[Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur)
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T'sisra Do'ath
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Sujet: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Ven 15 Oct 2021 - 19:58
Favriüs de l'An 18:XI~ Automne Deuxième ennéade.
La douleur était devenu son quotidien depuis un temps qu’elle n’aurait su ni correctement définir ni précisément chiffrer. Chaque victoire devenait le combat suivant, chaque instant était une lutte. L’incessante course folle et distordue d’un temps abîmant l’espace, ou inversement, elle n’aurait su le dire. De ce que la noiraude pouvait affirmer, au cœur du Plan des Ombres l’environnement semblait conspirer contre la vie elle-même. Et pourtant, l’endroit n’était pas tant hostile qu’inhospitalier. Pire encore, il était la désolation incarnée, à tel point que la vie ne saurait s’y épanouir. Jamais. Ses semelles avaient foulé les cendres sur des distances immesurables, ses pas l’avaient perdue dans de vastes étendues de sables noirs, des plaines de roches obscures comme celles des plus sombres des caveaux, elle avait évité d’austères canyons flanqués de falaises d’obsidiennes tranchantes comme le fil d’un rasoir. Une menace constante pour seule compagne, elle errait depuis son départ sous ce qu’elle prenait pour un nuage noir d’encre, enveloppant tout d’une chape d’obscurité intensément oppressante.
Les ombres s’avalaient, se dévoraient, se phagocytaient, ainsi faites étaient les lois de l’évolution de ces sombres terres. De proie à prédateur, la frontière ne tenait qu’à une mince erreur. Et la noirelfe n’eut d’autre choix que de s’y plier, car rien en ces lieux ne se révélait plus périlleux que de prétendre comprendre et user de cet environnement dénaturé ou de penser se jouer de ces entités déchainées. Arpentant la désolation s’offrant à elle, qui pourtant se dérobait parfois sous ses pieds, avançant dans un décor changeant constamment, elle avait toutes les peines du monde à rejoindre les lieux qu’elle eût pu discerner dans le lointain auparavant.
Le chemin du retour s’éloignait à mesure qu’elle avançait, s’enfonçait dans l’inconnu. Dans ce monde où tout est semblable et pourtant si différent à chaque instant, où le temps et l’espace en proie à l’entropie se glissent hors du discernement, s'échappent de la compréhension, T’sisra n’explorait qu’une solitude sans pareille.
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Ithìliur Telperiën
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Sam 16 Oct 2021 - 4:20
Où es-tu ? Comment pourrais-tu le dire ? Car ici tout se ressemble sans se ressembler. Ici la mer d’encre s’étend à perte de vue, léchant des plages de suies dont les sables mouvants pourraient être tout aussi vivants que tu ne l’es toi. Quand es-tu ? Tu ne saurais le dire non plus. Et pourtant tu as compté tes pas. Tu crois. Peut-être. Tu ne sais pas. Tu n’as pas faim. Tu n’as pas soif. Ou du moins si. Ton estomac hurle à la mort depuis une éternité déjà. Ton corps entier même. Mais ni la faim ni la soif ne semblent vouloir t’emporter. Tu as couru sans suer une goutte. Tu as craché sans que l’eau ne vienne à te manquer. Tu as essayé de dormir, mais le sommeil n’est pas venu. Trop peur pour dormir. Trop anxieux de ce en quoi pourraient se transformer les vrilles noires qui t’entourent, et Marquimellë qui refuse de te clamer. Ta vie est devenue un combat contre l’existence elle-même, car tout ici n’est que piège mortel. Un combat contre ta propre existence.
Tu n’es plus. Ou alors es-tu simplement devenu autre ? Ton ancre au monde est la même. Ton cœur bat toujours. Seulement pour survivre aux ombres tu es devenu ombre. Ici la fatigue, la véritable, elle n’existe pas. Ici il n’est que la douleur de l’être. Alors tu as choisi de ne pas être plutôt. Tu t’es fondu dans le décor. Tu as abandonné ton corps à la brume fuligineuse. Combien de temps as-tu passé ainsi, à voguer au gré des courants ? Qui sait ? Tu n’as plus à compter. Il n’est plus qu’une chose que tu comptes véritablement maintenant, c’est le nombre de fois où tu n’es redevenu que chair et sang. Le nombre de fois où tu as abandonné ton voile de nuit, pour à nouveau voir tes propres mains, tes propres pieds, ton propre corps. Le nombre de fois où tu es redevenu toi, de peur d’oublier qui tu étais.
- Ithìliur
Qui es-tu au juste ? Tu ne sais pas. Tu ne sais plus. Tu te souviens de ton nom. Tu te souviens d’Ithìliur. Le seul mot dont tu te refusais à oublier le sens. Le nom que t’ont offert tes parents. Qui sont tes parents ? Tu ne sais pas. Tu ne sais plus. Tu sais seulement qu’ils ne viennent pas d’ici. Que tu ne viens pas d’ici. Qu’il te faut t’en aller. Qui es-tu donc ? Celui qui cherche la sortie.
- Uswevandë
Un échappatoire. Le second mot que ton corps de chair répète chaque fois que tu l’exposes à nouveau à la douleur. Puis tes mâchoires se serrent, tu trembles, tu essaies – sans succès – de pleurer, et tes mains soulèvent le construct d’Ilhuinë, tu t’y fonds à nouveau, et couvert de ton voile, tu repars à la recherche d’une lueur dans l’abysse. Tu es devenu autre, car c’était la seule solution. Tu marchais comme les Ombres, tu vivais comme les Ombres, car seules les Ombres savent, seules les Ombres voient. Les Ombres voient les fissures dans la pénombre. Les Ombres savent traquer les failles. Tu n’es pas une Ombre cependant. Tes sens sont proches, mais tes sens sont autres. Tes instincts te guident comme les leurs, mais tes instincts ne sont pas aussi affûtés, alors tu suis les Ombres. Tu pourchasses les plus voraces d’entre elles, car ce sont celles qui voient le plus loin.
Tes serres se tordent en des angles maladifs. L’encre dont est fait le monde se contorsionne à leur ordre. La mer et le gigantesque amibe dont tu pistais la trace ne font plus qu’un. Tu souris. Un sourire carnassier se détache de l’encre de ton voile, aussi brillant au milieu de ce monde de cendres que les deux billes jaunes qui l’éclairent. Tes paumes se lèvent, et des profondeurs tu arraches la grotesque forme d’un crapaud à la gueule démesurée. Tes paumes s’écartent, et la gueule s’élargit en des proportions plus ridicules encore. Tes poings se ferment, et la langue de la créature – faite de dizaines de vrilles sombres – s’abat sur l’amibe. Ta proie se débat, se métamorphose péniblement en un amas de gueules, puis de griffes, puis de crocs, sans jamais trouver échappatoire. Charybde aura eu raison d’un navire de plus.
- Uswevandë
Tu en appelles à toutes tes forces, une fois de plus. Et le vendre de Charybde gronde, et sa gueule s’ouvre grand encore. Tu hurles un rugissement silencieux, et la créature vomit plus de brume que ce dont elle est faite, et la brume qu’elle crache frappe contre le construct de ce monde. Des griffes et des crocs dont sont faites les Ombres que tu as dévoré, tu tentes de déchirer le Voile qui oppresses tes chairs. Tu cherches la Lumière. Elle n’est pas loin. Elle est si près… L’obscurité revient. Le calme revient. Ou du moins le chaos reprend-t-il un rythme familier. Tu te rapproches, mais tu es loin encore. Trop loin. Trop faible. Il te faut du temps. Encore du temps. Combien de temps ?
- Ithìliur
Tu te rappelles une fois de plus qui tu es, et une fois de plus tu te couvres de brumes. Ton voyage à la recherche d’une faille, ou de quoi percer une faille reprend. Tu glisses à travers la mer, sans te soucier ni de haut ni de bas, seulement guidé par ta foi en tes instincts. Tu vas vers la lumière. La lumière t’attire, comme elle attire toutes les Ombres. Tu vas vers la faim, vers la sensation horrible de l’existence, vers le pois dissimulé sous tes draps. Tu glisses en direction de la physicalité que la nature même de ce monde, la nature de cet univers qui t’a adopté, cherche à détruire. Tu glisses jusqu’à elle, affamé, éreinté, enragé, plein d’espoir, inconsolable, nauséeux et ataraxique à la fois. Tu glisses à travers l’ombre, à la recherche d’un lieu où les ombres perceraient à travers la terre.
Mais à la place, tu trouvas un îlot de terre, flottant à travers les Ombres
Lentement, tu te rapprochas de l’île, l’encerclant de ta traînée de brumes. Avec tant de peur que t’intérêt, tu laissas tes billes jaunes se poser sur des nuances de gris se détachant du noir de ces lieux. Et finalement, trop curieux, et trop las de ta morne existence solitaire, tu avais laissé tomber ton voile. Tu t’étais levé. Et sans oser t’approcher, gardant tes distances, tu avais tendu le bras vers cette étrange chose.
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Sam 16 Oct 2021 - 7:29
Marchant sans relâche, avançant sans cesse, encore et toujours, la noirelfe s’enfonçait dans cette mer d'encre. Aux confins de ce monde méconnu, voilà plusieurs dizaines de centaines de pas qu’elle n’avait pu discerner l’un de ses autochtones. Et pourtant. Pourtant, là où la vie ne pouvait s’épanouir, elle percevait un embryon d’espérance. Un impossible défiant les réalités intrinsèques à la nature désolée de ces contrées où la souffrance discontinue du vivant régnait en maître. La daedhelle accélérait la cadence, s’engouffrait dans d’imperceptibles temporalités, cependant que ses yeux se perdaient dans la masse informe qui la suivait sans relâche. La traquait ? La poursuivait ?
À mesure qu’elle perdait du terrain, le son singulier et reconnaissable de la vie battait au creux de son oreille. Un écho du passé, une sonorité lui rappelant ce Lamek que jamais elle n’avait revu. Une effroyable certitude, implacable factualité, car bientôt cette brume tourbillonnait tout autour d’elle. Ses doigts serraient le pommeau de sa lame, son autre main fermée sur la Larme d’Iben, son cœur battait à l’unisson avec celui d’un autre. De cette brume, elle en aperçut les doigts. Puis le bras. L’épaule. Le visage. Immobile, les lèvres de la noirelfe restaient closes, son esprit tout entier dirigé vers ce cœur battant, ces muscles parcourus de veines et d’artères pulsant de la vie. Ce corps exténué et infatiguable lui barrant le chemin.
- Cuina… Cuina !
Sa prise se fit plus légère, ses doigts finirent par quitter le pommeau de l’épée restée à sa ceinture. T’sisra tendit la main vers celle qui la désignait, timidement, prudemment, ses doigts approchaient de ceux de l’elfe. Elle avait oublié la caresse du vent, la douce chaleur du soleil, les odeurs des forêts. Il fallait qu’elle le touche. À tout prix.
Le toucher. Lorsque ses doigts effleurèrent ceux de cet étranger, elle fut parcourue d’un frisson jusque dans son échine et au plus profond de sa chair. Sa peau était froide pourtant elle sentait y ressentait la chaleur de la vie.
- Brosh zu razal. Souffle la drow avec méfiance, à la recherche d’une réaction qui ne vient pas.Vendui nika. Essaie-t-elle dans sa langue natale.Suilad nin mellon.Continue-t-elle en répétant mot pour mot ce qu’Haradwen lui avait appris.
Ses doigts tentaient, dans une extrême lenteur, de glisser jusqu’au creux de cette main étrangère, à la recherche d’une chaleur depuis longtemps oubliée. Ses yeux scrutaient ce visage ciselé, étudiaient ce regard ambré à la fois craintif et curieux. Deux êtres réduits à l’état de prédateurs se découvraient. Redécouvraient.
'Traductions':
Brosh zu razal. : Salutations l'étranger. Vendui nika. : Salutation étranger. Suilad nin mellon. : Salutation mon ami.
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Sam 16 Oct 2021 - 21:38
Tes doigts s’ourlent avec lenteur autour de ceux de l’autre main. Elle n’est pas un mirage. Elle est la seule chose en ce monde au contact de laquelle tu auras ressenti de la chaleur. La seule autre personne en ce monde. Tes doigts fuient, tu ramènes ta main à toi, incrédule, et tu fais un brusque pas en avant, le cœur battant la chamade et les dents claquant comme si tu fus soudainement frigorifié. Ta paume va à son visage, pour en tracer doucement les contours. Tu te familiarises avec cette précieuse chaleur, trop heureux d’en avoir trouvé une source. Tu la laisses imiter ton geste, dégustant avec surprenant plaisir la sensation d’être touché à nouveau. Puis ta seconde main imite la première. Tu redessines ses joues de tes pouces, laisses tes mains glisser le long de son cou.
La fine peau de sa nuque te brûle les doigts, et ton corps entier se pare de frissons. Tu ris. Tu sanglotes. Les deux à la fois. Et pris d’un soudain sursaut tu la prends dans tes bras. Une personne, enfin une autre personne. Ce que tu devais en penser, ce que tu lui dirais, ce qu’il adviendrait de vous, pendant l’espace d’un instant tu n’en avais plus eu rien à faire. Tu n’avais qu’une et une seule envie : la garder dans tes bras pour le reste de l’éternité, te gorger de ce contact physique dont tu avais été si longtemps privé. Pendant l’espace d’un instant, avoir une personne face à toi ne comptait plus que parce que tu pouvais en faire ta chose.
Et puis la réalité t’avait rattrapé
Un tremblement t’avait secoué, et ton étreinte s’était soudainement relâchée. Un pas en arrière, et ta main était venue à ta ceinture. Tu t’étais saisi de la clef d’Akhar, rendue aussi noire que l’obsidienne par les reflets de ce monde sans Lumière, et tu l’avais brandie haut. Ton regard s’était brutalement fait grave, ta respiration s’était ralentie, et des yeux, sans un mot, tu avais d’avance imploré le pardon de l’inconnue. Autour de vous les cendres s’étaient mises à frémir, l’atmosphère s’était mise en mouvement. L’abysse entrait en révolution. Le chaos s’ordonnait en une spirale contre les heures. Les parois de ce monde s’étaient mises à tourbillonner. De plus en plus vite, de plus en plus férocement. Le chaos luttait contre le chaos, la trame éclatait en un tonnerre arcanique, grondant contre l’ordre régissant ces lieux. Tu luttais, une nouvelle fois, contre la barrière entre les deux mondes, tes espoirs revigorés par la présence d’une autre, comme si ta rencontre avec l’étrangère avait pu être le signe que tu… que vous touchiez au but. Tu luttais de toutes tes forces, abusant du fait qu’ici, les corps ne connaissent pas la fatigue comme elle existe au-dehors. Mais tu luttais en vain. Tu fus bien vite forcé de le réaliser, et une nouvelle fois, d’abandonner.
Le tonnerre se calme, et tu tombes à genoux. Dépité. Tu as encore échoué. Et cette fois-ci, vous êtes deux à en payer le prix.
- Avatyarinyë…*tu tombes à genouxNi upol’leryëme**tu hoquètesMando’emmë***ton regard, désolé, cherche à nouveau le sienAvatyarinyë…
Traduction:
* : Pardonne-moi ** : Je n'y arrive pas *** : On est prisonniers
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Mar 19 Oct 2021 - 1:28
Si la curiosité et une certaine méfiance tenaient son cœur dans un étau d’acier, la surprise eut tôt fait de se joindre à la danse. Ces mains étrangères détouraient son visage et son cou avec une douceur presque inquiétante, cependant que sa main à elle poursuivait les contours du visage de cet elfe dont les battements de cœur, à tout rompre, se faisait plus assourdissant à chaque instant. Et ce fut sans crier gare qu’il se jeta littéralement dans ses bras, l’enlaçant comme un enfant retrouverait sa mère. T’sisra était restée immobile, transie d’une incapacité provoquée par la stupeur. Combien de temps s’était écoulé ? La deadhelle n’en avait aucune idée, mais elle tapotait maladroitement le dos de cet inconnu, cherchant tantôt à consoler ses sanglots, tantôt à calmer ce rire extatique. Il lui paraissait impensable de céder totalement à l’émotion, ni en ce temps ni en ces lieux.
Et tout sembla se dérouler trop vite. Bien trop à son goût, car à peine avait-il reculé que le mage entra dans une transe incantatoire sous les yeux ébahis de la drow.
- Arrête ! Non… Tournant sur elle-même, son regard se perdait dans une entropie bousculée.Baw ! Dár ha !
Impuissante, la noirelfe observait avec effroi l’environnement vibrer, s’emballer et se déchirer. Le monde défilait et tournoyait si vite qu’elle s’en couvrit les yeux pour lutter contre le tournis et les vertiges. Interrompre l’elfe aurait été bien trop risqué, aussi bien pour elle que pour lui. Alors, elle se tenait droite sur ses appuis les yeux toujours clos, n’osant ouvrir qu’une paupière d’une indélicate curiosité que de temps à autre, attendant qu’enfin ne cesse la rébellion condamnée de ce solitaire avec lequel elle ne pouvait communiquer.
Lorsque le calme revint enfin, elle découvrit cet inconnu à genoux, l’écoutait se répandre en ce qui lui semblait être de faibles gémissements. Ce regard chagriné, abattu et découragé eut tôt fait d’embraser son cœur d’une colère aussi froide que l’atmosphère des lieux.
- Je ne comprends pas ! S’époumona-t-elle alors que ses yeux suivaient les lignes de crêtes et les aspérités des terrains alentours.Nin… Al… Alnin henia !
La tempête n’était en rien passée, ce calme ne faisait que la précéder. Ce monde était celui de la guerre éternelle, de la lutte perpétuelle, du conflit sans fin. Plus encore pour ceux se réclamant du vivant. Et déjà des formes excentriques redessinaient les lignes de vue de cette désolation, attirées par l’instabilité créée à cet instant dans cet espace.
- Il faut partir. Souffla la drow horrifiée, elle qui avait tout fait pour errer aussi longtemps si loin de ses entités saccageuses. Il faut partir ! Cria-t-elle comme s’il pouvait la comprendre, tandis que sa main libre se refermait sur son col. Debout !
Bousculant l’elfe sans ménagement, tirant sur son col pour le forcer à se relever, tentant en vain de lui faire entendre raison et le poussant dans une des directions opposées au danger qui s’annonçait, sa main revint dans un geste bien trop naturel à sa ceinture, tirant cette ancienne épée, restée hors de portée des affres du temps, dont la garde évoquait un passé oublié.
- Il faut fuir ! Fuir ! Scandait la noiraude en espérant que son comparse ait quelques notions d’oliyan. Fuir !
Ses doigts serrant plus fort que jamais la Larme d’Iben, la noirelfe prit une profonde inspiration tentant de faire le vide en elle. Peu importait les éclats et les cris, leur position était déjà révélée. Levant la pierre en direction de l’ennemi, celle-ci se mit à luire, encore et encore, d’une douce et apaisante lumière immaculée, d’un ton argenté pareil à l’astre lunaire. Le faisceau dirigé déchira deux des ombres les plus proches, tordant dans un douloureux et dérangeant ballet leur consistance et les réduisant à de simples évaporations.
- Cours !
'Traductions':
Baw ! Dár ha ! : Non ! Arrête ça ! Nin : Moi Al- : Pas (préfixe de la négation)henia Henia- : Comprendre
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Ithìliur Telperiën
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Ven 22 Oct 2021 - 3:27
Tu ne veux pas mourir. Tu ne comptes pas mourir. Tu ne vas pas mourir. Pas de sitôt. Peut-être l’autre a-t-elle encore peur de ce monde, mais pas toi. Tu ne crains plus les habitants d’Ilhuinë depuis bien longtemps maintenant. Tu les respectes, voilà tout, pour ce qu’ils sont et pour le danger qu’ils représentent. Seulement tu as appris à te mêler à eux, assez pour ne plus être pris de panique lorsque gronde leur présence dans la Trame. Il n’est plus qu’une chose qui t’attriste… non qui t’enrage aujourd’hui, c’est d’être enfermé avec eux ici alors que tu sais ne pas appartenir à ce monde. C’est de te sentir de plus en plus proche d’une existence qui n’est pas censée être la tienne. Tu n’as pas peur de mourir. Tu as peur de t’oublier, et de finir par disparaître.
Tes yeux rougis par le désespoir se posent vaguement sur l’être qui t’emporte dans sa lutte. Quelque chose entre colère et peur, c’est ce que tu penses reconnaître en elle. Et au contact de ces émotions des souvenirs te reviennent, des sentiments te reviennent, des sensations te reviennent. La fuite, la panique, le combat désespéré face à l’inconnu, tu l’avais vécu toi aussi durant ton plongeon dans l’abysse. Puis l’habitude était venue, et la peur avait laissé place à la frustration, et la colère à la déprime. Peut-être… peut-être gagnerais-tu à t’accrocher à nouveau à ces sentiments.
- Khila Amin
Tu finis par t’opposer à la Noirelfe, te mettant debout sur tes pieds plutôt que de te laisser traîner. Le dos toujours voûté, et le pas encore traînant, tu t’élances à sa poursuite là où tu penses que c’est elle qui devrait te suivre. Mais la tendance finirait par se renverser. De gré ou de force. Tes doigts se tordent, les ombres te glissent sur la peau, tu redeviens une forme obscure aux yeux d’Or, et ta course à travers l’abysse s’accélère. Tes foulées sont immenses, tu glisses plus que tu ne cours, et rapidement tu dépasses l’autre.
- Enda hilya amin
L’une de tes brumeuses paumes se pose contre ton cœur, tandis que les griffes de ta seconde serre font signe à l’être de chair de t’emboîter le pas. Tes bras se croisent, l’ombre qui fait le monde s’écarte, et un chemin sans véritable sens s’ouvre devant vous. Tu y plonges, tête la première, continuant ta course dans ce tunnel de ta création sans le moindre respect pour ni le Haut, ni le Bas, ni la Gauche, ni la Droite. Tu cours, ne te retournant jamais que pour vérifier qu’elle est toujours derrière toi, et que les habitants d’Ilhuinë ne vous suivent pas. Sauf que les habitants d’Ilhuinë ne sont pas encore prêts à abandonner leurs proies.
Soit. Dans ce cas, il fallait renverser la direction de la chasse
Tu plonges dans les murs de ton tunnel pour en ressortir non loin de l’autre. Tes griffes se tordent en un geste carnassier, et des murs de ta bulle jaillissent d’autres ombres encore. Les volatiles aux ailes d’acier tranchent à travers vos poursuivants avant de disparaître comme ils étaient venus. Tu continues ton travail de chef d’orchestre mortel, mêlant les existences de tes soldats là où l’œil ne les voit pas, pour mieux les ramener au combat, amalgamés en une hydre difforme, dont les têtes se saisissent des lambeaux de vos anciens poursuivants. Tu glisses en arrière, plonges dans le vide, évites les assauts d’un monstre trop hardi, pour réapparaître tête à l’envers et pieds au faux-plafond. Tes mains se rassemblent là où tes brumes dissimulent ta clef, et du même plafond où tu es pendu tombe ton fidèle crapaud, sa gueule béante ouverte sur l’hydre en même temps que sur ses victimes. L’animal informe les gobe tous sans distinction, avant de cracher les tendons noués formant sa langue sur le dernier de vos adversaires, lui imposant le même funeste sort.
Tu marches dans le vide, reprenant un sens de la direction obéissant à celui qu’avait conservé la Noirelfe, et en même temps que ta peau réapparaît, la plaine de cendres se redessine autour de vous, infiniment vide comme au moment de votre rencontre.
- Alàyaldëtu t’assieds au sol à nouveau, et soupires, ta frustration toujours palpableMet alfirïmmë
Traduction:
Khila Amin = Suis-moi Enda hilya amin = Suis mon cœur Alàyaldë = Ne t’inquiètes pas Met alfirïmmë = On ne va pas mourir
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Mar 30 Nov 2021 - 0:12
La lutte incessante, elle était le destin de toute vie ici. La noirelfe dirigeait le rayon lumineux sur les créatures les plus entreprenantes sans cesser d’avancer, courant désormais après celui qui se fondait dans les ombres. Et alors que se dessinaient un abîme insondable devant ses yeux, la daedhelle laissa faiblir jusqu’à l’extinction complète la Larme d’Iben, de peur d’en déchirer le construct. Guidée par les battements d’un cœur perdu dans le noir, elle plongea dans l’inconnu. Désorientée et bousculée par cette toute nouvelle réalité commandant à son estomac de sans cesse bondir et rebondir, T’sisra avançait la tête plongée son coude levé à hauteur d’yeux. Elle ne savait ni où elle allait, ni comment. Ses pas qui avaient d’abord suivi les battements de ce cœur étranger eurent tôt fait de ne chercher plus qu’à avancer sans comprendre. Progresser sans faillir, marcher sans faiblir.
Du construct, plus rien ne restait. L’abîme évanoui laissa place à nouveau à l’immensité du vide des plaines de cendres. La daedhelle tituba avant de reprendre une démarche plus normale, son regard balayait les étendues désormais à nouveau calmes de cet autre monde à l’hostilité extrême.
- Plus jamais ça… Souffla-t-elle en passant sa lame à la ceinture, tandis que son regard filait vers cet être qu’elle ne comprenait pas.
Si son estomac avait été plein, nul doute qu’elle l’aurait vidé dans l’instant. Il lui fallut quelques profondes respirations pour enfin digérer cette étrange sensation. T’sisra s’approcha ensuite de l’elfe assis à même le sol, s’accroupissant face à lui, elle le désigna de l’index, puis elle-même, avant de désigner une direction au hasard.
- Toi. Moi. Ensemble. D’accord ? Lui demanda-t-elle en se redressant et lui tendant une main amicale. Je ne sais pas où aller mais… On va y aller.
L’elfe saisissant sa main, la noiraude l’aida à se remettre debout. Observant sa gauche puis sa droite, elle finit par désigner une direction et se mit à marcher. À quoi bon essayer de rationaliser ? Tout se ressemblait d’ici, à tel point qu’elle n’aurait su dire d’où ils venaient. La nécromancienne n’avait même pas de quoi peser le pour et le contre, alors toutes les solutions lui convenaient. Ils finiraient, de toute manière, bien par tomber sur quelque chose, tout du moins elle l'espérait.
- Moi. Reprit-elle en posant la main sur son poitrail, les yeux rivés vers l’elfe. T’sisra. Je… M’appelle…. T’sisra. Avait-elle découpé lentement avant de marquer une pause. Toi ? S’enquit-elle en le désignant.
La clef de leur survie pour le moment lui semblait être la communication. Il était primordial d'apprendre l'un de l'autre, tout aussi bien pour le moral que pour s'organiser.
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Ithìliur Telperiën
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Jeu 2 Déc 2021 - 1:13
Ta main se saisit de la sienne, et malgré le poids de la résignation, les coins de tes lèvres se donnent la peine de lui offrir un maigre sourire. Un peu d’espoir. Juste un peu d’espoir. Tu lui devais bien ça. Elle est encore vivante. Elle n’a pas encore été brisée. Elle ne s’est pas encore perdue dans le labyrinthe d’horreurs de ce monde comme toi tu l’as déjà fait. Tu lui dois bien de continuer d’essayer de vivre toi aussi. Au moins pour elle si tu ne le fais pas pour toi.
- M’apelle T’sisra. tu la désignes d’une main sur son épaule, avant de te pointer toi-même du doigtIthìliur
Ton faux sourire a bien vite fait de tomber, et en quelques pas, les plis d’appréhension reprennent possession de ton front. Ta main droite se referme contre ta clef et ta mâchoire se serre. Brusquement, tu mets halte à ton pas, attrapant la main de l’Eldéenne pour la forcer elle aussi à l’arrêt.
- On... on…ton cœur s’accélère, et la panique menace à l’orée de tes pupilles alors que tu te rends compte que les mots ne te viennent pasLà-bas… Là…ta main tremble contre ta clef, et ta poigne se resserre dangereusement sur celle de la Noirelfe alors que respirant fort, perdu entre colère et terreur, tu cherches les mots de ta propre langueRien !tu hurles, plus fort que tu ne l’aurais vouluNulle part !
Tu aurais voulu l’exprimer de manière plus intelligible. Tu sais qu’elle ne te comprend pas. Tu sais que cela n’aurait probablement servi à rien, mais quelle importance ? Si tu avais pu parler, alors tu aurais moins eu la sensation de te perdre. Il te reste des mots pourtant. Tu te souviens de ta langue pourtant. Tu en sûr, tu en es certain. Tu en avais prononcé il y a à peine quelques instants de cela. Quelques instants !
- Regarde
Ta main lâche la sienne, et des ombres qui t’entourent tu dessines une bulle, une bulle au sein de laquelle tu fais apparaître deux elfes. Vous deux. Vous êtes dans la bulle. Ce monde est la bulle. Votre prison. Et les deux silhouettes avancent, et les murs de la bulle ondulent. Ils gonflent, puis s’affinent. Celui vers lequel vous avancez gonfle. De manière menaçante.
- Ça…tu prends une grande inspirationPar-là ça ne sert à rien
Ta main porteuse de clef tourne, et la silhouette te représentant arrache une part des ombres qui l’entourent. Les bras ténébreux se jettent contre la paroi, s’y attaquent vigoureusement, mais elle refuse de céder. Au lieu de cela elle continue de gonfler, inexorablement. Puis ta silhouette s’arrête, se retourne, s’en va, glisse dans la direction opposée, entraînant avec elle sa jumelle féminine. Jusqu’à un point faible dans votre prison. Un lieu où la paroi mouvante est fine. Et à nouveau ton fantôme se lance à l’assaut. Et cette fois son assaut est couronné de succès. Ses vrilles coupent à travers la bulle. Vous êtes libre. Dans ton rêve éveillé, vous êtes à nouveau libres.
- Je sais reconnaîtrel’une de tes mains va à ton cœur, l’autre à ta tempe, alors que ton mirage se dissipeJe sais où aller
Comme les ombres tu sens se mouvoir ce monde. Tu as une idée d’où pourraient être ses fissures. Une idée seulement. Les ombres savent mieux que toi.
- Il faut les suivre.
Tu te retournes, et de l’index tu pointes le lointain, et les fantômes qui s’y déplacent. Les ombres qui courent vers des lieux inconnus, mues par des instincts que vous ne partagez pas.
- Elles cherchent…tu frissonnes encore une fois, non pas parce que ce mot t’échappe, mais au contraire parce qu’il est l’un de ceux que tu t’es interdit d’oublier pendant tout ce temps…Uswevandë.
Un échappatoire.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Dim 12 Déc 2021 - 17:33
Quelques pas à peine suffirent à tout arrêter. Il lui avait d'ores et déjà attrapé la main, et dans ses yeux, elle voyait poindre d’intenses émotions. La deadhelle se figea, alors qu’il sa poigne se renforçait sur son poignet, elle plongea son regard dans le sien quand il baragouinait des mots jusqu’à en hurler qu’elle ne comprenait pas. Lâchant enfin sa main pour en aller courber les ombres, la daedhelle en profita pour reculer d’un pas tandis que sous ses yeux, lui, créait. Des images mouvantes se voulant être un pont entre deux mondes, un parler entre les langues. La noirelfe recula encore d’un pas, courbant le dos, la tête légèrement penchée sur le côté, observant ces ombres jouant une étrange scène au cœur de cet orbe. Et si la chose était sympathique à regarder, elle avait tout de même un peu de mal à saisir où cet elfe voulait en venir.
- Fantastique. Laissa-t-elle platement filer entre ses lèvres. On va aller loin avec ça.
La noiraude se laissa aller à un vague soupir, ce fut un regard un peu perdu qui vint se river dans celui de son comparse d’infortune. Désormais les mains sur les hanches, son regard s’en alla scruter les horizons à peine dessinés.
- Alnin henia.Répéta-t-elle encore, afin de signifier son incompréhension en secouant la tête.
La seule chose dont elle était à peu près sûr, c’est que la destination choisie avait plus effrayé l’elfe qu’elle ne l’avait rassurée.
- Il faut vous calmer, quoiqu’il arrive. Calme. Fit la noirelfe en usant de ses mains pour suivre sa lente inspiration suivie d'une expiration tout aussi longue. Calme.
Après quelques instants de flottement, la noirelfe haussa les épaules puis désigna d’un large geste du bras l’immense étendue des plaines de cendres. Exagérant un nouveau haussement d’épaules, elle entreprit d’essayer de communiquer par des gestes, des signes appris seulement quelques décennies auparavant bien que sa mémoire semblait étrangement vouloir en douter. T’sisra le désigna de l’index et lui fit signe de passer devant, puis elle dressa le poing avant de l’agiter d’avant en arrière.
- Ithìliur, vous passez devant. Fit la noiraude en insistant d’un geste de la tête. Ne trainons pas.
Elle avait erré si longtemps en ces lieux pour ne rien trouver, ni ne rien rencontrer d’autres que ces créatures ombreuses, que peu lui importait la direction à suivre. Tant qu’ils arpenteraient ce monde ensemble il y avait peut-être une chance d’arriver à quelque chose, ou bien quelque part. Lui était capable de manier la matière, peut-être même de s'y repérer ?
- Us… Uswevandë ?Demanda-t-elle en lui emboitant le pas. Qu’est-ce que c’est ?
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Même de cette façon vous ne vous compreniez pas. Le constat t’avait arraché un soupir de désespoir, mais au moins semblerait-il que tu aies obtenu ce que tu voulais. La noirelfe s’était rangée dans ton sillage et t’avait laissé prendre les devants. Alors tu t’étais saisi de l’occasion pour lui offrir un timide sourire, un signe s’il en est un que c’était bien là ce que tu voulais. Puis la marche avait repris, et avec elle, les questions de deux êtres qui ne partagent pas le même langage. T’attachant à son ton plus qu’à ses mots, sans t’arrêter dans ta marche, tu avais recommencé à signer, et de l’ombre faisant ces lieux tu avais fait une porte, flottant juste devant vous.
- Uswevandëtu fais mine de pousser et d’ouvrir la porte de ton autre mainUne sortie.
Sans attendre quelconque confirmation de sa part, tu avais laissé ta création s’évaporer, et ton attention s’était dirigée vers le lointain, à la recherche d’autres. Habituellement, elles étaient partout, mais ici, elles semblaient se faire discrètes. Si elles l’étaient autant, c’est probablement que vous étiez loin. Loin de toute faille, et loin d’Uswevandë. Mais pas assez loin pour que les Ombres soient apathique. Du mouvement, il y en avait autour de vous. Discret, mais il y en avait.
- Regarde !tu interpelles T’sisra, pointant du doigt des figures fantomatiques glissant dans le lointainUswevandëla direction que tu pointes change, quittant les ombres pour ce qui semble être leur objectifElles cherchent elles aussi.
Ton pas s’accélère, passe au trot, puis tes foulées force de s’allonger deviennent de véritables bonds. Tu cours, poursuivant ces lointains spectres sans pour autant t’approcher d’eux, usant des étranges règles de ce monde à ton avantage. Ni faim ni soif. Ni jour ni nuit. Ni éveil ni sommeil. Tu cours à pleines jambes car tu sais en être ici capable pour le reste de l’éternité s’il le faut. Tu cours jusqu’à te rendre compte de la distance qui se creuse entre la noirelfe et toi, et là pris par la culpabilité tu trébuches, tombes et te relèves d’un seul geste, pour mieux laisser à Mapel T’sisra le temps de te rattraper.
- Désolé…tu lui montres à nouveau les spectres, plus agités qu’ils ne l’étaient au début de votre courseIl faut pas les perdre de vue.
Elle ne comprend toujours pas, mais ce n’est pas grave. Tu parles. Les mots te reviennent. Elle te suit. Tu te forces à nouveau à espérer. Voilà votre nouvelle vie.
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Mar 14 Déc 2021 - 20:17
Sur le chemin erratique des deux mortels ayant eu l’audace de s’aventurer au Royaume des Ombres, dans le plus aride des déserts aux reliefs quasi-inexistants peuplés par des ténèbres voraces, il y eu une saillie. Au milieu d’une monotonie presque parfaite qu’ils finissait par haïr à la folie, il y eut une aspérité. D’abord point de fuite chatouillant l’horizon, convergence des silhouettes vaporeuses qui, malgré elles, se faisaient guides vers l’artefact du désert, elle se révéla être une arête tangible au beau milieu du Rien.
Sous le ciel noir, comme plongé dans une MaleNuit perpétuelle, les Ombres confluaient vers un monolithe haut d’une dizaine de pieds.
Vers la fin de l’errance ?
La pointe tronquée, comme s’il se fût agi, une éternité plus tôt, d’une aiguille dont la pointe avait été arrachée, le pilier semblait être fait de la même pierre que les ruines de l’Esplanade. Autour de lui s’organisait le ballet complexe des innombrables créatures que la structure magnétisait. En son milieu, la colonne était percé d’une cavité parfaitement circulaire, au centre de laquelle brasillait une flamme noire chancelante. Vacillant sans s’éteindre, bien que nul combustible ne l’alimente, elle ne produisait aucune chaleur ni fumée.
Le reflet froid et obscur d’un feu, fait d’éther et d’ombres.
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Mar 15 Fév 2022 - 0:42
Le regard fixé sur cette porte illusoire, la noirelfe hocha doucement la tête. Ses pensées lui échappèrent, chassées et remplacées par d’anciens souvenirs, des réminiscences du jour de son arrivée en ces lieux loin de son monde originel, de la traversée du portail. Et de ce qui en était sorti.
- J’ai à faire dans mon monde. Marmonna-t-elle le regard perdu dans le vague, alors que l’elfe attirait déjà son attention.
Les créatures des ombres, maîtresses en leurs domaines de cendres, cherchaient inlassablement, elles aussi, une porte de sortie. Et voilà que l’elfe s’élançait à leur poursuite, dans des enjambées toujours plus démesurée. T’sisra le suivait, plus lentement et conservant de prime à bord une certaine distance par sécurité, certainement motivée par légère méfiance, une distance qui se fit de plus en plus grande, trop grande, alors que leurs courses erratiques semblaient parfois en montrer le contraire.
Jusqu’à ce qu’enfin leur cavalcade ne s'arrête. Lui avait chu et la noirelfe pu ainsi rattraper son guide. Ses mots, elle ne les comprenait pas le moins du monde. Ne pouvant se fier qu’à l’intonation et au ton, T’sisra se fendit d’un sourire discret. S’il y avait une chose qu’elle eut déjà bien compris, c’est que son cousin des forêts ne souhaitait surtout pas perdre la trace des autochtones.
Ainsi reprirent-ils leur avancée effrénée et inconsciente, bientôt ralentie par la seule ombre fixe de ce paysage à la fois versatile, trompeur et malgré cela semblable en tout point. Elle était là, plantée dans les cendres, une anomalie du vide infini, hypnotisant les ombres dansantes. La noirelfe avait ralenti le pas, elle n’avait connu jusque-là qu’une seule structure qu’elle serait incapable de retrouver et, au vu de ce qui l’avait habitée tant de siècles, elle avait des réserves quant à l’idée d’approcher plus de celle-ci.
- Arrêtez-vous. Dit-elle simplement alors que ses doigts se refermaient sur le poignet de l’elfe. Arrêtez-vous.
D’une main, la noirelfe désigna l’édifice au loin, de l’autre, elle agitait l’index pour signifier son refus… Bien qu’elle n’avait pas d’élément de comparaison, ceci ne ressemblait, de toutes les manières, pas du tout à une porte de sortie, n’y voyant là qu’une concentration élevée des dangereuses créatures peuplant ce monde.
- Je crois que c’est une mauvaise idée. Vous comprenez ce que je dis ? Demanda-t-elle en se désignant elle-même avant de le pointer du doigt et de passer son pouce sous sa gorge. Nous risquons de mourir. Mourir. Elles sont bien trop nombreuses.
Le regard de la noirelfe, plongé dans celui d’Ithìliur, cherchait à déceler de la compréhension, au moins un tout petit peu. Il leur faudrait, tôt ou tard, apprendre à communiquer efficacement et à ce rythme mieux valait que tôt que tard.
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Mer 6 Avr 2022 - 17:01
Etoiles contraires.Poussés à l’opposé l’un de l’autre par vos instincts. Etoiles binaires. Liés par la gravité des circonstances. Elle s’était arrêtée, décidée à se tenir loin de la mystérieuse forme qui t’attirait autant qu’elle attirait les autres créatures de ce monde. Elle craint ce monde plus que toi. Quoi de plus normal ? Elle n’en fait pas partie de la même manière que toi. Que le temps n’ait pas encore eu le temps de la rattraper, ou que son esprit soit plus résilient que le tien, le résultat était le même : contrairement à toi, elle n’avait pas encore abandonné assez de sa personne pour se percevoir d’une quelconque façon comme une part de cet facette de l’existence.
Elle ne pensait pas avoir sa place parmi les ombres là-bas, voilà tout.
Perdre la vie. Mourir. Ce devait être l’un de ses mots. Tu ne comprends pas le verbe, mais tu comprends les gestes. Vivre dans un monde sans matière ne t’avait pas encore séparé du souvenir de la matière. Mourir. Ce devait être l’un de ses mots… mais lequel ? Le plus important probablement. Celui sur lequel elle avait mis l’emphase. Celui qu’elle avait répété. Celui-ci et pas un autre.
- Môrir, non.
Dans ta tentative d’imitation de l’étrange prosodie de ce mot, tu imites son geste, avant de de lentement secouer la tête de gauche à droite. Mourir, tu espérais que ce soit le bon mot. Et ce mot-là tu le rejetais pour cette fois. Cette fois et toutes les autres.
- Fais-moi confiance.
Ton regard retrouve la détermination qui avait trop longtemps cessé d’y briller, et ton poignet échappe à sa main pour mieux laisser tes doigts aller à la recherche des siens. Tu la regardes dans les yeux, et portes sa main sur ton coeur, ta paume libre allant doucement chercher le sien.
- Confiance.
Tu recules d’un pas, rompant le contact, ton regard se dirigeant tour à tour vers elle, puis en direction de la Sombre Flamme. Tu recules d’un second pas, tes sens excités par l’étrange présence, par l’inconnue qu’était un construct ne pesant que trop peu sur la trame. Tu recules d’un troisième pas, ta mâchoire tendue et tes sourcils froncés dessinant sur ton visage la résolution prise de te battre s’il le fallait. Mais tu devais comprendre. Vous deviez comprendre ce qu’était cette chose. Si ce n’est parce qu’il pourrait s’agir de votre échappatoire, parce qu’il pourrait vous offrir les clefs pour la trouver.
Les ombres cherchent la lumière. Cette Flamme ne pouvait que vous éclairer.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Ven 8 Avr 2022 - 17:27
Si ce ne fut par les mots, les gestes suffirent amplement. Au moins, l'avait-il comprise et cela la soulageait d'un poids certain. Lui, l'explorateur des plans méconnus, quand bien même ses pérégrinations incessantes semblaient l'avoir mené à s'oublier et se livrer à l'essence de ce monde torturé, comprenait la méfiance autant que la défiance qui l'habitait elle. Elle, l’étrangère en tout point à ce lieu où ne régnait qu’une stagnation mortifère du vivant, elle qui avait appris à se louvoyer dans ce désert en limitant les échauffourées avec les autochtones, en se tenant loin de ces créatures à l'instinct meurtrier.
- Confiance, répéta la daedhelle en portant la main à son cœur tandis qu'Ithìliur reculait d'un pas lent et mesuré,confiance.
T'sisra s'avança, rassérénée par la lueur combatitve luisant aux fonds des pupilles de l'elfe. D'une main, elle vint se saisir de la Larme d'Iben, l'autre tira son épée de ceinte à sa taille. Cette structure était une aspérité unique dans ce néant, elle n’en avait connu qu’une seule autre depuis son arrivée et pourtant elle avait la nette impression d’avoir usé plusieurs vies à y vagabonder. Ils ne pouvaient passer à côté d’une telle occasion d’en apprendre plus, de comprendre cet endroit. S’ils espéraient retrouver la lumière du Soleil et la douceur de la Lune un jour, il leur faudrait se saisir de toutes les chances, à chaque fois. Se postant aux côtés de l'elfe, son regard passait de formes vaporeuses en corps désincarnés, tous hypnotisés par cette flamme aux reflets de geais. Compte tenu de leur nature belliqueuse, les chances qu'elles ne laissassent deux étrangers se joindre sans heurt à leurs rituels aussi complexes qu'étranges paraissaient bien minces.
- Ensemble. Souffla la noirelfe tout en frappant doucement l'épaule de son comparse dans un sourire discret. Moi, continua-t-elle en se désignant avant de pointer une direction du bout de sa lame, à gauche. Toi, à droite.
Et dans son regard, il pouvait y lire la même détermination combative et guerrière qui était la sienne. Finis de courir, d'errer, de se perdre. Cet instant signait la fin de sa fuite en avant et l'ouverture de la chasse. Un premier pas, puis un second, tranchant le vide dans un moulinet aussi précis que leste, T'sisra se mit à trottiner puis à courir en direction de l'ennemi. Et bientôt, sa lame passerait au travers des corps éthérés et sa lumière fonderait leur consistance volatile.
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Jusqu’au bout tu avais espéré ne pas avoir à les affronter. Envoûtés qu’ils étaient par la flamme noire, qui sait comment vous auraient accueillis les spectres ? Un peu de chance et vous n’auriez été que deux créatures de plus s’étant prises de passion pour l’étrange construct… seulement, ici vous ne pouviez pas être simplement deux créatures, car au même titre que la flamme, vous étiez d’étranges constructs.
Les habitants de ce monde vous donnèrent l’assaut.
Les lueurs dorées de tes iris se perdirent dans une chape vaporeuse. Les griffes de ton ombre tranchèrent à travers le premier de tes assaillants, et dans un silencieux cri de vengeance, la légion fondit sur toi. Un puis deux, deux puis trois rencontrèrent le même sort. De fragiles fantômes trop gourmands pour leur propre bien, jusque-là protégés par la fascination de leurs prédateurs naturels pour un autre objet qu’eux. Mais alors sans ni proie ni flammes pour les distraire, il n’y avait plus que vous face à ces prédateurs. Ici et maintenant démarrait le véritable combat.
Un pieu fuligineux tranche à travers ton visage, déstabilisant sa structure au point de faire de toi silhouette sans tête. Tu tombes. Tu glisses mollement sur ce qui sert de sol à cette lande sans haut ni bas. Ton fantôme gagne en vitesse. Tu joues de ta nature protéiforme pour offrir à la monstrueuse créature qui aura cru se débarrasser de toi un aperçu de ce à quoi il ressemble, le visage qu’elle semblait tant détester, lorsqu’il est épris de rage. Au monde tu arraches des lambeaux que tu fais part de toi-même, tu te fais l’espace d’un instant difforme masse obscure, visage rageur aux crocs acérés, et sans sommation, tu dévores d’une bouchée celui qui crût te vaincre.
Lentement mais sûrement, tes vrilles s’emparent de tout ce qu’elles peuvent saisir. Mêlant tes sens à ceux de tes victimes, tu retournes tes agresseurs contre tes assaillants. Tu cherches la lumière de ta sœur d’arme, et les ombres qu’elle aura affaibli pour mieux t’en saisir et en faire tes marionnettes. Tu construis un bataillon de spectres malades à envoyer à l’abattoir, ne leur offrant jamais que la gueule béante d’un crapaud comme cimetière lorsque leurs forces viennent à vaciller. Durant ce qui semble être une éternité vous vous battez, mais vous ne semblez pas trouver de fin à la légion obscure. Avec le mur de ténèbres qui vous sépare de la flamme ne fait jamais que grandir, excité par les combats. Et vos adversaires sont de plus en plus puissants, de plus en plus retors, vous forcent à puiser de plus en plus dans les infinies ressources que vous offre ce monde sans fatigue… seulement si ce n’est la fatigue, ce sont les limites de vos corps, les limites de vos forces qui vous trahiront. Lorsque viendront les léviathans, alors votre défaite sera sonnée. Et tu ne voulais pas perdre.
Cette Flamme, tu la voulais. Pour l’heure, cette Flamme te semblait la solution à tout. Alors tu t’en es saisi. Arrachant sa lueur aux murs invisibles qui la confinaient, tu lui as soufflé – autant que tes forces t’y autorisaient – de l’éther qui vous entoure. Avec la maladresse du désespoir, tu as dirigé le feu sombre vers les êtres qu’il fascinait. Qu’ils approchent, qu’ils y brûlent, qu’ils te le laissent. Qu’ils te laissent loisir de t’y consumer seul après la bataille. Les flammes lèchent l’ombre et l’ombre s’y perd. L’ombre touche à la flamme et elle s’étiole. L’ombre et la flamme lorsqu’elles s’étreignent se piègent toutes les deux dans un constant flux, ne sachant laquelle des deux est censée dévorer l’autre. L’incendie t’entoure, et tu continues de le pousser, de l’alimenter, espérant qu’il finisse par prendre le dessus. Tu cherches ta comparse du regard, hésitant à soutenir le sien. Car tu as peut-être fait une grosse erreur. Autour de vous le feu gronde, vous séparant du reste du monde. Autour de vous le feu et les ombres se livrent une bien étrange guerre. Et T’sisra et toi êtes maintenant seuls. Seuls avec le pilier. Mais pour combien de temps ?
Trop peu et vous mourriez.
Trop longtemps et ce serait comme mourir.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Mer 13 Avr 2022 - 1:44
Les créatures d’ombre n’apprécièrent que très peu l’impromptue présence leur étant imposée par des étrangers en ces lieux qui de tout temps étaient les leurs. L’agitation et les danses éclectiques autour de ce brasero contre-nature céssèrent et les ombres passèrent à l’attaque. Leur colère et leur rage se muaient en d’agressives difformités toutes plus mortelles les unes que les autres. Imprévisibles et surprenantes pour qui s’accrochait encore à la perception d’un monde regorgeant de vie, légèrement moins pour ceux s’étant fait à ce monde-ci, juste assez pour réagir sur le fil, pour répondre au dernier instant, pour profiter de cette infime temporalité séparant la vie de la mort.
Quand Ithìliur se fut fait une masse sombre et imposante, à l’insatiable voracité dévorant les formes vaporeuses les plus féroces, T’sisra, de son côté, louvoyait entre les ennemis, tailladant sur son passage les plus entreprenants d’entre eux, emportée dans une danse guerrière alliant l’agressivité puysarde à la grâce et la finesse des techniques des immortels, un ballet macabre que seul ce monde pouvait exacerber à ce point, ce monde qui l’autorisait à bondir plus haut, changer de trajectoire sans élan ou plonger sur des distances folles. Le pâle et pourtant puissant rayon lumineux de la Larme d’Iben transperçait et défaisait les formes ombreuses à chaque fois que la noiraude se retrouvait piégée, offrant un nouveau chemin au travers de l’âpre combat. L’ivresse du danger faisait battre son cœur si fort qu’il en bourdonnait à ses oreilles, la destruction de l’autre l’enivrait d’un sentiment de puissance dont elle avait perdu le goût depuis ce qui lui avait semblé être des siècles. La puissance de vivre, d’espérer, de vaincre, de réussir l’impossible.
Cependant, l’ombre de la flamme fut libérée. Rampant dangereusement sur les cendres, s’agrippant aux formes ombreuses pour les dévorer, autant qu’elles-mêmes s’empressaient de l’avaler. Les ombres se phagocytaient dans une scène terrifiante. Ces créatures, jouissant d’une individualité certaine, semblaient, parfois, paradoxalement n’être qu’une entité autophage. La nature de ce plan lui donnait le vertige. Le regard de la noirelfe glissa alors jusqu’au mage, finissant irrémédiablement par croiser le sien. Et quand bien même ce dernier était lourd d’une inquiétude compréhensible, T’sisra finit enfin par se fendre d’un sourire, aussi compatissant et sincère qu’il était nerveux et contraint. Il était le sourire de celles et ceux ayant vécu le front, embrassé la mort et la dévastation, la risette du soldat.
- Je ne compte pas mourir ici ! S’exclama-t-elle après un instant de flottement tout en troquant la Larme d’Iben pour une fiole de verre contenant d’ores et déjà quelques cendres de ce monde. Ne traînons pas ici plus longtemps.
Ceignant sa lame à la ceinture, la noiraude rejoignit d’un pas rapide l’alcôve du pilier d’où les flammes avaient originellement jailli. Ce presque rien l’avait attirée jusqu’à lui. Cette minuscule flammèche peinant à redevenir le brasier qu’elle était, là était la raison de tous ces risques pris. Approchant lentement le col de sa fiole pour l’emprisonner à l’intérieur, T’sisra eut tôt fait d’y visser prestement le bouchon, méfiante et incertaine quant à la sagesse de son acte. Levant la fiole à hauteur d’yeux pour laisser Ithìliur observer la flammèche flotter sagement dans sa prison de verre, la daedhelle observa l’étendue de leurs possibilités.
- Je doute qu’on passe en force… Souffla la drow en jetant un œil au mur de flammes et de créatures des ombres encerclant le pilier. Ithìliur, continua-t-elle en battant des bras comme un oiseau et en sifflotant maladroitement, suivez-moi !
Reculant d’un pas en lui faisant signe de lui emboîter le pas, T’sisra se retourna et se mit à courir droit vers le pilier, jusqu’à y poser le pied et abuser le haut et le bas, l’horizontal et le vertical de ce monde où tous les sens se valaient. Ses jambes avalèrent férocement les mètres de paroi formant cette structure si singulière, arrivée au bout, poussant de toutes les forces en sa possession, la noirelfe se propulsa le plus loin possible, les doigts toujours serrés sur cette fiole refroidissant étrangement de plus en plus. Elle glissait à présent dans les airs au-dessus des étendues de cendres où s’entre-dévoraient des entités cauchemardesques dénuées d’intellect, mais dangereusement esclaves de leurs pulsions.
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Sujet: Re: [Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur) Sam 16 Avr 2022 - 21:36
Fuir. C’est tout ce qu’il vous restait à faire maintenant. Le larcin dans lequel tu ne savais pas t’être engagé à participer venait d’être accompli. Vous n’aviez plus rien à faire ici. Vous auriez tous le temps de mieux comprendre ce qu’est cette Flamme ailleurs, quelque part de plus sûr, si seulement cela existait de ce côté du monde. Quelque chose en toi pourtant s’y refusait. Une forme de curiosité morbide probablement. L’envie de savoir qui du feu ou de l’ombre dévorerait l’autre. L’envie de savoir ce qu’il adviendrait des ombres que vous aviez affronté. L’envie de savoir si vous aviez réellement triomphé ou non. Et puis il y avait le pilier. Que pouvait bien représenter ce pilier ? Que pouvait donc bien marquer cet amer ? Ici il n’y avait pas de portail. Pas d’entrée ni de sortie en vue. Rien ici ne ressemblait au souvenir que tu avais gardé de ton arrivée… ou alors tes souvenirs te trompaient-ils déjà ?
Tu clignes des yeux avec une intensité redoublée. Tu te ressaisis. Ton regard se pose sur ta compagne de misère. Tu souris. Tu la suis. Comme elle tant que tu trouves de la matière tu cours. Comme elle lorsqu’il n’y en a plus tu sautes. Contrairement à elle, lorsqu’il n’y a plus que le vide pour vous rattraper tu n’espères pas. Tu agis. Ta clef entre les doigts, tu déchires la serrure du vide, et là où il n’y avait au départ que l’espace vous séparant du grotesque spectacle qu’était l’incendie tu ouvres une porte vers un autre pan de ce monde. Lequel exactement ? Tu n’en as aucune idée. Tout ce qui t’importe c’est qu’il soit loin d’ici. Alors quand la gueule béante de ton chemin de traverse se referme derrière vous, l’espace d’un instant tu arrêtes de réfléchir. Tu arrêtes de craindre. Tu arrêtes de te presser. Tu te contentes d’exister pour accueillir la suite. Tu te contentes d’être.
Car maintenant tu n’es plus seul.
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[Plan des Ombres] L'entropie vous emportera. (Ithìliur)