|
| Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] | |
| | Auteur | Message |
---|
Neo de Cléruzac
Humain
Nombre de messages : 192 Âge : 33 Date d'inscription : 21/07/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 38 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] Ven 15 Déc 2017 - 11:44 | |
| ‹‹‹ Bataille de Valmero •
| • À venir ››› |
Ruven | Un mois et demi plus tôt...
Une plume de vautour, immense, sur laquelle flirtaient trois couleurs, ou était-ce quatre ? C'est que leurs reflets bruns et sombres n'étaient pas les seuls que possédait cette délicatesse, il y avait du blanc voire du crème à l'aube de l'étendard, il y avait des couleurs rappelant les choses profondes ; la plume rivalisait de gravité autant par son apparence noble que par sa douceur incomparable. Neo s'imaginait devant la plume et son dégradé, celle-ci encore preste sur l'animal, la hampe dans l'épiderme. Il voulait ressentir le frisson des phanères alors que le vent les faisait siffler dans l'air de ce monde indocile. Il aimait souvent fermer les yeux et se projeter en altitude, du décollage au vol jusqu'à l'atterrissage ; deux heures pouvaient s'écouler dans ces méditations aériennes à travers lesquelles son esprit libre voguait encore et toujours... Passionné d'oiseaux il avait toujours voulu voler, les airs étant pour lui le souffle du monde, et c'est ainsi qu'il envisageait toujours chaque déplacement, chaque voyage, comme une migration pleine de sens. Très vite de fait, Neo avait volé de ses propres ailes, parcourant la Péninsule, découvrant le Zagazorn, choisissant enfin l'Itrhi-Vaan ; ainsi aujourd'hui était-il chef d'une fraternité d'Aegypius ou plus communément appelés les « vautours moines ». Lui et ses Frères étaient comme ces rapaces donc, la mort n'était guère loin de leurs sillages.
Le feu brûlait paisiblement lorsque pour alimenter la colère du Guerrier, les Jumeaux vinrent raviver les flammes. Les quelques bouts de buis sec instantanément s'unirent au rituel faisant danser de plus belle la source de lumière et de chaleur qui se dégageait du feu. Il repensa aux événements qui s'étaient déroulés un mois plus tôt à Thaar et sentit dans ses entrailles une drôle de sensation. Bien sûr qu'il avait eu le temps de faire la part des choses, bien sûr qu'il avait envie de raconter à ses frères le pourquoi de ses brûlures corporelles, le pourquoi du mystère, la rencontre du Seigneur...
Et il leur avait tout raconté, en détail, brûlant plume et remords.
♠♣♠
XIe Cycle • An 10 • Barkios de Printemps – et les jours chaleureux toujours plus s'ancrent, dans les discussions, les esprits, et l'ichor...
Le premier mois de printemps s'était écoulé en folles aventures, et les Aegypius qui n'étaient plus que huit frères, tristes mais radieux, avaient devant eux une panoplie de possibilités. L'une d'entre elle était de retourner en Ithri-Vaan, là ou leur réputation était faite ; troquer Thaar pour Naelis éventuellement ? Dans l'une ou l'autre ils continueraient les affaires, les missions, ou les arènes. Mais les Aegypius avaient-ils encore l'âge de s'amuser glorieusement ? C'était donc cette soif qui les faisait douter ; dès lors qu'ils avaient goûté nouvellement au grand martial souvenir, la guerre avait captivé dans un sens ces êtres. Ils voulaient renouer les liens et les racines. Des hommes résolus, des diables d'anges...
Au diable ! Au diable les futurs prévus, prévoyants et prévisibles ! S'ils devaient fouler à nouveau les terres estreventines, ils le feraient bien assez vite, pour l'heure ils profiteraient de leur séjour en Péninsule, rallonger celui-ci afin de prendre l'air frais de ces torrides contrées... Était-elle là, cette gloire escomptée ? Mais surtout, était-ce là le désir de Neo, indépendamment des autres ?
Neo se tenait droit devant ces hommes qu'il aimait tant, mais à qui il avait une dernière chose à avouer. Car s'il avait raconté sa rencontre avec Othar, qui vraisemblablement n'était pas la première, jamais il ne leur avait évoqué le moindre mot au sujet d'Erac, et du Grand Temple ; lieu sacré que tous connaissaient, évidemment. Si le Seigneur l'avait contacté par le biais spirituel, cela faisait bientôt un an que Neo avait été fait mandé par l'ordre, en Erac, le Haut-Prêtre Bertrand de Cléruzac voulait le rencontrer, lui l'Irascible, que tous connaissaient, était-il à ce point une légende ? Qui ne connaissait pas la Fraternité et ses glorieux guerriers, dans les histoires n'avaient pioché de l'espoir, tendre enfance bafouée. Neo, à part une réponse grossière et dénuée de toute cordialité – le silence –, n'avait plus évoqué la moindre convocation, il avait de fait relégué l'invitation au rang de vieux souvenir.
Le deuxième mois de printemps quant à lui avait été catégorique. Après le Sud et son lot de plaisir, les Frères se rendirent tous ensemble un peu plus au Nord, mais pas vraiment. Honorables guerriers que les Aegypius. Braves hommes. Ils l'avaient suivi. Ils étaient ses Frères après tout ; pour rien au monde le quitteraient-ils, ils n'avaient pas besoin de signer pour tenir une promesse. Une fois en ville, c'est avec le sourire qu'ils se séparèrent de leur Chef, trouver de quoi s'abreuver en attendant qu'il fasse ce pour quoi ils étaient venus.
♠
Erac, Grand Temple d'Othar,
– Bonjour, mon Père.
Il était arrivé à point nommé, parce que le Haut-Prêtre d'Othar, venait d'achever une tâche et s'apprêtait à en effectuer une autre. Neo avait été poliment conduit jusqu'au bureau de l'homme. Peut-être même que Bertrand de Cléruzac, le Champion, se souvenait vaguement de sa tête. Le guerrier d'Othar quant à lui n'arrivait pas à se remémorer du visage, jusqu'à ce qu'il le vit.
|
| | | Renaud d'Erac
Humain
Nombre de messages : 712 Âge : 47 Date d'inscription : 31/12/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 31 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] Jeu 21 Déc 2017 - 9:43 | |
|
5ème jour de la 1ère énéade de Barkios, 10ème année du 11ème cycle
Bertrand de Cléruzac était un homme vieux, enfin plus qu'un homme, il était le Haut Prêtre d'Othar, et protecteur du Grand Temple d'Othar à Erac. Véritable forteresse au sein même de la citadelle, l'endroit était truffé de chausses trappes, et de bastions pouvant être tenus pour une poignée contre une multitude. Au sein de ce site, l'on pouvait également voir sur les murs, des noms gravés, ceux des braves parmi les braves, ceux qui avaient mérités de faire partie de la Légion et n'ayant plus que pour unique but, maintenant que leur mort était survenue, que de trouver la prison de leur dieu tutélaire, et l'aider par tous les moyens possibles à s'en échapper. Bertrand avait souvent arpenté les salles, meublées de manière rudimentaires et renvoyant le côté spartiate de la vie au sein du Grand Temple. Le vieil homme était sur son lit en ce matin, et il se remémorait un instant son passé. Troisième fils d'une famille noble vivant au sein du marquisat de Serramire, faisant partie des trente, et à la frontière avec les Wandres, il avait dès son plus jeune âge, apprit à se battre pour protéger les biens de sa famille. Ne pouvant pas prétendre à l'héritage puisqu'il avait deux frères ainés, et de crainte que ses ambitions ne divisent la famille, son paternel l'avait dirigé vers les ordres. Et qui mieux qu'Othar pour un fils qui devait se battre. Guerrier accomplit dès son plus jeune âge, les Prêtres qui l'avaient accueillit, décelèrent rapidement son potentiel. Ils le modelèrent dès lors selon la vision qu'ils avaient, fervent praticien du culte, et allant de bataille en bataille afin de satisfaire son Dieu. Survivant de nombreuses campagnes contre les barbares, il commença à gravir les échelons de la prêtrise un à un, jusqu'à finir à la place qui était la sienne, et de commander l'ordre dans son entièreté.
D'ordinaire, il était toujours le premier à se lever, afin de montrer l'exemple. Il se dirigeait alors vers le centre du temple, où se tenait une arène qui voyait se battre les membres du culte, peaufinant leurs maitrises des armes, et pour s'aguerrir lorsqu'ils seraient appelés à l'extérieur, afin de ne pas faire honte à Othar sur le champ de bataille. Toutefois, depuis deux bons mois, ce n'était plus le cas. Bertrand souffrait, bien qu'il dissimule ses douleurs dès lors qu'il se trouvait en face de quelqu'un d'autre que de ces soigneurs. Il avait perdu beaucoup de poids, et il avait des douleurs thoraciques. Les quintes de toux qui ne manquaient pas de le rattraper, le pliait en deux, et il crachait régulièrement du sang. Un nom avait été mis sur sa maladie, il s'agissait de la tuberculose. Sceptique sur sa survie, la rumeur s'était rapidement propagée alentour. La seule variable était le temps qu'il lui restait, mais étonnement, il résistait comme le roc qu'il était. Le Grand Temple s'était alors peuplé plus qu'à son habitude, sans nul doute par certains vautours venus s'avilir pour prendre la place du malheureux. Bertrand s'agaçait de constater cela, d'autant plus que faire des courbettes n'était pas dans les préceptes d'Othar. Il faisait donc face aussi dignement que possible à son destin, et il disait à qui le lui demandait, qu'il attendait quelqu'un, mais qui ?
Une année auparavant, Le Champion avait envoyé un courrier à Neo Damaki, un guerrier qui avait atteint une notoriété de grande envergure en Estrevent. Bertrand voulait lui remettre une chevalière portant le sceau d'Othar, et le nommer Héraut. Celui-ci n'avait même pas daigné répondre à la requête, mais si cela aurait dû l'énerver, c'était tout autre. Un sourire avait accompagné ce manquement à toutes les courtoisies, alors qu'il suivait l'évolution de son poulain. C'est que l'homme, tout en montrant son désintérêt, voir son dédain, véhiculait les préceptes d'Othar sur son chemin. La maladie du Haut Prêtre étant apparue, une vision de son Dieu vint lui confirmer son choix, mais cela alla bien plus loin, et il comprit que c'était cet homme qui devait prendre sa suite, et diriger le culte après sa mort. Le problème était de le faire venir, et de savoir comment s'y prendre, mais Othar lui fit comprendre par le biais d'un rêve, que le destin ferait ce qu'il fallait. Bertrand ne savait pas que la divinité était également apparue à Neo.
Les Prêtres d'Othar étant de presque toutes les batailles, il ne fut pas très difficile de suivre les pérégrinations de Neo, jusqu'à apprendre qu'il était revenu en péninsule. Dès lors, le Haut Prêtre su que ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils se rencontrent. Il ferait donc face à la maladie jusqu'à ce qu'il franchisse le seuil du Grand Temple. Nombreux étaient ceux qui cherchaient à s'attirer les faveurs de Bertrand, espérant qu'il annonce le nom de son successeur avant de mourir, faute de quoi il serait choisit parmi les Grands-Prêtres lors d'un Conseil exceptionnel.
La journée fut épuisante pour le Champion, mais comme à son habitude, il fit montre d'une grande force, se tenant le plus droit possible, lorsque la toux, seule preuve de sa maladie qu'il ne pouvait dissimuler, ne le rabaissait pas. Il savait que Neo se rapprochait du Grand Temple, et il était persuadé que leur rencontre serait pour le lendemain. Bien entendu, personne n'était au courant de la vision de Bertrand sur son successeur, et le bruit courait qu'il s'agissait uniquement de nommer un nouveau Héraut. 6ème jour de la 1ère énéade de Barkios, 10ème année du 11ème cycle
Ce matin, Bertrand se leva très tôt, encore plus que d'habitude, et à l'étonnement de tout le monde puisque ce n'était plus le cas depuis bien longtemps. Il avait revêtu ses plus beaux atours en ce jour. Il avait fait comme à son habitude, supervisant l'entrainement des Prêtres, puis il avait demandé le courrier en attente, et il s'était dirigé vers son bureau. C'est la qu'on lui annonça l'arrivée de Neo. Bertrand, dans un moment de facétie, le fit attendre, juste pour marquer son agacement de n'avoir pas eu de réponse à son courrier, puis le guerrier fut introduit dans le bureau du Champion. Un bureau, une chaise derrière et deux devant, ainsi qu'un tableau relatant une bataille ancestrale, et une cheminée allumée, c'était tout ce que comptait la salle, dépouillée de tout luxe. Bertrand se tenait debout derrière son bureau quand la porte s'ouvrit sur celui qu'il attendait depuis longtemps.
Très droit, plein de prestance, le Haut Prêtre regardait avec intensité l'homme qui se tenait devant lui. Il ne répondit pas tout de suite, laissant le silence s'imprégner, gagnant en intensité. Puis il répondit, sa voix toujours ferme et rocailleuse
"Bonjour Neo, je suis content de te voir enfin. Suis moi, je te prie..."
Et puis le mythe se bisa lorsqu'une violente quinte de toux prit Bertrand.
|
| | | Neo de Cléruzac
Humain
Nombre de messages : 192 Âge : 33 Date d'inscription : 21/07/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 38 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] Ven 22 Déc 2017 - 15:06 | |
|
Le sang.
Coulait-il volatile, mécréant fugitif, sans se soucier des chaleurs qu'il laissait, délaissait ? Le sang était un traître que la peau n'avait pas su retenir auprès d'elle. Parfois il fuyait parce que l'heure était venue, parce que le corps avait subi, parce que les cycles se renouvelaient. D'autres fois, plus mesquin, il était annonciateur du pire. De fait, à la quinte de toux s'en suivit l'ichor du saint homme, souillant son poing et ses lèvres. Le rouge impromptu était trop flagrant sur ce rostre terne, ainsi le tableau rayonnait par la tristesse de la situation. Cette toux n'était pas une simple toux de changement de saison ou de coup de froid... C'était encore un coup porté au guerrier qu'était Bertrand. Un coup différent de tous les autres. Porté par une main différente. Il ne s'agirait plus de blessures ou de cicatrices, mais bien de phanères et de cieux. Ce n'était pas une épée et le coup d'acier qui expliquait ce sang versé ; plutôt une brusquerie à l'arme étrange, la maladie et ses revers.
En un seul regard les hommes firent se dévoiler de la scène une profondeur à en couper le souffle. Comment faisaient-ils tous au Temple, pour vivre autour de la mort elle-même, sans être tourmentés par sa puissante présence, car qui constante – depuis bientôt un an –, s'en venait irradier dans les yeux du guerrier, Bertrand de Clérusac ?
La quinte s'estompa enfin laissant derrière elle un goût indicible, mélange de fer et de sable, comme celui que gouterait un combattant au sol et pour dernières discussions, la fange... Dans l'air un flottement de doutes et de raisons, dans les têtes bien plus que cela, dans les regards un présent qui écrase. Vraisemblablement, c'était une autre bataille que menait cet homme, il menait une lutte, silencieuse, seul, et dans l'attente...
Le Haut-Prêtre redressa fier, menton et barbe, comme une bannière personnelle. Le sang collant aux poils faciales, le Champion barbouilla tout cela d'un revers de main de bougre qui ne se laisse point attendrir par sa propre déchéance. Neo qui n'était pas homme à se laisser attendrir non plus, néanmoins, parce qu'il était homme à sensibilité acquise, s'approcha de son supérieur. Il saisit le bras du Haut-Prêtre, puis les yeux dans les yeux, comme s'ils se connaissaient depuis toujours bien qu'ils ne se soient aperçus qu'une douzaine de fois en tout et pour tout, il dit.
– Êtes-vous mourant ?
S'il avait été, à ce point si dur – par simple vérité évoquée –, celle-ci ne semblait pas troubler de trop Bertrand, de fait il souriait à Neo, comme un père devant son enfant. Il était bien pâle sous poils et cicatrices, sa respiration semblait douloureuse, et les yeux creusés par la fatigue surlignant finement les humeurs. Le Haut-Prêtre de l'Ordre se laissa choir sur son siège, préférant pour le moment l'assise au déplacement. Pour l'heure il devait tout avouer à Neo, percer ainsi l'abcès qu'il avait fait naître en ce lieu de culte qu'était que le temple sous sa protection. Peut-être même que Neo avait des choses à lui dire, après tout il était venu de son plein gré, quelque excuse ou entité avait dû l'appeler ?
|
| | | Renaud d'Erac
Humain
Nombre de messages : 712 Âge : 47 Date d'inscription : 31/12/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 31 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] Jeu 11 Jan 2018 - 7:38 | |
| Quelle tristesse que la mauvaise santé, tout l'effet que Bertrand avait escompté imprimer à Neo avait été brisé par sa toux. Il s'était essuyé d'un revers de main, comme si de rien n'était, et avait redressé la tête, fier qu'il était, et désirant conserver sa dignité, mais il était très amoindrit, c'était un fait. Le nouveau venu l'avait retenu par le bras, Bertrand se libéra de sa prise, doucement, mais avec aplomb. Le gout du sang dans sa bouche lui rappela bien des souvenirs, mais c'était il y a quelques années en arrière, lorsqu'il sévissait sur les champs de bataille. Quelle ironie que d'avoir un rappel de la guerre par le biais d'une maladie qui finirait par l'emporter. Il sourit à Neo lorsque celui-ci lui demanda de but en blanc, sans l'ombre d'une émotion s'il était mourant. Non pas qu'il était joyeux, mais les sentiments n'avaient pas lieu d'exister lorsqu'on prenait le titre de Champion d'Othar. Pour sur que la divinité avait bien choisit celui qui devait le remplacer, et si ça se trouve, la fin de Bertrand était voulue, et une volonté divine alors qu'un remplaçant compétent, dans la fleur de l'âge, existait. A moins qu'Othar ne le maintienne en vie le temps qu'il gère sa succession. Bertrand fut obligé de se rassoir pour récupérer, essoufflé par l'effort de cette toux sanglante.
"Je le suis, en effet"
Aucune cérémonie ou apitoiement, il avait répondu sur le ton de la conversation, comme si ce qu'il disait l'indifférait, sans rancœur sur son avenir funeste. Il énonçait une réalité à laquelle il s'était préparé.
"J'ai parcouru beaucoup de lieux, et j'ai pris part à de nombreuses batailles. J'ai eu mon lot de gloire, et j'ai atteint un âge que je n'aurais pas imaginé. Tout à une fin, je l'accepte volontiers, mais il y a une dernière chose que je dois accomplir avant mon trépas. Une chose qui n'a que trop trainée, mais maintenant que tu es la, je vais pouvoir la conclure. Alors dis moi, pourquoi as tu mis autant de temps pour venir me voir ? et vu que tu as évité de répondre à mon courrier, qu'est ce qui t'as ramené jusqu'ici ?"
Les deux hommes avaient pas mal de choses à se dire, mais sans doute n'étaient ils pas prolixe, ce qui rendrait les choses plus compliquées pour que le dialogue s'ouvre.
|
| | | Neo de Cléruzac
Humain
Nombre de messages : 192 Âge : 33 Date d'inscription : 21/07/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 38 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] Dim 14 Jan 2018 - 11:53 | |
|
Il l'était... Sans l'ombre d'un doute, il l'était, mourrant ; qu'il ne lui claque pas entre les mains osa espérer Neo. Très vite il se ressaisit, mais la voix du Haut-Prêtre interrompit sa répartie. L'homme assis devant Neo n'était plus que l'ombre de lui-même, mais il avait été autrefois d'une robustesse effrayante. Ils s'étaient tous deux connus plus jeunes, et l'Aegypius quinze bonnes années auparavant, le voyait déjà comme étant un vieil homme aguerri. Qu'en était-il aujourd'hui ? Que restait-il du prestigieux prêtre otharite, sinon décombres, assez pour en faire un tombeau.
Les questions posées par le glorieux Bertrand, en soulevèrent d'autres, que Neo se posa et se dut, crut-il, de poser.
Ils avaient certes beaucoup à se dire. Par exemple, il voulait bien lui avouer qu'il s'en fichait royalement de l'institution qui reposait entre les mains d'un soit disant Champion... Qu'il respectait systématiquement plus une catin thaari, qu'un homme de culte bordé dans sa fonction douillette. Jadis lui-même avait manqué de peu d'être marqué au fer par un culte trop narcissique, qu'il reniait ; Neo n'avait que faire de ces êtres qui en retenaient d'autres les privant ainsi de leur liberté, il était un homme sans cœur envers les attaches. Être moine ou prêtre était trop contraignant, le guerrier se pensait suffisant à honorer un Dieu, par-delà les horizons. Il était un homme libre, un guerrier, un combattant et cela donc, suffisait, à le combler, Othar était à cheval sur les actes, alors acteur il était ! Il respectait donc et néanmoins tout ce théâtre, car il savait le culte entre de bonnes mains, se n'étaient pas que de prolixes fainéants, ils étaient tous sans exception, guerriers, et de braves. Ils étaient malgré tout frères.
Et puis merde, pourquoi était-il venu ? Pour raconter à un vieillard mourrant, qu'il... Qu'il avait rencontré le divin ? En rêves, en transes, et que les brûlures sur son buste pouvaient en attester la véracité ?
Pour l'heure il se garda de tout révéler.
– Pourquoi suis-je venu, et que maintenant ? Ma parole ! Eh bien pour que cette dernière, qu'elle soit prononcée par ma seule langue, ou qu'elle soit mise à l'épreuve par quiconque, ne saura se faire contraindre par la justice, ni par les maux d'honneur.
Son corps doucement montait en température.
– Pourquoi suis-je si important à vos yeux, si nos souvenirs ne sont plus gais qu'une fausse couche, ou tenez, disons-le, qu'une maladie qui vous ronge, et bientôt vous achève.
Il respectait cet homme – peut-être –, mais il s'en voulait maintenant d'avoir été si dur avec lui, qui finalement représentait le culte d'Othar qu'ils partageaient, mais à différente échelle, et en d'autres termes.
|
| | | Renaud d'Erac
Humain
Nombre de messages : 712 Âge : 47 Date d'inscription : 31/12/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 31 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] Ven 26 Jan 2018 - 7:49 | |
|
Neo était un homme fier, et quelqu'un qui ne mâchait pas ses mots, même s'ils étaient à l'encontre d'un être qui avait tant d'importance que Bertrand. Haut Prêtre d'Othar n'était pas rien, et un respect révérencieux accompagnait d'ordinaire ceux qui s'adressaient à ce représentant divin. C'est que pour parvenir à cette distinction, il fallait être un sacré bon guerrier, sinon il était illusoire de prétendre atteindre ce privilège. Des bons guerriers, il y en avait à la pelle au sein du temple, mais pour être champion, il fallait être le meilleur, ou du moins l'un d'eux. Othar s'amusait parfois avec d'autres guerriers au potentiel évident, il lui arrivait même de les confronter. Pourtant cette fois, même s'il y avait d'autres prétendants, il avait été clair sur celui qu'il désirait voir prendre la succession, et devenir son Champion, et il s'agissait de l'homme qui lui faisait face. Bertrand se demandait si ce dernier accepterait, tellement son arrogance prenait le dessus. Le Champion actuel regardait l'homme qui devait prendre sa suite, sans sourciller, sentant une nouvelle quinte approcher, et luttant intérieurement pour la réprimer
"Tu veux savoir pourquoi tu es si important à mes yeux ? peut être ne l'es tu pas. Dis moi Neo, respecte tu le divin ? ou t'en moque tu éperdument ? Es tu un homme à laisser son ego diriger sa vie ? ou prends tu ton destin en main ? et en parlant de destin, que penserais tu si je te disais que les Dieux le façonnent, et que tu n'as pas ton mot à dire, que tu ne peux que le subir ?"
De nombreuses questions afin de tester l'homme, et essayer de comprendre sa façon de penser, et s'il était digne de l'attention de son Dieu. Il allait continuer lorsque la quinte qu'il réprimait s'invita, le sang vermillon colorant le gant qu'il portait. Il ne désirait rien de plus qu'en finir, de transmettre le flambeau, et de mourir, ne plus être le spectateur de sa propre déchéance, ce qui l'irritait en regard de ce qu'il avait été. Il fallait accélérer les choses, et cesser de jouer
"Je t'avais convoqué pour te nommer héraut d'Othar, et qu'ainsi tu sois reconnu pour ce que tu vaux, et tes hauts faits d'arme. Pourtant, tu as refusé, ou du moins, tu as mis un temps certain pour venir. Cette distinction, tu la mérite toujours, mais tu as continué d'évoluer, et Othar t'as surveillé de prêt. Il m'a offert des visions, et il a des souhaits te concernant. Et il est de mon devoir d'y accéder."
Un brin énigmatique, mais Neo saurait peut être en percer le sens. Quel pouvait être une distinction plus grande que celle de héraut d'Othar.
|
| | | Neo de Cléruzac
Humain
Nombre de messages : 192 Âge : 33 Date d'inscription : 21/07/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 38 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] Dim 28 Jan 2018 - 15:54 | |
|
Neo et tout son purulent orgueil étaient sortis en ces derniers mots acides, jetés à la figure de son aîné. Tout penaud il observa avidement la réaction du piqué. Ainsi il laissa parler le vieil homme – pourtant Champion ! –, et il se dit dès lors qu'il lui devait le respect. C'est qu'il n'avait plus l'habitude de traiter avec les gens du Culte, plus habitué qu'il était à vivre en Vaani autour de diversité, mais aussi de nombreuses folies. Cet homme était du même monde que lui, ils partageaient leur culture et leur croyance. Alors il réajusta son discernement, la prochaine fois il irait jouer à l'imbécile ailleurs.
Il avala une salive quasi inexistante.
Le Haut-Prêtre d'Othar n'était pas né de la dernière pluie et à ce jeu de météorologie, il voulut être le con, des neiges d'antan. Neo se laissa répondre bien comme il faut, sans broncher et encaissa cette adéquate répartie. Point d'admonestation cependant, seulement une froide vérité qui lui avait fait réaliser qui il était. Pas grand chose, à part un instrument, l'instrument d'un ou de Dieux... Si... Il était un guerrier... Un terrible guerrier. Un homme pieux aussi. Comme tout un tas d'autres preux combattants qui avaient foulés ces terres et qui les fouleraient encore et toujours, humains jettables qu'il étaient ! Il n'était peut-être pas important aux yeux de l'homme. Soit. Mais il était important aux yeux d'Othar, et récemment du Culte. Pourquoi tout ce théâtre bon sang ? Bien évidemment qu'il respectait le divin !? Pour qui le prenait ce vieillard mourant et à quoi rimait toutes ces toiles étranges sur lesquelles leurs vies et destins étaient emmêlés ?
Aux premières questions il répondit, dans la voix moult contention.
– Voilà plusieurs années, Champion, que ma vie n'est régie que par l'implacable, dure et périlleuse, Destinée. Une chose est sûre, les Dieux façonnent ce monde, à leur image, et nous ne sommes que calques et lignes tracées. Nous ne sommes que minime dans leur Grandeu...
Une quinte de toux vint interrompre leur échange, à cela Neo baissa les yeux comme pour permettre au vieil homme une intimité toute macabre. Ou alors, peut-être, il se recueillait avant l'heure devant celui qui n'était presque plus ? Toujours est-il qu'il releva subitement les yeux lorsque Bertrand de Cléruzac, cracha dirons-nous le morceau, imitant à merveille l'imprévisibilité du plus jeune guerrier.
– Héraut d'Othar... Murmura enfin un Neo bien éberlué. Je... Ne comprends pas... Que... Des visions ?
Alors Neo raconta à Bertrand tout ce qu'il avait vécu avant d'arriver en ce jour devant la porte du Grand Temple d'Othar... Il lui détailla pendant presque une heure sa vision, sa divine rencontre, les jours de transes pendant lesquels il lutta pour sa vie, avec Son aide. Il lui montra les brûlures sur son torse, il lui expliqua comment les Dieux en cette lointaine nuit, avaient dévoilé leur existence à un humain puis à une drow. [URL=https://miradelphia.forumpro.fr/t22391-son-fil-emousse-termine]Les Dieux étaient en Guerre[/color]. Il lui raconta qu'Othar avait explicitement dit qu'il était l'Élu. Et l'explication à tout cela, il était venu la chercher auprès du saint homme. Si quelques indices se tissaient il ne savait pas à quoi s'attendre encore, il ne savait pas tout court, il était perdu.
Il attendait alors milles réponses. Quelles étaient les visions qu'avait évoqué le Champion d'Othar ? L'On souhaitait quelque chose pour lui avait dit le Haut-Prêtre ! Adonc Othar parlait à d'autres ! Bien sûr qu'il n'était pas le seul à l'avoir vu ou entendu, pour qui s'était-il prit avec ses délires mystiques ou de prétention ! Othar était en tous ! Dans tous les cœurs otharites résonnait sa voix ! Et lui s'était crut unique, un réceptacle divin même !
Le Divin avait pourtant dit qu'il était l'Élu. Adonc ! À part le sacrifice humain ou encore même devenir Avatar du Culte, il ne voyait aucune autre possibilité, l'une comme l'autre farfelues à souhait ! Lui qui ne voulait que servir, et entendre crier aux quatre vents sa renommée, il était servi, et son égo flatté n'en comprenait qu'à moitié les raisons.
Bertrand de Cléruzac allait très vite lui expliquer que les enjeux étaient tout autres !
|
| | | Renaud d'Erac
Humain
Nombre de messages : 712 Âge : 47 Date d'inscription : 31/12/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 31 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] Jeu 1 Fév 2018 - 13:04 | |
| A dire vrai, Bertrand s'était demandé si Neo n'était pas athée, du moins si ce mot pouvait vouloir dire quelque chose depuis le Voile. Mais non, il était un fervent, et le Champion décela enfin de la déférence à son égard, et même de la compassion. Cela, il s'en serait bien passé, mais une nouvelle facette de celui qui lui faisait face était mise à jour. Implacable et maître de ses sentiments était une évidence, pourtant il semblait qu'il savait ressentir certaines choses. Il était bon de savoir cela, et qu'il sache les enfouir en lui. Othar était omniscient, et nul doute qu'il avait soigneusement choisit celui qui le représenterait, lorsque son Champion actuel aurait trépassé. Il était temps de dévoiler l'intégralité, mais aussi d'essayer d'ouvrir les yeux à son remplaçant
"Héraut est un titre auquel peu accèdent, et seulement grâce à leur excellence. Ce titre, tu l'as mérité, et il devait être tient si tu était venu lorsque je t'ai convoqué. Pourtant, tu n'es pas venu de suite, et tu as continué la route que tu t'es tracée, tu as évolué, et ici aussi, les choses ont changé. Ma vie arrive à son terme, et il faut quelqu'un pour prendre ma succession. Et cette personne ne peut pas être quelqu'un de simplement désigné par son clergé. Il est le plus haut, celui qui dicte, et qui est écouté, et personne ne le surpasse si ce n'est son Gardien. Tu comprendras que ce ne peut pas être tout le monde, et que Othar ne peut pas laisser n'importe qui porter sa parole. C'est pourquoi il m'est apparu, et c'est toi qu'il a expressément choisit pour poursuivre son œuvre ici bas.
Comprends tu Neo, le prochain Champion, c'est toi, et tu ne peux y couper, sauf à en subir les conséquences, et sans doute le courroux de notre Dieu"
Il était évident qu'un Dieu n'appréciait pas que l'on revienne sur les choix qu'il faisait. Sa parole était divine et l'on n'avait qu'à obéir. Toutefois, il fallait aussi revenir sur une idée que Neo s'était ancré en tête, et qui ne correspondait pas à ce que Bertrand pensait
"Quand à ta destinée, laisse moi te donner ma pensée. Tu t'en rappellera peut être plus tard. Tu dis que ta vie est cloisonnée par celle-ci, et que tu n'as fais que la suivre. Dans ce cas, pourquoi n'es tu pas venu me voir lorsque je t'ai convoqué ? vois tu ou je veux en venir ?
Nous vénérons Othar par dessus tout, mais nous sommes bien obligé de reconnaitre que les cinq existent, et nous les respectons. Néera n'a t elle pas laissé le libre arbitre aux humains ? Le destin n'existe pas, c'est nous même qui nous mettons des barrières, ou prétextons ne pas avoir le choix lorsqu'on ne veut pas aller sur un chemin qui ne nous plait pas. Les dieux sont la pour veiller, et s'ils le souhaitent, ils nous aiguilles, par des visions, des rêves, des obstacles, ou des personnes mises sur notre routes pour nous guider. Mais nous sommes libre de refuser cela, de l'ignorer, et de nous tailler notre propre route, par notre courage, notre volonté, notre force. Tu demeure seul maitre de ton âme et de tes décisions, et il ne faudra pas rejeter tes fautes sur un soit disant destin qui ne t'a pas laissé le choix. Tu devras répondre de tes actes devant notre Dieu, quel-qu’ils soient. Alors garde toi bien de croire en ces fadaises, et pèse le prix à payer pour les choix qui ne manquerons pas d'arriver."
C'était bien entendu une pensée strictement personnelle, et qui n'était sans doute pas partagée par tous. Mais Bertrand croyait en cela, et il n'avait jamais pris de décision hâtive. L'on avait si vite fait de se faire un ennemi en pensant faire une bonne chose, encore plus dans ce monde cruelle qu'était la noblesse
"Champion est une lourde responsabilité, et tu devras apprendre à louvoyer dans le monde impitoyable et faux des Seigneurs. Renseigne toi sur eux avant de dire ou faire des choses qui pourraient t'en faire des ennemis. Mais ne les crains pas si tu es certain de ton choix. Tu dois t'imposer, et faire fructifier le culte, la est ton devoir, et qu'Othar soit porté en avant"
Est ce que Neo concevrait l'ampleur de la tâche, et endossera t il le rôle ? ou préfèrera t il s'enfuir lâchement devant l'immense devoir qui l'attendait. Il y avait tellement à prouver, mais tellement à recevoir également.
|
| | | Neo de Cléruzac
Humain
Nombre de messages : 192 Âge : 33 Date d'inscription : 21/07/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 38 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] Dim 4 Fév 2018 - 15:07 | |
|
À ce moment précis, il fut donné à Neo de comprendre. Mais il ne pouvait interrompre Bertrand de Cléruzac dans sa loghorrée qui, pour une fois ne semblait point être proie aux quintes de toux morbide qui parfois les avait interrompus. Il fut donné par Neo un silence total et des mires rivées sur les lèvres ombragées de Cléruzac. Il avala sa salive plusieurs fois en attendant le moment de parler qui jamais n'arrivait. De fait l'autre ne s'arrêtait plus de débiter nombre d'informations, comme si c'était la dernière heure, la dernière minute avant que Tari ne s'en vienne l'arracher, avant l'achèvement de sa charge.
Il n'en revenait pas ! On lui demandait de tenir dans le creux de sa paume toute l'institution sur laquelle reposait le culte d'Othar en Péninsule. Lui qui avait depuis longtemps quitté ces terres pour y trouver sa façon de croire et d'honorer Othar. Lui qui bien que respectueux pestait contre les prêtres et leurs prisons morales, et leurs lois irrévocables. On lui demandait bien plus que cela, on lui briguait toute sa liberté, celle pour laquelle il avait ô maintes fois lutté. Il était un combattant, un guerrier fait, et il habitait désormais en Ithri-Vaan où l'on acceptait tout autant les Grands que les Petits. Était-ce justement cela que Neo décelait dans cette proposition ? Les petits n'iraient jamais bien loin, alors il était temps de devenir grand, de voir plus grand...
Servir Othar avait été pour lui un devoir, un destin, le sien. Il avait toujours compris sa foi comme étant un but, un support. Il pensait au destin comme un joug implacable, jamais comme un cadeau du Coléreux. Un cadeau certes pas empoisonné mais dans lequel comptait énormément la réussite et la force. C'était un combat en soi. Il allait devoir arrêter de rêver, lui féru d'adrénaline et de compulsions. Bien que méritant otharite qu'il était car il avait disons presque reçu le titre d'Hérault, il œuvrait pour son Dieu, certes, mais avant tout pour lui-même. Et c'est une chose qu'Othar avait décelé. Il n'avait que faire de moutons enhardis ! Il restait Père et Seigneur, cependant il voulait des Fils et non pas des serviteurs.
N'étaient-ce pas là les volontés du divin Othar ? Bientôt Neo comprendrait que son destin lui appartenait et telle était la chance d'un pentien. Bientôt Neo saurait qu'Othar de près observait ses Fils, et que chacun avait un rôle à jouer, mais que ce n'était qu'un jeu comme un autre... L'on pouvait perdre où gagner, et il s'agissait aux plus braves de se démarquer.
Leur conversation dura encore une certaine quantité de cire et de tracas déversés jusqu'à ce que Neo enfin cède devant un Bertrand exténué. Soit, il avait gagné. Il deviendrait Haut-Prêtre... Défiant toute son inébranlable morale le guerrier accepta de changer brutalement de vie. Ce n'était d'ailleurs pas une première. Car les faits étaient les faits et que les volontés ainsi avaient été imposées, Neo Damaki écarterait sa rengaine. Pour l'heure il était sur le point d'exploser. Il lui faudrait un bon moment avant d'y voir plus clair et de pouvoir assumer pleinement sa nouvelle tâche, son nouvel honneur.
Vers un soir naissant il était sorti du Grand-Temple d'Othar dans les rues encore agitées d'Erac. Il s'était mit à la recherche des siens à qui il avait donné rendez-vous au « Glabre Gendre », et une fois de plus, il dut leur raconter ses intrigues personnelles. Bien-sûr qu'ils avaient été invités se reposer sous le toit du Grand-Temple. Aussi têtu que précautionneux il avait gentiment refusé l'offre du Haut-Prêtre, car il craignait la réaction de ses Frères... Qu'en penserait la Fraternité de perdre son Chef, pis, de le voir agir dans un camp qu'ils tenaient en respect.
– J'ai accepté, aussi fou que cela puisse paraître, j'ai accepté. Et ne m'en veuillez pas, je ne sais même pas ce que... « T'en vouloir ? » s'exclama Jim. – Imbécile, clama Raffik. « Idiot » souffla Kénopi. – Tu ne te rends pas compte. Non, pas compte, crurent bon de souligner les Jumeaux. Et ainsi de suite les sept autres Frères de la Fraternité dont il était le Chef, ne manquèrent pas de le féliciter chaleureusement. C'était pour eux une chance inouïe, la reconnaissance ultime ! Que ses craintes soient dissoutes ! Il en avait l'étoffe ! Il en avait la force et le caractère, il était l'Élu après tout ! Pour eux tout était clair alors que lui tanguait encore entre noir et blanc, quel ridicule prétentieux qui ne pouvait pour une fois croire en ses capacités ! Ce n'était pas une blague. Othar l'avait prévenu insistaient-ils, Il était l'Élu, celui qui devait non pas mener vers la gloire sept bonhommes d'une certes honorable fraternité, mais des centaines, des milliers, à travers le monde. Neo était voué à plus grand qu'une simple compagnie.
Il avait le Don. La Colère. Il avait la Foi. La Fièvre.
Il n'avait pas le choix avaient-ils conclus.
Pourtant Bertrand de Cléruzac lui avait assuré le contraire... Que chacun taillait sa vie comme l'on taille à coups d'épées l'ennemi, tandis que lui aujourd'hui se trouvait avec une pointe acérée menaçant son triste cou. Mais tout cela ! Tout cela il l'avait lui-même déclenché, vécu, instauré ! C'était aussi grâce à lui seul qu'il était aujourd'hui un grand guerrier à qui l'on proposait telle reconnaissance.
Qui était aussi une récompense.
Mais également un défi.
Le lendemain il se rendit au chevet de Bertrand de Cléruzac. Sur son séant le Champion d'Othar n'avait pas fière allure, il accueillit nonobstant son successeur avec un sourire d'infini soulagement. La veille, Neo lui avait parlé de sa vie et de ses choix. Il lui avait parlé de Néera la Mère que la déchéance de sa famille avait éloigné de lui. Il avait tout raconté de sa vie passée, sans rien omettre, jusqu'au paricide de l'incestueux Damaki.
Il avait beaucoup réfléchi car de fait depuis qu'il était arrivé à Erac il n'avait point dormi, et il avait en ce jour décidé quelque chose de très important à ses yeux. Il s'approcha du mourant – car ce ne devait être qu'une question d'heures au vu du teint cadavérique–, et il dit de but en blanc.
« Champion, voulez-vous m'adopter ? »
|
| | | Neo de Cléruzac
Humain
Nombre de messages : 192 Âge : 33 Date d'inscription : 21/07/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 38 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] Jeu 22 Fév 2018 - 11:23 | |
|
Comment Neo, fils de la terre et des campagnes avait troqué son nom par celui d'un autre individu. Individu dont il ne connaissait ni les agissements, ou que par autrui, et qu'il respectait seulement par évidence. Par tout un code de l'honneur que seuls les fils d'Othar pouvaient posséder. Quoique leurs regards ardents s'étaient derechef saisis, ils avaient ainsi dialogué d'âme à âme ou plutôt de cœur à cœur si toutefois ils n'étaient pas tous deux, entièrement faits de roche. C'était à voir leurs rostres tant clos, alors qu'ils échangeaient un moment si intime. Si étrange que cela puisse paraître ils étaient fait pour s'entendre, du moins se connaître. Un minimum.
Comment d'un jour à l'autre un monde et ses rivages balayés par quelque force incongrue. De Damaki il ne restait que de regrettables souvenirs, il était désormais un Cléruzac. Il s'était fait adopter par le Haut-Prêtre d'Othar, Bertrand qui, guerrier voué à l'Ordre n'avait jamais enfanté, et des terres de sa noble famille s'il n'avait point de progéniture à qui léguer quelque chose, il n'avait point non plus de prétention sur quelconque bien ou titre à léguer. À un enfant il aurait put seulement enseigner une foi, irrévocable, un talent martial, irréfutable. Mais, sans doute était-il stérile ou alors les rares ébats qu'il se souvenait comme étant de vieux honteux souvenirs, n'avaient pas été assez concluant ! Ne pas avoir eu d'enfant à forger avait blessé l'humain sensible caché sous milles carapaces impénétrables, cependant il était père de foi otharite que milles êtres respectaient. Cela réconfortait un homme, comme il l'était lui-même en mourant, réconforté, rasséréné d'avoir au demeurant, atteint l'achèvement d'une vie, la sienne.
Neo quant à lui avait accepté aujourd'hui deux choses fondamentales qui permettraient à l'humain éphémère qu'il était d'enfin, s'épanouir. En ce jour il avait trouvé le pardon ou du moins lavé son honneur personnel. Croyant être on ne peut plus dévoué à Othar, il se voyait ébaubi devant les portes ouvertes et qu'en traversant celles-ci il comprit qu'il était encore loin d'être, son « meilleur fils ». Il était peut-être l'Elu, mais il lui faudrait encore et pourtant, faire ses preuves. En somme il laissait son ancienne vie aux bons soins de la Dame-Dieu, saurait-elle plus facilement que lui, pardonner son ancienne, infâme famille. Saurait-elle accepter les nuances graves dans lesquelles il s'escamotait. Ce n'était pas non plus une fuite, mais un intelligent au revoir . Dans le paraître il resterait issu de la famille Damaki – et pentien ; sous la table il était véritablement le membre d'une autre famille, sans doute plus saine – fils de guerre... Par une perception symbolique de la chose, de son côté Neo se sentait libéré d'une honte mélasse qui l'embourbait, tandis que d'un autre côté Bertrand se voyait presque, enfin, comblé. Ils étaient faits pour s'entendre, du moins se connaître, un minimum.
Neo n'était plus le fils de cet homme qu'il avait assassiné, ce Damaki, ce violeur de sœur et d'épouse que son paternel avait été ; il n'était plus le fils de cet homme là depuis longtemps. Non, il était désormais le fils d'un homme honorable. Un homme né dans la noblesse et sacrifié au Culte. Un homme qui avait combattu, qui avait percé, qui avait mérité, un fils d'Othar exemplaire, son Champion ! Bertrand de Cléruzac et Neo Damaki avaient signé entre amis fugaces, un pacte ; voyaient-ils déjà venir les tracas de ceux qui craindraient des positions prises par l'hérédité dans la succession du poste de Haut-Prêtre. À ceux-là, ils ne leur avaient tout simplement rien lâché ; personne ne savait cette filiation acquise, pour les autres Neo était Damaki, sans doute le resterait-il à jamais... Quant à l'hérédité il n'en serait jamais question.
|
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] | |
| |
| | | | Ichor & Phanères | [Grand Temple d'Othar] | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |