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| Lever le voile | Johann | |
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Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Lever le voile | Johann Jeu 8 Nov 2012 - 23:31 | |
| Une nouvelle fois, le temps avait perdu toute signification. Si, aux côtés du Premier Feu, Mémoire avait su compter les jours et avoir une idée précise du quand, les choses étaient à nouveau bien différentes. Après leur rencontre avec Taurë, elle avait repris les routes ; seule. Voyageant à pied, très lentement du fait de sa cécité, elle avait laissé de côté le rythme des jours et des nuits. Il n'était pas rare, dès lors, de la voir continuer son périple jusqu'à une heure avancée ou se réveiller bien après le zénith. Définitivement indifférente de la destinée de son corps, elle mangeait peu, sautant parfois plusieurs repas, si bien qu'elle avait recommencé de maigrir à vue d'œil. Elle n'était cependant pas plus faible, c'était même tout l'inverse. Quant à savoir si elle pourrait tenir longtemps le rythme, c'était une autre question. Il arriverait forcément un moment où la chair rappellerait à l'esprit le pouvoir qu'elle pouvait avoir sur lui. Dans le cas de Mémoire, cette influence était plus tenue que chez le commun des mortels, mais cela ne l'empêcherait pas de souffrir, à un moment ou à un autre, de ses négligences. Paradoxalement, elle avait tenu à soigner son apparence. Si, voyage obligeait, elle ne prenait pas des bains réguliers, elle tâchait de porter une robe propre — dans la limite du raisonnable — et ses cheveux démêlés. Elle était la Gardienne d'une Déesse, que cela lui plût ou non. Elle devait tenir son rang, même si les seules personnes qu'elle rencontrait pour l'heure n'avaient aucune idée de qui elle était. D'ailleurs, cela faisait plusieurs jours qu'elle n'avait plus croisé âme qui vive et pour cause, elle approchait de sa destination. Nisétis, la cité en ruine la plus emblématique de Miradelphia, lieu chargé d'histoires, symbole d'une époque révolue où l'Homme avait tenu le monde dans la paume de sa main, jusqu'à mettre en respect les légions de l'Elda. Avant de retrouver la Péninsule, Mémoire avait décidé de faire cet ultime pèlerinage sur ces lieux qu'elle avait investi malgré elle, un mois durant. Elle ne se souvenait pas de la Malenuit, tout du moins pas à la façon des mortels qui avaient dû la subir. Elle s'était perdue dans le Royaume, elle avait baigné dans des milliers et des milliers d'âmes, s'était appropriée contre son grès bien des souvenirs. L'obscurité, elle ne l'avait pas crainte une seconde. Ne jamais se réveiller, perdre le contrôle de son corps sans possibilité de retrouver ceux qu'elle chérissait, par contre, ces peurs l'avaient hantée sans répit. Désormais, Aerandir était mort et Katialyne l'avait sans l'ombre d'un doute suivit dans la tombe. Mémoire n'avait jamais eu la force de le vérifier. Sur tout Miradelphia, il n'y avait bien qu'une seule chose qui pouvait lui rappeler l'humaine qu'elle avait été et tout ce qu'elle avait perdu et c'était bien sa fille, cette enfant qu'elle avait porté mais qu'elle n'avait jamais eu le loisir d'élever. Il lui fallut plusieurs jours pour finalement atteindre les ruines mais jamais elle ne pressa le pas. Quelle importance ? Elle savait qu'elle finirait par atteindre son objectif, elle n'allait pas se précipiter. N'en avait, de toute façon, pas la possibilité. Elle n'avait pas lâché son bâton un instant, il la prévenait des nombreux pièges que recelaient une route pour une personne aveugle. Quant à la direction à suivre, elle avait demandé son chemin, aux bonnes volontés qu'elle croisait comme à d'autres, moins tangibles mais aussi moins précises. Combien de temps avait-elle perdu, à suivre des conseils trop sibyllins ? C'était sans importance. Finalement, elle accueillit les premiers murs abattus sans soulagement ni satisfaction et s'enfonça dans les ruelles silencieuses, à la recherche des piliers qui, bien que vidés de tout pouvoir, devaient toujours se dresser fièrement là où Tyra avait contemplé le monde, quelques sept années plus tôt.
Dernière édition par Katalina Noblegriffon le Lun 12 Nov 2012 - 0:32, édité 1 fois |
| | | Johann
Ancien
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Dim 11 Nov 2012 - 22:44 | |
| Les cycles étaient faits pour se reproduire, et arrivait celui qui était le pire dans l'année pour Joh. C'était une sorte de moment privilégié ou elle se retrouvait seule face à des besoins naturels qui avaient besoin d'être assouvit. Et ce n'était évidemment pas ceux en rapport avec la nourriture ou autre ! Non, plus un autre désir... Et le pire, c'était qu'ils n'étaient même pas initiés par son corps !
C'était le moment ou le lien se faisait un peu comme le plus fort, une sorte d'anniversaire de création de celui-ci, mais c'était aussi celui ou ce dernier était le plus brouillé, un peu comme si une tempête empêchait les messages d'arriver. Dans tous les cas, c'était le signal de l'isolement. Arnhild ferait ce qu'elle voulait, a ce propos, et satisferait certainement quelques mâles un peu trop entreprenants, mais ce n'était vraiment pas dans les plans de Joh : Partir loin de toute civilisation dans un endroit isolé ou il y avait assez d'abris pour éviter tous contacts.
Pour la première fois, elle avait laissée Iris à l'écurie et préféré un mode de voyage plus... Aérien, avant que celui-ci ne prenne de la distance, l'histoire d'éviter de se faire repérer à cause d'un cheval dans un endroit isolé. Il fallait juste qu'elle déplace son bivouac en fonction de la météo, et les anciens temples encore debout restaient encore et toujours les endroits les plus à l’abri du climat hostile de la région.
Et pour l'heure le moment était au self-control, elle avait du apprendre à méditer sans s'arracher les cheveux au bout de la 30ième seconde sans rien faire. Elle passait aussi parfois sa frustration sur le premier truc qui pouvait être cogné sans se briser toutes les phalanges. En bref, rien de bien exceptionnel.
Que faisait-elle pendant que cette présence indésirable s'introduisait dans son "territoire" ? Et bien, c'était très simple ! Cogner sur un mur friable semblait avoir été la meilleure idée qui lui était passé au travers de la tête ! Au point qu'elle ne la sentit même pas arriver. |
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Ancien
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Lun 12 Nov 2012 - 0:47 | |
| C'était comme pénétrer dans un autre monde. Malgré elle, Mémoire laissa s'échapper un frisson qui, après avoir couru le long de son échine, mourut sur sa nuque. Surprise, elle ferma les yeux et inspira profondément. Tout autour d'elle, c'était comme si la vieille pierre chantait son regard et qu'une petite voix lui souhaitait un bon retour chez elle. Chez elle. Toute impassible qu'était devenue la Gardienne de Tyra, cette idée lui glaça le sang et elle envisagea un instant la terrible possibilité qu'elle fût arrivée à la fin du voyage. Était-elle destinée à vivre là, loin de tous et de toutes, jusqu'à ce qu'on eut besoin à nouveau d'elle ? Les paroles qu'elle avait adressé à Kassandra revinrent un temps la hanter et elle se demanda si elle quitterait Nisétis avant que la pirate ne fût emportée à son tour dans le Royaume. Finalement, elle avait bien fait de lui dire au revoir, à sa façon. C'était ainsi que devait agir une sœur, même une sœur aussi particulière qu'elle. Repoussant ces pensées pessimistes, la voyageuse reprit la marche, redevenant l'impassible Vaisseau de la Mort. Ce terrible manteau ne la quitterait peut-être plus, désormais. Pourtant, elle le découvrit très bien, Mémoire n'était pas si seule qu'elle l'avait pensé. Elle ne sut pas ce qui, de l'aura de Johann ou du boucan infernal que la dragonnière faisait, la prévint en premier d'une autre présence, mais ces deux indices suffirent à une Gardienne surprise et méfiante de deviner l'identité de l'intruse. Mais l'ancienne cavalière du Roi l'était-elle vraiment, intruse ? Mémoire n'avait aucun droit sur ces terres, pas plus que sur aucune autre et l'occupation récente d'une divinité n'y changeait rien. Miradelphia appartenait aux vivants. Si bien que pendant plusieurs longues secondes, elle ne sut que faire. Simplement l'ignorer et poursuivre son chemin ? C'était là la voie la plus sage. Elle connaissait désormais bien assez Johann pour savoir que cette dernière ne réagirait que d'une seule façon à la vue de sa Némésis : violemment. Au mieux, elle lui sauterait dessus. Au pire, Néra viendrait lui prêter main forte. Mémoire n'avait aucune envie d'affronter une dragonnière, seule ou accompagnée de sa monture, et moins encore dès qu'il s'agissait de Johann. Elle possédait à son égard une dette déjà bien trop lourde pour penser l'alourdir encore. Se laisser dénicher ne ferait que l'encourager à lui tendre un piège et aller à son encontre à l'enrager. Elle verrait dans l'approche de Mémoire une provocation. Non, plus elle y pensait, plus le serramiroise savait une rencontre pacifique avec Johann impossible. Il fallait continuer. Malheureusement, le capharnaüm de l'humaine cessa vite et Mémoire comprit que ce que cela signifiait : elle était repérée. Elle avait hésité une seconde de trop et désormais, il y avait une dragonnière qui n'attendait que l'occasion de se déchaîner sur elle. Poussant un profond soupir, elle attendit. Et Mémoire de se demander comment elle parviendrait à convaincre Johann qu'elle n'était pas venue autant à l'Est pour elle. Encore une entreprise qui s'annonçait impossible.
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| | | Johann
Ancien
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Lun 12 Nov 2012 - 22:22 | |
| Les vieilles pierres affaiblies par les intempéries n'étaient guère plus résistantes que des mottes de terre, friables, elles redevenaient poussière sous les coups qui étaient donnés avec force par la dragonnière. La douleur était utile oui, elle permettait de penser à autre chose qu'à... ca et de se concentrer sur une seule chose, la pierre, ses poings et ce que le prochain coup allait donner. Mais le coup suivant n'arriva pas.
Cette sensation, oui c'était bien ça... Elle était revenue, cette saleté était revenue. Le choc de la sentir la tétanisa sur place par un mélange de sentiments indescriptible. Dire qu'elle n'en avait pas peur était mentir, mais affirmer que la haine était aussi présente par contre ne l'était pas. Réagir bêtement ? Non, elle n'irait pas au casse pipe sans stratégie. Le moyen le plus simple restait un carreau d'arbalète dans la gorge, pour s'en débarrasser une bonne fois pour toute, mais malheureusement, elle n'avait pas vraiment prévu ce genre de problèmes et donc le besoin de ramener une arbalètes, surtout avec un départ aussi précipité, il ne restait que son épée, ses points, et l'effet de surprise.
Laisser ses blessures à l'air libre ? D'ici quelques heures ces égratignures ne seraient plus que de simples souvenirs, elle prit juste la peine de les nettoyer et laisserait le reste faire avant de se saisir de son arme non loin.
S'approcher discrètement du lieu d'ou venait cette sensation désagréable, sans se faire repérer ou tout du moins sans que sa localisation précise ne puisse être détectée pour ensuite attaquer en traitre au moment le plus opportun. Car oui, à ce niveau, l'amour propre n'avait que peu d'importance face à ca, surtout après qu'elle lui ait pris ce qui lui en restait. Il ne resterait que le gout de la revanche accomplie. La trouver fut le plus difficile, la forçant à se concentrer sur une partie de ses sens qu'elle détestait le plus et surtout accentuant les sensations de ce qu'elle fuyait initialement - la fin justifiant les moyens - jusqu'à la trouver.
Elle était là, immobile au milieu de ce qui devait être il y a plusieurs siècle une grande artère de la ville, ou alors une zone ou les masures n'étaient plus que poussière. Elle avait du la sentir venir et l'attendait. Qui était la proie et chasseur dans ce cas là ? Les rôles pouvaient s'inverser à tout moment, ce qui offrait tout de même un certain piquant à cette chasse qui se jouerait sur la patience, les deux immobiles et silencieuses, comme attendant que l'une oublie la présence de l'autre.
Quant à la dragonne ? C'était à se demander si la créature avait ressentit la même chose que sa dragonnière, le flou du lien empêchait clairement de ressentir l'autre, et la surprise serait certainement de taille. |
| | | Le Vaisseau de la Voilée
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Mer 14 Nov 2012 - 16:13 | |
| Mémoire eut-elle eu une patience, Johann l'aurait épuisée avant même que les deux femmes ne fussent finalement face à face. Mais, comme il ne semblait que rien ne pût réellement atteindre la Gardienne de Tyra, cette Gardienne se contenta d'attendre, parfaitement immobile, que le chat vînt à elle. Non pas qu'elle se considérât réellement comme une souris, mais elle n'avait aucune envie de s'aventurer plus avant dans la cité en ruine. Toute puissante qu'elle fut, les dons de la Voilée ne lui permettait pas une marche aisée là où les nids de poule, les bosses et autres pièges pernicieux régnaient en maître depuis plusieurs siècles. Non, Mémoire attendrait patiemment. Si elle pouvait s'éviter d'user trop de son bâton — et par la même occasion de s'épargner de tomber dans la gueule de la louve — elle ne se gênerait pas. Johann se révéla cependant plus prudente et mesurée que lors de leurs précédentes rencontres. Peut-être était-ce l'influence de Néra, mais toujours était-il qu'en lieu et place d'un assaut en règle, l'ancienne fidèle de Trystan préféra s'approcher lentement. Mais elle approchait et c'était déjà bien suffisant. Finalement, quand la serramiroise devina son agresseur assez proche pour l'apostropher, elle brisa le carcan de silence que les deux femmes s'étaient imposées. « Approche, Johann, dit-elle d'un ton calme et mesuré. Je ne souhaitais pas briser ta retraite. Pour être honnête, tu es bien la dernière personne que je pensais trouver ici. » Mais était-ce si surprenant ? Après tout, si Mémoire avait décidé de revenir dans ce lieu où Tyra l'avait emmenée, sept ans plus tôt, alors que la Malenuit s'abattait sur Miradelphia, Johann pouvait bien revenir sur ces terres désolées où elle avait trouvé un œuf qui avait bouleversé sa vie. « Approche, Johann. Ne nous battons pas aujourd'hui. » Épargnons-nous cela, pensa-t-elle. Mais la sagesse était aussi étrangère à Johann que le discernement à sa propre personne, dès lors que les événements s'emballaient. Elle attaquerait. Le cas échéant, il faudrait l'immobiliser ; ce ne serait agréable ni pour l'une, ni pour l'autre.
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| | | Johann
Ancien
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Mer 14 Nov 2012 - 23:01 | |
| Elle attendait maintenant que l'aveugle reprenne sa route, et bien que la magicienne pouvait la voir d'une manière ou d'une autre comme l'avait fait ce drow avant elle, elle jouerait sur cet élément pour avoir un avantage au moins au niveau de la surprise. Elle ne pourrait éviter un projectile quelconque alors qu'elle reprendrait sa marche, quelque chose pour l'étourdir ou la ralentir quelques instants pour porter le coup fatal sans autre forme de procès, car avec ce genre d'ennemis, il ne valait mieux pas hésiter plus d'une demi seconde avant d'achever, la victoire se jouait au poil près. Une pierre, encore bien solide, ferait l'office de projectile, tenue avec fermeté dans la main droite de la cavalière, son arme dans l'autre pour ne pas perdre les quelques secondes qui pourraient êtres fatales. L'objectif était simple : Un jet derrière la tête, l'étourdir et l'empaler. Mais comme on le dit... Même les meilleurs plans ne survivent pas bien longtemps au contact avec l'ennemi. c'était à partir de ce moment qu'il fallait improviser, et ce moment c'était celui ou elle s'adressait à elle.
Cette voix fut le chant de la sirène... Pourquoi fallait-il qu'elle attende une année tout pile pour de nouveau se manifester. Cherchait-elle volontairement l'instant de faiblesse qui était imposé à la dragonnière ? Heureusement pour celle-ci qu'elle savait encore se contrôler ! Elle ne put néanmoins s'empêcher de jeter un oeil et d'observer la gardienne. Enfin observer... Son regard l'avait parcourue de haut en bas, s'arrêtant sur la tenue et les courbes du corps de la femme en face d'elle, pour au final s'arrêter sur les lèvres de celle-ci, comme si quelque chose l'attirait vers celles-ci. Un désir de les.... *Bom* Un désir qui fut contrôlé par le bruit précédent, qui était plus exactement la tête de la dragonnière frappant la structure de pierre juste à côté d'elle. Il fallait qu'elle garde son esprit clair sur ses intensions réelles et souhaitées : c'est à dire tuer sa cible ! Pas essayer de se reproduire avec (même si ca ne marcherait pas). Fuir n'était pas son option, elle n'aimait pas fuir et abandonner un combat, elle pouvait l'avoir ! Et pourtant ca aurait été la décision la pus sage au lieu d'essayer de se battre contre elle en plus de ce serpent venimeux qui serrait son cœur par intermittence distillant en lui et dans son sang son terrible venin chaud.
Gagner un peu de temps pour faire en sorte d'avoir un avantage quelconque ? C'était inutile, parler ne ferait que révéler sa position et surtout appeler une réponse dont les conséquences n'auraient rien de plaisantes. Et pour dire quoi ? l'insulter sur ses motivations pacifiques qui devaient l'être tout autant que la dernière fois ? Non, il fallait passer à l'action avant qu'il ne soit trop tard.
La pierre finit donc par quitter cette main moite qui la serrait avec force quelques instants plus tôt, elle traversait maintenant la distance qui la séparait de la tête de sa cible qui ne la verrait pas venir. Il restait maintenant a voir si l'impact aurait eut lieu normalement. En cas de choc, la suite du plan ne changerait pas, tenter d'arriver avant que la cible ne reprenne ses esprits pour lui arracher la tête.
(tu as bien entendu la possibilité de l'éviter d'une quelconque manière que ce soit ou de riposter, je sais vers quoi je m'aventure :p)
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Jeu 15 Nov 2012 - 19:53 | |
| Johann semblait penser que Mémoire n'avait aucune idée d'où elle se trouvait ; rien n'était plus faux. En réalité, la Gardienne avait une idée assez précise de la position de sa compatriote. La dragonnière irradiait du lien qui l'unissait à Néra et si ce dernier était brouillé, il n'en demeurait pas moins présent. Le geste désespéré de la cavalière afin de calmer ses ardeurs termina d'aider la serramiroise si bien qu'elle s'était déjà tournée en direction de sa « victime » quand cette dernière lâcha son projectif. Ce simple mouvement évita peut-être à Mémoire de le recevoir en pleines tempes. À la place, ce fut son épaule qui essuya le tir et si la douleur lui arracha un grognement sourd et manqua la mettre à genoux sous le coup de la surprise, au moins ne s'effondra-t-elle pas, inconsciente. Fermant les yeux, elle tâcha d'oublier la souffrance qui irradiait de son épaule meurtrie et tenta de comprendre ce qui se passait. Elle ne fut pas surprise de découvrir une Johann en mouvement. Apparemment, la cavalière voulait profiter de son avantage pour pousser plus encore sa réussite. Si sa victoire ne s'était pas concrétisée par sa mort prématurée, Mémoire l'aurait sans doute laissé faire, comme paiement de sa dette. Malheureusement pour les deux femmes, la Gardienne ne pouvait tout simplement pas mourir. Alors elle poussa un léger soupir et, fermant les yeux, elle libéra son pouvoir. « J'aurai préféré ne pas avoir à faire ça. »
Avec difficulté, Mémoire tenta de se redresser. Elle ne se souvenait plus quand ni pourquoi elle s'était effondrée mais ce n'était pas vraiment le plus important. Elle n'avait pas oublié que quelques secondes plus tôt, Johann lui fonçait dessus avec la ferme impression de la réduire d'une tête. Néanmoins, une rapide vérification la rassura légèrement : pour ce qu'elle en savait, la cavalière était aussi immobile qu'elle. Luttant contre une migraine naissante, elle se mit péniblement à genoux. Et de comprendre que quelque chose n'allait définitivement pas. Sous l'assaut de Johann, Mémoire avait décidé de régler la chose de la manière la plus douce possible ; l'ancienne officier du Roi savait l'aisance avec laquelle elle pouvait jouer sur le conscient, elle l'avait déjà vue endormir Plume sans le moindre effort apparent. C'était d'ailleurs justement ce petit tour de passe-passe qu'elle avait voulu réitérer, sur la dragonnière cette fois-ci. Mais au moment où son pouvoir avait touché l'esprit de sa victime, Mémoire avait comme... perdu le contrôle. Elle était incapable de décrire la chose ni même d'esquisser un début d'explication. Tout ce qu'elle savait, c'était que sa magie s'était comme rebellée. L'instant d'après, elle respirait la poussière du sol, pitoyablement allongée face contre terre. Face à elle, elle entendait Johann reprendre lentement conscience. Elle l'entendait... et il y avait quelque chose d'autre. Une impression, ténue, presque trop furtive pour vraiment y prêter attention ; mais qui semblait, paradoxalement, se faire de plus en plus pressante. « Que s'est-il passé ? » La voix de la Gardienne était à peine audible ; elle était comme abasourdie par ce qui venait de se passer. Il lui semblait qu'en plus de sept années, jamais les dons de Tyra ne lui avaient fait défaut. Il était arrivé qu'ils en fassent trop, comme lors de la mise à mort de Nhilantar, mais cette fois-ci était différente. Déjà parce que la Gardienne qui avait laissé libre court à sa colère n'était pas la Gardienne qui faisait face à Johann, Mémoire avait gagné en connaissance, en maîtrise et perdu en empathie, et surtout parce que rien ne justifiait qu'elle se retrouvât blessée par sa propre magie. Ce ne fut qu'au moins de se remettre sur ses pieds qu'elle nota la vague chaleur qui gagnait son bas-ventre. Elle la reconnut tout de suite et se figea dans son geste, le souffle court. C'était impossible. Jamais elle n'avait voulu cela. Rien ne l'expliquait. Et pourtant, force était de constater que, comme lors de leur voyage à Meca, les deux femmes étaient désormais liées.
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| | | Johann
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Dim 18 Nov 2012 - 22:04 | |
| Le résultat n'était pas vraiment optimal, mais il n'y aurait pas de seconde tentative possible, maintenant que le vin était tiré, il fallait le boire, car de toute manière la riposte viendrait même si elle n'intervenait pas. Elle n'hésita donc pas plus longtemps que le grognement de douleur pour se jeter sur sa cible sans autre forme de procès, lame au clair de manière à faire une cérébrectomie en bonne et due forme.
Sauf que le plan ne se déroula pas comme prévu, la situation était assez tendue pour rapidement tourner au vinaigre, ce qui d’ailleurs ne manqua pas de se produire ! Elle avait eut le temps de lui préparer une vilaine surprise pour tenter de la mater une fois de plus. Quelque chose se produisait... Elle se souvenait de la course puis... D'une sorte de réaction vive avant de perdre le contrôle, et de lentement s'effondrer face contre terre. Était-ce ca de mourir ? Se sentir partir doucement ?
Non, elle n'était pas morte, la réalité des choses vient vite lui signaler que rien n'était encore finit à l'aide d'un mal de crane digne des pires gueules de bois qui dura l'espace de quelques secondes, vite remplacé par l'autre sensation devenue courante ces derniers jours par une chaleur intérieure incontrôlable. Non... Elle avait vraiment fait pire et avait réitéré la même chose que la fois précédente. La tuer maintenant ? C'était réellement impossible à moins d'y passer par la même occasion. La tabasser par contre ? Ca c'était possible, et le prix à payer pour y réussir n'était au final pas bien cher comparé aux bienfaits qu'elle pourrait en retirer.
Mais voilà qu'elle était déjà en train de se relever ! Oh non ! Elle était bien mieux au sol ! Les réflexes reviennent toujours au galop ! A peine la gardienne essayait de se relever et de remettre ses esprits en place qu'une furie, nommée Joh la plaqua, pour l'emmener avec elle au sol, en accompagnant celui-ci par un coup au plexus (de quoi couper le souffle). Profitant de ce moment, notre sauvage en profita pour se mettre directement sur sa victime, et comme pour l'achever entama de lui donner une jolie droite.
Mais, que se passait-il dans sa tête à ce moment là ? Et bien... Un autre combat se déroulait au même moment, cette fois un combat intérieur contre le contact avec un corps juste en dessous d'elle. ces lèvres sur lesquelles elle avait déjà fait un blocage et cette envie furieuse de les embrasser et pour le moment, le mental était plus fort que l'instinct.
Le bras était armé, et prêt à asséner le coup, le serpent et son venin chaud se faisant de plus en plus présent et serré autour de son cœur, comme pour la décourager de faire ça. Puis le coup partis, la douleur de son propre poing lui irradiant la pommette gauche, laissant entendre une bonne grosse douleur pour la gardienne qui venait de recevoir le coup. Non il ne fallait pas lui laisser le temps de reprendre son souffle, et déjà le second coup, qui viendrait de l'autre main était déjà préparé. Mais contre tout attente, celui-ci finit par dévier et frapper le sol juste à côté du visage de la gardienne. Elle était comme à bout de souffle, respirant et avalant difficilement sa salive, il semblait presque que quelque chose au fond de sa gorge l'en empêchait.
Trop proche... Bien trop proche... Cette odeur, ces lèvres... Ces... Ces... Son cœur sembla comme reprendre un nouveau souffle, libéré de l'étreinte du serpent qui ne l'avait pas lâché et qui venait maintenant d'avoir ce qu'il désirait plus que tout. Elles avaient ce gout salé de l'effort mélangé au fer du sang le tout lié par une douceur qui n'appelait qu'à y revenir. Oui, elle avait cédé et maintenant l'embrassait avec une douceur que l'on ne pouvait pas imaginer de la part de celle qui l'aurait tuée de ses propres mains et de sang froid quelques secondes plus tôt. |
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Mar 20 Nov 2012 - 16:03 | |
| Mémoire ne craignait pas la douleur, elle était une vieille amie ; on ne traversait pas un désert, seule et sans monture, sans souffrir. On n'affrontait pas un sombre comme Tebirahc sans souffrir. On ne supportait pas son fardeau sans souffrir. Aussi, sous les attaques répétées et puissantes de Johann, la Gardienne fit exactement ce qu'elle savait faire le mieux : endurer en silence. Elle n'offrit pas à son agresseur la joie de se débattre. Elle gémit sous la violence de sa chute mais ce fut tout. Elle savait, de toute façon, que le cavalière ne pouvait pas la tuer. Elle n'avait rien à craindre, rien d'autre que la souffrance et ce n'était pas les coups de la dragonnière qui allait l'effrayer. Elle ne pouvait pas en dire de même pour ce lien qui s'était reformé sans raison. Certes, cela lui évitait le pire, mais c'était bien peu cher payer au final. Johann n'aurait jamais dû pouvoir atteindre sa cible, elle aurait dû être affalée au sol, plongée dans un sommeil qui n'avait rien de naturel et cela aurait dû rester ainsi jusqu'à ce que la Gardienne se fût assez éloignée pour leur sécurité à tous les deux. Il y eut un moment de flottement, durant lequel Johann sembla se figer, indécise. Mémoire tourna lentement la tête vers elle mais garda le silence. Elle aurait pu tenter de s'expliquer, bien sûr, mais elle savait la chose inutile. L'humaine ne la croirait pas, tout simplement ; elle était persuadée d'avoir à faire à un monstre sans état d'âme, pervers et cruel. Pourquoi Mémoire se serait-elle exilé si loin de tout, sinon pour la pourchasser et la plonger encore dans elle ne savait quels affres ? Non, parler avec Johann était inutile. La seule chance de la Gardienne demeurait de briser le lien au bon moment avant de disparaître. Johann eut alors la dernière réaction à laquelle aurait pu s'attendre Mémoire, qui ne sut comment réagir. Le lien s'imposa alors à elle, avec tous les effets pervers qu'il charriait. Il balaya la douleur et emporta tout avec lui. Il ne pouvait la voir, mais il savait la toucher. Jamais Katalina n'avait ressenti pareilles sensations. C'était comme s'il réveillait chaque pouce de sa peau, chaque caresse était étudiée, chaque effleurement servait le même dessein et, par les Cinq, le servait bien. Jamais elle ne s'était sentie si vivante. Quand ses lèvres s'attardèrent sur le galbe de ses seins, elle se sentit frissonner de la tête au pied et tout son corps réagit en conséquence. Elle sentait son désir monter, comme jamais auparavant, comme une vague contre laquelle elle ne pouvait lutter. Elle ne le voulait pas, d'ailleurs, qui l'aurait voulu ? Un gémissement filtra de ses lèvres étirées en un sourire extatique alors qu'il s'aventurait au plus proche de son intimité et elle se cabra légèrement, l'invitant à continuer plus encore. Sous l'assaut trop plein de douceur des lèvres de Johann, c'était comme si toutes les défenses de Mémoire s'effondraient une à une. Elle se surprit à répondre, l'espace de quelques secondes. Exacerbée par le lien, le plaisir qu'elle tirait du baiser interdit ramenait à la surface des souvenirs auxquels elle avait renoncé. Elle se souvenait de tout ; de l'amour qu'elle avait pu porter à Aerandir mais aussi de la douleur qu'elle ne s'était jamais permise de ressentir quand ils l'avaient quittée, elle et sa fille. Avec une douceur qu'elle n'avait jamais connu, il écarta ses jambes et elle le laissa faire, ronronnant presque face à la promesse de son désir bientôt satisfait. Elle le voulait, comme jamais elle n'avait voulu un homme. Il n'était presque plus questions de sentiments ; il s'était joué d'elle et avait allumé un brasier qui la consumait. Plus qu'amour, Katalina n'était que désir. Désir entretenu, désir contrarié, désir différé. Mais quand il s'immisça en elle, elle goûta enfin à cette jouissance qu'il avait voulu faire naître. Elle lui avait intimé de continuer. Les souvenirs de ses ébats avaient beau occuper une place prédominante dans son esprit, Mémoire ne pouvait ignorer d'autres souvenirs, bien plus cruel. Tiraillée par le désir et la douleur terrible de finalement se rendre compte de ce qu'elle avait perdu, elle senti ses joues se tremper en même temps que son intimité. Si Johann avait voulu la torturer, elle n'aurait pas eu à s'y prendre autrement et la dragonnière pouvait sans l'ombre d'un doute avoir une idée de la douleur de sa victime au travers du lien. Sonnée, endeuillée, finalement vaincue, Mémoire s'abandonna aux sévices sans réellement y céder. Incroyablement passive, elle laissa libre court aux envies de Johann. Une part d'elle voulait imaginer qu'Aerandir revenait d'entre les morts pour la combler.
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| | | Johann
Ancien
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Mer 21 Nov 2012 - 22:57 | |
| Un simple baisé de quelques secondes pour satisfaire cette envie grandissante, baisé qui en appelait un autre et qui relançait l'écho du venin des chaleurs dans son corps, pourtant l'esprit était encore présent, ici ou là, en train de revenir doucement à la charge pour dire "Stop, tu ne peux pas faire ça." jusqu'à se faire entendre et lui faire doucement reculer le visage pour se décoller des douces lèvres de celle qu'elle venait d'embrasser. Mais un esprit déjà affaiblis par ces périodes ne peut pas facilement résister au rendu des premiers gestes quand la gardienne lui répondit de la même manière, faisant céder une des barrières érigée pour le contrôle du lien...
Les réminiscences prirent d'assaut cette brèche pour les faire vivre à la partenaire, mais d'une autre manière, guidant ses mouvements avec une précision extrême, ses mains guidées par la même envie et la magie qui avait opérée à l'époque et dont il semblait encore rester des traces. Ses mains s'abandonnèrent sur le corps passif de leur victime, le caressant délicatement, cherchant à le faire vibrer sur la même note que la "fois précédente", commençant à la défaire discrètement de ce tissus gênant qui empêchait les mouvements pour faire doucement descendre ses lèvres jusqu'à la poitrine de celle-ci, faisant grandir son envie et le plaisir qu'elle pouvait en ressentir en même temps que sa partenaire dont le corps ne pouvait résister plus à l'appel de cette chaleur qui s'intensifiait et faisait écho entre leurs corps qui se réclamaient, ses mains se faisant de plus en plus présentes autour de l'entrejambe, cherchant à motiver d'autant plus.
Cette chaleur se faisait de plus en plus présente à son entrejambe, lancinante et plaisante au rythme des battements de son cœur accompagné d'une respiration lente, parfois entrecoupée d'accoups comme si quelque chose était retenu. Jamais elle n'était allée aussi loin, se faisant rejeter la première fois et s'isolant réellement les suivantes ou elle avait réussis à se contrôler. Mais là c'était différent, et ces préoccupations étaient maintenant loin de son esprit. Elle se colla au plus près de la gardienne au moment fatidique ou elle l'accompagnait dans...
Dans ?! Là, ce fut le blocage pile au moment ou la réminiscence infiltrée se faisait plus... Masculine. Un blocage qui calma ramena son esprit à la réalité quelques secondes, assez pour lui faire prendre conscience de ce qu'elle faisait. Et ce qu'elle faisait était... "Mal", "Pas naturel", "Pas elle", "Pas..." Pas bien ! Il était inutile de préciser plus, et bien que les faits étaient encore là, l'envie ne l'ayant pas quitté et son corps continuant à se mouvoir dans ce sens là, jusqu'à la reprise de contrôle et la réaction qui allait avec : essayer de se dépêtrer de cette situation en tentant de rompre le contact et de se défaire de cette "étreinte" qui n'appelait qu'à continuer, diminuant ainsi la puissance des mouvements, comme s'ils souhaitaient être arrêtés.
"Stop, nous ne devons pas..." sa voix était faible, presque comme aphone d'excitation, coupée par une perte de souffle. Une faible résistance alors qu'elle ne pu s'empêcher de l'embrasser de nouveau alors qu'elle commençait à réussir à s'éloigner un peu."...continuer." |
| | | Le Vaisseau de la Voilée
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Ven 23 Nov 2012 - 11:45 | |
| Avec le recul, Katalina devrait sans l'ombre d'un doute remercier Johann ; car c'était bien grâce à son intervention que la Gardienne avait pu s'arracher au marasme érotique dans lequel elle s'était laissée piégée. Quand, transcendant le souvenir, son corps avait commencé à le ressentir, Mémoire avait baissé les armes. Tout semblait si vrai, il était de retour et prenait à nouveau soin d'elle, elle sentait à nouveau ses mains, sa langue, sa peau sur la sienne et elle se rendait compte qu'elle n'avait attendu que cela. Décuplée à l'infini par le lien, l'envie avait balayé Nisétis, avait balayé la douleur, avait balayé Aerandir. Il n'était resté plus que ses sensations délicieux qu'elle avait oublié. Elle avait gémi, elle s'était offerte, vivant son souvenir jusqu'à oublier que tout c'était déjà déroulé. Bien entendu, la dragonnière avait commis des erreurs, il était impossible de reproduire à l'identique ses propres gestes, a fortiori ceux d'un autre. Au delà des protagonistes, c'était l'environnement tout entier qui n'était pas le même. L'air sec et chaud des Terres Stériles remplaçait difficilement la fraîcheur d'une chambre plongée dans l'obscurité, la roche faisait un bien piètre matelas, il y avait des milliers de détails qui venaient trahir l'horrible mascarade dont elle était victime ; qu'importait, Mémoire faisait tout son possible pour ne pas les remarquer. La voix rauque de la cavalière, cependant, était trop éloignée du ton grave et mélodieux du Gardien chanteur. Les sonorités discordantes de ce râle infâme brisèrent l'illusion et charria, lui aussi, son lot de souvenances. La douleur irradiait son cœur et lui coupait le souffle, mais le plus éprouvant n'était pas de sentir le sombre ravager son intimité de ses assauts puissants. Se faisant complice de l'horreur, l'eau infiltrait sa gorge et remplissait ses poumons. Katalina voulait hurler, mais elle ne le pouvait pas. Hurler, c'était mourir. Hurler, c'était de se noyer. Elle se débattait mais savait ses tentatives vaines. Elle voulait pleurer, mais elle ne le pouvait pas. On ne pleurait pas sous l'eau. On étouffait en silence, dans l'indifférence. Elle sentait la main appuyer sur son dos, elle sentait ces doigts sur sa peau nue et elle avait l'impression qu'ils la brûlaient. Ils étaient le marteau et l'enclume, ils étaient cette prison dans laquelle elle mourait, elle en était persuadée. Pourtant, ils disparurent soudainement et, muée par un instinct de survie exacerbée, elle tenta de remonter à la surface. Grand seigneur, son agresseur prit à pleines mains ses cheveux à la base de sa nuque et la tira hors de l'eau. Alors elle put hurler. Alors elle put pleurer. Mais le pire fut l'entendre parler. Sa voix était rendue rauque par l'effort et le plaisir malsain qui montait. Elle avait oublié ses paroles, elles avaient été emporté par l'eau qui était venue, à nouveau, fouetter son visage. Mais elle n'oublierait jamais le ton. Un nouveau gémissement filtra des lèvres de la Gardienne, mais il n'était messager d'aucun plaisir. Il n'y avait que l'horreur. Johann aussi devait subir les réminiscences qui assaillaient la Gardienne et ces derniers devaient malmener son désir. Après tout, n'était-elle pas femme, elle aussi ? Une nouvelle vague vint frapper l'esprit de Mémoire, qui se laissa emporter. Les ébats des deux amants n'étaient empreints d'aucune douceur. Gênés par ces corps qui n'étaient pas les siens, c'était comme si le plaisir restait hors de portée. Mémoire aurait aimé qu'il en allât de même pour elle, mais il n'en était rien. Elle ressentait, jusqu'au plus profond de son être, les assauts du Guerrier. Elle voulait hurler, mais elle ne le pouvait pas. Son corps ne lui appartenait plus. On lui avait ravi une nouvelle fois et elle était condamnée à le savoir offert, sans qu'elle n'ait pu rien dire. Le pire était peut-être de les entendre. Parfois, l'un parlait, la voix rauque. L'espace d'une seconde, Katalina comprit très précisément ce qui lui arrivait. Malmené par ses souvenirs, le lien trembla et le désir mourut de lui-même, faisant par la même occasion voler en éclat l'illusion que pouvait être Mémoire. L'esprit clair et horrifié, la Gardienne hurla, de ce hurlement que par deux fois on lui avait refusé. Pas une troisième, pensait-elle rageusement. Non, pas une troisième. Alors la Gardienne concentra tous ses pouvoirs et ce fut le chaos. De la glace. Il y avait de la glace partout. Elle recouvrait, çà et là, les murs et le sol. Quelques pics s'échappaient dangereusement de ces surfaces lisses qui, quelques secondes plus tôt, n'étaient encore que sable et poussière. Sous Johann, Katalina avait disparu. Restait un bloc de glace, singeant sa silhouette avec une précision comparable à celle des gestes de Johann imitant les caresses expertes d'Aerandir.
Son corps était devenu son ennemi et son esprit le seul rempart à l'infamie. Comme Johann avant elle, Katalina devait lutter contre des vagues de désirs qui n'étaient pas les siennes, mais la comparaison s'arrêtait là. Car Mémoire n'était plus. La Gardienne que Tyra avait façonné pendant huit longues années n'avait pas supporté les assauts portés involontaire de la dragonnière. Pendant ses longues années de solitude, Katalina avait tout fait pour ne pas penser à ce qui pouvait la fragiliser. Elle était devenue Mémoire, cette femme distante que rien ne pouvait atteindre. Tout ceci était du passé, désormais, les digues s'étaient rompues et le contre-coup n'en était que plus violent. Comment elle avait fait pour s'extirper des griffes de Johann serait délicat à expliquer, l'importait demeurait néanmoins que la chose ne s'était pas faite sans en payer le prix. Déboussolée par le lien et ses effets néfastes, affaiblie par une dépense d'énergie non maîtrisée, ralentie par une cécité qui ne lui avait jamais paru si handicapante, elle était comme une animale acculée. Elle avait trébuché trois fois déjà et à chaque fois, son pouvoir s'était presque libérée de lui-même, envoyant une salve meurtrière dont l'unique trace visible avait été une fine pellicule de glace sur la poussière aux alentours. Johann avait tout le loisir de sentir le désespoir dans lequel sa victime était plongée. Si elle avait voulu une vengeance, elle la tenait. Le déluge d'émotions négatives qui avait inondé le lien lui avait sans doute permis, d'ailleurs, de retrouver ses esprits et son contrôle. Katalina, quant à elle, était bien déterminée à ne plus le perdre, quitte à geler sur place quiconque s'approchait trop près. Quitte à se geler elle-même.
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| | | Johann
Ancien
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Jeu 29 Nov 2012 - 22:31 | |
| Les corps avaient cédé, sous les assauts de ce poison qui coulait dans leurs veines. Cette douce chaleur les irradiait maintenant, en appelant encore plus jusqu'à ce qu'elle s'arrête d'elle même après avoir obtenu satisfaction, ou alors quelques jours le temps qu'elle décide d'attendre patiemment pour un autre cycle. Mais tout ça fût rompu par un évènement plutôt inattendu, lié à la compagne d'infortune dont les souvenirs remontaient brutalement à la surface alors que les gestes se faisaient plus aventureux.
Heureusement pour la santé mentale de la dragonnière, le lien n'était pas des plus forts, et une partie des images s'étaient envolées dans le néant, ne lui faisant subir qu'une petite partie de leurs assauts dévastateurs. Puis les conséquences de ceux-ci se firent sentir... L'air s'était brutalement rafraichit et la magie avait fait son effet, éjectant violemment Joh de sa "monture" lui faisant presque perdre le sens des réalités, entre son esprit tout retourné parce qu'elle venait inconsciemment de faire et le choc physique subit... Ce n'est que quand sa vue s'éclaircit doucement qu'elle comprit ! L'explosion magique avait tout gelé l'histoire de quelques heures, rendant la zone glissante et dangereuse par des pic de glace se dressant de-ci de-là dans ce qui n'était avant qu'un tas de poussière, gravas et sables de la cité en ruine. A la place de la compagne ? Une statue de glace, alors que cette dernière s'était enfuie sans aucune discrétion...
Le lien était toujours présent et ce n'était pas dur de sentir sa présence et il était hors de question de la laisser s'enfuir avec une telle instabilité. Elle agirait comme une balise magique pour les drows et autres visiteurs non souhaités qui pouvaient passer par ici, et en profiter pour la retrouver par la même occasion et lui faire subir un sort peu enviable qui la briserait pour de bon, et malgré ce qu'elle lui avait déjà fait subir, elle ne pouvait que la faire ramener par plus gros et plus puissant qui l'endormirait si nécessaire.
La fuyarde n'avait pris que très peu d'avance quand la créature ailée avait finie par la rattraper. Elle se manifesta pacifiquement dans un premier temps, presque pour la forcer à reprendre conscience de qui elle était et de son état. Malheureusement, l'effet escompté ne fut pas au rendez-vous avec une preuve assez concrète d'une couche de givre commençant à se former sur la carapace d'or de la dragonne en question. Aux grands mots... C'était la première fois qu'elle l'utilisait sur quelqu'un, et surtout sans lésiner sur la volonté d'écraser son adversaire pour qu'il ne fasse plus de mal à personne : Un souffle puissant mais doux vint quasiment ébouriffer la Gardienne, la calmant dans un premier temps allant jusqu'à lui faire perdre connaissance, l'envoyant vers le pays des songes dans un sommeil apaisé.
Lors de la réception, Joh avait presque pris correctement soin d'elle, la portant vers ce qui semblait être une couche de fortune, avec couvertures afin d'isoler du froid de la nuit et un abris de toile afin de protéger de la chaleur de la journée. Bien entendu, pendant cette étape d'installation quelques caresses et même un baisé furent déposés sur les lèvres de l'inconsciente, l'appel vers celles-ci étant toujours présent et encore plus présents en face de cette fragilité. Joh répondit d'ailleurs aux grognements de désapprobation de l'or par une sorte de sourire gêné signifiant clairement "Comme si tu m'avais laissé le choix."
Une heure s'était maintenant écoulée depuis que la Gardienne avait perdu connaissance, et presque autant de temps qu'une dragonne d'or veillait sur elle pour éviter un réveil trop brutal qui pourrait blesser ou tuer sa dragonnière qui patientait maintenant non loin de là en préparant une sorte de tisane à base d'herbes odorantes... Préférant s'occuper les mains utilement que d'attendre à se morfondre en position fœtale à cause de ses actes qui n'avaient rien de véritablement enviables pour le moment. |
| | | Le Vaisseau de la Voilée
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Jeu 13 Déc 2012 - 1:45 | |
| Quand les bourrasques provoquées par les ailes du dragon avait manqué soulevé Katalina du sol, la Gardienne s'était crue perdue. Sans même qu'elle n'en eut réellement conscience, ses pouvoirs s'étaient attaqués à la bête, mais de façon si instinctive qu'elle en fut totalement inutile. La glace recouvrit certes les écailles de l'or, mais si elle avait eu la moindre chance de pouvoir réfléchir, nulle doute que l'humaine se serait attaquée en premier lieu à la gueule. Qui n'avait jamais entendu parler du brasier que ces créatures infernales pouvaient faire naître du fond de leur gorge ? Mémoire avait certes affronté le Premier Feu, les impressionnantes brûlures qui couraient sur son côté droit en témoignaient, mais elle ne se serait jamais risqué à se laisser piégée sous le souffle d'un reptile volant. Quand le souffle chaud de la créature fouetta son visage et ébouriffa sa crinière, qu'elle avait pourtant fort impressionnante, elle tomba à genoux et attendit ; elle se sentit libérée, tout simplement. Face à ce qu'elle pensait être sa mort, plus rien n'avait d'importance et ses chaînes volaient en éclat. Tyra sembla s'effacer de son esprit, la laissant seule avec ce moment qui n'appartenait qu'à elle, et elle l'en remercie dans un ultime sursaut de conscience avant de simplement s'effondrée. La suite ne devait appartenir qu'à Johann. Complètement anesthésiée par le pouvoir apaisant de Néra, Katalina profita d'un sommeil sans rêve et d'un repos comme elle n'en avait plus connu depuis qu'elle avait séparé sa route de celle de Tebirahc.
Se réveiller fut difficile. Accepter qu'elle n'était finalement pas morte et que ses fardeaux demeuraient sien fut une épreuve qu'elle surmonta sans broncher. Pour autant, elle ne put s'empêcher de regretter cet instant de pur paix durant lequel elle avait cru son heure arrivée. Cette pensée était on ne pouvait plus suicidaire et c'était là un bien amer constat que de se rendre compte que l'on s'était résignée à ne plus vivre. Pis, qu'on l'avait voulu. La deuxième épreuve fut le viol que représentait encore le lien. Toujours présent, il était comme un insecte grouillant dans ses pensées, elle le sentait s'accrocher à son conscient et fouiller son subconscient. mais contrairement aux événements qui avaient suivi son rétablissement, Katalina avait l'esprit apaisé et Johann ne la frappait pas. Aussi, son premier réflexe fut-il de s'isoler complètement avant de se laisser submerger à nouveau. Elle le sentit lutter contre ce musellement mais elle ne s'autorisa pas de faiblir. Après tout, elle l'avait déjà fait et elle le refit avec succès. Sans le briser encore, elle parvint à se soustraire à son influence. En l'espace d'une seconde, elle se retrouva finalement seule avec ses pensées et poussa un soupir de soulagement ; soupir qui constitua sa première réaction notable. Un détail attira cependant très vite son attention : elle était réellement seule avec ses pensées, alors qu'elle avait toujours senti la présence de Tyra depuis son élévation. Cette révélation lui coupa le souffle et elle n'osa pas bouger. C'était trop contre nature, trop inattendu... Elle l'avait longtemps espéré, mais elle avait perdu tout espoir et n'arrivait dès lors pas à s'en réjouir. Il se passait quelque chose, elle ignorait quoi et elle craignait pour la suite. Malgré tout, elle n'en demeurait pas moins sur le qui-vive. Elle imaginait Johann non loi, sans doute accompagnée de Néra, et n'ignorait pas qu'elles avaient toutes les raisons de lui en vouloir. C'était pour cela qu'elle ne s'était « que » soustraite au lien, il était pour le moment sa seule assurance de rester en vie. Finalement, elle décida de laisser l'initiative à sa cadette et resta parfaitement immobile sur sa couche.
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| | | Johann
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Sam 5 Jan 2013 - 18:27 | |
| Elle s'était réveillée. Il n'y avait pas besoin de le voir pour le savoir, le lien l'avait prévenue avant toute manifestation de la gardienne. Elle aurait préféré être morte ? Joh aurait aimé la même chose pour elle ! Comme quoi leurs souhaits mutuels n'était certainement pas si éloignés les uns des autres. L'une pour avoir la paix et l'autre pour se venger, même si sa "conscience à écaille" n'aurait pas trop apprécié et lui aurait rappelé l'acte autant de fois que nécessaire. Enfin là n'était pas vraiment le sujet, car pour le moment la tuer n'était pas la chose la plus facile qui soit, même si elle aurait fait une proie parfaite.
Enfin... Il était maintenant tant de lui secouer les puces au lieu de la laisser se prélasser dans ses affaires comme le parasite qu'elle était. Néera s'était approchée, comme pour intervenir au cas ou les choses ne dérapent. Joh quant à elle y était allée avec sa douceur habituelle pour forcer le parasite à se lever : Un coup de pied dans les côtes ! Il n'y avait rien de mieux que ça pour forcer quelqu'un à sortir de sa couche et le forcer à se relever, surtout en répétant l'opération, ce qu'elle n'hésiterait pas à faire si la gardienne ne réagissait pas rapidement.
"C'est bon, ça suffit tu as assez profité de ma patience."
Une patience ? Quelle patience ? Celle de ne pas encore l'avoir égorgée comme une chienne ? Si on pouvait considérer ceci comme de la patience... Enfin... Il y avait aussi un peu de culpabilité d'avoir fait ca, peut-être juste dans la culpabilité égoïste de s'être salie ainsi sur "ca" et de ne pas s'être retenue. Une sorte de déception personnelle pour un combat perdu contre elle même. Enfin, là n'était pas encore le sujet, ou plutôt pas du tout le sujet ! Elle encaisserait et garderait ca pour elle certainement jusqu'à sa mort !
"Prends et bois, ca calmera tes ardeurs et tu pourra essayer de les contrôler." Dit-elle en lui tendant un godet fumant remplis d'une sorte de tisane qui devait avoir un gout aussi horrible que son odeur. "D'un coup sec, sinon ca ne passera jamais."
Le ton était tout aussi sec, elle lui donnait effectivement un ordre, pour éviter que les choses ne se reproduisent à l'identique, car avec dans le secteur une dragonne hormonale qui involontairement essayait d'attirer tous les mâles en rut de la région... Les choses ne pouvaient pas se dérouler pires.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Mar 8 Jan 2013 - 21:24 | |
| Rarement Katalina s'était sentie aussi mal ; c'était comme plonger dans l'eau glacée après avoir éviter de s'approcher du lac gelé de toutes ses forces. La Gardienne demeurait certes immobile, mais cela ne voulait pas dire qu'elle restait inactive et pour l'heure, tous ses efforts se tournaient vers l'oubli. Des années durant, la serramiroise s'était complu à chasser des images qui, en une terrible vengeance, l'assaillaient désormais. Magnifiées par le lien qui rendait tout plus pénible, les réminiscences lui avaient paru aussi véritables que si elles lui eussent été réellement infligées. Aussi accueillit-elle avec un grognement étouffé le coup de botte de sa tortionnaire ; la réalité, si elle ne lui parut pas plus pénible que ses fantômes, ne semblait pour autant pas vouloir la laisser en paix. La vérité, c'était que Katalina avait peur. Elle sentait Johann et Néra à ses côtés et savait le danger que cela représentait. Rendue groggy par le souffle de l'Or, effrayée et dégoûtée par les images qui dansaient devant ses yeux, elle n'en perdait pas sa lucidité. La douleur qui mangea son côté et vola son souffle suffisait, de toute façon, à lui rappeler l'urgence de la situation. Le lien demeurait toujours en place. Plus pour longtemps, pensait-elle, mais néanmoins dangereux encore. Elle-même faisait une proie facile : elle avait certes, l'inconscience aidant, pu recouvrer son calme mais elle restait une proie facile pour un dragon, toute Gardienne qu'elle fût, s'il lui prenait la fantaisie de se libérer sur l'instant. Libérée de la menace de mourir avec sa victime, Johann n'hésiterait pas et Katalina doutait de pouvoir la repousser. Se redressant péniblement, la Noblegriffon tâcha d'ignorer les assauts du lien. Elle sentait le désir de Johann — à moins que ce ne fut le sien, elle n'aurait su le dire — tenter engloutir sa raison mais pour l'heure, elle gardait l'esprit clair. Elle ne pouvait guère se lever, certaine que ses jambes la lâcherait dès l'instant où elle esquisserait le moindre pas, mais ce n'était pas son souci premier. Il lui fallait d'abord tâcher de sonder les réactions de la capitaine déchue et voir jusqu'où elle était prête à aller. En réalité, elle se surprenait par son calme et son détachement ; sans doute jouissait-elle des effets du souffle de Néra, à moins que l'urgence de la situation ne l'aidât à mettre de côté tout le reste. Dans un cas comme dans l'autre, elle savait pertinemment que le retour de bâton serait à la hauteur de ses craintes. Sa réaction quand ses doigts effleurèrent ceux de Johann en même temps que le godet brûlant — elle trembla et si son interlocutrice put sans doute se méprendre, ce n'était pas de désir mais bien de dégoût — le lui prouva bien suffisamment. Elle porta la tisane à ses lèvres avant de se figer. Ce n'était pas tant l'odeur qui la dérangeait que ce qu'elle pouvait dissimuler. Katalina n'allait certainement pas faire confiance à Johann, ce mot n'avait plus de sens entre les deux femmes. Surtout, elle savait la guerrière plus endurante qu'elle physiquement et ne tenait pas à souffrir encore. La dragonnière était assez tordue pour profiter d'un quelconque état second et se défouler en la frappant, faisant fi de la douleur pour mieux apprécier la torture. Aussi posa-t-elle la décoction au sol et redressa le visage, posant deux yeux morts sur un visage dont elle était contente de ne pouvoir voir l'expression. « C'est inutile. Laisse moi quelques instants et amène moi mon bâton. Je partirai et, quand j'aurai mis une distance raisonnable entre ta colère et ma faiblesse, je briserai le lien. » Elle marqua une pause, détournant le regard avant d'ajouter : « Ensuite, tu n'entendras plus jamais parler de moi. »
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| | | Johann
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Mer 9 Jan 2013 - 18:38 | |
| Elle refusait le godet et en plus voulait partir dans cet état avec le lien établit ? Elle devait soit être folle, soit complètement stupide pour penser que Joh allait accepter une telle idiotie. Et si elle se faisait attraper par une peuplade sauvage de la région ou pire encore par des drows alors que lien était encore présent ? Autant l'idée du viol que de la mort lui effleura l'esprit avec les conséquences qui y étaient liées.
Le lien était d'ailleurs toujours aussi fort, et malgré sa tentative de contrôle la gardienne restait toujours un livre ouvert qui restait impossible à fermer. Il avait fallut plus d'une année à Joh pour le maitriser, ça ne serait pas en 2heures que le parasite allait le faire. Elle ressentait son pseudo désir, son dégout, sa peur mélangés au fouillis qu'était l'esprit embrumé de la gardienne le tout essayant de se mêler avec ses propres sentiments et ceux de Néra. Mais au moins elle pouvait faire la différence entre tout ça, limiter l'échange dans un sens unique pour que la gardienne ne voit pas ses intentions et ainsi comprendre voire accentuer ce qu'il y avait à retenir : la peur. Oui, Joh et Néra lui faisaient peur, et en soi, c'était déjà une victoire. Celle de mettre la gardienne à genoux et de lui faire craindre pour sa vie, elle qui était si sûre d'elle au point d'utiliser les personnes comme de simples marionnettes se débattant entre ses doigts crochus.
Joh se doutait de la raison pour laquelle la gardienne voulait procéder ainsi et surtout ne touchait pas à ce qu'elle lui avait donné. Pensait-elle réellement qu'elle s'abaisserait aussi bas ? Non, elle avait une certaine déontologie, et une vengeance se prenait par un moyen simple : avec une épée ou encore les poings et surtout pas un poison quelconque avec une victime inconsciente. Et oui, si elle avait voulu la passer à tabac jusqu'à ce que la douleur s'estompe avant de recommencer elle aurait très bien pu le faire sans aucune forme de procès.
"Si tu crois que je vais te laisser partir comme ça et prenne le risque de te voir capturée, tu te mets le doigt dans l’œil." Le ton n'avait rien d'amical. "Si j'avais voulu te faire quoi que ce soit je l'aurais déjà fait, donc au lieu de me prendre pour une psychopathe, bois, fais ce que tu as à faire et tire toi d'ici avant que je ne change d'avis."
Voilà qui était on ne pouvait plus clair. Dans son état la gardienne ne pouvait pas affronter le dragon d'or, et Joh le savait. Elle ne pouvait pas non plus repartir sans son bâton, mais ça, ce n'était pas son problème. Elle n'était pas sa servante et si elle le voulait elle devrait se débrouiller toute seule. Après, si la gardienne ne cédait pas à ses exigences, elle pouvait très bien lui faire comprendre quasiment en image qu'il pouvait y avoir pire que la mort, car avec une dragonne d'or à proximité il pouvait être très dur de mourir même en perdant une jambe ou deux, même si en temps normal ces probabilités n'avaient que peu de chance de se produire... Autant sortir le grand jeu ! |
| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Mer 9 Jan 2013 - 21:51 | |
| Les paroles de Johann ôtèrent ses derniers doutes à Katalina : non, Johann ne la laisserait pas simplement partir et se mettre hors de danger. Elle voulait la voir briser le lien devant elle et pourquoi, sinon pour se parjurer et l'attaquer ? La Gardienne n'avait pas besoin de traverser la moitié des Terres Stériles pour se sentir en sécurité, simplement d'éloigner le bras vengeur de celle qui avait juré plusieurs fois de la tuer. À peine sortie des ruines, elle aurait fait son office... mais elle savait très bien que l'expliquer à la principale concernée ne servirait à rien. Il n'y pouvait y avoir aucune confiance entre les deux femmes et, force était de le constater, la situation était pour le moins bloquée. Malheureusement et même si se l'avouer était pénible, elle n'était guère en position de force. Affaiblie par sa dépense d'énergie irraisonnée autant que par la réminiscence de souvenirs dont elle se serait plus que passer, elle était à la merci du lien. Il était donc dans son intérêt de le briser. Poussant un soupir, Katalina décida que le pari pouvait être pris. Briser le lien ne se ferait sans doute pas sans mal, surtout au vu de la façon dont il s'était rétablie et cette fois-ci, elle aurait l'avantage de ne pas être prise par surprise. « Très bien. Fais silence, en ce cas, » ordonna-t-elle avant de fermer les yeux et de ne plus bouger. Elle se prépara mentalement au choc. Alors seulement, elle se saisit du lien et le brisa ; elle le fit sans le moindre soin. La douleur explosa dans sa tête en même temps que le lien cédait finalement et elle entendit le grognement et de Johann et de Néra qui témoignait de leur gênes. Elle fut, comme prévue, totalement à la merci de la moindre attaque pendant un temps mais la douleur reflua bientôt sans qu'elle ne fut victime d'une agression. Ses défenses s'érigèrent a nouveau, certes affaiblies par la violence des récents événements, mais néanmoins celles d'une Gardienne. « C'est fait, » lâcha-t-elle, énonçant l'évidence. Elle avait cruellement besoin de son bâton, désormais, elle aurait bien du mal à marcher sans lui. Qu'il lui tardait de laisser ce douloureux épisode derrière elle... et d'essayer de se reconstruire. Elle en était persuadée, la chose allait être longue.
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| | | Johann
Ancien
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Dim 13 Jan 2013 - 21:24 | |
| La gardienne céda à la demande, non sans y réfléchir à deux fois. Mais au final avait-elle le choix ? Fallait-il encore qu'elle puisse le faire doucement... Chose qui devait lui être inconnue à force de torturer les gens pour son bon plaisir. Elle grogna de douleur, en cœur avec Néra quand la gardienne se sépara du lien comme une brute, un peu comme en guise de vengeances aux divers coups subis mais fut aussi accueillit comme une libération !
"C'est fait" Ces mots résonnèrent dans sa tête un peu comme une évidence. Évidence qu'il fallait mieux tester avant d'affirmer quoi que ce soit. Et quoi de mieux que les essais brutaux grandeur nature pour le vérifier ? La gardienne eut donc droit à un coup de pied supplémentaire qui contrairement aux fois précédentes ne se ressentit pas de l'autre côté.
"En effet, c'est fait" constata Joh.
Après, lui servir de toutou et la ramener de là ou elle venait... C'était pas elle qui s'était enfuie comme ça sans regarder derrière elle, complètement inconsciente ? Bon au moins Joh aurait la grandeur d'ame de lui indiquer la bonne route ! Elle attrapa la main de la gardienne pour désigner une direction avec le bras gauche de celle-ci.
"C'est par là ou nous nous sommes rencontrées." Puis avec l'autre bras "Là bas tu retournes vers des terres moins hostiles." Concernant ses affaires ? Katalina put sentir quelque chose être jeté juste à côté d'elle, avec entre autre son fameux bâton. "Maintenant tire toi et va pourrir la vie d'autres personnes."
Ah bah oui, sous cette colère apparente il y avait aussi un certain traumatisme, celui de s'être sentie de nouveaux violée de l'intérieur, mais aussi d'avoir cédé à la tentation à cause d'elle ! Pas une seule fois depuis la première elle ne s'était laissée avoir. Pas une seule ! Et il avait fallut que... En tout cas leur relation n'était pas prête de s'améliorer... Peut-être qu'un jour elles finiraient par s'entretuer pour de bon. Ou alors tout simplement se pardonner, mais ça, c'était plus du miracle dont ça relèverait.
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| | | Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
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| Sujet: Re: Lever le voile | Johann Mer 16 Jan 2013 - 7:42 | |
| Katalina ne demanderait pas son reste. Elle ne se sentait pas capable d'affronter un dragon et sa dragonnière ; elle n'en avait, de toute façon, aucune envie. Qu'importait ce qu'avait fait Johann ces dernières heures, la Gardienne n'oubliait pas ses propres fautes. Elle se souvenait aussi de leur histoire commune, de la façon dont elle avait rencontré la turbulente humaine, de l'aide qu'elle lui avait apporté pour parler à Trystan et de comment, en retour, sa cadette avait remboursé sa « dette » en allant la rejoindre dans le désert. En lui imposant de venir avec elle à Meca, c'était Katalina qui, à son tour, lui avait été redevable. Ce n'était certes pas d'une façon dont elle se sentait fière, loin s'en fallait, mais elle pensait désormais la boucle bouclée. Elle ne pouvait guère imaginer pire que le calvaire qu'elle venait de vivre, de fait. Droite et impassible, à défaut d'être fière, Katalina resserra la prise sur son bâton et, avec lenteur, commença à marcher. Ses jambes tremblèrent un peu et il lui sembla que le sol prenait un malin plaisir à se dérober sous ses pieds. Elle ne chuta pas, pourtant et ce fut sans un mot qu'elle disparut de la vue d'une Johann dont elle était bien décidée à oublier jusqu'à l'existence. Elle s'éloigna de la ville en ruine, sans avoir pu terminer son pèlerinage, et quand elle n'en put plus, plusieurs heures plus tard, elle s'effondra finalement, sa tête frappant durement le sol dur et sa bouche s'emplissant soudainement de poussière. Alors, seulement, elle pleura. Avant d'être engloutie par l'inconscience.
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