Une fuite hasardeuse (Gweddry))

Idazaï sortit en trompe de la taverne, poussant au passage les humains présents sur sa route. Il décida d'abord de mettre de la distance entre lui et cette... gamine, puis il prit la direction du marché. La foule y était si abondante qu'il ne serait pas dur de s'y cacher. Il se mêla donc aux humains, le plus naturellement possible.
Idaz aperçu une petite ruelle sombre, à quelques mètres du marché, il décida de s'y rendre. En passant devant un étalage de fruits, il vola un citron. L'elfe s'assit le long d'un mur, dans cette petite rue mal éclairée, il soupira.

*Et m*rde ! Je suis blessé, et j'ai toujours pas fini cette fichue mission. Je suis mal barré.*

Il releva sa manche gauche, une longue entaille apparue, il y avait beaucoup de sang. Idazaï mordit dans le citron, serra les dents, et pressa l'agrume au dessus de sa plaie. Si un humain passait par cet endroit à ce moment, l'elfe l'aurait surement tué pour oublier sa douleur. Le sang ne coagulait toujours pas, Idaz déchira donc un pan de sa cape et se fit un solide garrot. Il sentait sa tête tourner, il décida d'attendre un peu, son arc sur ses genoux.

[ :20: t'écris comme Jules Verne je trouve :D En tout cas bravo^^ Va falloir je me mette à niveau :25: Et t'as lu a fiche en plus, respect ]

Le crépuscule approchait dangereusement. Cela faisait près de trois heures que l'Elfe grelotait dans le froide, son bras gauche engourdi. Il devait attendre la nuit pour pouvoir quitter la ville, les gardes auraient été trop soupçonneux en pleine journée. De plus on devait le chercher partout, si toutefois la princesse avait sonné l'alerte.
Il patientait donc, observant les passants, qu'il méprisait. Lui un Elfe noir, ressemblait à cet instant à un minable mendiant, incapable de subsister seul. Il serrait les dents, sa plaie pourrait s'infecter très vite. Les plantes dont il avait besoin n'étaient pas en sa possession, cela s'annonçait très mal.

Il sursauta, une personne vint lui parler. Idaz avait la bouche sèche, il ne pu donc pas répliquer correctement. Il fit juste un geste grossier de la main droite, indiquant clairement qu'il ne souhaitait pas être dérangé. Puis, il regarda son interlocuteur quand celui-ci fit la mention des elfes. Le blessé ouvrit lentement la bouche, et parla avec difficulté.

- Q-qui êtes-vous ?

L'homme avait l'apparence d'un fou, ainsi accoutré. Il possédait de nombreux objets aux couleurs vives, ainsi que des cheveux eux aussi colorés. Cet être ne dégageait en aucune façon un sentiment de confiance, au contraire celui de méfiance. Le drow saisi sa dague et la cacha sous sa fesse.

[Je me dois de convaincre mon interlocuteur =) Et de connaitre ses caractères corporels !]

L’idée qui émergeait des préoccupations de Gweddry : que cet être allait se cabrer devant lui, comme devant un traître, comme devant une foi mentie faisant alors cabrer aussi toutes ses fiertés… Et semblable au cheval hérissé qui a flairé le précipice, il s’écarta et se renfonça dans son coin, du côté de ce mur épais de la muraille. La soi-disant conviction qu’il avait de ne pas être compris le reprenait, le reployait, le retordait, lui et ses pensées, comme un inextricable nœud de serpents. L’arme : dernière ressource de ceux qui souffrent ! L’inconnu leva un regard éloquent, moulant sa douleur dans un plâtre tourmenté comme lui, comme ces brefs mots qu’il avait tant hésité et qu’il avait prononcé sous l’impulsion de ce besoin de confession, plus impérieux dans l’homme que le besoin de respirer. Les mèches violacées avec des airs de bonds et des rebondissements de plume, pareils à ceux d’une chute d’eau qui tombe de pic en pic au fond d’un gouffre. Dans un premier temps, Gweddry n’osa pas s’exposer une fois de plus à la discussion, précipitée et furibonde. Un index blanc répondit à ces hésitations et détermina l’envoi d’autres paroles, comme le tact du doigt d’un enfant qui détermine la chute d’un fruit mûr… La phalange et l’ongle caressaient les hémisphères rosées d’où sortait la voix pourtant masculine de cette entité pomponnée. De ces traits élégants, imperceptibles et penchés, dignes par conséquent de servir d’expression aux femmes comme il faut…

Gweddry Isadanrel… Et je ne peux pas croire qu’un volatile vous ait fait cette entaille… Vous devez quelque chose à quelqu’un mon cher… ?!

Mais ainsi que l’avait observé l’apothicaire de façon spontanée, sans trop en rajouter sur son identité, la coupure était boursoufflée d’une manière peu commune. En dehors de sa première fiole, il en tira une autre de ses étoffes d’apparat et le cachet qui la bouchait, au lieu d’armoiries, avait à son centre une mystérieuse devise… Il tendit cette poterie, parfumée d’une odeur suave et distinguée. Ses jambes semblaient nier l’ordre de fléchir…

C’est un baume concocté à base de feuilles que vous utilisez beaucoup dans le pays retiré… A moins que vous ne me le jetiez à la figure, je vous l’offre bien poliment.

Idazaï recula doucement, sa tête oscillait dangereusement. Il Il déglutit douloureusement.

*C'est qui ce type ? Et puis j'ai cette s*loperie de blessure, je ne tiendrais pas sur mes jambes avec ça ! J'ai perdu trop de sang, et j'ai un vilain mal de tête... Princesse de Diantra, tu me le payeras...*

Il scruta une nouvelle fois l'inconnu. L'homme ne semblait pas très rassuré, comme quelqu'un qui trouve une bête agonisante, il avait l'air mal à l'aise. L'elfe lui jeta un regard noir, empli de haine, de mépris. Soudain, l'étranger lui parla. Ainsi il s'appelait Gwedrry, un homme curieux toutefois. Idaz se releva légèrement, du mieux qu'il pu. Une violente quinte de toux le prit durant 2 bonnes minutes, du sang sortait de sa bouche. Il s'essuya d'un revers de manche. Il parla faiblement, d'une voix rauque.

- Dégages, j'ai autre chose à faire.

Il tenta de se relever mais tomba aussitôt, il serra les dents quand sa blessure rencontra le sol. Il éprouva de la haine, une colère immense contre lui. Il se sentait ridicule, réduit à l'état d'infirmité. Son égaux rageait, les Elfes sont un peuple très fière, montrer un tel spectacle devant un humain était extrêmement dévalorisant, honteux. Il saisit sa dague fermement, le tout pour le tout. Une fulgurante douleur le traversa, une nouvelle fois.
Rien à faire, il était cloué au sol, démuni. Quand Isadanrel lui proposa le remède, le draw perdit le peu de couleur qui lui restait.

- Approche avec ta mixture et ce sera la dernière chose que tu feras... Jamais un Elfe ne se verra aider par un sous-être comme toi...

(je précise, le registre péjoratif est autorisé mais c'est purement RP :) Désolé pour le retard ^^)

[Encore plus de retard pour moi... Avant les vacances, c'est toujours la galère !]

Tout cela fut long mais inutile…
Gweddry restait sans mouvement. La vie était suspendue en cet elfe à une profondeur qui commençait d’effrayer l’apothicaire. Il était à maigre distance de son entité, étudiant à sa poitrine, à son front, à ses bras toutes les pulsations de son être. Spectacle étrange que cet homme, dans ce marché solitaire, au fond d’un château plein de domestiques et de soldats qui veillaient, bottés, éperonnés, et dans les anxiétés terribles, au sein de la Grande Diantra. Le guerrier attendit encore quelques temps avec des spasmes d’impatience mais Gweddry, voyant que cette léthargie résistait à ses soins à et ses efforts, n’eut plus la bonté de tendre ses connaissances. Les bottes de son interlocuteur étaient accusatrices d’une course. Ses nerfs étaient si ébranlés, il était sous l’empire de si funèbres sensations qu’en marchant jusque-là, le bruit de ses semelles sur les pavés avait fait tressaillir bon nombre de curieux… Il devait avoir les yeux pleins de la tête pâle du maître Isadanrel…

Voilà une imagination bien vengeresse… Votre corps ne semble pas aussi puéril que votre conscience. Les décrets de la ville me sont fort redevables, contrairement à vous… Que votre carcasse serve de nid aux larves ou qu’elle se trouve à la décharge n’endormira point mon bon sens, et encore moins ma hiérarchie des évidences… Ma vision sur les ethnies n’est qu’observatrice; ce serait malheureux de savoir que les elfes ont le bon cliché des obscénités et des défaites. 

Ce devait bien être Gweddry le seul témoin de ces transports effrayants et de ces cris involontaires sortis, comme des feux d’un souterrain, du silence de cette silhouette des bois… D’ordinaire, l’Albinos concentrait d’ordinaire ses remarques dans toutes ses pures et fières profondeurs de son âme. Inintelligibles pour les autres peut-être, mais claires pour lui, il les affirmait en se montrant sous un jour accablant et cruel… Ses paupières battaient fébrilement sous les rayons autrefois meurtriers pour sa chair.

Bien à vous de votre dessein, je me laisse vaquer à autre que votre survie apparemment insignifiante qui, quoique vous injurierez, ne fera que plus perdre le temps d’un autre secours , le ton montant vers la sobriété et l’adresse, le tenon de sa fiole oscillant entre vérité et tromperie…
Sur son habit luisait la pâle réverbération d’une soie précieuse et originale, le tout haussé par la seule parcelle de peau dévoilée : son visage couronné d’une chevelure sauvage, à la fois domptée par son lissant.

[t'en fais pas, spa grave :D]

Il parla, il parla calmement. Isadanrel paraissait sage, bizarre pour un humain. Le draw fut étonné d'entendre quelqu'un parler de cette manière. L'habitude de ce peuple était d'être grossier et jamais Idazaï n'avait vu un homme discuter comme cela. Ses mots offensants ne génèrent pas l'Elfe, il les considéra même comme des mots doux, cela le rendit nostalgique de son vénérable, et défunt, maitre.
Jamais, jamais Idazaï n'accepterait de se faire aider par un homme, plutôt mourir. Et pourtant, il n'avait guère le choix, il allait mourir bientôt si aucun soins de lui étaient administrés. Lorsqu'il trouva une solution il sourit, l'humain avait l'air tellement choqué par la grossièreté des propos de l'elfe.

- Hey l'ami, files moi ta potion et tu seras récompensé.

Sa voix était toujours aussi rauque, lente. L'idée de pactiser avec un homme ne lui plaisait guère mais il l'avait déjà fait. Il fallait juste laisser son interlocuteur croire qu'il avait la situation en main, qu'il faisait une bonne affaire. Et puis en général, les gens ne discutaient pas trop avec un draw, ou s'ils le faisaient ils ne vivaient pas longtemps.
idazaï fit remuer lentement sa grosse bourse, pour faire comprendre qu'il avait les moyens de payer.

De l'or ? Puéril...

Alors que le brave elfe essayait de titiller sa proie, Gweddry se bornait à une grande personne à dos de cheval qui avait, ce jour-là, revêtit une amazone de velours noir et placé sur ses bandeaux blonds et lisses comme de l’or en fusion coulant vers ses tempes, un chapeau vaporeux avec sa plume sombre qui, à chaque mouvement, frissonnait. On eut dit qu’elle était sculptée dans cette mise équestre et sévère qui touche le costume de l’homme, mais qui ne lui était pas similaire.
Une seconde pupille vint dévisager l’expression masculine à terre… L’attitude, le port, le faux-présent de calme en lui, il ne dépassait pas autant cette cavalière, femme de siècle… Ayant l’enfantillage comme l’apothicaire en avait la sublimité, il voulait réjouir ces yeux dissimulés et feints de la grâce élevée des naïfs… L’impatient et bel elfe noir dansa bientôt sous ce léger poids qui faisait plier son poignet frémissant. Un moment physique qui soulageait l’âme à certains moments…
Pour justifier sa préoccupation désignée par un large silence, les sourcils de Gweddry se haussèrent au plus grand hasard.

Vous croyez pouvoir m’attirer avec un tel met ? Voyez-vous, je m’abreuve des expériences d’autrui et non des accessoires qu’ils portent… L’argent est-il garde du corps et du cœur ? lui rétorqua-t-il tendrement et gaiement tout à la fois. Gardez la reine de nos deux âmes ! C’est la mienne et la vôtre, veillez bien sur nous deux ! Quoique sera le dessein de cette histoire, confiez à votre cervelle qu’il n’est plus l’époque des jouets et de la basse-cour à pourchasser les oies ! Plus vite vous grandirez, moins vous confierez vos écus à la vue de tout le monde… Impitoyable est la situation, mais croyez bien. L’acier de vos couteaux ne parviendra pas à effleurer ma pensée…

Se taire après cette rencontre serait plus que de parler… Gweddry ne craignait pas d’ajouter, par une réflexion sur l’état douteux de l’homme, l’espèce de remords que pouvait soupçonner ce dernier…

Je veux bien avoir pitié de toi et des maux dont je ne sais la cause, mais je n’en ai aucune… Cette potion est saine matériellement. Si vous ne l’admettez pas consciemment, je soumettrais ce soir à mes rêves les dix mille flèches de ma moquerie sur votre dépouille.

Provocation et imitation, art de l’éloquence…

Le sol tremblait, la vision de l'Elfe devenait critique, ainsi que tous ses autres sens. Il cracha du sang puis vomi. La sueur perlait son front, la fatigue le malmenait. Il regarda le ciel.
Ici à Diantra, ici dans cette cité humaine le messager allait perdre la vie, parmi les êtres qu'il haï. Il rageait intérieurement plus qu'aucune fois de sa longue vie.

*C'est donc ici que tout s'arrête ? Ah princesse, tu auras été mon dernier adversaire, moi qui t'avais sous-estimée, désolé.*

Puis soudain un oiseau passa au dessus de lui.

*Il est libre lui, ah quel doux rêve la liberté ! Une fois mort serais-je libre ? Peut être... Ou peut être pas ! Je ne peux prendre ce risque. Mais comment faire ? Ce type là, il n'a pas l'air hostile. Mais c'est un humain ! Maitre vous disiez que les Hommes sont des sous-êtres, qu'ils sont misérables, que dois-je faire ? Je ne veux pas mourir !!*

Le regard du drow changea, toute hostilité disparu laissant place à une très franche impression de pitié. Il tourna la tête vers Gweddry.

- Je ferais ce que tu veux, aide moi, humain. Par pitié.

L’elfe, dans son amer omission, venait d’ouvrir les yeux. Un instant, il regarda autour de lui, d’un air égaré, sans prononcer une bride de mots… Puis son regard devint fixe, son corps semblant balbutier un semblant de vie… Il fallait que la crise suive son cours… Il était très rouge lors de la précédente confrontation orale, jugée par mégarde et l’absence découvrait son repos officieux.
Tout à coup, il blêmit, d’une pâleur livide, les paupières serrées et le pouce fléchit vers la paume… Sa position inerte affirma l’intensité de la décoction, Gweddry se surprit à faire un geste évasif, redressant la pointe blonde qui ruisselait sur une teinte semblable. C’était une somnolence recueillie par cet être aux reflets noirs ; et comme soulagé, avait repris les tentures, les cuirs et les vêtements épars sur la poussière d’une langueur flottante… Le marché n’annonçait pas le triste sarcasme des téméraires, l’encre des cheveux des citadins ne reprenaient pas l’immobilité de cet homme alité sur la couverture gravillonneuse de la ligne des baraquements qui offraient leur artisanat…
Quand il tourna lentement la tête, son profil prit une pureté grave de statue. Ses yeux gris et ses dents blanches lui éclataient toute la face, une hardiesse pleine de tact…

Et vous débarquiez, n’est-ce pas ? Vous n’étiez jamais venu à Diantra… Ce doit être atroce, ce recul chez des inconnus, au lendemain d’un long voyage et lorsqu’on ne sait encore où poser les pieds…

Son idéal d’art et de confort lui intimait sa solidité et sa simplicité, les dégâts passés mourraient pour un déplacement immédiat de ce quidam sur une couche plus souple aux malheurs du corps. Ou pouvait-il se lever et terminer sa course triomphante ?! Mais pour cela, et combattre énergiquement, Gweddry meubla sa convalescence avec son outre d’eau de cristal, ondes fraiches et limpides…


[Semaines chargées... Je ne peux fournir un plus grand quotat :s]

[je comprend xD Moi c'est la même chose en ce moment -_-' ]

L'homme ne semblait pas prendre conscience de la douleur de l'elfe. La rage passée submergea Idazaï, de toute façon un homme ne pouvait comprendre un elfe. Le drow s'en voulait de lui avoir fait confiance.
Cependant les dons du guérisseur étaient réels. Celui là sentit sa force revenir, sa colère l'aidant à se relever. Les décors flottèrent quelques instant puis l'image fut nette. L'image d'un débris, songea Idazaï.
Ses yeux injectés de sang se plissèrent. Mais pour qui se prenait-il ?

- Je dois avouer... Tu es excellent guérisseur...

Il toussa légèrement.

- Mon instinct me dicte de te tuer. Mon éducation m'ordonne de te remercier.

Il fixa son interlocuteur dans les yeux.

- Le berger n'est jamais perdu dans son troupeau...

Et malgré la rancune vis à vis de cet humain, ce Gweddry, Idazaï ne put ressentir autre chose que... du respect. Il s'était dévoué pour une tâche ardue, à savoir aider un drow, gardant toujours son calme.

- Tu n'es pas comme ceux de ta race. Et pour m'avoir aidé je t'offre la vérité.

Il avança prudemment, ses jambes étant encore faibles.

- Je suis un elfe noir, je me nomme Idazaï, émissaire de mon peuple. Tu sais, je n'apprécie pas non plus ma race, mais je suis né avec un destin immuable, comme nous tous. Tiens, une dague elfique.

Il tendit son arme.

- Si tu as des soucis avec mes congénères, brandis cette arme et par tous les dieux ils ne te toucheront pas. Qui oserait attaquer le porteur de la lame de mon maitre vénéré ? Et sache une dernière chose, je méprise toujours tes semblables, un jour viendra où votre destin vous sera révélé, la servitude.

Il fixa Gweddry, l'heure était venue de faire ce pourquoi il était à Diantra...