Le Voile - La Longue Nuit
~ L'éclipse qui marqua le retour des dieux sur Miradelphia ~
Sommaire :- Un peu d'astronomie
- Le Voile
- Régions affectées :
- Conséquences globales :
Si les Elfes de jadis découpèrent le temps en Cycles, c'est à cause d'un phénomène astronomique que la plupart d'entre eux ne pouvait observer qu'une fois dans leur vie : une éclipse totale appelée traditionnellement un voile.
Parfaitement régulier et ne durant que quelques heures, ce phénomène est reporté dans la plupart des cosmogonies de Miradelphia et toujours assimilé à une convergence de pouvoirs divins très puissants. Ainsi toutes sortes de mythes l'entourent depuis le début des temps... Mais ce n'était rien comparé à ce qui se produisit lors de l'éclipse marquant le passage du Xe au XIe Cycle.
Aujourd'hui, quand on parle du Voile, on se réfère au voile qui a marqué la fin du Xe Cycle et terrorisé toutes les races du continent.
Contrairement aux éclipses habituelles, et alors que personne ne l'avait prévu, même les plus grands mages et les prêtres les plus reconnus, le Voile se prolongea durant des jours... des ennéades... et nul ne savait lorsqu'il allait prendre fin. Le monde était plongé dans l'ombre. Les mers étaient gonflées de vagues de plusieurs mètres de haut sans que le moindre souffle de vent ne se fasse sentir. La végétation estivale semblait figée hors du temps, plongée dans un sommeil sans pousser ni faner. Aujourd'hui, ceux qui ont réussi à garder une notion même approximative du temps prétendent qu'il a duré à peu près un mois, soit 81 jours d'une nuit totale, mais qui sait exactement combien de temps cela dura ?
- Début du Voile:
Ce jour-là n’était pas différent du précédent. Il faisait toujours aussi chaud, le ciel était toujours bleu, les oiseaux n’avaient pas remplacé les poissons dans les océans. Ce jour de la mi-été n’avait rien de particulier à première vue, et pourtant, il était fêté au travers de tout le continent. Ce n’était pas seulement la naissance d’une nouvelle année mais l'avènement d'un nouveau Cycle qui aurait lieu cette fois-ci. Pourtant, ce n’était pas tant cette symbolique qui agitait Miradelphia, mais plutôt le « Voile ».
Pour les Elfes, il s’agissait là d’un phénomène bien connu. Les cycles ne durant « que » mille ans, il y en avait pour avoir vu la naissance du précédent, et certains verraient le suivant. Ils savaient ce qu’était le Voile, l’avaient étudié, et c’était eux qui avaient adapté leur calendrier en le prenant comme point de repère. Les Drows eux aussi le connaissaient bien, et certains le voyaient comme une manifestation de la rage d’Uriz. Il assombrissait le ciel comme la colère assombrissait son esprit, quand il se rendait compte que la guerre n’était pas aussi omniprésente qu’il l’aurait souhaité. Pour les Nains et les Hommes, par contre, l’événement était d’autant plus important qu’il fallait être né au bon moment pour avoir la chance de le voir. Les anciens se réjouissaient d’avoir pu vivre assez longtemps pour le voir, les plus jeunes n’en pouvaient plus d’attendre, même s’ils ne comprenaient pas tout. Certains le craignaient, d’autres le vénéraient, mais quoi qu’en pensent les mortels, le bal céleste resterait imperturbable, et ainsi que l’avaient prévu les astronomes elfiques, le Voile fut jeté sur Miradelphia.
Vers midi, la lune se mit face au soleil, et l’ombre s’empara de la Péninsule, d’Anaëh, des hautes montagnes du Nord, des Terres Stériles, du Marais de Faëlia, de l’Elda. Il n’y eut bientôt plus un endroit en Miradelphia où le soleil gardait ses droits. Il ne faisait pas nuit noire, on pouvait toujours y voir sans trop de difficulté, mais la pénombre crépusculaire et les étoiles baignaient le monde. Connaissant les risques, les Elfes et les Drows se gardèrent bien de regarder le Miracle de face, mais parmi les Hommes surtout, ils étaient nombreux à ignorer tout de ses dangers. Ils furent légion à admirer la beauté si particulière d’une éclipse, sans savoir que pour certains, ce serait la dernière chose qu’ils verraient.
Il était dit dans les archives que le Voile durait entre une demi-heure et deux heures. Pas cette fois. Une heure passa, puis trois, puis cinq, sans que le Voile ne se lève. Et ce qui avait été synonyme de joie et d’enthousiasme quelques temps plus tôt devint porteur d’angoisse.
Combien de temps avant que le Voile ne se lève ? C’était la question qui hantait chaque âme.
Dans le calendrier, le Voile n'appartient ni au Xe Cycle, ni au XIe. Cependant, étant donné sa durée, les chroniqueurs ont décidé de retirer la première année du nouveau Cycle de tous les almanachs. Il est donc noté entre le dernier jour de Verimios 999:X et le premier jour de Karfias 1:XI.
Mais encore, si le Voile n'avait été qu'une simple éclipse plus longue que prévue, Miradelphia aurait pu s'en remettre facilement. Ce qui marqua les esprits plus encore que l'ombre, ce fut l'incompréhension. Durant cette période se produisirent des miracles. Il fallait se rendre à l'évidence, des Avatars émergèrent sur tout le continent et les faits inexplicables se multiplièrent : les dieux eux-mêmes avaient décidé de se manifester au regard des mortels. Certains pensaient que cela ne pouvait annoncer que la fin du monde, les dernières années, le dernier Cycle peut-être, de Miradelphia, à moins qu'il ne s'agisse d'une renaissance ? D'un jugement ? D'un avertissement ?
Même maintenant, après le retour du soleil, les questions sont nombreuses et les certitudes se résument à des faits d'une puissance terrifiante.
« Le Roc est fendu, la Porte est ouverte et sous le Sommet du Monde, en la Première Cité, le Roi attend. »
Près de Kirgan, la capitale naine, une brèche s'ouvrit dans le sol. La canicule se répandit alors que le soleil restait caché, la chaleur émanant du sol autour de la ville, de la brèche elle-même. Des tremblements répétés firent frémir les galeries et effondrer les boyaux les plus instables. Les Nains commencèrent à devenir paranoïaques, se dressant les uns contre les autres. À Almia, la roche se brisa et une nuée de gobelins surgit des profondeurs, venant achever de rendre la situation explosive.
En quelques ennéades, la situation changea à jamais. Les volcans s'éveillèrent. Kirgan fut détruite, Almia tomba. La population naine fuit, terrifiée. Pour la première fois de l'histoire, des nains se dressèrent contre d'autres nains. Déboussolés, ceux s'appliquant à détruire les temples de Mogar firent face à ceux qui les défendaient de leur vie.
Ensevelie sous la lave et la roche, Kirgan est perdue et inaccessible. La plus grande partie de sa population a trouvé la mort. Les savoirs anciens ont été perdus. Les connaissances runiques se sont évanouies. À Almia, les lances gobelines délimitent les frontières de ce qui fut une cité naine dont les anciens habitants sont morts, disparus ou en fuite. De toutes les cités et de tous les avant-postes des montagnes, seules Lante et Thanor sont restées debout, mais elles sont coupées l'une de l'autre, incapables de communiquer et retranchées sur elles-mêmes.
Le Royaume de Feu Garmin le Vengeur n’est plus qu’un vaste champ de ruines, où s’entassent pêle-mêle restes de bâtiments et dépouilles abandonnées. La colère n’est plus, ne reste plus que l'enfant bâtard de la peur et du désespoir. À cause de la catastrophe une grande partie du peuple des montagnes doutant de son créateur, abandonna sa foi inaltérable envers Mogar, appela les prêtres et les fidèles des fanatiques, et ainsi se creusa un profond schisme dans la culture naine.
Thanor ayant rapidement fermé ses portes, les survivants, fuyant vers le Sud, se massent à Lante ou se perdent en clans sauvages et agressifs dans les montagnes. Certains nains ont été si profondément changés qu'ils se sont transformés en créatures sauvages rôdant dans les étendues du Brissalion, prêts à attaquer tout ce qui passe à leur portée.
« La Forêt possède un nouveau coeur qui bat, qui bat... »
Telles des veines zébrant la peau, d'étranges racines ont surgi dans toute l'Anaëh. Elles se ramifient à l'infini, disparaissent parfois sous la terre pour mieux ressurgir quelques lieues plus loin. Et il est clair, quand on y regarde bien, qu'elles proviennent toutes d'un même arbre : l'Estel, don de la Déesse, façonné par Myrhyarmen, la précédente Gardienne de Kÿria. On murmure que la forêt brille d'une nouvelle magie, comme si elle avait retrouvé sa première vigueur. La Symphonie des Arbres ravit l'âme de ceux qui peuvent l'entendre, les plus empathiques sentent la vie battre au cœur de la forêt entière et ses frontières frémirent.. Déjà les vestiges d'Ellyrion se perdent sous les lierres et la mousse. Déjà certaines maisons des cités de pierre se font engloutir par l'appétit vorace de la Première Œuvre.
Mais le plus étonnant reste l'Estel lui-même. On dit qu'il parle à ceux qui s'approchent de lui. Sa taille aurait triplé, et l'Harmalaica, le jardin sacré du sanctuaire de Kÿria qui l'entoure, aurait été pris de folie. Devenu un véritable labyrinthe végétal, il change, se transforme et de nouvelles créatures en émergent. Le Culte de Kÿria exulte, il affirme que la Déesse est de retour, réincarnée en sa plus belle création, en la seule chose qui jamais ne cesse de s'élever, en l'arbre qu'elle offrit jadis.
Une grande part de la population citadine quitta les cités rongées par la végétation pour se réfugier dans les noss et retrouver la symbiose première entre leur peuple et la nature, celle que leur Créatrice leur avait offerte en même temps que le devoir de protéger cette dernière partie de la Première Œuvre.
Les Elfes regardent Anaëh d’un œil nouveau. La forêt est sortie de son silence. L'Estel, l'épicentre de ce phénomène offert aux Elfes par une gardienne au nom de la Mère, étend ses racines dans toute l'Anaëh... et commence à ronger les frontières des terres mortelles. Partout, les racines ont mordu les pavés, les lierres ont dévoré les habitations isolées et la Symphonie des Arbres résonne à nouveau comme au premier Cycle. C’est un véritable âge d’or qui semble s’ouvrir, ou du moins la possibilité d'un renouveau réel pour ce peuple en perdition.
A l’intérieur même du peuple elfe, les dissensions naissent entre ceux qui demandent l’abolition des cités et ceux qui ne voient aucune raison de changer un mode de vie vieux de plusieurs millénaires ; ceux qui disent que le temps est venu d'en finir avec leurs cousins Sombres et ceux qui veulent maintenir la paix. Les yeux se tournent vers le Haut-Conseil des Seigneurs-Protecteurs, resté encore muet sur le Voile et sur le Culte de Kÿria, dont la voix discrète ne s’est pas faite entendre depuis trop longtemps. La gardienne a disparu, les prochaines décennies risquent d'être décisives pour l'avenir du peuple immortel.
« Il est un Royaume où ne siège nul Roi, un Royaume d'un autre Monde où Sa volonté fait Loi. »
Dans les Terres Stériles, le royaume des morts a ouvert sa gueule béante, avalant et recrachant avec la même ardeur les esprits et les corps qui passaient à sa portée. En l'espace d'une nuit, d'étranges colonnes de pierre d'une dizaine de mètres sont sorties de terre, dans toute la région, espacées de parfois plusieurs jours de voyage. À leur sommet brûlent d'étranges boules de lumière noire, dans lesquelles dansent d'étranges yeux froids. Quiconque s'en approche trop est pris d'un malaise dont l'origine ne fait aucun doute, et il faut alors s'éloigner le plus vite possible pour éviter au mieux une vieillesse prématurée, au pire une mort subite.
Mais en y réfléchissant, ce n'est pas encore le pire... car entre les colonnes errent les âmes des morts. Certaines espèrent pouvoir s'échapper, d'autres attendent simplement un retour à la normale. Des ruines de l'Empire Nisetien, de vieux champs de bataille drows, on voit ça et là des cadavres sortir de terre, alors que les âmes retrouvent la sensation de posséder un corps. Les dépouilles ne tiennent pas plus de quelques heures avant de reprendre l'état de cendre ou d'os, ne supportant pas la présence d'un esprit étranger, mais cela reste bien suffisant pour traumatiser quiconque tentera de s'opposer à leurs invulnérables enveloppes.
Non loin des ruines de Nisetis, les colonnes sont plus nombreuses. Il existe même un endroit où une douzaine d'entre elles forment un cercle parfait, et en son centre... Elle attend. Certains murmurent le nom de Tyra, d'autres de Tari, d'un esprit du désert, d'un antique dragon, d'Iben, d'Alm, du Grand Créateur lui-même, mais seuls des Drows en reviennent vivants et eux acclament la bénédiction de Teiweon, elle qui envoie dans la Faille, à leur rencontre, les êtres les plus valeureux de leur race. Ainsi par-delà la mort, leurs ancêtres pouvaient juger de leur force et les inspirer.
Les drows très âgés, ceux ayant dépassé le millénaire, s'éteignent dans leur sommeil, soudainement, sans raison, comme offert le repos auquel ils aspiraient depuis si longtemps.
Finalement, des troupes drows partent en direction du cercle de colonne, repoussant les morts sur leur passage, pour découvrir ce qui s'y cache réellement et le combattre... ou l'honorer. Très peu revinrent. Encore moins acceptèrent d'en parler. Les autres dirent qu'ils avaient vu ce que Teiweon réservait aux infidèles...
Le fanatisme des Drows est ébranlé par l'inaction de leurs propres dirigeants durant la période d'ombre. Perdus en conjectures sur la signification de l'éclipse, les prêtres se déchirent. Certains fanatiques partent à l'Ouest contre l'avis des autres. L'invasion d'Anaëh s'arrête brusquement malgré la victoire d'Ellyrion et le phénomène des piliers de pierre, d'abord positif et galvaniseur, est finalement relégué au second plan.
La frustration monte, spécialement en Ithri'Vaan où les mœurs religieuses sont moins strictes. Au Puy le roi est tué par l'Avatar d'Uriz, et il n'en faut pas plus pour plonger l'Elda dans un chaos encore installé alors que le soleil se dévoile.
« N'oublie jamais, ce qu'il donne, il sait le reprendre. Mais la joie bercera le monde sans compter. »
Là où sommeille la diversité et le métissage, la passion a lancé ses chants. Des frontières est de l'Aduram à Thaar, une musique se propage, ondulant dans l'air comme une danseuse frivole, exprimant la joie de voir le monde s’abandonner à ses émotions et à ses pulsions. Pudeur sentimentale. Carcans de volonté. Boucliers inutiles. Explosent donc les affres de ce que l'homme veut cacher, son désir le plus intime, son cœur révélé à la lumière. Quiconque entre dans les murs de la cité ne peut réfréner ses envies, des plus simples aux plus extrêmes, dans un ravissement avide et continuel.
À Naelis, le phénomène est plus fort que nulle part ailleurs. À l'emplacement de l'actuel théâtre errent des déments en quête de visions, d'illusions, de rêves, bercés d'un sentiment extatique que la plus incroyable des drogues n'aurait pu approcher.
Les habitants se sont éveillés peu à peu, comme au lendemain d'une fête qui leur aurait fait tourner la tête. La plupart des crimes furent amnistiés. Les enfants nés durant l'année qui suivie furent surnommés les Présents d'Arcam, car c'est ce dieu que tous pointaient comme origine du phénomène. Dans la conscience d'Ithri'Vaan, une adoration certaine a germé pour ce dieu bien mal aimé par les Humains de Péninsule. À Naelis, un clergé s'est rassemblé et a trouvé l'argent pour construire un grand temple dans la vieille ville, faisant de la petite capitale la seule ville dévolue au dieu des arts et des passions.
« Lumière vengeresse portée par une Mère bafouée, le jugement s'approche de la Cité des Hommes. »
Dans les plaines du médian, autour de Diantra, une lumière vive et blanche est apparue. À celui qui la regarde, un murmure... à celui qui y pénètre, les tourments. Les tourments de mille voix illusoires, voix tourmentées épuisant nerfs et volonté et tenant les curieux à distance. Rares sont ceux à poursuivre plus loin... mais de tous ceux qui ont osé, nul n'est jamais revenu.
L'étrangeté elle-même n'est pas suffisamment proche de la ville pour inquiéter ceux qui restent sagement entre ses murs, mais des miracles se produisent tout autour. Ici et là, une blessure se referme, l'enfant impossible vient à naître, la Vie se répand... mais aux mêmes endroits, comme pour que l'équilibre soit maintenu, la Mort est donnée, des blessures se rouvrent, la faiblesse des mauvaises gens s'accroît. Nul ne sait exactement pourquoi ni comment ces cadeaux et ces punitions sont offertes, mais aucun enfant n'a à souffrir et on en vient à découvrir de sombres histoires sur ceux qui ont été blessés. Paranoïa ou réalité ? Nul ne le saura sans doute jamais.
Relativement épargnée par la fureur de Néera, Diantra se réveille d’une longue nuit d’attente laissant derrière elle un royaume hagard. Là où l’influence de la déesse s’est faite la plus forte, on ne compte plus les morts tragiques et les miraculés inespérés. Mais plongés dans un enfer de lumière et de son, ceux qui n’ont pas pu rejoindre une terre plus hospitalière étaient devenus fous. Prophètes, pour les masses impressionnables, qui voient en eux des élus touchés par la déesse. Hérétiques, pour une autre part des fidèles, qui a vu sa foi réduite à néant par une punition divine qu'elle n'a ni anticipée, ni supportée. Le culte de la DameDieu peine à rassembler ses troupeaux.
Durant près d'un mois, les flots se déchaînèrent, ne laissant que les marins les plus intrépides et les plus fous prendre la mer. Seule une poignée d'aventuriers échappèrent à de telles escapades et les routes commerciales furent tout simplement fermées. Le commerce mit du temps à reprendre et les routes à être repeuplées.
Plus de la moitié de la population naine fut tuée ou dénaturée. Plus d'un quart de la population Taledhelle quitta les cités elfiques. Un mélange de fanatisme et de désintérêt pour la religion s'entremêla pour créer une situation parfois explosive.
Dix ans plus tard, peu de gens en parlent volontiers, mais pour beaucoup, cet épisode eut un goût de fin du monde.
"Immobile et diaphane dans le ciel, trônait un nouvel astre. Une lune d'argent aux discrets reflets dorés, que d’aucun appellerait sans doute la « Demeure des Dieux », révélée par leur retour sur Miradelphia."
~ Aldaric d'Emorten - Poète et Chroniqueur du Long-Voile ~
Lors du Voile marquant la fin du Xe Cycle, Miradelphia resta plongée dans l'obscurité durant un mois. Des miracles changèrent la face du monde et les peuples répétèrent à l'envie que les dieux eux-même avaient foulé le plancher des vaches. La magie se déversa à grand flot, peut-être fut-ce justement pour marquer
Sa Création.
Car lorsque le soleil réapparut enfin, un nouvel astre était visible dans le ciel, fixe, comme accroché à la toile bleue du ciel alors que le soleil et la lune ne faisaient que courir. Presque invisible de jour pour un observateur non aguerri, elle laisse apparaître toute sa beauté la nuit venue.
D'Anaëh jusqu'au sud de la Péninsule, les prêtres murmurent leur crainte ; car si cet astre est bien né du mariage d'Iben et Alm lors du Voile, alors il ne peut être que le prémisse... d'une nouvelle divinité.