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| [C'nros] L'on hérite de ses pairs | Khernal | |
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L'Renor Crysto
Drow
Nombre de messages : 108 Âge : 16 Date d'inscription : 18/04/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 728 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: [C'nros] L'on hérite de ses pairs | Khernal Ven 13 Juil 2018 - 20:06 | |
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Ses doigts glacés caressaient la paroi humide. On entendait par-delà les lumières vacillantes son rire, s’éteignant finalement aux confins du couloir qu’elle traversait. L’a-t-on seulement croisée, alors qu’elle déambulait d’un pas léger et rapide vers la sortie ? Elle ne le su jamais, car tous préférèrent se tapir dans les ténèbres qui leur allaient si bien. En silence, ils observaient la lente course de la Rose. Ses yeux andrinoples s’étaient fixés vers un horizon que nul ne pouvait voir, faisant fi du monde qui l’entourait alors. Le bruit avait cessé tandis qu’elle entamait une comptine, laissant sa voix claire et enfantine s’écraser contre les épais murs creusés du Puy. Sa présence était devenue oppressante, tandis que ses mains s’écorchaient à traîner ainsi. Elle ressentait chaque mouvement, chaque taille dans la pierre froide. Bientôt apparut à sa suite une maigre traînée rougeoyante ; les gouttes s’affalaient sur le sol comme autant une pluie feignante. Elle demeurait sourde à l’agitation des couloirs. L’univers entier s’était mué dans un étrange immobilisme, laissant en suspend les cris, les pleurs, les corps et les âmes. A croire qu’ainsi elle marcha seule de son air guilleret. A croire que le monde l’avait abandonné – à moins qu’elle ne l’eut fait d’abord. Elle s’enivrait de l’odeur de ferraille, s’abrutissait du silence, s’endormait face à sa douleur. « Ka dos satiir ol zhah p’wal dos ph’dro » « Si tu ressens, c’est que tu es vivant » La mélodie s’alanguie, et ses yeux percèrent le cœur d’un badaud qui n’osa point bougé. Une seconde – peut-être deux – s’écoulèrent ainsi, avant qu’elle ne reprenne la route. Sa marche dura tant et plus, qu’on ne su dire combien de temps s’était écoulé dans les sombres couloirs, dans ce dédalle arachnoïdien dans lequel jamais elle n’hésita. Comme si elle en connaissait tous les coins, toutes les aspérités. A vrai dire, elle s’y trouvait chez elle plus que quiconque ; les ombres qui grandissaient sur les cloisons ne l’effrayée plus. Pire, elles avaient quelque chose de réconfortant, comme la chaleur d’une mère, comme le regard bienveillant d’un père. Pour elles, oui pour elles seules, L’Renor Crysto voulait briller. Elle souhaitait accrocher à ce ciel sans nuit sa seule étoile, sublimer la grisaille du rouge parfait. Elle voulait rendre aux Dieux leur splendeur comme autant de soleils éclatés sur la voûte qu’elle se construisait. Alors brulant de la Croix qu’elle portait, elle s’assoupirait dans une dernière gerbe enflammée, recouvrant son esprit du sang qu’elle chérissait tant. Voilà le seul rêve de la petite qui allait bon train dans ces couloirs nus : mourir comme les braves. Elle avait pourtant parcouru les terres de ses pairs, jusqu’à leurs frontières, chassé les morts du royaume des vivants. Elle avait vu tant de choses aujourd’hui mais jamais elle ne s’était vu offrir l’ultime caresse. Alors elle s’était afférée à le rendre aux autres. Elle voyait dans ces corps exsangues autant de fleurs – des roses – étendant leur dernier pétale à un astre blafard. Une symphonie exquise dont elle était le soliste à présent. Et si elle se hâtait tant, c’était pour rencontrer le chef d’orchestre. Sans plus de badinages, il l’avait convoqué peu après sa nomination. Quoi de plus normal lorsqu’elle était ses yeux et ses bras ? N’avait-elle pas juré de ne servir que lui ? Oui, elle l’avait fait, ses paroles sonnaient encore puissamment dans sa mémoire si vieille à présent. Le Ditrown Da’re l’attendait dans son bureau, et pour l’occasion la toute jeune Phor ‘dur avait revêtu sa plus belle tenue. Sur le tissu de sa chemise qui fût blanche, elle avait solidement harnaché quelques lames. Ses épaules quant à elles étaient habillées d’une cape aux armoiries du C’nros. Bientôt une porte se dessina et derrière, nul doute possible sur ce qui l’attendait. Son cœur manqua une mesure et, comme pour se rassurer, elle caressa la poupée de chiffon qui ornait sa taille. L’objet, si anodin et pourtant peu approprié pour une femme de son âge, la rassurait encore plus que les ténèbres. Elle laissa se mêler au catalyseur le sang de ses éraflures, inconsciente alors de tâcher pour de bon sa victime innocente. Mais là ! Ce n’était pas la prime fois, et elle ne se souvenait même plus si elle l’avait lavé un jour. Au-devant de l’imposant battant se tenait – les yeux rivés au sol – un esclave. Sa peau d’albâtre et son manque d’esthétisme arrachèrent un rictus dégoûté à la Rose.
« Harl clarg’arth… » « Sous espèce » Si la première remarque avait été prononcé dans sa langue et du bout des lèvres, elle poursuivit plus distinctement et dans le parler commun : « Annonce à ton maître que son Phor’dur est là ». Sans lever la tête, il pénétra dans la pièce sans un mot, la laissant seule avec ses craintes.
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| | | Khernal Baenfere
Ancien
Nombre de messages : 138 Âge : 24 Date d'inscription : 17/05/2015
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 433 ans Taille : 1m96 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: [C'nros] L'on hérite de ses pairs | Khernal Sam 14 Juil 2018 - 21:31 | |
| « – Sute » Dégage
L’esclave, tel un pantin aux suspentes tendues aux doigts du Ditronw Da’re, prit la porte tant de maladresse que l’on put douter de son utilité pour le Maître-mage. Celui-ci affichait un sourire satisfait qui retroussait les tâches d’albâtre de son visage en de multiples rides. Sans cesser de fixer le montant de bois qui s’était refermé brutalement, il porta une coupe à ses lèvres et but l’infect breuvage que les prêtresses des Jumelles lui faisaient boire. « – Qui es-tu, Fils ? Tu doutes. »
Au travers de la pierre, le lien s’était rompu. L’esclave retrouvait de sa lucidité, pourtant, la terreur pointait sous son visage d’impie.
«– Harl clarg’arth… »
Le serf s’effaça après avoir annoncé la sorcière. Un nouvel ordre tomba, comme un couperet, de la bouche du Ditronw Da’re. « – Va me quérir Stilh’Guar. » Le battant de bois résonna et le silence se fit. Deux paires de billes andrinoples s’affrontaient. Khernal toisait celle qui, de plus de deux siècles, était son aînée. Pourtant, c’était lui qui avait l’ascendant. Elle était petite. Pourtant, nul ne serait risqué à dire qu’elle en était diaphane ou émaciée. Ses muscles mettaient en valeur ses courbes dans les canons eldéen et son visage semblait être taillé dans une gemme, tant il inspirait la fragilité enfantine. Mais Khernal ne doutait pas que la toute nouvellement nommée Phord’ur en usait comme un masque redoutable.
« – Aertsab Rylin'Ahna. »
Avait-il seulement ouvert la bouche pour parler ? Tant de noms s’étaient succédés sur la liste des Phord’ur, qui s’allongerait aujourd’hui d’une ligne de plus. Plus de noms en une décennie qu’il n’y en avait eu certains siècles. On pouvait dire que le Ditronw Da’re était prudent mais lui se disait avisé. Si en temps de guerre deux bras sont bien utiles au chef du C’nros, en temps de troubles internes, cela relevait du suicide. Aussi, le choix de L’Renor Crysto pouvait surprendre par son audace ; la redoutable mage du sang s’était creusé une réputation au sein de l’institution qui valait bien celle de ses meilleurs lieutenants. Audacieux ne rimait pas avec fou.
« – Tu vas tuer Stilh’Guar. Il sait que tu tenteras de le faire. Aussi, ne le sous-estime pas. »
Nulle facétie dans le ton du Seigneur-Mage. Juste ce rictus d’impatience.
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| | | L'Renor Crysto
Drow
Nombre de messages : 108 Âge : 16 Date d'inscription : 18/04/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 728 ans Taille : 1m75 Niveau Magique : Maître.
| Sujet: Re: [C'nros] L'on hérite de ses pairs | Khernal Sam 25 Aoû 2018 - 22:15 | |
| Devant lui, le Ditrown Da’re ne lui faisait pas tant d’effet que cela. Il n’avait rien de plus qu’une extraordinaire banalité. A dire vrai, la Rose Noire était bien déçue ; si elle l’avait déjà côtoyée de loin auparavant, elle n’avait guère le souvenir de quelqu’un d’aussi quelconque. Son imagination avait largement fait sa part, créant un monstre impressionnant. Pourtant il ne demeurait qu’un homme, comme elle en connaissait cent au Puy. Elle ne le trouvait que vaguement attirant, et sa mine morne lui donnait moins envie encore. Et puis, elle avait toujours préféré les femmes. Leurs courbes lui semblaient bien plus délicieuses et leur esprit plus aiguisé que celui des bonhommes. Non pas que le sexe masculin n’y trouva aucun esprit : elle ne lui reconnaissait simplement pas cette propension plus naturelle chez la femelle.
Et peut-être que tout changea alors qu’il prononçait sa dernière phrase. Plantée devant lui, un large sourire illumina ses joues et une lueur commença à briller au fond de ses prunelles rubis. L’excitation montait en elle comme une bouffée chaude et enivrante, si bien qu’elle valsa d’un pied à l’autre, incapable de se retenir. Si il n’avait s’agit de Khernal, elle aurait parcouru la pièce de long en large. Et il semblait aussi agacée qu’elle était pressée. Comme une enfant, elle se saisit de sa poupée de chiffon, qui n’avait plus rien de ce qu’elle avait pu être. Tachée de sang en de multiples endroits, bien usée elle offrait à sa propriétaire un pauvre sourire fatigué.
« Tu entends Dula nous allons nous amuser ! Cela fait longtemps n’est-ce pas ? Oh oui, tu as raison, une éternité… ».
Et alors qu’elle parlait à son jouet, la symphonie de son cœur ralentissait : elle retrouvait son contrôle, et son rictus se mua en quelque chose d’à la fois si proche et pourtant… L’Renor Cristo était devenue prédatrice cachée derrière ce visage enfantin, derrière cette voix si douce et ses gestes trompeur. L’on ne pouvait douter : c’était elle le chasseur et son pauvre rival ne serait qu’une proie parmi tant d’autres. Et même si la hâte l’avait gagné, elle ne se précipiterait pas. Le seigneur-mage avait raison, son condisciple aurait la même envie et n’était sans doute pas le premier venu.
« Oui, je sais Dula moi aussi j’ai envie qu’il aime jouer mais tu sais, il n’est peut-être pas comme nous ». Elle ricana en baissant ses mains toujours serrées sur le tissu. « Usstan orn elgg ukta, Ukt vlos orn z’hren whol dos Ditrown Da’re ». Je le tuerai et son sang coulera pour vous, Ditrown Da’re
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