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| [Plan des Ombres] Hic sunt dracones | |
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Krish Al'Serat
Ancien
Nombre de messages : 1580 Âge : 34 Date d'inscription : 27/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 1 008 ans Taille : 1m82 Niveau Magique : Avatar
| Sujet: [Plan des Ombres] Hic sunt dracones Mar 3 Avr 2018 - 17:25 | |
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La bouche pâteuse. Ses yeux, même clos, lui lançaient douloureusement. Son bras droit, raide et enflé, renvoyait en échos brûlant les pulsations de son cœur. Difficilement tirée du sommeil par un frisson qui avait électrifié ses nerfs à vif, Krish se força à entrouvrir les yeux. Elle était assise en tailleur. Non. Avachie aurait été le mot juste. Son dos avait glissé le long du pilier qui lui servait d’appui et sa ceinture de cuir à moitié défaite lui labourait la hanche, coupant la circulation de sa jambe gauche. Avec une grimace, elle se souleva légèrement pour la dégager et les fourmis coururent le long de son membre léthargique. Son dos se raidit brusquement en sentant une douleur aiguë lui courir le long du bras droit jusque dans l'épaule, mais ce fut surtout la sensation d'un mouvement sur sa cuisse qui la fit s'immobiliser. " hhmmmmém... " babilla une petite voix en échos de son dernier grognement. Elle baissa les yeux pour découvrir la petite silhouette d'Elghinn, pelotonnée contre elle, la tête sur sa jambe. Contrairement à son habitude, le poupon n'était pas parti explorer les alentours de ses pas chancelants. L'une de ses petites mains était sortie de la couverture qui l'entourait chaudement pour se cramponner à la soie du vêtement de sa mère. Une couverture qu'elle ne connaissait pas. A qui... Un nouveau frisson lui couru le long du dos, la coupant dans ses pensées. Elle serra les dents pour faire refluer la douleur et examina enfin son bras droit. Triste état... Il était fracturé en plusieurs endroit, elle ne pouvait en douter. Et même sa main n'était pas indemne. Le gonflement était douloureux et son membre prenait des angle improbables. Pourtant, elle le constatait encore dans une demie-conscience. De sa main valide, elle caressa la petite tête couverte de duvet blanc avec un sourire attendri, puis son regard fut attiré par son environnement. Le silence lui vrillait les oreilles. Elle voyait flou et ses yeux la brûlaient toujours mais le peu qu'elle voyait lui suffit pour qu'une question lui vienne. - C'est quoi ce bordel ? " murmura-t-elle en voyant le pilier tombé au sol et l'immense nef entièrement vide. Pas le moindre souffle d'air ne faisait siffler une éventuelle brèche dans un mur. Pas la moindre porte grinçante. Seulement un temple vide, plongé dans l'ombre d'un dégradé de gris et de noir tel qu'elle aurait put les voir par une nuit de pleine lune. Une odeur de poussière froide lui chatouillait le nez mais pas la moindre trace d'humidité ne venait moisir les alentours. Pas trace de sècheresse particulière non plus à bien y penser. Il faisait froid mais elle n'avait pas froid. C'était plus comme si toute notion de chaleur avait disparue. Pourquoi était-elle encore ici ? Tirant sur sa mémoire ankylosée, elle remonta jusqu'à la rencontre avec Haldren. Ils devaient parler du culte du Chaos et de l'avenir du Puy. Elle avait insisté pour connaitre l'essence du lien qui attachait Haldren au Chaos. Il les avait téléporter... Ailleurs. Dans un désert de sable et d'ombre. Puis.. ici ? Un immense trône et un brasier noir. Il s'était révélé comme étant le chaos lui-même. Un mage se prenant pour un dieu. Elle lui avait dit qu'une alliance était envisageable puisqu'il n'était pas d'essence divine et... Une crampe soudaine lui saisit le dos, elle saisit fermement son épaule blessée et serra les dents au point de se les briser. CREVURE ! De la sueur perla sur son front alors que la pleine possession de son corps rendait toute sa dimension à la douleur. Cette ordure avait voulu la piéger en menaçant Elghinn. Bâtard. Elle lui arracherait le cœur avec les dents et s'assurerait qu'il n'ai jamais de descendance! Le colère qu'elle avait ressenti lui serra de nouveau les tripes. A partir du moment ou elle avait poser les yeux sur son fils menacé de noyade, elle ne se souvenait que de flash confus. Cette colère plus forte que tout le reste. Un mélange de soif de vengeance et de pulsion cruelle. Une grande chaleur. Elle ne voulait que deux choses : son fils et la tête du mage qui l'avait mis en danger. Elle avait la vague impression qu'Haldren avait été mis en déroute, mais la façon dont tout ça avait eu lieu était plus floue. A voir son bras, elle pouvait seulement constaté que ça ne s'était pas fait sans dommage. Un autre détail lui revint. Le mage lui disant que, si elle sauvait Elghinn elle serait enfermée dans ce temple le temps que Yutar tombe... Bon. Au moins, elle savait pourquoi elle était encore là. Elle aurait également une porte de sortie... S'il avait dit la vérité. Autant commencer à chercher une autre échappatoire, juste au cas où. Mais chaque chose en son temps. Ils y avait de grande chance que tout ceci dure plusieurs jours, qu'elle s'échappe seule ou non. Ils devaient donc trouver de quoi manger, boire et plus que tout, il fallait qu'elle fasse attention à sa blessure. Après avoir coucher Elghinn sur le sol gris perle, elle passa les heures suivantes, le pommeau de sa dague entre les dents, à vérifier chaque parcelle de son bras afin d'en réaligner le moindre fragment jusqu'au bout de ses phalange. La jambe droite de son ample pantalon de soie fut intégralement transformée en bandages et sa dague compléta le tout en tant qu'attelle de fortune. Dans un dernier effort, elle sangla son bras contre sa poitrine avec sa ceinture et se laissa glisser à plat dos sur les dalles de pierre, pantelante. Lorsqu'elle reprit connaissance, cette fois, ce fut à cause de la voix d'Elghinn qui la réclamait. Trop épuisée pour se tenir debout, elle le laissa téter puis le serra contre elle pour lui parler longuement. Dans cette atmosphère maussade, il était difficile de dire combien de temps s'était écoulé, mais elle dormit encore deux bonnes fois avant de se relevée pour explorer les environs. Elle avait faim mais Elghinn ne tirait plus une goutte de sa poitrine. L'un dans l'autre, cela devait faire quelques heures qu'elle était étendue. Elle récupérait plus vite qu'elle ne le pensait. Quoi qu'il en soit, elle ne devait pas céder à l'abattement. Elghinn posa ses grands yeux rouges sur elle alors qu'elle se relevait, puis sur la grande main qui se déploya devant lui. La bouche entrouverte et la mine surprise, il interrogea encore sa mère du regard. - Vient. On va jouer aux explorateurs. Je suis sûre qu'il y a plein de choses intéressantes à voir.- Je veux ! " rit le bambin en s'emparant des longs doigts de l'elfe noire qui lui souriait. Oh oui, il y aurait beaucoup de choses intéressantes à voir. Krish était avide de découvrir cet espace étrange qui s'offrait à elle. Chaque recoin, chaque pas taraudait sa curiosité et lui donnait une grisante sensation de mystère, de danger et d'inconnu. Certains des murs comportaient d'étranges glyphes. La lumière ne variait pas. La température non plus. Pas le moindre changement, même infime. Si elle pensait trouver une salle contenant des victuailles, elle du se rendre à l'évidence : non seulement il n'y en avait pas, mais il n'y avait pas non plus le moindre rat, la moindre araignée, le moindre insecte ni même le moindre grain de poussière. Tout était... vide. Un rêveur fainéant avait oublié de remplir l'endroit de toutes les petites choses qui donnait de la vie à un lieu. Il leur arriva de regagner la sortie de l'édifice. Devant les murs du temple, un désert de poussière grise s'étendait à perte de vue en d'étranges valons dépourvus de sens ou de régularité. Mieux valait rester à l'intérieur pour l'instant. S'ils s'aventuraient dehors, qui sait s'ils retrouveraient leur chemin et elle n'avait pas franchement envie de mourir dans une tempête de sable, de cendre, ou de ce dont était fait cet étrange désert dépourvu de soleil. Le temps passa. Elghinn réclama une sieste. Puis deux. Revenant dans la grande salle, elle s'installa pour une nuit paisible. Le lendemain, la même routine. Elle récupéra un morceau de pierre et la posa sur une dalle dans un coin de mur au fond de la nef et se promis de le déplacer d'une dalle à chaque fois qu'elle se réveillait puisqu'elle n'avait rien pour mesurer le temps. Mais après s'être reposée pour la troisième fois, elle du se résoudre à une décision désespérée. La faim qui la tenaillait, elle aurait put la supporter. Mais le ventre d'Elghinn était désespérément vide, lui aussi. Il pleurait souvent et demandait pourquoi ils ne pouvaient pas rentrer. Peu importait ce qu'Haldren avait réussi à créer comme piège, il s'était débrouiller pour qu'elle ne puisse pas nourrir son enfant. Il fallait qu'elle trouve de quoi boire et manger avant d'être trop affaiblie. Elle se dirigea vers la porte du temple et observa l'horizon vide. L'état de son bras abimé était toujours grave mais elle n'avait plus le choix. Une longue inspiration. Ses phalanges se crispèrent sur le manche de la dague qu'elle avait du se résoudre à récupérer pour pouvoir se défendre un minimum. - Tu me serres le plus fort que tu peux, Elghinn. Et quoi qu'il arrive, tu obéis à maman, d'accord ?- Oui.Elle le sentit remuer contre son flanc et accrocher ses petites mains autour du cou et de l'épaule robuste de sa mère. Elle avait transformer la grande couverture dans laquelle il était emmitouflé en porte bébé, passé en bandoulière pour qu'Elghinn repose en toute sécurité contre son flanc du côté de son bras valide. Elle souffla doucement. Rajusta son équipement de fortune. Les secondes s'égrainait, grisantes et terrifiantes. Depuis quand n'avait-elle pas connu un tel saut dans l'inconnu ? Un sourire crispé sur les lèvres, elle posa un premier pas sur la fine poussière grise qui façonnait le paysage. Ses fines chaussures s'y enfoncèrent un peu. Elle n'avait rien à perdre de toute façon. ___ Elle courait. De toute la vitesse de ses jambes, elle courrait. Son bras valide soutenait et entourait Elghinn, la dague fermement enserrée entre ses doigts crispés. La forme noire se rapprochait. Elle sentit une lame coupante comme un rasoir lui entamé le mollet et retint ses cris pour ne pas affoler plus encore Elghinn qui pleurait à chaudes larmes. Mais malgré tous ses efforts, elle roula au sol. Un réflexe de survit la redressa à moitié en un équilibre précaire. Elle faisait face à la créature. Le sang collait les restes de son pantalon. L'ombre ressemblait vaguement à un ours. Sans pouvoir distinguer précisément d'yeux, elle se sentait épiée et une certitude l'envahissait peu à peu. Elle n'aurait pas du être là. Elle n'était pas la bienvenue et tout ce qui l'entourait la rejetait aussi violemment que cruellement, elle et son fils. Une sueur glacé lui coulait dans le dos. Avec la force de la dernière chance, elle hurla pour se donner la force d'abattre sa dague sur la forme monstrueuse. Un étrange glapissement chuintant s'en dégagea et la forme se recroquevilla sur elle même. L'arme échappa des mains de l'elfe noire mais celle-ci ne chercha pas à la récupérer. Elle tourna les talons et se mit à courir sans prêter la moindre attention à sa jambe blessée. Si elle s'arrêtait à nouveau, c'était la mort. Au final, elle n'avait même pas eu le temps de perdre de vue le temple. Elle se précipitait vers ses contreforts solides. L'ombre gagnait du terrain. Un frôlement glacial siffla à l'oreille de Krish lorsqu'elle atteint la dernière marche du perron. Elle roula sur le côté en protégeant Elghinn comme elle pouvait, se releva et partit en direction des profondeurs du temple. Son cœur battait jusque dans ses oreilles. Sa respiration devenait sifflante. Sa vue commençait à se brouiller. Profitant du repérage des premier jours, elle se perdit dans le labyrinthe de couloirs. A droite à gauche. Elle n'entendait plus le monstre à ses trousses.A bouts de forces, elle se barricada tant bien que mal dans une petite pièce dénichée la veille et se roula en boule pour bercer Elghinn autant qu'elle le pouvait. Lui demandant de se calmer, d'abord comme un ordre, puis comme une imploration. - Chhhhh... Tout va bien. Il ne te fera rien. " Au fur et à mesure qu'elle parvenait à se calmer, le bambin se détendait lui aussi. " Je suis là et je ne laisserai rien t'arriver. "Assise contre le mur, son regard tomba sur les lignes rouges que formaient son sang sur le sol gris. Dans ce monde dépourvu de couleur, la vive lumière du carmin sombre ciselait des formes hypnotisantes. Elle n'avait jamais une trace de sang si belle. La noirceur qui l'entourait la frappa soudain. Elle n'était plus dans le monde normal, ni dans un piège magie élaboré par Haldren. Elle était... Ailleurs. Dans un monde qui disposait de ses propres lois. La volonté d'Haldren n'avait rien à voir là dedans. "Alors, Teiweon les entoura de ses Voiles d'Ombre, l'Ombre sur laquelle elle régnait. " Prenez et rendez grâce. " dit-elle " Car ceci vous dérobera aux yeux de la Traitresse et de ses serviteurs honnis. " De ce présent, leurs peaux se teintèrent de noir et les Chimères perdirent leur trace. De joie, ils offrirent sang et chants à la Déesse Sombre, jurant de choyer son cadeau pour des cycles et des cycles, Jusqu'à ce que Vengeance soit faite. " Ce n'était qu'un filet de voix. Les réminiscences furtives d'une histoire qui faisait partie de chaque Eldéen. Elle n'osait y croire et ne savait trop quoi en penser... Mais si elle était aux portes du Royaume de Teiweon... Non. Elle ne mourrait pas. Elle pria silencieusement Teiweon de se tenir hors de son chemin pour l'instant et Uriz de voir sa détermination. - Je ne laisserai rien t'arriver, mon trésor. " répéta-t-elle calmement en posant un baiser sur le front de son fils malgré son corps de plus en plus perclus. Droite, aux aguets, les poings serrés, elle resta là. Immobile. Quelque part dans les couloirs, une forme indistincte rodait silencieusement. Elle avait choisi de rester sous la tutelle des Vrai Dieux malgré la menace qui pesait sur elle. Elle avait la force de ne pas se renier. Elle était seule maîtresse de son destin et elle s'en sortirait encore cette fois, jusqu'à mériter son éternité au Nahali et bien au-delà encore.
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| | | Krish Al'Serat
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| Sujet: Re: [Plan des Ombres] Hic sunt dracones Ven 6 Avr 2018 - 23:46 | |
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Elle avait perdu le décompte du temps. Combien de fois avait-elle dormi ? Depuis combien de temps était-elle sortit des profondeurs du temple pour regagner la nef ? Il lui avait fallut un sacré cran pour s'aventurer de nouveau hors de son repère de roche avec Elghinn. Retrouver la nef en évitant le monstre qui leur avait donné la chasse, Elghinn sur ses talons, avait été bien pire. Mais une fois de retour dans la grande salle au brasier noir, il n'y avait plus trace de la créature. Elle était soit partie, soit perdue dans les profondeurs de la bâtisse... Et dans le second cas, elle ne préférait pas penser à la quantité d'autres formes qui pouvaient s'y être retrouvées piéger au fil du temps.
Enfin le temps... Plus il passait, moins il semblait avoir de prise.
A mille et un ans, on avait tendance à prendre conscience de ce que représentait réellement l'immortalité. Mais là, c'était encore différent.
Des détails dépourvu de sens déformaient la réalité dont elle avait si longtemps eu l'habitude. La faim et la soif tout d'abord. Ces sensations ne la quittaient plus. Même Elghinn semblait s'y faire peu à peu, suçotant et mâchouillant son index replié lorsque son petit estomac hurlait trop fort. Pourtant, ni l'un ni l'autre n'en éprouvaient les douleurs plus plus graves. La fatigue, les vertiges, la faiblesse, rien de tout cela ne les accablait. Krish avait l'impression d'avoir éternellement sauté des deux derniers repas, rien de plus. De la même façon, la fatigue la prenait à intervalle régulier et la taraudait aussi longtemps qu'elle était éveillé sans pour autant la pousser vers l'inconscience ou l'abattement. Le sommeil était l'un des rares luxe qui leur était permis dans cet étrange endroit. Au réveil, ils se sentaient plein d'énergie et leurs fatigue jouait le rôle d'horloge pour le reste de ce que l'elfe noire avait décidé de considérer comme des journées.
En fin de compte, mis à part s'ils se blessaient, rien ne semblait pouvoir mettre fin à leur jour dans cet endroit. Les blessures, et l'ennui. Elle qui avait décidé il y avait déjà plusieurs années qu'elle ne se laisserait pas l'ennui de la vieillesse avoir prise sur elle, après toutes les aventures des derniers mois, elle devait se préparer à revivre de mornes expériences jusqu'à ce que le portail d'Haldren se rouvre. Mais dans combien de temps ?
Des ennéades ?
Ce qui était plus angoissant encore que le temps, c'était le froid. Déjà qu'elle n'aimait pas ça en temps normal, mais l'estomac vide et sans une fougueuse bouillotte pour passer ses nuits, elle le sentait partout. Il se faisait à la fois de plus en plus mordant et de plus en plus insidieux. Il semblait à l'elfe noire que le Froid creusait son chemin de plus en plus profondément en elle, lui faisant craindre le moment ou elle ne le remarquerait même plus. D'abord sa peau. Ses cheveux. Ses muscles. Jusque dans ses organes et ses os. Seule la présence du bambin qui lui arrivait presque à la hanche et le contact de sa peau tiède l'arrachait à cet étrange travail de sape du monde qui l'entourait.
Pour rassurer son fils, elle avait fait en sorte de se créer un quotidien aussi répétitif que possible. Des routines et des rites l'aidait à se structurer. Les repas et le bain étaient replacés par des prières, des petits exercices pour l'aider à développer son corps d'enfant. Si elle cicatrisait, c'est bien qu'ils devaient évoluer d'une façon ou d'une autre.
L'enfant parlait de mieux en mieux et exprimait une curiosité sans limite. Il se montrait fasciné par les histoires du monde normal que lui racontaient sa mère. Du haut de ses 85 centimètres, il n'avait pas grandi mais tenait fermement sur ses pieds.
De temps à autre, ils courraient se cacher dans les couloirs du temple pour y perdre un de ces étranges prédateurs qui rodaient alentours. La vie paisible et répétitive se faisait alors excitante comme un jeu. Le danger en était une composante amusante et troublante que l'enfant apprenait a affectionner en voyant le sourire de sa mère. Il voyait invariablement son sourire vorace brillant d'une rare passion lorsqu'un danger les frôlait d'un peu trop prêt. " On va s'amuser... " disait-elle immanquablement. Le petit inconscient brulait d'excitation alors qu'ils n'avaient alors pas d'autres armes que leurs mains et leur esprit pour se défendre.
Des mois ?
Criblé de cicatrices, rendu faible par l'immobilité et légèrement difforme, le bras de Krish avait finit par se consolider. Le jour où elle avait retirer ses bandages, elle avait aussi comprit qu'Haldren avait menti. Pendant un moment, elle avait même songé à tirer un trait sur tout cela s'il venait les chercher bientôt. Elle voulait simplement retrouver le monde normal. Elle n'aurait pas put dire quand cela avait commencé mais durant une longue période, son tempérament de feu avait vacillé. La présence d'Elghinn était devenue insupportable. Une malédiction. Un boulet à sa cheville. Elle rêvait de l'étrangler, de le dévorer, et ne se pardonnait pas de telles pensées. C'était son fils. Le fils d'Uriz..
Alors lorsqu'il dormait, elle s'éloignait dans une autre salle ou sur le sable cendré, juste assez pour être seule. Regardant ce monde dont elle avait déjà fait tant de fois le tour de ce qui lui était accessible sans risquer inconsidérément la vie de son fils, elle portait son poignet à ses lèvres et mordait. Mordait assez fort pour ressentir une douleur pleine et entière à la place du malaise qui les érodait peu à peu. Elle mordait pour sentir un goût de cuivre à la place du mélange de poussière, de cendre et d'écume blanche qui lui couvrait la langue. La chaleur de son propre sang qui lui glissait dans la gorge était un délice qu'elle refusait d'oublier. Durant quelques secondes, elle avait l'impression d'être un peu moins vide. Un peu moins froide.
Et elle priait.
Mais jamais elle ne délaissa Elghinn.
Elle avait commencé à remuscler son bras. La force lui revenait peu à peu, mais malgré les efforts, elle ne réussit a faire bouger que deux doigts de sa main : le majeur et le pouce. Les autres avaient été si finement broyés qu'elle ne parvenait pas même à les tendre. Une douleur résiduelle y pulsait quelques fois et Elghinn l'avait aidé à entourer sa main de bandes de soie de manière à ce que ses doigts récalcitrant la gêne le moins possible. Et un jour qu'elle s'était assise seule face à un mur gravé de symboles incompréhensibles, l'évidence la frappa comme une tonne de brique. Peu importe le temps qui s'était écoulé dans le monde normal, personne d'autre qu'elle ne trouverait un moyen de sortir de ce pétrin.
Elle avait laissé les choses lui échapper. Malgré ses résolutions, elle n'avait fait que réagir. En pensant se conduire avec ferveur et force, elle n'avait fait que survivre en espérant que quelqu'un d'autre vienne à son secours. Cela ne lui ressemblait pas. Comment se sortir de là si elle n'affrontait pas le problème ? Quand s'était-elle couchée sur le sol en tremblant ?
Roulé en boule dans la grande couverture, Elghinn dormait de l'autre côté du mur contre lequel elle était appuyé... Et pour la première fois depuis longtemps, elle sentit l'envie de le voir et non plus seulement l'obligation.
Désormais, elle ne manquait plus une seule des dévotions qu'elle s'était imposé au démarrage. Entre deux sommeils, les états de fatigues étaient devenus aussi facile à déchiffrer que la luminosité du soleil pour définir une heure donnée. Et a chaque heure correspondait sa dévotion. Aux Piliers, elle ne demandait que la force de ne pas perdre la raison. Elle priait Teiweon de lui laisser du temps. A Uriz, elle réclamait simplement de l'attention. Valas était le seul auquel elle se risquait de demander un semblant de protection. Elle l'avait fait une fois sans trop y penser et avait reproduit sa supplique de plus en plus souvent. Quelque chose dans la présence de la Chimère, créée par Kerhel en tant qu'ennemis et finalement protecteur du Feu d'Uriz, lui était familier. D'un côté, le nom d'Allié était porté à raison, de l'autre elle éprouvait un plaisir pervers a laisser son esprit estompé la différence entre l'image de Valsrik et celle de la Créature Divine.
Pourtant, c'était véritablement dans l'idée du Père des Batailles qu'elle puisait sa force. Le désir, la souffrance, le mensonge, la force, tout cela sonnait creux ici. Et la seule chose que lui offrait Teiweon était un doux renoncement.
" Uriz. Père des Batailles. Regardes moi. Car j'ai le Courage d'avancer et de me relever qu'importe les obstacles, portée par mes propres forces. Uriz, Créateur du Soleil. Regardes moi. Le Feu que tu m'a offert ne s'éteindra pas, je te le rendrais sous forme de brasier."
Peu à peu, ses mutilations compulsives s'étaient espacées. Elle se forçait à trouver la chaleur qu'elle réclamait dans la puissance d'Uriz. Il était son Père. Il était son Guide. Il était celui dont elle voulait obtenir le respect. Il était la Puissance sans borne qu'elle avait touché du doigts. Il était ce qu'elle craignait. Seule avec ses souvenir, elle osait ajouter à voix haute ce qui n'avais jamais put franchir la barrière de ses lèvres.
" Uriz, Vengeur. Regarde moi. Je n’oublierai pas la Vérité que tu m'as dévoilée. Je réparerai l'affront fait au monde. Seuls tes enfants éveillés resteront debout. Je remporterai la Dernière Guerre. "
Cette pensée, une résolution d'abord implantée en elle par la peur de finir son éternité dans les Geôles de Glace, l'inspirait et l'emplissait de plus en plus. Cette Guerre Sainte qu'elle désirait pour prouver sa valeur, elle commençait à la désirer simplement en tant que telle. Dans la solitude et l'adversité, elle pensait à toutes les générations passées et futures. A l’Équilibre du début du Monde. Et elle pensait tout simplement à elle. A la beauté sauvage des combats. A la grandeur de ceux qui se sacrifiaient. Au frisson de la victoire. A la passion de l'affrontement. Dans cette privation quasi totale d'action, elle se rendait compte à quel point tout cela faisait parti de sa vie et combien elle l'appréciait.
Un jour, après ses deux premières dévotions, assise sur le perron du temple, une jambe étendue sur le sol de pierre, un sourire vint à la forgeronne. Son fils dormait sur ses genoux, appuyé contre elle après les exercices des premières heures de veille. Et sur toute la longueur de l'horizon, une tempête dépourvue du moindre souffle d'air soulevait en tourbillons abscons. Plusieurs fois déjà elle avait put voir ces formes torturées se convulser violemment jusqu'à perte de vue. Des silhouettes, des animaux, des objets apparaissaient et disparaissaient si vite que l'oeil ne pouvait pas suivre le rythme de ces transitions.
- Si tu pouvais voir ça... De la magie a l'état brute. " murmura-t-elle sans trop savoir à quil elle s'adressait.
Un sourire sur les lèvres, elle profitait de ce spectacle hors du commun. La peur et l'abattement avaient disparu. Dès que son fils serait prêt, elle traverserait cette immensité.
Tous les plaisirs simples du monde connu lui apparaissaient comme des trésors. Les conversations dépourvues de profondeur étaient autant de souvenirs bénis. Le goût des pommes. Les nuits dépourvues de lendemain. Le fracas des armes. Elle retrouverait ça un jour.
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| | | Krish Al'Serat
Ancien
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| Sujet: Re: [Plan des Ombres] Hic sunt dracones Dim 8 Avr 2018 - 11:24 | |
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Krish posa un baiser sur le crâne de son fils et le serra dans ses bras en lui donnant ses dernières recommandations.
- Tu restes dans la nef et si une Ombre s'approche... - Je cours dans les couloirs jusqu'à ne plus la sentir derrière moi et je reviens dans la nef.
La forgeronne sourit. La fierté et la tendresse qui faisaient flamboyer son iris étaient d'une sincérité qui n'avouait aucun compromis. Elle lui lança un coup de point au ralenti. Il l'esquiva avec un grand sourire et elle s'empara de lui pour l'embrasser de nouveau. Après une dernière seconde d'hésitation, elle laissa Elghinn sur le perron du temple et s'engagea dans le désert de poussière.
Cela faisait un certain temps qu'elle s'autorisait ces escapades en solitaire, ne gardant pour règle que d'avoir le Temple en visuel pour pouvoir retrouver son chemin. En traçant un peu la route dans toutes les direction, elle espérait trouver quelque chose, n'importe quoi qui puisse lui donner un espoir de sortir de cet étrange endroit ou une trace de sa dague.
Pour l'instant, elle n'avait trouvé ni l'un, ni l'autre, mais elle se souvenait des formes humanoïdes qu'elle avait croisé en accompagnant Haldren jusqu'au Temple. Il y avait donc moyen de communiquer avec Miradelphia. Et s'il y avait un moyen, elle le trouverait. Ce n'était pas plus compliqué que ça.
Avançant d'un bon pas dans le sable à l'allure de cendre froide, elle respirait à pleins poumons, remuant - ou essayant de remuer - tous les doigts de sa main droite pour gagner en agilité. Avec le temps, elle avait appris a fuir ou à s'enterrer à demi avant de s'attirer la fureur des Ombres. Elle pouvait donc aller un peu plus loin, tenter d'atteindre la prochaine dune. Toujours la prochaine dune.
Quand elle était lasse, elle s'arrêtait un moment, en tailleur sous le ciel noir, pour réciter quelques prières et se remettre en route. Elle n'entendait même plus son ventre grogner. Elle ne sentait plus non plus sa gorge sèche.Toujours aux aguets, elle restait prêtes à courir à la moindre alerte.
Arrivée en haut de la dune la plus éloignée qu'elle n'eut jamais atteinte, accroupit pour ne pas se faire voir, le Temple ressemblait à un petit carré sur l'horizon. De profil pour le garder à l’œil, elle se redressa sur la crête de sable et guetta le paysage morne. Toujours rien que du sable. Rien que...
Son cœur rata un battement.
En bas de l'énorme dune, un scintillement argenté venait d'attirer son regard. Elle plissa les yeux. Elle ne rêvait pas. Sa dague ! Mais... Si elle descendait, elle n'aurait plus le temple en ligne de vue. Une pierre lui écrasa la poitrine. C'était un risque trop gr...
Le monde se renversa alors qu'une soudaine douleur lui déchirait le flanc. Elle ne parvenait pas à se raccrocher à quoi que ce soit et ne s'immobilisa qu'en bas de la pente, le cœur battant, couverte de sable cendré. Se la poussière s'était infiltré sous ses paupières. Impossible de voir. Elle tâtonnait autour d'elle espérant de sentir sa lame sous ses doigts.
Un sifflement indistinct sur sa droite la poussa à rouler en sens inverse. un choc sourd. Elle se força à ouvrir les yeux quelques instants, la tête tournée vers le sol. A la périphérie de son regard, elle voyait une créature se précipiter vers elle. Mais elle devait trouver... La bête leva sa masse imposante et les reflets d'argent apparurent, à moitié ensablés. Juste sous les griffes de l'ennemi.
Plusieurs fois, l'elfe noire tenta de la contourner pour se rapprocher de l'arme. Lors de la troisième tentative une chose la percuta de toute sa masse et l'envoya rouler, sonnée. Krish relevait à peine la tête, à plat ventre au fond de la vallée formée par les dune, qu'elle vit deux de ces créatures lourdes comme de grotesques païms foncer sur elle tête baissée et corne en avant. Elle allait se faire piétiner. Elle n'avait pas le temps d'esquiver.
Prête à tenter le tout pour le tout, elle essaya de rouler sur le côté. Une troisième Ombre obscurcis sa vision. Mais au lieu de la percuter, cette dernière sauta par dessus elle et retomba sur la tête de l'une des deux bêtes à corne. Krish, les yeux brûlants, le souffle court, regarda les teintes de noir et de gris s'affronter, comme fondues les unes dans les autres. Arrêté dans leur élan, ses assaillants crissaient. Mais comme tous les sont que produisaient ces créatures, ce n'était qu'un bruit lointain et ténu, comme s'il ne leur appartenait pas vraiment. Krish ne faisait peut-être qu’imaginer ces cris d'ailleurs.
Puis soudain, il n'y eut plus que cette énorme forme à quatre pattes qui se tourna vers l'elfe noire. Sans demander son reste, Krish se leva comme elle pouvait, dérapant sur le sable cendré, pour se jeter sur la dague dont la pointe dépassait encore et se retourna en glissant. Assise par terre, à moitié sur le dos et la lame fermement tenue dans ses points, Krish sentait son cœur battre avec force. Son sourire trahissait une joie profonde et sauvage... Mais la créature n'approcha pas.
Elle resta à quelques mètres a observer son adversaire comme Krish observait le sien. Et là, elle fit une chose qu'aucune de ces créature ne faisait jamais. Une chose si absurde, si... normale.
L'énorme Ombre pencha la tête sur le côté avant de s'assoir. Une longue queue noire remuait à intervalle régulier et un ronronnement émana de son corps d'obsidienne. Léger tout d'abord, puis de plus en plus profond. Krish fronça les yeux et se redressa à genoux, intriguée. Aussitôt, la créature avança d'un pas félin pour frotter sa grosse tête fraiche contre l'épaule de l'elfe noire.
Krish écarquilla les yeux.
- T'Challa...
La grosse panthère ronronna plus fort que jamais tandis que Krish passait la dague à sa ceinture et plongeait en riant les deux mains dans la courte fourrure de l'animal. Elle y frotta même la joue. Elle était toute douce.
- On peut dire que tu soignes tes entrées. Pire que moi.
Un réel soulagement allégeait la respiration de Krish... et une pierre lui tomba aussi sec dans l'estomac. Elle se releva d'un bond et regarda de tous les côtés. T'Challa, offusquée, lui mordilla le bras pour obtenir plus de câlins mais la forgeronne était si tendue que l'animal fini par regarder en tout sens lui aussi.
Si elle était là, Haldren n'était sûrement pas loin.
Et Elghinn était seul !
Elle remonta aussi vite que possible en haut de la dernière dune pour reprendre de la hauteur. Le Temple était bien visible. Mais elle avait beau regarder dans toutes les directions, nulle trace du mage.
- MONTRE TOI, BÂTARD ! MONTRE TOI ! FAIT MOI FACE SI TU ES SI PUISSANT ! COUILLE MOLLE !
Rien.
Pas une réponse. Pas un souffle d'air.
Krish respira profondément et hurla toute sa haine envers le mage des ombres jusqu'à manquer d'air. T'Challa avait couvert le chemin pendant ce temps et couvait l'elfe d'un regard qui aurait put être décrit comme interrogateur. Essayant de retrouver sa doses d'oxygène, Krish la regarda de nouveau. Et elles restèrent là un moment en une caricature de chien de faïence.
Puis, Krish s'étira en gloussant.
- Tu es toute seule n'est-ce pas ?
Pour toute réponse, la panthère s'avança en grondant pour exiger des papouilles supplémentaires.
___
Après avoir explorer les couloirs intérieurs du temples, cherchant secrètement des créatures étranges pour s'amuser, Elghinn s'était assit dans sa couverture, derrière la colonne tombée, pour prié comme on lui avait appris. Il remercia Uriz pour le Feu et lui promis qu'il resterait fort. De toute façon, il avait promis à sa mère de ne pas pleurer en son absence, alors il ne pleurerait pas.
Lorsqu'il était seul comme ça, il s'occupait comme il le pouvait. Il courrait dans la nef et grimpa aussi haut qu'il le pouvait. Un jour il avait réussit à atteindre la grande coupe qui soutenait le brasier noir mais il avait raté sa prise et était retombé sur le sol, faisant une frayeur indicible à sa mère. Alors depuis il s'entrainait sur les colonnades et les coursives. Il n'était pas très doué. Il était trop petit.
Ou alors il ramassait du sable dehors et s'en servait comme d'une encre sur le sol de la nef dont sa mère et lui avaient depuis longtemps organisé les bancs en lits, en table ou en barricades. Il se parlait à lui-même ou écoutait le chant du feu noir. De temps à autres il avait l'impression d'en entendre émaner des murmures et s'inventait des histoires à partir des quelques mots qu'il déchiffrait.
Les histoires de Miradelphia qu'il s'inventait avant de dormir étaient ses préférées. Il en était toujours le héros et voyait des spectacles magnifiques emplies de choses incroyables comme les couleurs et la chaleur du soleil qu'il emportait avec lui jusque dans ses rêves.
Ce matin là, il était en train de combattre un dragon, il sentait le vent sur son visage et le sang de la bête ruisselé entre ses doigts, mêlé à celui des égratignures du grand guerrier qu'il était. Mais une impression douce sur sa tête se faisait de plus en plus insistante. Il râla, mais les sensation s'estompèrent. Dans un demi sommeil, s'accrochant à son histoire, il se retrouva avec un saumon dans la main à la place de son épée. Il était en haut d'un pilier à faire face à une tête monstrueuse dont il n'arrivait pas à saisir les traits. Il était...
Il ouvrit les yeux en grognant. La main de sa mère lui caressait doucement la tête.
- Réveille-toi trésor, j'ai des surprises pour toi.
Surprise ?
Il n'y avait jamais de surprise. Puis il se rappela qu'elle était sensée être en voyage et se releva d'un bond... Pour pousser un hurlement de frayeur en voyant une Ombre à quelques mètres de lui. Il tenta de se lever pour courir dans les profondeurs du temple mais s'embourba dans ses couvertures et retomba sur le sol, les muscles qui tenaient sa petite structure n'arrivant pas tout à fait à lui donner l'équilibre d'un enfant plus âgé.
- Tout va bien ! " lui sourit-elle parfaitement sereine. " Pour l'instant, elle ne nous fera aucun mal. " Enfin pour autant qu'elle pouvait en juger... et puis si elle restait près de T'Challa, peut-être qu'elle pourrait profiter d'une de ses invocation pour être aspirée dans le monde normal. Dans tous les cas, même si elle ne voulait pas qu'Elghinn soit effrayé par sa proximité, elle y voyait une bonne occasion de lui apprendre la méfiance. Elle lui expliqua donc que l'animal était une panthère et qu'elle accompagnait le mage qui les avaient enfermé ici, mais qu'elle avait l'air très paisible. Si elle était encore liée au mage, alors ils pourraient peut-être rentré. Sinon, elle serait une protectrice de choix dans ce monde hostile. Mais elle restait une bête sauvage et l'avenir autour d'elle était incertain.
Pour la première fois, le gamin devait se confronté à l'incertitude des intension des autres. Il n'y avait pas seulement deux catégories de gens dans le monde : les alliés qu'on protège et les ennemis qu'on tue. Il y avait aussi les dangers utiles.
Au départ, Elghinn refusait même de s'approcher de la panthère et quand celle-ci venait vers lui, il la menaçait avec la dague que lui avait donné sa mère ou hurlait comme un dément. Mais peu à peu, il compris que le danger n'était pas forcément immédiat. Sans pour autant faire confiance ou être aussi proche de cette créature que l'était sa mère, il admis son utilité lorsqu'elle dévora une Ombre qui tentait de s'attaquer aux deux elfes. Krish lui rappelait la différence entre la confiance et l'acceptation pour qu'il retienne bien la leçon, mais elle même s'attachait de plus en plus à l'animal.
Et bientôt, la présence de T'Challa et la redécouverte de la dague changèrent définitivement leur quotidien. Après avoir passé le temps qu'il fallait à apprendre à Elghinn comment tenir sur le dos de la panthère sans tomber, Krish le prit sur ses genoux. Assise sur le trône du temple, elle lui expliqua qu'il était désormais assez courageux pour qu'ils tentent vraiment de retourner dans leur monde d'origine.
Rassemblant leurs maigres affaires, ils se mirent en route. Mais cette fois, le temple disparu loin derrière l'horizon.
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| | | Krish Al'Serat
Ancien
Nombre de messages : 1580 Âge : 34 Date d'inscription : 27/03/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 1 008 ans Taille : 1m82 Niveau Magique : Avatar
| Sujet: Re: [Plan des Ombres] Hic sunt dracones Mer 11 Avr 2018 - 15:30 | |
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Appuyé contre la hanche de sa mère, regardant par dessus son épaule pour couvrir leurs arrières, Elghinn se creusait les méninges. Il n'avait plus que deux essais. Il jeta un coup d’œil au sourire victorieux de sa mère et serra les dents.
- ça porte une carapace ? - Oui.
Le front du gamin se fronça de concentration. zut. C'était quoi déjà. Le cheval, le serpent ou la tortue qui avait une carapace. Il repassa le bestiaire qu'il avait mémorisé au fil des histoires et des enseignements de sa mère. Le cheval était une monture. Une carapace était une armure. Il serait difficile de montrer sur un animal avec une carapace. Donc ça ne devait pas être lui. Serpent ou tortue ?
Pendant qu'il réfléchissait, Krish bifurqua vers la droite. Il nota un bruissement caractéristique venant de la direction opposée. Une Ombre hostile. Il n'avait pas besoin de plus d'explication. Ils avaient tout deux appris à interpréter le moindre son ténu dans ce monde qui en était presque totalement dépourvu.
T'Challa avait disparue depuis quelques temps comme cela lui arrivait souvent. Elle finissait toujours par revenir de toute façon. S'ils avaient des problèmes, elle apparaitrait même comme si elle avait toujours été là. La panthère était comme ça. A la fois effrayante et attachante. Mais Elghinn prenait bien soin de ne pas dépendre de sa présence. Il marchait seul la plupart du temps mais son corps était moins résistant que celui de sa mère ou de leur amie à quatre pattes.
D'ailleurs, depuis quelques temps, Krish sentait son fils de plus en plus désireux de trouver un chemin vers leur monde d'origine. Il n'en avait plus le moindre souvenir mais elle lui avait expliqué en détail le principe de biologie, d'évolution et de croissance. Elghinn rêvait d'enfin changer. Ce corps étriqué le frustrait un peu plus de jour en jour et il se préparait avidement à leur retour en mémorisant tout ce qu'il pouvait sur le monde de Miradelphia, les codes sociaux, l'histoire, la géopolitique, les légendes. La religion était un domaine qu'il maîtrisait mieux que tout autre et qui faisait désormais parti de lui, mais le reste était encore en travail. Il n'était jamais rassasié de connaissance. Et plus encore, il n'était jamais rassasié de puissance. Il repoussait les limites de ce corps de bambin, le musclant et l'entrainant tant qu'il le pouvait. Il était devenu rapide, sec et souple mais restait faible et chétif.
- Une tortue. " déclara-t-il finalement avec aplomb.
Krish perdit son sourire de victoire au profit d'une moue à mi chemin entre la fierté et la déception.
- A une réponse près. " grommela-t-elle.
Et ils repartirent pour une nouvelle manche, marchant vers un point étrange posé sur l'horizon.
Dans la mémoire d'Elghinn, le Temple n'était plus qu'un lointain souvenir si flou qu'il aurait put tout aussi bien être un rêve. Depuis le départ, ils avaient déjà croiser des choses étranges. Des temples, des chateaux, des maisons, des arbres, des animaux, des objets divers et variés, ou du moins une version noire et déformée. L'Ombre était mutable, transformée par des phénomènes qu'ils ne comprenaient pas. Ils ne comprenaient pas non plus que T'Challa soit toujours la même et ait une apparence aussi bien définie. Une fois, ils étaient entrer dans une sorte de village brumeux. Des gens hurlaient ou en appelait après le Chaos. Ils avaient essayé de se faire voir, mais aucun des spectres terrifiés n'avaient remarqué leur présence.
Plusieurs fois, ils avaient croisé ce genre de phénomène. Des silhouètes, des voix, des êtres qui semblaient se balader à la limite des deux mondes. Ils rodaient, à demi cachés. Ils semblaient très occupés la plupart du temps et ne représentaient pas plus qu'un plis dans l'air stagnant. Ils ne restaient jamais longtemps. Ni Elghinn ni sa mère ne parvenait à comprendre pourquoi ils faisaient leur apparition.
De toutes les magies que Krish avait étudié par curiosité ou pour ses travaux, la magie des ombre était surement la bonne dernière. Elle ne l'avait jamais apprécié. Faible et passablement inutile, ce n'était qu'un jouet pour les mages du point de vue de la forgeronne. Depuis, elle avait légèrement changé d'idée sur la question... Et dans le doute, ils tentaient tout ce qu'ils pouvaient tenté pour interragir avec ces voyageurs. Une fois, en se jetant sur l'anomalie avant qu'elle ne se dissipe, Krish aurait jurer sentir un mouvement de surprise, comme si sa main s'était refermée sur un bras. Mais le voyageur s'était arraché de son étreinte le plus vite possible et avait disparut.
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Le pas souple de T'Challa faisait osciller ses deux passager de droite et de gauche. Ils s'étaient trouver dans une zone particulièrement dense d'Ombres hostiles et chaotiques et s'arrêté aurait été dangereux. La panthère leur avait permis de s'éloigner rapidement et les guidait à présent vers une sorte de mur lointain. En passant, Krish avait entendu des ordres guerrier prononcés en langue sombre et d'autre en langue sylvaine. Un affrontement d'ampleure. Les silhouettes étaient plus visibles mais dans le chaos qu'elle semblait vivre, elles ne portaient pas la moindre attention aux cris et aux tentatives de communications de Krish et de son fils. Un tissus glacé semblait toujours les séparer de ces voyageurs à la lisière des mondes. Ni leur lame, ni leur voix ne semblaient pouvoir le traverser. Puis tout était devenu trop dangereux.
Un long moment après avoir quitter ces lieux de guerre, elle ne pouvait s'empêcher de jeter de rapide coups d'oeil par dessus son épaule, pour vérifier sur l'amas d'ombres était toujours là.
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- Tu as entendu ça, maman ? " s'exclama la petite voix d'Elghinn.
Le petit homme était accroupi sur la T'Challa, la dague dans une main, l'autre posée sur l'échine de la bête au cas ou il faudrait se mettre à courir.
Cela faisait longtemps maintenant que sur le désert flottaient les ombres grises et intangibles d'immenses colonnes de bois cendré. Des arbres si haut qu'ils n'en voyaient pas le sommet. Mais ce grondement sourd n'était pas celui d'une Ombre. T'Challa levait la tête dans une parfaite immitation d'animal aux aguets. Ce bourdonnement sourd...
Le sable cendré commença a s'élever autour d'eux.
Une tempête.
Les teintes de gris et de noir se mêlaient de plus en plus violement. Krish sauta sur le dos de l'énorme panthère et enroula son bras abimé autour d'Elghinn pour lui éviter de tomber et l'animal se mis à courir droit devant elle. Il ne fallait pas qu'ils restent là. Ils ne savaient pas ce qui pourrait se passer s'ils étaient pris dans cette rage folle qui semblait ramener toutes les ombres à un état dépourvue de forme et de susbstance.
Les tourbillons de sable et de matière noire leur fouettaient le visage sans que le moindre vent n'intervienne. Ils rentraient la tête dans les épaules pour éviter le contact glacé et tranchant. Quelque chose entama profondément la joue de la forgeronne qui eut un mouvement de recul.
Retenant un grognement de douleur en serrant les dents, ses yeux se rouvrirent un moment. Une seconde. Mais ce fut suffisant.
Dans le chaos instable qui les entourait, elle remarqua une silhouette plus nette, plus définie que tout ce qu'elle avait vu jusque là. Elle distingait même les traits de son visages de petite fille. Elle n'était qu'à quelques mètres au moment ou le félin passa d'un bon au plus près d'elle. Sans hésiter, Krish se pencha en invoquant le nom d'Uriz pour y puiser la force de faire face à la force de ce déchainement d'énergie pour hurler à pleins poumons.
- REGARDE MOI !
La silhouète frémis, leva les yeux et se tourna dans la direction de l'appel... avant d'être engloutie par le maelstrom.
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| | | Haldren
Ancien
Nombre de messages : 1234 Date d'inscription : 19/12/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : ~1050 ans Taille : 2m Niveau Magique : Archimage.
| Sujet: Re: [Plan des Ombres] Hic sunt dracones Jeu 28 Juin 2018 - 15:11 | |
| Un vent glacial et humide balayait l'immense plaine au milieu de laquelle se dressait le temple du Chaos, fouettant violemment les massifs blocs de basalte utilisés pour bâtir l'édifice dans un style aussi imposant que de mauvais goût façon "nouveau riche qui veut se la péter devant les voisins". A l'horizon les sommets déchiquetés des montagnes se dressaient comme des chicots dans la gueule d'un cadavre, dominant la scène de toute leur majesté sépulcrale. Pas un souffle de vie ne semblait pouvoir s'imposer en ces lieux maudits, dans cet ultime vestige d'une époque bien antérieure aux cycles connus du calendrier miradelphien.
Près de la porte de l'édifice pourtant, une ombre grotesque observait les lieux avec curiosité, se grattant le mufle d'une patte griffue comme pour exprimer son hésitation à entrer plus avant dans le curieux édifice qui dénotait par rapport au reste du paysage et la mettait profondément mal à l'aise. Peut-être trouverait-elle une tanière utile en ces lieux ? La créature prit son courage à trois pattes et avança lorsqu'un portail magique s'ouvrit brutalement derrière elle. Surprise, elle ne demanda pas son reste et fila à toute allure vers un amas de rocher d'où elle observa la suite de la scène avec une incompréhension que rien ne viendrait satisfaire.
Du portail sortit un être bipède à la peau pâle et aux yeux d'émeraude, vêtu fort modestement d'une simple robe de bure. Le bipède referma le portail derrière lui, observant non sans un malaise apparent l'intérieur de la nef qui se perdait dans les ombres. Comme la créature un peu plus tôt, il resta à tourner près de l'entrée en proie à une sorte de conflit intérieur, puis cria :
Krish ? Elghinn ?
Son cri rebondit en écho dans le temple mais aucun son ne vint en réponse. D'un pas prudent, Haldren (car c'était lui) pénétra dans le temple en fouillant les lieux du regard. De nombreuses ennéades s'étaient déroulées depuis sa dernière venue en ces lieux mais le temps ne signifiait pas grand chose dans le plan des Ombres, sa nature chaotique y rendant toute mesure de durée particulièrement malaisée. Des mois pouvaient s'y écouler alors que Miradelphia ne vivait que quelques heures... ou parfois le contraire.
Les lieux semblaient déserts, toutefois une fouille approfondie permit à l'hybride de trouver des traces d'un campement sommaire, preuve que deux personnes au moins y avaient vécu pendant un certain temps avant d'abandonner les lieux. Ainsi donc, l’Élue d'Uriz et son insupportable chiard mal élevé s'étaient pendant un temps repliés dans le temple. Des marques récentes de griffes dans la pierre laissaient supposer qu'ils avaient eu affaire à certains habitants peu commodes du plan des Ombres durant leur séjour. Dommage que les bestioles ne les ait pas bouffé tout cru. Désormais libre, Krish allait pouvoir recommencer ses manigances au service de ce bâtard d'Uriz et de ses espoirs fou d'une guerre éternelle embrasant le monde entier dans une orgie de massacres sans fin.
Déçu et soulagé à la fois de ne pas devoir affronter la Princesse Marchande, l'archimage ressortit du temple et fixa d'un œil morne la steppe désertique s'étendant jusqu'aux lointaines montagnes sur l'horizon. Derrière lui, au fond de la nef, le feu noir brûlait encore comme insensible aux événements s'étant déroulé ici.
Le passé est enterré, marmonna Haldren en claquant des doigts, propulsant sa volonté vers les fondations de l'édifice qu'il avait lui-même bâti dans sa tentative mégalomaniaque de se croire l'égal des Immortels.
Tandis qu'il s'éloignait d'un pas pesant en soulevant de petits nuages de poussière, des fissures apparurent au niveau des piliers de soutènement du temple, remontant et s'élargissant rapidement. L'ensemble de l'édifice se mit à trembler alors que la magie sapait ses bases, des blocs de pierre se descellant et échappant à leur logement pour tomber lourdement au sol. Comme un géant dont on brise les chevilles, le temple du Chaos s'effondra comme un château de carte dans un vacarme de fin du monde qui fit fuir les créatures observant la scène.
Mais déjà l'archimage avait rouvert un portail pour s'en retourner en Anaëh, sans même un regard en arrière pour l'ancien siège de son pouvoir.
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