[Cri des Premiers ralliements | Terres d'Ardamir ] Les lances d'Ostirion

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Panahos de la 4e ennéade de Bàrkios
Dixième année du Onzième Cycle

Parler à tes parents t’as fait énormément de bien. Echanger avec  Halyalindë, bien que vos visions des choses soient divergentes t’a aussi mis beaucoup de baume au cœur. La compagnie des Sin’Dalvir s’est prouvée être au moins aussi agréable que celle des Wen’Döril durant la Lothod Merëth, et tu repars non seulement avec des alliés dans ton combat, mais sans avoir à disputer ta vie auprès de chasseurs. La question du nombre ne se pose plus d’ailleurs aujourd’hui. Si les clans qui se sont engagés respectaient leur parole – et tu leur fais confiance pour la respecter – la battue des rives de l’Uraal serait un succès, et la disparition de Yutar son apogée. Il ne s’agissait maintenant plus de rallier des elfes dont l’aide était nécessaire, mais de joindre des cœurs à votre entreprise, que l’Anaëh n’ait plus jamais à traverser de temps aussi Sombres que les dernières années.

Tu avais tout pour être de bonne humeur,  et de bonne humeur, tu l’étais relativement d’ailleurs. Ce n’était pas tous les jours que tu prenais l’occasion de profiter d’une flaque de boue pour y enfoncer tes pieds, ni tous les jours que tu te laissais aller à prendre des chemins détournés à travers la Sylve plutôt que de traverser droit devant, juste pour passer quelques heures à jouer avec un Ilweran dont les ailes se renforçaient à vue d’œil. Tu avais tout pour être détendu, tout sauf la tranquillité que seuls peuvent apporter les libres accords de la Symphonie.
Le Sombre Rêve était encore là. Le grésillement aussi, et plus le temps passait, plus ils se faisaient distincts. Pas insupportables encore. Il t’en faudrait bien plus pour t’empêcher de trouver le sommeil, et plus encore pour que tu perdes l’esprit. Tu auras pu cependant en constater les effets désastreux sur les esprits moins éprouvés que le tien. Tu auras eu l’occasion de voir en quelle épidémie peut se transformer ce simple acouphène, et le mal dans lequel il plonge ceux ayant osé simplement soulever l’idée de son existence. Tu n’auras pas fait l’erreur de transmettre plus d’une fois l’idée à une âme profitant encore de la liberté, pas quand tendre l’oreille une fois voulait dire que l’on ne pouvait plus jamais la refermer.

La secret derrière le bourdonnement, en voilà un autre comme celui des obélisques dont tu comptais laisser la responsabilité à d’autres, en attendant le jour où le temps te permettrait – ou te demanderait – de reprendre le flambeau. En attendant tu prenais la route vers les membres d’un clan de plus… et pas l’un des moindres. Le nombre n’était plus un souci aujourd’hui, mais quelques guerriers d’élite, capables de prendre les décisions difficiles lorsque tu ne serais pas là pour régenter, ce n’était jamais de refus. À Ardamir, quelles que fussent leur dissensions avec les Sin’Dalvir, les Lam’Nir étaient respectés pour cela. Ils étaient forts, tant physiquement que moralement. Les Lam’Nir étaient aussi réputés pour leur férocité, et dans des conditions telles que celles dans lesquelles tu appelais tes frères à œuvrer, ce serait une précieuse qualité.
Sauf que féroces rime souvent avec farouche, alors maintenant que tu t’approchais d’Ostirion, ne sachant pas quel accueil te ferait le clan qui s’en est autoproclamé le Gardien, tu gardais près de toi les trois fées vaisseaux de ta magie. L’heure où ils poseraient l’œil sur toi serait celle où tu découvrirais quel visage t’ont donné les rumeurs.

Un geste, le poing qui se serre et se rouvre pour prévenir son voisin. En de longs mouvements félin, il s'approche du bout de la branche. Un saut, l'écorce sous ses chaussure de cuir fin. La course au sein de la sylve. Il glissa le long du tronc et bondit dans un arbre voisin. Le pied coincé dans une fourche un peu au dessus de sa tête, il trouva celle qu'il était venu avertir. Il donna plusieurs petits coups sur sa cheville. Les pointes d'un tridents se trouvèrent à un souffle de ses yeux. Les iris bleues de la jeune femme se calmèrent en reconnaissant l'homme aux courts cheveux écarlates. Elle se laissa glisser de son perchoir pour se retrouver accroupie au même niveau que le membre de son équipe.


- Un homme. Seul. Vêtu d'écorce. Un Frère du nord il semblerait. Mage. Grand comme Metrilas. " débita-t-il a voix basse. Elle acquiesça. " Il se rapproche d'Ostirion mais semble chercher quelque chose. Il pourrait bien être l'hôte des Sin'Dalvir. "

La nouvelle fit flamber les billes bleues de la jeune femme à la peau curieusement blafarde d'une lueur malsaine, mais elle ne dit rien. Elle se contenta d'acquiescer une nouvelle fois, passa une main dans ses cheveux violacés et ordonna au Tiris'Elmion de regagner son poste. Elle s'en occuperait personnellement. Quand le chasseur hésita à prendre le chemin en sens inverse, elle promis d'en répondre elle même face à son grand-père, ce qui sembla l'apaiser suffisamment pour obéir.

Suivant les indication de son frère, elle se glissa d'arbre en arbre vers Ostirion et obliqua selon plusieurs repaires qu'il lui avait donné. Soudain, elle s’immobilisa, son trident dans la main droite, la gauche sur le tronc de l'arbre qui avait accueillit son dernier saut. En contre bas un homme faisait caqueter les brindilles et les plantes basses. Un coup d’œil. Des cheveux clair et une peau halée à peine caché par un accoutrement traditionnel des plus étranges. Ses grands yeux écarquillés par l'attention suivaient avec avidité les mouvements de l'homme. Toute a sa fascination, sa langue passa pensivement sur ses lèvres.

Un léger gloussement filtra entre les fines lèvres rosées de la toute jeune femme qui suivait l'étranger pas à pas.

Étrangement, la Symphonie ne réagissait pas le moins du monde à cet intérêt tangent. Elle chantait la joie paisible du printemps, les jeunes pousses, les proies et les prédateurs comme à son habitude. Mais cette femme, elle, ne semblait pas attirer le moins du monde l'attention de l'Oeuvre. Ou peut-être la Symphonie était-elle encore plus paisible et rayonnante autour d'elle...?

Ton pas avec le temps s’est fait de plus en plus leste, mais aussi de plus en plus lent. Là où tu te contentais de fouler le sol du sous-bois, tu prends maintenant le temps parfois de gravir une épaisse racine, ou de prendre quelques dizaines de centimètres de hauteur grâce aux dichotomies les plus basses des géants d’Ardamir. Les yeux du reptile qui t’accompagnait dardaient en tous sens, ses pupilles à la fois à l’avant et à l’arrière, guettant les sons que ton oreille par ses discrets mouvements semblaient guetter. L’orbite des trois élémentaires au fur et à mesure qu’augmentait la pression se faisait à la fois plus large et plus rapide, traduisant une concentration s’intensifiant proportionnellement.

Au moindre son suspect, tu étais prêt à vous séparer Ilweran et toi du reste de l’Anaëh d’une épaisse bulle de givre, ou au contraire, de t’imposer en tant que cible dangereuse d’un trait de glace ou de roche sifflé en avertissement. Les animaux comprenaient très bien ce langage, et cela jusqu’en Aduram. Contrairement à nombreux de tes collègues arcanistes ayant fait la majeure partie de leurs enseignements dans l’Art à Alëandir, ta maîtrise de la trame était la seule et unique raison pour laquelle tu étais encore aujourd’hui capable de mettre un pied devant l’autre. Non plus un talent, une passion, ou même une arme, mais un organe vital. Un organe vital dont les senseurs commençaient à dangereusement s’affoler au fur et à mesure que tes observations rendaient les mouvements dans les feuillages proches de plus en plus suspicieux.

Suspicieux mais pas effarouché. Dérangé à l’idée d’une présence proche, mais conforté par les Chants dans l’idée de l’absence de danger immédiat. Ton attention ne se relâchait pas, ta concentration non plus, mais l’agressivité bâtie au fur et à mesure de ton avancée semblait maintenant s’éteindre lentement, en contradictions avec tes sens percevant une perturbation de plus en plus proche. Emotions et sensations contradictoires, source première d’une anxiété à laquelle tu étais dernièrement devenu très peu tolérant.

Dangereuse ou pas, il te fallait échapper à la position de cible.
Ilweran s’est envolé.

De sauts à la fois agiles et extrêmement puissants, rendus particulièrement impressionnants par une magie s’exprimant directement à travers ton propre corps t’autorisent à échapper à la vue de ton présumé observateur, et à ton tour, de partir à sa recherche. Mais tes sens sont aiguisés, et s’ils ne l’auront pas assez été pour que tu ne sache sans l’apercevoir la nature de ton accompagnateur, ils t’auront au moins permis de le reconnaître… ou de la reconnaître du moins, au moment où la vive chevelure aura pénétré ton champ de vision.

Juste hors de portée des pointes du trident, te donnant le temps de réagir si elle venait à s’emporter, tu prends place, accroupi face à elle, perché sur une branche proche, les quelques étincelles restant dans ton proche sillage alors que les trois petits êtres élémentaires reprenaient leur inlassable révolution attestant de l’usage d’une méthode de déplacement pour le moins particulière.
Lorsque son regard trouva le tien, tu souris à celle que ses atours identifiaient aisément comme une enfant des Lam’Nir, et ce n’est que lorsque le vol pas tout à fait assuré d’Ilweran termina de le porter à toi que tu te permis de briser le silence.

- Bienveillance de l'Harmonieuse... tu es justement de ceux que je cherche.

Mais pour le temps qu’elle avait passé à te suivre, elle devait probablement s’en douter.

C'est avec une petite moue que la jeune femme avait accueillit le départ du petit dragon. Il était si mignon pourtant. Ses courtes ailes patodes et son petit ventre replet à la queue courte brillaient de lueurs iridescentes comme une petite étoile d'écaille. Sans regret, elle le laissa voleter au loin, l'admirant encore un instant avec un sourire plus clair que celui qui la prenait lorsqu'elle posait les yeux sur l'elfe qu'elle suivait.

Malheur. Une seconde d'inattention avait suffie. Sous la canopée dans laquelle elle évoluait, il n'y avait plus trace de l'homme.

Ses mâchoires se serrèrent. Un bruissement de feuille sur sa droite. Elle grimpa dans les cimes avec facilité. Les branches devenaient plus fines, les ombres moins denses. Malheureusement le panache violet qui lui tenait lieu de crinière ne pouvait pas se confondre bien longtemps avec un oiseau de paradis. Les bruissements l'entouraient. Mais plus que tout, elle savait que l'homme était à dix pas. cinq. deux. D'un bon, il perça le dernier rideau végétal pour tomber accroupis au bout d'une branche un peu en dessous de celle sur laquelle la légère grimpeuse avait put se glisser. A cette hauteur, le poids de l'étranger était un handicape même si la magie qui l'enveloppait l'aiderait sans aucun doute.

Et ses yeux rencontrèrent ceux de l'étranger.

Sa tête se pencha, le bleu étrangement saturé de ses iris intensément vrillées dans celles de cet homme. Ses paupières restaient figées, comme incapables de ciller, et son visage s'était arrêté dans un angle aussi peu naturel que confortable. Quelque chose dans son expression et son regard trahissait une instabilité profonde, un souffle malsain que la sauvagerie de son mode de vie n'expliquait pas. La chose était d'autant plus pernicieuse que cette perversion marquait un visage doux et frais, presque enfantin.

Le trident n'avança pas. En équilibre, prête à bondire, elle gardait plutôt le bras replié pour pouvoir frapper vite et fort en cas de besoins.

- Evala. " répondit-elle distraitement, encore plus fascinée maintenant qu'il était proche. Elle avança de quelque pas, descendant jusqu'à la la branche même sur laquelle l'homme avait pris place. " Mon grand-père ne sera pas heureux de te voir, mais il vous verra quand même. "

Elle était à un souffle de lui, sa chevelure vive et épaisse donnant à son visage un aspect encore plus jeune et fin. D'un mouvement brûtal, elle abaissa son trident. Les pointes de l'arme vinrent se ficher profondément dans une branche en contre bas, sa hampe servant d'appui à la demoiselle. Pourtant, l'arbre n'avait pas même frémis, semblant chanter d'une joie pure et profonde libéré de toute mal. La présent d'un elfe curieux dans ses branche semblait être le seul évènement notable qu'il ajoutait à la grande Symphonie.

- Comment fais-tu ? " Demanda-t-elle en posant une main sur le genou nu le plus proche de sa main libre. " La Pestilence que tu dégage ne se voit pas avec les yeux. " Il pouvait désormais s'appercevoir qu'elle était proche au point qu'ils partagent le même respiration... et la marque qu'avaient laissée en lui l'Aduram et les combats réagit violemment, comme si on avait essayer d'attraper toute la noirceur qui logeait dans les recoins d'ombre de sa conscience pour l'exposer en pleine lumière.

L’or de tes soleils se reflète dans l’océan de ses topaz, et sourire face à sourire, vous vous observez en chiens de faïence, l’un se méfiant des pointes, l’autre des éléments. L’un se méfiant des objectifs de l’autre car ils lui étaient inconnus ; l’autre se méfiant des objectifs de l’un, car son jugement les avait faits mauvais. L’un cherchant à atteindre l’autre pour rétablir juste représentation de son dessein. L’autre touchant du doigt l’un pour le simple assouvissement d’une pure fascination.

Evala était étrange, perturbante, peut-être même irritante. Evala usait de mots crus, de constatations aussi sèches que déplaisantes, délivrant à qui voulait l’écouter toute la noirceur de sa vérité. Pourtant elle était douce, extrêmement calculée dans ses gestes, délicate dans ses appuis, précise dans ses mouvements, au point d’éteindre jusqu’à la vigilance de la Sylve. Peut-être n’était-elle en réalité pas si douce. Peut-être était-elle un monstre, mais comment aurais-tu pu la percevoir comme telle, lorsque l’apathie de l’Œuvre se faisant de plus en plus profonde alors qu’elle continuait de t’observer. Comment faire un monstre de celle qui plongeait les Chants dans une fiévreuse félicité ?

Pour cela il suffisait de soi-même en être un. Une accusation terrible, une lente respiration, la chaleur du souffle de l’Ornedhelle, et soudain tu haïssais la paix qui t’entourait, tu te trouvais pris de contenues pulsions virulentes, et ton cœur battait. Parce qu’observer un monde en paix n’est pas agréable à celui dont les viscères sont en guerre. Tu déglutis, ton sourire disparaissant à la faveur d’un visage aussi fermé que tes poings. Un amour passionnel ou une haine profonde. Une fierté sans borne et une pénible honte. Des émotions contradictoires, des pulsions qui pourraient autant être créatrices que destructrices, un chaos que tu as péniblement organisé pour le mettre au service d’une cause qui t’était chère, au service de ton monde, au service de la Vie elle-même, étais-ce ce qu’elle appelait Pestilence ? Etais-tu à ce point sale à ses yeux ?

Lentement, l’une de tes paumes s’ouvre, et délicatement, tu la déposes contre le poitrail de celle qui te fais face. Tu la repousses, les mâchoires serrées. Tu t’extrais à cette aura de fausse bonté, car si tu reconnais abriter le monstre qu’elle t’accuse d’être, tu ne veux pas le devenir. Tu refuses de la laisser ainsi exciter ton Souffle, tu refuses qu’elle te force à perdre contenance, parce que le hurlement ayant gonflé en ton cœur n’est pas toi. Tu refuses de la laisser ainsi arracher ton ombre, car ce n’est qu’en restant dans l’ombre que les ténèbres servent la lumière. La nuit serait moins bonne si elle prenait le jour, comme le jour serait moins bon s’il prenait la nuit. Le Voile aurait été un cauchemar s’il n’y avait pas eu les miracles, mais les miracles auraient perdu leur sens s’il n’y avait pas eu le Voile.

- Amène-moi à ton grand-père.

Tu demandes, tu n’ordonnes pas, mais pour autant tu ne te départis pas de la moindre once de ta fermeté. Peut-être l’aîné d’Evala sera-t-il plus expansif qu’elle quant aux raisons l’ayant poussé à ainsi te juger.

Elle observe. Elle respire. Elle épie. Elle se laisse repousser, s'asseyant sur ses talons, toujours sans ciller. Sa langue vient de nouveau flatter ses lèvres comme face à un magnifique banquet. Elle reste là où on l'a repoussée, la main de l'étranger sur sa clavicule. Le quelquechose qui flotte dans son regard s'accoche plus fermement aux recoins écornés de l'esprit de son ami du jour. La main sur le genou de l'homme se crispe, les ongles de la jeune femme s'enfonçant sans pitié dans sa peau sans que son visage ne trahisse la moindre agitation. Son aura se fait soudain plus menaçante, sa respiration plus profonde.

- Evala !

La voix impérieuse fit voler en éclat l'atmosphère étouffante. La jeune femme se redressa d'un coup en frémissant. Ses yeux papillonèrent jusqu'à se poser sur la main serrée contre la rotule brune de l'homme qui lui faisait face. Elle la retira et pris appui sur son trident pour descendre rapidement de branche en branche jusqu'à la terre ferme, laissant Estiam sans un regard en arrière.

Ses pieds heurtèrent violement l'humus et elle resta quelques instants pliée en deux. Même lorsqu'elle redressa la tête vers celui qui l'avait interrompue, elle restait dans une posture courbée.

- Grand-Père...
- Calme-toi. " répondit-il d'une voix douce mais ferme à la jeune femme qui hocha trois ou quatre fois la tête dans un mouvement sacadé. " Tu avais raison Nelos. Tu as bien fait de venir me prévenir. "


Au côté de celui qui venait par deux fois de dompter l'étrange jeune femme, un autre plus âgé, hocha la tête, l'air chagriné. Le premier portait les cheveux d'un bleu aussi soutenu que celui des yeux de la jeune femme et le côté de son crâne était rasé en d'étranges chevrons. Le second n'avait qu'une courte paillasse sur la tête mais elle était d'un rouge profond. Ce qui était sensiblement amusant, c'est que l'homme aux cheveux bleus que la jeune femme venait d'appeler Grand-Père ne semblait pas plus âgé qu'elle et que ces deux énergumènes avaient un visage juvénile à côté du troisième laron.

- Vous pouvez descendre. " lança le jeune homme avec plus de force. " Tant que vous ne comptez pas vous attarder ici, vous n'avez rien à craindre de nous. "

Accueil froid s'il en était... Lorsque l'étranger toucha terre à son tour, Evala passa d'un bond derrière l'homme aux cheveux bleus. Son compère fronça le nez comme s'il sentait une odeur désagréable. Seul le fameux grand-père ne semblait pas le moins du monde affecté par la présence de l'étranger.

- J'ai faim... " murmura la jeune femme dans un gémissement d'enfant agacé en s'accrochant au bras de son bouclier humain.
- Je m'appelle Dalen. Premier des Lam'Nir. " se présenta-t-il sans prêter attention aux minoderies agitées de la femme. " Dites nous donc pourquoi vous invitez d'autres clans à envahir les terres que nous protégeons, Marcheur. "

Derrière une frêle épaule couverte de cuir et d'écorce, la jeune femme observait toujours l'étranger avec insistance.

L’éloigner ne suffirait pas à lui faire abandonner son étrange manège. Elle ne te lâcherait pas. Le duel entre vous deux continuerait, elle comme s’accrochant aux tréfonds ombreux de ton Souffle, toi te retenant de les laisser exploser alors que tes ténèbres te traversent les organes comme une mauvaise bile. Elle s’épancherait lentement de ton propre esprit, son empreinte prendrait lentement la forme de la tienne. Mais qui dit qu’elle saurait contenir ce que tu renfermes ? Elle t’écorche le genou, s’accroche, est-elle en train de céder ou au contraire sa gloutonnerie la poussera-t-elle à l’excès ? Y a-t-il une issue de ce jeu dans laquelle tu ressortirais vainqueur ? Ou serait-il vital pour vous deux que tout cela ne s’arrête ici et maintenant ?

Une autre voix. Voix qu’elle reconnaît comme celle de son aîné, et alors enfin elle te libère. Tu respires, reprends contenance, laisse le temps de cicatriser aux plaies laissées par les crocs de la Bête. Attendre. Une simple marque de respect habituellement, un geste qui sauverait peut-être des vies aujourd’hui. Attendre que la voix de l’aîné t’autorise à joindre les siens, qu’enfin tu comprennes quelle est la nature de leur dégoût.

- Estiam, tu te présentes en faisant fi de l’accueil glacial, sous le nom que l’on t’a donné en tant que hérault de Mëlien Ruthwentë.

Et pour ce qui est du reste, tu étais maintenant trop habitué à la rhétorique accusatrice des clans pour y accorder le moindre crédit. C’est avec une calme ardeur en opposition à son froid mépris que tu lui répondais sans plus d’ornements.

- Ni les berges de l’Uraal ni l’Annon n’appartiennent au domaine des Lam’Nir, et je n’ai aucun clan entier dans mon sillage. Peut-être les Noss les plus nombreuses et les plus généreuses accepteront-elle de se séparer d’une poignée des leurs, mais pour la majorité aujourd’hui ils ne doivent que commencer à marcher. Tes doigts viennent flatter la gorge d’un dragon-fae méfiant, posé sur ton épaulette Quant à ce pourquoi ils ont été appelés, à moins de vouloir vous y joindre, vous n’avez pas à vous en inquiéter. Nous avons repris un peu de nos terres il y a deux ans de cela, maintenant il est temps de définitivement chasser la menace sombre de l’intérieur des forêts avant qu'elle ne trouve un nouveau souffle. Voilà tout Et tes derniers mots force d’avoir été répétés deviendraient presque rituels Que l’Annon chante à nouveau à pleine voix.

- Heureux de savoir que les clans prennent enfin au sérieux la pureté du Chant. " répondit Dalen alors même que son visage semblait le plus morne qui soit. " Je vous souhaite bonne chance dans votre entreprise. " ajouta-t-il en faisant demi tour pour s'éloigner à grands pas. S'il n'était pas sur leurs terre d'influence, les Lam'Nir n'avaient aucune raison de traiter avec lui. Ils étaient suffisament peu nombreux pour penser avant tout à leur préservation et même ainsi ils avaient encore fort à faire avec leurs voisins Citadins.

Nelos le regarda passa devant lui, aussi hébetté qu'Evala par la brutalité de sa réaction. Il tenta de l'arrêter mais reçu pour toute réponse un simple " Le clan doit conserver ses forces. " Les reconstruire aurait été une meilleure formulation, mais il n'aurait jamais conscentit à le dire devant un étranger. Le chasseur aux cheveux rouge s'appraitait à emboiter le pas de leur Premier lorsqu'un détail inattendu détruisit toute véléité de départ immédiat.

Evala venait de se laisser tomber sur le sol, en tailleur et oscillait d'avant en arrière. D'arrière en avant. Lentement. Ses bras étaient enserrés autour de son ventre, comme si elle faisait un gros effort pour retenir quelque chose sous sa tunique. Dalen posa les yeux sur la jeune femme jusqu'à ce qu'elle se relève, semblant encore une fois faire un effort immense pour se tenir droite. Elle fit deux pas. Les sourcils de Dalen se soulevèrent. Elle venait de s'approcher à reculon de l'étranger.

- Comment vous allez les chasser sans faire mal à l'Oeuvre ? " demanda-t-elle avec une tension dans la voix.

Malgré le regard curieux qu'elle posait sur Estiam, rien ne vint le déranger cette fois.

Ne pas obtenir plus des Lam’Nir que quelques tièdes mots d’encouragement, pouvais-tu vraiment t’en décevoir ? Pas vraiment. Tes nombreux passages en Ardamir, en tant que Citadins comme en compagnie de la Lin’Serindë t’auront depuis bien longtemps permis de te construire une image d’eux comme étant des elfes particulièrement farouches, agressifs parfois même, alors dans un contexte aussi tendu que pouvait l’être celui d’Anaëh aujourd’hui, tu pouvais t’estimer heureux de n’avoir pas été cible des flèches et des tridents. Ce sont étrangement les deux plus jeunes qui auront été les plus interpelés par les réactions du Premier de leur Clan. Probablement ne réalisaient-ils pas comme lui à quel point ils étaient aujourd’hui affaiblis.

Conserver ses forces étaient un euphémisme comme on aime à en faire pour ne pas se dévoiler dans sa faiblesse aux étrangers. Les derniers événements avaient durement touché les Lam’Nir.

Qu’il en soit ainsi alors. Adressant à l’arrachée de discrètes salutations à ceux qui avaient déjà tourné les talons, et ne t’attendant pas à obtenir plus d’eux, tu t’apprêtais à ton tour à reprendre ton chemin, mais c’était sans compter sur l’intervention de ton étrange hôtesse d’accueil. Un couinement surpris d’Ilweran fit écho au bruit de la chute sur le sol de la jeune Ornedhelle, et c’est cinq paires d’yeux maintenant qui l’observaient attentivement, se demandant où voulait-elle en venir. De tous tu devais être à la fois le plus intrigué et le premier à avoir posé une hypothèse sur ses raisons d’agir ainsi. De tous tu étais à la fois le plus anxieux et le plus rassuré, parce qu’au fur et à mesure du combat d’Evala contre ses propres viscères, le sentiment de malaise constant que provoquait sa présence dans ta vicinité faisait figure de s’émousser.
La jeune elfe ne prit pas de risque pour autant. Son souffle et le tien restèrent aussi loin que faire se puisse, ses mots t’arrivant depuis un profil fuyant plutôt que dans un face à face.

- Ceux qui rôdent encore près de l’Uraal sont très peu nombreux. Les traquer comme des proies ne devrait pas leur laisser le temps de faire plus de dégâts que nos proies habituelles ; ceux de l’Annon… tu défais ton collier et en pose les breloques dans ta main, trois gemmes taillées en pointe de flèche, d’une extraordinaire pureté, mise en valeur parmi les dents, l’ivoire et les plumes seuls tomberont avec eux les murs derrière lesquels ils se cachent et les nids dans lesquels ils se terrent.

- Alors je viens.

Evala hocha plusieurs fois la tête, mais Dalen paraissait pour le moins agacé. Par l'audace de la jeune femme ou les réponses simples de l'étranger, il aurait été difficile de trancher. Le chasseur parraissait lui, sur le point de paniquer depuis que sa soeur d'arme avait dévoilé sa dernière lubie. Il ouvrait déjà une grande bouche, sûrement pour une exclamation de reproche, mais la main lourde du petit homme aux cheveux bleu le fit taire avant même le début de sa tirade.

- ça suffit, Evala. " tona Dalen d'une voix sombre et grave " Tu ne peux pas t'éloigner de nous. Si tu restes près de lui, tu auras de plus en plus faim. Et nous... " il jeta un bref regard à Estiam et combla la distance qui le séparait de la jeune femme pour la saisir par le bras. Elle se mis à gémir, comme si le fait de la tenir engendrait une vive douleur.
- Je veux pas ! " hurla-t-elle lorsque Dalen la tira brusquement loin d'Estiam. Deux oiseaux effrayés s'envolèrent, quelque chose décampa dans les bosquets et la Symphonie prit brusquement un tour moins tranquille... Un tour qui ne dévoila que mieux un bruissement strident, un bourdonnement, un murmure vif et lancinant.

Si Dalen n'en sembla pas troublé le moins du monde, Evala s'arrêta brusquement et Nelos frissonna. Après quelques instants, les deux se tournèrent vers l'étranger.

- Arrêtez-ça. " Cracha Nelos dont les nerf étaient visiblement mis à rude épreuve.

Dalen posa un oeil inquisiteur sur Estiam à la suite de ses deux compagnons et attrapa le poignet d'Evala avant qu'elle ne plonge le doigt dans son oreille comme si de rien était.

- Tu ne de…

Tu n’eus pas le temps de plus en dire avant que Dalen n’intervienne, imposant une péremptoire interdiction à Evala de s’éloigner des siens. Pour son bien et celui du clan. Parce qu’ils avaient besoin de se reconstituer. Ou plutôt parce qu’elle représentait quelque chose de particulier. Elle était quelque chose de particulier. Pas une mage, non, elle ne te semblait pas déranger la trame plus que de raison. Elle était ou portait quelque chose dont l’empreinte sur la Symphonie était tout à fait singulière. Quelque chose d’assez puissant pour arracher à ton sein les souvenirs de la Mélodie Dissonante, comme elle arrachait les cris de douleur à la Sylve qu’elle foulait.

Ils avaient besoin d’elle, au point d’être prêts à fouler au pied son libre arbitre, et à assez la déstabiliser pour que ce quelque chose change du tout au tout, qu’il arrête de dévorer le mal, pour au contraire le laisser prendre fermement racine. Quand la paix s’était longtemps faite aussi profonde qu’autour d’Evala, le retour du Bourdonnement n’en semblait que plus violent. Pour ceux qui l’entendaient du moins. C’était le cas de Nelos. Ce ne semblait pas être celui de Dalen. La jeune femme quant à elle semblait en être bien peu incommodée, et si tu en étais gêné, tu étais assez largement assez résilient pour ne pas te recroqueviller comme le faisait le chasseur.

Te demandait-il d’arrêter cette chose en désespoir de cause, ou t’en pensait-il réellement responsable ?

- Comment ? tes sourcils se soulèvent Je ne sais même pas exactement ce que c’est !

Tu gardes le ton bas, prenant garde d’autant limiter que possible l’échange avec celui qui était déjà victime du grincement. S’il se faisait un peu trop curieux, il y a de grande chance qu’à son tour l’elfe aux cheveux bleus y succombe… à moins qu’il n’en ait déjà été fait victime, et ne s’en trouve protégé que par la proximité d’Evala ou encore, qu’il ne fasse simplement preuve d’une incroyable résistance.
Tu t’avances calmement vers le jeune Ornedhel endolori, dont les nerfs à vifs motivent une réaction complètement disproportionnée. Le trident fuse en ta direction, sans entraîner le moindre mouvement de recul de ta part. Les muscles du chasseur se tendent dès que les pointes de son arment rencontrent résistance, mais c’est au moment du mouvement retour qu’il rencontrera le plus de résistance. Le visage sévère, tu tiens dans ta main droite, recouverte d’une gangue pierreuse, l’une des pointes de l’arme, et profitant de ta plus forte corpulence, tu tires vers toi un elfe déraisonnablement attaché à son arme, à la fois paniqué par le fait que tu fasses front et déboussolé par le désagréable acouphène.
Lorsque tu te retrouves à portée de bras de lui, ta main gauche vient fermement saisir son épaule, et  tes iris se vrillent dans les siens.

- Je n’ai jamais en presque un Cycle entendu rien de semblable. Crois-moi ou pas, mintë, mais cette chose a beau être véhiculée par la Symphonie, elle est d’une toute autre essence, et non ce n’est pas la mienne, mais je doute qu’elle soit elfique.

Trad:

Dalen regarda successivement Nelos et Estiam. Le Chasseur était de plus en plus mal à l'aise et l'étranger de plus en plus offusqué et interrogatif. Il souffla quelques mots à Evala mais elle le regarda l'air de ne pas comprendre. Avec un peu d'insistance, elle secoua négativement la tête et il la lâcha pour la pousser derrière elle l'air cassant. Pourtant, rien dans sa posture ne suggérait qu'il entendait bel et bien le son agaçant.

Nelos ouvrait de grands yeux écarquillés mais Dalen n'était pas intervenu, se contentant de garder Evala derrière son dos et de préparer son sort à fuser, auscultant le corps de l'étranger pour y trouver les failles et les faiblesses.

- Et cela arrive juste au moment ou vous apparaissez sur les lieux que nous gardons. Un menteur étranger. Lâchez moi. puis il ajouta plus haut Il faut qu'il parte. Et vite.
- Explique-toi Nelos.
- Cet homme apporte le malheur parmi nous. La Mère désapprouve sa présence. Evala doit l'entendre aussi.

Dalen fronça si fort les sourcils que ses yeux furent réduits à deux fentes.

- Et il doit réparer ce que cause sa présence. Sinon nous saurons quoi faire. Vous n'êtes pas le premier. "

Ta poigne sur l’épaule du chasseur descend chercher meilleure prise à son bras, et le léger tremblement que tu lui communiques lui laisserait amplement entendre ton état à la fois de frustration, de vexation et d’impuissance allant en grandissant… si seulement il écoutait un traître mot de ce que tu pouvais dire. Nelos avait déjà tiré ses conclusions. Dalen protégerait ses seconds, et Evala, la seule te paraissant capable de remettre en question son idée première – par gourmandise probablement – respecterait néanmoins sans plus ciller les ordres de son Grand-Père. Te voilà seul contre un clan.

- Je viens du Nord-Est. J’arrive d’Alëandir. Tu entames dans un étouffant murmure, le regard sombre Si cette… chose te rongeait comme elle me ronge moi, tu entendrais qu’elle vient avec les Chants du Sud-Ouest. Tu approches dangereusement ton visage de celui d’un Nelos dont l’arme et le bras sont entre tes mains Ne remets jamais en cause mon engagement envers I Emël.

Tu lâches abruptement le chasseur et prend un pas de recul, tournant les pupilles vers les autres acteurs de la scène, ceux dont les accusations risqueraient de ne pas mourir tant que tiendraient celles de Nelos. Ton cœur bat la chamade, tes dents sont serrées et tes mains tremblent, en totale opposition avec le Premier des Lam’Nir, semblant presque complètement imperturbable. Créature d’émotion que tu es, c’est qu’il a bon goût le tribut de l’Aduram.
Ilweran volette en rond autour de toi, dans un état de désespoir palpable. Le petit reptile cherche à s’en aller, à s’enfuir loin d’ici où la tension est bien trop importante… et pourtant au lieu de désigner le confort des terres d’où vous venez, son cercle s’oblique en un ovale donnant sur le Sud-Ouest. Par là. C’est par là qu’il te faut aller si tu veux faire le moindre progrès. Un détour de plus avant de joindre les berges de l’Uraal, un obstacle de plus dans ta quête, pour le mieux de tous. Pour le mieux de l’Anaëh.

Comprendre et détruire la source du Bourdonnement, voilà ce qu’il te faudrait faire, non seulement pour rétablir la vérité, mais par-dessus tout pour en délivrer Ardamir.

- Mais puisque vous trouvez plus simple de m’accuser que de tendre l’oreille et d’agir. J’irai. Je trouverai la Source. Et qu’I Mîngely me fasse part d’assez de sa sagesse pour que je comprenne comment la détruire.

Les poings serrés, tu traverses le petit groupe de Lam’Nir, dernière provocation avant tes adieux, pour marcher droit vers la Source de la douleur.

- Je reviendrai.

Et alors ils n’auront plus d’autre choix que de reconnaître leur erreur.

Restés seuls, les trois Lam'Nir regardèrent un long moment dans la direction que venait d'emprunter l'étranger. Ce héros de Mëlien. Dalen finit par observer plutôt le dos de Nelos. Le chasseur tenait son épaule de sa main libre, les doigts crispés sur sa propre chair. Il murmuraient à voix basse, trop basse pour que son frère puisse l'entendre. Puis, soudain, il se tourna vers lui.

- ça ne s'arrête pas ! " Ses yeux exorbités étaient terrifiés. Au bord de la panique. "ça ne peut pas recommencer Dalen ! Je t'en supplie dit moi que ça ne recommence pas ! "

Lança un rapide coup d'oeil à Evala qui s'était écartée de quelques pas et écoutait la canopées avec un sourire étrange. Elle était parfaitement calme et se peignait distraitement du bout des doigts, quoi que sa main vienne par moment tirer sur son oreille comme si elle tentait de la déboucher.

- Dalen ! " répéta Nelos en le saisissant par les épaules. L'homme aux cheveux bleus appela à sa petite fille d'une voix forte. Elle accourut, curieuse, et il lui expliqua à voix basse pourquoi il ne voulait pas qu'elle suive l'étranger. Mais le plus important était observable. La présence de la jeune femme semblait avoir décontracter le chasseur.
- Tu vois, cela ne vient pas de nous. C'est dans la Symphonie. Met toi en harmonie avec la Bête et tu ne l'entendra bientôt plus. " sourit le Premier lorsqu'il eut terminé de discuter avec la jeune femme.
- Mais si cela ne s'arrête pas ? Ne ne serons pas forcément affecté mais l'Oeuvre...
- Pour l'instant nous laisserons cet étranger s'en charger. Nous verrons bien s'il n'y est vraiment pour rien. Nous déplacerons le campement vers le Nord pour nous éloigner de la source et si il n'y a pas de changement à la fin du mois, nous nous en chargerons nous-même.
- Pourquoi ne pas y aller tout de suite ? N'est-ce pas notre devoir de nous occuper de ce genre de dissonance ?
- Pour l'instant il est de notre devoir de survivre et de transmettre notre sang, Nelos. " sourit Dalen en posant un moment des yeux doux sur sa petite fille. " Nos jeunes subissent encore les séquelles de Son éveil et même moi je ne sais pas si cela leur passera. Alors nous ne pouvons prendre le risque d'affaiblir plus encore notre clan. Quand ce que tu me décris aura cessé, je demanderai aux Arda'Anolmir de réunir les clans de la région à propos de cet étranger. En attendant, nous nous concentrons sur nos propres soucis et les Mirtil'Di nous aiderons comme ils le peuvent... Rentrons."