Théologie comparative et appliquée [Louve Noire]

(utilisation d'un pnj)

7ème ennéade de Barkios, an X du XIème cycle

La taverne du "bouquetin enjoué" ne dépareillait pas des nombreux autres débits de boisson dont Chiard se trouvait parsemée. On y trouvait un aubergiste ventripotent installé derrière son comptoir à nettoyer toutes la journée des chopes de bières, des serveurs girondes et peu farouches quand aux attouchements sur leurs popotins, des marmitons remuant une broche massive sur laquelle cuisait un cochon entier, et toute la faune habituelle des aventuriers, vauriens, marins en goguette ou miliciens en pause qui venaient dépenser quelques sous. Au fond de la grande salle, un barde local chantait une ballade sur une quelconque roi depuis longtemps oublié, mais l'animation venait surtout d'un homme de forte carrure au teint bronzé qui se trouvait entouré d'un petit groupe auquel il expliquait quelque chose avec forces gestes de la main.

Approchons-nous...

Oui, pour ramasser les deniers, vos seigneurs font preuve d'une grande avidité. Mais qu'en font-ils, hein ? Ils se bâfrent comme des porcs dans leurs palais au lieu d'utiliser cet argent à sécuriser les routes ou réparer les bâtiments du port. Et tout ça au nom de quoi ? D'une soi-disante hérédité nobiliaire, comme si avoir eu un ancêtre qui pouvait se tailler un fief leur en donnait les qualités.
Vous voulez dire qu'il ne faudrait plus de seigneur ? hasarda un colporteur tout en tripatouillant sa marchandise.
Non, pas forcément. Regardez les meutes de loups. Faut un meneur, hein ? Sinon la meute part en quenouille et ne chasse plus. Mais quand le vieux chef meurt, c'est le plus fort qui lui succède. Prenez tous les grands prédateurs et vous retrouverez ce schéma voulu par les Dieux eux-mêmes. Seuls les humains héritent à la naissance d'une condition sociale dont ils ne peuvent presque jamais sortir.
C'est vrai, mais nous ne sommes pas des loups, intervint un marin en ricanant.
Vraiment ? Si je te prends ta bière, tu vas te laisser faire comme un mouton ?
Pour sur que non !
Alors t'es un prédateur, l'ami. Sois en fier, c'est une qualité.
Tout cela est bien joli, marmonna le colporteur, mais les prêtres nous enjoignent d'obéir au seigneur.
Les prêtres... je ne devrais pas être si sévère, mais ils ont oublié dans leur dogme que se figer revient à disparaitre, et le statu-quo de l'ordre féodal leur convient très bien.
Tu ne vénères pas les Cinq ?
Les vénérer ? Non. Les respecter ? Oui, malgré les lacunes dogmatiques de leurs prêtres.

Quelques participants remuèrent sur leur siège, l'air gêné. La discussion commençait à sentir le souffre.

Les Dieux existent, seul un hérétique oserait le nier. Ils sont nécessaires car ils incarnent les forces primales de l'univers. La vie pour Néera, la violence pour Othar, etc. sans eux nous ne pourrions pas être guidés. Je ne peux qu'approuver un fidèle vénérant son Dieu, adoptant sa ligne de conduite et agissant dans un ensemble où il a trouvé sa place.
Et toi ? Tu ne vénères aucun Dieu alors ?

Un petit sourire malicieux apparut sur les lèvres de l'homme, qui commanda une nouvelle tournée pour faire durer un peu le suspens. Sans doute devait-il avoir pris des cours de théâtre car il savait quand poser des temps morts pour laisser à son public le soin d’échafauder des hypothèses qu'il pourrait ensuite briser en petits morceaux.

Si, je vénère un Dieu et j'essaye de vivre selon ses préceptes.
Mais quel Dieu ?
Le Sixième Dieu, répondit posément l'homme en levant sa choppe de bière comme pour rendre hommage à un participant invisible.

Pendant un ou deux jours, la guerrière quitta l’abbaye pour prendre quelques produits importants pour le cloître. De là, la guerrière fit route à Chiard pour aller au port et trouver des produits dont l’abbaye avait besoin. De plus, c’était un moyen pour la guerrière de prendre son temps pour elle, voire s’amuser. Non, en fait, elle avait occasion pour une chose…tester ses facultés guerrières. Le meilleur moyen de connaître son évolution était simple : Provoquer un duel.

Après une bonne petite chevauchée, elle arriva au « bouquetin enjoué », un merveilleux endroit pour se distraire et aussi réputé pour ces petits combats de taverne. Un truc bien classique dans les ports. Les marins aimaient se battre et boire. C’était là que la Louve Noire avait une occasion de tester son entraînement.

Elle entra à l’intérieur de la taverne et regarda tout le monde autour d’elle. Lyarra vit les alcooliques boire comme des trous, un homme qui semblait discuter Théologie ayant un petit comité en train de l’écouter. La guerrière ne préta pas attention. Au milieu de ce brouhaha insistant, on pouvait entendre plein de discussions pittoresques ou d’alcooliques, des hommes en train d’attoucher les femmes de petite vertu. Au milieu de toutes ces scènes, son regard se porta sur un petit combat clandestin au coin de la taverne. On pouvait assister à un combat entre deux marins. Dans cette bagarre violente, un homme musclé prenait le dessus envers un pauvre petit jeune qui avait à peine son âge. Le gros marin ne faisait pas dans la dentelle pour mettre à mal le très jeune matelot. Le vieux marin fracassa son poing dans sa mâchoire, l’envoyant contre le mur de la taverne avant de le mettre au sol pour de bon par un gros crochet du doigt. Lorsque le jeune marin sombra par terre, tout le monde cria, acclamant ce puissant gaillard qui avait ruiné le pauvre matelot.

Lyarra le regarda, elle vit l’homme bandait ses muscles avec prétention, se croyant invulnérable. Pourtant, dans cette foule qui applaudissait le gaillard, la guerrière s’approcha, le regarda droit dans les yeux. Sa seule envie était de ruiner son adversaire et de le fracasser.

« Personne d’autre pour m’affronter ! Allez, mes courageux ! Personnes de vaillants pour m’affronter ? »

Personne ne se prononça. Ils étaient là en train de se regarder.
« Faut croire que tu garderas ta solde de tes paris, mon petit gars. » disait le gars qui gérait les paris
« En même temps, tu as vue l’état du gosse. Il ne se relèvera pas. Personne n’oserait affronter ce type. Moi, je n’y compte pas. » répondit un spectateur
« Moi. Je veux t’affronter » répondit la guerrière

Tous les hommes qui assistaient au combat regardèrent la jeune femme et rirent de voir une femme se mettre en avant. Il était impensable de voir une femme combattre un Marin de sa force. Il était bien trop dangereux. Au cours de la soirée, il avait battu quatre combattants. Une femme était tout simplement une folie, voire impensable. Le marin observa la jeune femme avec attention. La guerrière ne portait pas une armure, épée ou quelque truc qui semblait penser à une guerrière. Non, elle portait une simple chemise, recouvert par une petite cape et d’un simple pantalon en toile. Elle n’avait pas d’indice qui montrait qu’elle était une véritable guerrière. Pourtant, son altitude montra le contraire.

« Une femme qui ose m’affronter. Allons, petite. Regarde-toi ! T’es bien plus petite que moi. Je ne veux pas casser ton petit minois. »
« Blablablabla…ça parle ça parle. Quoi ? crois-tu que je suis fragile » s’approcha la guerrière de l’homme en question.

Toute la foule regarda cette scène avec attention. Quelques sifflements se fit entendre dans la pièce sur la confrontation entre la jeune femme et le marin. C’était une scène bien amusante. Beaucoup de marin rigolèrent en voyant une femme qui se pavanait comme un homme. Le marin ria sur la jeune femme. Lyarra restait calme le regardant droit dans les yeux.

Regarde-toi. Tu n’es pas assez musclée. Tu ne ferais pas de mal à une mouche. Crois tu pouvoir me mettre à terre ? Gamine, fait pas la maligne. Je vais détruire ton visage. Si tu veux un homme dans ta vie, je suis là. » ria l’homme montrant son entrejambe.

La guerrière soupira retirant sa chemise pour laisser voir un simple débardeur qui recouvrait sa poitrine et légèrement son ventre. Ce bras dénudé était sec et musclée, les cicatrices parcoururent la musculature de son bras. D’ailleurs, vers son épaule, une longue cicatrice se fit voir entre l’omoplate et l’épaule. Lyarra sortit un couteau de jet. De là, elle saisissait l’arme et le jeta à coté du Marin, le couteau plantait contre le mur.

De là, un silence régna dans la sale sur la provocation de la femme envers le marin qui vit le couteau qui passa de peu sur son visage. La guerrière ne semblait pas être comique, au contraire, elle était plus que sérieuse. De là, elle esquissa un sourire narquois, voir provocatrice

« Tu te pavanes comme un homme fort. Tssss…tu te prétends être un guerrier ? Un imposteur, moi je dis. Affronte une véritable guerrière. Affronte une guerrière d’Othar. Prouve-moi ce que tu vaux. Car franchement, je ne vois qu’un homme qui se pavane comme un coq mais il n’est rien d’une guerrière. Un vulgaire mécréant qui n’a pas fait la guerre ! »
« Tu parles trop gamine. Ton jet de couteau ne prouve rien. »
« Alors, laisse-moi te le prouver. »

Elle souria s’approchant de l’arène précaire de la taverne. La guerrière écarta ses bras invitant le gaillard se tenir face à elle. Lyarra adopta une posture fière, provocatrice. La majorité de la salle trouva cette femme folle et dangereuse. Quelques spectateurs restaient septiques ou était curieux de cette inconnue qui ne ressemblait pas à une Missédoise.

« Elle est folle, cette d’zelle. Elle va se faire casser la tête. »
« C’est une prétentieuse. Va sy, mon gars ! Eduques là ! »

Avant que le combat commençât, le maitre des paris fit son rôle. La majorité des spectateurs parièrent sur le marin qui avait mit la rouste depuis la soirée quatre combattants. Une femme était facile à battre. Elle était beaucoup moins musclée que l’homme. Surtout, Lyarra était petite face à l’homme.

« Si tu veux, gamine. »

Puis, la foule se tut observant les deux adversaires qui se regardèrent face à face. Lyarra adopta une posture simple, son regard était posé sur son adversaire. Il était grand, musclée et assez vieux. Il avait une quarantaine d’année, surement forgée par les épreuves de la vie. Les yeux bleus de la guerrière se posa sur la garde de son adversaire. Sa garde était simple, mais il manquait une bonne assise. Le point faible était là. La guerrière souria. Louve Noire adopta les conseils d’Hanegard sur la maitrise de soi. Son excitation était là, sa volonté de prouver sa force était bien présente. Mais surtout, depuis longtemps, la guerrière avait un besoin énorme de se défouler, de se prouver à soi même et de tester l’efficacité de son entrainement et de laisser une trace indélébile sur cette taverne. Sa seule façon de faire était de mettre la honte à ce marin. Comme le feu, les rumeurs se répandra dans la ville.

Le marin profita de l’initiative pour plaquer la guerrière contre le mur. Rapidement, la guerrière esquiva sur le coté et se remit en garde. Il vit que la femme était agile, il profita pour donner un coup de pied de face. Cependant, son manque d’équilibre était une occasion en or pour la guerrière de rentrer dans sa garde. Ainsi, elle entra à déjoua le pied de son adversaire, bougeant au même moment son pied arrière pour rentrer dans la garde de son adversaire avant qu’il pose son pied avant. De là, son poing toucha la joue du marin, profita de la proximité pour détendre son bras lors de la frappe. Le Marin fut projeté en arrière sentant la force anormale de la guerrière. Il fut surpris, secoua la tête. La foule était surpris avant de crier sur le marin pour battre cette femme.

L’homme était beaucoup plus méfiant. Il n’osa pas attaquer pour laisser son adversaire prendre l’initiative. De là, Lyarra profita de mettre en application son entrainement. Son pied en arrière la propulsa en avant. L’homme recula. De ce moment la guerrière frappa de son pied avant l’intérieur de la jambe du marin. Rapidement, il perdit l’équilibre par ce coup bas. Elle en profita pour frapper avec son pied arrière le ventre de l’adversaire qui le repoussa contre le mur. Son manque de garde et son déséquilibre ne permettait pas au marin de rester fixer sur le sol. Son corps était dos au mur. A peine ressaissit, elle en profita pour venir enchainer une série de coup de poing en direction de son visage. Lorsque l’homme réussit à arrêter ces séries de coup en la poussant. Lyarra resta en garde. Ce dernier, totalement en colère, voulut frapper de toute ses forces la femme qui lui mettait la honte. Cependant, la guerrière esquiva, rentra dans sa garde en prenant son bras avant de le projeter comme un fétu de paille son adversaire contre le sol. Un bruit de fracas raisonna dans la taverne, l’homme était immobilisé au sol. La guerrière l’avait vaincu.

« Bordel….cette femme l’a mit une rouste » dit un poivrot
« Elle n’est pas d’ici ! Elle doit être ces légendaire Wandrais ! Une Wandrais pour sur ! » répliqua un bourgeois.

Le maitre des paris s’approcha de la guerrière, il lui demanda

« Ton nom ? »
« Louve Noire »
« Louve noire, tu as ta solde de ton combat. Profites en bien. »

La guerrière au milieu de ces spectateur porta son attention sur cet étranger qui la fixa du regard. Au milieu de cette foule qui l'applaudissait, maudissait ou la regarda d'un air septique la jeune femme. Lyarra n'entendait plus rien, mais, son attention était fixé sur cette étrangers. Quelque chose était bizarre. Elle le sentait..

Le combat avait temporairement distrait l'attention des participants au débat théologique, chacun observant avec curiosité l'inconnue défier ce malabar aux muscles saillants. Les paris allèrent bon train sur le temps que la donzelle résisterait avant de s'effondrer, ce qui occasionna des grognements de dépit lorsque Lyarra mis son adversaire au sol. Nul doute que ce combat resterait longtemps dans les annales et qu'on gloserait pendant plusieurs saisons sur la guerrière mystérieuse venue vaincre le champion de la taverne. Une certaine mauvaise humeur pouvait d'ailleurs se ressentir, comme si tous les buveurs se sentaient touchés dans leur virilité par cette défaite d'un des leurs.

Seul un homme paraissait plus amusé que surpris ou gêné. Le prêcheur n'avait pas pris part aux paris, restant à siroter sa bière tout en regardant Lyarra avec un intérêt non dissimulé. Il ne s'agissait pas du regard d'un prédateur mais plutôt de celui d'un botaniste, comme s'il tentait de la jauger, d'en évaluer la complexité et de la catégoriser. Lorsque le vacarme se fut calmé, il se leva posément et alla rejoindre la guerrière tout en claquant des doigts pour attirer l'attention de l'aubergiste.

Beau combat. Puis-je vous offrir un verre ?

Ils s'installèrent tous deux à une table près de la cheminée. Lyarra put alors constater que l'inconnu devait probablement être lui aussi un guerrier, car sa musculature puissante était parsemée de cicatrices ne pouvant qu'être dues à des lames. Plus surprenant peut-être était la marque située sur la clavicule : une flamme dans un cercle. Mais la vraie particularité venait du fait qu'il ne s'agissait pas d'un tatouage, on aurait pu jurer qu'il s'agissait d'une marque au fer rouge ayant été faites quelques ennéades auparavant car la cicatrisation venait seulement de s'achever. Si les tatouages étaient fréquents chez les marins à Chiard, personne n'avait recours à des procédés aussi douloureux que le fer rouge pour se marquer la peau. Un mystère de plus chez cet inconnu.

Je me présente : Arnïl Vellost. Je suis nouveau en ville et votre combat m'a intrigué : toutes les femmes de Missède sont-elles aussi douées que vous ?

La peau bronzée d'Arnïl indiquait sa provenance de pays ensoleillés. Nelen ? L'Ithri'Vaan peut-être ? Ses mains burinées et les cals dans sa paume indiquait qu'il ne s'agissait d'un artisan mais bien d'un adepte des armes. Un mercenaire peut-être ? Sa tenue simple mais de qualité ne ressemblait pas aux oripeaux dépareillés dont se vêtent généralement les mercenaires en recherche d'un contrat.

C'était remarquable. Rares hélas sont ceux qui osent braver le danger pour s'imposer et renverser l'ordre existant. Tel un loup, vous n'avez pas tremblé au moment de défier le meneur de la meute, et votre victoire est en tout point honorable. "Il" doit porter sur vous un regard bienveillant.

L’inconnu s’approcha de la guerrière et lui proposa un verre. Louve Noire souriait, un homme s’intéressait à elle. Il était musclé, bien battit et un bel homme de surcroit. Il était surement un guerrier, ses nombreuses cicatrices témoignaient de son engouement pour le combat. Rien que là, l’étranger l’attirait par sa beauté. Lyarra aimait les beaux hommes, car un homme musclé était le meilleur exemple de rendre gloires aux dieux et aussi de se satisfaire. Pour la guerrière, la majorité des êtres humains n’étaient pas grandement musclées ou bien enrobé par une couche de graisse. Ils ne prenaient pas soins d’eux Etait-ce ainsi qu’on rendait gloire à Othar ou à la bienveillante Damedieu ? Non, ils ne remercier par le cadeau que les dieux avaient offert. Pour cette raison que la guerrière se força d’être musclée et avoir sa propre beauté. Rien que là, l’homme charma la guerrière par sa simple présence.

Elle s’assit en face de lui, elle ne portait pas attention sur l’étrange marque. C’était une cicatrice comme tant d’autre. Lorsqu’elle reçut la cruche d’hydromel et le charmant guerrier reçut son alcool. La guerrière répondit à sa question.
Je me présente : Arnïl Vellost. Je suis nouveau en ville et votre combat m'a intrigué : toutes les femmes de Missède sont-elles aussi douées que vous ??
« -Je ne suis pas de Missède. Je ne suis pas missédoise. Je viens de la Sgardie. Au Nord de la Péninsule, à l’est de Serramire. On est à la frontière entre Anaeh, Aduram et les Wandres. Bref, un lieu qui n’était pas réjouissant. »Elle but sa cruche un moment « Louve Noire ou Emilie Chantenuit. Mon nom peut être étrange par rapport à ma démonstration » ria-t-elle

Elle s’attardait un moment sur les Riches tenue de l’homme et de son teint de peau. Il n’était pas d’ici. Sa tenue témoignait qu’il venait du Sud, surement, Estrévent. Sa déduction se renforça quand l’étranger ne connaissait pas la culture de Missède ou de la Péninsule. La majorité des femmes de la péninsule ne se battaient pas car c’était mal vue. Dans le sud, les rumeurs courent que les femmes jouissent d’une plus grande liberté.

C'était remarquable. Rares hélas sont ceux qui osent braver le danger pour s'imposer et renverser l'ordre existant. Tel un loup, vous n'avez pas tremblé au moment de défier le meneur de la meute, et votre victoire est en tout point honorable. "Il" doit porter sur vous un regard bienveillant.

« C’est simple, je suis née dans un bain de boue et dans le sang. Dans mon chez moi, j’ai plus connue la guerre, la faim et la survie. Par ailleurs, mon père d’adoption vient de la même région que vous. Il était mercenaire et j’étais sa fille d’adoption. Grace à lui que j’ai pu réussir à me défendre et devenir guerrrière. » hocha la tête avant de boire son alcool « MA grande fierté est de ne pas avoir la même chance que la « noblesse ». Mon éducation, je l’ai faite seule. Je n’ai pas eu besoin d’argent pour avoir battu des hommes de tout type : Chevalier, drow fanatique etc… »

De là, elle adopta une posture fière et elle avait un besoin de montrer qu’elle n’était pas une simple femme. Non, elle était tout le contraire et aimait le montrer. Pour certains, cette altitude était une vanité. Pour Lyarra, elle n’était pas signe de vanité mais de fiertée. A quoi sert de s’entrainer et de ne pas montrer son talent. La vanité était à ses yeux un homme orgueilleux qui se prétendait à quelque chose qu’il n’avait pas. Lyarra savait se battre, ainsi, elle se permettait d’être vaniteuse.

Cependant, elle arqua ces sourcils en entendant le « il ». Il ne fallut pas longtemps de faire une rapide synthèse. Avant son combat, elle avait entendu le fameux sixième dieu. Au départ, elle n’avait pas portée une grande attention. Au tout début, sa volonté était de tester ses réflexes. Maintenant, son attention se porta sur l’homme en question. Lyarra croisa les jambes, posa son poing sur le coin de la joue et le regarda de ses yeux bleu intense. Son regard émanait la curiosité et à l’écoute. C’était qui ce fameux « il » ? Tout un mystère devait être élucidé et le monde était remplie de chose mystique que la guerrière ne comprenait pas. Il était temps de se détendre et découvrir le mystère de ce monde.

« Ce fameux « il » est le sixième dieu que j’ai entendu ? Sache que je suis ouverte mais que je vénère avant tout Othar et Néera. Mais, j’accepte les autres dieux qui peuplent aussi cette terre. »

Louve Noire ? Drôle de pseudonyme, se dit intérieurement Arnïl, à moins qu'il ne s'agisse d'une référence tribale issue de ses origines sgardiennes. En tout cas, un pseudonyme qui pouvait se révéler difficile à porter car les guerriers qui ainsi s'affublaient de surnoms provocateurs devaient se révéler excellentissimes pour éviter les quolibets de leurs confrères. Mais a voir le marin qui gémissait pitoyablement au sol en essayant péniblement de se relever, Emilie savait se faire respecter et mieux valait éviter de se moquer à ses dépends. Ses révélations sur son enfance batailleuse, sur son père mercenaire et sur l'admiration qu'elle lui portait expliquait bien des choses.

La noblesse n'est qu'un ramassis de minables qui ne doivent leur place qu'à leur naissance, pas à leur talents. Certes il y a surement quelques exceptions, mais j'ai rarement rencontré des nobles méritant le respect qu'ils exigent de nous autres, la plèbe.

La guerrière interrogea alors le chaotique sur son Dieu, ce sixième Dieu encore méconnu en Péninsule, dont Arnïl et ses confrères tentaient peu à peu d'introduire le culte. Manque de chance, Louve Noire révérait avant tout Othar et Néera, mais son ouverture d'esprit quant aux autres religions permettait d'espérer y introduire un coin mental apte à favoriser les desseins du Chaos. Le rôle de prêcheur est compliqué, souvent dangereux et régulièrement frustrant, toutefois Arnïl ne se plaignait pas car il avait vu son Dieu et savait qu'aucun autre culte ne ferait autant pour lui que le Chaos. Restait à en convaincre les foules, sacerdoce qui l'occuperait durant le reste de ses jours.

"Il" est le Chaos. La théologie pentienne ne le reconnait officiellement. Est-ce une réelle volonté des Cinq, ou simplement le choix de leurs prêtres ? Je l'ignore, mais il est certain que les doctrinaires pentiens n'apprécient guère notre culte.

Almïs but une gorgée.

Comme je le disais tout à l'heure aux autres, les Dieux sont les vecteurs des forces fondamentales de l'univers. Mais quel univers serait possible sans évolution ? Sans le changement ? Imaginez-vous une seule seconde un univers où rien ne bougera plus jamais, où un point d'équilibre soi-disant parfait serait atteint. Totalement utopiste, non ? Et pourtant, quel culte prône l'évolution ? Aucun... lisez attentivement leurs textes sacrés et vous verrez qu'ils prônent tous une stabilité éternelle, l'obéissance à l'ordre sociale établi sans jamais accepter sa remise en cause. Mon Dieu est le vecteur du changement dans notre univers, nous le nommons "Chaos" mais aussi "Le Mouvement Éternel" ou "La Source de l'Evolution", pour rappeler que rien n'est jamais figé. Bien évidemment, cela déplaît aux puissants de ce monde qui voient d'un mauvais œil la remise en cause de leurs positions dominantes usurpées uniquement grâce à leur naissance. Les prêtres des Cinq sont eux-mêmes devenus gras et riches, avides de pouvoir, ils nous craignent car ils refusent cette force fondamentale qu'est l'évolution.

Le chaotique fit une petite pause le temps de laisser la serveuse les regarnir en bière.

L'évolution est une bonne chose. Je vais vous raconter une histoire... la mienne. Je suis né en Ithri'Vaan où je vivais comme mercenaire, mais j'ai été réduis en servitude suite à des dettes de jeu. Je me suis retrouvé esclave à Abyssea, la cité sainte du Chaos où notre Dieu s'est incarné et nous guide. Mon mauvais caractère et mon refus de la soumission m'ont d'abord valu bien des bastonnades, mais j'ai résisté et impressionné les prêtres du Chaos qui m'ont donné une hache puis jeté dans les arènes de combat en me disant seulement ceci : "les forts dictent leur destin". J'ignorais à l'époque qu'il s'agit du second commandement du Chaos.

Les yeux d'Arnïl se perdirent dans le vague.

Nous étions plusieurs dans l'arène, des esclaves qui refusaient de gémir comme des moutons sous le joug de nos maîtres. Partout ailleurs nous aurions été simplement châtié, mais pas à Abyssea. Nous nous sommes battus entre nous, notre sang rougissant le sable blanc, et je suis resté le dernier survivant. Gravement blessé, épuisé, je suis resté seul debout face au Dieu qui nous observait. Son regard... son regard derrière le masque d'or qui couvrait son visage... j'y ai vu une puissance, une profondeur, une beauté, une grandeur qui m'a terrifiée et fascinée à la fois. Lorsque des prêtres sont entrés dans l'arène, je pensais qu'ils me tueraient à l'occasion d'un sacrifice rituel, mais telle n'était pas leur intention.

La main de l'humain se posa sur sa cicatrice représentant une flamme.

Ils m'ont conduit au temple et m'ont apposé cette marque au fer rouge, faisant de moi un des leurs. Des drows, ces créatures ténébreuses connues pour leur haine des autres races m'ont embrassé en m'appelant leur frère. D'autres humains y participaient, et même un elfe ! Nous avons festoyé ensemble toute la nuit pour célébrer mon entrée parmi la communauté des fidèles, et je me suis alors juré de promouvoir ce culte par lequel tout devient possible. Il n'y a ni race ni frontière pour nous, seulement les prédateurs et les proies.

Une lueur fanatique s'embrasa dans l’œil du chaotique alors qu'il revivait ses souvenirs.

Le Chaos brise les chaînes de la servitude, il est celui qui guide les forts vers leur destin. Vous êtes une fidèle du Chaos sans le savoir, Louve Noire, car vous refusez les préjugés misogynes et n'acceptez aucun diktat, aucune contrainte.

HRP : Arnïl est l'humain sortit vainqueur de l'arène dans ce rp : https://miradelphia.forumpro.fr/t22637-il-n-est-point-de-chaos-sans-une-bonne-organisation

La guerrière se tut pendant un long moment, écoutant les paroles de cet étranger ou du prêcheur. Elle écoutait avec vive attention, oubliant pour de bon le culte pentiens pour avoir un esprit critique sur le discours de l’homme. La jeune femme était en pleine écoute.

Les paroles de l’homme n’était pas dénuait de sens, au contraire, les paroles de l’homme était très concret et parfaitement logique. Il était vrai que sa mère disait que Néera et les autres dieux prônent une stabilité. Mais dans le monde des mortels, la stabilité était-elle une bonne chose ? Non, le monde devient stagnant, toujours inégale. Puis, l’évolution était l’évolution de soi et de changement. Même dans une vie, l’évolution était quelque chose d’important pour devenir plus fort.

Sa paroles tiltèrent encore plus lorsqu’il parla des puissants qui avaient l’héritage de leur pouvoir par le sang et que cette vérité perturberait l’ordre établie. Il n’avait pas tort, non au contraire, il avait bien raison. La Noblesse dirigeait car ils avaient la chance d’être née dans une bonne famille et les religieux. Elle n’avait pas tordu, elle avait vue certains religieux un peu trop riche et gras…Personne ne voudrait laisser place à des gens méritants. Pourtant, le monde serait mieux dirigé par des gens compétents de différent niveau sociale que les gens issus d’une haute lignée. Sa réflexion va encore plus loin. Il n’aurait plus ces stupides guerres féodales pour des terres ou les lignages stupides que la noblesse y tenait tant.

Pour la première fois, les paroles de l’homme étaient logique dans sa conception. Le monde était en perpétuelle évolution, la nature était en perpétuel évolution. Il n’est que logique que le mysticisme soit aussi une éternelle évolution. L’homme l’intriguait, perturber un peu sa façon de voir le monde. Inconsciemment, cette vérité fait plus d’échos que les cinqs cultes que la femme vénérait. Parfois, l’homme répondit surtout sur la construction même de ce monde. Cinq dieux qui construisent un monde comme des enfants et un autre qu’il est une Force invisible qu’elle ne pouvait pas imaginer.

« J’aime ta vision des choses. Je t’avouerais que ça fait échos dans mon esprit et réponds à certains de mes questionnements. Je suis contre le « fer rouge ». Je trouve cela inutile pour la simple raison que la marque doit se faire dans l’esprit pas dans la peau. Par contre, j’aime le côté ou la différence raciale est mis de côté. Vois-tu étranger, j’ai rencontré un drow à quelque vol d’oiseau. Il était bizarre, étrange, amusant. Je pourrais le détester…Pourtant, j’ai baisé avec lui et j’ai pris mon pied. Le pire de tout cela, mon peuple à quelque vol d’oiseau de là ou j’ai baisé, il était en train d’assiéger une ville qui était tenue par les drow. » elle but son verre et renchérit « je me moque bien des races…Les humains ne valent pas plus qu’un drow dans ma vision du monde. Pour être née dans une Terre de Sang qui est la Sgardie. J’ai vue plein de mes être cher mourir par la folie des humains. A mes yeux, les drow ne sont pas différents des humains. »

Puis, elle se mit à rire.

« Je n’aime pas qu’on me dicte oui. La noblesse dans sa majorité mérite d’être déchue et de se débrouiller seule dans la nature. Par expérience, j’ai vue plein de Chevalier se prétendre guerrier ou respecter le code, ils sont souvent bien mécréants. Je suis d’accord que la noblesse de sang est une stupidité, je vois plus sur une forme de méritocratie. Il n y aurait plus de guerre pour une petite terre ou une lignage d’un Ancien qui avait culbuter une paysanne pendant un raid ou sa douce mariée pour le pouvoir. »

Elle s’approchait de l’homme, le regardant en face des yeux. Elle but sa bière et le posa.

« Aluthen, le tout et le rien serait le Dieu du chao ? Ce dieu inconnu qui perpétue l’évolution ? Dis-moi comment vois tu la construction de notre monde ?

Pensif, Arnïl se gratta la barbe pour en déloger une tique qui s'y accrochait furieusement. La petite bête tomba sur la table en bois où elle finit brutalement écrasée par un poing couturé de cicatrices. Autour des deux guerriers, la taverne commençait à se vider car les habitués rentraient peu à peu chez eux pour se reposer avant d'entamer dès l'aube une nouvelle et rude journée de travail leur permettant de gagner leur maigre pitance.

Je ne suis pas théologien et je serais bien en difficulté de dire avec certitude comment est né ce monde. Les prêtres d'Abyssea sont des spécialistes du dogme, ils sauraient mieux que moi t'expliquer ces mystères, mais j'aime à croire qu'il y un équilibre cosmique entre l'Ordre et le Chaos, entre la création et la destruction. Le Chaos est nécessaire au renouveau de l'univers comme la Mort équilibre la Vie.

Reposant sa choppe de bière, l'humain jeta quelques pièces d'or sur la table et fit signe à la serveuse pour qu'elle vienne les récupérer.

Il se fait tard et je reprends la route vers l'Ouest de bonne heure demain.

Se levant, Arnïl attrapa sa lourde cape en peau d'ours qu'il posa sur ses épaules massives. Fouillant dans sa poche, il en sortit un petit pendentif du genre de ceux que les corporations marchandes utilisaient pour reconnaître leurs adeptes. Il s'agissait d'un simple collier en métal au bout duquel pendouillait une petite médaille gravée de la flamme du Chaos.

Prends ceci, Louve-Noire. Voici un talisman du Chaos, nous en confions à ceux qui n'appartiennent pas au culte mais dont les idées peuvent rejoindre les nôtres. Si un jour ta route te mène à Abyssea ou en Ithri'Vaan, montre ce talisman et nos frères t'accueilleront avec joie.

Sur un dernier salut, le chaotique tourna les talons et quitta la taverne, satisfait d'avoir semé les germes d'où naîtraient peut-être un jour de nouveaux adeptes. Son Dieu devait assurément porter un regard bienveillant sur lui, aussi décida-t-il de passer la nuit au bordel en guise de récompense avant de continuer sa mission sacrée.

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