Nombre de messages : 668 Âge : 35 Date d'inscription : 01/08/2016
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 26 ans Taille : 1m93 Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: [Missive] Adressé à la vilaine arachnide Lun 18 Déc 2017 - 18:11
Loin d’être la belle qu’elle fût, Beltrod était désormais la chienne, soumise et docile à son maître. Oh, elle mordit bien un dernier coup, mais lâcha prestement son os lorsque du haut des murailles, on y décora les remparts des têtes rebelles et qu’on y fit plonger le restant de leurs corps félons dans les douves. Une bien macabre méthode afin de graver dans les mémoires le message à passer à ceux qui seraient encore tentés d’empoigner la fourche contre leurs libérateurs. Voilà comment devait-on œuvrer à la guerre, lui avait-on dit, alors qu’il sembla sceptique de prime abords lorsqu’il vit les mouches virevolter autour des décorations et des asticots tenter une ascension vers ces mêmes parures. Ah, certes, on l’avait préparé à ce genre d’horreurs et d’atrocités, mais lorsque gravitent autour de ces scènes abjectes d’innocentes personnes, la chose venait toute suite le prendre au cœur. Et loin d’être tâche aisée, il se devait devant les siens arborer un masque d’indifférence et même, approuvait toutes ces manœuvres que demandaient la prise de Beltrod. Que s’eut été la décoration des remparts, la réquisition de nombreux stocks de victuailles ou le réapprovisionnement des armes aux dépends des résidents actuels de Beltrod, Louis acquiesçait sans broncher et même, encourageait ces initiatives. Cette mascarade lui coûta tout de même nombres d’heures de sommeil, où il ne trouva pas la force de fermer l’œil, tant la culpabilité le rongeait. Cette citée reconquise pour la gloire du Roy était sans équivoque un pas de géant vers la fin de cette entreprise, néanmoins il n’en restait pas moins que nombres d’innocents payaient pour les péchés de leurs dirigeants. Et c’était cette poignée particulière d’hommes qui s’unissaient pour le tenir à l’écart des bras de Morphée, jusqu’à ce que ce dernier n’en tombe d’épuisement.
Aux matines, avant même que s’entonne le chant du coq, Louis se traîna de sa paillasse afin d’aller faire pleurer le jeune et de profiter du coup, de l’accalmie des aurores. Là, enfin, la permission d’être véritable lui était accordée, tandis que tous et chacun roupillaient encore à poings fermés ou se maintenaient dans l’étourdissement de leur brusque réveil, occasionné par le trop fier animal à crête. Ainsi, dans le silence le plus absolu, ses soucis les plus imminents pouvaient revenir le hanter librement –et ce n’était point d’un très grand réconfort-. Pourtant, alors qu’il termina sa basse besogne matinale, secouant le petiot avant de le faire rentrer à la maison, une pensée lui redonna sourire. L’œil brillant, laissant à l’air libre ses dents dans un sourire vague, il se remémora sa geôlière, celle qui lui flagella si doucereusement le cœur … Alanya, la veuve noire du septentrion. Comme il s’en ennuyait, tout à coup … Plus que son doux sourire, ou sa manière de se jouer de lui, son talent pour lui faire oublier ses tourments lui manquait atrocement. Un pincement de surcroît au cœur, à bien y réfléchir. Du coup, il se retourna vers le lutrin posé là, à la jonction des deux murs, puis s’y approcha en soupesant l’encrier, histoire de se donner une raison de ne pas succomber à l’envie de lui témoigner quelques pensées. Vaine tentative, car quelques secondes seulement lui suffirent pour poser son séant sur l’assise disposé à l’écriture. Et longues furent les minutes passées à dévisager la vierge page posée là, innocemment devant lui. Comment devait-il la considérer, après tout ce qu’ils s’étaient témoignés entre les Trois-Murs ? Se devait-il d’être cordial ou insensible ? Empreint d’une amitié profonde ou d’une indifférence certaine ? Ahh! Au diable ces pensées saugrenues, il se devait d’être intègre et fidèle à lui-même. Voilà tout.
Prenant direction de Serramire ainsi que des terres de l’Ancenois, trois de ses coursiers enfourchèrent leur canasson afin de parcourir ces contrées dans l’espoir de dénicher la veuve noire. L’araignée se mouvait en compagnie du corbin, cela était chose certaine, mais leur itinéraire n’en était pas moins inconnu au régent. Or, dans différentes directions sa lettre voyagerait, en quête de la belle Alonnaise. Les dés étaient jetés, qui des trois courageux sauraient dénicher le destinataire de cet exutoire Berthildois ?
Alanya de Saint-Aimé
Ancien
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Sujet: Re: [Missive] Adressé à la vilaine arachnide Lun 18 Déc 2017 - 22:23
« L’Ancenois pue, c’est affreux ! ». Portant à son visage un tissu, elle observait le camp s’agiter. Les hommes d’Alonna semblait pourtant bien s’en accommoder, briquant leurs armures, affutant les lames et pelotant la rosière. Ils étaient vainqueurs de leur escapade médianaise pour l’heure, mais aucun de ces valeureux ne semblait tout à satisfait. Il fallait dire que c’était un comble pour des gaillards fiers comme eux de ne point avoir pu une seule fois croiser le fer ; non pas leur suzeraine leur avait défendu, non ! C’était le Corbac – maudit soit-il ! – qui par quelques pirouettes somme toute à sa mesure avait fait tombé la terre qu’ils foulaient encore aujourd’hui. Point besoin de passer au fil de la lame les brave gens du coin : tous – ou presque – s’étaient rendus et les quelques intrépides étaient bien vites revenus à la raison en voyant la troupe montée arriver. Ah qu’il était bon le Marquis ! Pour sûr, il devait avoir les bourses vides – à défaut de les avoir molles – pour se permettre de pavaner ainsi. D’aucun n’aurait dit le contraire ; Jaljen lui collait au cul comme une mouche à sa merde. Après, elle ne s’en plaignait guère trop : elle tenait à revoir le plus de ces braves gars sur le chemin du retour, et ce même si leur mort diminuait la solde due. Elle avait vu mourir bien trop des siens pour permettre au sol de s’engorger encore, pour le compte de quelques passions masculines. Ah pour sûr ! Elle était bien belle la revendication du Nord : rendre à la couronne ce qui lui appartient de droit. Et pourtant, chaque belliqueux chef de guerre avait pris les armes pour des raisons somme toute égoïste : Louis pour le titre, Aymeric pour la gloire, Erac pour le pardon. « Nous avons perdus quatre palefroi votre Honneur ». « Ajoutez-les aux deux chevaux de bât, et augmentez ce chiffre de six Hermance. Il nous faudra retrouver des canassons avant de reprendre la route, sans quoi quatre de mes soldats se retrouveront piétons et chargés comme des mulets ». Elle ne faisait pas grand état des manques matériels. Il suffisait à ses hommes d’aller se servir aux alentours, ou même parfois d’aller frapper chez le seigneur voisin pour qu’on leur accorde leurs besoins. C’était peut-être là le seul avantage à l’entière reddition de l’Ancenois. Alanya était lassée de suivre son bon suzerain sur les sentiers de la mort, lassée aussi d’avoir abandonnée une fois de plus sa terre et sa fille. Au moins la savait-elle en sécurité, et lorsqu’elle s’en était allée, l’Alonnan respirait à nouveau ; la perspective des travaux et le respect des nobles acquis, la baronne s’était ancrée dans le cœur du peuple comme une femme bonne et généreuse qui avait veillé sur leur bonheur. Elle menait çà et là des traités commerciaux, veillant à sortir sa terre de la misère dans laquelle elle s’était enlisée des années auparavant. Et même si elle semblait bien morose ce jour-là, ses vaillants guerriers demeuraient d’humeur égale. Ils la saluaient avec respect, même si elle savait bien qu’une fois au loin, elle alimentait les conversations lubriques. Peu lui chaut, à vrai dire ; bien au contraire, si elle demeurait un idéal, alors ils se battraient comme de beaux bougres pour elle et a fortiori ce qu’elle représentait. Qui oserait s’en prendre à la Libératrice d’Amblère ? Et alors qu’ils avançaient, faisant l’inventaire parmi les troupes, le bruit d’un galop résonna non loin d’eux. La bouillasse rendait le cliquetis des fers plus lourd, et bientôt, hélant de lui céder la place, un beau coursier à la monture écumante s’arrêta près d’eux. Le garçonnet était à peine un homme, aux jambes arquées par les trajets à cheval et aussi haletant que sa bête. La main cloquée lui tendit un papier scellé de cire rouge qu’elle se saisit presque immédiatement. « Un papier pour son Honneur ». Il peinait à reprendre contenance, tenant les lanières de cuir de son équidé pour ne point s’écrouler le cul par terre. Il n’avait guère dû avoir de repos depuis qu’on l’eut mandaté, si bien que préférant le laisser respirer, la baronne glissa ses yeux sur la pastille andrinople. Elle blêmit, fronçant presque aussitôt les sourcils avant que le rouge ne lui monte aux joues. Hermance et Odias ne semblaient point s’intéresser à tout cela, et cela lui plût assez : que leur aurait-elle dit sinon ? « Continuez sans moi messire, je m’en retourne à mes appartements ». Sa garde se referma à leur départ, et bientôt il ne demeurait que le pauvre jeune homme et elle. « D’où venez-vous ? » « Beltrod votre Honneur » « Fort bien, vous attendrez ma réponse ici. Faîtes boire votre cheval, donnez-lui un peu de grains car vous irez à mon retour aussi prestement que ses pattes le voudront ». Il hocha la tête, et bientôt, elle se retrouva seule dans les appartements sans luxe qu’on lui avait octroyé, penché sur une table à l’encrier plein de mauvaise encre et d’un papier de peu de qualité. Et malgré cela, ses doigts se saisirent de la plume, et son écriture complexe prit place dans le vide.
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Castel de Néris
Dame Alanya de Broissieux, baronne d'Alonna et Protectrice de l'Alonnan.
Camp de l'ost Serrimirois, Ancenis Panahos de la ?èmeennéade de Favrius de la 10ème année du 11ème cycle,
Mon très cher Louis,
Alors donc vous ne m’avez point oublié. J’eus cru recevoir de vos nouvelles plus tardivement que cela ; l’égo des mâles étant ce qu’il est mais encore une fois, vous me prenez de court. Pourquoi donc s’étendre en mots alors même que vous êtes en campagne ? Je vous ai demandé de me revenir en vie – et entier, alors par les Cinq ne vous laissez point distraire ; pas même par moi. Je ne supporterai de vous savoir blessé ou pire encore…
Quant à moi, rassurez vous ! Je me porte pour le mieux. Moi qui m’était décidée à ne point suivre mon ost plus loin que le Berthildois, me voilà bien enfoncé dans l’Ancenois. Je ne suis guère utile ici : je m’en viens après les escarmouches – pour la plupart très brèves – et ne participe presque jamais aux négociations menées par le bon Marquis. Ma seule gloire est d’apporter à mes hommes un peu de courage, et de leur rappeler dans les affres de la guerre que la cause est noble. Est-ce que cela est bien nécéssaire? Je n’en sais rien, pour autant je continuerai de mener ma tâche.
En venant guerroyer, nous sommes passé par vos bonnes terres. La neige fondue rendait les chemins difficiles mais elles me sont apparus tel un havre. Je n’ai pas non plus oublié la promesse que je vous ai faite ; je m’en irai par chez vous lorsque nous reviendrons. Une retraite qui me sera sans doute aucun forte agréable après les tracas de la guerre. Nous nous retrouverons comme il y a peu, et nous pourrons bavarder tout notre saoul – et même pourquoi pas chevaucher dans vos plaines !
Oh Louis ! Vous n’imaginez pas comme tout ceci me manque. La quiétude d’un foyer, et plus encore le repos, le vrai. Je ne peux dormir sereine ici, alors que mes amis risquent de ne point voir un nouveau jour… Je vous en conjure, ne me causez point plus de peine : ne mourrez pas !
J’espère que ces quelques mots vous trouverons en bonne santé et promptement. Votre pauvre coursier m’est presque tombé dans les bras tant il était fatigué. Que les Cinq veillent sur vous, Tendrement.