iselda de Karlsburg de soupirants un peu trop entreprenants... ou que je cherche à la conserver à mon propre profit. Il ne pouvait en vouloir à Aliénor de songer à la deuxième solution. Lui-même y pensait, bien entendu ; mais il fallait nuancer, toutefois. Après tout, rien n'était encore fait, et le comte Alwin n'avait pas encore levé le ban. Il pouvait se passer encore bien des choses d'ici-là. Peut-être les arétans ne quitteraient-ils pas la malelande de sitôt, et cette « précaution » ne servirait à rien, car Iselda demeurerait alors sous la bonne garde de son père. Seulement voilà, Roderik était prudent, et avait rapidement apprit qu'en politique, il convenait de placer ses pions le plus tôt possible.
- Si j'avais besoin d'un politicien, dit-il, j'aurais chargé le vieux Feidel de la besogne.
L'évocation de l'érudit l'amusa, car il doutait fortement que la jeune Iselda se fasse une joie de recevoir la visite de cet homme. Feidel était riche en bons conseils, mais pauvre en matière de distractions.
- Mais ce n'est pas ce que je veux, Aliénor. Je ne te demande pas d'agir dans l'ombre, ni de... enfin, il n'est pas question pour toi de jouer un rôle. Je prends seulement une précaution, qui peut-être ne servira de rien. Je ne connais pas bien la gamine, mais si comme je m'y attends nous partons en guerre, je préfère savoir qu'une personne de confiance garde un œil sur elle.
Ses propres mots lui arrachèrent une grimace. « Garder un oeil sur elle. » S'il essayait de faire croire à Aliénor qu'il n'agissait que pour le bien de la jeune Iselda et non pour des motifs égoïstes, ces termes étaient assez mal choisis. Finalement, il haussa les épaules ; il résolut de ne rien cacher à sa sœur, et de se montrer tout à fait franc. Avec elle, il le pouvait bien.
- Je sais ce que tu penses, dit-il. Iselda ferait un bon parti, et je suis en grâce auprès du comte Alwin. Je mentirais si je te disais que je n'espérais rien de ce côté. Mais je n'ai pas de plan particulier en tête. Seul son père décidera de la marier à qui bon lui semble, et pour l'heure, il a d'autres chats à fouetter. Alors... simplement, essaie de gagner la confiance de la gamine, voire son amitié. C'est tout. Je ne te demande pas de jouer les entremetteuses.
Il eut un sourire gêné en prononçant ces derniers mots. Évoquer l'éventualité d'un mariage le mettait déjà mal à l'aise. Le sujet était encore un peu compliqué, la tragédie qu'il avait vécue lors de sa première union demeurant encore bien présente dans sa mémoire. Mais il fallait avancer. Tôt ou tard, il devrait assurer la pérennité de son nom. Après la guerre, se disait-il invariablement lorsqu'il y songeait. Si cette maudite guerre devait effectivement avoir lieu, et s'il devait en rentrer entier. Si le comte décidait de marier sa fille à quelqu'un d'autre, Roderik se mettrait alors en quête d'une épouse au sein de l'une des nombreuses maisons arétanes.
Il devait aussi trouver un mari pour Aliénor, mais le sujet n'était pas plus facile à aborder en sa présence. Il ne désespérait pas de trouver pour elle un bon parti ; mais il savait qu'Aliénor ne s'imaginait pas finir ses jours dans le rôle de l'épouse obéissante et de la mère dévouée, à faire de la broderie. Et pour être honnête, Roderik avait lui aussi du mal à l'imaginer ainsi. Il ne connaissait que trop bien le tempérament de feu de sa sœur qui, parfois, se montrait plus impétueuse, plus courageuse qu'il ne l'était lui-même. Si le monde était bien fait, c'est elle qui porterait l'armure pendant que je conterais fleurette à la damoiselle d'Arétria. Cela aussi devrait attendre. Après la guerre.
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| | | Aliénor E de Wenden
Humain
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Dim 20 Sep 2015 - 22:20 | |
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Pour une fois qu'Aliénor aurait souhaité l'assistance du père Feidel elle ne pouvait pas compter dessus. Elle le savait, il devait rester à Wenden. Mais elle aurait pensé que plusieurs des hommes à leur service seraient au fait des complexités politiques. Peut-être s'angoissait-elle bien trop. Elle avait toujours vu les subtilités politiques comme un énorme serpent vicieux, entièrement fait de complots et d'intrigues tordues. Il fallait avouer que les chroniques qu'elle avait étudié sur ce sujet lors de ses études étaient souvent les plus célèbres, et donc les mieux calculés et les plus torves. Son autre source d'information était sa grand-mère, friande de potins. Elle racontait, au coin du feu, comment les nobles se faisaient des coups bas, parfois pour le seul plaisir de faire souffrir un adversaire. Ganelon ne cessait de dire que ce n'était pas des histoires pour des enfants. A bien y penser, il avait peut-être raison, car Aliénor avait davantage peur de ce monde là que de tout autre, et c'était de ces histoires entendues enfant que devait venir cette crainte.
C'est pourquoi dès la seconde phrase de son frère elle faillit objecter. Non, bien sur que non il ne lui demandait pas d'agir dans l'ombre, elle aurait été trop mauvaise pour ça. Mais ombre ou pas, elle craignait de ne pas être capable de voir les jeux des gens de la cour, de ne pas être capable de voir un danger masqué sous des faux-semblants
Il lui faudrait vaincre sa peur. Après tout, elle avait bien fait un peu de politique lorsqu'elle avait eut pour mission d'acquérir de l'aide lorsqu'ils avaient perdus Wenden ! Mais à cette époque là, son monde s'était écroulé, et elle s'était sentit comme anesthésiée. Elle frissonna lorsqu'elle songea à cette période de sa vie... Le fait est qu'aujourd'hui elle devait vaincre cette angoisse des relations mondaines et prenne ses responsabilités de damoiselle. Elle ne pouvait pas toujours se cacher dernière les rapports martiaux. Elle qui ne se voulait dépendante de personne, débrouillarde et forte, elle ne pouvait pas continuer ainsi à se cacher !
C'était donc la fin des objections ! (certes pas la fin de la crainte)
Lorsque le sujet de la damoiselle d'Arétria fut au premier plan, elle ne put s'empêcher d'arborer un air suspicieux et taquin, les yeux pétillants de malice. Elle voyait son frère mener un petit combat intérieur, notamment avec les mots. Roderick avait toujours était un peu maladroit pour exprimer une idée ou un sentiment, le langage militaire lui convenait mieux. Elle le laissa donc se débattre dans ses explications, à la fois amusée par le malaise de son frère et engluée dans ses propres doutes. Elle se contenta de faire une grimace à chaque fois qu'il utilisait le mot « gamine », se sentant presque visée personnellement, ce qui créa un petit sentiment de solidarité envers la jeune damoiselle Arétane.
Aliénor se sentait comme vaincu. Elle n'avait d'autres choix que d'aller à Arétria la ville, dans un nid de serpents dont elle ne savait lesquels mordaient. Tout cela pour aider une jeune fille inconnue, mais qui était sûrement aussi prisonnière qu'elle des mœurs... Roderick avait-il envisagé qu'Aliénor transmettrait ses opinions sur le droit à la liberté de choisir des femmes ? Et cela même si ça mettait à danger l'ascension sociale de son propre frère ? Après tout... il ne venait pas de lui interdire, au contraire, il l'encourageait d'être elle-même. Mais comment réagirait le Comte si les Wenden était à l'origine d'un drame familial ? Si Aliénor pensait un peu à tout ça, c'était de façon assez vague et confuse dans sa tête. Comme un sentiment angoissant, des impressions qui s'emmêlaient. Dans tous les cas, pour le moment, elle devait suivre le mouvement, le monde étant ce qu'il est. Mais d'une voix douce, presque dans un murmure, elle ajoutât.
« Rod... La vie est trop courte pour... enfin... tu vois... Ça serait bien que tu trouves une vraie compagne, quelqu'un pour qui tu donnerais ta vie, non pas par devoir, mais pour quelque chose de plus... grand, de plus fort... Je veux dire... si un jour tu trouves une femme pour qui tu serais prêt à tout abandonner, surtout, la lâche pas. Voilà ! »
Voilà, c'était dit. Maladroitement, certes, mais c'était le mieux qu'elle pouvait faire face à son frère sur ce sujet. Elle prit sa pinte de bière, ne laissant pas vraiment le temps à son frère de trouver une banalité à répondre. Elle la leva. « Prends ta chope et buvons aux Wenden, à Arétria, et au nord. Un jour nous serons vieux, avec des cheveux blancs et nous rirons de la folie que fut notre vie. »
Ainsi fut dit, ainsi fut fait.
Dernière édition par Aliénor de Wenden le Ven 6 Nov 2015 - 21:56, édité 1 fois |
| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Dim 27 Sep 2015 - 17:00 | |
| Les paroles d'Aliénor avaient l'effet d'une grande bouffée d'air frais dans l'esprit de Roderik, fort embrumé par les manœuvres politiciennes ces derniers temps. Mais si judicieux que fussent ses conseils, ils démontraient qu'ils ne partageaient plus les mêmes préoccupations. Il trinqua avec sa sœur, mais se permit une légère observation :
- Tu voudrais que je trouve une femme pour qui je serais prêt à tout abandonner... j'ignore si ce serait une bénédiction ou une malédiction pour moi. Si tant est qu'une telle femme existe, elle me conduirait certainement à ma perte. Je n'ai pas l'intention de tout abandonner. Je ne le peux pas.
Il but une gorgée de bière. Et voilà que je picole de bon matin. Allons bon ! Me voilà décidément au meilleur de ma forme. Il n'était pas le genre d'homme à se permettre des écarts, et s'il ne refusait jamais de trinquer, il n'était pas pour autant porté sur la beuverie. Il se levait toujours à l'aube, parfois avant ; il s'entraînait fréquemment, et surveillait constamment son alimentation. Un homme de guerre, voilà ce qu'il était, avec tous les sacrifices que son existence impliquait. Sa vie n'était pas drôle, mais il s'imposait volontairement ce régime, car il savait que bien des choses reposaient sur lui. La maison Wenden, tout d'abord, mais aussi le comte Alwin comptaient sur lui. Il n'avait pas le droit de décevoir. Ses désirs importaient peu ; il devait savoir les taire, lorsqu'ils se heurtaient aux nécessités de son rang.
- Un jour, nous serons vieux, avec des cheveux blancs, et grabataires, reprit-il en plaisantant. Je trouverais peut-être la paix, mais si je ne suis même plus capable de me débrouiller seul pour pisser dans un bol, je me demande si cela vaut la peine.
Il esquissa un sourire. Il taquinait Aliénor, évidemment. Il n'avait aucunement l'intention de mourir jeune, mais il lui était difficile de se projeter dans un avenir aussi lointain. La vie était pleine de surprises, et ces derniers temps, les bonnes étaient plutôt rares.
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| | | Aliénor E de Wenden
Humain
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Ven 6 Nov 2015 - 22:29 | |
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Aliénor grimaça à la réponse de son frère. La vie était trop courte, surtout celle d'un militaire, pour passer à coté du plus grand bonheur, aussi éphémère soit-il. Heureusement pour eux, l'amour fraternel qu'ils partageaient les protégés du néant émotionnel. Mais le devoir était enlacé sur leur relation. Aliénor ne put s'empêcher de se demander ce que Rod choisirait entre elle et ce qu'il devait faire, si un jour l'honneur de la famille était en total désaccord avec ses choix. A elle, ça lui plairait bien de tout abandonner, et pourtant, elle était certainement plus attaché à Wenden que son frère. Elle connaissait tous ceux qui vivaient dans la forteresse, certains paysans des terres, tous les recoins qu'ils soient dans le château ou dans la boue, et surtout, ses bêtes. Elle donnerait sa vie pour protéger cet endroit de beauté rude et simple, le royaume de leur père. Mais l'idée de partir pour abandonner toute responsabilité l'attirait, surtout si le prix de son héritage était une discipline de fer, comme le vivait son frère... Mais de toutes ces pensées elle ne dit rien, elle avait dit ce qu'elle avait à dire encore une fois, la graine se développerait peut-être dans l'esprit de son frère, peut-être pas. Et puis, il faisait ses choix, comme elle comptait faire les siens autant qu'elle le pourrait.
Juste, elle aurait voulu entendre son rire franc, sans fatigue ni inquiétude. L'homme qu'elle avait devant elle n'était plus le petit garçon de son enfance, rieur, joueur, turbulent et pleins de rêves de grandeur. Il était... usé. Quelque chose n'allait pas. Leur père avait le regard de la sagesse qui en a trop vu, mais la lassitude qui s'était emparée de ceux de Roderick était presque omniprésente. Inutile de remuer le couteau dans la plaie :
« La peine ? La peine ? ! Allons mon frère ! Laisse moi au moins le bonheur de fin de vie de pouvoir m'occuper de ton cas ! Je prendrais la pince de la cheminée ou le tisonnier pour pousser ta bite dans le bol, et ensuite nous pourrons savoir si l'urinothérapie a un réel effet sur ta santé. Tes combats seront peut-être oubliés dans le temps, mais notre contribution à la science des guérisseurs traversera les âges ! »
Le rire d'Aliénor, franc et impétueux, un rire du nord, s'empara de la pièce. Elle mordit à pleine dent dans son bout de viande, puis avant de vider sa chope, fit un clin d’œil à son aîné.
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| | | Roderik de Wenden
Ancien
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| Sujet: Re: Les bienfaits d'un orage [Aliénor] Mar 10 Nov 2015 - 21:24 | |
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Roderik ouvrit des yeux ronds, se demandant s'il avait bien entendu. Il était habitué depuis l'enfance à entendre Aliénor proférer des absurdités, mais sa sœur parvenait toujours à le surprendre d'une manière ou d'une autre. Il fit mine d'être choqué, puis il éclata franchement de rire. Rire, cela faisait du bien. Il ne riait jamais assez.
- Si c'est là tout ce que je peux laisser à la postérité, je préfère m'abstenir, répondit-il le sourire aux lèvres. La science devra se trouver un autre buveur de pisse.
Sur ces paroles empreintes d'une grande dignité, Roderik se leva ; la compagnie d'Aliénor lui plaisait, mais il avait du pain sur la planche, et puisqu'il s'était levé tôt, il n'en prendrait que plus d'avance. Il s'apprêta à quitter la pièce puis, s'arrêtant à côté d'elle, il posa une main sur son épaule.
- C'est bien que tu sois là, Aliénor. Prends garde à toi, surtout.
Il n'en ajouta pas plus ; il quitta la cuisine, puis fit mander un serviteur afin qu'on aille réveiller son écuyer Athaulf, et que l'on scelle deux chevaux sur le champ.
Moins d'une demi-heure plus tard, le seigneur de Wenden cavalait dans la malelande.
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